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Leslie, la maman de Léo, harcelé pendant ses années collège nous raconte comment elle a même sauver son fils du harcèlement dont il a été victime.
Transcription
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00:17 Bonjour, je m'appelle Leslie, j'ai 37 ans, je suis mariée, je suis maman de trois enfants de 15, 12 et 9 ans.
00:24 Je viens vous parler de l'histoire de mon fils qui a subi du harcèlement scolaire en classe de 6e puis après en classe de 4e.
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00:35 Léo a toujours été un excellent élève scolairement et puis quand il est arrivé en classe de 6e, on a vu avec son papa que ses résultats baissaient,
00:44 que son comportement était différent vis-à-vis de son frère et de sa sœur.
00:47 On s'est beaucoup questionné, j'ai rencontré déjà ses professeurs pour savoir si tout se passait bien au collège.
00:53 On me disait que oui. Il a passé son année de 6e comme ça et puis pendant l'été, entre la 6e et la 5e, c'est là où il nous a avoué qu'il avait subi...
01:05 Alors pour lui, au début, ce n'était pas forcément du harcèlement mais des moqueries du fait qu'il fasse de la danse.
01:11 Et puis il était bousculé dans les couloirs. Mais le collège, à priori, au niveau du collège, personne n'avait rien vu.
01:17 À la rentrée en 5e, il s'est retrouvé exactement dans la même classe malgré le fait que j'avais déjà alerté les professeurs en fin de 6e pour dire que je soupçonnais quelque chose.
01:27 La rentrée en 5e a été très compliquée pour Léo. Il ne voulait plus aller au collège.
01:33 Donc on a pris la décision avec notre médecin traitant de le retirer du collège et j'ai fait appel à la cellule harcèlement de l'académie dont dépend Léo.
01:42 Et il a été changé de collège pour rentrer dans le collège de la ville voisine en 5e où il a fait sa 5e, où tout s'est très très bien passé.
01:49 Et puis en 4e, le premier mois de 4e s'est bien passé et un jour je reçois un appel de la CPE du collège,
01:57 qui était déjà au courant que Léo arrivait dans ce collège suite à un harcèlement, pour me prévenir qu'il y avait eu quelques problèmes.
02:03 Il avait été bousculé dans les escaliers du collège où il avait dévalé des escaliers.
02:08 Mais sur le coup, avec mon mari, on ne s'est pas plus inquiétés que ça, parce qu'on s'est dit "bon, là, les choses sont prises en main".
02:14 Et en fait, c'est monté crescendo en 15 jours de temps. Il a reçu des menaces de mort sur un réseau qui s'appelle WhatsApp.
02:21 Suite aux menaces de mort, avec mon mari, on a dit "là, ce n'est pas possible".
02:25 Donc on a été déposer plainte au niveau de la gendarmerie de notre village.
02:28 On a eu de la chance qu'on ait tombé sur une gendarme exceptionnelle qui a pris les choses à bras le corps et très rapidement avec sérieux.
02:35 La gendarme nous avait conseillé, au moindre problème, de déposer plainte.
02:41 Autant vous dire qu'on y était quasiment tous les jours à la gendarmerie.
02:44 Mais c'est ce qui a aussi aidé à faire en sorte à ce que le harcèlement de Léo soit pris en compte et qu'il soit bien reconnu en tant que victime.
02:53 Parce que c'était un peu le chat et la souris avec le collège, en fait.
02:56 Parce qu'eux, ils ont reçu les harceleurs. Les harceleurs disaient que c'était Léo qui l'embêtait.
03:01 Donc le collège nous disait "oui, on ne sait pas vraiment ce qui se passe, etc."
03:05 Du côté de la gendarmerie, eux, ils ont eu des témoignages.
03:08 Puis nous, on avait plein de preuves. Donc il n'y avait pas de doute pour eux.
03:11 Ils nous ont un peu fermé la porte. Après, ils ont su qu'on avait déposé plainte.
03:18 Alors là, ça a été le pompon.
03:19 Parce qu'il faut savoir qu'à partir du moment où vous déposez plainte, en fait, pour une situation de harcèlement,
03:25 le collège est obligé de remonter l'information au niveau de l'académie.
