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00:00 Et puis avant tout ça, vous le savez, c'est mon boulot chaque matin sur France Bleu Touraine,
00:03 c'est avec vous, Emilie Mendoza, bonjour !
00:04 Bonjour Nicolas !
00:05 Des métiers mal connus, méconnus, inconnus, même parfois pour certains,
00:10 comme celui de votre invité ce matin.
00:12 Il est tailleur de pierre, bonjour Franck Moreau !
00:14 Bonjour !
00:15 Alors à quel moment vous vous êtes dit "j'ai envie d'être tailleur de pierre"
00:18 parce que ce n'est pas une matière qu'on découvre au collège ?
00:21 Non, non, non, ce n'est pas une matière qu'on découvre au collège,
00:23 c'est une matière que j'ai découverte avec mes parents tout simplement,
00:27 en allant de château en château et c'est comme ça que la passion est venue.
00:33 Au moment du fameux collège dont vous parlez, on fait des stages
00:37 et à l'âge de 15 ans j'ai fait un stage chez un tailleur de pierre.
00:39 Et est-ce qu'aujourd'hui vous travaillez parfois dans des châteaux pour de la taille de pierre ?
00:44 Je travaille beaucoup pour des manoirs,
00:46 les châteaux sont encore réservés à une certaine élite, mais oui.
00:50 Est-ce qu'il faut beaucoup d'années de formation pour devenir tailleur de pierre ?
00:54 La formation initiale du tailleur de pierre et le CAP, elle dure deux années
00:59 et après on peut suivre un cursus qui est un peu plus différent,
01:02 on peut aller chez les compagnons du devoir du Tour de France
01:06 et de là après enchaîner les formations pour se spécifier
01:09 et ça peut durer jusqu'à 11 ans de formation au total.
01:13 Et aujourd'hui, vos clients c'est qui ?
01:15 Des particuliers, des monuments historiques, des institutions ?
01:19 On travaille essentiellement pour des particuliers,
01:23 on a aussi des demandes auprès des architectes,
01:25 des architectes des bâtiments de France qui des fois nous appellent et nous demandent quelques conseils,
01:31 et aussi quelques communes.
01:34 Dans ma boîte à outils j'ai un stylo et un clavier d'ordinateur,
01:39 vous dans la vôtre on trouve quoi ?
01:41 Eh bien le fameux ciseau.
01:44 Est-ce que c'est des ciseaux comme ceux avec lesquels on coupe le papier ?
01:48 Du tout, du tout, pour schématiser on va utiliser le terme d'un burin,
01:51 mais du coup les ciseaux de taille de pierre sont différents des ciseaux des menuisiers,
01:57 ils ont différentes tailles, différentes formes et servent pour chaque moulure différemment.
02:02 Donc c'est tout à la main votre métier ?
02:04 C'est tout à la main, il s'est mécanisé avec le temps, forcément,
02:07 question de rendement et de rapidité, mais oui, essentiellement à la main.
02:12 Et le digital fait partie aussi du quotidien, l'ordinateur ?
02:16 Le digital fait partie du quotidien, c'est un bon outil de communication aussi,
02:20 on peut faire tout simplement nos relevés et après les inscrire sur notre ordinateur
02:26 et envoyer toute la feuille de débit à nos carrières,
02:29 qui nous débitent les pierres pile poil à la taille et après nous on vient les poser
02:33 et quand il faut s'adapter on vient les tailler.
02:35 Mais maintenant oui, l'informatique fait grande partie du métier.
02:38 Et est-ce qu'il faut avoir des qualités artistiques pour être tailleur de pierre ?
02:43 Alors il faut avoir la firme artistique, il faut avoir la passion aussi,
02:48 tout simplement du bâtiment, parce qu'on peut tomber sur des bâtiments
02:51 qui demandent beaucoup de travail en moulure,
02:53 et il faut savoir se projeter de ce que l'on veut faire,
02:56 est-ce qu'on peut refaire la moulure à l'identique ?
02:59 C'est là toute la question, et effectivement il faut être passionné.
03:03 Et sculpteur, c'est la même chose, c'est la même famille ?
03:06 Absolument pas, on s'entend bien sur les bâtiments, il n'y a pas de soucis,
03:10 chacun a sa partie, le tailleur de pierre va faire des moulures,
03:14 donc c'est des lignes droites avec des formes géométriques bien strictes,
03:19 et le sculpteur va plus aller chercher les courbes, les formes,
03:22 et représenter des personnages.
