• l’année dernière
Depuis Toronto, au canada, Hollywood Live vous fait vivre le festival le plus important d'Amérique du Nord. Au sommaire :
- Première mondiale de "Bâtiment 5", le nouveau film de Ladj Ly
- "Recherche distributeur désespérément". Reportage en coulisses sur les vendeurs de films
- "Swan Song", ou comment un documentaire sur la danse classique s'est inspiré de la NBA
- Interview exclusive et en français avec Sophie Nélisse, star de la série "Yellowjackets"
Transcription
00:00 Bonjour et bonsoir, bienvenue à Toronto surnommée la ville reine vitrine du
00:04 7e art pendant son festival le plus important d'Amérique du Nord.
00:07 Alors contrairement à Venise ou à Cannes, Toronto a créé en marge de cet
00:11 événement une dynamique permanente autour du cinéma avec des studios
00:15 hollywoodiens qui sont venus s'installer ici pour bien sûr attirer les
00:19 producteurs. Bienvenue à tous, bienvenue dans cette belle province de l'Ontario
00:22 pour ce nouvel épisode d'Hollywood Live.
00:26 [Musique]
00:29 [Musique]
00:35 [Musique]
00:41 [Musique]
00:48 [Musique]
00:55 [Musique]
00:58 Entre courts et longs métrages, les documentaires aussi, sans oublier les
01:07 concerts de rock sur cette scène derrière moi, ce sont 215 films venant de
01:11 plus de 60 pays qui sont présentés pendant les dix jours du festival.
01:14 Alors comme toujours ce sont les américains qui monopolisent les tapis
01:17 rouges mais une surprise toutefois pour cette édition 2023 en avant-première
01:22 mondiale la projection d'un film français.
01:26 [Musique]
01:29 [Musique]
01:32 [Musique]
01:35 [Musique]
01:38 [Musique]
01:41 [Musique]
01:44 Ça fait quoi de faire une première mondiale à Toronto ? Première ! Le film n'est même
01:48 pas encore sorti en France. Je suis super heureux, super fier et en même
01:51 temps super stressé parce que je sais pas trop comment le public va réagir donc
01:54 voilà.
01:57 [Musique]
02:00 [Musique]
02:03 Laj il a un talent pour raconter des histoires un peu comme un conte, presque
02:10 comme une histoire orale avec des personnages et à la base c'est assez
02:15 simple et ça raconte quelque chose de très fort et j'ai l'impression qu'ici aux
02:18 Etats-Unis il y a aussi cette culture là de raconter des histoires de manière
02:22 assez populaire. Je pense qu'il pense surtout à raconter une histoire au plus
02:26 grand nombre et ça plaît beaucoup ici je crois. C'est dans la continuité des
02:29 misérables, c'est aussi la continuité de mon travail depuis plusieurs années dans
02:32 ces territoires. Voilà les misérables ont traité de violences policières, de
02:36 misères sociales et aujourd'hui dans ce film on traite du délogement, de
02:41 l'expropriation, de la gentrification et c'est un sujet qui est important parce
02:45 que ça concerne des millions de personnes que ce soit en France ou que ce soit ailleurs
02:49 dans les grandes villes donc pour moi c'était un sujet qui est important et
02:51 d'autant plus que le bâtiment 5 c'est le bâtiment dans lequel
02:55 j'ai grandi, c'est le bâtiment dans lequel j'ai été relogé, enfin délogé.
02:59 Donc voilà pour moi c'était important d'en parler et c'est un sujet qui me tient à
03:04 coeur.
03:06 Et toi comment tu te définiras ? Moi je suis une française d'aujourd'hui.
03:13 Généralement quand on traduit un film en anglais on lui donne un nom anglais
03:19 "Peace of Fear" ou un truc comme ça, là en fait bâtiment 5 est devenu "Les
03:24 Indésirables" et le titre reste français, là aussi c'est stratégique ?