03:29 Et quand ils remontent l'information au niveau de l'académie, ça fait baisser les notes des établissements, etc.
03:35 C'est pour ça qu'il y a beaucoup de harcèlements qui ne sont pas pris en compte,
03:38 enfin, qui sont pris en compte, mais qui sont "dans le silence" pour ne pas que l'on change les notes des établissements.
03:44 Donc là, on s'est dit "ok, mais non, en fait, ça ne se passera pas comme ça."
03:48 À côté de ça, moi, j'ai dû arrêter de travailler pour m'occuper de Léo parce que ce n'était plus gérable.
03:53 D'aller travailler en se disant "mais qu'est-ce qui se passe ? Est-ce qu'il est en danger ?"
03:58 C'était juste hyper anxiogène pour nous.
04:02 Du coup, ce qui fait que quand je le déposais, il était tout seul.
04:05 Donc un jour, je suis rentrée, j'ai dit à mon mari "écoute, on enlève de l'école, ce n'est plus possible."
04:10 C'est à ce moment-là que j'ai fait appel, j'avais déjà fait appel du coup, pareil, à la cellule harcèlement que j'avais eu pour le premier harcèlement.
04:17 Donc j'avais déjà des contacts, en fait, pour ce deuxième harcèlement.
04:20 Et là, quand j'ai pris contact avec la cellule harcèlement, je me suis rendue compte que le collège n'avait fait aucune démarche pour prévenir de ce harcèlement.
04:27 Et donc là, on nous a proposé de rechanger Léo de collège et on leur a dit "mais attendez, il y a quand même un problème, ce n'est pas à Léo de changer de collège, on ne va pas faire ça à chaque fois."
04:34 On l'a retiré du collège pour le passer en cours à domicile par le CNED, sur décision médicale, parce que Léo était clairement, à ce moment-là, en dépression.
04:45 Ça a été des moments très compliqués avec mon mari, on ne le laissait plus tout seul à la maison parce qu'on avait peur qu'il commette l'irréparable.
04:53 Il a continué le CNED pour toute sa troisième. Il a passé son brevet au mois de juin, qu'il a eu avec mention très bien.
05:00 En fait, on a eu de la chance d'avoir un fils qui est très scolaire.
05:03 Là, Léo a passé une audition parce que le fond du harcèlement, c'est qu'il a été harcelé parce que c'est un garçon qui fait de la danse.
05:10 Il a passé son audition au Grand Conservatoire de Versailles et il a été reçu.
05:15 C'est compliqué, je dirais que moi, je me suis sentie beaucoup impuissante et seule.
05:24 On ne sait pas trop vers quelle porte frapper pour avoir de l'aide.
05:29 Et en fait, ce qui nous a sauvés, c'est malheureusement, c'est le premier harcèlement où j'avais déjà eu affaire avec l'Académie.
05:36 Donc j'avais déjà des numéros où j'ai su appeler tout de suite.
05:40 Et puis, la plus précieuse qu'on a eu, je dirais que c'était vraiment la gendarme qui a géré le dossier de Léo.
05:45 Souvent, il y a des signes annonciateurs.
05:50 C'est les notes qui baissent, le comportement à la maison qui devient compliqué.
05:55 Il ne mangeait plus forcément, il était devenu agressif. Le sommeil, c'était de l'anarchie.
06:00 Donc voilà, on avait déjà eu des signes qui nous mettaient la puce à l'oreille.
06:03 Même si en demandant au niveau du collège, on nous disait que tout allait bien, nous, on avait des doutes.
06:08 Alors déjà, de croire son enfant, vraiment accueillir la parole de son enfant.
06:16 C'est vraiment important de le déculpabiliser pour lui dire que non, ce n'est pas de sa faute, qu'il n'a pas à subir tout ce qu'il subit.
06:24 Quand le collège le permet de pouvoir rentrer en relation avec le collège.
06:28 Et surtout, si ça va, même pour ce qui peut paraître une petite broutille en tant qu'adulte,
06:33 déposer plainte le plus rapidement possible puisqu'on se rend compte que c'est ça qui permet de se faire entendre.
