La séance est levée - David Assouline

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La séance est levée propose des portraits exclusifs de sénateurs sortants ayant décidé de ne pas renouveler leur mandat.
La rédaction revient sur le parcours de sénateurs ayant marqués le Palais du Luxembourg par leur vie politique, leur engagement, leur personnalité, mais aussi leur coup de sang. Parmi ces sénateurs, Eliane Assassi, Pierre Laurent, Gérard Longuet ou encore Jean-Pierre Sueur reviendront sur les grands moments de leur mandat au Sénat.
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Transcript
00:00 (Générique)
00:10 - Qu'est-ce que vous allez lui dire au ministre ?
00:12 - On veut le retrait du projet de Vaquet.
00:14 Pour retrouver les premiers pas de David Assouline en politique,
00:17 il faut remonter jusqu'à sa tendre jeunesse.
00:20 Au lycée, puis à l'université,
00:22 c'est par le syndicalisme que le jeune étudiant se lance dans la bataille.
00:26 - Les centaines de milliers d'étudiants qui sont montés de toute la France
00:31 n'ont rien obtenu de plus.
00:33 Donc, les centaines de milliers d'étudiants
00:37 qui ont payé parfois cher leur voyage, comme ceux de Marseille,
00:42 n'ont pas été écoutés.
00:46 - Quand on est sortis et qu'on traversait les cordons de policiers
00:50 sur la place des Invalides pour rejoindre
00:53 les centaines de milliers de manifestants
00:55 qui attendaient notre compte rendu,
00:57 eh bien, tout de suite, même sur le camion sono
01:02 sur lequel j'étais pour parler,
01:05 c'était des tirs de grenade et à tirs tendus sur la foule et sur le camion.
01:11 - Antiracisme et lutte contre l'extrême droite
01:14 font l'essence de son engagement
01:16 quand, dans le milieu des années 80,
01:18 il participe à la marche des Beurs
01:20 ou aux manifestations contre le projet de loi de Vaquet
01:23 qui mèneront à la mort de Malik Oussekine.
01:25 - C'est quelque chose qui m'a marqué
01:30 parce que la responsabilité d'un mouvement aussi massif
01:34 qui a fait chanceler le gouvernement
01:38 et probablement qui a fait trébucher Jacques Chirac,
01:41 qui était premier à être président de la République en 88,
01:44 et qui l'a pas été probablement
01:47 parce qu'il s'est mis la jeunesse à dos à ce moment-là.
01:52 La violence, mais c'était des violences policières
01:55 très fortes qui ont abouti à cette mort,
01:58 c'est quelque chose qui m'a tout de suite fait conjuguer
02:02 engagement, détermination, mais aussi responsabilité.
02:11 - Longtemps adhérant à la Ligue révolutionnaire communiste,
02:14 David Assouline fait le pari de suivre Pierre Jucquin
02:17 pour sa première campagne présidentielle.
02:19 Puis du rouge, le Parisien Viro Rose
02:22 à l'approche des élections municipales de 1995
02:25 et contribue à la bonne percée des socialistes dans la capitale.
02:29 Si la ville reste à droite,
02:31 la gauche obtient six mairies d'arrondissement,
02:33 les prémices d'un long règne à venir.
02:35 - On est venu me chercher en 95, dans le XXe.
02:38 C'était à l'époque le 20/20 de la droite.
02:43 20 arrondissements sur 20
02:45 étaient avec Jacques Chirac et avec la droite.
02:48 Dans le XXe arrondissement,
02:51 comme dans plusieurs quartiers populaires,
02:54 on sentait que c'était plus tellement accepté
02:58 et qu'il y avait un mouvement associatif très fort
03:03 et une gauche qui était prête à comprendre
03:10 les attentes des Parisiens dans ces quartiers populaires.
03:15 - En 2001, c'est l'alternance à l'hôtel de ville.
03:18 Dans le sillage de Bertrand de la Noé,
03:21 David Assouline devient adjoint au maire,
03:23 chargé de la vie étudiante
03:25 et s'investit notamment sur les hébergements.
03:27 - On me disait qu'on ne pouvait pas construire à Paris.
03:30 Il n'y avait pas d'endroit.
03:32 C'est dense, il y a le privé.
03:35 Donc je prenais ma bagnole
03:38 et à chaque fois que je voyais une dent creuse,
03:41 j'appelais les servis.
03:43 C'est comme ça que je bossais.
03:46 On en a construit beaucoup, 4000 en 3 ans.
03:50 - Des attributions qu'il gardera jusqu'en 2004
03:53 et son entrée au Sénat.
03:55 - Tout le monde me dit que je vais m'en croûter.
03:59 Cette tension sera encore plus forte.
04:02 C'est un challenge que je me donne à moi-même.
04:05 - J'avais une image d'une chambre vieille et vieillie.
04:10 Je m'interrogeais sur son utilité réelle.
04:14 Je suis obligé de vous dire, après tout ce cheminement,
04:18 ce que j'en pense aujourd'hui.
04:21 J'ai compris que cette chambre était utile et nécessaire
04:25 parce que si elle le voulait,
04:28 elle pouvait être la vraie garante
04:31 de la séparation des pouvoirs
04:34 et d'une délibération parlementaire libre
04:37 et non dictée par l'exécutif.