03:27 "Les Indésirables" c'était un titre de travail que le vendeur international a
03:31 voulu garder et je pense que ça faisait bien le pont pour
03:35 l'étranger avec "Les Misérables" maintenant c'est un film qui est
03:38 singulièrement différent des "Misérables" donc "Bâtiment 5" je pense que c'est très
03:42 bien pour la France et puis comme ici à Toronto on vient aussi pour trouver un
03:45 distributeur US, je pense que c'est bien d'avoir encore ce petit écho
03:50 "Misérables" pour ici c'est très bien.
03:54 Trouver le ou les distributeurs ça c'est ce que le public de Toronto ne voit
04:06 jamais, ça se passe en coulisses et là c'est littéralement une course contre la
04:09 montre pour vendre un film. Au fait comment est-ce qu'on vend un film ?
04:15 Le marché du film de Toronto, moins impressionnant c'est vrai que celui de
04:21 Cannes, il est tout aussi important pour ceux qui veulent vendre leur film en
04:24 Amérique du Nord. Les français sont bien sûr présents à
04:27 travers Unifrance, l'organisme chargé de la promotion et de l'exportation du
04:31 cinéma français dans le monde.
04:34 Unifrance c'est avant tout un outil qui permet à des sociétés concurrentes en
04:39 France d'être ensemble sous une même bannière.
04:41 Si ces sociétés sont très différentes en France, en fait quand on passe les
04:46 frontières, les différences s'estompent beaucoup et tout le monde a les mêmes
04:50 problèmes. Alors nous ce qu'on leur apporte c'est de se réunir ici et d'amener
04:55 les acheteurs qui savent qu'ici ils peuvent trouver les films français et
05:01 les acheteurs cherchent beaucoup les films français parce que c'est, vous
05:04 connaissez la cinématographie française donc il y a une diversité très grande,
05:08 des petits, des gros films, des films d'auteurs et donc ils savent qu'ici sur
05:13 les stands d'Unifrance il y aura cette diversité de films qui vont pouvoir
05:16 acquérir pour leur pays.
05:18 Est-ce que vous pouvez nous dire à quoi il fait référence quand il parle du
05:21 pillage de son oeuvre ?
05:22 Vous aviez déjà frappé votre mari ?
05:24 Non.
05:24 Non ? Jamais ?
05:25 C'est bien ce qui s'est passé.
05:26 Est-ce que l'image Cannes joue beaucoup sur le festival de Toronto ?
05:34 Toronto reprend les films de Cannes,
05:36 "Anatomie d'une chute" ici vient commencer sa promotion pour la sortie américaine et
05:41 aussi on l'espère pour les oscars.
05:43 Donc quelque part "Anatomie d'une chute" a déjà été acheté par les Américains.
05:47 "Anatomie d'une chute" a déjà été acheté par les Américains à Cannes et donc ici à Toronto
05:52 ils s'occupent de la promotion, de rencontrer la presse internationale, la
05:57 presse américaine pour la sortie américaine.
05:59 Tous n'ont pas ce privilège.
06:02 Pour les petites sociétés indépendantes comme les canadiens d'H264,
06:05 TIFF est un marathon de dix jours où chaque rendez-vous avec un éventuel
06:09 distributeur se prépare plusieurs mois à l'avance.
06:12 Les arguments de vente, c'est quoi exactement en quelques mots ?
06:15 On est littéralement le porte-parole du cinéaste quand on vend un film.
06:19 Donc c'est super important de connaître pas seulement qui est cette personne,
06:22 quelle est cette oeuvre, mais quelle est l'intention aussi derrière le film.
06:25 C'est pour ça que nous on s'implique dès le scénario pour pouvoir vraiment
06:28 comprendre l'essence du projet et ça fait qu'on est dans une posture beaucoup
06:32 plus authentique quand on parle d'un film parce qu'il n'y a rien de plus
06:35 déshumanisant que de parler à quelqu'un qui est en train de répéter une cassette.
