Pannier-Runacher : "Les entreprises pétrolières n'ont aucune chance de survie si elles ne se transforment pas"

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Dans le grand entretien du 6-9 de ce samedi, Ali Baddou et Marion L'Hour reçoivent Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20/l-invite-de-8h20-du-we-du-samedi-09-septembre-2023-3944139

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00:00 Le grand entretien de la matinale avec Marion Lourne, notre invitée est la ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.
00:06 Vos questions, vos témoignages au 01 45 24 7000 ou sur l'application France Inter.
00:12 Agnès Pannier-Runacher, bonjour et bienvenue.
00:15 Avant d'entrer dans le détail de votre dossier et des mesures que vous venez de prendre hier,
00:21 puisque vous receviez les représentants du secteur de l'énergie, vous teniez à réagir au séisme qui a frappé le Maroc dans la nuit ?
00:28 Oui tout à fait, d'abord je veux faire part de ma tristesse, de ma sidération, de la sidération de l'ensemble du gouvernement.
00:35 Évidemment du soutien pour le peuple marocain, leur présenter mes condoléances aux proches des victimes
00:43 et leur dire que la France se tiendra aux côtés du Maroc et apportera tout le soutien dont le Maroc pourrait avoir besoin en fonction précisément de ses besoins.
00:53 Et d'ailleurs l'ambassade de France au Maroc a ouvert une cellule de crise. Agnès Pannier-Runacher,
00:58 je le disais hier, vous receviez les représentants du secteur de l'énergie, l'italien Eni, le français Engi.
01:04 Depuis qu'il n'y a plus de bouclier tarifaire depuis le 1er août dernier, les prix d'électricité ont flambé.
01:10 Il y a des foyers, des entreprises qui se sont retrouvées ces dernières semaines avec des factures délirantes,
01:15 hallucinantes à 4 voire 5 chiffres des problèmes de surfacturation.
01:20 Et vous avez promis de durcir, je cite, le traitement réservé aux fournisseurs d'électricité voyous,
01:26 ceux qui ne respectent ni le devoir de conseil, ni le devoir de loyauté. Qui sont ces fournisseurs d'accès voyous ?
01:33 D'abord je veux dire une chose, il y a un bouclier énergétique encore en place. Vous venez de dire qu'il s'était arrêté. Non, ce n'est pas le cas.
01:40 Nous prenons en charge 37% de la facture d'électricité des ménages français et des très petites entreprises.
01:48 Donc je le précise parce que le dispositif a été allégé et réduit.
01:53 Le dispositif permet de prendre 37% de la facture des français. Il n'y a aucun autre pays qui prend en charge dans ce niveau-là la facture d'électricité.
02:03 En Europe, je pense que c'est important de le faire savoir et de le dire.
02:08 Ensuite, s'agissant des fournisseurs, oui tout à fait, nous avons eu un nombre de réclamations qui a augmenté au niveau du médiateur national de l'énergie.
02:18 J'en profite pour dire que tous les français qui seraient confrontés à des situations, ils ne comprennent pas leur facture de régularisation,
02:28 doivent d'abord interpeller leurs fournisseurs et s'ils n'ont pas de réponse satisfaisante, ils peuvent à tout moment saisir le médiateur national de l'énergie.
02:37 Et moi sur cette base-là, ça me permet d'avoir un instrument de mesure de la situation.
02:42 Et j'ai déjà convoqué Engie il y a trois semaines pour leur demander des explications.
02:49 Ça a permis de libérer 50 millions d'euros puisqu'il y avait eu des erreurs sur les factures de régularisation.
02:56 C'est une très bonne nouvelle pour les 100 000 clients d'Eni.
03:00 S'agissant d'Engie, nous avons mis en place, Engie accompagne spécifiquement tous les français qui ont des problèmes de facturation.
03:10 On n'a pas à ce stade relevé de difficultés dans l'application de la loi.
03:16 Et je l'ai dit très clairement hier à l'ensemble des fournisseurs, il n'y aura pas, si un fournisseur franchit la ligne jaune, franchit la ligne rouge, il sera sanctionné.
