Michel-Édouard Leclerc est l'invité de Punchline

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Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de l'inflation et de l'avenir des prix dans la grande distribution.
Retrouvez "L'invité actu" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu
Transcript
00:00 Punchline, Laurence Ferrari sur Europe 1.
00:07 18h bientôt 37, on se retrouve en direct sur Europe 1 et sur CNews pour Punchline.
00:15 Notre invité c'est Michel-Édouard Leclerc.
00:17 Bonsoir Michel-Édouard Leclerc, président des centres Leclerc.
00:20 Merci d'être avec nous.
00:21 Pour vous interroger, je suis avec Louis Dragnel, chef du service politique d'Europe 1,
00:24 et Baptiste Morin, chef du service économique d'Europe 1.
00:27 Vous voyez que nous sommes... - Europe 1 est en force là.
00:30 Voilà, mais nous sommes aussi sur CNews.
00:32 Alors, on va parler avec vous des prix de l'alimentation,
00:35 des Français qui changent leurs habitudes de consommation,
00:38 de la vie chère de l'inflation, mais aussi des carburants.
00:40 Parce que le gouvernement nous a sorti une usine à gaz en début de semaine,
00:44 en inventant le concept de vente des carburants à perte.
00:48 Je crois que vous avez bon dit.
00:49 Qu'est-ce que vous avez répondu au gouvernement, Michel-Édouard Leclerc, sur cette idée ?
00:52 L'ensemble des distributeurs, la grande distribution doit faire
00:55 presque 60 % de la distribution de carburants maintenant,
00:58 a répondu négativement.
01:00 D'abord parce que nous ne savons pas vendre à perte.
01:03 Ensuite, ne l'oubliez pas, dans la distribution,
01:05 on est assez pionniers sur l'intéressement et la participation.
01:08 Donc, vendre à perte, ça veut dire aussi que pour nos salariés,
01:12 il n'y a pas de participation, il n'y a pas d'intérêt, il n'y a pas de prime.
01:15 Ce n'est pas une bonne chose.
01:17 Et puis surtout, vendre à perte, ça veut dire compenser par autre chose.
01:20 Et donc, comme l'alimentaire... - C'est-à-dire compenser sur le prix des pâtes ?
01:23 Par exemple, et comme l'alimentaire a déjà augmenté considérablement,
01:28 sur un an et demi, enfin presque sur deux ans, c'est plus de 20 %,
01:33 donc aller baisser de 2 centimes, 3 centimes,
01:36 ce qui est notre marge, les prix des carburants,
01:40 même si c'est des masses considérables sur le plan financier,
01:43 ça supposerait de remonter encore le prix de l'alimentaire
01:46 ou de la consommation courante. Donc, ce n'était pas une bonne idée.
01:48 D'accord. Et est-ce que vous avez dit aux autorités de Bercy ?
01:52 Non, et nous l'avons dit collectivement.
01:55 Et pour autant, nous nous proposons bien évidemment
02:00 d'être des acteurs très combatifs dans la mesure de nos moyens
02:05 pour lutter contre l'inflation par les carburants.
02:08 Parce que... - C'est des opérations pré-coûtantes, ce que vous avez déjà fait.
02:10 Alors, des opérations pré-coûtantes, déjà Leclerc en a fait neuf pendant cet été,
02:14 enfin tous les week-ends de l'été.
02:18 Alors, on pense toujours aux automobilistes,
02:20 aux gens qui partent en vacances, mais ces opérations
02:23 sont valables aussi pour les gens qui ne bossent pas,
02:26 ou plus exactement, qui ne partent pas en vacances.
02:28 Qui ne partent pas en vacances, oui.
02:29 Et par exemple, pour celui qui habite Concarnau ou Landerneau,
02:33 il ne part pas de Concarnau et de Landerneau pendant l'été,
02:35 mais il est bien content de trouver quand même du carburant le plus bas possible.
02:39 Et ce qui est intéressant, c'est quand même,
02:41 vous l'avez vu, cette dynamique entre distributeurs.
02:45 Ça fait longtemps que je travaille dans la distribution.
02:48 Les rides sur mon front ne le montrent pas.
02:49 Et pourtant, je n'ai jamais vu autant de concurrence
02:53 entre Leclerc, Intermarché, Système U et autres.
