20h France 2 du 11 Novembre 2004 - Mort de Yasser Arafat : Un Chapitre Historique se Clôt pour le Peuple Palestinien.

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00:00 [Musique]
00:06 Bonsoir à tous, merci de votre attention. Voici les titres de l'actualité de ce jeudi.
00:10 Après deux semaines d'agonie, Yasser Arafat est mort la nuit dernière à l'hôpital Percy de Clamart.
00:16 La France lui a rendu un hommage appuyé lors d'une brève cérémonie à l'aéroport de Villacoublet,
00:21 puis l'avion qui emporte sa dépouille a décollé en fin d'après-midi vers l'Egypte.
00:26 C'est au Caire que se dérouleront demain les funérailles officielles, mais l'inhumation aura lieu en Cisjordanie, à Ramallah,
00:32 et le corps sera posé symboliquement sur de la terre à portée de Jérusalem.
00:36 Dans les territoires, la nouvelle a été accueillie sans débordement, la succession est déjà en route.
00:41 Israël et les Etats-Unis appellent à un nouveau départ pour une solution au conflit.
00:46 Des signes d'apaisement en Côte d'Ivoire à la radio et à la télévision, les appels anti-français ont cessé,
00:52 des barrages ont été levés, de nouveaux avions ramenant des ressortissants français sont attendus ce soir à Paris.
00:58 Le 11 novembre, revue des troupes et gerbes de fleurs, Jacques Chirac célèbre les poilus de la Première Guerre mondiale,
01:04 ils étaient 36 l'an passé, ils ne sont plus que 15 encore en vie.
01:08 Une nouvelle affaire de pédophilie de grande ampleur, un instituteur à la retraite a reconnu des agressions sur 65 élèves
01:15 de 6 à 10 ans à Léon en Bretagne, il a été écroué.
01:19 Enfin la controverse sur l'ouverture des magasins les dimanches et jours fériés,
01:23 plusieurs manifestations ont eu lieu en France face aux centres commerciaux restés ouverts aujourd'hui.
01:29 Tout le monde s'y attendait mais le choc est bien réel, Yasser Arafat, 75 ans, est donc mort à des milliers de kilomètres
01:36 de cette Palestine dont il a incarné pendant 40 ans les rêves d'indépendance.
01:40 Cet état clamare près de Paris la nuit dernière, le récit de ces dernières heures, Christelle Bertrand, Pôle de Genève.
01:47 Depuis le 29 octobre, elle a veillé son mari jour et nuit.
01:52 Soir Arafat était allé le chercher malade en Palestine, elle le ramène chez lui pour qu'il y repose en paix.
01:59 Cette nuit soudain, l'activité devant l'hôpital est devenue inhabituelle, à la hâte on installe micro et projecteur.
02:09 Le médecin général sort alors de la nuit pour lire son ultime communiqué.
02:14 Monsieur Yasser Arafat, président de l'autorité palestinienne, est décédé à l'hôpital d'instruction des armées Persie à Clamart, le 11 novembre 2004 à 3h30.
02:31 En direct, le journaliste d'Al Jazeera annonce au monde arabe la confirmation officielle du décès.
02:39 Jacques Chirac avait été le seul chef d'état à se déplacer au chevet de Yasser Arafat. Ce matin, il est revenu soutenir sa famille dans le deuil.
02:47 Je suis venu m'incliner devant le président Yasser Arafat et lui rendre un dernier hommage.
02:57 J'ai présenté à son épouse, à sa famille, à ses proches mes très sincères condoléances.
03:07 En dehors, la tristesse se lit sur les visages des sympathisants palestiniens.
03:11 J'ai avant tout un sentiment personnel, Arafat me manque, il nous manque.
03:17 Ils sont nombreux à s'être déplacés à Clamart pour rendre un dernier hommage à leur leader.
03:23 La dépouille de Yasser Arafat quitte l'hôpital recouverte d'un drapeau palestinien.
03:33 Le matin et le midi, le vieux leader a entamé son dernier voyage.
03:37 Et au passage, notons que les causes officielles de la mort n'ont pas été communiquées.
03:42 La France qui lui a manifesté, on l'a entendu, un soutien constant depuis deux semaines, a ensuite rendu hommage aux chefs palestiniens à Villacoublet, sur l'aéroport, avant le départ du cercueil vers l'Egypte.
03:53 Thierry Curtet, Anne-Sophie Chemier-Lecompte.
03:58 Deux hommages militaires aux chefs de l'état. Huit soldats français portent la dépouille du vieux leader.
04:04 Un hymne national palestinien succède la marseillaise.
04:09 Le gouvernement français aux côtés de Souha Arafat, très ému. La délégation palestinienne est au complet.
04:19 Sous un ciel gris sombre et dans un vent glacial, le cercueil recouvert des quatre couleurs palestiniennes est chargé dans un airbus de l'armée de l'air.
04:28 La cérémonie a duré une trentaine de minutes.
04:31 400 palestiniens ou sympathisants n'ont pas été admis sur la base aérienne.
04:36 Ils attendent en sifflant les ambassadeurs des pays arabes soupçonnés d'avoir laissé tomber la cause.
04:42 Eux aussi rendent hommage aux chefs disparus.
04:48 Il n'y a pas quelque chose qui s'écroule. Il y a un combat qui doit continuer.
04:52 La chose la plus intéressante avec le président Arafat, c'est que le fait national palestinien a été reconnu internationalement.
04:59 Ce n'était pas le cas il y a 40 ans.
05:02 Autour du cercueil, aucun discours n'a été prononcé. Juste un instant de recueillement.
05:07 Souha Arafat monte dans l'avion qui emmène le corps de son mari.
05:11 L'airbus présidentiel quitte le sol français à destination de l'Egypte.
05:16 Le Caire où nous retrouvons en direct Bertrand Coque. Bonsoir Bertrand. L'avion est attendu ce soir vers 23h.
05:24 Demain matin, très peu sinon aucun chef d'état occidental n'assistera au funérail.
05:29 Oui David, on pourrait presque parler d'obsèques en famille.
05:35 Puisque ce sont essentiellement les rois et chefs d'état arabes qui assisteront demain à la cérémonie.
05:42 C'est la visite totalité des chefs d'état occidentaux ayant choisi de ne pas faire le déplacement.
05:46 Les grands pays européens comme la France seront représentés par leur ministre des affaires étrangères.
05:51 Alors cette cérémonie débutera vers 11h. Demain matin, elle sera brève, officielle, militaire et limitée disent les égyptiens.
06:00 Elle se tiendra à l'intérieur d'une enceinte militaire, toute proche de l'aéroport.