03:29 Et j'ai demandé à la commission de régulation de l'énergie et à la direction de la répression des fraudes d'agir et d'être présents sur le terrain pour ce faire.
03:36 Donc si vous faites du "name and shame", les fournisseurs d'électricité voyous, c'est Engie, Eni, qui d'autre ?
03:42 Alors non, ce n'est ni Engie, ni Eni.
03:45 Alors qui sont-ils ?
03:48 Pardon, Eni a reconnu son erreur et l'a corrigée.
03:52 Donc Engie, nous n'avons pas vu d'irrégularité à ce stade dans les factures d'Engie.
04:01 Il faut quand même le dire parce que je ne voudrais pas qu'eux en fassent porter le "shame" comme vous dites sur des fournisseurs qui font leur travail.
04:10 En revanche, il y a un certain nombre de fournisseurs, et ils se reconnaîtront, qui sont aujourd'hui sous le coup d'une enquête soit de la DGCCRF, soit de la commission de régulation de l'énergie.
04:21 Et nous avons convenu avec le médiateur national de l'énergie que nous donnerons des éléments sur leur site où ils comparent les offres,
04:29 aussi sur toutes les condamnations ou toutes les fautes qu'on a pu constater,
04:35 de façon à ce que les Français puissent choisir leur fournisseur d'énergie en toute connaissance de cause.
04:40 Une dernière précision.
04:42 À tout moment, lorsque vous êtes un ménage, vous pouvez changer de contrat sans pénalité.
04:49 Donc ça c'est intéressant de le savoir, ça permet aussi de protéger les Français.
04:53 Ils peuvent le faire à tout moment, sans pénalité.
04:56 Et l'énergie chère pour les Français c'est aussi les carburants, presque 2 euros le litre en moyenne.
05:01 Parfois on voit des prix bien plus élevés que ça dans les stations-services.
05:04 Le ministre de l'économie refuse de mettre en place la ristourne de 15 centimes qui a été réclamée par le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand.
05:12 Il renvoie vers Total Energy en lui demandant de plafonner le prix de l'essence à 1,99 euros le litre.
05:17 Est-ce que vous avez une réponse de Total Energy à ce jour ?
05:20 Alors d'abord une chose, effectivement Xavier Bertrand nous donne des leçons.
05:24 C'est celui qui taxe le plus le carburant et qui bénéficie de cette recette dans son budget régional.
05:31 Donc s'il veut agir pour les Français, qu'il le fasse en baissant les taxes qu'il prélève sur le carburant.
05:37 La deuxième chose, c'est s'agissant de Total Energy, mais également des autres distributeurs.
05:44 Je sais que nous sommes en contact avec l'ensemble des distributeurs.
05:47 Oui, je leur demande un effort de solidarité.
05:50 Nous avons eu un plafonnement du prix du carburant de la part de Total Energy.
05:55 Mais certains distributeurs ont également fait des opérations à prix coûtant.
05:59 Je les réunirai mardi prochain.
06:02 Et pour être très clair, je leur demanderai de prolonger autant que possible ce type d'opération.
06:09 Parce que je pense que les Français n'ont pas l'espace aujourd'hui pour payer plus cher le carburant.
06:16 Et que ce n'est pas le genre de sujet sur lequel ces acteurs doivent faire une marge importante.
06:22 Et ça c'est une réponse à court terme, je dirais pour faire face aussi à l'inflation générale.
06:25 4,8% sur un an, à long terme, comment est-ce qu'on se désintoxique du pétrole, cette énergie fossile qui contribue au réchauffement climatique ?
06:33 C'est exactement le problème.
06:35 Qu'est-ce qui fait monter la facture des Français ?
06:37 Ce sont les énergies fossiles.
06:39 Qu'est-ce qui dérègle le climat ?
06:41 Ce sont les énergies fossiles.
06:43 Donc il y a un besoin urgent de sortir des énergies fossiles.
06:46 S'agissant de la voiture par exemple, l'enjeu c'est de permettre aux Français d'avoir accès à la voiture électrique.
