Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Romain Desarbres" sur : http://www.europe1.fr/emissions/lentretien-de-romain-desarbres
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00:00 On va commencer par la grande marche contre l'antisémitisme de dimanche dernier.
00:03 Pourquoi commencer par ça ?
00:05 Parce que hier soir, Patrick Bruel a dit sur France 5
00:10 qu'une semaine après, il n'avait toujours pas compris
00:13 pourquoi le président de la République n'avait pas participé à cette marche.
00:16 Est-ce que vous avez compris ?
00:17 – Je l'ai entendu, j'ai regardé hier Patrick Bruel.
00:21 Non, j'entends le rôle du président de la République.
00:23 Regardez-moi, j'étais là, voilà, mon rôle c'était de tenir la bande de rôle,
00:26 je l'ai tenue, je pense que le rôle du président de la République
00:29 et il l'a rappelé, et il l'a bien fait,
00:31 c'était de travailler ardemment à la libération des otages.
00:34 Je pense qu'on ne peut pas constamment tout mélanger.
00:37 – Pourquoi ça l'empêche d'aller marcher contre l'antisémitisme et pour la République ?
00:41 – Parce que toutes les marches sont légitimes.
00:44 Toutes les marches sont légitimes et que si on doit considérer
00:47 que le président de la République, à chaque fois que nous organisons,
00:50 et ça a été organisé par la présidente de l'Assemblée nationale
00:52 et par le président Larcher, président du Sénat,
00:54 – Ce qui a accordé une force à cette marche, à cette initiative.
00:56 – La première ministre, le gouvernement qui s'est mobilisé
00:59 massivement, moi je vous le disais, je tenais la banderole de l'autre côté
01:02 et Rahim Korsia de l'autre côté.
01:05 La réalité c'est qu'on ne peut pas toujours tout demander et tout faire,
01:09 et enfin tout instruire avec le président de la République.
01:12 Le président de la République est le garant de l'unité de la nation.
01:15 Et le rôle du président de la République, et moi je le réaffirme,
01:18 je l'avais déjà dit avant, on m'avait déjà questionné.
01:20 – Mais il aurait mis en danger l'unité de la nation en mal participant à cette marche ?
01:22 – Non, il n'aurait pas mis en danger, je pense que,
01:25 parce que de toute façon en participant,
01:27 on lui aurait reproché exactement le contraire,
01:28 c'est-à-dire que quoi qu'il fasse dans cette situation,
01:30 on lui aurait reproché tout son contraire.
01:32 – Qui aurait pu lui reprocher quoi que ce soit ?
01:33 – Tous les médias, les autres.
01:37 Moi ce que je pense, et je le dis en tant que membre du gouvernement,
01:40 mais aussi en tant que citoyenne,
01:42 ce que les Français aussi attendent du président de la République,
01:45 nous avons, et je le rappelle, c'est très important,
01:47 encore des otages détenus par le groupe terroriste du Hamas.
01:51 Et je pense que c'est là que le président de la République,
01:53 tous les jours, sans relâche, travaille à leur libération.
01:57 Et que la marche contre l'antisémitisme a été,
01:59 pour moi c'était important d'y être,
02:01 donc on s'est mobilisés, je vous le redis.
02:03 La première ministre était là,
02:04 beaucoup de membres du, même une très grande majorité
02:07 de membres du gouvernement étaient là.
02:09 Beaucoup de monde, il me semble que les chiffres étaient à peu près 100 000 personnes.
02:13 J'aurais évidemment, comme beaucoup, aimé qu'on soit à les 500 000,
02:17 1 million, 10 millions, mais la réalité c'est que cette marche
02:20 est une grande réussite, que ce soit sur le plan de la sécurité
02:23 ou sur le plan de la mobilisation.
02:24 Donc le rôle, mon rôle, c'était de tenir la bande de rôle,
02:27 je l'ai tenue, j'étais là,
02:29 aux côtés de tous ceux qui ont manifesté contre l'antisémitisme.
02:32 – L'absence du président de la République ?
02:34 – Je pense avoir largement répondu,
02:37 et c'est ma conviction profonde, le rôle du président de la République
02:40 est d'être à sa tâche, quand nous avons défrancé des concitoyens,
02:44 nos concitoyens qui sont otages, son rôle est là.
02:46 – L'humoriste controversé Yassine Belattar a été consulté par l'Elysée
02:49 pour savoir si Emmanuel Macron devait aller ou non à la marche
02:52 contre l'antisémitisme, à cette marche.
