L'invité de RTL du 17 septembre 2023

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Regardez L'invité de RTL du 17 septembre 2023 avec Stéphane Carpentier.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 6h, 9h15, RTL Matin, avec Stéphane Carpentier.
00:07 8h46 en ce dimanche, je vous propose de nous arrêter ensemble sur une affaire qui fait donc grand bruit depuis hier et qui nous replonge une nouvelle fois dans le dossier du harcèlement scolaire.
00:16 Cette affaire, elle concerne un ado de 15 ans qui s'est suicidé le 5 septembre. Il était lycéen à Poissy dans les Yvelines, pris pour cible par des camarades.
00:25 Les parents inquiets avaient alerté le proviseur du lycée et surtout le rectorat de Versailles.
00:30 Et c'est le courrier adressé au printemps dernier par le rectorat francilien aux parents qui scandalise.
00:35 Il qualifiait les propos de la famille d'inacceptables et dans le courrier, il a même demandé à la famille d'adopter une attitude constructive et respectueuse à l'égard du personnel de l'établissement.
00:45 Bref, le ministre de l'éducation nationale a réagi, Gabriel Attal. Il a parlé d'un courrier honteux.
00:51 Elisabeth Borne, la chef du gouvernement, s'est dit choqué. Ce drame illustre parfaitement la difficulté que nous avons en France à gérer au mieux ce dossier de harcèlement scolaire.
01:00 Jean-Pierre Béllion va nous aider à cerner le problème, ou plutôt les problèmes, fondateur de l'association pour la prévention de phénomènes de harcèlement.
01:08 Bonjour à vous.
01:09 Bonjour.
01:10 Merci à vous d'être connecté en direct. D'abord, j'imagine que comme beaucoup, vous êtes choqué, scandalisé par le contenu de cette lettre adressée à la famille.
01:18 Cette lettre est parfaitement scandaleuse. Elle révèle quand même un certain état d'esprit, c'est-à-dire une façon de ne pas écouter la parole des enfants, des adolescents et de leur famille,
01:30 une façon de minimiser les choses. On parle de supposé harcèlement, c'est-à-dire qu'on tourne absolument le dos à tout ce qu'il faudrait faire.
01:38 Le programme Phare avait prévu tout de même qu'il y ait dans chaque établissement un adulte référent qui prenne soin, qui se charge de la victime, qui l'entoure, qui l'aide.
01:49 Dans le cas présent, on sent bien que la victime a été totalement abandonnée. Non seulement elle est abandonnée, mais on nie la réalité des faits.
01:59 En effet, je pense que le terme du ministre était parfaitement juste, ce courrier est honteux.
02:03 Ça révèle évidemment de véritables défaillances dans la gestion de ces affaires. C'est ce que vous mettez en avant avec vos premiers mots ce matin sur RTL.
02:10 Pourquoi est-ce qu'on n'arrive pas à être plus attentif à la parole des enfants ?
02:14 Je pense qu'on paye encore très cher le retard que la France a connu dans le traitement de ces situations.
02:21 Alors que les pays scandinaves s'intéressaient à ces questions dans les années 1970, la France a attendu fin 2010, début 2011 pour commencer à s'en soucier.
02:29 On est parti du principe qu'il y avait un monde des enfants qui se régulait tout seul, auxquels les adultes devaient être vaguement attentifs.
02:38 Non, c'est justement ces toutes petites choses qu'on laisse faire, qu'on laisse se perpétrer dans les établissements et qui rendent la vie de certains élèves parfaitement insupportable.
02:49 Donc c'est vraiment la vigilance de chaque instant des adultes et des établissements qui peut éviter ce genre de choses.
02:55 C'est la vigilance et puis c'est aussi l'empathie. Et on sent bien que là, ici, l'empathie a complètement fait défaut.
03:01 Vous pensez-vous que le fameux courrier est le révélateur d'un état d'esprit qui existe encore chez certains cadres éducatifs ?
03:06 Je veux dire par là qu'il se soucie de défendre l'institution plutôt que les ados qui leur sont confiés ?
03:13 C'est exactement ce que laisse penser ce courrier, ces courriers j'allais dire, parce qu'il y a celui du proviseur avant.
03:19 C'est une institution qui ne se soucie pas, qui se soucie d'abord de se défendre elle-même plutôt que de protéger les enfants qui lui sont confiés.
03:28 On inverse complètement l'ordre des choses.
03:30 Ça voudrait dire quoi ? Qu'il faudrait plus de moyens dans les établissements scolaires ? Qu'il faut former des enseignants à ça ? Qu'il faut d'autres personnels ?
03:37 Il faut surtout changer de regard. Il faut surtout revenir à l'idée d'une école attentive, bienveillante, empathique.
