François Paillard, président en Bretagne de la Fédération française de cardiologie
François Paillard, président en Bretagne de la Fédération française de cardiologie, invité de France Bleu Armorique, ce vendredi 29 septembre.
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00:00 - France Barberie, 8h18, Valentin ce matin, l'occasion de la journée mondiale du coeur.
00:04 On s'intéresse aux risques cardiovasculaires.
00:06 - Et pour en parler avec nous, le président en Bretagne de la Fédération française de cardiologie.
00:10 Bonjour Docteur François Payard. - Bonjour.
00:12 - Vous êtes également cardiologue au CHU de Rennes.
00:14 Il y a combien d'infarctus et de décès par an en Bretagne ?
00:17 - Alors on estime qu'il y a à peu près 15 000 infarctus par an en Bretagne, dont 2 200 sont mortels.
00:23 - Et on estime que sur ces dernières années, on est plutôt sur une tendance à la hausse, à la baisse.
00:28 Il y a eu une évolution à noter ?
00:30 - Alors il y a une baisse de la mortalité, qui est liée à l'amélioration des soins,
00:33 et puis également au meilleur contrôle des facteurs de risque.
00:36 Par contre, le nombre total a relativement peu baissé, un petit peu, mais moins que la mortalité.
00:43 - Qu'est-ce qui fait qu'une personne est davantage sujette à un infarctus qu'une autre ?
00:47 - Alors il y a ce qu'on appelle des facteurs de risque,
00:49 qui sont vraiment dans le domaine des maladies cardiovasculaires très importants,
00:52 parce qu'ils expliquent une large partie de la survenue de ces maladies.
00:56 Et donc ces facteurs de risque sont à la fois ceux qui sont liés au mode de vie,
00:59 le tabac, la mauvaise alimentation, la sédentarité, le stress,
01:04 et puis d'autres qu'on va mesurer avec le médecin, par exemple,
01:07 comme la pression artérielle, le cholestérol, le diabète.
01:10 - Il y a aussi le fait d'être un homme ou une femme ?
01:13 - Oui, alors les hommes sont, au moins jusqu'à 60 ans, davantage touchés que les femmes.
01:17 On estime que les femmes sont relativement protégées par les hormones féminines jusqu'à la ménopause.
01:23 Donc avant 60 ans, c'est plutôt 4 hommes pour une femme.
01:25 Et puis après, ça s'égalise et même sur le tard, les femmes rattrapent largement.
01:29 - Pour lutter justement contre ces risques d'infarctus, il y a lutter contre la sédentarité ?
01:34 - Absolument, oui, c'est un élément très important.
01:37 Il faut à la fois faire de l'activité physique, c'est une chose,
01:40 l'activité physique ou sportive, et puis d'autre part, effectivement,
01:43 éviter une sédentarité trop prolongée.
01:45 Donc quand on a beaucoup d'entre nous, et vous en particulier, vous avez des métiers assis,
01:48 eh bien il faut assez régulièrement, au moins toutes les deux heures,
01:51 se lever, bouger un petit peu pendant quelques minutes.
01:54 Ça, c'est également un élément important.
01:56 - Le président en Bretagne de la Fédération française de cardiologie,
01:58 le Dr François Payard, est avec nous.
02:00 On parle des risques cardiovasculaires.
02:02 - On parlait de l'activité physique pour justement lutter contre les risques d'infarctus.
02:06 Quel est l'effet de l'activité physique sur le cœur ?
02:09 - Alors, il est assez multiple.
02:11 C'est-à-dire que vous avez d'une part, pendant l'activité physique,
02:13 une dilatation des artères, qui est plutôt bonne,
02:16 parce que ça les fait fonctionner davantage,
02:18 et c'est plutôt une bonne chose sur le long terme.
02:21 Et puis vous avez aussi des aspects plutôt métaboliques,
02:23 c'est-à-dire que ça va s'opposer à la prise de poids,
02:26 au risque de diabète.
02:28 Donc il y a de multiples effets qui sont bénéfiques finalement au niveau cardiovasculaire.
02:32 - Il y a le côté physique, il y a aussi le côté psychique,
02:35 qui est un facteur de risque.
02:37 Le stress notamment peut aboutir à un infarctus ?
02:40 - Oui, alors surtout le stress chronique.
02:42 Des gens qui sont exposés de façon chronique à un stress d'origine familiale
02:46 ou d'origine professionnelle,
02:48 eh bien ils vont sécréter un certain nombre d'hormones liées au stress,
02:51 et qui sur le long terme sont délétères sur le système cardiovasculaire.
02:55 - À partir de quand vous conseillez de consulter un cardiologue ?
02:58 Dès les premiers doutes, lorsqu'on a des douleurs récurrentes,
03:01 des palpitations dont on n'a pas l'habitude,
03:03 ou alors il faut attendre qu'il se passe quelque chose de plus grave ?
03:06 - Donc effectivement, il faut avoir des symptômes.
03:09 Alors les symptômes, ça peut être la douleur thoracique,
03:11 ça c'est vraiment le maître symptôme pour notamment l'infarctus.
03:14 Ça peut être un essoufflement anormal,
03:16 ça peut être des palpitations, des malaises ou syncope.
03:19 Donc on peut d'abord en parler avec son médecin traitant,
03:21 sauf si vraiment c'est très aigu,
03:23 et puis éventuellement lui jugera s'il faut demander l'avis d'un cardiologue.
