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A l'occasion de la commémoration de la bataille du Cateau, Pierre Démaret vous propose de découvrir l'histoire du cimetière international où sont inhumés plus de 6 000 soldats et infirmières.
Transcription
00:00 Amis de Befrovision, bonjour.
00:02 Aujourd'hui, je vais vous parler du cimetière international Ducato.
00:06 En franchissant la grille, on est d'emblée surpris par la disparité des lieux.
00:12 Les carrés de gazon vert et réguliers, les fleurs soigneusement entretenues,
00:18 sous lesquelles reposent des britanniques, tranchent avec le cadre naturel du côté allemand,
00:23 où les soldats reposent à l'ombre de grands arbres,
00:26 dans un environnement proche de celui dans lequel ils ont combattu.
00:31 Pour comprendre pourquoi un cimetière militaire a été installé au Ducato,
00:35 il faut en premier lieu se référer au cimetière militaire allemand d'Avène-sur-Elpe.
00:42 Après avoir envahi la Belgique, les Allemands entrent en France et arrivent à Avène le 26 août 1914
00:49 et le quitteront les 5 et 6 novembre 1918.
00:54 Le 25 août 1914, des soldats français, battant en retraite, arrivent en provenance de Fellerie,
01:00 passent par le lieu dit Larronflet, se dirigèrent Le Flamond, puis Avène.
01:06 Les Allemands suivent, ils arrivent à Sémerie le 26 août 1914.
01:11 Entre Zorré et Cantraine, un accrochage a lieu le même jour entre un escadron d'avant-garde
01:19 appartenant à un régiment de cuirassiers allemands provenant de sein du Nord
01:23 et un escadron derrière garde du 10e régiment de Husserres,
01:27 chargé de couvrir les retraites des divisions d'infanterie composant la 5e armée française,
01:33 qui se replie d'Avène à Lenouvion.
01:37 Après l'accrochage, on dénombre 45 morts chez les Français et 16 parmi les Allemands.
01:42 Les Husserres français se retirent à Étreint, puis quittent la région en direction de Lenne.
01:49 Les Husserres français étaient équipés de sabres et les Allemands de lances.
01:53 La technique des Husserres français était, à l'aide de leurs sabres,
01:57 d'écarter la pointe de la lance par un coup de plate-sabre
02:00 et de le laisser glisser celui-ci le long de la lance.
02:05 La vitesse d'approche des chevaux au galop, en sens inverse, faisait le reste,
02:09 c'est-à-dire que le huland tenant la lance avait les poignées brisées.
02:14 Le 26 août 1914, 14 Français et 8 Allemands ont trouvé la mort
02:20 lors d'un des derniers combats de cavalerie entre le 1er régiment de Husserres français
02:25 et la 5e division de cavalerie allemande,
02:28 livré sur le territoire des hameaux de Cantraine et de Zorwe.
02:33 C'est à Sémry.
02:36 Les 8 soldats allemands sont enterrés sur place,
02:39 et quand l'occupation s'organisa, les autorités allemandes font déterrer en octobre 1914
02:44 pour les mettre dans des cercueils et les inhumer à côté de leurs ennemis.
02:49 Les 14 Français sont inhumés dans une fosse commune à Sémry.
02:54 Ils seront exhumés en 1974 et transférés dans le cimetière militaire d'Azevant.
03:00 Les Allemands seront également exhumés vers 1930
03:03 et transportés ainsi que leurs plaques au château.
03:08 Donc là nous voyons le monolithe de Sémry.
03:11 Sur la face française est gravé 14 noms français
03:14 et noté "à la mémoire des braves soldats français et allemands morts pour leur patrie 1914-1915".
03:23 Appartenant, détail des noms, tous morts le 26 août 1914.
03:28 Appartenant au 10e régiment de Husserres et tués à Sémry.
03:33 Cotrou-Mercel de Coucher, Vienne, brigadier, 20 ans.
03:37 Vidal-Georges de Marseille, maréchal des logis, 24 ans.
03:41 Bonpin-Etienne de Saint-Fort-sur-Gironde, gérante maritime, cavalier de 2e classe, 22 ans.
03:47 Condemine-Mersenne de Saint-Fulgan, Vendée, brigadier, 20 ans.
03:52 Malagane-François de Monteau, Basse-Pyrénée, cavalier de 2e classe, 23 ans.
03:58 De Cernot-Jean de Berzac, Gironde, cavalier de 2e classe, 23 ans.
04:04 Lacassagne-Jean de Nercasté, Basse-Pyrénée, cavalier de 2e classe, 21 ans.
