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En 1993, alors qu'une guerre civile ravage la Somalie, les efforts de l'ONU pour soulager la famine qui menace la population se heurtent à la dictature du seigneur de guerre Mohammed Farah Aidid, dont les hommes détournent les vivres destinées aux affamés. Le 13 octobre, des soldats d'élite de l'armée américaine organisent un raid dans le centre de Mogadiscio afin de kidnapper deux lieutenants du dictateur. Mais l'opération tourne au désastre lorsque les Somaliens, nombreux et bien armés, abattent deux hélicoptères Black Hawk, forçant les bataillons américains au sol à avorter leur mission originale pour secourir les pilotes. Pris comme dans une souricière dans les rues de la capitale, les jeunes militaires américains auront fort à faire pour battre en retraite.

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00:00:00 Le 3 octobre 1993. La Task Force Ranger composée de 160 soldats américains d'élite attend le briefing portant sur le prochain raid dans la capitale somalienne.
00:00:29 "En route !"
00:00:31 L'objectif, capturer ou tuer un chef de guerre rebelle, Mohamed Haïdid, et faire rentrer son clan dans le rang.
00:00:45 Des informateurs locaux ont indiqué que des cibles majeures, des fidèles du général Haïdid, vont se réunir dans le centre-ville.
00:00:54 Les Rangers doivent les ramener, morts ou vifs.
00:00:59 15h32.
00:01:06 Depuis leur base à l'aéroport de Mogadiscio, des hélicoptères Black Hawk et Little Bird emportent des Rangers et des membres de la Delta Force.
00:01:18 "On a survolé l'océan. On a vu les barraques de la périphérie et on est arrivé en ville."
00:01:25 [Musique]
00:01:37 A bord du Black Hawk Super 64, les soldats se préparent.
00:01:43 C'est la première fois que le sergent Matt Eversman, 26 ans, va commander sur le terrain.
00:01:50 "Tout à coup, le pilote de l'hélicoptère nous a annoncé qu'on allait lancer l'assaut.
00:01:56 Ça nous a donné une grosse décharge d'adrénaline.
00:02:00 On est descendu de 2000 pieds à 40 pieds.
00:02:05 C'est la phase du vol la plus palpitante et la plus effrayante qu'on puisse imaginer."
00:02:11 [Musique]
00:02:16 L'intervention aura lieu dans un immeuble de trois étages situé dans un quartier tenu par les rebelles.
00:02:22 Elle devrait durer une trentaine de minutes.
00:02:28 "On avait prévu d'établir un cordon de sécurité autour de ce bâtiment
00:02:33 et d'utiliser les petits hélicoptères pour déposer sur le toit les hommes de la Delta Force
00:02:38 afin qu'ils entrent et qu'ils capturent les individus qu'on recherchait."
00:02:43 15h42.
00:02:46 Une fois les Black Hawks en stationnaire, les Rangers descendront par aérocordage.
00:02:51 Ils seront divisés en quatre groupes.
00:02:55 Et chacun sera chargé de sécuriser un angle du bâtiment.
00:02:59 "Le problème c'est qu'on ne voyait rien. Il y avait de la poussière partout.
00:03:03 Elle s'engouffrait dans l'hélicoptère et on ne voyait les toits que par intermittence.
00:03:09 On ne savait pas où on était."
00:03:13 Dans l'hélicoptère du groupe 4.
00:03:15 "Le pilote a dit qu'on n'était pas sur zone, qu'on s'était arrêté avant l'endroit où il devait nous déposer.
00:03:22 Mais on a quand même sorti les cordes de l'hélicoptère."
00:03:26 Le groupe 4 va devoir rejoindre à pied la position qui lui a été assignée.
00:03:34 [Musique]
00:03:54 "À mi-hauteur en descendant, j'ai vu le corps d'un Ranger, Todd Blackburn, couché au sol.
00:04:02 Comme on se faisait tirer dessus, j'ai cru qu'il avait été touché.
00:04:08 Et je n'avais même pas mis le pied par terre."
00:04:13 À cause du blessé, les soldats ne peuvent avancer.
00:04:24 "L'infirmier m'a dit, ce n'est pas une balle, il est tombé, la corde lui a échappé."
00:04:32 "J'ai cru que Blackburn était mort. Le sang lui coulait de la bouche, du nez et des oreilles. Il allait très mal."
00:04:40 Le groupe 4 est bloqué légèrement au nord du bâtiment,
00:04:57 alors qu'il devrait protéger les soldats de la Delta Force, qui à cet instant précis font irruption dans l'immeuble à la recherche des proches d'Aided.
00:05:05 Au même moment, une colonne de véhicules arrive devant le bâtiment.
00:05:22 Elle a pour mission de ramener tout le monde.
00:05:26 Les Air Rangers, les membres de la Delta Force et les prisonniers.
00:05:29 "Ici Uniforme 64, on est en position, à vous."
00:05:33 Danny McKnight est dans le véhicule de tête.
00:05:38 "Je me suis positionné à l'endroit prévu. Je voyais le bâtiment et j'attendais qu'on m'appelle."
00:05:44 "On a eu un coup de feu."
00:05:46 Les Black Hawks, qui assurent la surveillance et l'appui feu, essuient des tirs.
00:06:06 Jerry Izzo est aux commandes du Super 65.
00:06:13 "J'ai entendu les munitions siffler autour de l'hélicoptère."
00:06:16 "Et il y a eu deux explosions, deux coups de tonnerre."
00:06:20 "Tous les autres hélicoptères bougeaient."
00:06:25 "Ils manœuvraient comme ils pouvaient pour éviter d'être touchés."
00:06:28 "Mais parfois quand il pleut, on ne peut pas passer entre les gouttes."
00:06:32 16 heures.
00:06:41 Les Américains ont capturé 23 Somaliens, dont deux des principaux collaborateurs d'Aïdid.
00:06:46 La Delta Force s'apprête à être évacuée avec ses prisonniers.
00:06:55 Trois véhicules de la colonne sont envoyés vers le nord pour récupérer le groupe 4, immobilisés par la blessure de Todd Blackburn.
00:07:06 "Tirez les morts !"
00:07:08 "Repli !"
00:07:13 Depuis le centre opérationnel, le colonel Jerry Boykin surveille la mission grâce à la retransmission en direct envoyée par les Blackhawks.
00:07:28 "Colonel McKnight, embarquez les détenus et ramenez-les à la base."
00:07:35 "Reçu."
00:07:36 Ils ont très rapidement capturé les hommes qu'ils étaient allés chercher, en rencontrant relativement peu de résistance.
00:07:43 En fait, ils ont été en mesure de les ramener plus rapidement que ce que j'avais prévu.
00:07:48 "La mission était terminée, on pensait à rentrer."
00:07:54 "Je me disais, on est des combattants aguerris, c'est dingue."
00:07:58 "Est-ce qu'on va avoir une médaille ?"
00:08:01 "On pensait à rentrer."
00:08:04 "Tirez les morts !"
00:08:06 Mais alors que les soldats attendent de recevoir l'ordre de rentrée, de plus en plus de Somaliens convergent vers le bâtiment.
00:08:13 "J'étais loin, mais je suis venu en courant."
00:08:18 "J'ai vu plein de gens blessés, et une scène de désolation."
00:08:23 "C'était un massacre, on n'arrivait pas à compter les cadavres."
00:08:32 "Ce spectacle ne m'a pas seulement affecté sur le plan physique, il m'a aussi touché sur le plan psychologique."
00:08:38 "J'ai tout vu de mes propres yeux."
00:08:40 "On était pris sous un feu nourri."
00:08:46 "Le bruit était inimaginable."
00:08:49 "Une cacophonie assourdissante."
00:08:53 [Musique]
00:09:15 "La fusillade faisait tellement de bruit qu'on en avait mal aux dents."
00:09:19 [Musique]
00:09:23 "Aux oreilles et aux mâchoires."
00:09:26 "Je n'avais jamais ressenti le bruit de cette façon avant de me retrouver sur le champ de bataille ce jour-là."
00:09:35 "C'était un combat à couteau tiré, face à des gens que rien n'arrêtait."
00:09:43 "Le seul moyen de les stopper, c'était avec nos balles."
00:09:47 "On a la force."
00:09:49 [Musique]
00:09:58 Les Black Hawks sont eux aussi dans une situation délicate.
00:10:02 "Il y avait de plus en plus de tirs d'armes automatiques et de lances roquettes."
00:10:07 "On commençait à s'inquiéter, à se dire, allez, finissez-en, montez dans les véhicules qu'on puisse rentrer."
00:10:16 [Explosions]
00:10:23 16h20
00:10:25 [Explosions]
00:10:33 [Cris de la foule]
00:10:38 "61, touché."
