Cette semaine, Sabrina Perquis reçoit Julie Bourges alias "DouzeFévrier" qui revient sur son terrible accident et son expérience de grande brûlée.
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00:00Bonjour à tous, très heureuse de vous retrouver sur Star Santé où chaque semaine une personnalité publique vient me confier son parcours santé.
00:06Alors cette semaine c'est une véritable lumière, une battante, une femme inspirante mais surtout une leçon de vie à mes côtés.
00:13Vous la connaissez plus
00:14peut-être sous le nom de 12 février sur les réseaux sociaux puisqu'elle est créatrice de contenu mais elle s'appelle en réalité Julie Bourge.
00:21Bonjour Julie, très heureuse de te recevoir. Bonjour, merci beaucoup Sabrina de m'accueillir.
00:30Alors Julie, ça a été très compliqué de préparer ton interview parce qu'en fait t'es tellement captivante et tu nous embarques tellement dans tout ce que tu dis qu'on a envie de te garder 5 heures.
00:42La bonne nouvelle c'est que je n'ai pas le temps de te garder 5 heures. Et moi non plus. Mais tu vas être obligée de revenir.
00:48Alors c'est à 16 ans
00:49lorsqu'un accident bouscule le cours de ta vie à cause d'une cigarette qui met le feu à ton déguisement que tu avais préparé pour un
00:56carnaval, t'es alors lycéenne.
00:58Qu'est-ce qui t'a sauvé la vie ce jour-là ?
01:00Ce qui m'a sauvé la vie je pense c'est la volonté de rester en vie.
01:03Il y a très peu de gens qui le savent mais en fait avant mon accident j'avais fait ce qu'on appelle de l'écriture intuitive
01:09et j'écrivais partout dans mon agenda scolaire.
01:12J'étais en première au moment où ça m'est arrivé.
01:14J'écrivais stay alive, reste en vie, reste en vie, reste en vie. Et ma meilleure pote elle se foutait de ma gueule elle me disait genre mais
01:18fais le toi tatoué à force de l'écrire partout. Pourquoi t'écris ça partout ?
01:21Et
01:22même moi je comprenais pas pourquoi jusqu'au jour où il y a eu cet accident.
01:25Et en fait quand cet accident m'est arrivé la phrase que je me suis répétée finalement c'est reste en vie et je pense que
01:31en fait c'est ça quand on a quand on a un accident quand on a
01:34quand on a une maladie en fait ce qui nous tient c'est cette volonté de rester en vie, cet amour de la vie qui nous
01:39qui nous captive justement et qu'on n'a pas envie de lâcher.
01:42Alors du coup je suis obligée de te poser la question parce que je suis curieuse, tu te l'as fait tatouer aujourd'hui ?
01:46Non, j'en ai plein mais j'en ai plus.
01:49Alors j'ai découvert grâce à tes interviews qu'on t'a au moment de l'incendie
01:53administré ce qu'on appelle un stop-feu. Donc c'est plusieurs médicaments pour protéger tes organes c'est ça ?
01:58Exactement. En fait ce qu'on sous-estime avec une brûlure, surtout une brûlure à ce degré-là, donc moi je suis brûlée au troisième degré
02:05c'est-à-dire que l'épiderme, le derme puis l'hypoderme ont été touchés donc les trois couches de la peau.
02:08Au troisième degré la peau ne se reconstitue plus toute seule, elle nécessite une grève de peau donc on prend de la peau saine
02:14qu'on vient remettre sur la zone qui a été brûlée, impactée et en fait au moment où les pompiers
02:20établissent le degré de la brûlure et qu'on comprend qu'au partir du troisième degré en fait la peau peut continuer
02:26de brûler donc en interne, on injecte donc une perfusion qu'ils appellent le stop-feu pour éviter que ça continue de
02:32se consommer à l'intérieur de notre corps en fait.
02:34Donc aujourd'hui tous tes organes vont bien ?