06:04 Elle sera entourée de mesures de sécurité exceptionnelles.
06:09 Les autorités qui ont accès à cette zone seront barrés et la foule ne sera pas autorisée à approcher.
06:13 Car les autorités craignent des débordements.
06:16 En effet les égyptiens trouvent d'abord cette cérémonie bien modeste.
06:20 Ensuite ils en veulent terriblement aux israéliens pour n'avoir pas permis que Yasser Arafat soit inhumé à Jérusalem.
06:25 Et puis la plupart d'entre eux sont fermement convaincus que le président palestinien n'est pas mort des suites d'une longue maladie mais qu'il a été empoisonné.
06:34 Et on a quelques manifestations demain devant les mosquées à l'issue de la grande prière de ce dernier vendredi du mois de ramadan.
06:39 Merci Bertrand. Et on l'a dit, l'inhumation aura lieu ensuite en Cisjordanie, à Ramallah, à tout près de la Moukata, l'immeuble où Yasser Arafat vivait reclus depuis 3 ans.
06:48 Un détail symbolique, c'est sur de la terre rapportée de Jérusalem qu'il reposera.
06:53 Ramallah où des milliers de personnes sont descendues dans la rue aujourd'hui est sans débordement.
06:57 Envoyé spécial Jacques Cardoz, Offset Nalbandian.
07:02 Dans son linceul, il reposera ici.
07:04 Mohamed Abdel Rahouf Arafat Al Koudoua Al Husseini, de son nom de guerre, Abu Ammar, sera enveloppé de la terre de Jérusalem, importée pour l'occasion.
07:13 Plus tard, une mosquée et un mémorial seront étifiés.
07:16 A l'extérieur de la Moukata, quelques-uns pleurent le président disparu, dans le calme, non sans inquiétude.
07:22 Tout va basculer, ça va être le désordre, peut-être même comme en Irak.
07:28 En fin de matinée, la ville connaît un mouvement de colère. Ils sont quelques centaines sur 40 000 habitants à manifester.
07:34 Arafat, tu es dans notre esprit, notre sang, nous te donnerons tout.
07:38 Nous irons jusqu'à Jérusalem, prie cela, millions de martyrs que nous sommes.
07:43 En ce jour, nous promettons comme tous les palestiniens de poursuivre notre lutte, notre combat.
07:49 Des enfants jusqu'aux anciens, nous irons jusqu'à Jérusalem pour déposer le drapeau du président devant une mosquée.
07:57 Voici l'autre visage de Ramallah aujourd'hui.
08:00 Des rues désertées, des commerces fermés au moins jusqu'à samedi, tandis qu'un deuil de 40 jours a été décrété.
08:07 Dans l'après-midi, nouvelle démonstration de force.
08:11 Les brigades des martyrs d'Al-Aqsa, ce mouvement terroriste né après la seconde intifada en 2001, menacent de nouveaux attentats.
08:18 Ceci devant les caméras du monde entier.
08:22 Nous allons étudier toutes les décisions des nouveaux dirigeants et en fonction de cela, nous prendrons nos propres décisions.
08:29 Un peu plus tard, l'un d'entre eux parle ouvertement d'attentat.
08:33 A quelques mètres de là, une chaise vide.
08:38 Un kéfié coiffe l'image du défunt, comme si celui qui s'était éteint ce matin ne pourrait être remplacé.
08:45 Jacques Cardos, qu'on retrouve en direct à Ramallah, bonsoir Jacques.
08:50 On peut dire en tout cas que, pour l'instant, les institutions palestiniennes ont fonctionné et la transition a commencé sans accroc.
08:56 Oui, le premier acte de cette succession, c'est la nomination ce matin d'Abou Mazen, Mahmoud Abbas de son vrai nom,
09:04 à la tête de l'Organisation de Libération de la Palestine, l'OLP, l'organe politique le plus important historiquement,
09:10 mais aussi parce que c'est celui qui prend les décisions politiques.
09:13 Le deuxième acte, c'est la nomination de Raoui Fatou, l'actuel président du Conseil législatif,
09:19 il est nommé à la tête de l'autorité palestinienne, la deuxième institution.
09:24 Le problème c'est que Raoui Fatou n'a pas l'envergure d'un chef, il n'a pas l'aura, c'est quelqu'un d'assez contesté.
09:31 L'autre raison pour laquelle il ne restera que 60 jours, c'est que c'est la loi fondamentale qui le dit,
09:36 qui fait office de constitution ici, dans les territoires palestiniens.
09:40 La loi fondamentale qui dit qu'il devrait y avoir des élections au-delà de ces 60 jours.
09:47 C'est qu'on voit mal comment ces élections pourraient être organisées auprès de l'opinion publique palestinienne,
09:53 compte tenu du morcellement des territoires.
09:56 L'autre solution envisagée, c'est qu'il y ait une élection au sein du Conseil exécutif.
10:01 Mais ce soir, ici, on s'agit beaucoup autour de la Muqata pour préparer les funérailles qui auront lieu, vous le savez, demain.
10:10 Ici, les pelteuses qui ont travaillé toute l'après-midi pour creuser la tombe du président Arafat,
10:16 continueront toute la nuit de travailler pour déblayer les gravats qui entourent et qui sont devant, à l'intérieur du quartier général.
10:26 La cérémonie doit avoir lieu demain, elle devrait durer deux heures, deux heures au-delà desquelles le président Arafat sera inhumé, ici, dans son quartier général à Ramallah.
10:35 Merci Jacques. Voilà, Mahmoud Abbas, numéro un de l'OLP, qui fait donc figure d'homme fort de cette nouvelle direction,
10:40 et qui est considéré comme un modéré, plutôt bien vu d'ailleurs en Israël et aux Etats-Unis.
10:45 En Cisjordanie toujours, quelques incidents entre lanceurs de pierres palestiniens et militaires israéliens, aujourd'hui, ils ont fait un mort côté palestinien.
10:52 Pour le reste, on le disait, la peine ou la colère sont restés plutôt contenus, y compris à Gaza, même si, là aussi, certaines organisations islamistes menacent directement Israël.
11:02 Gaza, reportage, Martine Larosse-Joubert, Gilles Jacquier.
11:07 Les rues de Gaza envahissent ce soir par une foule immense. Ton corps est parti, mais ton âme est parmi nous, crie les manifestants.
11:16 Repose-toi, nous continuons la lutte à ta place. C'est la fin du jeûne, la douleur explose.
11:24 Parmi eux, les brigades des martyrs d'Al-Aqsa, rebaptisées aujourd'hui brigades Arafat, un groupe armé proche de son mouvement, le Fatah, le discours est violent.
