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Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Romain Desarbres" sur : http://www.europe1.fr/emissions/lentretien-de-romain-desarbres

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00:00 assez pragmatique de ce dossier assez sensible qu'est l'immigration, c'est le moins qu'on puisse dire.
00:05 Déjà pour ce qui est de la France, je lis page 5 dans votre livre qu'entre 1968 et 2021,
00:12 le nombre d'immigrés en France a été multiplié par 2,2 et le nombre de Français a été multiplié par 1,4.
00:19 Donc la population immigrée a augmenté plus vite que la population française. Ça c'est un fait.
00:24 Oui, c'est un fait, oui.
00:26 C'est un fait acquis. Qu'est-ce que ça dit ?
00:29 D'abord, globalement, il n'y a jamais eu autant d'immigrés en France qu'aujourd'hui,
00:33 aux alentours de 10 ou 11 % en fonction des modes de calcul.
00:37 Quand on parle d'immigrés, de gens de nationalités étrangères.
00:42 Non, pas forcément. C'est quelqu'un de tienné étranger à l'étranger.
00:45 Il y a un peu plus de 7 millions d'immigrés en France, dont 2,5 millions ont acquis la nationalité française.
00:52 C'est quelqu'un de téné étranger à l'étranger et une partie a obtenu la nationalité française.
00:58 Ce qui est vrai, c'est que la France, comme d'autres pays d'Europe,
01:01 et l'Europe de manière générale, est un continent qui a vu ces dernières années une très forte progression d'immigrés,
01:08 pour des raisons soit économiques, soit pour le regroupement familial ou l'immigration familiale,
01:13 comme c'est le cas pour la France.
01:15 Combien la France accueille-t-elle d'étrangers légalement chaque année ?
01:19 Pour bien comprendre de quoi on parle.
01:21 On est autour de 200 000 titres de séjour chaque année, 220 000 titres d'étudiants.
01:28 On est devenu un pays à très forte immigration étudiante francophone,
01:33 qui est aujourd'hui de plus de 100 000, c'est-à-dire supérieur à ce qu'on appelle l'immigration familiale.
01:39 L'immigration familiale, c'est le deuxième poste.
01:41 Et puis après, on a une immigration de travail qui continue.
01:44 Et puis on a les demandeurs d'asile.
01:46 Et la difficulté souvent dans le débat, c'est qu'un demandeur d'asile, une fois qu'il est inscrit,
01:49 comme demandeur d'asile, il est en situation légale.
01:52 Et donc si vous rajoutez aux 220 000, 130 000 ou 140 000...
01:57 On est à plus de 350 000.
01:59 Voilà, c'est à peu près ça.
02:01 Il y a des personnes qui pouvaient être déjà là et à qui on a donné un titre de séjour
02:06 dans le cadre d'une régularisation, 30 000 l'année dernière.
02:09 Et la demande d'asile est parfois dévoyée.
02:12 On sait qu'on n'a pas le droit à l'asile, on le demande.
02:15 Et le temps que le dossier soit instruit, on s'installe en France.
02:18 Alors c'est un des sujets de la demande d'asile, c'est qu'elle est devenue de fait,
02:23 et on le voit à travers les décisions de l'Office français pour les réfugiés, les apatrides,
02:28 qui examinent individuellement chaque dossier,
02:30 et bien que, disons, les trois quarts des personnes, en fonction des années,
02:34 ou les deux tiers, ne relèvent pas de l'asile.
02:36 Et c'est là toute la difficulté.
02:38 Et c'est une difficulté qu'on voit aujourd'hui, en particulier à travers la Méditerranée.
02:42 Alors Emmanuel Macron a dit fin août au point que la situation n'était pas tenable.
02:47 Est-ce qu'on a atteint, vous qui êtes un fin observateur, un point de saturation, un plafond, on appelle ça comme on veut ?
02:55 Alors le problème, ce n'est pas simplement une question de nombre.
02:58 C'est le croisement entre le sujet du nombre, c'est-à-dire du nombre d'immigrés qui arrivent,
03:03 et les questions sociales.
03:04 C'est par exemple le problème de l'accès au logement.
03:06 On a beaucoup de personnes qui arrivent et qui ont du mal à trouver du logement,
03:10 comme du reste, une partie de la population ici déjà résidente a du mal à accéder au logement.
03:14 Il y a le problème du travail.
03:16 On a perdu beaucoup d'emplois peu ou pas qualifiés.
03:19 Or, on a une partie de l'immigration, qui est quand même importante,
03:22 qui n'a pas le niveau de qualification suffisant et qui, du coup, a du mal à rentrer dans le marché du travail
03:27 ou rentre à travers des petits boulots, si vous voulez.
03:30 Et ça fait partie des choses qui peuvent être regardées de manière un peu défiante par une partie des Français.
03:36 Parce que 350 000 personnes qui arrivent chaque année, effectivement, il faut loger, nourrir.
03:41 C'est une grosse ville, 350 000 personnes.
03:44 On peut le prendre comme ça, mais bien évidemment, dans ces 350 000,
03:47 il y a des personnes qui peuvent être un apport économique.
03:50 Je pense par exemple aux étudiants. Les étudiants, c'est un marché mondial.
03:53 Donc les 100 000 étudiants, c'est un apport économique.