02:37Alors tous mes organes vont bien je dirais excepté mes cordes vocales. En fait
02:42ma voix a changé avec l'accident, j'avais une voix beaucoup plus aiguë que ça avant mon accident
02:46et en fait quand mon costume a pris feu
02:48la zone qui était le plus exposée donc sans vêtements de protection autour ça a été le coup, j'avais pas d'écharpe je veux dire donc
02:55la peau était à nu et
02:57forcément il y a eu aussi l'inhalation de la fumée donc tout ce qui a engendré que je pense mes cordes vocales ont pris
03:03on ferait un petit peu tarif si je peux dire.
03:05Mais du coup aujourd'hui tu n'as pas besoin d'un suivi médical particulier ?
03:10Non non j'ai beaucoup de chance là dessus ce qui n'est pas le cas de tous les grands brûlés
03:15j'estime et je le dis toujours dans mon malheur j'ai eu énormément de chance
03:18moi mes brûlures elles ont préservé mon visage, elles ont préservé mes parties intimes aussi, j'ai pu garder ma poitrine, mes parties intimes
03:25ce qui n'est pas le cas de tous les grands brûlés et la reconstruction dans ce cas là est quand même plus différente surtout pour une femme.
03:31Alors justement la suite de ton accident, tu as été plongée dans un coma artificiel
03:35c'est vrai qu'il y a beaucoup de mystères autour du coma artificiel, on est entre deux mondes, tu mentionnes souvent que tu faisais des rêves
03:42où tu avais l'impression d'être carrément dans une autre vie, mais est-ce qu'à un moment donné ton état de conscience
03:48c'est très bizarre ce que je veux dire, mais tu te fais prendre conscience d'où tu étais, est-ce que justement tu t'envoyais des messages du genre
03:54Julie accroche-toi à la vie ?
03:56Tout à fait, franchement c'est pas du tout bizarre comme question
03:59et c'est très justement repris des interviews que j'ai pu faire, c'est vrai c'est une jonction un peu entre deux mondes
04:05et ce qui est très étrange moi avec mon accident c'est que je n'ai jamais perdu connaissance donc
04:10arriver dans ce coma, j'ai aucune conscience que je suis dans le coma et à la fois
04:14il y a un état de conscience qui fait que je sais que je suis allongée dans un lit d'hôpital, que mes parents viennent me voir
04:21tous les jours, j'ai pas de notion du temps mais je sais que mes parents viennent et sont là souvent
04:25et tu entends le personnel soignant ? J'entends le personnel soignant, j'entends qu'on s'occupe de moi, j'entends que
04:31j'ai des poussées de fièvre hyper engagées donc
04:34c'est très
04:35C'est très délicat à expliquer, je pense que oui il y a une part de moi qui est consciente dans notre réalité, une autre part de moi
04:41qui rêve dans la démesure, dans les drogues qu'on injecte aussi dans ce coma artificiel pour nous maintenir
04:46endormie, il y a un pronostic vital qui est resté engagé donc c'est une lutte en fait constante entre la vie et la mort si je
04:52peux dire mais je sais qu'à un moment il y a eu cette volonté de me dire
04:56il faut que tu restes là, il faut que tu restes sur terre parce qu'il y a eu quand même un moment où partir
05:04était plus facile et plus apaisé et c'est pour ça que je recommande souvent à des personnes qui ont
05:10peut-être un proche dans le coma d'y aller, franchement allez-y,
05:14parlez parce que moi mes parents en fait c'est ce qui m'a tenu en fait c'est d'avoir ma famille et de les entendre et de me
05:19dire je peux pas les laisser quoi
05:20On te gardait en vie grâce à ces mots, grâce à ces paroles mais aussi grâce à tes musiques que tes potes transmettaient
05:28T'es allée chercher loin ça !
05:30Je t'ai décortiquée !