11:35 Notre réponse à la mort d'Arafat sera terrible à l'intérieur même d'Israël.
11:40 Toute la nuit, ils vont défiler. Des heures difficiles.
11:46 Ce matin, le chagrin des fidèles d'Arafat se dévoilait au grand jour dans son ancien quartier général.
11:53 Il l'a quitté pour Hamalaï il y a trois ans.
11:56 Reviens à Bouamar et continuons notre chemin ensemble, supplie cette femme.
12:02 Ces jeunes, eux, récitent des versets du Coran pour le repos de son âme.
12:06 A Bouamar est le symbole du peuple palestinien, crie celui-là, une ferveur à la mesure de leur douleur.
12:12 Au milieu d'eux, l'ancien chef de la garde rapprochée d'Arafat.
12:16 Le lion de la Palestine est parti aujourd'hui, nous dit-il.
12:20 Les places à la politique, avec les porte-parole des groupes armés du Hamas et du djihad islamique.
12:27 Cette nuit, nous avons lancé des roquettes contre les colonies de la bande de Gaza et ça va continuer.
12:32 Nous allons relancer l'intifada, notre résistance pour atteindre nos buts.
12:38 Un même discours, pour le moment, les groupes armés de Gaza s'unissent pour éviter les affrontements entre factions.
12:45 Des défilés politiques, mais aussi du recueillement.
12:48 Les Palestiniens balancent ce soir entre prière et vengeance.
12:55 Des groupes islamistes armés promettent de nouveaux attentats contre Israël.
12:58 Ils déclarent que la mort d'Arafat renforce leur détermination.
13:02 Et les territoires ont été bouclés aujourd'hui par Israël.
13:05 Alors, précisément, nous allons voir maintenant comment on a vécu cette journée en Israël,
13:08 où Yasser Arafat était considéré comme le principal obstacle à la paix.
13:12 Les réactions de la rue et des dirigeants en correspondance.
13:15 Charles Anderlin, Alain Greco.
13:17 Mecréfaïm est la rue branchée de Jérusalem.
13:20 Des vigiles sont postées à l'entrée de tous les cafés.
13:24 Un attentat a fait ici sept morts l'année dernière.
13:27 Deux autres attaques suissides ont été évitées de justesse.
13:31 Comme partout en Israël, on n'est pas mécontent de la disparition d'Arafat.
13:35 Le monde entier est en train de faire des honneurs de la mort d'Arafat,
13:42 alors qu'il devrait cracher sur lui parce qu'il est terroriste.
13:46 Mais nombreux sont les Israéliens pour qui la mort d'Arafat est porteuse d'espoir.
13:53 Je crois que le terrorisme va diminuer maintenant
13:55 et qu'on aura plus de chances de faire la paix avec nos cousins palestiniens.
13:59 Un ton que l'on retrouve même chez David Shapira,
14:02 porte-parole des implantations de Cisjordanie.
14:05 C'est la fin d'une époque, c'est la fin d'un régime corrompu,
14:10 c'est la fin aussi du terrorisme peut-être qui a été encouragé par Yasser Arafat.
14:14 Et puis c'est peut-être le début d'un nouvel espoir,
14:17 l'ouverture peut-être d'une fenêtre vers des négociations,
14:20 et peut-être, pourquoi pas, on peut maintenant rêver d'une paix entre Israéliens et Palestiniens.
14:24 Jimon Perez estime, lui, que la région se trouve à la croisée des chemins.
14:28 La disparition d'Arafat et l'arrivée d'un nouveau leadership palestinien
14:32 créent la possibilité d'une relance des négociations.
14:36 Et puis il y a un changement au sein de la droite israélienne
14:39 qui a compris qu'il fallait partager la terre.
14:42 Et de fait, Ariel Sharon a parlé cet après-midi de tournants historiques au Proche-Orient.
14:48 "Nous poursuivrons intitulé nos efforts pour parvenir à un accord politique avec les dirigeants palestiniens."
14:53 Il a ajouté, "Cela dépendra de l'arrêt du terrorisme."
14:57 Oui, ces réactions en Israël sont évidemment guettées dans le monde entier.
15:01 Et avant de retrouver Charles Anderlin, rappelons en quelques mots,
15:04 et rappelons parce que c'est un peu compliqué, où en est la situation aujourd'hui.
15:07 Les territoires palestiniens qui préfigurent peut-être un futur Etat
15:11 sont aujourd'hui deux enclaves séparées l'une de l'autre.
15:15 À gauche, vous le voyez, Gaza, un minuscule confetti à peine plus grand que Marseille,
15:18 est peuplé d'un million trois cent mille habitants.
15:21 Et puis à droite, la Cisjordanie, deux millions et demi d'habitants.
15:24 La position d'Israël aujourd'hui, c'est qu'Arafat n'était plus reconnu comme interlocuteur.
15:28 Ariel Sharon a donc décidé d'un plan de paix unilatéral en deux points.
15:32 Et on va revoir la carte.
15:34 Retrait des 7000 colons israéliens installés à Gaza,
15:37 mais maintien de la quasi-totalité des 220 000 colons implantés en Cisjordanie,
15:43 qui amputeraient au final le territoire de 10 ou 15% de sa surface.
15:46 Alors, Charles Anderlin, la question qu'on se pose,
15:49 s'il y a une nouvelle direction palestinienne,
15:51 est-ce qu'Ariel Sharon va suspendre ce plan et tenter de relancer des discussions ?
15:55 Pour l'instant, M. Sharon répète que le retrait de Gaza se déroulera
16:00 sans coordination avec les Palestiniens.
16:03 Mais attention, il est sous la pression d'abord de la communauté internationale,
16:07 qui voit là une nouvelle donne avec Abou Mazen et Abou Alaa,
16:12 et également il est sous la pression de son opinion publique.
16:14 Les Israéliens veulent un changement dans la situation,
16:17 ils voudraient arriver à un accord avec les Palestiniens.
16:19 Mais une autre raison, au Parlement, M. Sharon n'a plus la majorité,
16:23 en effet, et il doit compter sur les voix des travaillistes
16:26 qui eux veulent des négociations avec les Palestiniens.
16:29 La porte de sortie pour lui, ce serait soit effectivement d'entamer des négociations,
16:33 soit alors de décider d'organiser des élections anticipées.
16:36 Voilà, la question est ouverte.
16:38 Charles, c'est cette fois aux spécialistes de la région et à l'écrivain,
16:41 à l'enquêteur que je m'adresse, votre analyse.
16:43 Est-ce que vous pensez que la disparition d'Yasser Arafat peut être une bonne chose pour la paix ?
