Nicolas Sarkozy sur les affaires: "Si on dit que je suis malhonnête, il faut le prouver"

  • l’année dernière
L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, auteur de “Le temps des combats” aux éditions Fayard, était l'invité exceptionnel de Bruce Toussaint ce mercredi.
Transcript
00:00 J'ai été interrogé des centaines d'heures,
00:02 perquisitionné, mis en garde à vue.
00:06 Ca fait maintenant 10 ans
00:09 que je suis examiné sur toutes les coutures.
00:12 Je ne m'en suis jamais plaint.
00:14 -Vous êtes jugé et parfois condamné.
00:17 -C'est à la fin qu'on verra.
00:20 Je ne m'en suis jamais plaint, j'ai fait face à mes responsabilités,
00:23 je ne me suis pas dérobé, j'ai répondu à toutes les questions.
00:28 -Qu'est-ce qu'il en est aujourd'hui ?
00:30 C'est intéressant de voir.
00:32 10 ans après, mon patrimoine,
00:34 celui de mes enfants, de ma femme et même de ma mère,
00:38 a été, sur les 14 dernières années, laserisé.
00:42 Vous m'entendez ? Laserisé.
00:44 Que dit l'ordonnance de renvoi ?
00:47 Il n'y a pas d'enrichissement personnel chez Nicolas Sarkozy.
00:51 Non, mais c'est quand même...
00:53 A longueur de plateau, les gens viennent d'ergoter.
00:57 Il n'y a pas d'enrichissement personnel.
01:00 -Ce n'est pas l'objet du dossier des écoutes ?
01:02 -La corruption sans enrichissement personnel,
01:05 c'est déjà autre chose.
01:07 -Tout le monde sait que la corruption n'est pas à son terme.
01:10 -On va en parler.
01:12 Deuxième chose.
01:13 L'affaire dite "libyenne", ce scandale,
01:17 a commencé par un document publié par Mediapart
01:20 indiquant que j'avais signé moi-même
01:23 un accord avec M. Kadhafi,
01:25 excusé du peu sur 50 millions d'euros.
01:28 Ce document, tout le monde le sait, est un faux.
01:31 C'est tellement vrai, M. Toussaint,
01:33 que dans l'ordonnance de renvoi, il n'en parle plus.
01:36 -Mediapart conteste ce que vous dites sur ce point-là.
01:39 -Il n'en parle plus.
01:40 Il n'y a pas à contester.
01:42 Il suffit de lire l'ordonnance de renvoi.
01:44 -La justice a donné tort à trois reprises
01:47 à Sarkozy qui a voulu faire croire à un faux.
01:49 L'ordonnance de renvoi parle bien sur 6 pages de ce document.
01:53 Le juge décrit même page 46 du document.
01:55 La précédente information judiciaire
01:58 apportait un élément susceptible d'accréditer l'authenticité
02:01 de ce document. -Ce n'est pas vrai.
02:03 Je vais vous le démontrer. C'est la troisième chose.
02:06 Puisque je suis accusé d'avoir, que ma campagne ait reçu
02:09 de l'argent de M. Kadhafi,
02:11 savez-vous que l'ordonnance de renvoi...
02:14 Non, non, non. 10 ans d'instruction.
02:16 L'ordonnance est incapable de dire de combien.
02:19 C'est-à-dire que, après 10 ans d'enquête,
02:22 on n'a pas trouvé un centime de M. Kadhafi
02:26 ni dans mes comptes ni dans ma campagne.
02:29 Pas un centime.
02:31 -Donc, ce que vous voulez dire,
02:33 ce que je comprends, c'est que vous dites...
02:35 Puisque il est prouvé...
02:37 J'essaie d'expliquer.
02:38 Puisqu'il est prouvé qu'il n'y a pas eu d'enrichissement personnel,
02:43 ça démonte pour ces Français ?
02:46 -Non, non.
02:47 On n'a pas trouvé, dans ma campagne,
02:50 un centime de liquide.
02:53 Et ça a été fait à deux reprises,
02:55 puisque dans l'affaire Béthancourt, j'ai eu un non-lieu,
02:58 le juge gentil avait examiné la même campagne
03:00 et n'a pas trouvé.