05:32Exactement ouais c'est ma meilleure amie d'enfance donc avec qui j'ai eu mon accident qui avait récupéré à l'époque c'était un ipod
05:38je sais plus comment on appelle ça les ipod nano je crois
05:41ouais c'est ça ipod nano et bleu électrique il était et elle avait branché sur l'enceinte
05:45en pensant bien faire d'ailleurs mes parents aussi sauf qu'en fait ils savaient pas que moi j'avais une part consciente
05:49donc la musique tournait, la playlist tournait en boucle et autant te dire que Rihanna, Umbrella j'en pouvais plus
05:55Dommage c'est mes chansons préférées
05:57On l'écoute tout de suite
06:02Et alors après ça t'as passé de nombreux mois dans les dans les services de rééducation
06:08et c'est vrai que
06:10je te dis ça par rapport à mon vécu aussi
06:12tu rentres, t'es Julie la lycéenne qui vit un petit peu sa best life, qui a une vie normale
06:17tu passes des mois dans les services de rééducation
06:20est-ce que tu as senti à un moment donné
06:22quand tu sors de là parce que forcément tu mûris, il y a plein de choses qui se passent, est-ce que tu as senti un décalage avec tes amis ?
06:26Ouais ça a été violent alors moi j'ai eu
06:29la chance ou pas de faire ma rééducation à l'hôpital
06:32ils ont souhaité me garder pour que je fasse ma rééducation dans l'hôpital, dans le centre de kiné de l'hôpital
06:38ce qui n'était pas plus mal parce qu'il y a eu du coup un suivi qui s'est fait de A à Z et
06:43mes brûlures nécessitaient une anesthésie générale un jour sur deux ce qui est assez violent pendant
06:49pendant plus d'un mois et demi en plus du coma je vais dire
06:53parce que la peau était trop avif et que du coup
06:56étant donné que j'étais en hôpital militaire ils avaient les moyens de m'administrer donc
07:01une anesthésie générale un jour sur deux pour changer les pansements ce qui n'est pas le cas dans d'autres hôpitaux publics
07:06où on met les brûlées par exemple dans un bain et on enlève les bandages ce qui est beaucoup plus douloureux aussi
07:11les deux se valent après ce qu'on ingère, ce que le corps ingère c'est assez violent
07:18mais du coup c'est sûr que toute cette rééducation pour moi elle a été assez compliquée puisqu'avant j'étais gymnaste je m'entraînais plus de 12 heures
07:24par semaine j'avais l'impression d'être
07:26incapable
07:27j'arrivais plus à mettre un pied devant l'autre là où avant mon corps me permettait de faire des vrilles, des saltoirs arrière
07:32ça a été très compliqué donc forcément quand on sort de tout ça et qu'on
07:35reconfronte la vie réelle et la vie d'adolescente
07:40moi j'ai très vite compris que ma vie elle serait plus jamais comme celle d'avant qu'elle serait plus jamais normale
07:43mais je l'ai encore plus confronté au moment des soirées où ce qui me passionnait ce qui me fascinait avant je sais pas
07:51dépasser un peu les limites les premiers verres d'alcool et tout en fait il y a de suite eu quelque chose
07:55la vie c'est quand même un peu plus que ça quoi donc ça a été dur moi je me retrouvais dans des soirées à parler
08:00des fois aux parents qui gardaient la maison ou aux grands frères qui surveillaient les soirées et je vivais mes meilleures soirées en parlant à
08:06des gens plus âgés que moi et aujourd'hui c'est encore un fait la plupart de mes amis sont plus âgés que moi
08:10t'as changé un petit peu
08:13sans le vouloir j'ai gardé mes amis du lycée qui ont le même âge que moi
08:18mais je me suis entouré d'autres personnes
08:21de qui je pense les expériences de vie me rapprochait plus tout simplement
08:24alors je te pose la question parce qu'on n'a pas tous les bons réflexes en tête
08:27mais quels sont les premiers secours qu'on peut apporter sur des personnes qui sont accidentées par le feu par le feu
08:33alors du coup il ya plusieurs types de brûlure il y a là ça peut être avec de l'eau brûlante ça peut être avec le feu