04:11 Jouvenel-Pierre de Fruyere-Lépin, en Haute-Loire, cavalier de 2e classe, 22 ans.
04:19 Appartenant au 10e régiment de Husserres et tués à Cantelaine.
04:24 Lucas-René de Paris, maréchal des logis, 20 ans.
04:29 Bué-Jean-Marie de Finane, Carnégaronne, cavalier de 2e classe, 22 ans.
04:34 Brochère-Gabriel de Longeron, Maine-et-Loire, cavalier de 2e classe, 22 ans.
04:41 Weimar-Pierre de Sournac, dans le Cantal, cavalier de 2e classe, 22 ans.
04:47 Appartenant au 144e régiment d'infanterie, Saint-Marc-Jean de Grignoles, Gironde, soldat de 1e classe, 26 ans, tué à Avenel.
04:57 Beaucer-Louis de Bouée, Charente-Maritime, soldat de 2e classe, 22 ans, tué à Sémry.
05:07 Une petite plaque en merbre avec un livre en cuivre avait été passée au pied du monument,
05:13 avec une partie d'une citation de Lamartine, "Le livre de la vie".
05:19 "Le livre de la vie est un livre suprême, qu'on ne peut ni ouvrir ni fermer à son choix.
05:25 On voudrait revenir à la page où l'on aime, mais la page où l'on meurt est déjà sous nos doigts."
05:32 Cet hostel, appelé également l'obélisque de Sémry, a été après maine discussion transféré au cimetière allemand du Cateau.
05:40 La pyramide d'Avene subit le même sort.
05:44 En juin 1920, la ville d'Avene pense à réclamer des dommages de guerre le terrain occupé par les macchabées allemands.
05:54 C'est écrit comme tel dans les documents.
05:57 Démontée en 1930 après accord des autorités françaises et allemandes,
06:02 la commune d'Avene pourrait être transférée et installée dans le cimetière allemand du Cateau.
06:08 A noter que les autorités françaises ont demandé à ce que les noms des français soient effacés avant le transfert, ce qui fut fait.
06:16 Alors ici vous avez le monolithe de Saint-Quentin,
06:19 qui est un exemple de stèle présente dans les cimetières allemands, celle-ci aux environs de Saint-Quentin.
06:25 Le respect qu'avaient les Allemands pour ces pyramides les incitaient, lors des combats, à essayer de ne pas les détruire.
06:32 Cela avait été remarqué par les soldats anglais, qui en profitaient pour en faire des postes d'observation,
06:37 l'intérieur de ces monuments étant creux.
06:41 Ils enfirent également des faux, comme en témoigne la carte postale allemande qui porte au dos l'inscription suivante.
06:48 La grande bataille dans l'Ouest, une imitation de monuments en bois et murs de toile dans un cimetière devant Saint-Quentin,
06:56 qui a été utilisé par les Britanniques pour l'observation.
07:00 Pourquoi tant de morts à Avene ?
07:05 Ici vous avez le Lazaret d'Avene, qui était dans l'école supérieure de jeune fille, rue Cambrézienne, à Avene, transformée en Lazaret.
07:13 A Avene, la présence d'un important axe ferroviaire provoque l'arrivée de nombreux blessés.
07:18 Amassés là, à la descente du train, ce qui nécessite la création de nombreux lazarets.
07:23 Puis le nombre croissant de décès qu'il faut inhumer, avec les honneurs, pour les soldats allemands,
07:30 font que le 22 novembre 1914, à 9h du matin, la première cérémonie funéraire couplée à la construction d'un monument
07:38 est organisée dans le cimetière communal d'Avene.
07:43 Une croix dominante douze tombes, de soldats de toute nationalité, tombés lors des affrontements initiaux, est inaugurée.
07:51 C'est le merveilleux du lieu, M. Montroval, qu'il a réalisé à la demande du Major von Mering,
07:57 commandant d'étape de la commandature d'Avene.
08:00 Il était un peu farfelu, c'est lui qui avait fait venir l'éléphant du zoo d'Ambourg à Avene.
08:07 Ce dernier avait fait célébrer, dès le 3 novembre, une messe solennelle dans la collégiale d'Avene.
08:14 Douze couronnes de fleurs sont réclamées à la mairie, pour l'occasion.
08:18 Bien obligé, le maire et le secrétaire de mairie assistent à la cérémonie.
08:23 Les autorités d'occupation vouent cet hommage aux soldats de toute nationalité, victimes du conflit.
