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Alain Duhamel présente son livre "Le Prince balafré: Emmanuel Macron et les Gaulois (très) réfractaires", qui tire le portrait du président de la République et répond à cette occasion au député du Rassemblement National, Sébastien Chenu.

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Transcription
00:00 Avant de venir vous voir, j'ai retrouvé tout à l'heure dans mes archives
00:03 un autographe d'Alain Duhamel.
00:05 Je vous avais demandé cet autographe en 1987.
00:08 J'étais dans le public de l'Heure de Vérité.
00:10 Et j'ai retrouvé ça, vous voyez, je l'ai conservé avec la date.
00:13 Et ça montre que je suis votre travail depuis très longtemps.
00:17 Et j'ai quelques-uns de vos livres chez moi.
00:19 Je suis votre travail parce que je pense qu'il est utile,
00:23 comme j'ai lu avec intérêt, votre ouvrage.
00:27 Dans cet ouvrage, on se rend compte que vous aimez beaucoup Emmanuel Macron.
00:32 C'est un jeune homme doté de dons, d'une intelligence, d'une audace, d'une énergie.
00:37 Il a une ambition pour la France.
00:38 Ses propositions sont multiples, populaires, judicieuses.
00:41 Il est trop intelligent.
00:43 Son grand débat est un succès.
00:44 On lui fait de faux procès sans goût.
00:46 C'est quand même votre tasse de thé, Emmanuel Macron.
00:48 C'est votre truc.
00:49 Non, je ne sais plus.
00:50 C'est votre truc.
00:51 J'espère que, comme vous êtes intelligent et que vous lisez,
00:54 j'espère que vous avez remarqué qu'à côté des qualités que vous énumérez,
00:58 il y a aussi un certain nombre de défauts, de travaux ou d'échecs que je ressens et que je développe.
01:04 Bien sûr, mais...
01:05 Non, mais reprenez simplement...
01:07 Quand on referme le livre, on se dit que c'est quand même un président qu'Alain Duhamel apprécie.
01:12 Et quand on referme ce livre, on se dit que vous n'aimez pas beaucoup Marine Le Pen.
01:15 Et d'ailleurs, vous ne partagez pas ses idées.
01:17 Mais je crois que vous ne l'aimez pas beaucoup.
01:19 Mais surtout, j'ai trouvé une phrase qui m'interpelle.
01:23 Vous dites, c'est la page 226, mais plusieurs fois vous le dites d'ailleurs,
01:26 vous dites "elle avance masquée".
01:28 Et moi, je me suis dit, et si c'était vous, Alain Duhamel, qui depuis si longtemps avanciez masqué,
01:34 c'est-à-dire sous ce profil d'un journaliste, si ce n'est objectif, mais au moins indépendant,
01:39 si en fait vous n'avanciez pas depuis si longtemps au bénéfice d'un système,
01:42 pour que ce système demeure, parce que vous en êtes, comme d'autres, bénéficiaire,
01:47 et que surtout, il ne faut que rien ne change,
01:49 parce que c'est ce qui permet à Alain Duhamel de continuer.
01:54 Et moi, je me demande si ce n'est pas vous qui avancez masqué depuis si longtemps.
01:57 – Alors vous êtes un journaliste du système, Alain Duhamel ?
01:59 – Non mais vous confondez les choses.
02:01 Vous dites "parce que c'est mon intérêt".
02:03 Non, je ne prends pas des positions, ou je n'écris pas des livres en me disant "c'est mon intérêt".
02:08 – Vous devez être un acteur du système, il ne faut pas que ce système change.
02:11 – Mais attendez, il vous répond, Monsieur Chenu.
02:14 – Vous vous rendez bien compte que, droite ou gauche, vous vous y retrouvez toujours, finalement.
02:18 – Et si c'était Marine Le Pen, ce serait évidemment très différent.
02:20 – Vous seriez viré.
02:22 – Ce serait très différent, mais ce ne serait pas plus différent
02:25 que ce que représentait à un moment Georges Marchais, par exemple.
02:28 – Mais elle n'a jamais été au pouvoir, parce que vous avez aussi été un militant pour le non-changement.
