Benjamin Flohic, président de l’association Cop1 Solidarités Étudiantes, était mardi 12 septembre l'invité de franceinfo. Il répondait aux questions de Salhia Brakhlia.
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00:00 Bonjour Benjamin Floyc, vous êtes le président de l'association Copins Solidarité étudiante et vous venez de publier votre baromètre
00:06 sur la précarité étudiante commandée à l'institut Ipsos. D'abord l'enseignement général de ce baromètre, la précarité étudiante
00:14 elle s'accentue ? - Absolument, alors c'est avec l'IFOP qu'on a fait cette étude là.
00:18 - Pardon, je corrige tout.
00:20 - Pas de soucis.
00:22 Effectivement, Copins ça fait trois ans que ça existe, Copins c'est une association qui est portée par des étudiants pour des étudiants
00:27 pour venir en aide par la solidarité à des étudiants qui galèrent. Donc nous on fait de la distribution alimentaire, des dressings solidaires partout en France.
00:34 Et ce qu'on voit c'est qu'il y a eu une création de Copins dans un contexte de crise, la crise du Covid, les confinements successifs
00:41 qui faisaient perdre leurs petits boulots étudiants à des étudiants. Une petite période d'accalmie ensuite
00:45 et là avec l'inflation une augmentation croissante de la précarité étudiante
00:49 et donc les étudiants étant donné que c'est un public plus fragile et c'est ce que montre le baromètre que le reste de la population
00:54 se retrouve dans une situation de difficulté assez grave.
00:57 - Quand on parle de précarité, on parle par exemple
00:59 de quotidiens difficiles, exemple ils sont de plus en plus nombreux à sauter des repas.
01:04 - Absolument.
01:06 Nous on a un étudiant sur deux qui indique avoir supprimé un repas dans le baromètre et
01:10 on trouve ça effrayant. En fait globalement l'étude elle nous montre qu'on a la moitié des étudiants qui souffrent
01:15 d'une manière ou d'une autre. C'est gigantesque.
01:18 - Donc ça peut être quoi ? Les repas ?
01:20 - C'est aussi bien les repas,
01:22 les problématiques de logement et surtout les problématiques de solitude.
01:24 Nous on a un étudiant sur deux qui nous dit se sentir
01:26 souvent seul et souvent ou toujours seul.
01:29 Et ça c'est ça si on additionne ça avec les problématiques financières, les problématiques de logement,
01:34 ça crée un cocktail vraiment catastrophique pour la moitié des étudiants qui se retrouvent dans des situations de précarité,
01:41 quelles qu'elles soient, très très difficiles.
01:43 - C'est ça la nouveauté aussi de votre baromètre, c'est qu'on constate que le nombre d'étudiants touchés
01:49 augmente et ça veut dire que les profils aussi sont plus larges.
01:53 - Exactement. Nous dans les aides alimentaires qu'on fait,
01:55 parce que du coup COPIN est une association d'aides alimentaires pour les étudiants à l'origine,
01:58 on a un public qui est de plus en plus différent.
02:00 C'est que pendant un temps on avait vraiment des étudiants qui étaient
02:04 tombés dans la précarité à cause de la chute de leurs parents dans la précarité à la suite du Covid.
02:09 Et là maintenant on a des étudiants qui étaient dans des situations financières plutôt stables avant le Covid,
02:13 avant le Covid ou avant l'inflation, et qui nous disent maintenant
02:16 "Moi je suis incapable de finir le mois, à partir du 10 du mois j'ai plus d'argent".
02:20 Le chiffre qui est vraiment le plus marquant, en tout cas qui me marque le plus dans le rapport qu'on a fait,
02:25 c'est le fait qu'on a la moitié des étudiants qui se retrouvent après avoir payé le loyer et les charges
02:29 avec 100 euros de reste à vivre.
02:31 100 euros de reste à vivre, enfin je ne sais pas comment est-ce qu'on imagine vraiment vivre avec 100 euros
02:35 pour un mois complet pour faire ses courses alimentaires.
02:38 Simplement pour les courses alimentaires, 100 euros avec l'inflation c'est vraiment rien du tout.
02:42 Du coup il faut se dire qu'on a la moitié de la population étudiante française en France qui est dans cette situation.
02:47 Ça pose question dans l'achat des denrées alimentaires, mais aussi sur l'achat des produits de soins.
