Depuis plus d'une semaine, les habitants de Mayotte sont privés d'eau deux jours sur trois. Pourtant, l'Union européenne avait attribué des fonds pour investir dans des équipements de déstalinisation de l'eau de mer qui n'ont jamais été installés par le gouvernement français. Pourquoi cette faillite ?
Qu'est-ce qui n'a pas été fait pour que l'on se retrouve dans une telle situation de crise aujourd'hui ? Comment répondre à l'urgence ?
Réponses avec le député européen Younous Omarjee ( La Gauche ), président de la Commission régionale du Parlement européen.
Un débat animé par Jean-Jacques Regibier, journaliste.
Qu'est-ce qui n'a pas été fait pour que l'on se retrouve dans une telle situation de crise aujourd'hui ? Comment répondre à l'urgence ?
Réponses avec le député européen Younous Omarjee ( La Gauche ), président de la Commission régionale du Parlement européen.
Un débat animé par Jean-Jacques Regibier, journaliste.
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00:00 Bonjour et bienvenue dans cette rencontre au Parlement européen de Strasbourg.
00:04 On veut de l'eau, on scandait samedi les manifestants à Mayotte devant le syndicat des eaux.
00:10 Depuis plus d'une semaine, vous le savez, les habitants de ce département français sont privés d'eau deux jours sur trois sur l'île principale
00:18 et il y a d'autres restrictions sur les autres parties de l'archipel.
00:22 Pourquoi ? Qu'est-ce qui n'a pas été anticipé pour que l'on se retrouve dans cette situation aujourd'hui ?
00:28 On en parle avec vous, Younous Omarji. Je rappelle que vous êtes député européen de la gauche.
00:33 Bonjour et merci d'être sur le plateau de l'Humanité.
00:36 Alors vous parlez, vous, non pas de crise de l'eau mais de scandale.
00:39 Vous allez nous dire tout à l'heure pourquoi. Mais peut-être déjà, est-ce qu'on peut faire un point sur la situation actuelle ?
00:45 On est mardi aujourd'hui. On voit dans les reportages que l'eau manque partout dans les familles.
00:51 On voit aussi qu'elle manque dans les services publics, par exemple dans les hôpitaux, ce qui est important.
00:55 Il y a un véritable problème de pénurie d'eau très important, très grave aujourd'hui à Mayotte.
01:00 Bien sûr. Et je pense que c'est une honte pour notre pays qu'on en soit dans cette situation.
01:11 La situation aujourd'hui, c'est que l'eau manque, d'abord parce que la sécheresse à Mayotte est une sécheresse terrible.
01:20 Il n'a pas plu depuis de très nombreux mois. Les retenues collinaires ne sont plus remplies.
01:28 L'eau vient, disons à Mayotte, l'eau vient à 80% des eaux pluviales.
01:33 Des eaux pluviales. Et les pluies sont attendues au mieux pour le mois de novembre.
01:39 Donc il y a une situation à gérer. Et nous sommes aujourd'hui dans ce moment où l'immense majorité de la population mahoraise n'a pas d'eau.
01:52 Pire encore, n'a pas d'eau potable. C'est ça.
01:56 N'a pas d'eau pour répondre à tous les besoins simples, essentiels de la vie.
02:01 Et cela fait naître une très grande souffrance qui vient s'ajouter aux difficultés permanentes de vie à Mayotte.
02:15 C'est l'une des parties en France les plus pauvres, hein. Rappelons-le.
02:18 Plus de 77% de la population à Mayotte vit en dessous du seuil de pauvreté.
02:25 Une écrasante partie de la population vit avec moins de 10 euros par jour.
02:32 Et aujourd'hui, un pack d'eau à Mayotte, parfois, c'est presque 8 euros.
02:38 Quelle est la situation ? Et quelles ont été les annonces gouvernementales pour faire face à cette crise ?
02:45 Ce qu'on appelle être une crise. C'est d'abord des coupures d'eau 2 jours sur 3.