16:48 Écoutez, j'ai appris à être très sceptique, à être plutôt pessimiste ces dernières années.
16:56 Chaque fois qu'il y avait une légère avancée vers un cessez-le-feu,
16:59 vers un accord possible, on a eu un assassinat, un attentat, un regain de violence.
17:04 Alors, tout dépendra de l'intervention de la communauté internationale.
17:09 Israéliens et Palestiniens nous ont fait la preuve absolue qu'ils sont incapables de s'entendre seuls.
17:14 Il faudra que l'Europe, les États-Unis se réinvestissent dans cette région
17:18 que, de fait, politiquement, ils ont quitté depuis trois ans.
17:21 Merci Charles.
17:23 Alors, justement, les réactions à Washington.
17:25 George Bush a exprimé ses condoléances au peuple palestinien, mais en restant assez flou.
17:29 "Nous espérons que l'avenir apportera la paix à une Palestine indépendante et démocratique", a-t-il dit.
17:36 Et puis, Tony Blair, vous l'avez aperçu, qui entame une visite de deux jours aux États-Unis,
17:39 s'est montré, lui, plus volontariste.
17:41 "C'est le moment d'adresser un signal à la région", a-t-il dit, comme s'il s'adressait au président américain.
17:46 "Le processus de paix constitue la plus haute priorité de la communauté internationale."
17:51 Yasser Arafat aura connu, en tout cas, une destinée hors du commun, celle d'un survivant.
17:56 Il a échappé plusieurs fois à la mort.
17:58 Un parcours chaotique qui se confond avec celui des Palestiniens, avec ses avancées et ses impasses.
18:05 "Qu'es-ce que vous espérez atteindre ?"
18:07 Dans le rôle de M. Palestine, il monopolisait depuis plus de 40 ans le devant de la scène au nom d'un espoir.
18:14 Celui des Palestiniens chassés ou exilés par la naissance de l'État d'Israël,
18:19 et qui, depuis 48, rêvent d'obtenir par la guerre ou la négociation un État indépendant à la place ou aux côtés d'Israël.
18:26 Fils d'un commerçant de Jérusalem, Mohamed Abdelraouf Arafat est né au Caire en 1929.
18:35 Il dirige depuis 1969 l'Organisation de Libération de la Palestine, l'OLP.
18:40 En troquant sa calvitie d'ingénieur, contre un keffier, il en fait le symbole de la cause palestinienne.
18:46 Et dans les années 70, il choisit le terrorisme.
18:50 La destruction spectaculaire d'avions de ligne dans le désert jordanien le fait chasser par les Béloins du roi Hussein.
18:56 Et aux Jeux Olympiques de Munich, 11 athlètes israéliens sont tués par Septembre Noir,
19:02 l'organisation secrète de l'OLP.
19:04 Chef nationaliste pour les Arabes, chef terroriste pour les Israéliens, Yasser Arafat incarne désormais la cause des Palestiniens.
19:12 En 1974, il vient par l'épée devant les Nations Unies, mais la guerre reprend au Liban où les Palestiniens forment un État dans l'État.
19:19 Grâce à l'intervention de la France, Arafat le diplomate saura négocier l'évacuation de ses combattants pour chasser par l'Israélien Sharon, puis par le Syrien Assad.
19:30 C'est l'exil à Tunis et encore la Baraka, Arafat sort sain et sauf du bombardement de son quartier général par les Israéliens,
19:36 comme plus tard de la carcasse de son avion accidenté en Libye.
19:40 Fin 1987, la première intifada se déclenche sans lui.
19:45 Pour garder la main, Arafat ressort son costume de politique à Alger en 88 devant le Parlement palestinien.
19:52 "Bismillah, wa bi ism al-shab, wa bi ism al-shab al-arabi al-telassinai, qiyam, qiyam al-dawlat al-palestin".
20:04 Mais à Alger, il fait aussi supprimer la clause de la charte de l'OLP prenant la destruction de l'État d'Israël.
20:10 Message appuyé l'année suivante à François Mitterrand, en français dans le texte.
20:16 "Quant à la charte, je crois qu'il y a une expression française."
20:22 En 90, veille de la guerre du Golfe, le funambule Arafat s'affiche avec Saddam Hussein, mais il sera ensuite changé de masque pour reprendre le dialogue avec Israël.
20:32 A Washington en 93, il signe le premier accord israélo-palestinien vers la paix et se voit attribué avec Yitzhak Rabin et Shimon Peres le prix Nobel de la paix.
20:45 En 94, il devient président d'un mini-État autonome en Cisjordanie et à Gaza, mais sans renoncer à une Palestine indépendante avec pour capitale la moitié orientale de Jérusalem.
20:56 Jérusalem qui, à Candavid, chez Bill Clinton, fera capoter une tentative de négociation au finish avec l'israélien Ehud Barak.
21:11 Avec la deuxième intifada, les islamistes menacent son autorité. Avec eux, Yasser Arafat jouera les équilibristes, mais ne pourra éviter les coups de boutoir de l'israélien Ariel Sharon.
21:20 Assigné à résidence par les israéliens dans son bureau de Ramallah et privé de tout rôle diplomatique par les américains, le vieux lion refusera bec et ongle de lâcher la barre jusqu'à ce 29 octobre où la maladie le contraindra d'embarquer pour la Jordanie, puis pour la France et l'hôpital Percy.
21:40 Yasser Arafat avait attendu 65 ans pour devenir père et jusqu'au bout, il fera comme s'il disposait de l'éternité pour réaliser son rêve et être enterré président, non à Ramallah, mais à Jérusalem-Est.
21:54 Bonsoir Thierry Thulyer, vous nous avez rejoint pour clore ce chapitre et tenter de discerner, de mettre en évidence les succès et les échecs de Yasser Arafat.
22:03 Exercice périlleux, David, tant l'homme, on le sait, est hors norme. Alors, ces succès d'abord, il est celui qui, à mon avis, a réussi à faire exister le peuple palestinien sur la carte du Proche-Orient.
22:14 Et une image symbolise ce tour de force. 1974, il se fait applaudir, lui, le chef de guerre à la tribune des Nations Unies. Il incarne désormais la cause palestinienne et son peuple qui n'a jamais eu d'état,
22:27 qui aurait pu devenir ce peuple en trop, comme l'écrivait un journal arabe récemment. Eh bien, Yasser Arafat, le sort des oubliettes de l'histoire, jusqu'à ce jour où le chef palestinien croit enfin réaliser son rêve,
22:39 la paix avec l'ennemi israélien, cette poignée de main à Yitzhak Rabin et Shimon Peres. C'est la deuxième image forte qu'il faut retenir à l'actif de Yasser Arafat.
