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Alain Duhamel présente son livre "Le Prince balafré: Emmanuel Macron et les Gaulois (très) réfractaires", qui tire le portrait d'Emmanuel Macron.

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Transcription
00:00 Pourquoi ne pas avoir écrit "Le Président Balafré", pourquoi "Le Prince Balafré" ?
00:04 - Le prince est à la fois une allusion indirecte à Maquiavel,
00:08 donc le personnage du politique, c'est Maquiavel qui l'a défini, décrit,
00:14 et c'était le prince.
00:16 Bon, et puis, disons que c'était plus joli, il me semble.
00:20 J'avais aussi un peu à la tête des souvenirs d'Alexandre Dumas
00:28 et du duc de Guise qu'on appelait "Le Balafré",
00:32 ce qui était une petite différence hyper populaire à l'époque.
00:37 - Alors justement, cette balafre, qui lui a infligé ses opposants ?
00:42 Les Français ? Il a pourtant été élu ?
00:44 - Oui, il est arrivé comme quelqu'un qui apparaissait tout neuf,
00:50 sans passé politique, et il a traversé toute une série de crises
00:56 qui, à chaque fois, ont été pour lui une épreuve, par la force des choses.
01:01 Il y en a d'autres où il s'est bien tiré, parmi ces crises,
01:03 et d'autres moins bien, mais elles se sont succédées,
01:06 sans arrêt, il a pris des coups.
01:08 Et puis, ses rapports avec les Français, qui au fond,
01:13 une fois passés les six premiers mois, en 2017,
01:17 n'ont jamais été naturels, classiques.
01:23 C'est même, moi j'ai vu tous les présidents, complètement atypique.
01:27 Il a un rapport avec les Français qui est...
01:30 - Pourquoi ? Parce qu'il ne les connaît pas ?
01:32 - Non, mais ça c'est ce que disent ses adversaires,
01:35 il les connaît pas, il est comme les autres, il les connaît aussi bien ou aussi mal.
01:38 En revanche, il n'a pas, par exemple avec Chirac, ou François Hollande,
01:42 à sa manière, un contact chaleureux, facile, donnant...
01:47 En même temps, il ne fuit pas du tout les contacts,
01:50 il aime bien y aller, même quelquefois ça fait un peu peur à sa sécurité.
01:54 Donc, ça n'est pas qu'il ne les aime pas,
01:56 c'est qu'il n'arrive pas à donner le sentiment de "pourquoi ?"
02:00 Parce qu'il est très intellectuel, cérébral,
02:04 parce qu'il donne l'impression que...
02:07 Il y a un sentiment de supériorité d'un côté, et sur l'autre...
02:10 - C'est son quotidien premier de la classe ?
02:11 - Oui, comme, je dirais, comme Laurent Fabius, comme Alain Juppé,
02:15 mais encore un poil plus, parce qu'il est plus jeune qu'il n'était,
02:19 parce qu'il est au sommet, qu'il a fait une carrière...
02:23 Le fait d'être président sans avoir fait de la politique,
02:25 c'est quand même sans précédent.
02:26 - Il a trop réussi, en fait, pour...
02:28 Cette réussite, elle peut apparaître comme arrogante ?
02:32 - Quand il y a la réussite de quelqu'un dans, disons, dans sa trajectoire,
02:38 là on ne parle pas des résultats de la politique,
02:40 mais dans sa trajectoire, et que c'est dans une période de convulsions successives,
02:46 évidemment, c'est difficile de trouver le ton...
02:50 Il y a des moments où il l'a trouvé, par exemple, pendant le Covid,
02:53 il y a des moments où il disait ce qu'on avait envie d'entendre,
02:55 et il le disait bien, en plus, il s'exprime très bien.
02:58 Bon, mais il n'a jamais eu un équilibre psychologique.
03:03 - Mais vous qui traversez la vie politique française,
03:06 vous avez connu tous les présidents,
03:08 est-ce qu'il est plus détesté que Nicolas Sarkozy,
03:11 qui pourtant a suscité, lui aussi, beaucoup de haine ?
03:13 - Il est détesté différemment.
03:15 Avec lui, je répète, c'est le plus atypique de tous.
03:18 Il est détesté différemment parce que Nicolas Sarkozy a suscité,
03:22 d'abord de l'enthousiasme, il ne faut pas oublier sa campagne,
03:25 quand même une des plus réussies de l'histoire de la Ve République,
03:27 et ensuite, il avait une base très forte qui lui était vraiment acquise,
03:34 avec qui il y avait même des relations passionnelles,
03:37 qui existent encore pour Nicolas Sarkozy, quelquefois.
03:40 Mais surtout, Nicolas Sarkozy, il donnait le sentiment,
03:43 d'ailleurs c'était la réalité, d'être parti de loin,
03:46 d'avoir souffert, d'avoir eu une enfance et une adolescence difficiles.
03:51 Les Français, d'une certaine manière, je ne dis pas que c'est un phénomène tapis,
03:54 mais les Français pouvaient se reconnaître d'une certaine manière.
03:57 - S'identifier.
03:59 - Emmanuel Macron, il a traversé tout comme un météore,
04:05 et les gens dans des situations...
04:08 Quand on est dans une situation de crise,
04:10 et qu'on voit quelqu'un qui apparemment a tellement de facilité,
04:14 ça énerve.
04:15 - Et puis en plus, il est passé par la banque et par Autchine.
04:17 - Oui, alors il y a le côté président des riches.
04:19 Il faut se rappeler que sur les huit présidents de la Ve République,
04:23 il y en a quatre qui ont été dictés président des riches.
04:25 Il y a Pompidou, Giscard, Nicolas Sarkozy et lui.
04:30 Le paradoxe, c'est qu'il a été par exemple beaucoup moins banquier,
04:33 et à un niveau inférieur d'ailleurs, que Pompidou.
04:37 Et il n'a pas fait fortune. Il est resté un an.
04:40 Mais c'est les symboles qui s'entrechoquent.
04:44 Le premier de la classe, celui qui est passé par les plus grandes écoles,
04:48 celui qui est très jeune et arrivé à un endroit où personne ne l'attendait.

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