03:56 Après, la question, c'est de savoir s'ils repartent ou pas en fonction de leur origine.
04:02 Et c'est un peu là où il y a une discussion.
04:04 Il y a l'immigration familiale, où théoriquement, celui qui fait venir, prend en charge la personne qui vient.
04:10 La difficulté, c'est la demande d'asile.
04:12 Et c'est le fait qu'une partie de cette demande d'asile,
04:15 une partie très importante, majoritaire aujourd'hui,
04:18 est constituée de personnes qui auront du mal à s'insérer en France
04:21 parce qu'elles n'auront pas de qualification, elles n'auront pas de titre de séjour.
04:25 Et même pour ceux qui obtiennent le statut d'influgé,
04:27 il y a une difficulté à avoir un parcours d'intégration, d'autonomie, soit par le travail, soit par le logement.
04:33 A propos d'insertion, vous écrivez « Soyons francs, le processus d'intégration ne peut pas être le même
04:39 pour un Tchétchène musulman et pour un Polonais catholique. »
04:42 Est-ce que le cœur du problème n'est pas là ?
04:44 L'insertion, comment on insère ?
04:46 La France, vous le disiez, accueille depuis des décennies des immigrés.
04:51 Pas depuis la nuit des temps, mais depuis des décennies des immigrés.
04:54 Depuis, disons, le milieu du 19e siècle.
04:56 Et la France est plutôt généreuse, voilà, depuis 1850.
04:58 Mais tout à l'heure, je crois que vous avez parlé de démographie.
05:02 Dans les années 1920 et 1930, la natalité, la démographie.
05:05 Dans les années 1920 et 1930, la France recevait plus d'immigrés en proportion de sa population que les États-Unis.
05:12 Mais il y a un travail de prise en charge, d'unification d'une certaine manière d'un peuple,
05:18 avec des aspirations communes, des luttes sociales qui ont permis d'unifier à travers l'entreprise, par exemple.
05:26 1936, c'était un grand moment d'intégration de l'immigration.
05:30 Ce qu'on a perdu, ce sont les entreprises. La désindustrialisation a été un facteur de déstructuration de la société.
05:37 Et ça pèse en particulier sur l'immigration.
05:39 Et se rajoutent les écarts culturels.
05:41 D'une certaine manière, on avait plus de liens, même, je dirais, avec des personnes qui venaient de l'autre côté de la Méditerranée.
05:50 Dans les années 50-60, on se reconnaissait plus qu'on ne l'a aujourd'hui.
05:55 Parce qu'en plus, la question de la religion est devenue durcir les écarts, et en particulier les écarts culturels.
06:02 Savoir qui rentre et qui ne rentre pas dans un pays, ce n'est pas rien.
06:06 Je voudrais qu'on regarde ce sondage, c'est ça pour ces news qu'on a révélées.
06:10 70% des Français veulent un référendum sur l'immigration.
06:14 Est-ce qu'on va voir les chiffres ?
06:16 77% !
06:18 Non, ça c'est la prime.
06:21 Ce que je voulais vous montrer, c'est les Français qui veulent un référendum.
06:25 70% des Français veulent un référendum sur l'immigration.
06:28 Et certains partis politiques le proposent, essentiellement à droite.
06:33 Pourquoi ne pas demander aux Français ce qu'ils en pensent ?
06:35 La question, c'est quelle question on pose ?
06:37 Oui.
06:38 C'est quand même pas simple.
06:39 Mais à travers cette réponse de 70% des Français, qu'est-ce qu'ils s'expriment ?
06:43 Ils s'expriment une inquiétude qui est la suivante.
06:46 Beaucoup de Français vivent déjà des difficultés sociales, l'accès au logement.
06:51 Et la question qui est angoissante, pas simplement en France, mais dans l'ensemble des pays européens,
06:56 c'est qu'on a construit en Europe ce qu'on appelle des états sociaux, l'état social.
07:00 Avec des aides.
07:02 Avec des aides.
07:03 Et c'est un état qui est basé sur le fait qu'il y a soit des gens qui contribuent parce qu'ils sont salariés, soit des gens qui payent des impôts.
07:09 Et donc toute la question, c'est de savoir quel est l'espace de la solidarité ?
07:13 Jusqu'où peut-il s'étendre ?
07:15 Et là, il y a une angoisse d'une partie de la population qui, en plus, est la partie de la population qui tient le plus à l'état social,
07:21 parce que c'est ce qu'elle peut léguer à ses enfants, d'une certaine manière, plus que du patrimoine immobilier.
07:27 Mais sur la décision, on n'a jamais véritablement demandé aux Français s'ils étaient d'accord ou pas pour faire venir des immigrants en France.
07:35 Il n'y a jamais eu une demande.
07:36 Alors que c'est un vrai changement de société quand on fait venir des immigrants en France.
07:42 Le changement de société, c'est un changement de longue durée, parce que la particularité de la France,
07:47 et c'est peut-être pour ça aussi qu'on a des débats qui peuvent déranger l'esprit,
07:52 c'est que sur la longue durée, on a une infusion de l'immigration avec un quart, un tiers de la population qui a un ascendant immigré.
08:02 Et donc la difficulté, c'est la conjonction, et je le redis, entre les difficultés économiques et le nombre.
08:10 Et c'est ça qui inquiète une partie de la population.

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