08:38ça peut être un courant électrique le premier la première chose à faire c'est
08:43d'éloigner la victime de la source de la source de chaleur ou déjà donc si c'est l'électricité
08:47avant de toucher la victime on éteint forcément le courant etc ensuite c'est d'appliquer la règle des 3 x 15
08:53voire même des 4 x 15 3 x 15 donc c'est pendant 15 minutes
08:58on met une eau à 15 degrés à 15 centimètres de la plaie
09:0115 degrés pourquoi en fait on dit une eau tempérée on va pas mettre
09:04contrairement aux idées reçues du glaçon
09:06sur la brûlure qui va faire que ça va brûler encore plus ou du beurre comme j'ai pu l'expérimenter le gras va faire que ça peut
09:12causer des septicémies en plus ça peut infecter la zone la zone touchée donc voilà
09:163 x 15 voire 4 x 15 parce qu'on appelle le 15 aussi en cas de en cas de souci
09:21Et alors c'est vrai que tu as une résilience qui est
09:24exemplaire tu as été suivi pendant de longs mois par des professionnels de santé pour ta rééducation pour ta reconstruction
09:31est-ce que tu as eu
09:32recours aussi parce qu'on sent vraiment quelque chose de très spirituel en toi est-ce qu'il y a des pratiques qui t'ont aidé
09:40après tout ça comme je sais pas le magnétisme
09:43la sophrologie
09:44alors mon papa quand j'étais à l'hôpital a fait appel à un barreur de feu
09:49c'est très peu c'est encore peut-être très peu connu mais bon on a des gens autour de nous qui ont ce don
09:54et qui barre le feu donc mon papa lui qui est enfin je suis issu d'une famille qui est très croyante
09:59j'ai fait ma communion etc et mon papa donc s'est rattaché à ça et donc il y avait un
10:04barreur de feu un monsieur qui faisait des prières à distance
10:07pour couper le feu et on a eu des choses incroyables qui se sont passées du jour au lendemain la fièvre qui est redescendue c'était
10:12c'était assez inexpliqué une fièvre à 43 degrés
10:15où les médecins ne comprenaient pas ce qui se passait on voulait m'opérer
10:18on voulait m'ouvrir le ventre en plus pour voir s'il n'y avait pas enfin bon c'était un truc de c'est un truc de fou
10:22et la fièvre est redescendue du jour au lendemain ce qui n'était pas ce qui n'était pas du tout prévu par le corps médical
10:30Maintenant dans ma vie aujourd'hui oui je me suis beaucoup rattachée à la spiritualité en fait il y a eu quelque chose de l'ordre de
10:37Je l'ai vu comme ma destinée et je crois que c'est ça qui m'a sauvé
10:41ouais en fait
10:43Donc j'ai été très croyante et quand cet accident m'est arrivé je me suis éloignée de toute forme de religion puisqu'en fait j'avais 16 ans
10:49et je me suis dit si ça m'est arrivé
10:51c'est que j'étais pas si protégée que ça c'était que personne ne veillait sur moi là haut et alors que j'étais bonne pratiquante etc
10:59donc je comprenais pas pourquoi
11:02pourquoi moi et pourquoi en étant
11:05pratiquante ça pouvait m'arriver et en étant gentille en faisant le bien autour de moi
11:10Voilà donc ça c'était la juillet de 16 ans et en grandissant j'ai dû me rattacher à une forme de spiritualité
11:15à l'univers on l'appelle comme on veut que ce soit que ce soit n'importe quelle forme de croyance
11:20il y a eu ce côté spirituel de me dire avec toutes les écritures intuitives que j'ai eu ce
11:24je me suis dit à quelque chose qui m'a amené à vivre ça et cette chose là je dois en faire quelque chose
11:30j'ai besoin de redonner du sens à ce qui m'est arrivé j'ai pas envie que le 12 février ça soit qu'une date dramatique
11:37qui a failli m'ôter la vie qui a enlevé la peau
11:41pseudo parfaite que j'avais à 16 ans je voulais pas voir que ça en fait à travers ce cet accident
11:46et je l'ai
11:47utilisé pour aider les autres pour transmettre et ça a libéré ma voix de le faire aussi
11:51donc ouais tout ça je l'ai vu dans un sens très spirituel de me dire
11:55ça t'arrive
11:56je me suis pas tatoué stay alive mais je me suis tatoué transformation et transmission sur le bras