08:30 Le lendemain, von Mering fait procéder à l'exhumation des corps ensevelis un peu partout, pour les regrouper dans le cimetière d'Avene.
08:43 L'isthmar nous dit que quatre ouvriers terrassiers, mobilisés pour ce pénible travail,
08:48 touchèrent chacun un franc cinquante et trois litres de rhum, dont ils firent un usage immodéré.
08:55 On les comprend.
08:56 Le 10 octobre 1915, la commandature d'Avene organise une cérémonie beaucoup plus solennelle qu'en 1914.
09:03 Une importante pyramide est mise en place au milieu des tombes allemandes qu'il encadre.
09:09 Dans l'esprit du commandant d'étape, la pyramide a été conçue en hommage aux soldats allemands et français.
09:15 Le texte sur la plaque du monument indique en allemand et en français
09:20 « À la mémoire des braves soldats français et allemands morts pour leur patrie 1914-1915 ».
09:27 La cérémonie est grandiose.
09:30 Von Mering préside, assisté d'un pasteur allemand.
09:34 Un photographe immortalise la cérémonie, à laquelle assistent des centaines de soldats
09:39 qui sont alignés derrière la pyramide, avec casque à pointe et fusil aux côtés.
09:44 Pas de civil français.
09:46 Mais sont présents M. Moiti, maire d'Avene et quelques représentants du conseil municipal.
09:51 La musique militaire allemande est également présente et les discours sont prononcés de part et d'autre.
09:57 De nombreux édifices du même genre sont installés par les Allemands dans les cimetières de Saint-Dunor,
10:04 Grand-Failly, Assevant, au Fort de Levaux à Fény, la Capelle, Hirson, Saint-Quentin et dans bien d'autres villes.
10:13 Le monument de Saint-Dunor porte la citation suivante
10:17 « Personne ne les remerciera jamais assez car ils ont donné leur vie pour leurs amis »
10:23 qui est une citation tirée de l'Évangile de Saint-Jean au chapitre 15, verset 13.
10:29 Maintenant nous passons au cimetière militaire Ducato.
10:32 Réquisition d'un terrain au lieu dit « La rue des Hauts Fossés ».
10:37 Par réquisition du terrain par les autorités allemandes, le cimetière est créé en mars-avril 1916,
10:43 suite à la première bataille Ducato, le 26 août 1914, qui a généré de nombreux morts.
10:49 De nombreux cadavres sont enterrés çà et là.
10:53 Par respect envers les combattants et surtout pour l'hygiène,
10:57 les autorités d'occupation rassemblent et inhument les corps sur un terrain réquisitionné à cet effet,
11:04 qui est situé le long de la chaussée Brugneaux.
11:07 La mise en place du cimetière a été une contrainte bien obligée,
11:11 tant administrative que financière, pour la municipalité Ducato.
11:15 Pour preuve, les nombreuses délibérations entre la commune,
11:20 le bureau de bienfaisance et les différents propriétaires des terrains concernés.
11:25 Ce fut Émile Piccard, premier adjoint, qui dirigea les débats,
11:29 le maire Albert Boulogne étant prisonnier en Allemagne.
11:34 L'autorité militaire allemande a informé le maire que le terrain appartenant au bureau de bienfaisance
11:39 est situé lieu dit les hauts fossés, section D, numéro 127 du cadastre,
11:45 d'une contenance d'un hectare, deux herbes, douze sentières,
11:49 étaient en partie réquisitionnés par elle pour y établir un cimetière pour ses soldats
11:54 et les soldats anglais tombés dans les environs.
11:59 Après examen et échange d'observation, la commission, en raison de la situation actuelle,
12:05 consent à céder à la ville Ducato la partie du terrain, soit une surface de 3418 m2,
12:11 pour permettre de satisfaire la demande de l'autorité allemande.
12:15 Le produit de la vente, soit 1000 francs, qui est le prix fixé par les autorités allemandes,
12:20 sera immédiatement versé dans la caisse du bureau de bienfaisance
12:24 et prie son président de bien vouloir faire le nécessaire
12:28 pour que, à l'avenir, les revenus de l'établissement charitable
12:32 ne soient pas diminués du fait de cette réquisition.
12:35 Notez que j'ai réellement fait au plus court, car les délibérations sont toujours relativement fournies.
12:42 Inauguration du cimetière d'honneur.
12:44 Monsieur le maire expose que les autorités allemandes a choisi pour l'inauguration
12:50 et la remise du cimetière d'honneur qu'elle a fait ériger en cette ville
12:54 la date du 26 août 1915, jour anniversaire de la bataille du Câteau.