02:55 Et donc, quand l'un et l'autre partent comme ça
02:59 sur une dynamique concurrentielle, c'est efficace.
03:02 Par contre, celui qui n'a pas baissé ses prix pendant ce temps-là, c'est total.
03:05 Parce qu'à force de dire "je ne dépasse pas 1,99",
03:08 quand nous, on est à 1,80 la route, il fait son gras.
03:11 Alors, avant de passer la barre à Baptiste Morin et à Louis Dragnet,
03:13 j'aimerais juste qu'on écoute les Français qu'on a interrogés
03:15 sur qui doit faire des efforts pour que le carburant baisse.
03:18 Ils ont désigné le responsable. Écoutez.
03:21 Un peu Total, un peu les distributeurs, un peu le gouvernement.
03:25 Si tout le monde y met du sien, ça baissera peut-être un petit peu.
03:28 Normalement, c'est le gouvernement qui doit trouver des solutions.
03:32 Si le gouvernement ne fait pas un geste, nous, on ne peut rien faire.
03:35 Quand on veut faire des choses, on peut les faire.
03:37 Le gouvernement peut faire beaucoup de choses pour le citoyen
03:41 et pour le professionnel aussi.
03:42 Le gouvernement ne veut pas baisser ses taxes.
03:44 60% du prix de l'essence chez les Dord-le-Père.
03:46 Je pense objectivement que s'il y a une flambée...
03:49 Je ne sais pas d'où part l'idée qu'il va y avoir une flambée des carburants.
03:52 D'accord, c'est vrai que l'OPEP a dit qu'elle allait réduire sa production, etc.
03:57 Mais objectivement, du point de vue du terrain, des stations de service Leclerc,
04:02 je peux vous dire qu'on n'a pas pour le moment de signe précurseur
04:06 d'une flambée plus grande que celle qu'il y a.
04:08 On a déjà pris 20 centimes du litre sur le gasoil depuis le début de l'année.
04:12 C'est déjà beaucoup, mais c'est...
04:16 Pour le moment, je ne sais pas ce qui a provoqué cette dramatisation,
04:20 cette fixation sur le prix des carburants.
04:21 Ce qui est certain, c'est que nous, Leclerc, en tout cas,
04:24 on sera très présents sur toute opération de prix coûtant,
04:27 prix moins cher sur les carburants.
04:30 Et je pense que mes collègues de la distribution
04:32 ne nous laisseront pas ce leadership.
04:35 Donc, ils viendront batailler avec nous.
04:38 Mais passer à un seuil symbolique,
04:40 c'est vrai que ça va fonctionner quand même beaucoup
04:42 dans le pouvoir d'achat, notamment de ceux qui ne peuvent pas
04:44 se priver de leur voiture.
04:46 Et donc, passer à un certain seuil, c'est forcément l'État
04:49 qui, à un moment donné, devra réguler le poids des taxes
04:52 et jouer à travers ça.
04:53 Mais je pense qu'on y est pas prêt à le faire.
04:55 Louis Dargenelle ?
04:56 Je voulais juste revenir sur le fiasco du gouvernement.
04:59 C'est quelque chose qu'on assiste rarement à ce genre de choses.
05:02 C'est à dire que 100% des acteurs auxquels le gouvernement fait la proposition
05:06 disent "Nietzsche, c'est une mauvaise idée, on n'en veut pas".
05:09 Comment est-ce que c'est possible ?
05:12 C'est à dire que vous parlez quasiment toutes les semaines,
05:14 voire tous les jours avec des acteurs du gouvernement.
05:16 Manifestement, vous n'avez pas été informé en amont de cette proposition.
05:20 Comment est-ce que vous expliquez ça ?
05:21 C'est à dire que vos relations sont si mauvaises
05:23 qu'on a l'impression de voir deux camps qui s'opposent,
05:25 le gouvernement et de l'autre côté,
05:27 les distributeurs de carburant et de la grande distribution.
05:30 Votre remarque est intéressante.
05:32 Il y a un sujet politique qui n'est pas décrit.
05:36 Mais en fait, moi, je fais moins de fixation sur...
05:41 Je ne vais pas taper sur Elisabeth Borne.
05:43 Je trouve que c'est bien qu'elle ait été première ministre.
