Il est impossible de prendre au sérieux un danger public tant que le gouvernement ne met pas en place un numéro vert.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dov-alfon-en-toute-subjectivite
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00:00 de subjectivité ce matin avec le directeur de la publication et de la rédaction du quotidien
00:05 Libération. Dov Alfon, bonjour. Bonjour Nicolas. Dov, les nombreuses mesures annoncées contre
00:11 les punaises de lits vous ont un peu rassuré, mais vous nous dites que quelque chose vous manque.
00:17 Oui Nicolas, il m'est impossible de prendre au sérieux un danger public tant que le gouvernement
00:21 ne met pas en place un numéro vert. Déjà présente plus d'une fois pendant le quinquennat de François
00:27 Hollande, l'annonce machinale du lancement d'un numéro vert est devenue sous Emmanuel Macron un
00:32 véritable automatisme. On comprend mal pourquoi les Français se plaignent de n'être pas entendus
00:38 par le chef de l'État alors qu'il a tout fait pour qu'on les écoute depuis le premier numéro vert de
00:42 sa présidence. Lancé après la polémique autour de la nouvelle formule du Levotirox, on ne les compte
00:48 plus. La canicule, l'accident du Lubrizol, les suicides dans la police, les étudiants précaires,
00:54 les personnes attirées par les enfants, les handicapés, les contribuables s'interrogeant sur
00:59 le prélèvement à la source, les maris redoutant de péter les plombs contre leurs femmes, tous ont
01:04 eu droit à leur numéro. A tout seigneur, tout honneur, les chefs d'entreprise en ont eu droit à
01:09 deux. Un numéro d'aide psychologique et un autre sur les mesures de soutien public. Il est normal
01:15 de se sentir anxieux, angoissé, nous sommes là pour vous aider, annonçait Emmanuel Macron en
01:20 lançant le numéro vert du confinement, suivi par un numéro lancé lors d'une psychose d'été
01:25 oubliée depuis, autour de la découverte de chevaux mutilés. Fidèle à son nom en même temps, le
01:32 président en a lancé bien d'autres pour soudain faire volte-face en janvier, quand il a avoué
01:37 devant ses ministres ébahis qu'il en a ras-le-bol des numéros verts car, je cite, "ça ne marche pas".
01:43 Et c'est sans doute d'oeuvre la raison pour laquelle le gouvernement ne lance pas de ligne
01:47 dédiée à la lutte contre les punaises de lit. Trêve de naïveté, Nicolas, la raison en est toute
01:52 autre, ce numéro existe déjà. Le 20 février 2020, alors que sur les réseaux sociaux pullulaient déjà
02:00 des photos de punaises de lit, le gouvernement avait lancé un numéro vert et un site internet
02:04 "stop punaise gouvfr". Les punaises n'ayant pas stoppé, trois ans après, le numéro renvoie aux
02:10 agences nationales de logement et le site renvoie au ministère de l'écologie qui n'en demandait pas
02:15 tant. Comme personne n'a la liste de toutes ces initiatives, faut-il s'étonner que nous allons
02:19 bientôt assister à une bataille entre deux numéros verts apparemment financés tous deux par le
02:24 gouvernement. D'un côté le 30/20, une plateforme d'écoute pour les victimes du harcèlement scolaire
02:30 et de l'autre le 30/18, destinée aux victimes du cyberharcèlement scolaire. Mercredi dernier,
02:36 Elisabeth Borne a annoncé qu'un numéro unique sera mis en place, le 30/18, et du coup les
02:41 salariés du 30/20 se sont mis cette semaine en grève. Nicolas, la révolution dévore ses enfants !
02:46 De Valfond merci et à lundi prochain !