06:52 Je rappelle qu'une voiture électrique, lorsque vous faites 10 000 km,
06:56 10 000 km c'est à peu près en moyenne ce que fait un Français avec sa voiture chaque année,
07:02 c'est 1 000 euros d'économie sur le carburant.
07:05 Mais aujourd'hui les voitures électriques sont plus chères que les voitures thermiques
07:08 et c'est pour ça qu'avec le bonus écologique, avec la prime à la casse,
07:14 nous travaillons pour baisser le prix d'accès de la voiture électrique
07:19 et je souhaite encore renforcer le bonus écologique pour que les ménages qui ont des revenus moyens puissent se payer cette voiture
07:26 et mettre en place également ce qu'on appelle le leasing à 100 euros.
07:31 Le leasing à 100 euros c'est permettre aux Français d'avoir accès à une voiture électrique qui leur coûtera 100 euros par mois.
07:40 Alors beaucoup de questions d'éditeurs justement sur ce sujet Agnès Pannier-Runiacher.
07:43 Le gouvernement travaille à la refonte de ce bonus écologique, une prime à l'achat de 5 000 euros pour les véhicules électriques.
07:50 Les critères vont être durcis pour favoriser les véhicules qui sont fabriqués en France.
07:55 C'est assez compliqué parce que si l'on prend un modèle électrique qui est le plus vendu en France, la Dacia Spring,
08:01 elle est fabriquée en Chine, elle risque de ne plus bénéficier de ce bonus.
08:06 Emmanuel Macron d'un autre côté a recevu récemment Elon Musk pour le convaincre d'installer une méga usine en France.
08:12 Donc une marque américaine pourrait bénéficier du bonus écologique, pas facile à suivre en tout cas.
08:17 Alors d'abord le bonus écologique c'est une clause environnementale.
08:21 Ce n'est pas une clause fabrique en France, c'est une clause environnementale.
08:25 Le constat que nous faisons c'est que les entreprises françaises et les entreprises européennes font plus d'efforts en matière d'environnement
08:31 pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre que des entreprises qui sont à l'autre bout du monde.
08:36 Et donc il y a une injustice parce que c'est une concurrence entre deux pays où vous avez ceux qui font des efforts et ceux qui ne font pas des efforts.
08:45 Donc nous allons calculer un score environnemental modèle par modèle en fonction de la réalité des émissions de gaz à effet de serre liées à la fabrication des modèles
08:55 parce que nous n'allons pas soutenir avec de l'argent public des modèles qui produisent beaucoup plus d'émissions de gaz à effet de serre que ceux que nous fabriquons nous en Europe et en France.
09:05 Ce serait totalement absurde. Cette clause environnementale va permettre aussi aux modèles qui sont fabriqués en France et en Europe d'être plus accessibles
09:16 parce que nous allons pouvoir aussi renforcer le bonus écologique pour ces modèles.
09:21 C'est notre intention, c'est de rendre moins cher les modèles qui ont le meilleur score environnemental.
09:28 On parlait d'énergie fossile tout à l'heure Agnès Pagny-Runacher, ça va vous rappeler quelque chose parce que vous y étiez.
09:33 Je voudrais vous faire écouter un extrait d'une table ronde à l'université d'été du Medef le 29 août dernier, le rendez-vous de rentrée des grands patrons.
09:40 Sur l'estrade il y a vous Agnès Pagny-Runacher, le climatologue Jean Jouzel qui appelle à réduire l'utilisation des énergies fossiles pour limiter le réchauffement.
09:48 Vous le disiez c'est la principale cause du réchauffement. Et Patrick Pouyanné, le patron de TotalEnergie.
09:53 Ce qu'on fait nous c'est qu'on a décidé que bien sûr je suis un producteur d'énergie fossile parce que c'est l'énergie que vous utilisez tous les jours.
09:59 Je vais revenir là-dessus. Et qu'il y a une erreur de croire qu'on va régler le problème du changement climatique en tout d'un coup affamant nos concitoyens d'énergie.