22:49 Il a été le premier combattant et le premier négociateur. Et à l'époque, c'était en 1993, un État palestinien semblait une évidence.
22:58 — Oui, une évidence qui ne s'est jamais matérialisée. Les échecs, maintenant ?
23:01 — Alors, c'est l'un des autres visages de Yasser Arafat. Il n'a pas su, pas pu ou pas voulu empêcher la dérive terroriste des groupes armés palestiniens.
23:10 Il a souvent condamné ces attentats qui tuent des civils israéliens. Mais a-t-il vraiment tout fait pour les empêcher ? A-t-il pratiqué le double jeu ?
23:19 L'histoire, en tout cas, retiendra que la vague d'attentats en pleine intifada l'a isolée sur la scène internationale.
23:24 Et retiendra aussi cette autre image, la construction du mur de séparation entre Israéliens et Palestiniens, et la fin, David, du rêve de Yasser Arafat,
23:35 donné à son peuple, un État avec pour capitale Jérusalem.
23:38 — Merci, Thierry. Pour terminer, quelques réactions en France. Au PS, d'abord, François Hollande indique qu'il est de la responsabilité des nouveaux dirigeants palestiniens,
23:46 des Israéliens et de la communauté internationale d'ouvrir de nouveau les chemins de la paix. Le Parti communiste se dit sous le choc à l'annonce de la mort de Yasser Arafat.
23:54 Pour Marie-Georges Buffet, il cristallisait le formidable espoir des Palestiniens à la liberté et l'indépendance.
24:00 A l'UMP, cette phrase d'Alain Madelin. Yasser Arafat était un chef terroriste, devenu chef de guerre, puis chef d'État, mais il a démontré son incapacité à devenir un chef de paix.
24:08 Enfin, Jean-Marie Le Pen, salut, je cite, le patriote intransigeant et tenace. Selon lui, il a su résister à la formidable pression militaire et diplomatique d'Israël.
24:17 Fin de citation. Sachez qu'Envoyé spécial reviendra tout à l'heure sur l'information principale de cette journée.
24:23 Carnet de route, le dernier voyage de Yasser Arafat. Envoyé spécial à partir de 20h55 avec Guylaine Chenu et Françoise Jolie.
24:30 Autre actualité de cette journée, la crise en Côte d'Ivoire et d'abord les rapatriements.
24:35 Deux nouveaux avions ramenant des ressortissants français sont attendus à Paris ce soir.
24:39 Hier, ce sont quelques 800 personnes qui ont pu quitter le pays avec à l'arrivée des scènes de retrouvailles et beaucoup de questions aussi pour ceux qui ont tout abandonné.
24:47 Frédéric Grotta, Claude Semper.
24:49 Parmi les premiers arrivés de nombreux enfants, 21h30 hier soir, le premier Airbus en provenance d'Abidjan vient d'atterrir.
24:58 Tout le dispositif d'accueil mis en place à Roissy fonctionne à plein.
25:02 De l'argent pour les plus démunis, un hôtel pour ceux dont la famille habite en province, le soulagement pour tous.
25:10 La fatigue et la peur rétrospectives ont eu raison de quelques-uns. Les premiers récits témoignent d'une situation dramatique.
25:16 On a passé 24h, ça tirait tout le tour. En tout cas, heureusement qu'il y avait l'armée française.
25:23 Oui, oui, je reviens avec ma fille. Parce que là, on ne serait pas là sinon.
25:28 La pâtisserie, elle est collée avec la maison. Donc ils ont tout cassé. Ils ont resté 8h de temps dans la maison.
25:33 Vous étiez là ?
25:35 Non, on était chez les voisins, mais on entendait tout. Ils ont pris nos voitures, ils claquenaient, ils rechargeaient, ils déchargeaient tout notre matériel, jusqu'aux carreaux, aux robinets. Ils ont tout démonté.
25:45 Beaucoup ont eu à peine le temps de récupérer quelques affaires personnelles. La plupart a tout laissé là-bas.
25:51 Leur première nuit en France, dans un hôtel de la banlieue parisienne, un goût amer.
25:57 Alain va rejoindre ses parents à Nice. Il a tout perdu. Installé en Côte d'Ivoire depuis 30 ans, il possède une petite entreprise de BTP.
26:05 Il serait bien resté en Côte d'Ivoire, mais s'il a quitté le pays, c'est uniquement pour protéger sa fille.
26:11 Bien sûr, il y a toujours un risque, c'est évident. Il y a toujours un risque, mais qu'est-ce qu'il faut faire ? Moi, j'ai pas le choix.
26:17 Et pour votre fille, comment vous allez ?
26:19 Eh bien, ça, c'est la question que je me pose. Bonne question, mais j'ai pas la réponse encore.
26:24 Ce soir, plus d'un millier de Français en provenance d'Abidjan sont attendus dans les aéroports parisiens.
26:30 Et sur place, l'armée française poursuit ses efforts pour aller chercher d'autres familles françaises dans des quartiers ou des villes isolées.
26:36 Des entreprises ont aussi organisé le rapatriement de leurs salariés par leurs propres moyens.
26:41 Envoyé spéciaux à Abidjan, Grégoire Deneau, Vincent Lejeune.
26:44 6 heures du matin, l'avion affrété par de grosses compagnies privées présentes en Côte d'Ivoire se pose à Abidjan.
26:50 Frédéric Rousset, patron d'une boîte de sécurité, dirige l'opération d'évacuation.
26:54 Peut-être quelqu'un a à sortir dans cette zone-là. Et bon, ça va. Et puis, il y a une autre personne ici, mais ici, c'est un peu risqué encore.
27:03 Départ avec son équipe déjà en place à Abidjan.
27:06 Pour récupérer les familles, il faut traverser une partie de la capitale ivoirienne pas encore totalement pacifiée.
27:17 -Vous, vous faites un boulot !
27:27 -Allez en France !
27:29 -Allez chez vous !
27:31 -Aller dans l'Irak, en Irak.
27:33 Premier arrêt dans un hôtel de la capitale.
27:36 -Les gens qui partent pour Odyssée, vous vous mettez sur le côté ? Il faut que je vous explique un peu comment ça se passait.
27:41 -Eh bien, sans visa...
27:42 -Mais comment on peut avoir un visa alors qu'on a été repatriés ? On était chez nous, on est sortis.
27:47 Avec sa femme, il va tenter le coup. Tout est mieux que de rester à Abidjan.
27:53 Dernier arrêt au 43e BIMA, la base française à côté de l'aéroport. Ici, les gens sont désespérés.
28:03 -On a assisté à tout, 99 et après, on a géré. Là, on sait qu'on peut pas.