06:41 Après oui, si le collège gère l'histoire, ça peut être réglé rapidement.
06:45 Après, en plus, il y a une loi qui vient de sortir, j'ai lu il y a une semaine, dix jours,
06:50 comme quoi maintenant c'était les harceleurs qui allaient être changés d'établissement et non plus les victimes.
06:54 Au niveau des numéros très intéressants, il y a le 30-20 qui m'a beaucoup aidé.
06:59 C'est eux qui, au moment où ça devenait vraiment compliqué à l'école, pour les hauts, nous ont dit là il y a danger de mort pour votre fils.
07:05 Donc il faut le retirer du système scolaire.
07:09 A savoir que si en tant que parent, vous êtes amené à devoir retirer votre enfant du système scolaire,
07:14 allez chez votre médecin pour avoir des certificats parce que l'école est obligatoire.
07:20 Normalement dans chaque académie, il y a un pôle harcèlement en fait.
07:26 Mais quand on a tapé le nom de notre académie, avant de trouver le numéro, j'ai mouliné pas mal.
07:34 J'avais des contacts dans l'éducation nationale, donc j'ai réussi à avoir ce numéro comme ça.
07:39 Il faut savoir que quand vous appelez le 30-20, c'est le numéro national anti-harcèlement.
07:43 Donc eux déjà, à partir du moment où vous leur téléphonez, ils remontent l'info au niveau de l'académie.
07:49 Donc après, en toute logique, vous devriez avoir un contact avec l'académie de votre enfant.
07:53 Ce qui nous a aidé aussi à nous en sortir avec mon mari et Léo, on a monté une association contre le harcèlement scolaire
08:01 pour aider les parents justement à trouver de l'aide, à les guider, comment faire avec leurs enfants, écouter la parole de l'enfant.
08:08 Parce que des fois, l'enfant ne va pas forcément venir parler à son parent.
08:11 Il va pouvoir parler peut-être à son prof de sport, à un ami, la cousine, le cousin, enfin à quelqu'un de confiance.
08:17 Ce n'est pas tout le temps évident de venir, surtout quand on est adolescent, parler à ses parents.
08:21 Donc voilà, nous on a mis en place cette association qui, pour l'instant, regroupe surtout,
08:26 enfin travaille surtout sur le 78 et le 95, 92.
08:30 Mais après, on aimerait pouvoir être plus large au niveau de la France.
08:35 Donc pour l'instant, sur les réseaux sociaux, que ce soit sur Instagram ou sur Facebook, ça s'appelle l'association Je suis moi.
08:40 Du coup, à partir du moment où on a vraiment retiré Léo du système éducatif normal et qu'il est passé en cours à domicile,
08:51 on lui a changé son numéro de téléphone.
08:53 Moi, j'ai bloqué tous les contacts qui pouvaient le retrouver sur les réseaux ou quoi.
08:57 Donc il a vécu très longtemps en autarcie, sans réseau.
09:01 Après, au bout d'un moment, on s'est dit c'est quand même un ado, on ne peut pas non plus tout lui retirer.
09:05 Il ne voyait déjà plus personne, surtout fier de Léo, parce que je pense que moi, à son âge,
09:10 je n'aurais pas eu la force de tenir, de me dire je continue à aller à la danse.
09:15 Si ça ne leur plaît pas, moi, je pense que j'aurais tout lâché.
09:18 Et lui, au contraire, ça a fait une force pour lui.
09:20 Après, il le dit lui-même, la danse l'a sauvé.
09:23 Sa passion pour la danse l'a sauvé.
09:24 Et puis le fait qu'il réussisse en fait son audition au Grand Conservatoire de Versailles.
09:29 Je pense que ça répond à ses harceleurs de leur dire, vous, ça ne vous plaît pas,
09:34 mais ce n'est pas parce que vous m'avez embêté, et embêté, c'est même faible comme mot,
09:39 mais ce n'est pas malgré tout ce que vous m'avez fait, je n'ai pas baissé les bras.
09:43 Et pour moi, en fait, c'est la meilleure réponse qu'il puisse leur donner, c'est vous n'avez pas gagné.
09:47 C'est ça que je dis.
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