Sommet du G20 à New Delhi : les Etats-Unis entendent resserrer leurs liens avec l'Inde
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00:00 On parle des enjeux du sommet avec notre invité Jean-François Di Meglio,
00:03 président de l'Aja Center, professeur à l'Université Paris Dauphine
00:07 et à la Public School of International Affairs de Paris.
00:10 Merci Jean-François Di Meglio d'être avec nous sur France 24.
00:13 Absence donc des dirigeants russes et chinois à ce sommet
00:16 qui commence officiellement demain.
00:18 Profonde division notamment sur l'Ukraine.
00:21 Quelle chance de parvenir à un consensus autour d'une déclaration finale ?
00:26 Alors il est possible qu'on ait un consensus.
00:29 La question en fait des consensus du G20,
00:32 c'est qu'on a eu beaucoup de consensus sur beaucoup de sujets,
00:35 qui étaient des sujets d'ailleurs extrêmement importants.
00:39 Rappelez-vous l'année dernière, c'était sur le minimum d'imposition à 15%
00:47 qui devait être une norme universelle adoptée par tous les pays du G20.
00:51 La vraie question après c'est la mise en œuvre des décisions
00:54 qui reflètent ce consensus
00:56 ou des décisions qui sortent de la réunion du G20.
01:00 Effectivement il y a un certain nombre de sujets extrêmement importants
01:03 qui sont à l'agenda.
01:05 Les G20 ont été surtout opérationnels en cas de crise.
01:08 Est-ce qu'aujourd'hui la crise est à un point suffisamment aigu
01:13 pour qu'elle vienne à l'agenda ?
01:16 C'est moins sûr que par exemple,
01:17 si on se souvient d'un G20 particulièrement réussi,
01:20 c'était celui qui a eu lieu en 2011, tout simplement en France,
01:23 puisque c'est au moment de la crise grecque
01:25 et on a fait venir comme ça, ex abrupto,
01:27 le Premier ministre grec
01:29 et on a d'une certaine façon apaisé le problème de la dette grecque.
01:33 Donc dans les moments de crise extrêmement aigus,
01:36 le G20 est opérationnel.
01:38 Aujourd'hui, effectivement comme ça a été très bien dit,
01:41 c'est avant tout, un, le G20 de la montée de l'Inde,
01:45 parce que l'Inde va affirmer son importance dans ce groupe,
01:49 et puis deux, naturellement le G20 de la concurrence entre institutions multipolaires,
01:54 comme ça a été très bien dit,
01:55 c'est-à-dire le sommet des BRICS qui vient d'avoir lieu,
01:58 et puis surtout le prochain sommet des routes de la soie,
02:01 le troisième sommet du nom, après celui de 2017 à 2019,
02:05 qui va avoir lieu à Pékin en octobre.
02:08 La rencontre importante du jour,
02:10 c'est celle entre Joe Biden et Narendra Modi.
02:12 L'objectif pour les États-Unis, c'est de, l'objectif principal même,
02:16 c'est de contrer l'influence de la Chine ?
02:19 Alors il faut se souvenir que la politique américaine dans la région,
02:23 c'est une politique de l'Indo-Pacifique,
02:25 et donc dans l'Indo-Pacifique, naturellement, il y a l'Inde.
02:28 Par ailleurs, l'Inde appartient à un groupe de pays qu'on appelle le Quad,
02:33 dans lequel il y a le Japon, il y a l'Australie, il y a les États-Unis et il y a l'Inde.
02:38 C'est-à-dire que d'un point de vue d'alliance plus ou moins formel,
02:42 l'Inde est du côté des États-Unis.
02:44 Mais il faut se souvenir effectivement qu'elle a longtemps été dans le camp adverse,
02:48 que par ailleurs, elle est aussi présente aux BRICS,
02:51 elle n'est pas présente dans les routes de la soie,
02:55 dans les différents pays représentés au sein des routes de la soie,
02:59 et elle n'est pas présente non plus dans ce grand groupement de pays
03:04 dont la Chine n'est pas le centre,
03:06 mais qui donne un rôle extrêmement important à la Chine,
03:10 et qui a été inauguré le 1er janvier 2022, après de nombreuses années de transactions,
03:15 qui s'appelle le RCEP, le Regional Cooperation Economic Partnership.
03:18 L'Inde devait en faire partie, elle n'en fait pas partie.
03:21 Donc effectivement, l'Inde est un partenaire potentiel et stratégique
03:24 pour les États-Unis comme pour la France d'ailleurs.
03:27 Néanmoins, l'Inde joue de plus en plus sa propre partition.
03:30 C'est aujourd'hui le pays le plus peuplé de la planète,
03:33 et c'est un pays qui considère qu'il a son destin depuis au moins aussi longtemps que la Chine.
03:38 Il est même en train de changer peut-être de nom,
03:40 puisqu'il y a un mouvement en Inde pour revenir au nom sanscrit de l'Inde,
03:45 pour contrecarrer l'influence coloniale qui avait donné le nom de "Inde"
03:50 à ce sous-continent ou à une partie de ce sous-continent.
03:53 Quels peuvent être les sujets de consensus cette année
03:56 autour de la hausse des prix des produits de base ?
03:58 Peut-être l'aide aux pays en développement face au changement climatique ?
04:01 Oui, naturellement, ces questions sont extrêmement importantes.
04:07 La question de la sécurité alimentaire est extrêmement importante.
04:11 Là encore, tout le monde va être d'accord.
04:14 Les méthodes à employer vont peut-être diviser les personnes autour de la table,
04:20 mais le fait que ce soit des priorités, ce sera une évidence pour tout le monde.
04:25 Et la question de l'élargissement du G20 à l'Union africaine,
04:29 qui est soutenue par l'Union européenne, elle fait consensus ?
04:33 Alors, ça c'est extrêmement important,
04:36 parce que le G20 est d'une certaine façon figé depuis un certain temps.
04:40 L'idée d'avoir l'Union africaine rejoindre le G20,
04:44 c'est forcément une idée qui va faire son chemin,
04:47 puisque en face du G20, ces autres instances multilatérales qu'on vient de mentionner
04:51 ne cessent d'accueillir de nouveaux membres.
04:54 Donc si vous voulez garder une dynamique,
04:56 bien sûr, entre le risque de dilution, le risque de dissensus,
05:00 c'est-à-dire de désaccord entre les parties prenantes,
05:02 et surtout le risque de perte de dynamisme,
05:05 il vaut mieux choisir le dynamisme et l'adhésion de nouveaux membres.
05:09 Néanmoins, c'est sûr que les BRICS en particulier
05:13 sont dans une dynamique aujourd'hui beaucoup plus porteuse,
05:15 même si les BRICS sont un groupe encore moins formel que le G20.
05:21 Merci beaucoup Jean-François Dimeglio pour votre éclairage.