03:02 Donc, M. Moustoussin, dans un État de droit,
03:04 quand sur les comptes de la personne accusée,
03:07 on ne trouve rien,
03:08 et quand dans les comptes de la campagne
03:11 de la personne accusée, on ne trouve rien,
03:13 on en tire la conclusion qu'il est innocent.
03:16 Chez moi, on en tire la conclusion qu'il y a suspicion.
03:19 Et j'en terminerai par là.
03:21 Parce que Kadhafi, ses fils,
03:24 et ses affidés disent
03:26 "Vous verrez, depuis 10 ans,
03:28 "on produira des documents qui prouveront cela."
03:32 10 ans après, pas l'ombre d'un document.
03:35 Vous m'entendez ? Pas l'ombre d'un document.
03:38 Donc, je ne baisserai pas la tête.
03:41 Je ne veux prendre à partie personne,
03:44 ni le procureur général financier, ni l'institution judiciaire.
03:48 Je me dis quand même,
03:49 il y a parfois quelque chose d'inquiétant.
03:52 Pour moi, je suis assez grand pour me défendre.
03:55 Le procureur financier va à la radio
03:58 pour m'attaquer ?
04:00 Mais qu'est-ce qu'il fait, à faire ?
04:02 Pourquoi ? Qu'ai-je dit ?
04:04 Est-ce que j'ai insulté quelqu'un ?
04:06 -Vous jouez l'opinion contre la justice.
04:09 Après tout, pourquoi reprocher au procureur financier
04:12 d'aller à la radio ?
04:13 -M. Brustoussin, quand vous dites quelque chose d'inexact,
04:17 je ne vous réponds pas. Je ne joue pas l'opinion.
04:20 C'est pas moi qui fais fuiter les documents,
04:22 les convocations et qui sortent.
04:24 Vous êtes gentil, mais pas naïf.
04:26 Vous savez parfaitement ce que j'en ai.
04:29 -Vous prenez l'opinion à partie pour dire que vous êtes victime de harcèlement.
04:33 -Non, absolument pas.
04:35 M. Brustoussin, si on dit que je suis malhonnête,
04:38 il faut le prouver.
04:39 Si vous ne le prouvez pas, vous m'avez sur votre route.
04:43 -La justice a tranché au moins pour ce qui concerne une affaire.
04:47 -Non, non. -Qui va s'exprimer
04:48 pour ce qui concerne l'affaire des écoutes.
04:51 -Non, non. Laissez-moi aller.
04:53 -Je vous laisse depuis tout à l'heure.
04:55 -La présidente de la Cour d'appel, qui m'a condamné,
04:58 un de vos confrères révèle que cette personne,
05:01 dont je ne chiterai pas le nom par discrétion,
05:04 a pris, il y a quelques années,
05:06 violemment, politiquement position contre moi.
05:10 Violemment, nommément.
05:12 Est-ce que c'est normal, M. Toussaint,
05:15 qu'un juge qui vous juge soit un de vos adversaires politiques ?
05:18 Imaginez à l'inverse, M. Toussaint.
05:21 Imaginez à l'inverse
05:23 que j'ai été jugé
05:25 par quelqu'un qui était proche politiquement de moi.
05:29 Quel scandale !
05:30 Hier, j'ai appris que le syndicat de la magistrature
05:34 invitait à la fête de l'humanité,
05:37 la fête communiste,
05:39 alors que le devoir d'un magistrat,
05:42 c'est d'être impartial.
05:44 Est-ce que vous ne pensez pas qu'il y a quelque chose de bizarre ?
05:48 J'ai voulu répondre, parce que c'est trop facile.
05:51 - J'ai une question personnelle à vous poser.
05:54 Est-ce qu'il vous arrive
05:55 de penser à la pire des sanctions,
05:58 celle qui pourrait vous priver de liberté ?
06:02 - Est-ce que vous pensez que demain, vous pouvez tomber malade ?
06:06 Je suis comme les autres.
06:08 Mais, M. Brustos, je veux dire une chose.
06:11 J'ai la force de celui qui est innocent
06:14 et qui ne baissera pas la tête.

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