12:59 A cet effet, M. Piccard déclare avoir été mandé auprès du major Von Eldorf,
13:06 commandant, qui lui a donné les instructions suivantes.
13:09 Une centaine de personnes seront admises à la cérémonie,
13:13 y compris d'office le conseil municipal du Câteau,
13:17 le maire, les adjoints et les adjoints des communes de la commandature.
13:23 Des discours côté allemand seront prononcés par le pasteur, le prêtre et le commandant
13:28 et côté français par l'abbé Mairès et le maire de la ville.
13:31 Les discours du doyen et du maire devront être soumis au préalable à l'agrément du commandant.
13:39 A titre de renseignement, M. le maire communique les trois discours suivants,
13:43 dont je vous fais grâce, moyennant quelques extraits.
13:47 Le discours du major Von Eldorf est, du point de vue allemand, le plus patriotique.
13:52 Extrait.
13:53 Nous revoyons comment les valeureux régiments de notre 4e corps
13:58 s'élancèrent à l'assaut contre les meilleures troupes anglaises.
14:01 Dans le voisinage immédiat de la ville du Câteau et sur la vieille chaussée romaine,
14:06 et près d'un chibaumon,
14:08 la bataille dont la décision finale intervint le soir du 26 août 1914
14:13 et dans laquelle tant d'héroïsme se montra fifureur.
14:17 Les blessés qui devaient rester en arrière furent rapidement recueillis dans les ambulances
14:24 et reçus, dans une large mesure, en dehors des soins du fidèle service sanitaire allemand,
14:30 ceux de la charité prévoyante française.
14:33 Cela restera inoubliable.
14:35 Le plus dur restait à rendre aux héros morts,
14:40 auxquels il fallait préparer sur le champ de bataille,
14:43 loin de leur patrie bien-aimée et de leurs chers parents,
14:46 la place du dernier repos dans la terre trempée de leur sang héroïque,
14:50 à l'endroit même où les projectiles ennemis les avaient atteints.
14:54 L'ami près de l'ami, souvent aussi l'ennemi près de l'ennemi.
14:59 L'entretien des tombes désormais assuré dans ce cimetière d'honneur
15:04 est ce que nous pouvons offrir de plus beau aux héros et à leurs proches dans notre lointaine patrie.
15:09 C'est à son excellence, monsieur l'inspecteur d'étape,
15:12 à la généreuse initiative duquel nous devons l'acquisition et l'érection de ce champ de repos
15:18 que vont tous nos remerciements.
15:21 Ainsi donc, qu'ils reposent ici, amis et ennemis,
15:25 tous réunis dans un même cimetière d'honneur
15:28 et attendent de nous l'égale piété qu'exige la mort.
15:32 C'est en même temps pour nous une consolante pensée de savoir que cette même piété
15:37 leur est acquise pour jamais de la paire de la population française.
15:42 C'est avec cette bienfaisante conviction que nous voulons confier et remettre à perpétuité
15:49 le cimetière d'honneur à la ville du Câteau.
15:51 J'espère et je suis certain que le conseil municipal de la ville rassemblé ici
15:56 garantira l'entretien du cimetière faisant ainsi la preuve de piété envers les héros qui y sont inhumés.
16:06 Je m'adresse à monsieur le maire de la ville, monsieur Picquart,
16:09 pour exprimer ma confiance que les tombes que nous avons si chères seront convenablement soignées.
16:14 Le cimetière d'honneur comme propriété de la ville du Câteau pour tous les temps à venir.
16:21 En même temps, j'attends de vous la promesse formelle que la ville du Câteau
16:26 se charge pour tous les temps de la conservation et du soin convenable du cimetière.
16:32 Donc, von Enrich Graf von Eldorf est né en 1896 à Mersebourg.
16:39 En 1915, il prend part à la première guerre avec le grade de lieutenant dans le 12e régiment de Husserl.
16:47 Homme politique nazi, préfet de police de Berlin de 1935 à 1944,
16:52 il prit part au complot du 20 juillet 1944.
16:56 À la suite de l'échec du complot, il est arrêté et jugé.
17:00 Après avoir été témoin sur l'ordre d'Hitler de la pendaison de ses camarades,
17:05 il est pendu le 15 août 1944 dans la prison de Plosensee à Berlin.
17:11 Son corps, comme celui des autres, sera brûlé par les SS.
17:15 L'inspecteur d'étapes Stefan von Nieber, né en 1855 à Oldenburg,
17:22 décédé le 20 mars 1920 à Nostrlitz, général lieutenant de la 2e armée.
