Pendant des années, on a pu suivre leurs aventures dans des émissions de télé réalités se poursuivre sur les réseaux dans de beaux resto à Dubaï. Mais depuis quelques temps ces influenceurs semblent avoir plus de mal à boucler leur fins de mois et beaucoup ont même dû totalement abandonner ce business et trouver un vrai boulot. Alors est ce la fin de l’âge d’or des influenceurs ? Ou est-ce que ce métier est simplement en train de se transformer ?
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00:00 9h, 11h, Europe 1 Culture Média.
00:04 Avec Thomas Hill et la question média du jour, Thomas.
00:07 Pendant des années, on a pu suivre leurs aventures dans des émissions de télé-réalité,
00:11 se poursuivre sur les réseaux, dans de beaux restos à Dubaï.
00:14 Mais depuis quelques temps, ces influenceurs semblent avoir plus de mal à bouteler leur fin de mois
00:18 et beaucoup ont même dû totalement abandonner ce business et trouver un vrai boulot.
00:22 Alors, est-ce la fin de l'âge d'or des influenceurs
00:25 ou est-ce que ce métier est simplement en train de se transformer ?
00:27 On va en parler avec nos invités, Stéphane Vogeta, bonjour.
00:31 Bonjour.
00:32 Vous êtes député apparenté Renaissance et rapporteur de la loi sur les influenceurs.
00:35 Et Karine Fernandez, bonjour Karine.
00:38 Vous êtes présidente de l'Union des métiers de l'influence et des créateurs de contenu.
00:42 D'abord Stéphane Vogeta, c'est votre loi qui est un peu responsable de la chute des revenus
00:47 de beaucoup d'influenceurs, on peut le dire comme ça ou pas ?
00:50 Écoutez, c'était en tout cas l'objectif de la loi que de mettre fin à certaines dérives
00:55 qu'on observait sur les réseaux sociaux, notamment de la part des créateurs de contenu
00:59 qui s'adonnaient à ce qu'on appelle l'influence commerciale, à savoir des promotions publicitaires
01:03 sur les réseaux sociaux pour leur audience.
01:05 Effectivement, notre objectif c'est de mettre fin à certaines dérives, à certains excès
01:08 et d'après ce que l'on voit, c'est pas à moi de le constater, mais j'observe
01:11 qu'on nous dit qu'effectivement certains de ces influenceurs, notamment ceux qui sont à Dubaï,
01:15 ont un business en berne, des annonceurs qui les fuient
01:18 et personnellement, si c'est le cas, je m'en félicite.
01:21 Il faut dire que la loi, elle dit déjà qu'il faut dire quand c'est de la pub,
01:25 il faut bien signaler, mais aussi que certains produits ou services ne peuvent plus faire l'objet de publicité.
01:30 Et il se trouve que c'était des objets ou services qu'ils proposaient beaucoup,
01:34 ces influenceurs issus de la télé-réalité, c'était des produits contenant de la nicotine,
01:38 c'était de la chirurgie esthétique, c'était les paris sportifs, les jeux d'argent,
01:41 c'est tout ça que vous avez interdit en fait.
01:43 Alors, on n'a pas tout interdit.
01:44 D'abord, c'est vrai qu'on impose la transparence sur le caractère publicitaire des contenus
01:48 et aussi sur la réalité des images que l'on montre à notre audience.
01:52 Si vous utilisez une image transformée de votre visage ou de votre corps pour faire une publicité,
01:55 vous devez dire "image transformée".
01:57 Et ensuite, c'est vrai que sur certains sujets sur lesquels il y a des risques pour la santé publique
02:01 ou des risques d'arnaque, par exemple chirurgie esthétique, produits médicamenteux,
02:06 investissements à risque, paris d'argent, crypto-monnaie par exemple,
02:11 et bien là effectivement, on réplique, voire on durcit les règles qui existent dans la vie réelle
02:18 pour qu'elles s'appliquent aussi sur les réseaux et que les réseaux sociaux ne servent plus à contourner la loi.
02:23 Et alors pour vous, Karine Fernandez, il faut bien faire la différence entre les influenceurs créateurs de contenus,
02:29 comme Squeezie par exemple, le plus connu, et les influenceurs issus de la télé-réalité.
02:33 Pour vous, ce n'est pas du tout la même chose ?
02:35 Non, non, ce n'est pas du tout la même chose.
02:36 Après, ce qui est positif, c'est que déjà là, vous faites la distinction en présentant le sujet,
02:40 vous expliquez influenceurs issus de la télé-réalité,
02:43 donc ceux qui ont été nommés "influx voleurs" pendant toute cette débâcle sur les médias,
02:48 et les créateurs de contenus, donc c'est vraiment un métier qui collabore avec les plus grands groupes,
02:54 tout comme des petites marques, mais ça n'a absolument rien à voir avec ce qu'on a vu du côté de la télé-réalité.
