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00:00 - Emily Mendoza, bonjour Emily. - Bonjour Nicolas.
00:04 - Je ne vous demande pas si vous aimez la bière, j'ai déjà la réponse.
00:07 En revanche, avec vous on va découvrir un métier comme chaque matin,
00:12 des métiers pratiqués par des tourangeaux, par des tourangels,
00:15 c'est ça le principe de "c'est mon boulot" et votre invitée ce matin,
00:18 Emily, est cordonnière. - Et vous noterez que c'est bien
00:20 cordonnière au féminin, si je dis vaisin, bonjour.
00:23 - Bonjour. - Non seulement vous êtes cordonnière,
00:25 mais dans votre atelier de la cordonnière à Tours, vous n'êtes que des femmes.
00:29 C'est un métier qui se féminise ? - Oui tout à fait, plus ça va,
00:32 plus je n'ai que des personnes qui postulent, qui sont féminines.
00:38 - Et au quotidien, vous faites quoi ? Vous réparez des chaussures toute la journée ?
00:42 - Des chaussures, des blousons, de la maroquinerie, tout ce qui est en cuir.
00:45 À part tout ce qui est meuble en cuir, où on n'a pas de place,
00:49 et ça c'est un autre métier, mais voilà.
00:51 - Et si on vient avec des baskets, des sneakers, comme on dit, en toile,
00:56 ça marche aussi, parce que c'est pas du cuir ?
00:58 - Oui mais en fait, il faut savoir se diversifier.
01:00 Aujourd'hui on met de plus en plus de sneakers,
01:02 donc si on fait que des chaussures en cuir, on n'a plus de boulot après.
01:05 - Et on les jette aussi de plus en plus, il y a un roulement des chaussures,
01:07 maintenant les gens ont 5-6 paires de chaussures,
01:09 ils ne les refont pas, ils ne les réparent pas leurs chaussures, ils les jettent ?
01:12 - Ça commence à changer, on commence à revenir au fait de peut-être acheter
01:16 des produits qui sont réparables.
01:18 Aujourd'hui pareil, les fournisseurs proposent beaucoup plus de produits,
01:21 par exemple pour les sneakers, la forme un peu cuvette de la sneakers,
01:25 en fait ça on l'a en pièces détachées.
01:28 Vibram par exemple le propose, c'est une marque pour les smells,
01:33 on l'a beaucoup dans les chaussures de randonnée,
01:35 c'est une marque qu'on connaît bien en randonnée ou en chaussures d'escalade.
01:39 Et en fait eux proposent par exemple de la smell pour les sneakers,
01:42 de la smell pour les baskets,
01:44 on peut même changer sur les chaussures de running,
01:48 les baskets de running, ça peut se changer.
01:50 - Vu le prix, c'est peut-être des fois plus avantageux quand même de réparer,
01:53 parce qu'il y a des paires de chaussures qui dépassent très allègrement les 100 euros quand même.
01:57 - Clairement en dessous de 100 euros, ça ne vaut pas forcément le coût de changer,
02:01 à part si vraiment on est super bien ou que le modèle on ne le retrouve plus,
02:05 qui est un peu particulier,
02:07 mais très souvent on est sur des chaussures qui sont à plus de 100 ou 150 euros.
02:11 - Il faut faire ses calculs, voir si ça vaut le coût de réparer par rapport au prix d'achat.
02:16 - Oui après ça dépend si c'est une petite couture qui a sauté,
02:19 même une chaussure à 30 euros ça vaut le coût.
02:22 - Est-ce que ça suppose un gros investissement de départ de s'installer comme cordonnière,
02:26 parce que j'imagine volontiers des grosses machines pour certains travaux ?
02:30 - Alors on peut en trouver, très souvent on achète,
02:33 moi j'ai jamais acheté une machine neuve, là je vais acheter ma première machine neuve,
02:36 ça fait 6 ans, je vais acheter ma première machine neuve,
02:38 mais sinon j'ai que des machines qui ont plus de 30 ans,
02:41 parce que bon en fait ça... - C'est fiable et ça fonctionne.
02:44 - C'est ça, ça marche bien, en plus on peut les réparer nous-mêmes,
02:46 on achète les pièces détachées, un peu de bricolage, ça change.
02:50 - Et il faut du muscle pour faire fonctionner les machines,
02:52 ou pour travailler à la main le cuir ?
02:55 - Bon ça se fait les muscles.
02:57 - Donc ça muscle un petit peu comme...
02:59 - Ouais, ouais, personne ne veut faire de bras de fer contre moi maintenant.
03:02 - Et vous parlez de diversification, tout à l'heure,
03:04 pourquoi les cordonniers font des clés ?
03:07 Je ne comprends pas, ça n'est pas du travail du cuir les clés ?
03:10 - Alors nous on n'en fait pas, nous on ne fait pas de multiservices,
03:13 mais en fait le multiservice est venu à partir du moment où le métier,
03:18 où il y a eu l'industrialisation de la chaussure,
03:24 et en fait les cordonniers avant faisaient de la botterie,
03:26 donc ils fabriquaient des chaussures,
03:28 et à partir du moment où il y a eu l'industrialisation,
03:31 ils en fabriquaient de moins en moins,
03:33 pareil pour les cartables en cuir, ils en faisaient de moins en moins,
03:36 et il a fallu compenser avec une autre activité.
03:39 - Et quand on se forme aujourd'hui à la cordonnerie, en CAP,
03:42 il y a le côté "je fabrique aussi des clés" ?
03:45 - Aujourd'hui en cordonnerie, on a cordonnerie multiservices pour le CAP,
03:49 et après vous pouvez continuer avec un BTM qui lui par contre n'a plus de multiservices,
03:54 il est vraiment resté sur le travail du cuir, la chaussure, etc.
03:57 - Bon ben on saura où aller Nicolas pour faire une seconde vie à nos belles chaussures,
04:02 merci beaucoup Cindy Vézin !