05:46 Elle prend en main le problème de l'inflation.
05:48 Ce n'était pas la bonne idée, ce n'était pas la bonne mesure.
05:51 Mais c'est la première fois qu'au sein du gouvernement,
05:55 que le tandem Olivia Grégoire-Bruno Le Maire
05:58 est relayé par la première ministre,
06:01 par d'autres membres du gouvernement
06:04 face à une majorité parlementaire
06:07 qui a voté des lois extrêmement inflationnistes depuis trois ans.
06:10 Donc le truc qui est en train de se passer là,
06:12 moi, je vois le côté positif de la chose.
06:15 Je comprends que sur le plan chronique,
06:17 sur le plan rédactionnel, c'est un fiasco, etc.
06:22 Mais sur le plan politique,
06:24 je pense qu'il y a une prise de conscience
06:26 qui est en train de se faire à travers justement Mme Borne.
06:29 C'est la prise de conscience que l'inflation menace aujourd'hui,
06:33 qui impacte très fort.
06:34 Et tout le baratin qui a été fait sur
06:36 "on est arrivé en haut du pic d'inflation,
06:38 ça va rebaisser l'après-Covid", etc.
06:41 Tout le monde voit bien que ce que j'avais dit chez vous,
06:44 l'inflation va s'installer durablement.
06:47 Alors il y a de l'inflation spéculative, l'inflation post-COVID.
06:50 Mais l'inflation devient le sujet politique majeur,
06:56 ce qui n'était pas la préoccupation première
07:00 de nombre de parlementaires.
07:02 Mais est-ce que vous avez été sondé avant que la première ministre
07:04 ne dévoile cette mesure dans les colonnes du Parisien ?
07:07 Est-ce que vous avez eu un coup de fil ?
07:09 Moi, non, mais je pense que...
07:10 Est-ce que vos équipes ont eu un coup de fil ?
07:12 Je pense que dans l'histoire,
07:14 le distributeur en question ne le dira pas,
07:16 mais je pense qu'il y a quelqu'un qui l'a suggéré, cette idée.
07:18 Un distributeur l'a suggéré ?
07:20 Ou il y a quelqu'un qui nous a attribué l'idée
07:21 que Leclerc pourrait profiter de la vente à perte pour cartonner.
07:25 Parce qu'en ce moment, on cartonne.
07:27 Ça, on sait, vous êtes à près de 25 % de parts de marché,
07:31 vous avez gagné en un mois un demi-million de clients.
07:34 Ça marche super bien.
07:35 D'ailleurs, vous dites beaucoup sur les plateaux
07:37 qu'il y a des gens pour qui ça profite, l'inflation.
07:39 On se dit que l'inflation, ça profite pas mal à Leclerc.
07:41 Il y a une différence entre le profit et le chiffre d'affaires.
07:43 Ce que je voudrais vous...
07:45 Je ne me plante pas, d'accord ?
07:47 Mais vous vous rappelez peut-être,
07:49 même si vous êtes tout jeune dans l'émission de Laurence Ferrari,
07:52 que je suis venu ici dire très tôt
07:56 l'importance de l'inflation qui s'installait,
07:59 la durabilité de cette inflation.
08:00 Et donc, les centres Leclerc,
08:02 on est une coopérative de commerçants indépendants.
08:04 On a pigé qu'on revenait à des situations
08:06 que moi, j'ai connues dans ma jeunesse.
08:08 On s'est mis en mode combat.
08:10 On a écarté nos prix de nos concurrents.
08:12 Ils ne nous ont pas vu venir.
08:13 Vous vous rendez compte, j'ai Leclerc dans tous les comparateurs,
08:18 même des professionnels d'Olivier Dauvert, Distripris, etc.
08:21 On est jusqu'à 30 points moins cher
08:23 que des groupes comme Casino, qui vont d'ailleurs très mal.
08:26 - Change de stratégie.
08:27 - Donc, il y a plus de 2 millions de consommateurs
08:29 qui, en un an et demi, sont venus dans les centres Leclerc.
08:33 Et donc, c'est évident qu'on a baissé beaucoup de prix.
08:38 Dès qu'on fait du profit, on le réinvestit dans la baisse de prix.
08:42 On a trois mois de retard dans l'application des tarifs.