06:38 Je sais que dans une minute trente tu as un rendez-vous ?
06:41 Absolument ! C'est la course à Toronto, tout le monde est là, donc c'est à la fois
06:45 merveilleux de pouvoir rencontrer des gens de l'industrie locale, étant
06:48 canadiens et québécois, mais aussi de l'international. Donc on court à gauche
06:51 et à droite et on essaie de manger un sandwich qu'en 30 secondes.
06:54 Je te fais plaisir, les films que tu représentes, vas-y.
06:56 Les films qu'on représente, Vampire humaniste, Cherche suicidaire,
06:59 consentant, le plus long titre du festival d'Ariane Louis XVI,
07:02 Mademoiselle Kenopsia de Denis Côté, Mothers and Monsters d'Edith Jorich
07:06 et Gabi les collines de Zoé Pelletier.
07:08 Danda Square où je me trouve, c'est un petit peu l'équivalent de Times Square
07:25 à New York et c'est l'autre point de rendez-vous pour les festivaliers
07:28 qui viennent de tout le Canada. Alors là aussi, il y a des concerts gratuits
07:31 tous les soirs, mais justement la musique, la danse, très présente
07:34 pendant ce festival de Toronto avec énormément de documentaires
07:37 qui espèrent, à travers le tif, augmenter leur chance pour, bien sûr,
07:41 les prochains Oscars.
07:42 Swansong, la pépite du festival. Un regard en coulisses au sein du
07:52 Ballet National du Canada. La compagnie prépare le lac des signes
07:56 sous la direction de Karen Kane, légende canadienne de la danse.
08:00 Un film de Chelsea MacMillan. Chelsea qui a choisi une approche inédite
08:04 pour filmer ce documentaire sur la danse classique.
08:08 Est-ce que j'ai trompé ou est-ce qu'il y a eu un voyage à Los Angeles pour rencontrer
08:11 Kobe Bryant pour travailler sur ça, je veux dire travailler, pour avoir
08:15 un peu d'input, je suppose ?
08:16 Oui, oui, j'ai rencontré son équipe à Los Angeles, son entreprise de production
08:21 et ils m'ont montré des rushes d'un film qu'ils faisaient
08:25 l'année dernière au NBA et la façon dont ils l'ont filmé, les techniques
08:31 qu'ils ont utilisées, ils m'ont partagé parce qu'ils étaient tous
08:34 sur la part de partager des connaissances et beaucoup de ces techniques
08:37 j'ai appliqué à Swan Song.
08:39 Swan Song, produit par l'actrice Nef Campbell, elle-même canadienne
08:44 et ancienne danseuse à l'École Nationale du Ballet du Canada.
08:47 Pour moi, ça a signifié le monde. Karen Kane était mon idole en grandissant.
08:51 J'ai vu sa danse, je l'ai revu, c'est l'une des raisons pour lesquelles
08:55 je suis devenue artiste. Donc, pour pouvoir l'honorer et l'honorer
08:58 cette compagnie d'incroyables danseurs, ça a signifié le monde.
09:01 [Musique]
09:10 Cela va aider à éduquer les gens sur l'art, sur l'entraînement,
09:15 sur tout ce qui est lié à être une danseuse.
09:18 Et je peux ajouter que cela prendrait en compte tous les stéréotypes
09:22 que nous voyons dans la fiction sur les danseurs.
09:25 Exactement, et je déteste cette fiction et je déteste les films
09:28 qui sont réalisés et qui ne sont pas réels. Et c'est vrai.
09:32 [Musique]
09:47 Festival de Toronto 2023, ambiance totalement différente,
09:50 et vous le voyez derrière moi, ambiance totalement différente
09:52 d'autres festivals comme Cannes ou Venise. Et c'est vrai,
09:55 il y a un côté bon enfant ici qui fait de TIFF l'un des festivals
09:58 les plus agréables à vivre, et pour nous aussi, journalistes,
10:01 l'un des festivals les plus agréables à couvrir.