10:08 Ça ne marche pas ça. Ce ne sera pas acceptable.
10:11 Alors ça c'est le patron de TotalEnergie Patrick Pouyanné, le climatologue Jean Jouzel qui était là, dit avoir reçu un accueil glacial de la part des patrons.
10:18 Et après coup il confie aussi qu'il en a marre d'alerter sur le réchauffement climatique, en clair de parler dans le désert.
10:23 Vous comprenez son sentiment vous qui étiez sur place ?
10:26 Moi j'étais sur place et j'ai dit que je ne retirerais pas un mot à son diagnostic.
10:30 Nous sommes dans un moment où le dérèglement climatique est en train de s'emballer.
10:34 Et nous devons agir. Et nous devons agir parce que c'est notre intérêt.
10:38 C'est à dire que l'action de baisse des émissions de gaz à effet de serre va rendre notre vie meilleure que si nous n'agissons pas.
10:46 C'est une question de confort de vie, c'est une question de santé, c'est une question de pouvoir d'achat aussi.
10:52 On le dit, sortir des énergies fossiles c'est reconquérir notre pouvoir d'achat.
10:56 Ça va prendre un peu de temps, mais c'est reconquérir notre pouvoir d'achat, c'est reconquérir notre indépendance politique, notre indépendance énergétique, notre indépendance économique.
11:05 Donc c'est un combat que nous devons tous porter au niveau français et européen.
11:10 Vous avez l'impression qu'il l'entend Patrick Pouyanné quand Jean Jouzel fait ce constat où il lui répond "tout de façon aujourd'hui on a encore besoin des énergies fossiles".
11:18 Moi je vais vous le dire, les entreprises pétrolières si elles ne se transforment pas, elles n'ont aucune chance de survie dans les années qui viennent.
11:28 Et de manière générale, on parle des énergies fossiles, du fait qu'il faut en sortir.
11:32 Et vous voyez le fait que le 4 septembre dernier, la Première Ministre, le ministre de l'éducation nationale se rendent à Rennes en avion alors que le trajet en train c'est deux heures.
11:40 C'est une erreur qu'ils ont faite ?
11:42 Alors vous savez, lorsque vous êtes Première Ministre, il y a des conditions de sécurité, une gestion des risques qui est un peu particulière.
11:52 Donc je pense qu'au cas particulier, il y a une situation qui explique ce choix.
11:59 Moi je vais vous le dire, nous avons au niveau de l'Etat pris des décisions qui font que nous prenons le train lorsqu'il n'y a pas de trajet.
12:12 Nous préférons le train à l'avion pour tous les trajets où on a moins de trois heures de déplacement.
12:19 Donc ça c'est une consigne qui est aujourd'hui appliquée et qu'on s'applique dès lors que les...
12:25 En vrai qui n'est pas appliquée justement.
12:26 Non, dès lors que les sujets de sécurité sont gérés.
12:30 Et ça je pense que tout le monde comprendra que les sujets de sécurité, il faut aussi en prendre compte par rapport à la gestion de certaines personnalités.
12:40 Avant de filer au standard Agnès Pagny-Runacher, il y a évidemment la question du réchauffement climatique.
12:45 Climat déchaîné, canicule et le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, déclarait que l'effondrement climatique avait déjà commencé.
12:54 Effondrement, pas réchauffement, pas basculement. Le mot il est extrêmement fort, est-ce que vous le reprenez à votre compte ?
13:01 En tout cas, moi je parle d'emballement, du dérèglement climatique et de la nécessité urgente d'agir et c'est ce que nous faisons.
13:08 Mais le mot effondrement, on y est ?
13:11 Je vais laisser les experts qualifier, mais nous sommes à un moment où nous voyons tous les jours, dans notre quotidien, l'impact de ce dérèglement climatique.
13:21 Mais le mot vous gêne ?
13:23 Non le mot ne me gêne pas, mais je crois que...
13:25 Vous ne voudriez pas être catalogué comme la psychologue par exemple ?