17:29 Au commencement du mois de janvier 1917, à Laurent Post à Saint-Quentin,
17:34 il est relevé de ses fonctions.
17:36 Le motif ? Conflit avec le quartier général,
17:40 notamment au sujet des évacuations isolées et volontaires qu'il autorisait facilement
17:46 quand les gens lui plaisaient.
17:48 C'était un ennemi qui forçait l'estime.
17:50 Il était surnommé le "Bosch Louis XV".
17:56 Le discours de la MMRS est d'une neutralité que même les Suisses n'auraient pas égalée.
18:01 La MMRS prête du diocèse de Cambrai, curé de Poid-du-Nord, puis curé d'Oyen-du-Kato.
18:07 En 1906, il édite son Histoire du Kato. Il décède en 1918.
18:13 Le discours d'Émile Piccard a été réduit à son strict minimum,
18:17 tout en précisant que les demandes du major seront honorées.
18:21 J'accepte au nom de la ville le dépôt que vous me confiez
18:25 et vous pouvez être assuré, monsieur le commandant,
18:28 que toute cette population qui a si bien compris ses devoirs envers les blessés
18:33 saura respecter ce champ sacré où les morts dôment de leur dernier sommeil.
18:38 La ville du Kato saura, dans les temps à venir, conserver et entretenir ses tombes.
18:44 Donc sur l'astel qui vient de Sémry, il est inscrit "En mémoire aux vaillants camarades
18:51 qui reposent ici du régiment du corps de cuir-acier du grand prince électeur de Silesie n°1".
18:57 La face française est effacée. Reste la face allemande où étaient gravés 8 noms allemands.
19:04 Et noté, sont tombés le 26 août 1914.
19:09 Ici reposent en Dieu
19:11 Karl von Ritzek, lieutenant, Karl Baumann, caporal, Max Ehmann, sergent,
19:17 Joseph Messner, caporal, Paul Hauck, caporal,
19:22 Bernard Bittner, cuir-acier, Joseph Sampo, cuir-acier,
19:26 Anton Schlesen, cuir-acier.
19:29 Les corps ont été transférés dans le cimetière du Kato.
19:32 A noter qu'une tombe britannique est insérée entre ces 8 soldats.
19:36 Alors sur la pyramide de Venendeven, il est noté
19:40 "A la mémoire des braves soldats français et allemands morts pour leur patrie 1914-1915".
19:45 Texte en français face au cimetière, texte en allemand face à la route.
19:50 Sois fidèle jusqu'à la mort.
19:52 L'ossuaire allemand.
19:55 Pourquoi on solda dans l'ossuaire allemand ?
19:58 On solda français dans l'ossuaire allemand.
20:01 Il faut savoir que le nombre de lazarets installés à Venn
20:04 produisait un grand nombre de morts qu'il fallait bien inhumer.
20:07 La fin du conflit approchant, en même temps que les troupes alliées,
20:11 les allemands n'avaient plus le temps de trier leurs morts
20:14 et ils enterrèrent pêle-mêle les corps des leurs avec les nôtres.
20:19 Le transfert des corps et des monuments au kato.
20:23 Suite à la proposition des autorités militaires françaises
20:26 de donner leur accord pour le retrait du monument par les autorités allemandes,
20:31 un échange de courrier s'établit entre la mairie d'Avène et les autorités françaises.
20:35 La mairie d'Avène est informée que les soldats allemands enterrés dans le cimetière d'Avène
20:40 seraient prochainement exhumés pour être regroupés dans un cimetière spécial,
20:45 que l'état civil du secteur de Valenciennes procédera également
20:48 au regroupement des tombes des soldats alliés.
20:51 Le 4 juin 1930, un courrier du commandant de la première région militaire
20:56 adressé aux maires d'Avène l'informe qu'à la suite d'un accord
20:59 intervenu entre le ministre des pensions français
21:02 et le service allemand des sépultures militaires,
21:05 l'entreprise large, domiciliée à Verdun,
21:08 sera autorisée à procéder au démontage et à l'enlèvement du monument commémoratif
21:13 érigé par les troupes allemandes dans le cimetière communal d'Avène.
21:18 Ce monument sera transporté par les soins de l'entreprise
21:21 et réédifié dans le cimetière militaire allemand du Château.
21:25 Le 24 juin 1930, le maire d'Avène donne son accord pour le transfert du monument,
21:31 sous condition que les noms des Français inscrits sur le monument
21:34 soient effacés avant sa réédification au Château
21:38 et que le terrain occupé par le monument soit remis en état après son départ.
