Saisie de deux pétroliers étrangers par l’Iran : « Cela s’apparente à une forme de piraterie »

  • l’année dernière
Le régime iranien revendique la prise de deux pétroliers, battant pavillon du Panama et de la Tanzanie. Les autorités leur reprochent de transporter « du carburant de contrebande ». Alors que se multiplient les tensions de ce genre dans le golfe Persique, les États-Unis ont annoncé cet été leur volonté de renforcer leur présence pour protéger cet axe maritime commercial stratégique.
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00:15 C'est en général le motif allégué pour justifier vis-à-vis de l'extérieur,
00:19 notamment la communauté internationale, la saisie de cargos ou de pétroliers
00:24 transitant par le détroit d'Ormuz, parce qu'il faut évidemment une justification,
00:29 un alibi à quelque chose qui, par ailleurs, peut s'apparenter à une forme de « piraterie »,
00:36 puisque, effectivement, c'est tout à fait illégal et ça remet en cause la liberté de navigation.
00:42 Il faut rappeler que l'Iran est sous sanction, en fait,
00:45 et que l'Iran n'a pas la possibilité d'exporter son pétrole,
00:48 et que ça grève évidemment les rentrées financières de l'Iran,
00:52 puisqu'il faut rappeler que les États-Unis ont rétabli des sanctions très strictes,
00:56 et notamment des sanctions à l'endroit de la commercialisation justement du brut.
01:02 Et donc les Iraniens estiment qu'ils sont lésés et que le brut qui est exporté,
01:07 qui transiterait par le détroit d'Ormuz, finalement serait relévré d'une forme de contrebande à leur détriment.
01:15 On estime qu'il y a 20 à 30 % du flux pétrolier mondial qui transite par le détroit d'Ormuz,
01:21 ce qui est considérable, c'est à peu près entre 17 et 18 millions de barils/jour.
01:25 Et pour l'Iran, c'est évidemment un moyen de pression,
01:27 parce que l'Iran veut manifester le fait qu'il est le gardien du golf, mais dans tous les sens du terme.
01:31 C'est-à-dire qu'il est le gardien supposé assurer une sécurité,
01:34 mais aussi une insécurité potentielle, ce qui est le cas en l'occurrence.
01:53 Il y a une zone de tension qui est effectivement permanente
01:57 et qui justifie le renforcement d'un dispositif militaire américain,
02:01 mais en coordination avec leurs alliés, face à une menace persistante.
02:05 Le ministère américain de la Défense veut renforcer sa présence et ses capacités de surveillance et de dissuasion.
02:10 C'est aussi une réassurance qui est donnée aux pétromonarchies du golf,
02:14 qui étaient très inquiètes, puisqu'effectivement en deux ans, il y a cinq navires qui avaient été saisis
02:20 et une demi-douzaine de navires qui avaient été harcelés de manière quasi systématique par les gardiens de la Révolution.
02:28 Et donc, il y avait des récriminations de la part des alliés américains dans le golf,
02:32 notamment les Émirats et d'autres pays, et c'est ce qui a justifié le renforcement de cette présence.
02:37 Il faut rappeler que la présence américaine, même si on a parlé des engagements,
02:41 elle est quand même très forte, puisqu'il y a deux bases.
02:43 Il y a la base de la cinquième flotte, qui est basée à Bahreïn,
02:46 qui assure la sécurité maritime du golf, en coopération avec les alliés occidentaux notamment.
02:51 Et puis, vous avez le CENTCOM, le commandement central américain, qui est basé au Qatar, à Doha.
02:56 Donc, évidemment, la présence américaine, il y a une "pax americana" qui veut être mise en cause, entre guillemets,
03:03 par Téhéran, qui veut expulser les Américains du golf.
03:07 C'est le viatique de toute façon du régime, et notamment des passes d'arran.
03:11 Et ça explique cette logique, cette dynamique conflictuelle, on va dire permanente, récurrente.
03:16 Il s'agit d'indisposer, de mettre en difficulté, pour tout simplement, on va dire,
03:22 d'évaluer la sécurité américaine en golf.
03:25 C'est une guerre hybride, oui, c'est une guerre effectivement du faible au fort, asymétrique.
03:32 Il y a plusieurs reprises, la marine américaine a dit que justement, les bateaux iraniens qui approchaient,
03:37 y compris de la flotte américaine, avaient une attitude non professionnelle.
03:41 Et donc, on n'est pas à l'abri d'un dérapage, clairement.
03:46 Ce que les anglo-saxons appellent une "miscalculation", c'était un mauvais calcul.
03:50 Et un dérapage incontrôlé, justement.
03:53 On n'est pas à l'abri de ça, même si aucune des deux parties, a priori, ne le souhaite.
03:58 S'il y avait vraiment un engagement maritime américain, ça coûterait très cher à l'Iran.
04:02 Mais ça préoccupe beaucoup les américains, parce qu'ils eux-mêmes ne souhaitent pas entrer dans une logique conflictuelle aujourd'hui.
04:08 Ils ont d'autres préoccupations en Ukraine et en mer de Chine.
04:11 Mais effectivement, ils sont contraints de donner des réassurances à leurs alliés.

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