04:40 - Alors que le socialiste découvre le travail de parlementaire,
04:44 au sein de son parti, il choisit son camp
04:47 et fonde aux côtés de Vincent Péillon,
04:50 de Benoît Hamon et d'Arnaud Montebourg,
04:53 le nouveau parti socialiste.
04:56 Plus tard, c'est derrière Ségolène Royal
04:59 que le militant parisien se range
05:02 en vue de l'élection présidentielle.
05:05 - Dans l'avenir, il y avait des dizaines de milliers de gens
05:09 qui n'étaient pas dans les partis qui venaient avec enthousiasme.
05:13 Quand on arrivait avec Ségolène Royal dans un quartier populaire,
05:17 c'était presque l'émeute d'enthousiasme.
05:20 - Dans le même temps, au palais du Luxembourg,
05:23 l'élu parisien se prend de passion
05:26 pour des sujets tels que l'audiovisuel.
05:29 - Aujourd'hui, ministre, vous engagez-vous à agir
05:32 pour que la liberté et l'indépendance soient garanties
05:35 et pas celui où on aime d'abord et toujours le président Sarkozy ?
05:38 - L'indépendance de la presse, il en fera son cheval de bataille
05:41 dès 2009 avec une proposition de loi conjointe
05:44 avec le député socialiste Patrick Bloch
05:47 contre la concentration des médias.
05:50 - Certains disent que les milliardaires ne s'ingèrent pas
05:53 parce qu'ils sont gentils.
05:56 Mais s'ils étaient méchants ?
05:59 - C'est le domaine qu'ils défendront à l'occasion
06:02 d'une commission d'enquête face au tout-puissant Vincent Bolloré.
06:05 - Je n'ai pas le pouvoir de nommer qui que ce soit
06:08 à l'intérieur des chaînes.
06:11 - Et voilà que Bolloré arrive, démocrate chrétien
06:14 il y a moins d'une dizaine d'années,
06:17 passé à l'extrême droite,
06:20 qui pense avoir une mission civilisatrice,
06:23 qui pense que ce grand remplacement
06:26 de la vieille France chrétienne
06:29 qui est devenue sa cause,
06:32 et voilà qu'il met tout ça au service de cette idéologie.
06:35 Et on se rend compte qu'on peut se réveiller
06:38 avec la gueule de bois.
06:41 Parce que je le répète, ça c'est la bataille culturelle.
06:44 C'est comme ça que l'extrême droite peut arriver au pouvoir.
06:47 - Une fonction de contrôle que l'intéressé prend au mot.
06:50 Son dernier combat sur les bancs de l'hémicycle,
06:53 le 23 octobre 2023, contre la réforme des retraites.
06:56 - Allez-vous encore empêcher ce débat en le brutalisant ?
06:59 - Un combat coordonné pendant une dizaine de jours
07:02 entre les différentes composantes de la gauche.
07:05 - Nous, notre stratégie va être très combative,
07:08 en écho avec le mouvement syndical,
07:11 avec cette mobilisation qui convainc
07:14 une majorité de Français jusqu'à présent,
07:17 mais en même temps en jouant notre rôle de parlementaire.
07:20 - Avec au bout, un constat d'échec.
07:23 - Être opposant, je l'ai été quasiment tout le temps
07:26 dans cet hémicycle, d'abord parce que la majorité,
07:29 à part 3 ans que j'ai vécu, est de droite.
07:32 Mais aussi vis-à-vis du pouvoir,
07:35 à part sous le quinquennat de François Hollande.
07:38 Mais justement, je me suis dit, j'ai attendu ce moment
07:41 où la gauche allait gagner et finalement,
07:44 le fonctionnement des pouvoirs
07:47 sous la Ve République a toujours été,
07:50 même pour la gauche, de tenir très peu compte du parlement.
07:53 Et donc, beaucoup d'insatisfaction,
07:56 même quand le pouvoir est de tomboir politique.
07:59 - Après 19 ans au palais du Luxembourg
08:02 et près de 50 ans d'engagement,
08:05 le socialiste parisien s'apprête à rendre l'écharpe,
08:08 mais garde un oeil à viser sur cette vie politique
08:11 qu'il anime encore.
08:14 - Il est clair qu'après l'expérience Macron,
08:17 s'il n'y a pas la gauche en capacité de gagner,
08:20 c'est l'extrême droite qui sera au pouvoir.
08:23 Alors je répète, sur le plan politique,
08:26 il faut une autre offre attractive pour l'empêcher.
08:29 Sinon, inéluctablement, ça sera elle.
08:32 - S'il rend les clés de son casier
08:35 et de son bureau rue de Vaugirard,
08:38 l'ancien élu du XXe ne sera jamais bien loin.
08:41 Il continuera d'arpenter les rues de la capitale
08:44 qui un jour lui ont donné la fièvre de la politique.
08:47 - Les jeunes sont prêts, mais il faut que l'offre politique
08:50 vienne répondre et à leur audace et à leurs aspirations.
08:53 Donc l'optimisme, c'est que je pense
08:56 qu'il y a beaucoup de talent
08:59 et de force dans la nouvelle génération.
09:02 Et de liberté, de liberté dans leur tête,
09:05 plus que dans la vie politique.
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