10:04 [Musique]
10:06 Et les Canadiens y sont pour beaucoup.
10:08 Ces Canadiens qui utilisent toujours des termes positifs,
10:10 génial, magnifique ou encore fantastique.
10:13 Oui, le Canadien sympa n'est pas un mythe, même lorsqu'on est la star
10:16 d'une série hollywoodienne à succès comme Yellow Jacket.
10:19 [Musique]
10:24 Sophie, c'est sympa de te voir ici à Toronto.
10:27 Beaucoup de gens qui nous regardent disent "Oh mon Dieu, c'est Sophie Nellis!"
10:30 En fait, ce qu'ils ne savent pas, c'est que tu es francophone.
10:32 Oui, je parle français. Mais en fait, ils étaient tous en train d'appeler Sean Penn avant moi.
10:36 Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de gens qui soient ici pour me voir,
10:38 mais ce n'est pas grave.
10:39 Non, mais ceux qui nous regardent à la télé, Sophie, Sophie.
10:42 Et en fait, très peu de gens savent que tu es francophone.
10:46 Effectivement.
10:47 J'ai vu qu'il y avait ta soeur qui était là, qui est aussi comédienne.
10:49 Rappelons-le, oui. La famille est là en fait.
10:52 La famille au complet, ça me fait extrêmement chaud au cœur.
10:55 Parce que d'abord, c'est une des raisons pour lesquelles je suis dans l'industrie,
10:59 mais c'est aussi une des raisons pour lesquelles je continue.
11:01 C'est ma famille qui me garde les deux pieds sur terre.
11:04 C'est ma famille qui me ramène à l'ordre, quoique je ne suis pas très...
11:09 Je sais que ta maman veille beaucoup sur toi, Sophie.
11:12 Ma famille au complet, c'est vraiment les personnes les plus importantes dans ma vie.
11:16 Donc, de les avoir à mes côtés lors de cette première, c'est en fait mon meilleur...
11:22 mon plus grand souhait.
11:23 Tu vas continuer de faire des films en anglais à Hollywood
11:35 ou est-ce que tu vas retourner au cinéma francophone québécois ou francophone canadien?
11:39 Idéalement, je pourrais faire les deux.
11:41 J'ai tourné une série tout récemment qui s'appelle « Allez simple »
11:43 qui sort demain, je crois.
11:46 Donc, pour moi, je trouve qu'on a tellement de talent à Montréal,
11:50 que ce soit Denis Villeneuve, Philippe Allardeau, Jean-Marc Vallée,
11:53 qui malheureusement... mais on a tellement de talent local.
11:57 Donc, pour moi, c'est extrêmement important.
12:00 Sophie Dupuis, je m'en vais voir solo ce soir.
12:02 J'ai tellement... Théodore Pellerin...
12:04 On déborde de talent à Montréal, dans l'industrie francophone.
12:08 Donc, pour moi, c'est extrêmement sacré de continuer de faire des films en français,
12:12 des films d'ici, tout en même temps de réussir à jongler les films aux États-Unis anglophones.
12:17 Là, ils sont en train de me dire « Est-ce qu'elle peut dire quelque chose sur Yellow Jacket? »
12:19 J'ai dit « Non, le secret est bien gardé, n'est-ce pas? »
12:21 Oui, exactement. Désolée.
12:23 Merci Sophie. Merci pour tout. Passe une bonne soirée.
12:25 Merci.
12:26 Et ce n'est pas fini. Deuxième volet de notre spécial consacré au Festival de Toronto la semaine prochaine.
12:31 On reste donc au Canada avec la mascotte du cinéma canadien.
12:35 Merci d'avoir suivi ce Hollywood Live depuis la belle province de l'Ontario. Ciao!
12:39 [Musique]
12:54 [Musique]
12:57 [SILENCE]

Recommandations