02:52 Je pense aux filles qui font aussi l'impasse pour certaines sur les protections hygiéniques.
02:58 Absolument. Nous, la particularité de ce rapport c'est qu'il y a une étude qui est menée avec l'IFOP
03:02 sur l'ensemble de la population étudiante.
03:04 Et une étude qui a été menée par COP1 sur le public bénéficiaire des aides de COP1.
03:08 Et du coup ce qu'on voit c'est qu'on a une grande majorité de femmes qui est bénéficiaire des aides de COP1.
03:12 Et ça, ça s'explique notamment parce qu'il y a des frais supplémentaires,
03:16 du fait de la nécessité d'avoir des protections périodiques.
03:19 Et donc ça, ça crée une inégalité de genre encore additionnée à toutes les inégalités de genre qu'on connaît.
03:24 Et ça se retrouve aussi dans le fait qu'on a une majorité de femmes en situation de précarité parmi les étudiants.
03:31 Vous l'avez dit, vous venez en aide aux étudiants qui sont dans le besoin.
03:34 Les demandes d'aide ont explosé ces derniers mois ?
03:37 Ça ne fait qu'augmenter. C'est ça qui est assez catastrophique.
03:41 Et nous on est 13 000 étudiants par mois actuellement.
03:44 On est présent dans plus d'une dizaine de villes étudiantes en France.
03:47 L'appel du président des Restos du Coeur, nous on le partage entièrement.
03:52 C'est qu'on est constamment confronté à une augmentation de la demande d'étudiantes partout en France.
03:57 Et en parallèle de ça, on a une augmentation des coûts, une nécessité à aller aider toujours plus de monde.
04:03 Parce qu'il y a plein de villes étudiantes dans lesquelles on n'est pas encore et dans lesquelles il y a un besoin.
04:07 Parce qu'à Saint-Etienne, dans des villes où il y a un public étudiant réel, une vraie population étudiante,
04:13 mais pas trop de services, pas suffisamment de services pour les étudiants par rapport à des plus grandes villes étudiantes,
04:17 il y a un besoin d'aller en assistance.
04:20 Donc il n'y a pas les moyens nécessaires pour aider les étudiants.
04:23 Pourtant, là je vous écoute et vous me dites qu'ils basculent de plus en plus dans la précarité.
04:27 Et le gouvernement en face dit "Nous on a prévu une revalorisation du montant des bourses étudiantes
04:31 à hauteur de plus de 500 millions d'euros, ce qui permettra à 35 000 nouveaux étudiants de devenir boursiers dès la rentrée".
04:38 Ça, ça reste insuffisant ?
04:40 Il y a aussi dans ce timing-là une bonne partie des étudiants boursiers préalablement qui sont sortis des critères de bourse.
04:46 Et donc il y a des effets de vaste communiquant avec des étudiants qui sortent et des étudiants qui entrent.
04:50 Malgré tout, les annonces du gouvernement sont très bien et nous on les salue.
04:52 Plus on fait rentrer des étudiants dans les critères de bourse, mieux c'est et plus ça servira la cause de la précarité étudiante.
04:58 Par contre, il y a des enjeux beaucoup plus importants sur le logement étudiant.
05:02 Ce qu'on en ressort nous...
05:04 Il y a encore des étudiants qui n'ont pas de logement.
05:06 Exactement, et surtout sur le prix du logement.
05:08 Le reste à vivre, les 200 euros dont je parlais tout à l'heure, qui reste pour la moitié des étudiants une fois qu'ils ont payé leur loyer et les charges,
05:14 ça, si on arrive à agir dessus avec des politiques...
05:18 J'ai écouté le ministre du logement tout à l'heure sur votre antenne.
05:20 Si on arrive à agir beaucoup plus largement sur des politiques structurelles sur le logement,
05:24 en plus d'accompagner avec des politiques sur les bourses, on arrivera à sortir les étudiants,
05:28 en tout cas une partie des étudiants, de la précarité.
05:30 Mais c'est sur ça qu'il faut agir.
05:32 On ne peut pas se contenter de dire "on aide les associations pour venir en aide aux étudiants".
05:36 Il faut vraiment des politiques structurelles sur ces questions-là.
05:40 Merci beaucoup Benjamin Floyc. Je rappelle que vous êtes président de l'association Copains Solidarité Étudiante.
05:44 Vous étiez l'invité de France Info.