28:12 -C'est bon, c'est fini ?
28:14 -C'est fini. La Côte d'Ivoire va mourir.
28:18 Enfin, retour sur le tarmac. Les passagers en barque.
28:24 -Désolé pour hier, mais on a pas pu poser plus tôt.
28:27 Opération réussie pour Frédéric Rousset. Il vient d'expulper 160 personnes.
28:32 Les cadres des principaux groupes français sont partis.
28:34 Au total, depuis hier soir, ce sont près de 2000 personnes qui ont quitté la Côte d'Ivoire.
28:38 -Voilà pour la situation des Français. Mais que penser de l'avenir du pays ?
28:44 L'une de nos équipes a pu rencontrer les forces rebelles dans le nord du pays, à Boaké.
28:48 L'état d'esprit n'est pas vraiment... Vous allez l'entendre à la réconciliation.
28:52 Reportage Richard Binet, Bruno Giraudon.
28:55 -Nous sommes à Boaké, la capitale nord de la Côte d'Ivoire,
28:59 contrôlée par les rebelles depuis décembre 2012.
29:02 Ici, le patron, c'est Ousmane Chérif.
29:05 C'est fait d'armes, avoir repoussé avec 400 de ses hommes
29:08 les forces loyalistes du prison Bagbo.
29:11 Aujourd'hui, c'est l'un des chefs militaires les plus respectés de l'armée nord.
29:15 -Je demande à la France d'être plus ferme, parce qu'elle allait...
29:19 On peut pas aller s'arrêter juste devant la porte pour pouvoir faire marche-arrêt.
29:22 Donc il faut que la fermeté de la France aille jusqu'à le départ de Bagbo.
29:25 Si la France fait l'erreur de faire la marche-arrière,
29:28 ce serait plus que le syndrome rwandais.
29:30 -Les rebelles de Boaké gardent l'arbre au point.
29:33 Portes sud, chaque véhicule est systématiquement fouillé.
29:36 Les forces du front nord craignent que des éléments infiltrés
29:39 ne tentent de s'emparer de la vie.
29:41 Pour eux, la situation n'a que trop duré.
29:44 Ils ne cachent plus leur volonté dans des coudons.
29:46 -M. Bagbo, soit il n'a qu'un parti, ou bien il va mourir.
29:49 C'est l'une des deux.
29:51 Il va ou il meurt.
29:53 -Jusqu'à Guillaume Soro, leader des Forces Nouvelles,
29:56 la branche politique de la rébellion.
29:58 Il refuse désormais toute négociation avec Abidjan.
30:01 La situation semble bloquée.
30:03 -Nous avons signé un accord, l'accord de Lina Marcoussi,
30:06 qui prévoyait des élections en octobre 2005.
30:09 M. Laurent Bagbo a délibérément décidé de casser ce processus de paix.
30:14 Il a relancé les hostilités avec les bombardements qu'il y a eu à Boaké.
30:18 A partir de là, M. Bagbo n'est plus apte à conduire un processus de paix.
30:23 Il doit démissionner.
30:24 -Pour l'instant, la crise ouverte entre Paris et le président ivoirien
30:27 joue plutôt en faveur des rebelles,
30:29 qui, loin de désarmer, en profitent pour réorganiser leurs forces.
30:32 -Retour à Abidjan, sur place en retrouvant direct
30:34 un de nos envoyés spéciaux, Eric Monnier.
30:36 Bonsoir, Eric.
30:37 Apparemment, il y a des signes d'apaisement depuis ce matin sur place.
30:41 -Oui, on peut dire que la radio et la télévision nationale
30:46 ont mis en sourdine leur délai depuis quelques heures.
30:50 Charles Blégoudet, qui est l'un des leaders charismatiques,
30:54 leader préalable du parti M. Laurent Bagbo,
30:57 a même lancé un appel au calme.
30:59 Effectivement, le calme est revenu.
31:00 Alors, ça ne signifie pas que les familles
31:02 peuvent se promener dans tous les quartiers d'Abidjan.
31:04 Bien au contraire, vous savez que ces actions antifrançaises,
31:08 ces larmes du pouvoir,
31:10 ici, une arme qui est utilisée quand ce pouvoir en a besoin.
31:13 -Encore un mot, David, sur le bilan de ces dernières heures,
31:17 de ces derniers jours.
31:18 Un bilan très flou.
31:20 Les rumeurs parlent ici de quelques morts.
31:23 Ces morts sont totalement introuvables pour l'instant.
31:26 En revanche, le général Ponsay, qui commande ici l'opération Licorne,
31:29 nous a confirmé qu'il y avait effectivement eu des viols de Française
31:33 lors des émeutes de ces derniers jours.
31:35 -Merci, Eric, pour ces précisions.
31:37 Et pardon à vous pour les petits soucis techniques.
31:39 Les liaisons en direct sont bien sûr encore difficiles avec Abidjan.
31:42 En bref, encore à l'étranger, l'Irak et la bataille de Fallujah.
31:46 L'armée américaine indique qu'elle espère pouvoir contrôler
31:49 toute la ville d'ici deux jours dans ce bastion de la rébellion.
31:52 Elle a donné un dernier bilan.
31:53 18 soldats américains tués, 500 rebelles morts.
31:56 A noter par ailleurs qu'un nouvel attentat à la voiture piégée
31:59 a fait 9 victimes à Bagdad.
32:01 Rappelons que nos deux confrères, Christian Chenault,
32:03 Georges Malbruno et leur chauffeur Mohamed El-Joundi,
32:06 sont retenus depuis 84 jours maintenant.
32:09 L'actualité en France, c'est d'abord les commémorations
32:12 de l'armistice, comme chaque année le 11 novembre.
32:15 La mémoire du soldat inconnu a été honorée
32:17 sous l'arc de triomphe à Paris.
32:19 Passage en revue des troupes, gerbe de fleurs.
32:22 Le président de la République a également rendu hommage au poilu.
32:25 Il ne reste plus que 15 survivants sur les 4 millions de soldats français
32:29 engagés dans la première guerre.
32:31 Voici le témoignage de l'un d'entre eux.
32:33 Il s'appelle Léon Veil. Il a 108 ans.
32:35 Il était chasseur alpin.
32:37 Ses premiers combats ont eu lieu au chemin des dames.
32:40 Gérard Dalmas, Daniel Nelly.
32:42 À 108 ans, Léon Veil est une page vivante d'histoire.
32:45 Mémoire présente, lucide, voici l'un des 15 derniers poilus
32:49 de la grande guerre.
32:51 À 20 ans, cette obligation de combattre s'appelait le devoir.
32:54 On était des pauvres types.
