Entre 50 et 75% des transporteurs de La Réunion vont disparaître

  • l’année dernière
Michel Allamèle, président de l'intersyndicale des transporteurs
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00:00 Comment se fait-il que l'Etat, la classe politique et toutes les gens responsables, élus, qui nous gouvernent,
00:13 qui gouvernent l'île de la Réunion, s'en foutent complètement de cette diplomatie ou de cette situation catastrophique ?
00:25 Ça fait des années qu'on en parle, mais personne ne réagit. Mais pourquoi ces personnes-là, et ils savent de quoi nous sommes capables, les transporteurs sont capables.
00:34 Donc là, il faut que vraiment ces personnes-là, que ce soit la région, le département, les collectivités, l'Etat, se mettent autour d'une table, en face de nous,
00:46 et se posent la question, c'est quoi le vrai problème ? Pourquoi il y a ce problème-là ?
00:52 Et aujourd'hui, ces mêmes élus, ils prennent l'avion, ils viennent toutes les semaines, tous les jours, tous les mois, mais ça c'est à quoi ?
01:01 Puisque la Réunion est dans un problème prêt à exploser. Je ne sais pas s'ils attendent cette explosion, que ça arrange certaines personnes,
01:13 mais ce n'est pas le rôle des élus de l'Etat. Ils sont là pour donner du travail. Il y a des milliards qui arrivent à la Réunion.
01:21 On veut 100 millions, on donne à la Réunion 100 millions. On veut 1 milliard, on donne à la Réunion 1 milliard. On veut 2 milliards, on donne.
01:29 Mais ces gens-là, s'ils ne sont pas capables, qu'ils s'en aillent, comme mon collègue Graindu a dit, qu'ils laissent la place aux autres qui savent le faire,
01:37 et qui ont envie de le faire. Parce qu'il est impensable de continuer à vivre comme ça. Certaines catégories de personnes vont continuer à vivre comme des pachas,
01:47 et les entreprises, je dis bien les entreprises, et pas seulement les entreprises de transport, mais toute l'économie de la Réunion, les TPE, PME, sont en train de crever.
01:57 On est en train de vendre notre patrimoine qu'on a assimilé depuis des années. Or, qu'est-ce qu'on va laisser pour nos enfants ?
02:04 Et il n'y a aucun résultat. Personne ne bouge. On a les ministres qui viennent, qui s'en vont. Mais ces élus-là, bougez-vous.
02:14 Les responsables, bougez-vous. Quand on demande un rendez-vous, on prend un mois, deux mois pour nous recevoir. Or, c'est nous qui sommes la clé de l'économie de la Réunion.
02:26 Parce que tout est transporté à la Réunion. Le jour où il n'y aura plus de transport, on va dire stop, on ne transporte plus.
02:33 Peut-être que là, certaines personnes vont comprendre qu'il faut nous écouter. À l'ADAL, il y a quelques mois, parce que je ne sais plus combien il reste là,
02:42 il y en a à l'ADAL 870 transporteurs inscrits dans le secteur du transport de marchandises. Et suivant les constats qu'on a faits, avec les chiffres qu'on a, près de 75 %.
02:58 C'est sûr, entre 50 et 75 % de cette liste vont disparaître pour faute de capacité financière. Pourquoi ? Je le répète, les transporteurs n'ont plus la capacité financière,
03:12 puisque les donneurs d'ordre et l'État ne font pas le contrôle envers les donneurs d'ordre et les donneurs d'ordre obligent les transporteurs à travailler en dessous du coût de revient.
03:24 Et théoriquement, d'après les calculs que nous avons faits, il faudrait réactualiser ce prix-là, réaugmenter ce prix-là à hauteur de 37 %.
03:35 Et c'est ce qu'on va le faire. Quoi qu'il arrive, on ne descendra pas en dessous de ce pourcentage-là.
03:44 Vous vous rendez compte qu'un transporteur a un camion, il a une licence, il n'a plus la capacité financière, il travaille pour un donneur d'ordre,
03:51 il a pu lui le donner à d'autres, il s'en fout, il y en a 870, même s'il ne reste que la moitié, il y aura encore 50 % de ça.
03:59 Et c'est pour cela que c'est dramatique, comme un de mes collègues a signalé, c'est que quand un transporteur paie sa licence, comment sa famille fait pouvoir vivre ?
04:09 Un salarié va avoir la Cédic, l'autre va toucher les Royalty, l'autre va avoir les parachutes dorés, mais nous, en tant que transporteurs, nous n'avons rien.
04:19 D'autant plus que j'ai un transporteur qui m'avait dit "admettons qu'on n'a plus rien", mais le pied c'est que le transporteur, quand il perd sa licence,
04:27 c'est que non seulement il n'a plus rien, mais il a encore des dettes. Et donc, le policier va venir, le tribunal, tout ça, il y aura la chaîne juridique qui va débouler.
04:37 Et là, il va payer de commencer, une famille, tout va bien quand il y a l'argent, mais quand il n'y a plus d'argent, vous avez des problèmes familiaux,
04:45 des problèmes de banque, et tout va s'enchaîner, la femme, les enfants, et c'est vraiment une catastrophe. Et ça, personne n'est conscient de ça.
04:55 L'État nous écoute, c'est vrai que l'État nous écoute. Sauf que, ça fait quelques semaines, on demande à rencontrer le préfet.
05:05 Bon, visiblement, avec la visite des ministres, avec pas mal d'aléas, jusqu'à aujourd'hui, cette entrevue a été reportée. On pourrait comprendre.
05:15 Mais non, faire ce que j'ai dit à monsieur le préfet, il y a urgence. Il ne faut pas qu'il y ait une catastrophe pour comprendre les choses et pour nous recevoir.
05:24 Visiblement, là, il y a une entrevue qui est calée pour le 19 d'après-midi. Dès ce soir, nous aurons une réunion avec des transporteurs du nord et de l'est à Brapannan.
05:37 Et samedi matin, on aura une réunion dans le sud-sud-ouest, à Saint-Pierre, pour les transporteurs de cette région.
05:51 [Musique]

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