03:00 Maintenant, je me félicite comme vous que depuis, avec un battage miniatique sans cesse sur le sujet,
03:07 ces personnes-là ont beaucoup de mal à travailler, je pense, aujourd'hui.
03:10 Les gens sont conscients maintenant, arrivent à identifier les arnaques, ne se font plus avoir,
03:15 et donc du coup, ça met à mal leur business.
03:17 Maintenant, je pense que ces faits-là, qui leur étaient reprochés, étaient déjà répréhensibles avant la loi.
03:24 Je ne pense pas avoir vu vraiment de sanctions tomber sur ces influx voleurs, si on peut dire ça,
03:31 pour les faits graves qu'ils commettaient depuis si longtemps.
03:34 Donc, on va dire que la loi a permis un débat médiatique qui a mis en lumière ces dérives-là,
03:40 mais je ne suis pas certaine que cette loi, pour l'instant, leur fasse ce mal-là.
03:43 C'est plutôt le secteur le plus responsable qui a un petit peu de mal,
03:45 parce qu'ils ont tellement peur de mal faire qu'ils sont tous bloqués.
03:48 Et puis c'est vrai que c'est aussi peut-être parce que la télé-réalité fonctionne moins bien désormais,
03:52 que ça devient plus compliqué pour eux.
03:54 On va voir en tout cas comment le métier d'influenceur tente de redorer son image.
03:57 On revient dans deux minutes sur Europe 1.
03:59 - Culture Média sur Europe 1, Thomas Hill avec Frédéric Lopez qui est toujours avec nous.
04:04 Et la suite de la question média du jour, est-ce la fin de l'âge d'or de l'influence ?
04:08 On est avec Stéphane Vogeta, débuté à Parenté Renaissance et rapporteur de la loi sur les influenceurs,
04:13 et Karine Fernandez, présidente de la Nouvelle Union des métiers de l'influence et des créateurs de contenu.
04:18 - Est-ce que vous confirmez déjà que les revenus de ces influenceurs issus de la télé-réalité ont beaucoup baissé ?
04:24 Le journal Le Monde, il estime que les marques qui proposaient hier en moyenne jusqu'à 2000 euros
04:27 pour un placement de produit sur Instagram par exemple, ne sont plus près de car on déboursait 300 aujourd'hui.
04:32 C'est ça l'ordre de grandeur ?
04:34 - Alors dans le secteur de la télé-réalité, très probablement, je pense qu'on peut confirmer.
04:38 Mais la question que je me pose à chaque fois que j'entends ce genre d'informations, c'est
04:41 mais quelles étaient les marques qui investissaient sur ces créateurs ?
04:43 Vraiment, il n'y a aucune marque à proprement parler que je connais.
04:47 Une grande marque qu'on connaît tous.
04:50 - Pas de grande marque, c'est ça.
04:51 - Vraiment, c'était avant tout des marques qu'ils construisaient eux-mêmes
04:54 ou qui étaient construites un petit peu dans des conditions pas très très clean
04:58 et qui étaient promues souvent du dropshipping, donc qu'on ne connaît pas en fait.
05:01 Donc, je ne sais pas.
05:03 - Et finalement, vous disiez juste avant la pause, Karine Fernandez, que ça n'avait peut-être pas changé grand chose,
05:07 cette loi, Stéphane Vogeta, est-ce qu'elle a été vraiment utile, cette loi ?
05:12 - Je pense qu'une de ses grandes vertus a été qu'elle a créé un débat médiatique.
05:17 Il y a eu vraiment une pédagogie qui s'est faite autour des règles qui s'appliquent
05:21 et qui devraient s'appliquer autour de l'influence commerciale,
05:24 autour de l'activité des influenceurs, des créateurs de contenu en général,
05:27 mais en particulier des influenceurs qui ont envie d'être actifs sur les contenus liés
05:31 au physique, à la chirurgie, à l'argent, aux jeux, etc.
05:35 Je pense que clairement, on a vu des effets qui...
05:38 Quand on fait une loi, on ne fait pas forcément une loi pour envoyer les gens en prison
05:42 ou pour leur donner des amendes, on fait une loi pour que les gens soient incités
05:46 à agir en ligne avec les objectifs poursuivis par la loi
05:49 et pour suader les comportements les plus négatifs.
05:52 - Oui, mais est-ce que finalement le rappeur Booba, qui a lancé toute une campagne en ligne
05:56 dénonçant ce qu'il appelait les "influx voleurs", comme vous le disiez tout à l'heure,
05:59 est-ce que finalement, lui, il n'a pas eu plus d'impact tout seul dans son coin ?