13:28 Non, c'est pas le sujet. Le sujet c'est d'agir, monsieur Badaud. Le sujet c'est de ne pas être dans les mots, le sujet c'est d'être dans l'action.
13:35 C'est ce que fait le gouvernement. C'est-à-dire que nous sommes le pays, la France, qui est classée en première position pour sa politique de lutte contre le dérèglement climatique et de transition énergétique dans les pays du G20.
13:49 Nous avons réduit nos émissions de gaz et effet de serre de 2,7% l'année dernière. À ma connaissance, aucun autre pays du G20 n'a fait une réduction aussi importante.
14:01 Un exemple, puisque vous avez très bien connu le sujet, vous avez travaillé dans le domaine du ski dans les Alpes. Un symbole, cette station de ski de la Sambuie en Haute-Savoie qui va mettre la clé sous la porte.
14:14 C'est un petit domaine, mais catastrophe climatique, dit le maire. Est-ce que c'est le début de la fin du ski en France ?
14:21 En tout cas, un certain nombre de stations de ski vont devoir effectivement revoir en profondeur leur modèle.
14:27 Fermé ?
14:28 Non, évolué. Parce que vous allez voir que le tourisme va évoluer dans un tourisme qui est plus responsable, avec probablement plus d'attractivité aussi des montagnes.
14:39 Parce que les gens vont avoir besoin de se reconnecter avec la nature. Les gens seront aussi heureux d'aller dans des zones qui sont plus tempérées.
14:47 C'est une évolution. Le réchauffement, la lutte contre le dérèglement climatique, c'est prendre la mesure de la situation, mais c'est aussi se rendre compte que nous pouvons construire de nouveaux modes de vie qui soient plus favorables aussi aux gens.
15:05 Je parlais à l'instant des questions de la santé. Lorsque vous réduisez la pollution de l'air dans les villes parce que précisément vous passez à la voiture électrique.
15:13 Eh bien justement !
15:14 C'est beaucoup moins de bronchiolite chez les bébés, c'est beaucoup moins d'asthme chez les enfants. C'est un bénéfice qui est quasi immédiat. Donc ça aussi il faut le mettre en avant.
15:24 Je crois que nous devons avoir une transition énergétique qui soit désirable et pas seulement qui soit une somme d'efforts et de difficultés.
15:33 Eh bien puisqu'on parle de désir et de mode de vie, bonjour Isabelle !
15:36 Oui, bonjour !
15:37 Vous nous appelez de Saint-Mendez, vous avez une question pour Agnès Pannier-Runacher.
15:41 Oui, bonjour Madame ! On est tout à fait invité à acheter des voitures électriques. Moi je serais absolument d'accord, bien que je m'en détrais pas mal.
15:48 Mais il n'y a pas de borne de rechargement, il n'y a pas de borne achetée. La ville de Saint-Mendez, par exemple, il doit y en avoir 10. Donc comment je fais ?
15:58 Alors, vous avez entendu Isabelle, elle veut acheter une voiture électrique Madame la Ministre.
16:03 Et elle dit "mais il n'y a aucune borne de recharge à Saint-Mendez, à proximité de mon domicile. Aidez-nous à pouvoir faire la transition".
16:11 Et on est face à de nombreux auditeurs qui ont des questionnements semblables.
16:16 Alors, elle a tout à fait raison Isabelle. Et merci de poser cette question.
16:20 Vous savez qu'il y a aujourd'hui en France plus d'un million de bornes qui sont déployées dans les habitats ou dans les entreprises.
16:30 Et 100.000 bornes qui sont déployées sur le réseau public.
16:34 Nous devons accélérer. Notre objectif c'est 400.000 bornes à horizon 2030.
16:40 Qu'est-ce que ça représente ? Ça représente une couverture générale du territoire ?
16:44 Oui, tout à fait. 400.000 bornes c'est une couverture générale du territoire avec un enjeu.
16:49 C'est de mettre des bornes, en particulier dans des zones rurales où naturellement ceux qui déploient ces bornes ne vont pas aller.