08:46 Et c'est nos coopérateurs, nos propriétaires de magasins qui le font.
08:49 Et je ne vous dis pas ça sur le plan publicitaire.
08:51 C'est simplement que ça veut dire que politiquement,
08:53 il y a des gens qui se sont dit,
08:56 les Leclerc, ils sont capables, si on les autorise à vendre à perte.
08:59 - Ils le feront. - Ils le feront.
09:00 - Là, vous dites, on le fera pas.
09:02 - Je pense qu'il y a quelqu'un qui a dit ça.
09:03 - Vous dites, on le fera pas.
09:04 Parce que la mesure, elle va être sur la table.
09:06 Et de ce qu'on comprend, à partir du 1er décembre, elle existera.
09:08 - On sait pas. - Parce qu'il y a le risque.
09:10 - Vous n'êtes pas sûr que la mesure rentrera en vigueur le 1er décembre ?
09:12 - Non, et d'ailleurs, je n'ai pas pigé si c'est...
09:14 si on débloque le truc par décret ou par projet de loi.
09:18 Il y a un projet de loi.
09:19 - C'est dans le projet de loi sur les négociations commerciales.
09:21 - Vous l'avez vu ?
09:21 - Non, mais c'est censé être dans ce projet de loi.
09:23 - Vous l'avez vu ?
09:23 - Ah non, personne. - Moi non plus.
09:25 Alors, ce que je vous propose, c'est...
09:27 Je sais pas par quelle manière...
09:29 Je sais pas s'ils vont le maintenir.
09:31 Je sais pas si c'est dans le projet de loi ou dans un décret.
09:34 Par contre, il y a un projet de loi qui arrive
09:37 et qui est un projet de loi pour anticiper les négociations commerciales.
09:40 Et là, pour donner suite aux propos d'Olivier Agrégoire, Bruno Le Maire
09:46 et maintenant, Mme Borne,
09:48 pour qu'à travers les négociations,
09:50 les distributeurs puissent obtenir des industriels,
09:53 des baisses de prix significatives,
09:54 parce qu'il y a eu de l'inflation spéculative.
09:57 Et que les...
09:58 - Vous, vous dites jamais, en tout cas, de vente à perte ?
09:59 Vous dites jamais ?
10:00 - Jamais de vente à perte, vous dites ?
10:03 - Non, non.
10:04 - Pas aujourd'hui, mais pas demain, pas dans six mois, pas dans un an ?
10:06 - Non, non, oui, oui.
10:07 - Jamais ?
10:08 - Non, non.
10:08 Mais c'est pas un mode de fonctionnement.
10:09 Vous-même, CNews, j'espère pour vous que vous...
10:11 - Non, non, mais bien sûr, je vous pose la question.
10:13 - Michel est dans le clair.
10:14 - Je sais qu'à Aurore-Pain, il y avait des problèmes.
10:16 - On va parler de l'inflation sur les produits alimentaires.
10:19 On va juste écouter, si vous voulez bien,
10:21 la façon dont les consommateurs changent leurs habitudes.
10:24 On a interrogé un propriétaire de supermarché intermarché,
10:27 en l'occurrence, qui dit qu'il y a beaucoup de gens
10:29 qui arrivent à la caisse et qui laissent les articles
10:31 parce qu'ils n'ont pas de quoi payer.
10:32 Écoutez-les.
10:33 - Les gens achètent de moins en moins de marchandises
10:37 et malheureusement,
10:39 laissent de plus en plus de produits à l'arrière-caisse.
10:42 Quand ils arrivent au moment de payer,
10:43 bien souvent, ils se rendent compte qu'il n'y a plus assez.
10:46 Il n'y a pas assez dans le porte-monnaie,
10:47 donc ils laissent des articles à la fin du tapis.
10:50 Avant, c'était plutôt très rare.
10:53 Aujourd'hui, ça devient un peu trop régulier.
10:56 - Les gens ont beaucoup d'espèces
10:59 et je pense qu'ils relèvent en début de mois
11:05 pour ne pas être bloqués par les banques
11:07 et ils payent en cash.
11:09 Donc, c'est une chose qu'on a remarquée de plus en plus.
11:13 Ça fait à peu près six mois
11:17 qu'on a beaucoup plus d'espèces.