00:10:40 "Je revois l'hélico se mettre à tourner."
00:10:45 "Je me suis dit, on dirait qu'il va s'écraser."
00:10:48 "Sauf que c'est impossible que ça arrive."
00:10:51 "J'ai tout vu. J'étais surexcité et ravi quand j'ai vu l'hélicoptère qui s'écrasait."
00:10:57 [Musique]
00:11:02 "Des morceaux du Black Hawk ont volé dans tous les sens."
00:11:06 "Et l'hélico s'est mis à tourner comme une toupie."
00:11:10 [Musique]
00:11:23 "Black Hawk au tapis."
00:11:25 "Black Hawk au tapis."
00:11:27 "Le Black Hawk 61 s'est écrasé en ville."
00:11:30 [Musique]
00:11:33 "Là, on a compris que la mission avait changé."
00:11:39 "L'hélicoptère est tombé trois rues au nord du bâtiment."
00:11:42 [Musique]
00:11:45 "Une foule de Somaliens se précipite."
00:11:48 [Musique]
00:11:53 "Je regardais un autre immeuble quand j'ai vu un tas de gens courir vers l'endroit où l'hélicoptère était tombé."
00:11:59 "Et je me suis dit qu'il ne nous restait pas beaucoup de temps pour arriver sur place."
00:12:06 [Musique]
00:12:10 "La colonne de véhicules est dépêchée sur les lieux."
00:12:13 "À droite, à droite."
00:12:15 [Musique]
00:12:22 "En chemin, les véhicules récupèrent certains éléments du groupe 4."
00:12:27 "Il y a des blessés à cet endroit. À vous."
00:12:30 "Reçu."
00:12:32 [Musique]
00:12:35 "Le colonel McKnight s'est arrêté."
00:12:37 [Bruits de tirs]
00:12:45 "Nos gars sont montés dans les Humvees qui sont partis en direction du lieu du crash."
00:12:51 [Musique]
00:13:03 "À pied, le groupe 2 tente lui aussi de rejoindre l'hélicoptère pour se mettre sous la protection de la colonne de véhicules."
00:13:09 "J'ai entendu un cri."
00:13:11 [Cris]
00:13:13 [Bruits de tirs]
00:13:16 "J'ai vu Earl Fillmore de la Delta Force prendre une balle dans la tête."
00:13:21 [Bruits de tirs]
00:13:23 "Le lieutenant Leckner a été touché au tibia."
00:13:27 [Musique]
00:13:38 "J'ai regardé de l'autre côté de la rue."
00:13:41 "Et je me suis demandé comment un truc pareil pouvait arriver à un gars de la Delta Force qui avait fait tout ce qu'on lui avait appris."
00:13:47 "On essaie de ne pas le montrer mais quand on commence à se dire 'bon sang on n'est pas invincibles, on n'est pas des supermans'..."
00:13:55 "Il y a un défaut dans notre cuirasse."
00:13:57 [Bruits de tirs]
00:14:00 "16h40"
00:14:02 "64 ça va ?"
00:14:04 "Un deuxième hélicoptère, le Black Hawk Super 64 de Mac Durant, est touché à son tour."
00:14:11 [Bruits de tirs]
00:14:13 "64 touché !"
00:14:15 "64 s'est écrasé !"
00:14:19 [Bruits de tirs]
00:14:25 [Musique]
00:14:28 "La foule en colère se rue aussitôt sur les lieux."
00:14:32 "Il était à 1800 mètres du premier Black Hawk où on avait envoyé tous les gars."
00:14:41 [Musique]
00:14:51 "On n'aurait jamais imaginé en perdre deux le même jour."
00:14:55 [Bruits de tirs]
00:14:59 "Deux tireurs d'élite de la Delta Force demandent à être déposés auprès du second Black Hawk pour protéger son équipage blessé."
00:15:08 "Il n'y avait aucun soutien à proximité."
00:15:11 "Ils auraient été deux contre un nombre indéterminé de Somaliens."
00:15:15 "Donc j'ai dû refuser."
00:15:17 [Bruits de tirs]
00:15:20 "Leur chance d'en sortir vivant était minime."
00:15:24 "On leur a demandé s'ils comprenaient les risques et ils ont répondu 'Oui'."
00:15:29 "Mais face à l'afflux de Somaliens, le colonel Jerry Boykin n'a pas le choix."
00:15:36 "Déposez-les."
00:15:38 "Il faut gagner du temps pour les blessés."
00:15:41 [Bruits de tirs]
00:15:45 [Musique]
00:15:56 [Bruits de tirs]
00:15:59 "Roulez, roulez, roulez !"
00:16:01 "La colonne de véhicules tourne en rond."
00:16:05 "Prenez la prochaine à droite en direction du sud."
00:16:08 "Dans le labyrinthe de ruelle."
00:16:11 "Compris, prochaine à droite."
00:16:14 "On a eu droit à une fusillade infernale."
00:16:18 "Les Somaliens se tiraient dessus depuis les deux côtés de la rue."
00:16:22 "Un de nos véhicules de tête remontait une rue."
00:16:26 [Bruits de tirs]
00:16:28 "Quand une roquette a frôlé le capot."
00:16:30 "On essuie des tirs importants."
00:16:32 "Arrêtez, bon sang, arrêtez !"
00:16:35 "Une autre embuscade, d'autres victimes."
00:16:38 "On était quasiment plus en état d'accomplir notre mission."
00:16:43 "On était plus opérationnels compte tenu des pertes."
00:16:47 "On a plusieurs blessés."
00:16:49 "Les véhicules sont à moitié fichus."
00:16:52 "Il faut évacuer les blessés le plus rapidement possible."
00:16:56 [Bruits de tirs]
00:16:59 [Musique]
00:17:04 Gravement diminuée, la colonne renonce à rejoindre le premier Black Hawk
00:17:08 et tente de se frayer un chemin jusqu'à la base américaine.
00:17:11 [Bruits de tirs]
00:17:17 Blessé, le pilote du second hélicoptère, Mike Durant,
00:17:21 n'est protégé que par les deux tireurs d'élite, Randy Shugart et Gary Gordon.
00:17:25 [Bruits de tirs]
00:17:27 "Chargeur !"
00:17:30 [Bruits de tirs]
00:17:41 "Plus tard, Mike nous a raconté que Randy Shugart a crié 'Gordie, je suis touché'
00:17:47 et qu'il a cessé de tirer."
00:17:49 [Musique]
00:17:57 [Bruit de tir]
00:17:59 L'endroit où le deuxième hélicoptère a été abattu est envahi de somaliens
00:18:03 qui se jettent sur le survivant et sur les cadavres des tireurs d'élite.
00:18:07 [Bruits de tirs]
00:18:10 "Mike a dit qu'ensuite, il a vu une marée de gens déferlés
00:18:16 et il a perdu connaissance."
00:18:20 [Bruits de tirs]
00:18:25 En piteux état, la colonne de véhicules arrive finalement à la base.
00:18:29 En ville, 99 soldats des Rangers et de la Delta Force
00:18:35 sont cernés autour de l'endroit où s'est écrasé le premier Black Hawk.
00:18:38 [Bruits de tirs]
00:18:45 Quand la nuit tombe, il se réfugie dans un bâtiment.
00:18:49 [Bruits de tirs]
00:18:55 "On était en colère de voir qu'on était sur la défensive.
00:18:59 On était des Rangers, des Delta.
00:19:02 On avait le 160ème Régiment d'Opération Spéciale au-dessus de nous.
00:19:05 C'était impossible que ces gens nous fassent battre en retraite.
00:19:09 C'était dingue."
00:19:11 [Musique]
00:19:18 "Il aurait suffi de jeter une grenade dans la pièce pour qu'on soit tous tués."
00:19:21 [Musique]
00:19:25 "Psychologiquement, c'est dur de se dire qu'il y a de fortes chances
00:19:30 qu'on ne tienne pas jusqu'au lendemain."
00:19:32 [Musique]
00:19:46 Vague après vague, des milliers de miliciens se lancent à l'assaut des positions des Rangers.
00:19:50 Des hélicoptères Little Bird tentent désespérément de les tenir à distance.
00:19:55 [Bruits de tirs]
00:20:01 "Quand les Little Bird nous survolaient et qu'ils lâchaient leur rafale,
00:20:05 ça éliminait le ciel. On aurait dit des éclairs.
00:20:08 Les roquettes faisaient un bruit du tonnerre et les douilles nous pleuvaient dessus."
00:20:14 "Quand la rue était éclairée, on voyait par intermittence des hommes qui se déplaçaient.
00:20:18 Primo, il y en avait plus que ce qu'on avait cru.
00:20:21 Et Dezio, ils étaient plus proches qu'on pensait."
00:20:24 23h15.