12:01et c'est ça en fait tu vois c'est une formation ça nous transforme et après la mission c'est la transmission
12:07je repars juste sur la période où tu as été hospitalisée parce que c'est un sujet que tu abordes
12:11souvent sur les réseaux sociaux et je sais qu'il te tient à coeur
12:14mais est-ce que tu penses qu'il y a un réel sujet sur le respect de l'intimité des patients
12:18oui il y a un réel sujet je suis très contente d'ailleurs parce que j'en ai fait une vidéo youtube en fait de ce sujet
12:23là où j'expliquais voilà moi j'avais 16 ans
12:25j'avais déjà eu en plus des rapports avec des garçons donc j'avais un rapport à mon corps qui était déjà
12:30évolutif qui était déjà en train de grandir je me construisais avec ça comme une comme toute adolescente
12:34et je me suis retrouvée du jour au lendemain
12:37déjà avec beaucoup de kilos en moins donc j'avais perdu
12:39tous mes traits féminins mes cheveux ils étaient rasés j'avais plus de poitrine donc je me reconnaissais même pas dans le miroir et j'ai
12:44confronté de suite des aides-soignants
12:46surtout je le mets vraiment au masculin parce que c'est encore différent quand c'est des femmes qui
12:51mettaient un coup et qui ouvraient la porte directement et donc moi j'étais soit en culotte en train de faire ma toilette comme je
12:56pouvais parce que je pouvais à peine marcher ou sur le bassin et en fait c'est de suite très dégradant donc
13:02plus tard en libérant ma voix quand j'ai eu le courage d'en parler j'en ai fait une vidéo youtube et ce qui est génial c'est
13:06qu'aujourd'hui cette vidéo youtube elle est étudiée dans beaucoup d'écoles
13:10ouais je reçois encore des messages de voilà d'écoles d'infirmiers
13:13qui partagent en fait... Tu fais des interventions des fois dans ce genre d'établissement ? Il faudrait que je le fasse un peu plus
13:18ouais c'est vrai qu'on ne me l'a pas
13:19souvent proposé en hôpital j'ai l'impression que c'est un peu ou en hôpital ou en école j'ai l'impression que des fois c'est un peu
13:23fermé en tout cas je passe un message si vous voulez que je vienne témoigner je peux
13:27ouais et en plus c'est très intéressant parce que les étudiants aiment beaucoup en fait avoir justement un témoin dans leur
13:33cursus donc le message est lancé et recevez-le c'est important
13:39Alors c'est vrai que moi je
13:41je te suis de loin sur les réseaux sociaux mais
13:44je pense que c'est parce que j'ai une différence aussi mais c'est vrai que tes cicatrices je ne les vois pas en fait je te vois
13:49belle comme un coeur et
13:51aujourd'hui
13:52Comment est-ce que tu fais comment tu réagis par rapport au regard déplacé des gens c'est très compliqué en vrai j'apprends je pense que
14:00j'apprends encore à le faire
14:02Ouais je crois qu'on continue d'apprendre tout le temps c'est un combat c'est un combat qui est permanent en fait
14:07quand on est brûlé quand on a une différence physique nous on oublie fondamentalement qu'on est différent tu vois tu vois ce que je
14:13veux dire fin je veux dire moi je me réveille plus tous les matins et
14:15Dieu merci heureusement parce que ça m'est arrivé de me réveiller tous les matins et de me voir que ma différence physique c'est normal quand on
14:21Quand on se relève ou quand on commence un combat mais après on grandit on avance et puis il y a cette résilience qui fait que
14:26de toute façon il faut qu'on avance donc on se regarde dans le miroir le matin et la première chose qu'on voit
14:31un jour bas c'est ses yeux c'est son sourire et c'est la force qu'on dégage et c'est ce qu'on en a fait puis les cicatrices
14:36notre différence physique on l'oublie sauf que quand on sort dans la rue
14:39par exemple moi en plein été
14:41aujourd'hui j'ose me mettre en t-shirt parce que ça n'a pas été le cas pendant des années où je me suis refusé de
14:45porter des vêtements courts
