Denis Deschamps : «On fait face à l''un des plus grands défis de notre siècle»
L’analyste et conférencier, Denis Deschamps, était l’invité de Soir Info Week-End ce samedi 30 septembre sur CNEWS. Il s’est exprimé au sujet des déplacements des migrants vers l'Europe en bateau : «On fait face à l'un des plus grands défis de notre siècle»
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00:00 Là, on fait face à un des plus grands défis de notre siècle,
00:03 avec l'eau, avec la nourriture.
00:05 Ça, c'est les migrations.
00:07 C'est l'un des plus grands, un des défis majeurs.
00:10 En réalité, les deux ministres parlent d'amitié.
00:14 Ça fait longtemps que l'Italie et l'Allemagne sont...
00:15 Bon, tout ça, je ne vous cache pas que dès l'instant où les flux vont
00:19 devenir plus importants, l'amitié va voler en éclats.
00:21 L'Allemagne, comme un certain nombre d'autres pays dans cette Europe
00:24 que l'on espère tous beaucoup plus forte, qu'on a vu naître quelque part,
00:29 là, tout va exploser si on ne travaille pas en amont.
00:33 On le sait que les flux vont exploser sur un plan quantitatif.
00:38 Et du coup, qu'est-ce qu'on fait avec ces ONG ?
00:40 Alors, attendez, d'abord l'Allemagne.
00:42 L'Allemagne, comme elle n'a pas fait de bébés,
00:44 elle a ouvert ses frontières avec Mme Merkel,
00:47 où ils ont rentré un million et demi de Syriens, puis un million d'Ukrainiens.
00:51 Il manque de bras.
00:53 Mais le problème, c'est que justement, et les ONG,
00:55 le parallèle entre les États, les ONG,
00:58 la réponse des États, beaucoup plus tardive.
01:00 Le problème est très simple.
01:01 C'est que demain matin, on aura 9,6 milliards d'habitants en 2050 sur cette terre,
01:05 11,2 milliards à la fin du siècle, chiffre de l'ONU.
01:08 Donc là dessus, et en plus, ils sont souvent d'ailleurs minorés.
01:10 Et l'Afrique, 2,5 milliards d'habitants au milieu de ce siècle,
01:15 5,2 milliards à la fin de ce siècle.
01:16 Si on n'apporte pas de l'aide à ces habitants dans leur pays, en Afrique,
01:21 du travail, de l'éducation, de la nourriture, ils vont bouger.
01:24 C'est normal, un gamin de 15 ans va bouger.
01:26 Il va aller où ?
01:27 Il va aller en Europe.
01:28 Donc l'amitié italo-allemande, elle va être mise à l'épreuve, bien entendu,
01:33 parce qu'aujourd'hui, on a quelques centaines de migrants qui vont d'ailleurs,
01:37 parfois, malheureusement, aussi mourir dans la mer du Nord.
01:40 Mais demain matin, ça va être des dizaines, voire des centaines de milliers de migrants.
01:45 Et c'est normal, ils vont aller là où ils peuvent avoir un destin.
01:48 Donc les bateaux, comme on voit ici, ça va être des dizaines et des dizaines.
01:53 Et en fait, malheureusement, si on n'aide pas des pays comme l'Italie,
01:56 qui ont d'énormes côtes à protéger,
01:59 entre guillemets, protéger contre quelque chose,
02:03 il va falloir accompagner tous ces gens pour savoir quel destin ils vont.
02:07 Ils pourraient choisir l'Europe, pas l'Europe chez eux.
02:09 Et en fait, les ONG remplissent leur mission,
02:13 puisque en fait, ça fait partie de leur ADN.
02:15 Mais les États, c'est très cynique, en réalité,
02:18 parce que d'un côté, quand on ne fait pas de bébés,
02:20 on les accueille pour les mettre dans les usines.
02:23 Mais par contre, quand on en a suffisamment, on les repousse.
02:26 Alors on se donne bonne conscience, on finance les ONG.
02:28 Mais par contre, il faut que ça reste en Italie.
02:30 Il ne faut pas que ça vienne dans les pays du Nord.
02:32 Vous voyez un petit peu le cynisme des relations internationales.
02:35 [Musique]
02:38 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]