00:20:27 [Bruits de tirs]
00:20:29 Une immense colonne de secours quitte la base américaine.
00:20:32 Elle se compose de chars d'assauts pakistanais et de blindés malais,
00:20:37 d'hommes des Rangers et de la 10e division de montagne.
00:20:42 Et elle a pour mission d'exfiltrer les soldats cernés par l'ennemi.
00:20:45 [Bruits de tirs]
00:20:47 Larry Moores commande un détachement de Rangers qui retourne en ville.
00:20:51 "Ils savaient à quoi s'attendre.
00:20:54 Et ils savaient que la route serait longue et difficile.
00:20:57 Mais il fallait y retourner pour accomplir notre mission."
00:21:02 [Bruits de tirs]
00:21:08 A 1h55, quand les véhicules de Larry Moores arrivent à côté du 2e Black Hawk abattu,
00:21:13 ils ne découvrent ni survivants, ni cadavres.
00:21:16 Quelques minutes plus tard, la colonne de secours parvient à la position tenue par les Rangers,
00:21:22 près de l'épave du premier hélicoptère.
00:21:25 Tandis que certains soldats embarquent morts et blessés,
00:21:29 d'autres dégagent le corps du pilote Cliff Walcott.
00:21:35 "Ils ont dû mettre les blessés dans les véhicules, ce qui a pris beaucoup de temps,
00:21:38 et les cadavres sur les véhicules.
00:21:41 Les morts ne risquaient plus rien depuis longtemps.
00:21:45 Curieusement, ça ne tirait plus beaucoup.
00:21:52 Mais tout à coup,
00:21:54 ça a repris."
00:21:57 "On devait être 7 ou 8 entassés dans le véhicule.
00:22:01 On était tous blessés, ça puait le sang et la sueur.
00:22:04 Et j'ai dit au conducteur,
00:22:05 vas-y vieux, appuie sur le champignon et fous ton camp.
00:22:08 Je ne savais pas que les autres étaient encore en train de dégager le corps de Cliff Walcott."
00:22:14 "Il n'était pas question qu'ils repartent sans l'avoir sorti,
00:22:28 donc ils ont attendu que les gars désossent l'hélicoptère."
00:22:32 5h42.
00:22:34 La colonne de secours est enfin prête à partir.
00:22:40 Mais les véhicules, étant remplis d'hommes de la 10e Division de Montagne,
00:22:47 de soldats des Nations Unies et de blessés,
00:22:50 tous les Rangers ne peuvent pas embarquer.
00:22:52 Certains G.I. qui n'ont pas été blessés doivent donc rentrer à pied.
00:22:57 "C'était n'importe quoi.
00:23:01 Théoriquement, on devait courir à côté des blindés pour qu'ils nous protègent.
00:23:05 Mais dès qu'on est arrivé au premier croisement, le véhicule est parti sans nous."
00:23:11 Les Rangers et les soldats de la Delta Force vont parcourir ce qu'on surnommera
00:23:15 les 1800 mètres de Mogadiscio pour rallier le stade de football tenu par l'ONU.
00:23:20 Par miracle, aucun blessé ne sera déploré.
00:23:30 "J'ai vu un camion de 5 tonnes revenir à l'aéroport.
00:23:32 Dedans, il y avait des corps, des morts et des blessés.
00:23:36 Je me suis approché pour aider les gars à baisser le haillon arrière
00:23:45 et à ce moment-là, le sang s'est mis à couler par terre.
00:23:49 Ça m'a vraiment fichu un coup terrible.
00:23:52 Tous ces hommes étaient sous ma responsabilité."
00:23:59 Côté américain, le bilan fait état de 18 morts et 84 blessés.
00:24:03 Le pilote du second Black Hawk est prisonnier et nul ne sait où il est retenu.
00:24:09 "Mike Duvont, armée de terre."
00:24:15 On estime qu'il y a entre 500 et 1 millier de victimes somaliennes.
00:24:25 Aux Etats-Unis, les images des cadavres des G.I. traînés dans les rues de Mogadiscio suscitent horreur et indignation.
00:24:31 En retraçant le fil des événements, nous allons vous révéler comment une milice mal organisée et sous-équipée a réussi à tenir en échec des troupes d'élite.
00:24:45 "Ponce !"
00:24:51 "Ponce !"
00:24:52 Les troupes américaines ont été envoyées en Somalie en mars 1992.
00:25:01 Dans le cadre d'une mission humanitaire des Nations Unies, l'opération "Restore Hope" pour protéger et distribuer l'aide alimentaire.
00:25:08 "Pas trop près, écartez-vous !"
00:25:12 "On empêche la foule de voler les céréales, mais comme elle est de plus en plus incontrôlable, on doit veiller à la sécurité."
00:25:20 "Pas trop près, écartez-vous !"
00:25:21 Robert Oakley était ambassadeur extraordinaire des Etats-Unis en Somalie.
00:25:32 "Les forces de Restore Hope avaient montré qu'elles pouvaient relever n'importe quel défi de manière impartiale."
00:25:39 "Elles étaient dirigées conjointement par les Etats-Unis et l'ONU, et composées de civils et de militaires."
00:25:45 "Le pays s'en sortait bien."
00:25:49 Mais en août 1993, tout change, sous la houlette du nouvel occupant de la Maison-Blanche.
00:25:53 Au lieu de se limiter à la protection et à la distribution de l'aide alimentaire,
00:25:59 les G.I. se lancent à la recherche de celui que Washington considère comme la pire menace contre la stabilité du pays.
00:26:06 "On a été envoyés à Mogadiscio, la capitale somalienne, pour capturer un chef de clan à la sinistre réputation, Mohamed Farah Aidid."
00:26:17 "Afin qu'il soit traduit en justice."
00:26:19 L'opinion publique américaine exige de savoir pourquoi cette mission a si mal tourné.
00:26:26 Et pourquoi Mike Durant est otage des Somaliens.
00:26:33 Après la débâcle du 4 octobre, Robert Oakley retourne sur place et joue un rôle essentiel dans la libération du pilote.
00:26:46 "A notre camarade de la Task Force Ranger, la liberté n'a jamais eu aussi bon goût."
00:26:51 Selon Oakley, vouloir faire tomber Aidid n'était pas une bonne idée.
00:27:00 "Si on l'avait capturé, un autre aurait pris sa place, et les combats auraient repris."
00:27:06 L'ONU et les Etats-Unis signifient à l'intéressé qu'il n'a pas sa place dans la Somalie de demain.
00:27:14 "Comme les Etats-Unis et l'ONU lui avaient enlevé tout espoir de se retrouver à la tête du pays."
00:27:19 "Il fallait qu'ils trouvent une solution pour se faire remarquer."
00:27:24 "C'est une réaction très humaine."
00:27:30 "J'appartiens à mon peuple. Les souffrances, les tueries, je les vis avec lui."
00:27:43 Auteur du best-seller "La Chute du Faucon Noir", Mark Bowden a interrogé des soldats qui ont participé au raid,
00:27:49 ainsi que des membres de la milice de Mohamed Aidid.
00:27:52 "Les Somaliens étaient encore divisés au printemps 1992."
00:27:57 "Beaucoup voyaient d'un bon oeil la présence des Nations-Unis. Elles leur donnaient espoir."
00:28:02 "Quand ces forces sont arrivées, elles nous ont apporté de l'aide alimentaire."
00:28:06 "On était content qu'elles viennent. On brandissait des fleurs."
00:28:11 Mais un événement survenu en juillet 1993 a uni les Somaliens par-delà leur rivalité clanique.
00:28:17 "Les Nations-Unis ont encerclé un bâtiment où les hauts responsables des clans se rencontraient
00:28:31 pour savoir s'ils devaient ou non soutenir Mohamed Aidid dans sa lutte contre l'ONU."
00:28:37 "Les Nations-Unis veulent punir le général responsable le mois précédent du massacre de 24 soldats pakistanais des forces de maintien de la paix."
00:28:44 "Cette réunion au sommet semble être l'occasion idéale."
00:28:48 "Ozman Atto, le principal bailleur de fond de Mohamed Aidid, se souvient bien de cette journée."
00:28:55 "Un hélicoptère est arrivé et il s'est mis à tirer."
00:29:03 "Mais il n'y avait pas de cache d'armes, contrairement à ce qui a été dit."
00:29:07 "Et malheureusement, 72 ou 73 de nos anciens ont trouvé la mort."
00:29:12 C'est dans ce climat de tension que les Rangers de la Delta Force arrivent 6 semaines plus tard.
00:29:20 Et l'opération menée en ville ne fait qu'ajouter à la colère des habitants.
00:29:29 "On n'apportait pas à manger."
00:29:33 "Dégagez-le !"