21:44 L'exhumation entre 1902 et 1930 des soldats allemands
21:50 des 53 différents cimetières, fosses communes et tombes individuelles autour, y compris Avène,
21:57 suivie de leur réunimation au Château, n'a pas dû être une mince affaire,
22:02 d'où probablement une erreur qui fut réparée par la mise en place d'une plaque
22:07 identique aux plaques allemandes mais écrite en français,
22:10 en hommage à nos 11 militaires morts pour la France,
22:14 qui étaient tous prisonniers des Allemands et sont décédés au Lazaret 33B d'Avène,
22:20 dont les noms suivent.
22:22 Ossette Gaétan, de Maucour, somme manouvrier, marié, soldat au 350e Régiment d'Infanterie,
22:29 33 ans, décédé le 9 octobre 1918.
22:33 Une citation, Croix de Guerre avec étoile de bronze.
22:36 Colpierre Duzot, dans les Landes, résigné, marié, soldat au 34e Régiment d'Infanterie,
22:43 37 ans, décédé le 7 octobre 1918.
22:47 Pujol Ernest, d'Audrecin, Ariège, cultivateur, célibataire, caporal au 281e Régiment d'Infanterie,
22:54 28 ans, décédé le 7 octobre 1918.
22:57 Trois citations, décorées de la Croix de Guerre avec étoile de bronze,
23:01 puis de la Croix de Guerre avec étoile d'argent.
23:04 Pley-Louis, d'Aube-Villers, dans la Somme, journalier, célibataire,
23:11 soldat au 77e Régiment d'Infanterie, 20 ans, décédé le 9 octobre 1918.
23:17 Lapierre Gaston, d'Hasbrouck, préposé des douanes à Hasbrouck, marié,
23:22 caporal au 281e Régiment d'Infanterie, 33 ans, décédé le 14 octobre 1918.
23:29 Messin Joseph, de Jeulouère, Meurthe-et-Moselle, ouvrier d'usine, célibataire,
23:35 soldat au 49e Régiment d'Infanterie, 21 ans, décédé le 24 octobre 1918.
23:41 Sagné Alcide, soldat au 112e Régiment d'Infanterie, décédé le 25 octobre 1918.
23:48 Hamelin Alphonse, de Saint-Maurice-Saint-Germain, en Eure-et-Loire, domestique, marié,
23:55 soldat au 289e Régiment d'Infanterie, 36 ans, décédé le 24 octobre 1918.
24:02 Gardé Jean-Baptiste, de Saint-Berban, Haute-Vienne, cultivateur, célibataire,
24:08 soldat au 401e Régiment d'Infanterie, 31 ans, décédé le 19 octobre 1918.
24:15 Bouvit Jean, soldat au 12e Régiment de Cuirassier, décédé le 25 octobre 1918.
24:23 Goudot Paul, de Chaligny, Meurthe-et-Moselle, cultivateur, marié, caporal au 272e Régiment d'Infanterie,
24:32 25 ans, décédé le 26 octobre 1918.
24:35 Les sépultures allemandes. Des hommages des familles allemandes ont régulièrement lieu dans le cimetière.
24:41 Quelques souvenirs en dehors des fleurs déposées aux pieds de tombe.
24:46 Richard Meningen, sergent, tué le 8 octobre 1918, photo trouvée aux pieds de sa tombe,
24:53 texte sur la plaque "Avec amour, votre fille".
24:57 Auto-mage, le texte du diplôme d'honneur, chauffeur d'ambulance, décédé le 31 octobre 1918,
25:05 compagnie d'ambulanciers 58, distinction, croix de fer, médaille Frédéric Auguste.
25:12 Il fut appelé lors de la guerre mondiale suite à la mobilisation en février 1915
25:18 et prit paire aux batailles et combats de son unité dans les campagnes contre la Russie et la France.
25:24 Il est tombé le 31 octobre 1918 en France. Honneur à sa mémoire, en souvenir éternel.
25:31 Son faire-père de décès.
25:35 "Soudainement et de manière inattendue, nous avons reçu la nouvelle profondément douloureuse
25:40 que le 31 octobre, mon époux tant aimé, notre cher père, fils, gendre, frère et beau-frère,
25:47 le conducteur auto Richard Mage, titulaire de la croix de fer de deuxième classe
25:52 et de la médaille Frédéric Auguste de bronze, est tombé, âgé de 34 ans,
25:58 en sacrifice à la grande victoire de son peuple. Je le nôte Puznik Ludendorff et Weizau, le 16 novembre 1918.
