• il y a 10 mois

Chaque jour dans Culture Médias, deux invités débattent autour d'un sujet médiatique.
Retrouvez "La Question du jour" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-question-du-jour

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00:00 Avec Thomas Hill et Thomas, c'est l'heure de la question média du jour.
00:02 Depuis que Jean-Luc Delarue a relancé le genre dans les années 90, avec "Ça se discute"
00:07 puis "Toute une histoire", le succès des émissions de témoignages ne se dément pas
00:11 à la télévision.
00:12 Mais alors quel est l'envers du décor ? Comment les témoins sont-ils sélectionnés
00:16 puis préparés à dévoiler un pan intime de leur vie ?
00:18 On va visiter les coulisses de ces émissions ce matin avec Stéphanie Guérin.
00:22 Bonjour !
00:23 Bonjour !
00:24 Vous êtes productrice de l'émission "Ça commence aujourd'hui" présentée par Faustine
00:27 Pollard sur France 2 du lundi au vendredi à 14h.
00:30 Et puis avant cela, vous étiez dans l'oreillette de Jean-Luc Delarue pendant de nombreuses
00:34 années.
00:35 Donc vous en connaissez un rayon sur ce type d'émission.
00:37 Exactement.
00:38 Et puis Olivier Delacroix est toujours avec nous, qui présente la libre-antenne d'Europe
00:42 1, mais aussi dans les yeux d'Olivier, deux émissions qui recueillent de nombreux témoignages.
00:46 Alors racontez-nous déjà Stéphanie Guérin, comment sont sélectionnées les personnes
00:50 qui viennent témoigner face caméra ? Vous avez des casters j'imagine ?
00:54 Alors moi j'aime pas tellement ce terme de caster qui est assez emprunt à la télé-réalité
00:57 alors que nous on fait vraiment de la réalité.
00:59 Donc nous on a une grosse équipe, une grosse rédaction de journalistes qui sont des enquêteurs,
01:04 ils sont à peu près une trentaine.
01:05 Et en fait avec leur téléphone, avec les réseaux sociaux, ils appellent des médecins,
01:10 des associations, des psys, des avocats.
01:13 Et c'est comme ça qu'on réussit à glaner un maximum de potentiels invités.
01:19 Après on les écoute, ils les écoutent, ils passent beaucoup de temps avec eux et
01:22 puis petit à petit on sélectionne pour en garder 3, 4, 5 pour une émission.
01:26 C'est comme ça que les choses se font.
01:28 C'est par le biais des appels à témoins aussi que vous faites à l'antenne ?
01:30 Alors oui, on a des appels à témoins qu'on fait à l'antenne, on en fait aussi beaucoup
01:33 sur les réseaux sociaux parce qu'on est très fort sur les réseaux sociaux.
01:36 On a près de 4,5 millions d'abonnés je crois au global.
01:39 Donc évidemment c'est une manne importante.
01:42 Après on est sur le service public, c'est-à-dire qu'on ne peut pas évidemment faire n'importe quoi.
01:48 Par exemple si on veut faire un thème sur un mari pervers narcissique,
01:54 on ne peut pas faire venir n'importe quelle femme.
01:56 On doit vérifier que l'information est juste.
02:00 C'est pour ça que j'insiste sur le fait que ce sont des enquêteurs et des journalistes.
02:03 Ils doivent avoir cette fibre-là, ils doivent avoir une fibre d'écoute,
02:06 une fibre attention au juridique.
02:08 Et puis après en effet il faut qu'on filtre, qu'on vérifie tout et qu'on ait les autorisations.
02:13 C'est-à-dire qu'on ne peut pas faire venir n'importe qui pour lui faire dire n'importe quoi.
02:18 Tout est vérifié, toutes les histoires qui arrivent sur le plateau,
02:21 toutes les histoires que traite Faustine sont vérifiées juridiquement.
02:24 - Est-ce que vous Olivier Delacroix pour la libre antenne sur Europe 1,
02:26 vous avez le temps de vérifier parce que les gens appellent et puis c'est en filet, après c'est en direct ?
02:31 - Absolument pas.
02:33 Le principe même de la libre antenne mais ancestralement parlant,
02:37 et que les gens appellent en direct.
02:40 Certaines personnes appellent avant sur le répondeur d'Europe 1,
02:43 nous envoient des mails, ils sont sur la communauté, il y a à peu près 20 000 personnes sur la communauté,
02:48 et nous joignent comme ça.
02:50 Mais la libre antenne n'a rien à voir avec le travail qu'on peut faire dans les Jeux d'Olivier ou,
02:56 comme le dit Stéphanie,
02:58 où vraiment il faut louer le travail de nos collaborateurs et de notre collaboratrice.