02:34 – Pas du tout. – Réponse.
02:36 – Je vais vous répondre rapidement. – Vous êtes interviewé au verre de bouillie.
02:41 – Et je vais vous donner déjà quelques choses.
02:43 – Une autre question après.
02:46 – Sur la question de l'engagement ou de l'impartialité,
02:49 évidemment on n'aime jamais la subjectivité des autres, ça c'est une évidence.
02:54 Je ne prétends pas que je suis un modèle d'impartialité,
02:58 je dis, j'écris ce que je pense et je travaille avant de savoir ce que je pense.
03:03 Pour le reste, je voudrais simplement, compte tenu de la façon dont vous présentiez mon livre,
03:07 comme si c'était une apologie, que ça n'est pas.
03:09 – Pourquoi ? C'est sympathique pour Emmanuel Macron.
03:11 – Non, mais je vais vous demander quelque chose de très simple, si vous voulez bien le faire.
03:15 – Mais c'est moi qui vous interroge aujourd'hui.
03:17 – Disons que les questions sont plus longues que les réponses.
03:19 [Rires]
03:21 Simplement, il n'y a que 6 chapitres dans ce livre,
03:25 je voudrais que vous lisiez leurs titres pour savoir si je suis tellement indulgent.
03:29 Allez-y. – Non mais les lecteurs se feront leur opinion comme je me suis fait alors.
03:34 – Non mais lisez. – Moi je peux les lire.
03:36 Premier chapitre, une élection par défaut, deuxième chapitre, la présidence relative,
03:40 ensuite le président des crises, le retour de la haine, la régression de la démocratie française
03:45 et chapitre 6, après Macron, qui ?
03:47 – Et alors ? Il n'y a rien de désobligeant pour Emmanuel Macron.
03:49 – Je ne vous dis pas que c'est désobligeant, je vous dis que ce n'est pas inapproprié.
03:52 – Pourquoi disiez-vous que, pour répondre à votre question, vous dites,
03:55 Marine Le Pen avance masquée, c'est ce que dit…
03:57 – Oui, et ça c'est un reproche que je trouve très étrange,
03:59 parce que Marine Le Pen, on connaît son projet, on sait ce qu'elle veut, on sait ce qu'elle ne veut pas.
04:02 – Alors, la réponse d'Alain Duhamel.
04:04 – Et même, on connaît ses qualités, on connaît ses défauts.
04:08 Elle est finalement une candidate, aujourd'hui, qui est assez bien identifiée,
04:11 y compris sur les attentes qui sont laissées à elle.
04:13 Mais j'ai une autre…
04:14 – Attendez, qui répond à ça ?
04:16 – Il répond sur Marine Le Pen qui avance masquée.
04:18 – Marine Le Pen, pendant la première partie de sa carrière, de sa trajectoire,
04:23 Marine Le Pen représentait des formes d'extrême droite classiques en France,
04:29 c'est-à-dire de nostalgie, et en même temps, avec des formes de démagogie avancées.
04:35 Depuis, en fait, le milieu du premier quinquennat d'Emmanuel Macron,
04:42 elle a changé de méthode, et aujourd'hui, elle cherche à apparaître,
04:46 et je reconnais, vous ne pouvez pas me dire le contraire,
04:49 20 fois dans le livre qu'elle y parvient de son point de vue.
04:53 Aujourd'hui, elle essaie d'apparaître, ce qui était le contraire de ce qu'elle faisait au départ,
05:00 au départ, elle essayait d'apparaître rebelle,
05:02 aujourd'hui, elle essaie d'apparaître, non seulement respectable,
05:05 mais susceptible d'exercer le pouvoir,
05:08 et elle fait tout ce qu'elle peut pour ça, dans son comportement,
05:11 et elle vous demande d'ailleurs, à vous et à vos amis,
05:13 d'en faire autant, ce que vous faites avec une discipline
05:15 que je ne retrouve pas sur tous les bancs de l'Assemblée.
05:18 – Vous nous qualifiez de médiocres, en même temps,
05:20 vous vous qualifiez de cohorte médiocre.
05:22 – Non, je dis…
05:23 – C'est pas très gentil.