11:19 - Vous avez constaté ça aussi, Michel Dorlac-Claire ?
11:21 - Absolument. Ce que disent ces personnes d'intermarché,
11:26 d'abord, il y a une énorme attention au prix.
11:29 Un accroissement de la pauvreté, évident.
11:33 Les banques alimentaires le disent,
11:35 les restos, Ducœur, etc.
11:37 Une dérive,
11:39 ce qui était l'achat de produits de marque
11:41 devient aujourd'hui des produits de marque,
11:43 de distributeurs, parce qu'on est quand même
11:44 20-25 % moins cher que les grandes marques.
11:48 Souvent des premiers prix aussi,
11:49 des produits d'entrée de gamme.
11:52 Et nous, la marque Eco+
11:53 qui est notre produit de premier prix,
11:56 c'est plus 40 % de croissance.
11:58 Donc, même quelquefois, il y a des ruptures dans les rayons.
12:00 Je vois les photos derrière.
12:02 Il y a une très, très forte demande.
12:05 Et donc, cette sensibilité au prix,
12:07 elle manifeste évidemment un impact
12:09 sur le pouvoir d'achat des Français.
12:11 Et c'est ce qui en fait un problème politique.
12:14 C'est ce qui en fait un problème politique.
12:15 Et donc, dans le projet de loi à l'Assemblée nationale,
12:19 la question est de savoir si on va avoir les moyens
12:22 de ce que l'inflation soit moindre.
12:23 Et à défaut d'avoir des baisses de prix spectaculaires
12:26 qu'on n'aura pas,
12:28 puisque l'énergie, la géopolitique aussi,
12:31 fait qu'il y aura des tensions tout le temps,
12:34 il faut au moins qu'il y ait plus de concurrence en France
12:36 et que les lois qui soient inflationnistes
12:38 soient moratoriées, soient levées et nettoyées.
12:42 Laquelle loi ? Vous pensez à la loi des creux d'ailes ?
12:44 Par exemple, c'est Alexandre Bompard de Carrefour
12:48 qui le disait.
12:50 C'est quand même incroyable, en plein moment
12:52 où on nous demande éventuellement de vendre de l'essence à perte,
12:55 on nous demande de réduire les promotions sur les détergents
12:58 et sur les produits de santé, d'hygiène et de beauté.
13:01 Il n'y a aucune logique à ça.
13:03 Je ne sais pas s'il y a un lobby derrière.
13:05 J'imagine qu'il y a un lobby derrière.
13:06 Ils n'aiment pas les députés quand je dis ça,
13:08 mais j'imagine qu'il y a un lobby derrière.
13:10 Mais ça n'a aucune rationalité.
13:12 D'accord ? Donc cette loi, elle sera applicable
13:14 au 1er avril 2024, c'est-à-dire à la fin
13:17 des négociations commerciales normalement.
13:19 Et là, on nous dit non, non, les protections menstruelles,
13:23 tout ça, vous n'avez pas le droit de faire plus de temps de promo
13:26 et c'est massifié.
13:28 Je n'ai jamais vu ça.
13:29 45 ans de métier, ça déconne.
13:31 Mais dans la loi qui existe aujourd'hui
13:34 et qui était censée aider les agriculteurs français,
13:38 moi, je suis pour qu'on garde dans la loi
13:40 ceux qui privilégient l'agriculture française,
13:42 les PME françaises, les productions françaises.
13:45 Mais on m'oblige dans la loi Egalim,
13:47 aujourd'hui, ça s'appelle Egalim, sous prétexte d'aider le paysan.
13:52 On m'oblige à prendre 10% de marge minimum sur le Coca-Cola,
13:56 sur du chocolat qu'on ne produit pas en France,
13:57 sur du café qu'on ne produit pas en France.
14:00 Et donc, dans l'alimentaire qui a augmenté de 20%,
14:04 il y a une part de loi française qui déconne.
14:06 Et donc, j'espère que les parlementaires,
14:09 même s'ils les irritent,
14:10 même s'ils cristallisent sur Michel-Edouard, etc.
14:15 Je voudrais qu'il y ait quand même...
14:17 Vous trouvez qu'il y a trop de lois
14:18 qui vous contraignent dans l'organisation de votre activité ?