03:44 On ne peut pas laisser les cours de récréation comme elles le sont aujourd'hui, dramatiquement non surveillés.
03:53 Ça veut dire quoi ça M. Mélenchon ? Il faut surveiller ?
03:55 Oui, ça veut dire que les adultes doivent être plus présents dans les endroits à risque, c'est-à-dire les couloirs, les cours de récréation, les transports scolaires,
04:03 et aussi ces cours de récréation numériques que sont aujourd'hui les réseaux sociaux.
04:09 C'est pour ça qu'il y avait quelque chose dans le programme Phare qui était très intéressant, c'était les ambassadeurs.
04:13 C'est-à-dire sensibiliser les élèves et les mettre en situation d'être attentifs à ce qui se passe particulièrement sur les réseaux sociaux,
04:21 pour alerter tout de suite les adultes de l'établissement. Dans un établissement dans lequel on a à la fois une équipe d'adolescents ambassadeurs
04:29 et une équipe de professionnels qui traitent les situations, là on peut venir à bout des cas de harcèlement.
04:34 Les téléphones, les modes de communication qui dévorent aujourd'hui notre quotidien, ils sont interdits notamment dans les établissements ?
04:40 Normalement ils sont interdits en collège. Ils ne devraient évidemment pas avoir leur place dans les écoles.
04:47 Normalement tout ça est interdit. Je dis bien normalement.
04:51 On attend pour la fin du mois de la part du ministre de l'Éducation, Gabriel Attal, un plan de lutte interministérielle contre le harcèlement scolaire.
04:58 Qu'est-ce que vous préconisez vous comme mesure là maintenant en urgence ?
05:02 Moi j'avais lancé en 2019 une idée, c'est une équipe par établissement.
05:08 Il faut que dans chaque école, dans chaque collège, dans chaque lycée, il y ait une équipe d'adultes spécifiquement formées pour traiter les situations.
05:16 C'est-à-dire à la fois accompagner la victime et mettre fin au brimade.
05:20 C'était ce que prévoyait le programme Phare. Je ne sais pas si d'autres mesures complémentaires sont nécessaires.
05:26 Commençons d'abord par appliquer ce qui avait déjà été mis en oeuvre à partir de 2021 par Jean-Michel Blanquer.
05:32 C'est-à-dire qu'il faut des actes concrets, c'est ça ? Il faut intervenir, il faut aller au-delà de la sensibilisation ?
05:37 Il faut aller bien au-delà de la sensibilisation même si celle-ci est nécessaire.
05:42 Il faut un traitement, c'est-à-dire qu'il faut que les adultes soient présents et mettent fin immédiatement à la première moquerie, à la première mise à l'écart, à la première insulte.
05:53 On ne peut pas s'accommoder de ce genre de brimade. Elles n'ont pas leur place dans les établissements scolaires.
06:00 Il y a des parents qui vous écoutent ce matin sur RTL.
06:02 Qu'est-ce qu'ils doivent faire concrètement s'ils se retrouvent avec un ado qui se dit victime de harcèlement ?
06:07 L'échelle du danger, elle se situe où ? Tout de suite ?
06:10 Tout de suite. Il faut alerter tout de suite. Il faut alerter tout de suite l'école, il faut alerter tout de suite le collège.
06:16 Il y a des numéros, il y a le 3018 et le 3020 pour alerter tout de suite les plateformes.
06:23 Donc il faut alerter tout de suite. Normalement, il y a par département et par académie des référents à harcèlement.
06:31 On se demande ce qui s'est passé dans le cas de Poissy.
06:35 Donc oui, il faut alerter tout de suite et surtout ne pas laisser s'installer les choses.
06:42 Ça commence toujours par des signaux faibles. Ce sont ces petits signaux auxquels il faut être attentif.
06:46 Il faut le faire tout de suite, il faut en parler tout de suite.
06:48 Et si on leur dit, si on leur répond à ses parents, ça va s'arranger ?
06:52 Mais on ne devrait plus jamais.
06:55 Le ministre rencontre lundi l'ensemble des recteurs. J'espère que des consignes très claires vont être données à l'ensemble des responsables éducatifs
07:04 pour leur dire, prenez au sérieux la parole des enfants, ne minimisez jamais rien.
07:10 Il vaut mieux s'occuper d'une situation qui n'est pas encore très grave plutôt que de laisser pourrir une situation qui le deviendra.
07:15 Les choses sont dites, le message est passé. Merci à vous d'avoir été en direct sur RTL ce matin.
07:19 Je vous rappelle que vous êtes fondateur de l'association pour la prévention des phénomènes de harcèlement scolaire.
07:24 l'air.
07:26 Merci à tous !

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