00:29:41 "Imaginez un hélicoptère, des gars qui en descendent le long d'une corde, qui démolisent votre porte et qui se mettent à aboyer des ordres."
00:29:48 "Ca a été étonnant qu'on ne veuille pas de nous."
00:29:54 Dans le climat délétère de Mogadiscio, toute opération militaire doit s'appuyer sur des renseignements fiables.
00:30:00 Robyn Horsfall a été un des plus jeunes soldats à intégrer les SAS, les Forces Spéciales Britanniques.
00:30:09 Il s'est très souvent frotté à l'Ira, dans les rues des villes d'Irlande du Nord.
00:30:16 Et il a participé à la libération des otages de l'ambassade d'Iran à Londres en 1980.
00:30:23 D'après lui, compte tenu de l'hostilité grandissante, un certain nombre d'erreurs tactiques ont été commises.
00:30:29 A commencer par le choix du plan d'attaque.
00:30:33 "Le plan d'attaque contre le bâtiment est assez simple."
00:30:37 "Les hélicoptères Black Hawk arrivent pour déposer les Rangers par aérocordage aux quatre coins de l'immeuble visé."
00:30:44 "Au même moment, la Delta Force arrive à bord des Little Birds, elle en descend, et les rangers se déplacent."
00:30:51 "Elle en descend, et elle effectue le raid proprement dit."
00:30:54 Ce plan pouvait être rapidement mis en oeuvre dès qu'on signalait une apparition du général Haydee des deux saisons.
00:31:02 "La Task Force Ranger avait besoin d'un plan prêt à l'emploi, pour l'utiliser dès qu'elle en aurait besoin."
00:31:09 "Si les préparatifs étaient trop longs, il y avait toutes les chances pour que la cible ne soit plus à l'endroit signalé par les renseignements."
00:31:17 "Plus c'est simple, mieux c'est. Mais ça ne veut pas dire qu'on ne peut rien modifier."
00:31:22 "On s'y prend simplement un peu différemment à chaque fois. C'est ce qu'on appelle un modèle."
00:31:27 Et celui-ci s'est avéré efficace à de nombreuses reprises, jusqu'à ce jour-là.
00:31:32 Robin Hurst Fole pense savoir pourquoi.
00:31:35 "Dans les années 70-80, quand on se battait contre l'Ira, on a appris à ne jamais répéter un schéma tactique."
00:31:44 "A chaque fois qu'on refait la même chose, qu'on réutilise le même modèle, on donne des renseignements à l'ennemi."
00:31:50 Une fois que les militians savaient où les soldats allaient, ils pouvaient se préparer.
00:31:59 Sitôt les groupes sur place, les Somaliens chargés de la surveillance du champ de bataille annoncent l'arrivée d'hommes en armes.
00:32:10 "Il y avait des gens autour de l'objectif avec des armes lourdes."
00:32:13 "Donc eux savaient qu'on arrivait, et nous on ne savait pas que ça allait être un peu plus dur."
00:32:18 D'autant que les militians ont préparé leur riposte.
00:32:21 Abattre un Black Hawk pour immobiliser les Rangers autour de l'épave et encercler le périmètre.
00:32:27 "Aedid s'était dit que si l'ennemi revenait en hélicoptère et lançait un raid en suivant le même schéma que par le passé,
00:32:38 ses hommes y seraient préparés. Ils auraient des lances-roquettes RPG-7 pour ouvrir le feu sur les hélicoptères."
00:32:44 "Il ne fallait pas sous-estimer Aedid."
00:32:48 "On a utilisé tous les moyens qui étaient à notre disposition pour abattre les Black Hawks."
00:32:54 "Les hélicoptères c'était notre ennemi numéro un."
00:32:58 Les Rangers pensaient qu'une simple roquette ne pouvait pas abattre un Black Hawk, car ça n'était jamais arrivé.
00:33:06 Mais Mohamed Aedid avait trouvé le défaut de cet appareil.
00:33:09 Dans les années 1980, les mujahidines afghans avaient abattu de gros hélicoptères soviétiques à Inde avec des simples roquettes.
00:33:23 "Le RPG-7 est un lance-roquette rudimentaire."
00:33:28 "La partie la plus vulnérable d'un hélicoptère, c'est le rotor de queue."
00:33:34 "Quand on vise le fuselage, le projectile va le traverser sans faire de gros dégâts."
00:33:37 "Mais si on détruit le rotor de queue, l'hélicoptère devient incontrôlable et il s'écrase."
00:33:42 "On a sous-estimé la capacité des Somaliens à abattre un hélicoptère."
00:33:47 "Pour nous, un hélico s'écrasait à cause d'une panne."
00:33:53 "Mais l'ennemi avait compris que c'était le moyen de mobiliser la ville contre nous."
00:33:57 C'est la destruction du second hélicoptère qui a sans doute tout fait basculer.
00:34:03 "La Task Force Ranger ne comptait que 60 hommes au sol."
00:34:06 "Et ils ont tous été envoyés auprès de la première épave pour établir un périmètre de sécurité."
00:34:11 "Ils ne pouvaient pas se séparer pour se rendre auprès de la deuxième."
00:34:16 Enlisés dans un combat de rue, les Rangers ne sont ni équipés ni préparés pour cette seconde intervention.
00:34:25 Et ils affrontent un ennemi qu'ils ont sous-estimé.
00:34:30 "Les Somaliens étaient sur des pick-ups en tongs."
00:34:33 "Il y en avait même un avec un casque de football américain."
00:34:36 "C'était une plaisanterie."
00:34:38 "En une semaine, ce serait plié."
00:34:41 "Des Delta Force, des Rangers, des gars de l'Air Force, des Seals."
00:34:44 "On allait tout casser."
00:34:46 "Notre peuple est très fier."
00:34:49 "Et il est prêt à se défendre et à défendre son pays."
00:34:53 "Je suis sûr que ces Rangers étaient prêts à faire tout pour nous."
00:34:58 "Je suis sûr que ces Rangers étaient de très bons soldats."
00:35:01 "Mais ils ont sous-estimé les Somaliens."
00:35:04 "C'est une des nombreuses erreurs qu'ils ont commises."
00:35:07 La petite troupe se retrouve en pleine ville,
00:35:16 encerclée par des miliciens qui se battent dans des rues qu'ils connaissent par cœur.
00:35:20 "Prenons la zone d'intervention."
00:35:26 "Les bâtiments sont construits très près les uns des autres."
00:35:29 "Et les rues doivent être tout juste assez larges pour un seul véhicule."
00:35:33 "Ca veut dire que l'ennemi peut vous lancer des grenades et vous tirer dessus depuis une position haute."
00:35:39 "C'est l'endroit idéal pour une embuscade."
00:35:42 "En plus, c'est très facile de s'y perdre."
00:35:44 "Le combat de rue est un des types d'affrontements les plus coûteux."
00:35:49 "Et la plupart des généraux essaient d'éviter d'avoir à se battre en ville."
00:35:53 "Fighting in towns."
00:35:55 Mogadiscio n'a connu quasiment que des périodes de conflits
00:36:00 depuis le renversement du président Syed Baré en 1991.
00:36:04 Le gouvernement, la police et les infrastructures étant pour ainsi dire inexistants,
00:36:10 les rues se sont transformées en champs de bataille.
00:36:12 "Chaque porte, chaque fenêtre cache une menace."
00:36:16 "Ils se battent dans le noir."
00:36:22 "Ils voient l'ennemi partout."
00:36:24 "Un arbre devient un ennemi."
00:36:27 "Le sable devient un ennemi."
00:36:29 "Ces pauvres gars ne pouvaient pas lutter contre des gens qui se battaient chez eux."
00:36:49 "Pour équilibrer le combat, face à un ennemi plus nombreux et qui se bat sur son terrain,
00:36:52 les américains ont généralement recours à une puissance de feu dévastatrice."
00:36:56 "Mais c'est précisément cette puissance de feu qu'il leur aurait manqué."
00:37:00 "Les soldats n'avaient ni hélicoptères de combat, ni roquettes, ni artillerie, ni blindes."
00:37:07 "Ils n'avaient pas de fusil de feu."
00:37:10 "Ils n'avaient pas de fusil de feu."
00:37:13 "Ils n'avaient pas de fusil de feu."
00:37:17 "Ni roquettes, ni artillerie, ni blindés."
00:37:19 "En décidant de mener une opération offensive dans de telles conditions,
00:37:26 ils se sont retrouvés très fragilisés."
00:37:30 "On avait demandé une canonnière volante AC-130."
00:37:41 "Ça aurait été un atout."
00:37:44 "On savait que si on se retrouvait dans le pétrin, elle pourrait faire la différence."
00:37:47 "Mais on nous l'avait refusé."
00:37:49 La demande d'envoi de blindés en Somalie essuyait aussi un refus du gouvernement américain.