03:27 Et puis également, quand on a dans sa famille proche
03:30 des accidents cardiovasculaires vraiment prématurés,
03:33 alors à ce moment-là, il est peut-être conseillé,
03:35 quitte à demander l'avis de son médecin,
03:37 peut-être de consulter un cardiologue à partir de 40-45 ans par exemple.
03:40 - Et si ce n'est pas l'hôpital qui nous dirige vers un cardiologue,
03:43 c'est difficile de trouver un spécialiste en Bretagne ?
03:46 - C'est malheureusement difficile actuellement,
03:48 comme pour l'accès aux médecins en général.
03:51 - Je suis allé sur Doctolib hier soir,
03:53 j'ai tapé un cardiologue en Ile-et-Vilaine,
03:55 j'ai eu une vingtaine de résultats, aucun rendez-vous à me proposer.
03:59 - C'est vrai que c'est très difficile,
04:01 alors il y a toujours de la possibilité pour des patients urgents,
04:03 tous les cardiologues libèrent des places,
04:05 notamment si le médecin appelle,
04:07 parce qu'il y a un problème urgent, il y a toujours possibilité.
04:10 Mais c'est vrai que de façon un petit peu programmée, c'est difficile.
04:14 - On a entendu ce matin des reportages sur la réadaptation cardiaque
04:18 à la Clinique Saint-Yves à Rennes.
04:20 On peut vivre normalement après un accident cardiovasculaire ?
04:23 - On peut tout à fait vivre normalement,
04:25 et beaucoup de patients racontent d'ailleurs qu'une fois qu'ils ont eu cet accident cardiovasculaire,
04:29 qu'ils ont bénéficié d'un séjour en réadaptation,
04:31 qu'ils ont changé un certain nombre de choses à leur mode de vie,
04:34 finalement leur qualité de vie parfois est meilleure qu'avant.
04:37 - Et on va continuer cette discussion, cette journée mondiale du cœur, Léo, avec un auditeur.
04:42 Justement un patient de la Clinique Saint-Yves qui est avec nous. Bonjour Eric !
04:45 - Oui bonjour !
04:46 - Eric, vous avez fait un infarctus en 2015,
04:49 et je crois que vous vouliez commencer par un remerciement.
04:51 - Eh oui, pour remercier tout le personnel de Saint-Yves,
04:55 parce que c'est vrai que lorsqu'on ressort des soins de l'attente limite pendant 15 jours,
05:00 déjà on se demande ce qui nous arrive, parce qu'on se retrouve anéanti dans la vie,
05:04 et c'est vrai que la vie basse tout de coup complètement.
05:07 - Eric, excusez-moi.
05:10 - Et donc, ce que je voulais dire par là, c'est que moi quand je suis ressorti,
05:15 je n'étais pas capable de faire 50 mètres de marche sûr de moi,
05:19 et pas capable de craquer le bouchon d'une bouteille nouvelle pour ouvrir,
05:24 j'étais incapable, je n'avais plus la force.
05:26 Et en fait j'ai retrouvé tout ça grâce au personnel de Saint-Yves,
05:30 qui nous remet en confiance, qui nous font faire des exercices physiques,
05:34 qui au départ nous paraissent le bout du monde à atteindre,
05:37 et finalement c'est quelque chose que petit à petit on arrive à refaire,
05:45 et puis physiquement on reprend, on reprend du souffle, on reprend de tout et de la force.
05:50 - Eric, est-ce que vous avez changé des choses dans votre vie depuis votre infarctus ?
05:54 - Je faisais moins de sport, j'avais 47 ans quand ça m'est arrivé,
06:00 je faisais moins de sport dans ce temps-là, on va dire,
06:03 j'ai peut-être eu un moment où c'était plus calme par rapport à ce que je faisais avant,
06:08 et maintenant c'est vrai que j'ai un VTT électrique, mais j'en fais davantage on va dire,
06:15 - Mais ça reste sport !
06:17 - Et comment ? Parce que le VTT tout court ce n'est plus possible pour moi,
06:20 ce n'est plus possible parce qu'on n'a plus la force quand même,
06:23 j'ai un tiers du cœur de mort, donc automatiquement,
06:26 ça fait comme si on enlevait un cylindre et un moteur,
06:29 donc du coup on avance moins fort.
06:31 - François Payard, qu'on a toujours avec nous, cardiologue au CHU de Rennes,
06:35 vous conseillez une remise à l'exercice progressive quand on sort de ces maladies,
06:39 il ne faut pas y aller trop fort non plus ?
06:41 - Alors, il faut y aller de façon conseillée, programmée,
06:44 parce que par exemple Eric manifestement avait donc des séquelles de son accident,
06:49 d'autres ont moins de séquelles et donc peuvent reprendre à un niveau tout à fait favorable assez rapidement,
06:55 il faut simplement être conseillé par le cardiologue pour savoir un petit peu le type d'exercice qu'on peut reprendre,
06:59 et parfois on peut reprendre très vite un niveau d'exercice tout à fait satisfaisant.
07:03 - Eric, merci beaucoup pour votre témoignage et pour ce remerciement que vous avez fait à la Clinique Saint-Yves,
07:08 je vous souhaite une bonne journée !
07:10 Ah, Eric, on a perdu...
07:12 - Eric n'est plus là, on peut en profiter pour remercier aussi le Dr François Payard,
07:16 cardiologue au CHU de Rennes, président en Bretagne de la Fédération française de cardiologie,
07:21 bonne journée à vous !
07:22 - Merci, bonne journée !