16:57 Et on le voit, on a besoin de mailler l'ensemble du territoire et de permettre, en particulier aux gens qui habitent dans des zones périphériques
17:04 et qui sont ceux qui utilisent le plus souvent leurs voitures, d'avoir accès à des bornes de recharge.
17:09 Puisqu'on parle de mode de vie, la question peut paraître bizarre, voire totalement absurde en pleine alerte canicule.
17:16 Mais l'hiver dernier, le gouvernement a appelé les Français à la sobriété énergétique, notamment pour éviter les coupures.
17:22 À quoi est-ce qu'il faut s'attendre l'hiver prochain et quel est l'état du parc nucléaire français aujourd'hui ?
17:26 D'abord, la sobriété énergétique, c'est un des leviers incontournables de la lutte contre le dérèglement climatique.
17:33 Donc cette politique de sobriété, nous allons continuer à la faire en travaillant avec les grands acteurs.
17:39 L'état doit être exemplaire et nous avons des mesures.
17:42 Et puis les collectivités locales, les grandes entreprises, vous savez que les 40 entreprises du CAC ont un plan sobriété.
17:49 Et que grâce à ça, grâce aussi aux efforts des Français, nous avons collectivement baissé notre consommation de gaz et d'électricité de 12% sur l'ensemble de l'année.
18:00 Ce n'est pas seulement pendant l'hiver, mais entre le 1er août de l'année dernière et le 31 juillet, c'est 12% de baisse de notre consommation d'énergie.
18:08 Alors sur le nucléaire, nous sommes en bien meilleure posture. Nous sommes aujourd'hui largement exportateurs d'électricité.
18:15 - Vous avez parlé de délai d'ajustement, puisqu'on a vu un très grand nombre de réacteurs à l'arrêt ou en train d'être en travaux l'année dernière.
18:22 - Il n'y a plus de risque de coupure en fait ?
18:24 - Alors si on garde à la fois le rythme sur les maintenances nucléaires, parce que je rappelle que chaque année, il y a des maintenances dans les réacteurs nucléaires.
18:36 Il est parfaitement normal que les réacteurs s'arrêtent régulièrement pour leur entretien. C'est de la bonne gestion industrielle de ces réacteurs.
18:43 C'était le nombre de réacteurs à arrêter qui a posé problème. Cette année, on a effectivement beaucoup moins de réacteurs qui seront arrêtés au cœur de l'hiver.
18:53 Mais il faut que ces maintenances se déroulent de la meilleure façon possible et je compte sur EDF pour le faire.
18:59 Et de l'autre côté, continuons à faire de la sobriété. C'est notre meilleure arme pour éviter des tensions sur l'approvisionnement en électricité l'hiver prochain.
19:09 - Alors Elisabeth Born doit présenter la feuille de route de la transition écologique la semaine du 18 septembre.
19:14 Quelles sont les pistes ? J'ajoute à ça la question de Pierre sur l'application France Inter qui demande à la ministre, je le cite, des directives précises pour lutter contre les élévations de température.
19:23 Il donne des exemples, réduction de la vitesse des véhicules, diminution de la puissance et du poids des véhicules, etc.
19:28 Donc c'est quoi les pistes que doit présenter Elisabeth Born ?
19:32 - Alors la planification écologique c'est un véritable plan de bataille, secteur par secteur, pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre en 2030 et en 2050.
19:44 - Et concrètement ?
19:45 - Concrètement ça veut dire que dans l'industrie nous avons un plan pour les 50 sites émetteurs, les plus émetteurs de France.
19:53 - Ça veut dire que dans l'agriculture nous avons un plan pour réduire l'usage des engrais qui sont azotés et qui émettent du gaz à effet de serre et utiliser d'autres engrais qui ont un impact environnemental moindre.
20:07 - Ça veut dire que dans les transports nous avons un plan sur le covoiturage, nous avons un plan pour équiper les agglomérations de RER métropolitain, nous avons un plan pour développer le train.
20:19 Clément Born a annoncé il y a quelques jours un ticket qui permet d'utiliser l'ensemble des transports en commun à un prix très compétitif.