03:03 C'est un vrai travail de journaliste et non de casteur, ça n'a rien à voir.
03:07 - Ce n'est pas les mêmes qui vont s'occuper par exemple de recruter des candidats pour les Jeux télé ?
03:10 - Pas du tout.
03:12 - Ce n'est pas du tout le même profil.
03:13 - Et alors ça commence aujourd'hui, c'est produit par Réservoir Prod,
03:16 qui produisait avant ça déjà toute une histoire où ça se discute.
03:19 Donc vous vous appuyez aussi j'imagine sur un fichier, une base de données gigantesque.
03:24 - L'ordinateur que tout le monde fantasme, on rentrerait des mots-clés.
03:27 Non, ça ne se passe pas comme ça.
03:30 D'abord parce que la société depuis, ça se discute.
03:33 Moi je suis arrivée en 1998,
03:35 donc à l'époque j'avais un Minitel pour chercher des invités.
03:38 Donc voilà, les choses ont changé, la société a évolué.
03:41 Je ne sais pas ce que je pourrais...
03:44 - Mais si je cherche quelqu'un, je cherche par exemple,
03:45 je suis tombée amoureuse de la mascotte de mon club de foot.
03:48 Je dis n'importe quoi.
03:49 - Ouais !
03:50 - C'est intéressant ça !
03:51 - Alors ?
03:52 - Vous êtes capable de trouver ce profil rapidement comme ça ?
03:55 - Oui !
03:56 - Bah oui !
03:56 - Regardez à votre droite !
03:57 - Non, non, bien sûr !
03:59 - Vous avez dit ça concernant les poulies.
04:01 - Mais est-ce que vous pouvez trouver une personne comme ça sur n'importe quel sujet rapidement ?
04:05 - Oui, ça, ce profil-là dont vous me parlez,
04:07 on peut aller une journée et demie, vous le trouvez.
04:10 - Une journée et demie, c'est le temps qu'il vous faut.
04:11 - Mais oui !
04:12 - C'est incroyable !
04:13 - Mais oui, parce qu'on sait exactement où aller chercher les gens.
04:16 Et puis parce que l'émission a sept ans,
04:18 donc on a une réputation qui est principalement due à la personnalité de Faustine.
04:23 - Vous avez la confiance.
04:24 - Bien sûr, on a la confiance.
04:25 Donc les gens acceptent...
04:28 Alors je ne dis pas facilement,
04:29 mais moi, à bout de 25 ans de carrière,
04:32 je suis encore hyper surprise de ce que les gens viennent nous donner, nous livrer.
04:37 - Ils sont capables de livrer, ça c'est impressionnant.
04:39 - Mais juste pour terminer, le grand ordinateur, il n'existe pas.
04:43 - Il n'y a pas de fichier.
04:45 - Non, il n'y a pas de fichier.
04:46 - Il faut se renouveler aussi.
04:48 - Une question, par exemple, la question de l'homosexualité,
04:51 Jean-Luc Delarue l'a traitée en 1998 avec des gens qui venaient avec des perruques et des lunettes de soleil.
04:55 Aujourd'hui, la société a tellement évolué qu'on ne traite plus les choses de la même façon.
05:00 - On ne traiterait même plus ce sujet.
05:02 - On ne le traite plus d'ailleurs.
05:03 On prend des couples homosexuels qui viennent en plateau à côté d'autres couples.
05:07 Ce n'est plus une question.
05:08 - Pour une fois qu'on les a trouvés, comment se passe le tournage, Olivier Delacroix,
05:12 pour Dans les yeux d'Olivier ?
05:13 Est-ce que vous discutez avec eux avant, par exemple ?
05:16 - Alors d'abord, il y a un travail, comme l'a dit Stéphanie, vraiment d'enquête,
05:21 durant lequel les journalistes, enquêteurs vont déjà faire une pré-interview.
05:28 Moi, c'est un peu différent, si vous voulez, parce que je suis assez vierge de l'histoire.
05:34 Je connais vraiment les grandes lignes de l'histoire et c'est une volonté de ma part.
05:38 Tout le travail qui a été fait par mes collaborateurs avant, et mes collaboratrices,
05:43 c'est surtout des collaboratrices d'ailleurs, ça a été vraiment, pour le témoin, une
05:49 mise en bouche, une mise en jambe, qui lui permet de voir déjà un peu comment peut
05:54 se dérouler une interview.