03:24 Donc souvent on leur pose le bloc capable, ce qu'on appelle le bloc au carré,
03:28 et lui vient tailler toute la sculpture dedans.
03:30 Donc vous êtes plus carré justement dans votre travail.
03:34 Et c'est quoi le chantier qui vous a le plus marqué ?
03:37 Alors nous le chantier qui nous a le plus marqué, c'était l'année dernière,
03:42 c'était rue Émile Zola, juste à côté du lycée Saint-Ursul,
03:46 un bâtiment abandonné depuis 5 ans, qui a subi les dégâts d'eau et de feu,
03:52 qu'on a entièrement refait avec un cabinet d'architectes,
03:55 et c'était beaucoup beaucoup de travail, c'était 9 mois, 9 mois de travail au total.
04:00 À combien de personnes sur le chantier ?
04:02 Eh bien j'étais tout seul, j'ai fait façade par façade,
04:06 d'ailleurs mes confrères d'autres métiers me disaient "y ont tant veut",
04:10 et après j'ai embauché une personne pour me donner la main,
04:12 et on a rendu le chantier sur fin d'été.
04:17 Et au moment du démontage et d'échafaudage,
04:18 on a été félicité par un bon nombre de passants.
04:21 Moi j'avais une question à vous poser, mais c'est pas physique comme métier ?
04:24 J'imaginais quelqu'un d'extrêmement costaud,
04:28 à taper sur la bière toute la journée...
04:29 Ne vous vexez pas, ne vous vexez pas !
04:31 Mais pas du tout, y a aucun jugement là-dedans,
04:33 mais je pensais peut-être à tort que le métier était extrêmement physique,
04:37 extrêmement dur, ne soit-ce que parce qu'on respire des poussières de pierre, etc.
04:41 C'est le cas ou pas ? Est-ce que c'est une idée reçue ?
04:43 C'est une idée reçue, puisque vous me voyez, je suis carré sous ma chemise,
04:49 mais effectivement on pense tout de suite à tailleur de pierre,
04:53 un petit peu au personnage Thor, quelqu'un qui est très baraqué...
04:56 Le gros marteau tout ça, oui.
04:56 Oui le gros marteau, c'est ça,
04:58 et effectivement on a des collègues qui sont baraqués,
05:01 et on en a qui le sont un peu moins.
05:03 Mais...
05:03 La force tranquille.
05:04 Voilà, c'est ça.
05:06 Non, non, c'est quand même un métier physique,
05:07 on prend la poussière, ça faut pas l'oublier.
05:10 C'est peut-être le mauvais côté quand même.
05:11 C'est le mauvais côté, le côté physique aussi, il en prend un coup.
05:14 Oui, les images, oui.
05:15 Y a des pierres qui peuvent être très très lourdes.
05:17 Ça peut aller jusqu'à combien ?
05:18 Et bien, tout simplement, 50 kilos, c'est déjà pas mal pour une seule personne.
05:24 Oui, ça fait un sac de ciment, donc c'est lourd.
05:25 Voilà, les anciens sacs de ciment, maintenant c'est 25 kilos.
05:28 C'est vrai.
05:28 Mais oui, 50 kilos c'est déjà pas mal, mais ça peut monter à 100 kilos manuellement,
05:32 et après on utilise tout simplement des systèmes de levage.
05:35 Voilà, mais oui, ça reste un métier physique et mental.
05:38 Physique mais passionnant apparemment,
05:40 puisque ça fait déjà 17 ans que vous l'exercez,
05:42 et vous avez créé votre propre entreprise TMF Taille de pierre.
05:46 Là, vous avez d'autres tailleurs que vous formez alors ?
05:49 C'est ça, c'est ça.
05:50 Donc là, on en a un qui est en reconversion professionnelle,
05:54 qui n'est pas du tout du métier, mais qui se débrouille très bien.
05:57 On a un qui est arrivé tout récemment, qui lui est déjà un peu plus qualifié,
06:02 il a déjà 10 ou 12 ans de métier, et récemment un apprenti.
06:07 Et bien voilà, un métier qui attire les jeunes.
06:09 Merci beaucoup Franck Moreau.
06:10 Tant mieux, la relève est assurée.
06:12 Merci beaucoup Emilie Mendoza.