02:54 Il aurait déconseillé qu'Emmanuel Macron s'y rende.
02:56 Est-ce que vous avez été choqués d'apprendre que l'Elysée demandait l'avis
02:59 d'un humoriste, certes, accessoirement condamné pour menace de mort ?
03:02 – Écoutez, moi je ne sais pas les liens ni de Yassine Belattar avec les conseillers,
03:08 parce que là on parle de conseillers.
03:09 Si on pense, très sincèrement, nous sommes la 6ème puissance mondiale,
03:13 si on pense que l'un des hommes les plus puissants du monde
03:17 se fait conseiller par Yassine Belattar pour savoir s'il doit venir ou pas.
03:20 – Visiblement son avis compte auprès de certains qui conseillent le président.
03:23 – Oui, alors, auprès de certains qui conseillent le président,
03:25 mais pas le président directement.
03:26 Donc les conseillers prennent leur part,
03:28 le président de la République on le laisse en dehors de tout ça.
03:29 – Il vous a consulté, vous qui êtes sa secrète à l'État à la ville ?
03:32 – Alors écoutez, et à la citoyenneté, et à la citoyenneté et à la ville.
03:35 Moi, de toute façon c'est une autorité publique,
03:39 je connais depuis longtemps le président de la République,
03:41 je donne mon avis quand il me le demande,
03:43 et là il ne me l'a pas demandé donc je ne l'ai pas donné.
03:45 – Emmanuel Macron a eu peur d'envoyer quel message en marchant pour la République
03:50 et contre l'antisémitisme ?
03:51 – A voulu donner quel message en ne venant pas ?
03:53 – Il a eu peur d'envoyer quel message ?
03:54 – Non, il n'a pas peur, le président de la République n'a pas peur.
03:57 Le président de la République est le garant de la nation.
04:00 De quoi a-t-il peur ?
04:01 Il a peur pour le sort de nos otages, je le répète,
04:04 il a peur de ce qui est en train de se passer au Proche et au Moyen-Orient,
04:08 il n'a pas peur d'envoyer tel ou tel message.
04:09 La réalité c'est qu'il s'oppose, et il a raison, et il a raison,
04:12 parce que vous savez l'antisémitisme n'est que le prélude,
04:16 le prémice des autres haines qui arrivent derrière.
04:19 Et le président de la République c'est le président de tous les Français.
04:21 Donc je pense que préserver, essayer, autant que faire se peut,
04:25 il le fait avec beaucoup de force, l'unité de la nation,
04:28 vous savez il n'y a pas de Français préféré…
04:29 – Et le président de tous les Français, ça veut dire qu'il aurait…
04:32 ça aurait pu être mal interprété par une communauté par exemple,
04:35 c'est ce que vous suspectez ?
04:36 – Non pas du tout, pas du tout, ce que je dis c'est que l'universalisme
04:40 avec lequel il a tenu, il tient des propos universalistes et il a raison.
04:45 Et ce sont aussi mes propos, je l'avais écrit il y a longtemps,
04:47 j'ai beaucoup travaillé sur ces sujets-là,
04:49 je pense que de commencer à faire des distinctions
04:52 et des catégories entre Français, c'est le début de notre malheur.
04:55 Donc moi ce que je dis, et je le réaffirme,
04:57 l'antisémitisme n'est que le prélude des autres haines.
05:00 Et ne pas se leurrer, vous savez, l'antisémitisme, le racisme,
05:04 l'islamophobie, la xénophobie, la haine des personnes LGBT,
05:09 tout ça n'est qu'une concordance de haine.
05:11 – Et là on le commence, c'est contre l'antisémitisme.
05:13 – Il n'y a pas, absolument, absolument, parce qu'en ce moment,
05:16 nos concitoyens de confession juive…
05:18 – À l'exclusion d'aucun autre combat, mais là en l'occurrence…
05:20 – Absolument, vous savez, on ne règle jamais une injustice
05:23 avec une autre injustice.
05:25 Et tous les combats sont légitimes, contre l'islamophobie,
05:28 contre l'antisémitisme, contre le racisme.
05:30 Donc la réalité c'est que nous sommes la République,
05:32 nous sommes une République.
05:34 Et ce qui tient la République, c'est que tous les Français
05:37 soient traités exactement à même échelle, au même niveau,
05:40 et on appelle ça l'universalisme.
05:41 Et c'est notre grandeur, c'est la grandeur de notre pays.
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