26:08 Les quatre villes, ce sont quatre villes de Saxe relatives de sa famille habitée.
26:15 L'épouse profondément éplorée, Zell Mage, avec ses enfants et parents.
26:21 Au moment des grandes retrouvailles, la rue est en liesse, je suis seul et silencieuse, triste et abandonné.
26:28 Personne ne me reviendra dans ce foyer désert qui, pour moi, a la marque de son cœur.
26:34 Dors en terre étrangère. Dors d'un long et profond sommeil, sans espoir du lendemain,
26:40 et la balle qui l'a frappé m'a aussi frappé. Cher auto, repose paisiblement en terre étrangère."
26:47 Sébastien Haber, texte du "Faire part", la mort d'un héros pour la patrie.
26:54 Le 21 octobre 1918, et mort après avoir rempli fidèlement son devoir pendant 36 mois, à l'âge de 22 ans,
27:02 le jeune homme nommé Sébastien Haber, enfant majeur de Aubert-Pirache, paroisse de Aubignes, qui est une commune de Bavière.
27:12 Canonnier au 23e Régiment d'Artillerie de Campagne, 7e Batterie, titulaire de la Croix de Fer de 2e classe.
27:20 "Oh, ne pleure pas, toi le fidèle. Ma jeune vie s'est accomplie. J'ai trouvé la mort dans un combat dur et sanglant.
27:30 J'ai aussi reçu la plus grande récompense de la victoire, qui est promise aux guerriers morts, un trône dans les cieux.
27:38 Oh, consolez-vous, chers parents et fratries. Dans cette lointaine contrée, nous nous retrouverons dans la belle enceinte des cieux.
27:47 Dans notre petite église, les cloches sonnent pour moi le glas. Je pose sur vous mon regard de héros depuis le trône des cieux.
27:56 Sacré cœur de Jésus et pitié du guerrier mort, notre père, Ave Maria, décoré de la médaille Croix de Frédéric Auguste.
28:05 Johann Hubert, tué le 1er octobre 1918. C'était un mousquetier qui était écupé d'un mousqueton.
28:13 Otto Reinhardt, tué le 10 septembre 1918. Vice-sergent, sous-officier confirmé.
28:21 30 plaques gravées de ce nom, semblables à celles-ci, installées au fond du cimetière allemand, sont pratiquement illisibles,
28:28 les noms étant notés à la suite des uns des autres, sans aucun intervalle.
28:33 La plaque commémorative, située dans le cimetière allemand du Kato, texte écrit en allemand et en français.
28:41 Texte. Dans ce cimetière militaire reposent 5 576 soldats tombés lors de la guerre 14-18.
28:49 5 522 allemands, 42 russes, 11 français, 1 britannique.
28:55 Particularité du cimetière international du Kato.
28:59 Dans le cimetière allemand, à les deux, la tombe d'un soldat britannique inconnu, décédée le 3 octobre 1918, est placée entre les numéros 458 et 461.
29:11 Dans le cimetière anglais, placée côte à côte, deux tombes allemandes, au nom de Minna Dürsen, décédée le 19 août 1917,
29:20 et de Lina Nickel, décédée le 11 décembre 1917. Il s'agirait de deux infirmières allemandes, sœurs religieuses.
29:30 Le cimetière russe. Les tombes des 42 prisonniers russes, numérotées de 904 à 945, sont situées au fond et à gauche, dans le cimetière allemand.
29:41 Lors des rangées, premier rang, trois tombes, deuxième rang, huit tombes, troisième rang, douze tombes, quatrième rang, quatorze tombes, et cinquième rang, cinq tombes.
29:51 Tous sont notés soldats russes morts pour la patrie.
29:55 Le cimetière britannique. En 1916, faute de place dans le cimetière municipal du Kato, qui compte déjà 150 sépultures de soldats britanniques,
30:04 les Allemands prennent la décision d'enterrer les soldats anglais aux côtés des leurs, sur les hauteurs de la cité.
30:12 Après la guerre entre 1922 et 1930, le cimetière est agrandi pour y implanter le Kato Military Cemetery.
30:22 Quatre cimetières militaires du Commonwealth, de la Première Guerre mondiale, sont situées sur le territoire du Kato.
30:30 Le Kato Military Cemetery, située route de montée.
30:34 Ils sont inhumés 511 soldats, dont Royaume-Uni 477, Canada 2, Union d'Afrique du Sud 24, Nouvelle-Zélande 2, Australie 6,
30:46 et deux Allemandes, Mina Dursen et Lina Nickell, les infirmières.