02:52 Et qui date pas non plus de la semaine dernière, quoi.
02:55 Non. Je posais la question hier. Est-ce qu'ici, à Strasbourg, ou en Belgique, ou en Allemagne, on accepterait de telles conditions posées ?
03:12 Et puis, ce que le gouvernement a proposé pour compenser, c'est la distribution de 2 pauvres packs d'eau par jour pour satisfaire à tous les besoins de la vie.
03:27 Et vous avez des enfants. Quand on dit Mayotte à soif, ce n'est pas seulement un slogan.
03:33 Vous avez aujourd'hui des enfants qui sont hospitalisés parce qu'ils sont déshydratés.
03:39 Tout ceci en France, tout ceci en Union européenne, c'est insupportable.
03:45 Et ce que je crois, c'est que tout ceci et la résultante, ainsi que les mesures qui sont annoncées,
03:53 d'une certaine manière dont on traite les populations d'outre-mer et en particulier la population de Mayotte,
04:00 qui sont considérées, nous on appelle ça comme ça dans notre jargon au sein de la Commission du développement régional,
04:07 comme des populations marginalisées.
04:10 Et vous savez que je m'étais rendu en tant que président de la Commission régie en Roumanie
04:15 et que j'avais mis l'accent sur les conditions de vie des populations roms,
04:21 et bien je crois que les maorais sont un peu traités comme les roms peuvent l'être ici en Europe.
04:27 Rappelons d'ailleurs que cette histoire de pénurie d'eau à Mayotte, ce n'est pas nouveau.
04:32 Ce n'est pas une surprise, en 2017 il y avait un plan d'urgence qui avait déjà été mis en place
04:38 et qui visiblement n'a pas donné des effets à hauteur de ce qu'on aurait pu attendre,
04:43 de ce dont on a besoin en tous les cas aujourd'hui.
04:45 Oui, qu'est-ce que c'est gouverner efficacement ? C'est prévoir.
04:49 Et il y a eu une imprévision, une imprévoyance, une absence d'anticipation,
04:57 alors que les moyens budgétaires en réalité ne manquent pas.
05:01 Et Mayotte est devenue région européenne,
05:04 elle bénéficie évidemment de la totalité des fonds européens, des fonds structurels,
05:11 comme l'ensemble des régions européennes,
05:13 et ces fonds n'ont pas été efficacement utilisés pour être investis dans les unités qui étaient prévues pour l'eau,
05:22 en particulier les unités de dessalinisation de l'eau, mais pas seulement.
05:27 Et les internautes qui regardent l'Humain doivent savoir que Mayotte est la seule région française
05:38 où ce n'est pas la région qui est autorité de gestion des fonds européens, mais c'est l'État.
05:44 Parce que la France a considéré que les élus de Mayotte n'étaient sans doute pas à la hauteur pour gérer les fonds.
05:53 Et là on voit bien l'incurie aujourd'hui, on voit bien combien ils ont été incapables en réalité de bien utiliser ces fonds.
06:04 Et on en paie le prix aujourd'hui.
06:06 Et je le dis gravement parce que nous savons tous qu'il y a eu des erreurs de gestion, des fautes,
06:14 qui peut-être de la corruption, il y a des enquêtes qui sont en cours,
06:19 qui conduit la Commission européenne, chose qu'elle ne fait que très rarement et jamais de gaieté de cœur,
06:27 à suspendre les fonds européens à Mayotte.
06:30 Et les fonds ont été suspendus, tout ça a créé des situations de retard,
06:35 et l'État n'est pas capable ni de répondre aux problèmes structurels,
06:42 c'est-à-dire avoir un plan qui permet d'investir pour répondre aux besoins de l'eau potable,
06:51 et puis deuxièmement incapable également dans la crise, c'est-à-dire faire face à l'urgence.
06:58 Ce qui veut dire qu'aucun des projets qui auraient pu aboutir n'ont abouti.