06:03 - Oh, mais écoutez... - Enfin, pas tout seul d'ailleurs, parce qu'il avait une armée avec lui, mais...
06:06 - Écoutez, il y a eu, nous en tout cas, en tant que députés,
06:09 on a eu le soutien du gouvernement qui nous a assistés
06:12 pour préparer cette réforme et ce projet de loi,
06:15 et c'est vrai qu'autour, on a consulté énormément
06:18 de lanceurs d'alerte, de représentants des victimes
06:21 qui nous ont aidés à comprendre et qui ont, eux aussi, de leur côté,
06:24 contribué à médiatiser le sujet,
06:27 ce qui a fait que ça a été finalement une loi qui a été très observée.
06:30 C'était une petite loi, au départ, portée par un député, enfin deux députés,
06:33 pas forcément très connus, mais finalement une loi dont on a beaucoup parlé
06:36 et dont on continuait à parler, et dont on réussit à voir, finalement,
06:39 des effets concrets quelques mois plus tard. Donc c'est là qu'on se dit,
06:42 "Je suis député, je me dis, tiens, je suis content parce que ça fait pas longtemps que je suis député,
06:45 je vais me poser des questions, est-ce qu'on a vraiment la capacité à faire bouger les choses
06:48 quand on est député, quand on est un simple député ?" La réponse, c'est oui.
06:51 Alors, est-ce que c'est grâce à Bouba, est-ce que c'est grâce à Bruno Le Maire,
06:54 est-ce que c'est grâce à Arthur Delaporte et Stéphane Folgeta, les deux députés ?
06:57 On verra bien, mais l'important, c'est qu'on aille dans la bonne direction.
07:00 - Est-ce que c'est grâce aux téléspectateurs aussi ? Parce que c'est un départ, ça,
07:03 si les émissions de télé-réalité fonctionnent moins bien,
07:06 aujourd'hui, à la télévision, moins d'audience, ça veut dire aussi moins de followers derrière,
07:10 c'est ça qui a été le plus compliqué aussi pour eux ?
07:13 - Je pense que oui, c'est un cumul entre la mauvaise image au global du secteur télé-réalité, etc.,
07:18 qui fait que les gens se lassent aussi, puis on est loin, en fait, de ce qu'on a connu
07:22 dans la télé-réalité où c'était des réactions un peu plus spontanées,
07:26 et là, on était sur des candidats qui revenaient en boucle et qui vivaient de leur notoriété
07:30 par le clash et par les choses un petit peu controversées, donc forcément,
07:33 ça passait aussi par leur manière de collaborer, et c'est pour ça que ça avait amené là.
07:37 Mais je rappelle que c'est une extrême minorité du secteur de l'influence.
07:40 - Et alors vous, vous avez adopté, justement, au sein de votre union des métiers de l'influence,
07:44 une charte des bonnes pratiques. L'idée, c'est justement d'essayer de redorer l'image
07:48 écornée du métier d'influenceur ?
07:50 - Moi, je dirais pas qu'elle était écornée, mais c'est vrai qu'on a tellement parlé que
07:54 du sujet "influx voleur" quand on parlait d'influence,
07:57 que je pense que pendant un temps, le grand public s'est dit "mais du coup, est-ce que c'est ça,
08:00 un influenceur, c'est des gens qui font du dropshipping,
08:03 c'est des gens qui vendent des arnaques et qui parlent d'injection,
08:06 et c'est absolument pas ça pour vous donner un ordre d'idée".
08:08 Donc il y a 150 000 créateurs de contenu aujourd'hui en France.
08:10 Sur les 150 000, il y a LARP qui a sorti des chiffres la semaine dernière,
08:14 89% d'entre eux, de toutes les publications sponso qui sont passées,
08:20 sur les 89%, 11% seulement,
08:24 concernaient des informations cachées sur le fait de promouvoir un produit,
08:29 c'est absolument minime.
08:30 Et qu'est-ce qui représente aujourd'hui dans le secteur
08:34 ceux qui sont le plus en manque de transparence,
08:36 non pas par envie de cacher le partenariat, mais parce qu'ils font des erreurs,
08:40 c'est ceux qui ont moins de 10 000 followers.
08:41 On est à des années-lumière des créateurs de contenu qui ont des millions d'abonnés
08:44 et qui sont dans le sujet de la télé-réalité.
08:46 C'est ceux qui sont tout seuls et qui sont "influenceurs" malgré eux,
08:49 qui ont besoin d'accompagnement. C'est pour ça qu'on s'est créés d'ailleurs.
08:52 - Vous parliez de ce qui s'appelle le dropshipping,
08:55 c'est une pratique qui consistait pour un influenceur à acheter en ligne pas cher
08:58 un produit de qualité souvent très médiocre,
09:00 pour le revendre beaucoup plus cher aux gens qui le suivent sur les réseaux.