14:46ou un maillot qui te va très bien. Je vivais sur la côte d'azur en plus donc je me suis pris les tâches pendant cinq ans
14:52mais quand j'ai recommencé à le faire en fait tu te
14:56tu te souviens que tu es différent
14:59constamment dans le regard des gens
15:02dans le regard des gens et des fois même ça m'arrive d'avoir tu vois des enfants qui pointent du doigt
15:07je regarde ailleurs je suis là mais attend qu'est ce que j'ai j'ai une tâche où je me suis taché qu'est ce qu'il y a
15:11et t'oublies en fait que t'es brûlée donc je pense que le regard des gens
15:14c'est un combat qui est permanent j'ai donné beaucoup de clés pour essayer de vivre avec
15:19aujourd'hui tu réponds ou est ce que tu as des remarques est ce qu'il y a des jours parce qu'il y a des jours on est de
15:23bonnes compositions
15:24où on va accepter le jour où on a envie de dire tu me fais chier à me regarder
15:28aujourd'hui je vais te dire un truc et c'est marrant parce que je disais cette phrase avant que je vois un documentaire de
15:33Minimati qui disait pareil c'est incroyable et en fait je disais souvent que
15:38aujourd'hui la chance que j'ai c'est cette notoriété
15:41que j'ai créé pourquoi parce qu'aujourd'hui ça me permet de plus savoir pourquoi les gens me regardent est-ce qu'on me regarde parce qu'on
15:47m'a reconnu ou est-ce qu'on me regarde parce que je suis brûlée
15:50je sais plus et en fait c'est un très bon moyen d'aller de l'avant alors je dis pas que tout le monde devrait avoir cette
15:55notoriété mais en tout cas c'est un très bon exemple pour dire qu'on sait jamais vraiment pourquoi les gens nous regardent et qu'on
16:00est trop occupé à focaliser sur
16:02nos propres complexes c'est vrai alors justement c'est vrai que tu es très suivie sur les réseaux sociaux
16:07T'es un exemple pour beaucoup de femmes de force et de résilience et j'imagine que tu reçois des milliers de messages par jour
16:13avec parfois des histoires qui sont très lourdes
16:16comment est-ce qu'on se protège un minimum de tout ça j'ai pas su j'ai pas su le faire j'ai commencé les réseaux très jeunes moi j'avais
16:23au commencement d'instagram je veux dire donc j'avais quoi j'avais
16:27allé 18-19 ans peut-être quand ça a commencé vraiment à prendre de l'ampleur
16:30et c'est vrai enfin je recevais beaucoup de messages de personnes qui sont brûlées qui ont eu des problèmes
16:35qui sont brûlés qui ont eu des accidents des maladies et en fait au début tu te sens obligé de répondre t'es obligé c'est impossible de
16:42faire autrement et il n'y a pas si longtemps là je me suis
16:45je me suis trop engagé dans une histoire et malheureusement la personne est décédée à la suite de ces brûlures
16:51et j'ai ça a été trop dur en fait ça a été trop dur j'y avais mis trop d'affect
16:56et je me suis dit il faut absolument que je me protège parce qu'en fait partager mon histoire ne fait pas de moi la psy
17:01des brûlures sur les réseaux sociaux ou la psy des accidents
17:04c'est un peu le revers entre guillemets si je peux dire du partage ou de la médaille
17:08de partager ton histoire et de partager aussi des
17:11des tips pour
17:12t'en sortir dire que aussi c'est ok d'aller mal et donc les gens de suite ont envie mais moi c'est pareil fin je pense qu'à
17:17mon époque si une femme
17:18partageait comme moi je partage et que moi je la voyais dans mon lit d'hôpital c'est sûr que je serais allé lui raconter mon histoire
17:23donc j'essaie de répondre maintenant différemment par le biais de vidéos publiques
17:27des fois je vois les messages et j'essaie de rediriger dans mes stories ou j'essaie de faire un peu plus subtil
17:32Et alors justement dans une vidéo récente
17:36tu as exprimé le fait qu'à un moment donné tu as beaucoup pensé aux autres et que tu t'es en quelque sorte oublié dans
17:43certains domaines est-ce qu'aujourd'hui tu réussis à te faire passer en priorité ou c'est encore compliqué ?