07:02 Il n'y a pas de projet réel pour gérer ces problèmes de manque d'eau qui n'ont abouti d'ampleur, suffisamment d'ampleur.
07:09 Et l'argent est là, et les fonds européens sont là.
07:13 Et à ce jour, l'absorption des fonds européens à Mayotte par la France
07:18 fait partie des taux les plus mauvais de toute l'Union européenne,
07:23 quand Mayotte est la région la plus pauvre de toute l'Union européenne,
07:28 et qu'il y a un devoir absolu de pouvoir utiliser de manière efficace les fonds européens
07:36 qui viennent en appui évidemment des fonds nationaux.
07:39 Clairement, vous le disiez, on est bien obligé de le dire, la faute vient quand même du gouvernement français.
07:43 Et où est la volonté ?
07:44 Il ne vient pas des élus locaux de la région.
07:47 Et c'est beaucoup plus facile d'aller faire des opérations de communication
07:51 pour détruire les habitats des personnes qui sont les plus pauvres à Mayotte,
07:57 et quelques opérations de communication pour dire qu'on a rétabli la sécurité.
08:02 Il est beaucoup plus difficile, parce qu'il faut une véritable volonté politique,
08:07 que de prendre le vrai chemin du développement
08:11 et de répondre à l'amélioration des conditions de vie des Mahorais.
08:17 Je le dis, il n'y a rien de pire qu'une espérance déçue.
08:22 La départementalisation a fait naître une très grande espérance
08:28 pour l'élévation des conditions de vie des Mahorais.
08:32 L'appartenance à l'Union Européenne également.
08:36 Et que voyons-nous depuis ?
08:38 Les problèmes s'accumulent au fur et à mesure les uns aux autres.
08:43 Une situation à Mayotte qui ne fait que s'aggraver.
08:48 Et tout ceci finira mal.
08:50 Parce que vous le disiez tout à l'heure, finalement rien n'a abouti.
08:55 On est en train d'en voir en matière de règlement,
08:59 ou de début de règlement en tous les cas, de ces questions d'eau.
09:03 Et on est en train d'en voir les conséquences à l'heure actuelle.
09:06 Et la suspension des subventions européennes
09:10 s'adresse aussi directement au gouvernement français.
09:13 C'est le gouvernement français qui d'une certaine manière est sanctionné.
09:17 Mais en face ce sont les habitants.
09:19 Oui, il l'a été. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.
09:21 Aujourd'hui les fonds sont là, les paiements peuvent être faits,
09:25 les projets peuvent être programmés.
09:29 Et il faut s'y atteler.
09:31 Mais ça ne va pas régler le problème urgent.
09:33 Et c'est pourquoi je me suis posé une question
09:37 devant l'absence de réaction à la hauteur de l'État.
09:41 Que pouvons-nous ici en Europe faire ?
09:45 D'abord, exprimer notre solidarité.
09:49 Ne pas être indifférent à la souffrance sur place.
09:52 Et apporter des réponses concrètes.
09:55 Faire œuvre utile.
09:57 Et c'est pourquoi j'ai décidé, en tant que président de ma commission,
10:01 de mettre cette question à l'ordre du jour.
10:04 Et de faire des propositions.
10:06 Et en particulier une proposition immédiate, rapide, toute simple.
10:11 Qui consisterait à utiliser les fonds européens
10:15 pour véritablement distribuer de manière massive et gratuite
10:20 de l'eau à Mayotte.
10:22 Et au moment où je vous parle,
10:25 je sors d'une réunion avec la commissaire Elisa Ferrara.
10:29 Et nous sommes en train de travailler actuellement sur les modalités.
10:34 Mais cela ne doit pas dédouaner l'État, évidemment,
10:37 de ses obligations, de ses devoirs.
10:39 Enfin, comment se fait-il qu'un grand pays comme la France,
10:43 deuxième puissance économique de l'Union européenne,
10:47 soit incapable d'apporter une réponse immédiate
10:52 à une population qui a soif et à une population qui manque d'eau potable ?
