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Chaque matin, Vincent Hervouet nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce mardi, il s'intéresse à la situation en Haïti où le Kenya va prendre la tête de la future force.
Retrouvez "L'édito international" sur : http://www.europe1.fr/emissions/vincent-hervouet-vous-parle-international
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NewsTranscription
00:00 Mais d'abord, l'édito international sur Europe 1, bonjour Vincent Herouette.
00:03 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:05 Vous nous alertez sur un autre point chaud dont on ne parle jamais sur la planète,
00:10 l'anarchie en Haïti.
00:11 Le Conseil de sécurité des Nations Unies a donné hier soir son feu vert à une force internationale,
00:17 de quoi aider la police haïtienne qui est complètement dépassée par les gangs.
00:21 Oui, alors on dit que la police est dépassée,
00:22 pour ne pas avouer que la police est l'un des 200 gangs qui terrorisent Port-au-Prince.
00:27 Elle est vénale, brutale, impuissante et c'est à peu près tout ce qui reste d'État en Haïti.
00:33 Il n'y a plus de président, il a été massacré en 2021.
00:36 Il n'y a plus de Parlement ni de Sénat, la dernière élection remonte à trop longtemps.
00:40 Il n'y a plus de hauts fonctionnaires, ils se sont enfuis à l'étranger.
00:43 Reste un Premier ministre de transition, nommé par le Président la veille de son assassinat.
00:48 Ariel Henry fait comme s'il avait été investi.
00:51 Il a un mort-vivant au-dessus de lui, une administration fantôme en dessous.
00:56 Bienvenue au pays du Vodou.
00:58 Ariel Henry fait comme s'il avait une majorité,
01:00 comme s'il expédiait les affaires courantes,
01:02 comme s'il allait organiser enfin des élections.
01:05 En fait, Ariel Henry fait surtout bonne figure à l'étranger.
01:08 Les Américains, la France, le Brésil, le Canada, l'Europe qui ont besoin d'un interlocuteur.
01:13 Et le secrétaire général de l'ONU qui s'égosille depuis un an pour envoyer une force multinationale sur place.
01:19 Mais une force qui ne soit pas des casques bleus.
01:21 On veut du muscle, pas des babysitter.
01:24 Car depuis un an, les gangs lourdement armés ont resserré leur emprise sur Haïti en moyenne.
01:31 10 meurtres par jour, des enlèvements par milliers, des massacres aveugles, des viols collectifs.
01:36 Au total, cette année, deux fois plus de civils qu'en Ukraine
01:40 ont été tués dans cette guerre qui ne dit pas son nom.
01:43 La descente aux enfers, c'est sans fin.
01:46 On peut toujours creuser plus profond.
01:48 - Alors c'est le Kenya qui va diriger cette force internationale.
01:51 - Les Américains vont assurer la logistique.
01:53 Antony Blinken a promis 100 millions de dollars.
01:55 L'Europe aussi paiera.
01:56 Les pays de la Caraïbe viendront en voisin.
01:58 Mais c'est le Kenya qui fournit les gros bataillons.
02:01 1000 hommes aguerris.
02:02 Les Kényans ont l'expérience d'un État failli.
02:04 Ils sont intervenus en Somalie.
02:06 Au départ, ils promettaient de sécuriser les routes et les bâtiments publics.
02:10 Ils envisagent désormais d'éradiquer les gangs,
02:13 d'aider à reconstruire les infrastructures vitales
02:16 et à mettre en place un gouvernement démocratique, stable.
02:19 Encore un peu et ils prétendront relancer le tourisme.
02:23 Bref, si vous avez aimé la chasse aux djihadistes au Sahel,
02:27 vous allez adorer la chasse aux bandits en Haïti.
02:31 Le même combat sans fin et le même risque d'apparaître in fine
02:35 comme une troupe d'occupation, accueillie en sauveur
02:38 et demain jugée responsable du chaos qui perdure.
02:41 Les interventions étrangères ont toujours mal tourné en Haïti.
02:44 Les Kényans ont quand même un atout de poids, leur peau.
02:48 Contrairement aux Américains et aux Européens,
02:51 ces frères africains ne peuvent pas passer pour des néocolonialistes.
02:54 - Mais est-ce que cette police kényane, Vincent, est efficace ?
02:57 - Alors, elle est dénoncée par les organisations de défense des droits de l'homme pour sa violence.
03:01 Amnesty a recensé pour l'année en cours 30 manifestants morts
03:04 sous les tirs de la police kényane.
03:07 Son chef nie ces accusations.
03:09 Il prétend même que ce sont les "polisticiens" de l'opposition
03:13 qui ont récupéré des corps à la morgue pour les mettre en scène
03:16 et discréditer la police.
03:18 Voilà un homme qui sera à sa place à Port-au-Prince,
03:21 capitale de la paranoïa,
03:23 la seule ville où personne n'est surpris de croiser dans la rue
03:27 un voisin enterré la veille.
03:29 - Incroyable récit. Merci beaucoup Vincent Herouët.