00:37:57 "Si on avait eu un véhicule plus robuste, équipé d'un blindage,
00:38:04 on aurait pu circuler dans de meilleures conditions de rapidité et de sécurité."
00:38:08 "Mais on nous a envoyés sur le terrain sans nous donner ce qu'on avait réclamé
00:38:13 et on a bien notre mission."
00:38:14 Privés de blindés et d'un soutien aérien suffisant,
00:38:18 les Rangers doivent se contenter de Humvees et des Black Hawks,
00:38:22 des engins plus vulnérables et à la puissance de feu plus réduite.
00:38:26 "Ces décisions politiques n'ont pas tenu compte de l'effet tactique sur le terrain."
00:38:35 Une fois de plus, l'exécutif américain a mal évalué l'ampleur de la tâche.
00:38:43 Tout de suite, la suite.
00:38:46 Mais il n'y a pas qu'au sommet de l'état qu'on a commis l'erreur
00:38:50 de croire les Somaliens incapables de mettre en œuvre une riposte efficace.
00:38:54 A Mogadiscio, les militaires ont mal préparé le raid.
00:38:59 Comme l'opération devait durer moins d'une heure,
00:39:05 les soldats n'ont pris ni leur plaque de blindage,
00:39:07 ni leur matériel de vision nocturne,
00:39:09 ni leur gourde d'eau.
00:39:12 "On pourrait croire que tout le monde avait perdu la tête,
00:39:15 mais sur le moment où on s'est dit que c'était pour le succès de la mission,
00:39:19 plus on serait léger, mieux ce serait."
00:39:22 "J'ai demandé à Jeff, quelle heure il est?
00:39:30 14h30.
00:39:32 La mission dure combien de temps?
00:39:34 Environ 45 minutes.
00:39:36 D'accord.
00:39:39 Alors pourquoi prendre les lunettes de vision nocturne
00:39:41 pour une opération en journée?
00:39:43 On s'est planté.
00:39:46 Une fois la nuit tombée,
00:39:48 ils se sont retrouvés encerclés par un ennemi
00:39:51 en écrasant de supériorité numérique.
00:39:53 S'ils avaient emporté leurs lunettes de vision nocturne,
00:39:57 ils auraient eu un avantage
00:39:59 qui aurait considérablement réduit les pertes.
00:40:02 Nous pouvons désormais vous révéler
00:40:07 l'enchaînement des événements qui a conduit à l'opération militaire américaine
00:40:10 la plus meurtrière depuis le Vietnam.
00:40:12 À H-68,
00:40:18 des soldats d'élite partent faire un raid dans un quartier hostile de Mogadiscio.
00:40:22 Sous-estimant les Somaliens,
00:40:29 ils suivent un plan déjà mis en œuvre.
00:40:32 Go, go, go, go, go, go, go, go!
00:40:34 H-40.
00:40:45 Mal renseignés,
00:40:47 ils se retrouvent face à un ennemi qui les attend de pied ferme.
00:40:50 H-20.
00:40:54 À coup de roquettes,
00:40:56 les Somaliens attaquent la cible prévue,
00:40:58 les Black Hawks.
00:41:01 61, touché.
00:41:02 Les soldats défendent l'hélicoptère abattu.
00:41:06 H- quelques secondes.
00:41:09 64, touché.
00:41:12 Un deuxième Black Hawk est touché.
00:41:14 Englués dans un combat de rue qu'ils ne peuvent pas gagner,
00:41:18 les soldats sont incapables de défendre les deux hélicoptères.
00:41:21 La mission de routine
00:41:23 prend un tour de plus en plus désespérée.
00:41:29 18 soldats américains sont tués et 84 autres blessés.
00:41:32 Sur le plan militaire, la mission est un succès,
00:41:41 puisque les cibles ont été capturées
00:41:43 et que les milices ont enregistré des pertes très lourdes.
00:41:46 Mais les victimes parmi les Rangers
00:41:49 et les images des cadavres traînés dans les rues
00:41:51 conduiront au retrait des forces américaines du pays.
00:41:56 Quand on envoie des GIs dans un pays comme la Somalie,
00:41:59 un pays que la plupart des américains étaient incapables
00:42:01 de situer sur une carte en 1993,
00:42:04 que c'est dans le cadre d'une mission humanitaire
00:42:07 sous l'égide de l'ONU,
00:42:09 il ne faut vraiment pas que les pertes humaines
00:42:11 soient trop élevées.
00:42:13 La rapidité du retrait a laissé un goût amer à beaucoup de Rangers.
00:42:23 Il n'y avait pas un soldat là-bas
00:42:26 qui n'était pas énervé et déçu par ce départ.
00:42:29 Ça n'était pas la bonne décision.
00:42:33 C'est dur de regarder en face
00:42:38 le père d'un soldat tombé en pleine rue
00:42:41 et d'essayer de donner du sens à cette mort.
00:42:44 En quittant Mogadiscio,
00:42:51 on savait qu'on regretterait toujours
00:42:53 de ne pas avoir accompli notre mission finale,
00:42:56 capturer Mohamed Hadid.
00:42:59 Même si on est très bon,
00:43:03 certains vont se faire tuer
00:43:05 et certains vont être blessés.
00:43:07 On perd des hommes quand on les envoie se battre.
00:43:10 C'est inévitable.
00:43:12 Donc il vaut mieux être sûr que ce qu'on les envoie faire
00:43:19 en vaut la peine aux yeux de la nation.
00:43:22 La Somalie sert toujours de champ de bataille aux clans rivaux
00:43:28 et continue de souffrir de la famine.
00:43:31 Malgré les interventions répétées de l'ONU et de l'Union africaine,
00:43:35 aucune solution durable à ces nombreux problèmes n'a encore été trouvée.
00:43:41 A pied, le groupe 2 tente lui aussi de rejoindre l'hélicoptère
00:43:45 pour se mettre sous la protection de la colonne de véhicules.
00:43:48 J'ai entendu un cri.
00:43:50 Elle n'a pas été touchée.
00:43:57 Elle n'a pas été touchée.
00:43:59 Elle n'a pas été touchée.
00:44:01 Elle n'a pas été touchée.
00:44:03 Elle n'a pas été touchée.
00:44:05 Elle n'a pas été touchée.
00:44:08 Elle n'a pas été touchée.
00:44:09 Elle n'a pas été touchée.
00:44:11 Elle n'a pas été touchée.
00:44:13 Elle n'a pas été touchée.
00:44:15 Elle n'a pas été touchée.
00:44:17 Elle n'a pas été touchée.
00:44:19 Elle n'a pas été touchée.
00:44:21 Elle n'a pas été touchée.
00:44:23 Elle n'a pas été touchée.
00:44:25 Elle n'a pas été touchée.
00:44:27 Elle n'a pas été touchée.
00:44:29 Elle n'a pas été touchée.
00:44:31 Elle n'a pas été touchée.
00:44:33 Elle n'a pas été touchée.
00:44:35 Elle n'a pas été touchée.
00:44:37 Elle n'a pas été touchée.
00:44:38 Elle n'a pas été touchée.
00:44:40 Elle n'a pas été touchée.
00:44:42 Elle n'a pas été touchée.
00:44:44 Elle n'a pas été touchée.
00:44:46 Elle n'a pas été touchée.
00:44:48 Elle n'a pas été touchée.
00:44:50 Elle n'a pas été touchée.
00:44:52 Elle n'a pas été touchée.
00:44:54 Elle n'a pas été touchée.
00:44:56 Elle n'a pas été touchée.
00:44:58 Elle n'a pas été touchée.
00:45:00 Elle n'a pas été touchée.
00:45:02 Elle n'a pas été touchée.
00:45:04 Elle n'a pas été touchée.
00:45:07 64 touchées.
00:45:08 64 s'est écrasé.
00:45:11 La foule en colère se rue aussitôt sur les lieux.
00:45:25 Il était à 1800 m du premier Black Hawk où on avait envoyé tous les gars.
00:45:32 On n'aurait jamais imaginé en perdre deux le même jour.
00:45:35 Deux tireurs d'élite de la Delta Force demandent à être déposés auprès du second Black Hawk pour protéger son équipage blessé.
00:45:51 Il n'y avait rien.
00:45:53 Il n'y avait rien.
00:45:55 Il n'y avait rien.
00:45:57 Il n'y avait rien.
00:46:00 Il n'y avait aucun soutien à proximité.
00:46:03 Ils auraient été deux contre un nombre indéterminé de Somaliens.
00:46:07 Donc j'ai dû refuser.
00:46:09 Leur chance d'en sortir vivant était minime.
00:46:16 On leur a demandé s'ils comprenaient les risques et ils ont répondu "oui".