32:56 On a fait la guerre pour rien, sans avoir rien à défendre.
33:02 En 1916, Léon, dans le civil Mouleur sur Machine,
33:07 se retrouve chasseur alpin.
33:09 Le casse-pipe commence par le cauchemar.
33:11 Chemin des dames, plateau de Craon.
33:13 Tout était épongantable.
33:17 On était sous les bombardements tout le temps,
33:20 les tranchées qui s'éboulaient, ou les morts à côté de vous.
33:23 Est-ce que vous avez eu peur ?
33:26 Oui.
33:28 Celui qui dit qu'il n'a pas eu peur, c'est un menteur.
33:32 Certains soldats ne peuvent plus tenir.
33:35 Grève de la guerre.
33:37 Les mutins se révoltent contre l'abattoir.
33:39 Léon n'est pas de ceux-là.
33:41 Alors on lui demande de participer au peloton d'exécution.
33:44 J'ai annoncé.
33:46 Vous vous en laissez le choix.
33:48 J'ai pas été volontaire.
33:50 Et puis je me suis arrangé pour pas être là.
33:53 Front d'Alsace, -20, pieds et mains gel.
33:56 Léon n'a pas de haine pour l'adversaire.
33:58 Il a même un geste fraternel pour un prisonnier.
34:01 J'étais avec un copain et on déjeunait tous les deux.
34:05 On cassait la croûte, quoi, sur le bord de la route.
34:08 Et puis je l'ai vu, il regardait comme ça, d'un air d'envie.
34:11 Alors j'ai appelé, je lui ai dit, une tartine de pain, puis des saucissons.
34:16 Viens embrasser grand-papy.
34:18 Un gros bisou à grand-papy.
34:20 Un jour, Louis retrouvera le courage de son arrière-grand-père dans les livres d'histoire.
34:24 Après 14, Léon est reparti en 40.
34:27 Il a même été un vaillant résistant.
34:30 C'est pas mal quand même pour un petit bonhomme.
34:33 Faut bon que ça dure.
34:36 Quelle santé.
34:38 D'autres images de la Grande Guerre.
34:40 La Grande Guerre qui suscite la publication de nombreux livres.
34:42 C'est un sujet d'intérêt comme jamais.
34:44 Et voici l'un d'entre eux, un recueil de photos.
34:46 Beaucoup sont inédites.
34:48 Un livre signé Daniel Wolfram et Béatrice Fontanel.
34:50 "Nous étions des hommes" aux éditions La Martinière.
34:53 "La vie dans les tranchées" aux fronts ou à l'arrière.
34:56 Anne Guéry, Virginie Travert.
34:58 Sans doute voulait-il y croire vraiment.
35:02 La guerre serait courte, il serait vainqueur.
35:04 Il reviendrait bien vite.
35:06 Mais derrière son objectif, le photographe ne fut pas dupe.
35:09 Dans la foule, il va capter celui qui justement n'y croit pas du tout.
35:14 Non, décidément, les hommes ne partaient pas à la guerre la fleur au fusil.
35:18 Et les femmes avaient le coeur lourd.
35:20 Ce sont les soeurs, les fiancées, les mères et les enfants
35:24 qui n'avaient pas le droit de rentrer dans la gare
35:26 et donc qui étaient amassés derrière les grilles
35:28 pour voir les hommes rentrer dans la gare et prendre le train.
35:32 Pour Béatrice Fontanel, qui a déniché ces photos oubliées,
35:36 le talent de ce Jacques Moreau, photographe de l'armée française,
35:39 c'est d'être là où on ne l'attend pas.
35:42 Tout simplement, il a eu l'idée de se retourner.
35:45 Plutôt que de filmer les hommes qui partaient,
35:47 comme il avait un œil, il jetait son regard un peu partout,
35:52 il s'est retourné et c'est cette image qu'il a vue qui est très frappante.
35:57 Il avait 27 ans, Jacques Moreau.
36:00 Photoreporteur avant l'heure, mais de lui, nulle image.
36:03 Juste ce reflet et un nom sur un registre militaire.
36:06 Jacques Moreau, classe 1907.
36:09 Donc voilà, ce sont les archives Moreau.
36:14 Environ 2000 photos, plaques de verre.
36:18 90 années durant, son témoignage restera enfoui dans ces petites boîtes rouges.
36:23 Des plaques de verre souillées par le temps.
36:26 Là, un visage comme criblé de moisissure.
36:30 Un visage restitué par la grâce de la technique numérique.
36:35 Précieux cliché, Moreau voulait nous dire à rebours du discours officiel
36:40 que les petits gars fringants sont devenus des loques, perdus au fond d'un trou.
36:45 Justice, une nouvelle affaire de pédophilie de grande ampleur.
36:49 Un instituteur à la retraite a reconnu des agressions sur 65 élèves de 6 à 10 ans à Léon, en Bretagne.
36:57 C'était entre 1986 et 1996.
37:00 Il a été écroué. Jacques Deveau, Gabriel Camilla.
37:03 65, c'est le nombre d'agressions sexuelles que l'instituteur a reconnues.
37:08 Des attouchements pratiqués sur les élèves pendant 25 ans dans les écoles de la commune
37:13 jusqu'à son départ à la retraite en 1993.
37:16 C'est une lettre anonyme reçue en début d'année qui a lancé la procédure,
37:20 relancée plutôt car en 1996 déjà, l'instituteur avait été inquiété pour des faits similaires.
37:27 L'instituteur n'était pas dans le même état d'esprit, il avait nié les faits.
37:31 Et à cette époque, rien ne permettait, aucun élément probant ne permettait de le mettre en commun.
37:36 L'homme a fait presque toute sa carrière dans cette commune.
37:40 Respecté, estimé, un livre sur l'histoire de la ville lui consacre même un long chapitre.
37:45 Ça ne peut que me surprendre. Tant qu'il a été avec moi, il n'y a eu aucun problème.
37:50 Ça a été un super instituteur.
37:52 Ce sentiment d'avoir été trahi et qu'il ait continué de vivre parmi nous
37:56 comme si de rien n'était avec un passé quand même aussi lourd.
37:59 Le fils de l'instituteur, lui, ne veut pas croire en la culpabilité de son père.
38:04 Il faut qu'il appelle, il faut qu'il tue, parce que lui, il était pour briser certaines barrières.
38:08 Mais bon, on sait qu'on est un peu trop en avance sur son temps.
38:11 Mais de là, après, avoir quelque chose de sexuel dans les gestes...
38:19 Pour les faits qui lui sont reprochés, l'instituteur encoure 10 ans de prison.
