SMART JOB - Pénibilité, l’urgence du dialogue

  • l’année dernière
Lundi 2 octobre 2023, SMART JOB reçoit Laurent Pietraszewski (Ancien secrétaire d'État auprès de la ministre du Travail, fondateur, Cabinet Grenel)

Category

🗞
News
Transcript
00:00 [Musique]
00:12 Pénibilité, il est urgent de dialoguer, plus facile à dire qu'à faire.
00:16 Les organisations patronales et syndicales patinent depuis plusieurs années.
00:20 La loi sur la réforme des retraites de 2023 prévoit, elle, la création d'un fonds d'investissement dans la prévention de l'usure professionnelle.
00:27 Les branches sont donc dans l'obligation désormais de négocier.
00:30 Pour en parler, nous recevons aujourd'hui Laurent Pietraszewski, président fondateur de Grenelle Stratégie & Management,
00:35 ancien secrétaire d'Etat bien sûr auprès de la ministre du Travail.
00:38 Bonjour.
00:39 Bonjour Evelyne.
00:40 Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui Laurent.
00:41 C'est quoi exactement ce futur fonds d'investissement pour la prévention de l'usure au travail ?
00:45 On va commencer par là.
00:46 Qu'est-ce que c'est que ce fonds ?
00:47 Très basique, c'est de l'argent.
00:49 Et on en a besoin pour prévenir les situations de pénibilité.
00:52 1 milliard sur 50, 200 millions par an.
00:55 Pour faire simple, ça va servir à quoi ?
00:57 Ça va servir aux entreprises qui vont vouloir engager des actions de prévention, de formation vis-à-vis de leurs collaborateurs,
01:04 exposer aux risques ergonomiques.
01:06 Et puis ça va servir aussi à ces collaborateurs pour mener à bien des projets de transition professionnelle.
01:12 Donc vous voyez, on a les deux leviers.
01:13 C'est un fonds qui va servir aussi bien aux entreprises pour prévenir qu'aux salariés pour se reconvertir.
01:18 C'était très clair, on en est où de sa mise en place ?
01:20 Bon, ça patine un peu.
01:22 Ça patine un peu.
01:24 Ça patine, ça précine. On a utilisé tous les mots dans cette émission.
01:27 Ça patine, mais je pense qu'on doit pouvoir trouver là une voie de passage.
01:32 Un tout petit peu d'histoire rapide.
01:34 Bon, vous savez, ces fameuses histoires de critères ergonomiques,
01:38 ces fameux critères de pénibilité, il y en a 10 dans le Code du Travail.
01:41 Il y en a toujours 10 d'ailleurs.
01:42 A l'époque, avec Muriel Pénicaud, on a simplifié le dispositif de ce qui s'appelait le C3P.
01:48 On a fait un C2P.
01:50 Et aujourd'hui, on a 6 critères de pénibilité qui permettent d'alimenter le compte personnel de prévention.
01:57 Mais, il y avait toujours, depuis 2017, un débat, un débat assez tendu d'ailleurs,
02:01 avec les organisations syndicales qui représentent les salariés,
02:04 sur "mais qu'est-ce qu'on fait des 3 critères ergonomiques ?
02:07 Quand est-ce que vous allez nous permettre d'en reparler ?
02:10 Parce que, quand même, malgré tout, critères ergonomiques, c'est "je suis soumis à des vibrations,
02:15 je porte des colis, je suis..."
02:18 - C'est vraiment ça qui bloque, là, depuis quelques années ?
02:20 - C'est ce sujet-là qu'on doit discuter.
02:22 Oui, c'est ça qui bloque depuis plusieurs années.
02:24 Et c'est ça qu'on peut discuter.
02:26 C'est pour ça que je vous dis, franchement, ça patine, mais il y a tout lieu d'y aller.
02:29 Parce que c'est à la fois les attentes des organisations syndicales,
02:32 mais aussi, sur le fond, une façon pour les organisations patronales de trouver des solutions.
02:36 On a bien entendu qu'il y avait un sujet d'absentie,
02:39 si on regarde d'ailleurs les petites émissions qu'on a vues sur votre chaîne juste avant,
02:43 et on sait que le sujet de l'absentéisme, c'est aussi lié,
02:47 pas que, bien sûr, il est multifactoriel, mais aux conditions de travail.
02:50 Donc, on a tout intérêt à anticiper et à prévenir.
02:53 - Les branches ont intérêt à négocier et à s'entendre, ici.