30:51 Le Kato Communal Cemetery, situé dans le cimetière communal. Ils sont inhumés 151 soldats, dont Royaume-Uni 136, Canada 2, Australie 13.
31:04 Kietist Military Cemetery, située route de Buzigny. Ils sont inhumés 62 soldats, dont Royaume-Uni 52 et dix Allemands.
31:15 Le Highland Cemetery, située route de Guise. Ils sont inhumés 624 soldats, dont Royaume-Uni 594, Canada 13, Australie 1, Union d'Afrique du Sud 16.
31:29 Et pour terminer, le monument commémoratif de la bataille du 2e Corps d'Armée britannique, le 26 août 1914, appelé à tort le Monument canadien.
31:41 Situé sur le chemin de remont, le mémorial est dédié aux soldats du corps expéditionnaire britannique tombés le 26 août 1914 lors de la bataille du Kato.
31:51 Il rappelle les durs combats livrés par le 2e Corps, sous le commandement du général Smith-Dorien.
31:58 C'est la décision personnelle de stopper la retraite entreprise de Pouymonce qui engendre cette bataille d'arrêt face à la première armée allemande de Von Kluge.
32:09 Les forces en présentent 95 000 hommes. Pour les pertes et pris en compte tués, blessés et disparus.
32:17 Côté britannique, 40 000 hommes, pertes 7800. Côté allemand, 55 000 hommes, pertes entre 3000 et 7500 hommes.
32:27 Donc ici, quelques photos de militaires britanniques inhumés dans le cimetière du Kato.
32:32 Le soldat John Grudy, tué le 15 décembre 1917, âgé de 19 ans.
32:38 Le lieutenant James David Ralston J. Kilson, tué le 26 août 1914.
32:46 Le soldat Gordon Rupert Diplock, tué le 29 mars 1918.
32:53 Le soldat James Sutton, tué le 27 octobre 1918, âgé de 22 ans.
32:58 Quelques élémentaires précisions sur les cimetières militaires.
33:02 Après la guerre de 1870, la France et l'Allemagne s'engagent à entretenir les tombes des soldats sur leur territoire.
33:08 Les morts sont regroupés par nationalité et par religion.
33:12 Durant la guerre 14-18, les militaires morts sont d'abord réglementairement inhumés dans les cimetières collectifs.
33:21 Devant le nombre de morts et les aléas des combats, la loi du 29 décembre 1915 enterrine, entre autres,
33:28 la création de sépultures individuelles pour les soldats de toute nationalité.
33:33 L'entretien des tombes incombe à l'État français.
33:38 Certaines familles récupèrent d'abord illégalement les corps de leurs défunts.
33:43 Jusqu'à la loi du 31 juillet 1920, qui prévoit que les familles peuvent récupérer les corps des leurs,
33:49 les mêmes principes s'appliquent pour la Seconde Guerre mondiale et les autres conflits (Indochine, Maroc, Algérie, etc.).
33:57 En France, il existe 265 nécropoles nationales et 2000 carrés militaires de cimetières communaux,
34:05 regroupant 740 000 corps, auxquels s'ajoutent des ossuaires.
34:10 Il existe en août 2000 cimetières militaires français répartis dans 78 pays.
34:16 L'entretien des sépultures et mémoriaux est à la charge du ministère de la Défense.
34:21 Depuis 1919, c'est la Commission allemande des sépultures de guerre qui est chargée de l'entretien des cimetières militaires allemands
34:29 et gère et entretient aujourd'hui les cimetières des deux guerres mondiales.
34:34 En 2020, le WDK entretenait 218 cimetières ou monuments allemands en France.
34:41 Depuis 1917, les cimetières militaires britanniques rassemblent plus de 900 000 tombes individuelles,
34:47 dont 200 000 non identifiées, de soldats originaires du Royaume-Uni ou de l'Empire colonial britannique.
34:54 Une loi va donner aux pays concernés des concessions à perpétuel des territoires des cimetières,
35:02 à charge pour les pays d'entretenir leurs concessions pour les deux guerres mondiales.
35:07 Je ne regrette qu'une chose, c'est l'incivilité de certains vis-à-vis de ce cimetière,
35:14 dans lequel j'ai retrouvé des canettes en aluminium et des déchets divers.
35:18 Je ne ferai pas d'autres commentaires mais vous avez compris le fond de ma pensée.
35:22 Je vous remercie pour votre écoute. Bonne continuation. Au revoir et à bientôt.
35:29 Merci.

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