10:58 Alors, vous parlez des mesures immédiates que l'Europe peut prendre,
11:02 que l'Europe va prendre.
11:04 Concrètement, qu'est-ce qu'on peut dire à ceux qui nous écoutent à l'heure actuelle
11:08 sur ces mesures immédiates ?
11:10 Quelle est la solution que cela va pouvoir apporter au problème de la pénurie d'eau ?
11:14 Il y a deux niveaux.
11:15 D'abord, en mesure d'urgence.
11:18 Actuellement, un pack d'eau à Mayotte,
11:21 c'est autour de 7, 8, parfois 9 euros.
11:25 Les packs d'eau délivrés par l'État sont limités,
11:31 limités à 30 000 personnes.
11:35 Quand vous savez qu'à Mayotte,
11:37 7 % de la population est en dessous du seuil de pauvreté
11:41 et que la population à Mayotte dépasse largement les 300 000,
11:46 on est sans doute beaucoup plus...
11:48 Donc, vous avez une écrasante majorité de Mahorais
11:53 qui sont aujourd'hui dans une situation très difficile.
11:56 Ils doivent aller au supermarché, acheter des packs d'eau de 8, 9, 10 euros,
12:01 s'ils veulent pouvoir boire.
12:03 L'eau n'est pas gratuite.
12:04 Non seulement l'eau n'est pas gratuite,
12:06 mais en plus l'eau impropre à la consommation, elle est payée.
12:10 Donc, ce que nous disons, c'est que l'Europe peut rentrer en solidarité.
12:17 Les fonds structurels sont importants,
12:20 mais vous avez également les fonds FSE,
12:23 vous avez les fonds européens d'aide aux plus démunis.
12:27 Nous allons voir quelles sont les possibilités
12:31 pour utiliser l'un de ces fonds,
12:35 sans doute le Fonds européen d'aide aux plus démunis,
12:38 pour délivrer rapidement, de manière gratuite,
12:42 jusqu'à ce que la crise se termine, l'eau aux Mahorais, gratuitement.
12:48 Alors, sachant que la crise ne va pas se terminer la semaine prochaine,
12:51 c'est-à-dire, on sait, les éléments météo sur cette partie de l'océan Indien
12:58 nous disent que l'eau ne va pas revenir rapidement.
13:01 Mais vous avez lu les rapports du GIEC,
13:04 et vous savez que la sécheresse dans cette partie du monde sera aggravée.
13:10 Donc, la crise, ce qu'on appelle une crise aujourd'hui,
13:14 va se répéter demain, elle va se répéter après-demain.
13:19 C'est pourquoi il est impérieux d'avancer très rapidement
13:25 vers les réponses de long terme,
13:28 et à faire les investissements nécessaires pour avoir de l'eau potable à Mayotte,
13:34 sans doute avec la désalinisation de l'eau.
13:37 C'est ça, vous l'évoquiez tout à l'heure,
13:39 la désalinisation, c'est une des pistes les plus importantes.
13:42 Oui, c'est une piste intéressante, importante,
13:46 qui demande des investissements, mais en réalité, pas si astronomiques que cela.
13:51 Les investissements sont assez légers,
13:55 on ne construit pas une usine à gaz, ce sont des petites unités,
14:00 donc nous ne comprenons pas en réalité pourquoi il n'y en a pas,
14:04 et pourquoi on n'a pas avancé pendant tout ce temps,
14:07 sauf à détourner le regard, comme toujours,
14:10 on fait des annonces, et ensuite rien ne se passe.
14:13 Mais est-ce que le gouvernement français, dans cette situation,
14:16 où quand même l'Union Européenne est sensible,
14:19 on ne parle pas d'un intermédiaire comme la vôtre,
14:21 mais les députés en général sont sensibles à la situation,
14:24 quand c'est-il que le gouvernement français ne bouge pratiquement pas,
14:27 et qu'on laisse s'accumuler des reportages
14:29 où on voit les gens en train de ramasser de l'eau non potable
14:33 à la borne du coin au coup d'un filet d'eau ?