09:05 Ça, c'est désormais plus encadré aussi ? C'est terminé ou pas totalement ?
09:10 - C'est pas terminé, c'est plus encadré.
09:12 Tout comme d'autres aspects de ces promotions,
09:15 notamment la contrefaçon ou la catégorie des produits qui sont promus.
09:20 Mais ceci dit, on ne peut pas non plus crier triomphe trop tôt.
09:24 D'abord, c'est vrai que pour moi, ce qui est important quand on voit le déclin des influenceurs,
09:29 en tout cas des influx voleurs, c'est un déclin relatif.
09:31 Et je pense que ça laisse plus de part de marché aux créateurs de contenu mieux disant,
09:35 responsables, travailleurs, qui eux vont pouvoir parler d'autre chose
09:38 que du corps et de l'argent facile en permanence.
09:41 En revanche, on voit que chaque jour, on découvre de nouvelles dérives.
09:45 Et il y a d'ailleurs certains influenceurs qui, à cours de business,
09:50 se tournent vers d'autres pratiques qui elles-mêmes recèlent des risques pour leur audience.
09:55 Par exemple, les matchs TikTok, c'est un vrai problème.
09:58 - Qu'est-ce que c'est ça ?
09:59 - Les matchs TikTok, en fait, ce sont des influenceurs, des créateurs de contenu,
10:02 des influx voleurs, qui s'affrontent l'un à l'autre
10:06 et qui demandent à leur audience de contribuer de l'argent, on va dire.
10:10 Et c'est celui qui a le plus d'argent après une demi-heure de match qui gagne le match.
10:14 Mais c'est du vrai argent.
10:15 Et il y a des jeunes de 10 ans, 12 ans, 14 ans
10:18 qui peuvent parfois lâcher des centaines d'euros dans un match TikTok
10:21 sous l'influence de cette personne en qui ils ont confiance,
10:24 de qui ils ont peut-être parfois reçu des encouragements personnels, privés.
10:27 Et donc, c'est une nouvelle dérive sur laquelle il faut qu'on agisse assez rapidement.
10:31 - Il va peut-être falloir légiférer à nouveau.
10:33 Frédéric Lopez, vous qui avez eu le courage à un moment de votre carrière
10:37 de vous mettre en retrait de la télévision,
10:39 quel regard vous portez sur ces stars souvent éphémères de la télé-réalité ?
10:43 - J'en ai rencontré quelques-unes à un moment donné, il y a quelques années,
10:47 il y a 20 ans, puisque ça démarrait il y a 20 ans.
10:49 Et c'est parfois des gens attachants qui viennent de milieux défavorisés
10:52 et qui se retournent dans la lumière.
10:54 Alors après, on sait que c'est un métier horrible d'être dans la lumière
10:57 et de disparaître dans la seconde.
10:58 Et moi, je suis ravi de ce que j'entends, ça va dans le bon sens.
11:01 Et je suis content qu'il y ait des gens qui légifèrent et qui s'occupent de tout ça.
11:05 Parce qu'effectivement, il y a des gamins derrière ces écrans
11:07 et qui se font avoir.
11:08 Donc, ça va dans le bon sens, tant mieux.
11:10 - Merci à tous.
11:11 Merci Stéphane Vogeta, député apparenté Renaissance, d'être venu nous voir ce matin.
11:15 Et Karine Fernandez, présidente de l'Union des métiers de l'influence
11:17 et des créateurs de contenu.
11:19 - Merci.
11:20 - Et un grand merci à Frédéric Lopez, qu'on retrouve donc à 16h55 ce dimanche
11:24 pour un nouveau numéro d'Un Dimanche à la campagne.
11:27 Et la semaine d'après encore ?
11:28 - Non, ce sera le 22 octobre.
11:30 - Oh là, c'est pas possible.
11:31 Il va falloir venir à chaque fois.
11:32 - Il faut aller sur France 2 tous les dimanches à 16h55
11:34 et on voit si Frédéric est là ou pas.
11:36 - Merci d'avoir été avec nous ce matin Frédéric.
11:38 - Culture, médias, continue après les infos de 10h, Thomas.
11:40 - Et on sera avec l'excellente Camille Lelouch.
11:42 On parlera musique et il se murmure qu'elle pourrait même chanter en live dans ce studio.
11:46 - Et puis ne manquez pas Historiquement Vôtre, c'est tous les après-midi pendant 1h.
11:50 Stéphane Bern et ses invités vous racontent les grands événements de l'histoire,
11:52 les personnalités historiques.
11:54 Aujourd'hui, les derniers jours de Van Gogh.
11:56 Historiquement Vôtre, c'est tous les jours, 15h-16h sur Europe 1.
12:00 en repensant.
12:01 [Musique]