38:25 La controverse sur l'ouverture des magasins les dimanches et jours fériés, elle reste vive.
38:30 Les clients sont plutôt contents, aujourd'hui encore, mais ça grogne du côté des syndicats.
38:35 Plusieurs manifestations ont eu lieu aujourd'hui dans tout le pays face aux centres commerciaux restés ouverts.
38:40 Yvan Martinet, Philippe Turcot.
38:42 Les grands magasins, le temple de la consommation parisienne, ouvert ce 11 novembre.
38:48 Mais devant l'entrée, un grain de sable.
38:51 Une cinquantaine de manifestants CFDT opposés à cette ouverture.
38:55 Pour leur leader, François Chirec, les jours fériés travaillés pénalisent avant tout
38:59 les salariés les plus vulnérables.
39:02 Ce sont des personnels qui sont dans des systèmes de précarité importante,
39:06 mal payés, à contrats durs et déterminés, ils travaillent d'une façon très flexible.
39:12 Et si certains sont venus admirer les vitrines, tous n'achèteront pas aujourd'hui.
39:18 Moi je suis contre puisque ce sont des moments où l'on peut passer des heures ensemble
39:23 puisqu'on se voit pas souvent avec les enfants.
39:25 Travailler le dimanche, que ça arrange, je trouve ça très bien,
39:28 je trouve ça bien pour nous consommateurs.
39:31 Travailler un dimanche ou un jour férié dans les magasins,
39:34 la loi l'autorise à raison de 5 jours dans l'année.
39:37 Seul le 1er mai est obligatoirement chômé.
39:40 Jean-Jacques Salone dirige une centaine de boutiques.
39:44 Aujourd'hui, 70% d'entre elles étaient ouvertes.
39:48 Ce n'est pas un jour dans lequel on a une rentabilité qui est meilleure que les autres jours.
39:51 Non, elle est moindre puisqu'elle est la moitié de celle d'un samedi
39:54 et donc automatiquement il n'y a pas d'intérêt financier.
39:57 Quand je dis qu'il n'y a pas d'intérêt financier,
40:00 si on perdait de l'argent on n'ouvrirait pas, c'est clair.
40:02 Mais on gagne moins d'argent qu'un autre jour de la semaine.
40:05 Les vendeurs, eux, ont vite fait leur compte.
40:08 Une bonne chose, je suis payé double.
40:11 Donc ça m'arrange de travailler un 11 novembre.
40:14 Et à l'approche des fêtes, ces ouvertures exceptionnelles
40:17 prennent une toute autre ampleur.
40:19 Ces journées seront les plus lucratives de l'année.
40:22 Une campagne d'affichage pour l'eau du robinet.
40:25 C'est le syndicat des eaux d'Ile-de-France qui la lance
40:28 car nous sommes de plus en plus nombreux, partout en France d'ailleurs,
40:31 à bouder la municipale, comme on dit.
40:33 Les ventes de bouteilles d'eau minérale ont doublé en 20 ans.
40:36 Pourtant, l'eau du robinet n'aurait jamais été aussi bonne, ni aussi saine.
40:39 Laurence Deloeur, Philippe Luzzi.
40:42 Boire l'eau du robinet, un geste qui ne va pas de soi pour tous les franciliens.
40:47 Beaucoup préfèrent cet autre geste,
40:49 attraper un pack d'eau minérale au supermarché.
40:52 On sait ce qu'il y a dedans au moins.
40:54 Elle est sécurisée, l'eau du robinet,
40:57 on ne sait pas vraiment quelle est la formule de l'eau du robinet.
41:01 Sur les tables, au restaurant, quelques carafes côtoient des eaux en bouteille.
41:05 Les avis sont partagés sur la qualité de la boisson.
41:08 Je me dis que si elle est au robinet, c'est que quand même elle a été vérifiée.
41:15 Donc je ne me dis pas du mal, au contraire.
41:18 Des fois, elle a un goût de chlore, et c'est ça qui me va pas.
41:23 Je n'aime pas l'eau de javeline.
41:26 En Ile-de-France, les habitants ne boivent qu'un pour cent de l'eau qu'ils utilisent.
41:30 En revanche, la consommation d'eau minérale a doublé en 20 ans.
41:33 La France est désormais le deuxième plus grand consommateur derrière l'Italie.
41:37 D'où cette croisade du syndicat des eaux d'Ile-de-France.
41:40 Ce dernier tente, non sans humour, de défendre son précieux liquide.
41:43 C'est une eau parfaitement saine.
41:45 On opère 250 000 contrôles par an sur 80 paramètres.
41:50 Ensuite, c'est une eau qui est disponible en permanence, qui est livrée à domicile.
41:54 Et enfin, c'est une eau qui n'est pas chère, puisqu'elle est 100 fois moins chère que l'eau en bouteille.
41:59 Moins chère et même gratuite pour de rares chanceux.
42:02 Ici, dans le 18e arrondissement de Paris, une eau de source pure et sans mauvais goût coule à flot.
42:07 Il faut juste attendre son tour.
42:09 Sport, football, la malédiction de l'Olympique de Marseille face au PSG.
42:14 8e défaite consécutive. C'était tiers en 16e des finales de la Coupe de la Ligue.
42:18 Et pourtant, Marseille menait 2-0 grâce au premier but qu'on a vu, but de Pedretti.
42:22 Mais les Parisiens ont égalisé.
42:24 Voici deux débuts et notamment le dernier sur cette toile, cette tête malheureuse de Lisa Razou.
42:31 3 à 2 pour les Parisiens qualifiés pour le tour suivant.
42:35 Trois autres qualifications hier, Lille, Nantes et Guingamp.
42:38 Fin de cette édition.
42:39 Merci de l'avoir suivie tout de suite, la météo.
42:41 Patrice Drevet, 20h55, envoyé spécial.
42:43 Guylaine Chenu, Françoise Jolie, 1h05, dernier journal.
42:46 Eve Methe, dès 6h30, Télé Matins, 9h04, Vérité.
42:49 Roland Sica recevra Dominique Strauss-Kahn.
42:51 À 13h, Christophe Andelatte.
42:52 À 20h, et tout le week-end, Béatrice Schönberg.
42:55 On se quitte sur ce qui restera sans doute comme l'image du jour.
42:59 Le dernier voyage de Yasser Arafat.
43:01 Ce cercueil recouvert du drapeau palestinien hissé dans l'avion, mis à disposition par la France.
43:08 On aperçoit aussi la femme du chef de l'autorité palestinienne, Souha Arafat, qui avait pris place à bord.
43:14 L'appareil qui a décollé pour le Caire en fin d'après-midi.
43:17 À lundi.
43:18 [Musique]

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