02:56 - Oui, mais représentons les employeurs comme les salariés,
02:59 j'ai envie de dire, j'ai appelé ça comme ça, pour moi c'est un point d'équilibre.
03:02 C'est pas le point final, Eva, mais c'est un point d'équilibre
03:05 pour permettre aux organisations syndicales et patronales
03:08 de se reparler de ces critères ergonomiques avec une perspective prévention,
03:12 prévention, reconversion.
03:14 - Là, pour la première fois, on passerait d'une logique de réparation
03:17 à celle de prévention, c'est ça ?
03:19 - Oui, elles sont pas antinomiques, elles s'additionnent, ces deux logiques,
03:22 on essaie de les équilibrer. La difficulté, c'est que la loi,
03:25 si vous l'avez issue de 2014, dites loi Touraine, sur ce sujet des retraites,
03:29 c'était réparation, on ne parlait que par réparation.
03:32 Vous allez me dire, on n'a pas fait beaucoup de prévention avant,
03:34 donc il fallait bien démarrer par quelque chose.
03:36 Sauf que quand on regarde le sujet de la réparation,
03:39 quand on est arrivé aux affaires en 2017, on avait à peu près 4% des branches
03:43 qui s'étaient mis d'accord, vous vous rendez compte, 4% des branches,
03:46 sur un référentiel au titre de ces 10 critères de pénibilité.
03:49 Donc ça veut dire que ça ne marchait pas.
03:51 Donc il fallait bien revenir à l'essentiel, ce qu'on a fait,
03:53 mais il fallait, et c'est bien qu'Olivier Lussop te porte ça,
03:56 il fallait que le gouvernement, là, remette sur la table
03:59 ces critères ergonomiques qui sont quand même une réalité
04:01 pour beaucoup de travailleurs.
04:02 - Et là, c'est bien parti ou pas ?
04:04 - Quand je dis que ça patine, mes antennes, mes oreilles
04:07 me permettent de comprendre qu'au TOS, il y a de la bonne volonté,
04:11 qu'au TOP, peut-être, mais on attend de voir.
04:14 Il faut se mettre autour de la table, il faut y aller.
04:16 Il y a du grain à moudre, et vous savez que c'est une belle expression
04:19 en matière de dialogue social.
04:20 - Vous citez souvent la Suède comme un potentiel exemple à suivre.
04:23 Pourquoi ? Expliquez-nous.
04:24 - Alors, les pays du nord de l'Europe, c'est pas tant parce que,
04:27 voilà, moi qui suis du nord, je regarde toujours plus au nord,
04:30 mais en fait, tout simplement parce que les pays du nord de l'Europe,
04:33 ils ont été beaucoup plus à l'aise que nous vis-à-vis du vieillissement
04:37 de leur population active.
04:38 Nous, on était dans une situation, on était un des rares pays d'Europe,
04:41 on a fini par l'oublier, mais même un des rares pays de l'OCDE
04:44 à avoir un chômage structurel autour de 10%.
04:47 Donc, notre sujet, c'est qu'on avait déjà pas du boulot pour tout le monde.
04:50 Bon, alors, donc, évidemment, réfléchir à une stratégie
04:53 pour permettre aux seniors d'être dans l'emploi,
04:55 c'était un peu loin des préoccupations.
04:57 Pas du tout le cas dans les pays qui, structurellement,
05:00 voyaient leur population active vieillir.
05:02 Parce qu'en fait, ce qu'il ne faut pas qu'on oublie, Eva,
05:04 c'est que c'est la population active qui nourrit la protection sociale.
05:08 C'est elle qui cotise pour permettre à la protection sociale
05:11 de continuer à se développer.
05:12 Donc, si on veut une belle protection sociale,
05:14 il nous faut une belle population active.
05:16 - Eh bien, on va terminer là-dessus.
05:17 Merci beaucoup, Laurent Piataszewski, d'avoir répondu à nos questions.
05:20 Je rappelle, vous êtes le président fondateur
05:21 de Grenelle Stratégie & Management,
05:22 ancien secrétaire d'Etat auprès de la ministre du Travail.
05:24 Merci beaucoup d'être venu nous voir aujourd'hui dans Smart Job.
05:27 - A bientôt, Eva.
05:28 - Merci à Nicolas Juchat qui m'a aidé à préparer cette émission
05:30 et merci à vous de nous avoir suivis.
05:32 On se retrouve très vite sur Smart.
05:34 Bonne journée. Ciao.
05:35 (Générique)

Recommandée