17:48Non, non, elle est récente cette vidéo là, elle est très récente
17:51Non j'ai en fait le truc c'est que comme je te disais tout à l'heure
17:54je voulais donner du sens à cet accident et donc donner du sens à cet accident s'est passé par le fait d'aider les autres
18:00et en aidant les autres
18:02j'avais l'impression de me reconstruire moi-même sauf que là
18:05mon accident ça fait dix ans onze ans et je crois que je suis arrivé à un stade de ma vie où la vie m'a dit
18:11C'est pas comme ça c'est pas comme ça c'est pas bien sûr tu peux aider les autres mais avant d'aider les autres aide-toi toi
18:17mais aide-toi toi pour de vrai en fait si tu veux l'erreur que j'ai fait
18:20et je l'assume aujourd'hui j'en assume les conséquences aussi aujourd'hui j'ai commencé un suivi psy là il y a deux mois
18:26Pourquoi parce que en fait en parlant de mon histoire
18:30et je l'ai fait sur plein de plateaux télé sur plein d'interviews moi j'avais l'impression du coup parler de mon histoire aussi librement
18:37ça voulait dire que j'étais
18:39complètement ok et aligné avec tout ce qui s'était passé mais j'avais pas compris qu'en fait c'était une
18:44carapace et que tout était un peu
18:46foutu au placard ah ouais et puis le placard un jour bah il s'ouvre et il déborde et il faut tout retraiter quoi
18:53Donc je l'ai pris un peu de plein fouet ça a été dur parce que j'ai dû admettre ma vulnérabilité
18:58moi qui représente cette femme forte et invincible même sur les réseaux mais aussi aux yeux de mes parents que j'ai surprotégé de cet accident
19:06donc un message très très très chouette sur cette interview de dire que des fois bah oui on peut être cette femme invincible mais que
19:13il y a des moments où on a le droit de lâcher et que c'est même bon de lâcher en fait
19:16c'est très courageux de dire que tu suis un suivi psy parce que tout le monde
19:20dit pas c'est encore un peu tabou
19:21je me suis dit alors en plus là
19:24à l'heure où on fait cette interview on n'est pas loin de la journée de la santé mentale c'était hier je crois donc franchement
19:29en fait j'ai toujours admis que je n'avais pas eu besoin de suivi psy ou que j'avais fait le choix de ne pas suivre de
19:35psy après l'hôpital
19:36pourquoi parce que j'ai trouvé mes thérapies ailleurs et je le clamais haut et fort tu peux écouter les interviews je suis là non j'avais pas suivi psy
19:42je m'en foutais j'ai trouvé mes thérapies dans mon partage sur les réseaux dans le sport dans mes amis c'est vrai franchement c'est 100% vrai
19:48et pendant un temps ça a marché sauf qu'il y a un moment
19:52où il faut aller creuser et il y a un moment où ces thérapies là elles ne marchent plus
19:57quelles sont les choses que tu mets en place pour
20:00maintenir on a dû la poser dix mille fois cette question une relation positive avec ton corps alors je sais que tu fais beaucoup de sport
20:06ouais beaucoup de sport mais je pratique beaucoup de sport différemment de ce que j'ai fait j'ai pratiqué
20:12du sport à outrance
20:13que ce soit avec la gymnastique ou alors avec le fitness après où je m'entraînais six jours par semaine avec un de mes anciens compagnons
20:18où je m'étais calé sur son rythme j'étais dans un rapport de
20:22défis avec mon corps
20:24pourquoi parce que quand ton corps il passe de tout donc de gymnaste à rien avec l'hôpital derrière quand tu veux le reconstruire