00:46:21 Mais face à l'affût de Somaliens, le colonel Jerry Boykin n'a pas le choix.
00:46:29 Déposez-les.
00:46:30 Il faut gagner du temps pour les blessés.
00:46:34 Roulez, roulez, roulez !
00:46:55 La colonne de véhicules tourne en rond.
00:46:58 Prenez la prochaine à droite en direction du sud.
00:47:01 Dans le labyrinthe de ruelle.
00:47:04 Compris, prochaine à droite.
00:47:07 On a eu droit à une fusillade infernale.
00:47:11 Les Somaliens se tiraient dessus depuis les deux côtés de la rue.
00:47:15 Un de nos véhicules de tête remontait une rue...
00:47:20 quand une roquette a frôlé le capot.
00:47:24 On essuie des tirs importants.
00:47:25 Arrêtez, bon sang, arrêtez !
00:47:27 Une autre embuscade, d'autres victimes.
00:47:32 On était quasiment plus en état d'accomplir notre mission.
00:47:37 On était plus opérationnels compte tenu des pertes.
00:47:40 On a plusieurs blessés.
00:47:43 Les véhicules sont à moitié fichus.
00:47:46 Il faut évacuer les blessés le plus rapidement possible.
00:47:51 On est à 100 mètres.
00:47:52 Gravement diminuée, la colonne renonce à rejoindre le premier Black Hawk
00:48:01 et tente de se frayer un chemin jusqu'à la base américaine.
00:48:04 Blessé, le pilote du second hélicoptère, Mike Durant,
00:48:14 n'est protégé que par les deux tireurs d'élite, Randy Shugart et Gary Gordon.
00:48:19 Chargeur !
00:48:20 Plus tard, Mike nous a raconté que Randy Shugart a crié
00:48:37 "Gordy, je suis touché", et qu'il a cessé de tirer.
00:48:41 L'endroit où le deuxième hélicoptère a été abattu est envahi de somaliens
00:48:44 qui se jettent sur le survivant et sur les cadavres des tireurs d'élite.
00:48:48 Mike a dit qu'ensuite, il a vu une marée de gens déferler.
00:48:56 Il a dit "je suis touché", et il a cessé de tirer.
00:49:01 Il a dit "je suis touché", et il a cessé de tirer.
00:49:04 Il a dit "je suis touché", et il a cessé de tirer.
00:49:08 Il a vu une marée de gens déferler,
00:49:10 et il a perdu connaissance.
00:49:13 En piteux état, la colonne de véhicules arrive finalement à la base.
00:49:22 En ville, 99 soldats des Rangers et de la Delta Force
00:49:28 sont cernés autour de l'endroit où s'est écrasé le premier Black Hawk.
00:49:33 Quand la nuit tombe, ils se réfugient dans un bâtiment.
00:49:36 On était en colère de voir qu'on était sur la défensive.
00:49:47 On était des Rangers, des Delta.
00:49:50 On avait le 160ème régiment d'opérations spéciales au-dessus de nous.
00:49:54 C'était impossible que ces gens nous fassent battre en retraite.
00:49:57 On était sur la défensive.
00:50:00 C'était impossible que ces gens nous fassent battre en retraite.
00:50:02 C'était dingue.
00:50:04 Il aurait suffi de jeter une grenade dans la pièce pour qu'on soit tous tués.
00:50:14 Psychologiquement, when...
00:50:21 3 octobre 1993.
00:50:24 La Task Force Ranger, composée de 160 soldats américains d'élite,
00:50:48 attend le briefing portant sur le prochain raid dans la capitale somalienne.
00:50:51 En route !
00:50:53 L'objectif, capturer ou tuer un chef de guerre rebelle, Mohamed Haïdid,
00:50:59 et faire rentrer son clan dans le rang.
00:51:02 Des informateurs locaux ont indiqué que des cibles majeures,
00:51:11 des fidèles du général Haïdid, vont se réunir dans le centre-ville.
00:51:17 Les Rangers doivent les ramener, morts ou vifs.
00:51:19 15h32.
00:51:23 Depuis leur base à l'aéroport de Mogadiscio,
00:51:31 des hélicoptères Black Hawk et Little Bird emportent des Rangers et des membres de la Delta Force.
00:51:37 On a survolé l'océan.
00:51:42 On a vu les baraques de la périphérie,
00:51:46 et on est arrivé en ville.
00:51:47 A bord du Black Hawk Super 64, les soldats se préparent.
00:52:03 C'est la première fois que le sergent Matt Eversman, 26 ans, va commander sur le terrain.
00:52:13 Tout à coup, le pilote de l'hélicoptère nous a annoncé qu'on allait lancer l'assaut.
00:52:17 Ça nous a donné une grosse décharge d'adrénaline.
00:52:22 On est descendu de 2000 pieds à 40 pieds.
00:52:26 C'est la phase du vol la plus palpitante et la plus effrayante qu'on puisse imaginer.
00:52:40 La tension aura lieu dans un immeuble de trois étages situé dans un quartier tenu par les rebelles.
00:52:44 Elle devrait durer une trentaine de minutes.
00:52:47 On avait prévu d'établir un cordon de sécurité autour de ce bâtiment,
00:52:55 et d'utiliser les petits hélicoptères pour déposer sur le toit les hommes de la Delta Force,
00:53:01 afin qu'ils entrent et qu'ils capturent les individus qu'on recherchait.
00:53:09 Une fois les Blackhawks en stationnaire, les Rangers descendront par aérocordage.
00:53:13 Ils seront divisés en quatre groupes,
00:53:17 et chacun sera chargé de sécuriser un angle du bâtiment.
00:53:21 Le problème, c'est qu'on ne voyait rien. Il y avait de la poussière partout.
00:53:26 Elle s'engouffrait dans l'hélicoptère, et on ne voyait les toits que par intermittence.
00:53:31 On ne savait pas où on était.
00:53:34 Dans l'hélicoptère du groupe 4,
00:53:38 le pilote a dit qu'on n'était pas sur zone,
00:53:40 qu'on s'était arrêté avant l'endroit où il devait nous déposer,
00:53:44 mais on a quand même sorti les cordes de l'hélicoptère.
00:53:48 Le groupe 4 va devoir rejoindre à pied la position qui lui a été assignée.
00:53:56 [Musique]
00:54:16 À mi-hauteur en descendant, j'ai vu le corps d'un Ranger, Todd Blackburn, couché au sol.
00:54:25 Comme on se faisait tirer dessus, j'ai cru qu'il avait été touché.
00:54:29 Et je n'avais même pas mis le pied par terre.
00:54:34 À cause du blessé, les soldats ne peuvent avancer.
00:54:45 L'infirmier m'a dit, "Ce n'est pas une balle, il est tombé." La corde lui a échappé.
00:54:52 J'ai cru que Blackburn était mort. Le sang lui coulait de la bouche, du nez et des oreilles. Il allait très mal.
00:54:59 [Musique]
00:55:15 Le groupe 4 est bloqué légèrement au nord du bâtiment,
00:55:19 alors qu'il devrait protéger les soldats de la Delta Force, qui à cet instant précis font irruption dans l'immeuble à la recherche des proches d'Aïdid.
00:55:26 Au même moment, une colonne de véhicules arrive devant le bâtiment.
00:55:43 Elle a pour mission de ramener tout le monde.
00:55:46 Les Rangers, les membres de la Delta Force et les prisonniers.
00:55:50 Ici Uniforme 64, on est en position, à vous.
00:55:54 Danny McKnight est dans le véhicule de tête.
00:55:58 Je me suis positionné à l'endroit prévu. Je voyais le bâtiment et j'attendais qu'on m'appelle.
00:56:06 [Musique]
00:56:22 Les Blackhawks, qui assurent la surveillance et l'appui feu, essuient des tirs.
00:56:27 Jerry Izzo est aux commandes du Super 65.
00:56:33 J'ai entendu les munitions siffler autour de l'hélicoptère.
00:56:37 Et il y a eu deux explosions, deux coups de tonnerre.
00:56:42 Tous les autres hélicoptères bougeaient.
00:56:45 Ils manœuvraient comme ils pouvaient pour éviter d'être touchés,
00:56:49 mais parfois quand il pleut, on ne peut pas passer entre les gouttes.
00:56:54 [Musique]
00:56:58 16 heures.
00:57:01 [Musique]
00:57:04 Les Américains ont capturé 23 Somaliens, dont deux des principaux collaborateurs d'Aïdid.
00:57:09 [Musique]
00:57:14 La Delta Force s'apprête à être évacuée avec ses prisonniers.
00:57:18 [Musique]
00:57:22 Trois véhicules de la colonne sont envoyés vers le nord pour récupérer le groupe 4, immobilisés par la blessure de Todd Blackburn.
00:57:30 [Musique]
00:57:33 Repli !