14:22 Je pense que...
14:22 L'État est trop présent chez vous ?
14:23 On a eu la déflation pendant très longtemps.
14:26 Et donc, culturellement, patronat, député,
14:30 décideur public, enfin privé au public,
14:34 tout le monde a dit que ce n'est plus une priorité, l'inflation.
14:38 Et donc, on n'a pas étudié l'impact d'un certain nombre de mesures
14:42 sur le pouvoir d'achat, sur le portefeuille des Français.
14:45 Or, aujourd'hui, cet impact sur le pouvoir d'achat des Français,
14:47 menace notre démocratie,
14:49 mais menace aussi, tout simplement, la croissance française.
14:53 Parce que c'est la consommation française qui tire la croissance.
14:55 Même si ça va un petit peu mieux,
14:57 parce qu'on a vendu des paquebots sur le commerce extérieur
15:01 et qu'on vend des produits de luxe très bien aux Chinois, aux Coréens, etc.
15:05 La réalité, c'est que c'est la croissance de l'agroalimentaire français,
15:09 des produits de consommation courante,
15:10 qui fait, aujourd'hui, que le PIB français augmente.
15:14 La santé économique du pays.
15:15 Et donc, pour moi, il faut l'urgence,
15:18 et c'est mes collègues de Leclerc,
15:19 et je pense plus Leclerc que d'autres distributeurs,
15:24 on demande, aujourd'hui, que par décret ou par la loi,
15:28 on nous laisse faire plus de promos
15:31 sur des produits de consommation courante,
15:32 sur des produits conduits.
15:33 Vous voulez plus de liberté.
15:34 Plus de liberté, donc on nettoie
15:36 sur un plus législatif qui nous l'interdit,
15:38 et aussi qu'on lève cette obligation
15:41 de faire des marges sur des produits alimentaires
15:44 qui ne profitent qu'aux multinationales.
15:46 Mais ça ne pénaliserait pas les paysans, on est d'accord.
15:49 Je suis d'accord avec ça, et je ne veux pas mettre le feu.
15:52 On a un nouveau président de la FNSEA,
15:54 qui n'est pas un petit paysan,
15:55 c'est le président du groupe Avril,
15:57 qui fait l'huile d'ocieux, etc.
15:59 Aurélien Rousseau.
16:00 Oui, et qui est quelqu'un de très structuré.
16:03 Vous entendez bien avec Aurélien Rousseau ?
16:04 Je voudrais bien, j'espère le rencontrer,
16:08 mais en tout cas, il n'y a pas de polémique entre nous,
16:10 et je trouve que, au début, je me disais,
16:12 c'est assez bizarre que le monde paysan
16:14 prenne un des plus capitalistes du monde paysan
16:18 pour les représenter, mais en même temps,
16:20 ce sont des gens qui sont successifs,
16:22 ils ont une tête bien organisée,
16:24 ils connaissent la géopolitique et l'impact
16:27 des enjeux agroalimentaires internationaux,
16:31 et donc, je pense que, sans toucher...
16:34 Oui, mais quand on parle du consommateur,
16:36 on m'oppose toujours aux paysans.
16:37 Donc, j'insiste sur ces news,
16:40 c'est aussi vos auditeurs,
16:42 j'insiste, sans toucher à tout ce qui pourrait
16:44 impacter négativement,
16:47 en ne touchant pas à ce qui pourrait impacter
16:48 négativement le revenu des agriculteurs,
16:50 des PME françaises,
16:52 je pense qu'il faut, aujourd'hui,
16:53 arrêter de faire en sorte que les grosses multinationales
16:57 qui se planquent derrière les paysans français
16:59 ramassent des profits,
17:02 alors qu'on pourrait, aujourd'hui,
17:05 alléger le budget des Français.
17:06 Est-ce que vous avez des inquiétudes,
17:07 M. Léodore Leclerc, sur certains produits
17:09 dont le prix va augmenter très clairement
17:10 dans les prochains mois ?
17:11 Il y a quelques jours,
17:12 M. Cotillard, des trois mosquetaires
17:14 et des sauces plateau, il avait peur pour le cacao,
17:16 notamment, est-ce que vous partagez
17:17 ces inquiétudes ?