14:37 On souffre pour les maorais,
14:39 et puis on souffre aussi pour notre pays en tant que députés européens,
14:43 parce que nous sommes interrogés par nos collègues,
14:46 et je peux vous dire qu'on a un peu honte
14:49 que notre pays, une si grande puissance,
14:52 ne soit pas en capacité d'apporter de l'eau potable à sa population.
14:58 Et la réalité, parce que là, nous avons une situation extrême à Mayotte,
15:04 mais tout l'outre-mer est concerné par ce problème de l'eau potable.
15:09 Et vous avez une situation en Guadeloupe,
15:12 qui est une situation qui est assez grave également,
15:15 où les investissements sur les réseaux en particulier
15:18 n'ont pas été réalisés.
15:21 Donc il faut s'y atteler.
15:23 Ça, vous allez le faire.
15:25 L'Union européenne a prévu aussi, dans le cadre de ces fonds,
15:28 de s'atteler à des questions plus structurelles,
15:30 effectivement plus de fonds.
15:31 Bien sûr.
15:32 Et puis tout ceci doit nous interroger aujourd'hui
15:37 sur la manière dont le gouvernement français,
15:41 qui est autorité de gestion pleine des fonds à Mayotte,
15:45 gère les fonds européens.
15:47 Et sans doute faut-il, à Mayotte également,
15:50 en tout cas c'est ma conviction,
15:52 faire confiance à la décentralisation,
15:55 à la décentralisation dans la gestion des fonds.
15:58 Les Mahorais sont aussi capables que les autres.
16:02 Contrairement à ce que pense une certaine technocratie française,
16:07 les Mahorais connaissent leurs problèmes,
16:09 ils sont capables.
16:11 Et je pense qu'on aurait eu affaire aux élus de Mayotte,
16:15 et bien ils auraient pu bien identifier les priorités.
16:19 Et sans doute que cela aurait avancé beaucoup plus vite.
16:22 Quelle est leur réaction à l'heure actuelle des élus départementaux ?
16:25 On voit des réactions dans les reportages ici et là.
16:29 Oui.
16:30 Ils sont dans une grande difficulté en réalité.
16:32 Une grande difficulté, une grande colère également
16:36 vis-à-vis des institutions.
16:39 Et puis surtout, tout ceci arrive sur une situation
16:46 qui est une situation qui, vous le savez,
16:48 est extrêmement fragile à Mayotte.
16:51 C'est un territoire qui est fracturé
16:55 avec des problématiques qui occupent tout le débat,
17:02 à savoir l'insécurité, l'immigration,
17:06 une cohésion sociale qui est aussi extrêmement fragilisée
17:12 et des tensions permanentes.
17:15 Donc c'est une difficulté de plus à laquelle
17:21 les élus mahorais doivent faire face,
17:24 parce que les autres problèmes ne se sont pas effacés
17:28 pendant cette période où il faut faire face à ce scandale de l'eau.
17:34 Rappelons que Mayotte est un archipel important.
17:36 C'est-à-dire qu'on a toujours un peu l'impression d'ici
17:38 qu'il s'agit d'un petit îlot perdu au milieu de l'océan Indien.
17:42 Pas du tout.
17:43 La population est importante.
17:44 On l'a dit tout à l'heure, plus de 300 000 habitants.
17:46 Si on compare avec la Corse par exemple,
17:48 on est dans des choses qui sont du même type.
17:51 Donc il y a, c'est un île, un archipel important, Mayotte.
17:56 Quand on dit que la France n'est pas intéressée par Mayotte,
18:01 ce n'est pas vrai.
18:03 En réalité, elle est très intéressée par Mayotte.
18:06 Mais elle se désintéresse du sort de la population.