05:55 Moi, quand j'arrive, je passe deux jours avec eux et on déroule l'histoire, mais sans
06:00 que je connaisse tous les détails, parce que justement, je veux pouvoir poser toutes
06:04 ces questions que les gens vont pouvoir se poser devant eux.
06:07 On passe deux jours ensemble.
06:09 Je ne sais pas comment vous, Stéphanie, vous faites.
06:12 - Racontez-nous, Stéphanie.
06:13 - Nous, on essaie de garder aussi le même genre de spontanéité, c'est-à-dire que
06:18 les enquêteurs passent beaucoup de temps avec les invités avant qu'ils arrivent en plateau.
06:22 Pendant 15 jours, ils les ont beaucoup, beaucoup en ligne pour comprendre l'histoire, disséquer,
06:27 se mettre dans leur tête et voir ce que nous, on peut apporter en plateau.
06:30 Donc Faustine, après, nous, on lui retranscrit tout ça avec des fiches, avec un conducteur.
06:35 Donc, on a un squelette.
06:36 - Donc, elle-même, elle ne leur parle pas avant l'émission ?
06:38 - Non, et c'est une volonté.
06:39 Et ça, moi, je crois que c'est un truc que je transmets aussi depuis Jean-Luc, parce
06:42 que Jean-Luc, il ne voulait pas non plus rencontrer les gens avant pour garder un maximum de spontanéité
06:46 et de fraîcheur.
06:48 Et pour que le programme… sinon, on fait une pièce de théâtre, en fait.
06:51 - Non, mais ne serait-ce que briser la glace, quoi.
06:53 Leur parler un peu avant.
06:54 - Bien sûr, bien sûr.
06:55 - Pour qu'ils soient un peu à l'aise, quoi.
06:56 - Faustine, elle arrive en plateau, elle les met à l'aise, elle leur explique.
07:00 Ça dure 5-10 minutes, le temps qu'ils oublient les caméras.
07:04 Et surtout, elle leur dit, en fait, que tout ce qu'ils ont préparé en amont, c'est
07:07 super.
07:08 C'est des ceintures et des bretelles pour tout le monde.
07:10 Mais on va aussi tout oublier, parce que sinon, on va faire une pièce de théâtre.
07:13 - Oui, c'est ça.
07:14 - Donc, c'est juste… voilà.
07:15 On se fait confiance et on se parle comme dans la vie, en fait.
07:16 - Une question Twitter, Anissa.
07:17 - Avec le hashtag #Europe1, il y a Isabelle qui demande s'il y a des habitués de ces
07:21 émissions de témoignages qui reviennent pour différents sujets que vous êtes obligés
07:25 de refuser.
07:26 - Non, non, non.
07:27 Nous, on a… enfin, des habitués.
07:28 Nous, on a l'habitude de dire qu'on est une grande famille et régulièrement, deux
07:32 ou trois fois par an, on prend des nouvelles de nos invités.
07:34 Et cette année, dans les directs du vendredi, on a une petite capsule aussi où on prend
07:39 des nouvelles.
07:40 Donc oui, on reste en contact avec nos invités.
07:42 Le suivi n'est pas un truc…
07:46 - Il n'y a pas des gens qui viennent pour plusieurs sujets, plusieurs thèmes ?
07:49 - Non, non, non.
07:50 - En revanche, à la radio, j'imagine que ça vous arrive, Olivier Delacroix, d'avoir
07:52 des personnes qui vous rappellent plusieurs soirs de suite.
07:55 - Oui, moi, je les invite de toute façon à me rappeler à chaque fin, de nous donner
07:59 des nouvelles.
08:00 - D'avoir un suivi, oui.
08:01 - Voilà.
08:02 Et souvent, bon, il m'arrive d'avoir des personnes pour la troisième, quatrième fois.
08:03 Mais vous savez, tout ça, ce sont des histoires de vie.
08:06 Donc, l'important, c'est ce qui se passe.
08:09 Je pense que si Faustine recueille aujourd'hui le succès et rend compte, le public qu'elle
08:15 montre, c'est qu'il y a une vraie rencontre spontanée qui se fait avec ses témoins.
08:20 Et je pense qu'il faut avoir, quand on confesse les gens, ce côté spontané.
08:27 Et après, dans la libre-antenne, oui, ils reviennent régulièrement, mais pas tout
08:34 le temps, bien évidemment.
08:35 - Est-ce que ces personnes, Stéphanie Guérin, qui témoignent face caméra, souvent pour
08:38 la première fois, du coup, est-ce qu'ils bénéficient d'un suivi après ?
08:41 - Oui, oui, oui.
08:42 - Les retombées, ça peut être compliqué à gérer.