05:24 – Je connais plus aimable comme complément.
05:27 – Je dis qu'il y a une demi-douzaine de députés…
05:30 – Marie Le Pen est la peine d'une cohorte médiocre.
05:33 – Ils sont dégagés.
05:34 – Au-delà de ça, ça fait un certain nombre d'années
05:38 que vous travaillez dans cet univers,
05:41 et que finalement, votre métier consiste à analyser,
05:46 à disséquer, et probablement aussi à juger,
05:49 de la qualité des uns et des autres,
05:51 des positionnements des uns et des autres,
05:52 et je me suis aperçu que vous avez,
05:54 notamment je me souviens d'un bouquin qui s'appelait "Les Prétendants",
05:56 que j'avais repris aussi,
05:57 que vous avez glorifié tour à tour,
06:00 beaucoup de gens à l'injupé, avec des qualificatifs très sympas,
06:03 Raymond Barre, Laurent Fabius, François Bayrou,
06:05 pour lequel vous aviez indiqué avoir voté,
06:07 et je me dis que, quel est le métier en France
06:10 dans lequel se tromper à tous les coups,
06:12 être la boussole qui indique le sud,
06:14 n'est susceptible d'aucune sanction ?
06:16 Parce qu'en fait, c'est Gwéline Royale qui n'avait pas été vue dans l'objectif…
06:19 – Non, non, non, que j'avais effacée.
06:21 – Et aujourd'hui, pour sortir de l'histoire des hommes,
06:24 parce qu'en revanche, c'est très compliqué,
06:25 vous l'avez dit tout à l'heure, et on peut se tromper, évidemment,
06:27 et je ne vous fais pas ce mauvais procès,
06:29 mais je me dis, quand vous dites, c'est page 78,
06:32 "une dissolution ne changerait rien, elle accentuerait les blocages
06:35 sans dégager de majorité", eh bien, en êtes-vous si sûr ?
06:38 – Oui, oui, oui.
06:39 – Vous êtes autant trompé dans toutes vos analyses si longtemps,
06:43 et qui ne se trompe pas d'ailleurs, mais ce n'est pas très grave.
06:46 – Alors, réponse d'Alain Duhamel.
06:47 – Est-ce que vous pensez qu'une dissolution, sincèrement aujourd'hui,
06:49 aurait les résultats que vous imaginez,
06:50 et qu'elle ne dégagerait pas de majorité ?
06:52 Je n'en suis pas si sûr que vous.
06:54 J'ai sûrement un grand défaut, mais pas d'insécurité.
06:57 – Je ne l'ai pas dit d'ailleurs, je ne dis pas ça.
06:59 – Ce que j'ai dit, c'est ce que je pense,
07:01 et donc, je pense très sérieusement, mais pas simplement sérieusement,
07:04 parce que c'est aussi une question d'évaluation des choses
07:06 en fonction de ce qu'on connaît,
07:08 que si aujourd'hui il y avait une dissolution,
07:11 il n'y aurait pas une majorité absolue qui en sortirait.
07:15 Je pense qu'on resterait exactement dans une majorité relative,
07:19 plus compliqué, parce que vraisemblablement,
07:22 vous voyez que je ne suis pas forcément myope,
07:25 vous en seriez probablement le bénéficiaire,
07:28 mais ça ne suffirait pas pour que vous ayez une majorité absolue du tout.
07:31 – Alors, c'est ce que vous croyez ?
07:33 – Il reste 30 secondes.
07:34 – Oui, c'est ce que je crois, évidemment.
07:36 – Une dernière question très vite.
07:37 – Un mot, dans les années 80, il y avait un vote d'espoir ou de sanction,
07:39 vous écrivez, est-ce que vous ne pensez pas que finalement,
07:41 Marine Le Pen représente à la fois l'espoir pour beaucoup de gens,
07:44 et la sanction pour beaucoup d'autres ?
07:45 – Je pense qu'elle incarne d'abord le ressentiment.
07:48 C'est un peu réduit comme façon d'imaginer les choses.
07:53 – Vous me demandez de quoi ?
07:54 – Je vous pose la question.
07:55 – C'est ce que je pense.

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