18:09 Mais Mayotte en tant que telle a une importance considérable
18:14 pour la France dans ses aspirations coloniales,
18:20 d'une certaine manière, pour son influence à travers le monde.
18:24 Nous sommes ici dans le canal du Mozambique.
18:27 C'est une présence géostratégique, une présence militaire.
18:32 Entre Madagascar et le canal du Mozambique.
18:34 Qui est tout à fait considérable.
18:36 Des investissements extrêmement importants et stratégiques existent à Mayotte
18:42 pour pouvoir surveiller toute une zone,
18:46 depuis le canal du Mozambique jusqu'à l'Australie,
18:50 en passant par les pays du Moyen-Orient.
18:54 Mayotte joue un rôle extrêmement important.
18:58 C'est l'une des raisons pour lesquelles Mayotte est française aujourd'hui.
19:05 Mais Mayotte française, c'est d'abord et avant tout,
19:10 pouvoir élever les conditions de vie de la population sur place
19:17 et des Mahorais en particulier.
19:21 C'est une zone extrêmement importante,
19:24 avec des intérêts aussi pour la pêche,
19:30 et en particulier pour les pêches européennes,
19:34 qui en permanence, avec des bateaux-usines,
19:37 raclent les fonds marins dans le canal du Mozambique.
19:42 Ce sont des intérêts également pour les grandes compagnies de l'énergie,
19:47 avec des ressources dans les grands fonds océaniques,
19:51 et des ressources gazières en particulier, extrêmement importantes.
19:56 Celui qui a la maîtrise des grands fonds dans cette zone du monde
20:02 prend un avantage évidemment, un avantage important.
20:05 L'oubli de Mayotte pose un problème incroyable, incompréhensible,
20:11 pour lequel la prise de conscience n'est pas si forte qu'elle l'est à l'heure actuelle.
20:16 Cette crise-là amène Mayotte un peu sur le devant de l'actualité,
20:21 à condition qu'on comprenne bien ce qui se passe et qu'on n'en reste pas,
20:24 comme vous le dites, à la surface des choses.
20:26 Oui, et c'est un peu ce que je reproche aux continentaux.
20:30 C'est-à-dire qu'on s'intéresse aux Outre-mer,
20:33 que lorsqu'il y a une crise, une catastrophe,
20:36 lorsqu'il y a un cyclone, une catastrophe naturelle,
20:41 une situation de crise ici, comme la crise de l'eau à Mayotte,
20:46 mais les problèmes permanents, les problèmes structurels des Outre-mer,
20:52 ils sont en réalité assez peu évoqués, et cela n'intéresse pas grand monde.
20:57 On continuera à en parler avec vous, en tout cas, Ilou Sommargine.
21:01 Merci beaucoup pour toutes ces informations,
21:03 pour ces précisions extrêmement importantes sur la situation
21:07 et sur les perspectives, qui sont un peu plus optimistes,
21:12 on va dire un tout petit peu plus optimistes, à cause de l'Europe en réalité.
21:15 Oui, nous, nous sommes au travail.
21:17 Moi, ce que je fais, je dis, c'est que, bien sûr, on peut toujours récriminer, etc.
21:24 Mais à la fin, il faut se poser la question,
21:27 qu'est-ce que vous avez fait, vous, concrètement ?
21:30 Vous avez une position de responsabilité.
21:33 Comment est-ce que vous avez pu utiliser votre mandat
21:37 pour concrètement venir en aide à une population qui souffre ?
21:42 Et nous essayons de le faire, et j'espère que les propositions
21:48 et les décisions que nous avons prises seront rapidement mises en œuvre,
21:52 et qu'elles vont permettre, non pas de régler, évidemment, le problème de fond,
21:58 mais au moins d'alléger un petit peu la souffrance des gens.
22:02 On continue à en parler avec vous, et nous souhaiterions suivre ce qui se passe à Crayot.
22:05 Merci beaucoup. Merci à vous qui nous avez suivis.
22:09 A très bientôt. Au revoir. Merci.
22:12 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]