00:57:35 [Musique]
00:57:43 Depuis le centre opérationnel, le colonel Jerry Boykin surveille la mission grâce à la retransmission en direct envoyée par les Blackhawk.
00:57:51 Colonel McKnight, embarquez les détenus et ramenez-les à la base.
00:57:57 Reçu.
00:58:00 Ils ont très rapidement capturé les hommes qu'ils étaient allés chercher en rencontrant relativement peu de résistance.
00:58:06 En fait, ils ont été en mesure de les ramener plus rapidement que ce que j'avais prévu.
00:58:11 La mission était terminée, on pensait à rentrer.
00:58:17 Je me disais, on est des combattants aguerris, c'est dingue.
00:58:21 Est-ce qu'on va avoir une médaille ?
00:58:24 On pensait à rentrer.
00:58:27 [Explosions]
00:58:29 Mais alors que les soldats attendent de recevoir l'ordre de rentrée, de plus en plus de Somaliens convergent vers le bâtiment.
00:58:36 J'étais loin mais je suis venu en courant.
00:58:40 J'ai vu plein de gens blessés et une scène de désolation.
00:58:46 C'était un massacre, on n'arrivait pas à compter les cadavres.
00:58:55 Ce spectacle ne m'a pas seulement affecté sur le plan physique, il m'a aussi touché sur le plan psychologique.
00:59:00 J'ai tout vu de mes propres yeux.
00:59:03 On était pris sous un feu nourri.
00:59:08 Le bruit était inimaginable.
00:59:12 Une cacophonie assourdissante.
00:59:16 [Explosions]
00:59:18 La fusillade faisait tellement de bruit qu'on en avait mal aux dents.
00:59:43 [Explosions]
00:59:46 Aux oreilles et aux mâchoires.
00:59:49 Je n'avais jamais ressenti le bruit de cette façon avant de me retrouver sur le champ de bataille ce jour-là.
00:59:58 C'était un combat à couteau tiré, face à des gens que rien n'arrêtait.
01:00:06 Le seul moyen de les stopper, c'était avec nos balles.
01:00:12 Par la force.
01:00:14 [Explosions]
01:00:18 Les Black Hawks sont eux aussi dans une situation délicate.
01:00:26 Il y avait de plus en plus de tirs d'armes automatiques et de lances roquettes.
01:00:31 On commençait à s'inquiéter, à se dire "Allez, finissez-en, montez dans les véhicules qu'on puisse rentrer."
01:00:40 [Explosions]
01:00:43 16h20
01:00:49 [Explosions]
01:00:55 61, touché.
01:01:04 Je revois l'hélico se mettre à tourner.
01:01:08 Je me suis dit "On dirait qu'il va s'écraser."
01:01:11 Sauf que c'est impossible que ça arrive.
01:01:14 J'ai tout vu. J'étais surexcité et ravi quand j'ai vu l'hélicoptère qui s'écrasait.
01:01:20 Des morceaux du Black Hawk ont volé dans tous les sens.
01:01:29 Et l'hélico s'est mis à tourner comme une toupie.
01:01:32 [Explosions]
01:01:36 [Hélicoptère qui tombe]
01:01:39 Black Hawk au tapis. Black Hawk au tapis.
01:01:50 Le Black Hawk 61 s'est écrasé en ville.
01:01:53 Là, on a compris que la mission avait changé.
01:02:00 L'hélicoptère est tombé trois rues au nord du bâtiment.
01:02:06 [Hélicoptère qui tombe]
01:02:08 Une foule de Somaliens se précipite.
01:02:11 Je regardais un autre immeuble quand j'ai vu un tas de gens courir vers l'endroit où l'hélicoptère était tombé.
01:02:22 Et je me suis dit qu'il ne nous restait pas beaucoup de temps pour arriver sur place.
01:02:28 [Explosions]
01:02:34 La colonne de véhicules est dépêchée sur les lieux.
01:02:36 À droite ! À droite !
01:02:38 [Explosions]
01:02:42 En chemin, les véhicules récupèrent certains éléments du groupe 4.
01:02:50 Il y a des blessés à cet endroit. À vous !
01:02:54 Reçu !
01:02:56 Le colonel McKnight s'est arrêté.
01:03:00 [Explosions]
01:03:03 [Explosions]
01:03:07 Nos gars sont montés dans les Humvees qui sont partis en direction du lieu du crash.
01:03:14 [Explosions]
01:03:18 C'est dur de se dire qu'il y a de fortes chances qu'on ne tienne pas jusqu'au lendemain.
01:03:31 [Explosions]
01:03:34 Vague après vague, des milliers de militians se lancent à l'assaut des positions des Rangers.
01:03:43 Des hélicoptères Little Bird tentent désespérément de les tenir à distance.
01:03:55 Quand les Little Bird nous survolaient et qu'ils lâchaient leur rafale, ça éliminait le ciel.
01:04:00 On aurait dit des éclairs. Les roquettes faisaient un bruit du tonnerre.
01:04:04 Et les douilles nous pleuvaient dessus.
01:04:06 Quand la rue était éclairée, on voyait par intermittence des hommes qui se déplaçaient.
01:04:11 Primo, il y en avait plus que ce qu'on avait cru.
01:04:14 Et Dezio, ils étaient plus proches qu'on pensait.
01:04:17 23h15
01:04:23 Une immense colonne de secours quitte la base américaine.
01:04:26 Elle se compose de chars d'assauts pakistanais et de blindés malais,
01:04:31 d'hommes des Rangers et de la 10e division de montagne.
01:04:34 Et elle a pour mission d'exfiltrer les soldats cernés par l'ennemi.
01:04:38 Larry Moores commande un détachement de Rangers qui retourne en ville.
01:04:44 Ils savaient à quoi s'attendre. Ils savaient que la route serait longue et difficile.
01:04:52 Mais il fallait y retourner pour accomplir notre mission.
01:04:55 A 1h55, quand les véhicules de Larry Moores arrivent à côté du 2e Black Hawk abattu,
01:05:06 ils ne découvrent ni survivants ni cadavres.
01:05:09 Quelques minutes plus tard, la colonne de secours parvient à la position tenue par les Rangers,
01:05:15 près de l'épave du premier hélicoptère.
01:05:21 Vu que certains soldats embarquent morts et blessés, d'autres dégagent le corps du pilote Cliff Walcott.
01:05:26 Ils ont dû mettre les blessés dans les véhicules, ce qui a pris beaucoup de temps,
01:05:32 et les cadavres sur les véhicules.
01:05:34 Les morts ne risquaient plus rien depuis longtemps.
01:05:38 Curieusement, ça ne tirait plus beaucoup. Mais tout à coup,
01:05:47 ça a repris.
01:05:51 On devait être 7 ou 8 entassés dans le véhicule.
01:05:54 On était tous blessés, ça puait le sang et la sueur.
01:05:57 Et j'ai dit au conducteur, "Vas-y, vieux, appuie sur le champignon et fous ton camp."
01:06:01 Je ne savais pas que les autres étaient encore en train de dégager le corps de Cliff Walcott.
01:06:18 Il n'était pas question qu'ils repartent sans l'avoir sorti,
01:06:21 donc ils ont attendu que les gars désossent l'hélicoptère.
01:06:24 5h42
01:06:27 La colonne de secours est enfin prête à partir.
01:06:33 Mais les véhicules, étant remplis d'hommes de la 10e Division de Montagne,
01:06:40 de soldats des Nations Unies et de blessés,
01:06:43 tous les Rangers ne peuvent pas embarquer.
01:06:46 Certains G.I. qui n'ont pas été blessés doivent donc rentrer à pied.
01:06:50 C'était n'importe quoi.
01:06:52 Théoriquement, on devait courir à côté des blindés pour qu'ils nous protègent.
01:06:58 Mais dès qu'on est arrivés au premier croisement, le véhicule est parti sans nous.
01:07:04 Les Rangers et les soldats de la Delta Force vont parcourir ce qu'on surnommera
01:07:09 les 1800 mètres de Mogadiscio pour rallier le stade de football tenu par l'ONU.
01:07:15 Par miracle, aucun blessé ne sera déploré.
01:07:18 J'ai vu un camion de 5 tonnes revenir à l'aéroport.
01:07:24 Dedans, il y avait des corps, des morts et des blessés.
01:07:28 Je me suis approché pour aider les gars à baisser le haillon arrière
01:07:37 et à ce moment-là, le sang s'est mis à couler par terre.
01:07:42 Ça m'a vraiment fichu un coup terrible.
01:07:45 Tous ces hommes étaient sous ma responsabilité.
01:07:50 Côté américain, le bilan fait état de 18 morts et 84 blessés.
01:07:57 Le pilote du second Black Hawk est prisonnier et nul ne sait où il est retenu.