20:30il ya ce mental en fait qui prend le qui prend le relais en même temps bon là
20:33là il va falloir il va falloir y aller tu vas sortir les rames et tu vas ramer mais tu vas ramer vite et tu vas ramer
20:38fort parce qu'il faut que tu
20:39pour y aller faut que tu reprennes du poil de la bête
20:41et puis je faisais des compétitions et donc j'étais dans ce mental de tu tombes tu te relèves
20:44aujourd'hui ma pratique du sport elle est vraiment différente déjà je pratique
20:48du sport plus individuel je pratique du sport en conscience de mon corps je fais du surf
20:53le surf y'a pas de vague tous les jours quand la vague est là il faut l'attendre
20:57c'est un sport un peu ingrat et le yoga c'est un sport que tu pratiques vraiment en pleine conscience pour le coup parce que
21:02ça peut pas être autrement en conscience de ta respiration
21:04et j'ai appris à oui à prendre soin de mon corps autrement que dans ce défi écouter aussi les signes de ton corps
21:11je peux pas je peux pas être malhonnête
21:14J'ai encore j'ai encore tendance à le forcer quoi je pense que c'est ces années de construction qui ont fait que j'ai toujours
21:19tiré mon corps au maximum au maximum à pas écouter les signaux et donc
21:23en fait aujourd'hui j'ai 27 ans et je pense que je grandis tout simplement tu vois genre
21:27j'ai c'est marrant j'ai mon psy qui m'a dit
21:30là il y a deux jours il m'a dit être entré trop tôt dans le monde adulte ne fait pas de toi une adulte
21:35et je l'ai pris de plein fouet en me disant ah ouais c'est vrai en fait en fait oui j'ai que 27 ans
21:39et oui je suis comme tout le monde dans cette phase de transition de je vais bientôt sur mes 30
21:43et tu regardes ta vie et
21:45et donc ouais je suis pas encore tout d'abord à l'écoute de mon corps mais j'essaie de l'être de plus en plus
21:49avec le recul alors je sais que plein de phrases inspirantes et positives que tu partages au quotidien mais je te pose la question à toi
21:57quelle est la plus grande leçon de vie que tu as tiré ces dernières années
22:01et comment est ce que ça influe au quotidien ta journée
22:06Il y a une citation que j'ai écrite qui dit j'ai appris que j'avais aimé à aimer mes cicatrices le jour où j'ai arrêté d'imaginer mon corps sang
22:16et je pense que c'est une des plus belles leçons que j'ai appris ce que j'ai inculqué
22:22aujourd'hui malgré tu vois que mon mental là me joue des tours que j'ai dû
22:27Entamer un suivi psy aller creuser plus profondément il y a quelque chose qui fait qu'aujourd'hui quand je regarde mon corps
22:33c'est tu vois mes cicatrices aujourd'hui c'est des tatouages c'est
22:36c'est mon combat en fait c'est tout ce que j'ai vécu c'est tout ce que j'en ai fait
22:39et j'aimerais aujourd'hui tu vois que la différence physique ne soit plus un frein à l'acceptation et qu'on se dise que c'est juste le
22:44reflet de ce qu'on est profondément
22:46Merci beaucoup Julie. Merci Sabrina. Je suis très heureuse de t'avoir reçu je sais je me répète je rappelle qu'on peut te retrouver donc
22:52tous les jours sur ton compte insta
22:5412 février et ton livre est toujours disponible qui s'appelle chaque jour compte aux éditions maraboui tu reviens quand tu veux merci beaucoup
23:02merci
23:04et merci à tous de nous avoir suivi à très vite sur top santé