08:44 - On se parle de la préparation qui dure 10-15 jours en amont.
08:48 Donc, évidemment qu'on les chouchoute au maximum parce qu'en effet, ils viennent nous
08:51 livrer une part de leur vie que parfois, ils n'ont jamais raconté à personne.
08:55 Parfois, ils ne sont jamais venus à Paris.
08:57 Ils n'ont jamais pris l'avion.
08:58 Donc, vraiment, la journée de tournage, pour eux, c'est quelque chose qui va rester marqué
09:02 dans leur vie.
09:03 Et évidemment, après, il y a un suivi parce que c'est un passage à la télévision.
09:08 Même si nous, on est dans une extrême bienveillance, il peut quand même y avoir des retombées,
09:12 soit sur les réseaux sociaux.
09:13 Nous, on les chouchoute au maximum.
09:15 Mais en effet, il faut les préparer et après, on les suit longtemps, on les suit très longtemps.
09:20 Moi, par exemple, je suis toujours en contact avec un couple que j'ai invité en 1998, Francis
09:24 et Annette.
09:25 Ils ont 30 ans d'écart.
09:27 Et vraiment, ça, ce n'est pas un truc fin.
09:31 C'est quelque chose qu'on construit et c'est hyper important.
09:34 Et Faustine, elle reste en contact aussi avec les invités.
09:36 - Est-ce que parfois, on vous demande de couper certains passages au montage ?
09:40 - Non, non, absolument pas.
09:41 - Jamais ?
09:42 - Non, non, non.
09:43 - Est-ce qu'il peut y avoir des témoins qui le regrettent aussi, ce qu'ils ont dit ?
09:45 - Non, en tout cas, moi, ça ne m'est jamais arrivé.
09:47 Je rajoute quelque chose, Stéphanie, sur ce que vous dites.
09:50 C'est qu'il faut bien les mettre en garde, justement, sur le passage télévision.
09:58 Nous, on les met souvent en garde.
10:00 - Sur les retombées derrière.
10:02 - Exactement.
10:03 Parce qu'ils n'ont pas obligatoirement pris conscience de l'impact que peut avoir un passage
10:06 à la télévision.
10:07 Or, moi, notre phrase clé, c'est de dire le lendemain, quand vous allez aller chercher
10:12 vos enfants à l'école ou aller acheter votre baguette de pain, ça ne sera plus la même.
10:16 Donc, réfléchissez bien à tout ça avant de prendre la décision finale de passer.
10:20 C'est important.
10:21 - Mais c'est sûr que, nous aussi, ça fait partie des filtres qu'on a dans la préparation.
10:26 Mais en effet, nos enquêteurs font attention à ça, à la fragilité des gens et à leur
10:30 capacité à pouvoir encaisser le passage dans une émission télé qui fait un million
10:35 de téléspectateurs.
10:36 - Et à l'heure des réseaux sociaux, avec des retombées qui peuvent être assez violentes
10:39 derrière à gérer.
10:40 Merci beaucoup à tous les deux d'être venus témoigner ce matin au micro d'Europe.
10:46 C'était Fadi Guérin, productrice de l'émission "Ça commence aujourd'hui".
10:48 - Et nous, on se retrouve lundi pour une semaine très spéciale.
10:51 - Ce sera quoi le thème lundi ?
10:52 - On fait une émission spéciale, une semaine spéciale sur les faits divers.
10:56 On revient sur les grandes affaires.
10:57 Et là où d'habitude, on a vite fait des sorties de tribunaux avec deux minutes, là,
11:01 on reçoit des victimes, des proches de victimes et tous les gens qui ont enquêté.
11:06 - Lundi, 14h sur France 2.
11:09 - 13h40 cette semaine.
11:10 - 13h40 parce qu'il y a quelqu'un qui vient nous faire toc toc sur TF1.
11:13 - Ah oui, il n'y a plus Fadi !
11:16 - En parlons pas !
11:17 - Je ne suis pas inquiète, la vie a toujours plus de soubresauts que la fiction.
11:24 - Et puis Olivier Delacroix, on vous retrouve dans les yeux d'Olivier.
11:28 C'est mercredi 10 janvier, 22h55 sur France 2.
11:32 Et les deux suivants inédits aussi, les deux mercredis suivants.
11:35 - Je vous précise juste que cette année, c'est exceptionnel.
11:38 La saison dans les yeux d'Olivier sera séparée en deux puisqu'il y aura une première salle
11:42 là, les trois inédits, puis au mois d'avril, trois nouveaux, le mercredi à nouveau.
11:47 - Très bien, merci beaucoup d'être venu ce matin.

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