01:08:03 Mike Duvont, armée de terre.
01:08:10 De terre.
01:08:11 On estime qu'il y a entre 500 et 1 millier de victimes somaliennes.
01:08:19 Aux Etats-Unis, les images des cadavres des G.I. traînés dans les rues de Mogadiscio
01:08:27 suscitent horreur et indignation.
01:08:30 En retraçant le fil des événements, nous allons vous révéler comment une milice
01:08:37 mal organisée et sous-équipée a réussi à tenir en échec des troupes d'élite.
01:08:42 Fonce !
01:08:45 Les troupes américaines ont été envoyées en Somalie en mars 1992
01:08:54 dans le cadre d'une mission humanitaire des Nations Unies, l'opération "Restore Hope"
01:08:59 pour protéger et distribuer l'aide alimentaire.
01:09:02 Pas trop près ! Écartez-vous !
01:09:06 On empêche la foule de voler les céréales, mais comme elle est de plus en plus incontrôlable,
01:09:10 on doit veiller à la sécurité.
01:09:12 Robert Oakley était ambassadeur extraordinaire des Etats-Unis en Somalie.
01:09:25 Les forces de "Restore Hope" avaient montré qu'elles pouvaient relever n'importe quel défi
01:09:30 de manière impartiale.
01:09:33 Elles étaient dirigées conjointement par les Etats-Unis et l'ONU
01:09:36 et composées de civils et de militaires.
01:09:38 Le pays s'en sortait bien.
01:09:41 Mais en août 1993, tout change, sous la houlette du nouvel occupant de la Maison-Blanche.
01:09:47 Au lieu de se limiter à la protection et à la distribution de l'aide alimentaire,
01:09:53 les G.I. se lancent à la recherche de celui que Washington considère
01:09:57 comme la pire menace contre la stabilité du pays.
01:10:01 On a été envoyé à Mogadiscio, la capitale somalienne,
01:10:04 pour capturer un chef de clan à la sinistre réputation, Mohamed Farah Aidid,
01:10:10 afin qu'il soit traduit en justice.
01:10:13 L'opinion publique américaine exige de savoir pourquoi cette mission a si mal tourné.
01:10:19 Et pourquoi Mike Durant est otage des Somaliens.
01:10:29 Tout de suite, la suite.
01:10:31 Près la débâcle du 4 octobre, Robert Oakley retourne sur place
01:10:35 et joue un rôle essentiel dans la libération du pilote.
01:10:38 À notre camarade de la Task Force Ranger, la liberté n'a jamais eu aussi bon goût.
01:10:45 Selon Oakley, vouloir faire tomber Aidid n'était pas une bonne idée.
01:10:54 Si on l'avait capturé, un autre aurait pris sa place et les combats auraient repris.
01:10:59 L'ONU et les États-Unis signifient à l'intéressé qu'il n'a pas sa place dans la Somalie de demain.
01:11:05 Comme les États-Unis et l'ONU lui avaient enlevé tout espoir de se retrouver à la tête du pays,
01:11:13 il fallait qu'ils trouvent une solution pour se faire remarquer.
01:11:21 C'est une réaction très humaine.
01:11:24 J'appartiens à mon peuple. Les souffrances, les tueries, je les vis avec lui.
01:11:31 Auteur du best-seller "La Chute du Faucon Noir",
01:11:39 Mark Bowden a interrogé des soldats qui ont participé au raid,
01:11:42 ainsi que des membres de la milice de Mohamed Aidid.
01:11:47 Les Somaliens étaient encore divisés au printemps 1992.
01:11:51 Beaucoup voyaient d'un bon oeil la présence des Nations-Unis.
01:11:54 Elles leur donnaient espoir.
01:11:56 Quand ces forces sont arrivées, elles nous ont apporté de l'aide alimentaire.
01:12:00 On était content qu'elles viennent. On brandissait des fleurs.
01:12:04 Mais un événement survenu en juillet 1993 a uni les Somaliens par-delà leur rivalité clanique.
01:12:15 Les Nations-Unis ont encerclé un bâtiment
01:12:19 où les hauts responsables des clans se rencontraient
01:12:22 pour savoir s'ils devaient ou non soutenir Mohamed Aidid dans sa lutte contre l'ONU.
01:12:28 Les Nations-Unis veulent punir le général responsable le mois précédent
01:12:33 du massacre de 24 soldats pakistanais des forces de maintien de la paix.
01:12:37 Cette réunion au sommet se déroule en juillet.
01:12:40 Le président de la République, Mohamed Aidid, se souvient bien de cette journée.
01:12:45 Un hélicoptère est arrivé et il s'est mis à tirer.
01:12:50 Mais il n'y avait pas de cache d'armes, contrairement à ce qui a été dit.
01:12:54 Et malheureusement, 72 ou 73 de nos anciens ont trouvé la mort.
01:12:59 Le président de la République, Mohamed Aidid,
01:13:05 se souvient bien de cette journée.
01:13:08 Un hélicoptère est arrivé et il s'est mis à tirer.
01:13:11 Mais il n'y avait pas de cache d'armes, contrairement à ce qui a été dit.
01:13:14 Et malheureusement, 72 ou 73 de nos anciens ont trouvé la mort.
01:13:19 C'est dans ce climat de tension que les Rangers de la Delta Force arrivent 6 semaines plus tard.
01:13:27 Et l'opération menée en ville ne fait qu'ajouter à la colère des habitants.
01:13:33 "Dégagez-le !"
01:13:34 "Imaginez un hélicoptère, des gars qui en descendent le long d'une corde,
01:13:38 qui démolisent votre porte et qui se mettent à aboyer des ordres.
01:13:42 Pas étonnant qu'on ne veuille pas de nous."
01:13:46 Dans le climat délétère de Mogadiscio,
01:13:50 toute opération militaire doit s'appuyer sur des renseignements fiables.
01:13:56 Robyn Horsfall a été un des plus jeunes soldats à intégrer les SAS, les Forces Spéciales Britanniques.
01:14:02 Il s'est très souvent frotté à l'Ira, dans les rues des villes d'Irlande du Nord.
01:14:09 Et il a participé à la libération des otages de l'ambassade d'Iran à Londres en 1980.
01:14:15 D'après lui, compte tenu de l'hostilité grandissante,
01:14:21 un certain nombre d'erreurs tactiques ont été commises.
01:14:25 A commencer par le choix du plan d'attaque.
01:14:28 "Le plan d'attaque contre le bâtiment est assez simple.
01:14:32 Les hélicoptères Black Hawk arrivent pour déposer les Rangers par aérocordage
01:14:37 aux quatre coins de l'immeuble visé.
01:14:40 Au même moment, la Delta Force arrive à bord des Little Bird,
01:14:44 elle en descend et elle effectue le raid proprement dit."
01:14:48 Ce plan pouvait être rapidement mis en oeuvre
01:14:51 dès qu'on signalait une apparition du Général Haydee des deux saisons.
01:14:55 "La Task Force Ranger avait besoin d'un plan prêt à l'emploi
01:14:59 pour l'utiliser dès qu'elle en aurait besoin.
01:15:02 Si les préparatifs étaient trop longs, il y avait toutes les chances
01:15:05 pour que la cible ne soit plus à l'endroit signalé par les renseignements."
01:15:09 "Plus c'est simple, mieux c'est.
01:15:12 Mais ça ne veut pas dire qu'on ne peut rien modifier.
01:15:15 On s'y prend simplement un peu différemment à chaque fois.
01:15:18 C'est ce qu'on appelle un modèle."
01:15:20 Et celui-ci s'est avéré efficace à de nombreuses reprises,
01:15:23 jusqu'à ce jour-là.
01:15:25 Robin Horsfall pense savoir pourquoi.
01:15:28 "Dans les années 70-80, quand on se battait contre l'Ira,
01:15:32 on a appris à ne jamais répéter un schéma tactique.
01:15:36 A chaque fois qu'on refait la même chose, qu'on réutilise le même modèle,
01:15:40 on donne des renseignements à l'ennemi."
01:15:48 Une fois que les militians savaient où les soldats allaient,
01:15:51 ils pouvaient se préparer.
01:15:53 Sitôt les groupes sur place, les Somaliens chargés de la surveillance
01:15:58 du champ de bataille annoncent l'arrivée d'hommes en armes.
01:16:01 "Il y avait des gens autour de l'objectif avec des armes lourdes.
01:16:07 Donc eux savaient qu'on arrivait, et nous on ne savait pas
01:16:10 que ça allait être un peu plus dur."
01:16:12 D'autant que les militians ont préparé leur riposte.
01:16:15 Abattre un Black Hawk pour immobiliser les Rangers autour de l'épave
01:16:18 et encercler le périmètre.

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