20:27 - Je rebondis sur cette question, le ticket justement il serait financé en grande partie par les régions.
20:35 - Mais parce que nous allons tous participer à la transition énergétique.
20:40 - C'est à dire que ça fait partie des prérogatives des régions d'investir dans les transports et eux aussi sont au travail pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre.
20:51 - Donc vous leur renvoyez la responsabilité ?
20:54 - Non ce n'est pas une question de renvoi de la responsabilité, nous on travaille main dans la main avec les régions, les collectivités locales pour baiser les émissions de gaz à effet de serre.
21:01 - Et nous les accompagnons financièrement. Je prends un exemple, nous avons mis en place l'année dernière le fonds vert.
21:07 - Le fonds vert c'est 2 milliards d'euros qui ont été consacrés à des projets co-financés avec les communes et les agglomérations pour baisser les émissions de gaz à effet de serre et améliorer la biodiversité.
21:19 - Donc ça va être ici une rénovation d'une école, ça va être là le changement de l'éclairage public pour qu'il consomme moins d'électricité.
21:26 - Ça va être à un autre endroit l'implantation, la végétalisation d'une ville pour diminuer les îlots de chaleur.
21:34 - C'est très concret et c'est comme ça qu'on va gagner cette bataille de la lutte contre le dérèglement climatique.
21:39 - C'est très concret, le président de la République était face au youtubeur Hugo Décrypte et il parlait de cette idée que chaque élève entrant en 6ème devrait planter un arbre pour aller vers un milliard d'arbres replantés d'ici 2032 et compenser les feux de forêt.
21:57 - Vous avez sûrement vu cette vidéo, vous avez sûrement vu aussi le président du Groupement National de Surveillance des Arbres en grève de la faim depuis plus d'une semaine après l'abattage de 7 platanes pour construire cette future autoroute entre Toulouse et Castres.
22:12 - 150 à 200 platanes supplémentaires devraient être abattues pour ce projet. Cette autoroute, elle vous paraît cohérente avec l'objectif du président de planter des arbres dans les écoles ?
22:22 - Oui tout à fait, parce qu'il faut éviter en matière d'écologie de tomber dans la caricature, ce qui est souvent l'apanage des écologistes, autoproclamés écologistes, et qui par exemple nous expliquent qu'on peut faire la transition énergétique sans nucléaire.
22:38 Ce n'est pas ce que disent les experts, ce n'est pas ce que dit RTE. Et je peux multiplier les exemples. Et donc s'agissant d'un projet d'autoroute, ce que vous avez à la clé aussi, c'est la manière dont vivent les gens sur le territoire.
22:52 Que des gens qui habitent par exemple à Paris, qui ont accès aux meilleurs transports en commun, qui ont accès aux meilleurs réseaux d'infrastructures autoroutières, dénoncent des gens qui sont dans des zones rurales et qui eux n'ont pas ce bénéfice, me paraît un peu inconvenant et indécent.
23:09 Donc nous assumons nous, effectivement, d'avoir une politique qui permet à ceux qui eux n'ont pas bénéficié de cette qualité de service public, d'en bénéficier. Et par ailleurs, de baisser nos émissions de gaz à effet de serre.
23:24 Quel est aujourd'hui le thermomètre de notre politique ? C'est la baisse des émissions de gaz à effet de serre. Nous avons fait deux fois mieux que le président Hollande. Nous sommes encore en train d'accélérer notre baisse des émissions de gaz à effet de serre. Nous faisons mieux que nos voisins européens.
23:39 Donc gardons-nous des polémiques qui sont en règle générale sur l'anecdote et essayons de nous concentrer sur la réalité des résultats.
23:48 Et c'est vrai qu'on a besoin d'un beau débat écologique au lieu des polémiques. Mais on aura l'occasion d'y revenir. C'est une histoire qui est évidemment à suivre.
23:56 Merci Agnès Pannier-Renacher d'avoir répondu à nos questions et aux questions des auditeurs d'Inter.
24:01 Merci Alibodon et Marion Gour.

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