17:18 M. Cotillard, ce n'est pas que les trois mosquetaires,
17:20 il y en a 1 500 ou 1 600.
17:22 Vous avez raison, il y en a plusieurs.
17:24 C'était la petite blague de Michel Dandrichère.
17:26 Vous avez une fric concurrentielle.
17:28 Sur quels produits vous avez peur que ça augmente ?
17:29 Vous savez, il s'est passé un truc,
17:31 c'est pendant la crise du Covid,
17:32 nous, les distrib...
17:33 Pendant que l'État...
17:35 Les distributeurs, on n'a jamais eu la cote,
17:37 des élites, des...
17:40 Et c'est...
17:41 Je ne veux pas faire du populisme,
17:42 on n'a jamais eu la cote.
17:43 Vous préférez avoir 25 % de peur de marché
17:45 que la cote des élites ?
17:46 Comme ils étaient incapables d'acheter des masques,
17:47 figurez-vous que c'est Intermarché Leclerc-Carrefour
17:50 qui sont allés chercher les masques.
17:52 Et donc, on s'est soudés,
17:53 on a appris à travailler ensemble,
17:55 donc on est très sportifs.
17:56 C'est-à-dire qu'on veut gagner,
17:57 le Tour de France ou les Bleus,
17:59 on veut gagner,
18:00 c'est Leclerc qui gagnera d'ailleurs.
18:02 Et...
18:03 Michel Hidalgre reste peu de temps.
18:05 Mais on se respecte.
18:05 Les produits qui vont augmenter, c'est quoi ?
18:07 Quels sont les produits qui vont augmenter ?
18:08 Je ne sais pas,
18:09 je vais aller chercher des produits qui vont baisser.
18:11 Toute l'équipe de Leclerc,
18:13 et c'est pour ça que je n'étais pas à Paris,
18:15 on était réunis en séminaire,
18:18 toute l'équipe des acheteurs de Leclerc,
18:20 on veut profiter d'avoir une parole publique forte
18:25 avec Bruno Le Maire.
18:26 Je ne me retranche pas derrière un parti politique,
18:31 le fait qu'il soit au pouvoir.
18:33 Il nous donne l'occasion d'aujourd'hui
18:35 d'aller rechercher auprès des industriels,
18:38 des industriels multinationaux,
18:41 des baisses substantielles de prix
18:42 et en tout cas de maîtriser cette inflation.
18:45 Donc moi, je ne vais pas vous parler des produits qui vont monter.
18:47 Mais il y en aura quand même.
18:48 Je peux vous dire des produits qui vont baisser,
18:50 par exemple les jouets à Noël.
18:51 Parce que les jouets à Noël,
18:53 on les a achetés il y a un an
18:55 et M. Saadet, transporteur,
18:58 je ne sais plus, CGR, CGM,
19:01 avait rebaissé ses tarifs.
19:02 Donc normalement, les jouets vont baisser.
19:05 C'est une bonne nouvelle.
19:06 C'est votre concurrent Thierry Cepfian.
19:08 C'est la fin de l'émission, merci beaucoup Baptiste Morin,
19:10 c'était super.
19:11 Merci Michel-Édouard Leclerc.
19:13 Bonne chance pour...
19:14 Il faut rester positif, il faut bien battre.
19:16 On va s'en sortir ou pas de cette inflation ?
19:17 Mais oui !
19:18 Les prix reviendront un jour à la normale ou pas ?
19:20 Non mais attendez, moi je suis volontariste.
19:23 Quand je tiens un discours négatif voire critique,
19:28 c'est parce que je suis un homme d'action
19:29 et je suis avec des hommes d'action
19:31 et des femmes d'action, pardon.
19:33 Oui ou non, on reviendra un jour à une inflation
19:36 avec des prix normaux ou pas ?
19:37 Oui, l'année prochaine, on reviendra de toute façon
19:40 avec des prix normaux, ça je vous promets.
19:41 Petit message d'espoir.
19:42 Merci Michel-Édouard Leclerc, Louis Dragnel, Baptiste Morin.
19:43 Dans un instant, Hélène Zellany,
19:45 disseur européen pour la formation Christine Kelly.
19:47 Pour Faceinfo sur CNews, bonne soirée à vous sur nos deux antennes.
19:50 [Musique]

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