D'un côté, Élian Potier, co-président de Faire Face, président de l'association Urgence harcèlement et ambassadeur national de la lutte contre le harcèlement scolaire, dont il a lui-même été victime.
De l'autre, Valentin Vitti, créateur de contenu. Il a déjà été victime, mais a également fait subir du harcèlement scolaire, raisons pour lesquelles il fait de la lutte contre le harcèlement scolaire son combat.
Il est le parrain du deuxième tome du manga "Les Combats invisibles", publié aux éditions Dupuis, fin octobre.
De l'autre, Valentin Vitti, créateur de contenu. Il a déjà été victime, mais a également fait subir du harcèlement scolaire, raisons pour lesquelles il fait de la lutte contre le harcèlement scolaire son combat.
Il est le parrain du deuxième tome du manga "Les Combats invisibles", publié aux éditions Dupuis, fin octobre.
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00:00J'ai fait subir du harcèlement scolaire.
00:03J'ai subi du harcèlement scolaire.
00:05Je me considère comme une victime.
00:08Je me suis déjà moqué de quelqu'un.
00:1420. C'est le nombre d'enfants qui en moyenne se suicident chaque année des causes du harcèlement scolaire qu'ils subissent.
00:19Alors cette année, comme l'année dernière, on avait envie de faire une émission sur le sujet dans ce mois de novembre qui est
00:23consacré au harcèlement scolaire. Et pour l'occasion, le ministère de l'éducation nationale nous a proposé d'aller à la Sorbonne, dans l'un des plus beaux
00:29amphithéâtres d'Europe, pour tourner notre émission. Dans les débats qu'on organise, vous ne voyez pas d'habitude, mais là,
00:33difficile de se cacher devant un public de 600 personnes, des élèves, des parents et des professeurs.
00:37Alors c'est jamais facile de venir témoigner devant 600 personnes et devant une communauté
00:40aussi importante que la nôtre. Mais que ce soit auprès de la personne qui a été harcelée ou celle qui a fait subir du harcèlement,
00:44je vous demanderai s'il vous plaît de rester courtois envers eux dans les commentaires. Bonne vidéo.
00:48Bonjour à tous.
00:49Donc moi je m'appelle Antoine Amarin, je suis le rédacteur en chef du média Le Crayon, on vous l'avait compris. Donc nous on organise des médias,
00:54des débats en ligne.
00:55Donc d'habitude on tourne dans un studio, là on a pu reproduire notre studio et je suis trop content, on a ramené nos plantes, on a un
01:01peu galéré, on a ramené toute une étagère, on est trop content, c'est trop bien.
01:05Nous ce qu'on aime faire au Crayon, c'est réunir, parce qu'on est persuadé que c'est par le dialogue et les échanges profonds qu'on peut apaiser la société.
01:11Et aujourd'hui, on a voulu réunir deux profils qui ont un rapport particulier au harcèlement,
01:18Valentin et Elian. Je vais laisser vous présenter.
01:20Donc bonjour à tous, je m'appelle Valentin Vitti, j'ai 25 ans, je suis créateur de contenu,
01:24influenceur, appelez ça comme vous voulez, et je parraine depuis deux ans et demi un manga qui s'appelle Les Combats Invisibles, que j'ai pas pris,
01:31juste pour le montrer, c'est le moment promo, voilà, qui s'appelle Les Combats Invisibles. Il y a le deuxième tome qui est sorti le 31 octobre,
01:36qui est parrainé Paris Enfance et le 30-18,
01:39qui est le numéro d'appel d'urgence pour les personnes harcelées, ou si vous êtes juste témoin ou vous voulez avoir des renseignements,
01:44et qui vient à combattre le harcèlement et aussi particulièrement le cyber harcèlement.
01:49Bonjour à tous, moi c'est Elian Poitier, j'ai 22 ans et je suis co-président de l'association Fairface qui lutte contre le harcèlement,
01:55à l'école, en intervenant partout en France.
01:58Merci beaucoup. Donc pour cet échange, ce qu'on va faire, c'est que je vais vous donner des affirmations.
02:02L'idée, c'est que si vous êtes concerné par cette affirmation, vous levez la main et après vous pouvez échanger sur cette affirmation. Est-ce que ça vous va ?
02:08Très bien. Super. J'ai fait subir du harcèlement scolaire.
02:15Les masques tombent.
02:17Oui, donc du coup, effectivement, c'était notamment Justine Atlan qui m'a dit hier que le mot harceleur, ce n'était pas une catégorie,
02:23que ce n'était pas quelque chose qui était agréable à dire pour quelqu'un.
02:26Mais j'ai fait subir du harcèlement, je vais dire de la sixième jusqu'à la quatrième.
02:31Je prends une durée assez large, même si c'est évidemment pas tous les jours.
02:34Ce n'est pas une vocation d'être harceleur.
02:36On ne se lève pas le matin en disant tiens, je vais harceler des gens.
02:38C'est quelque chose dont j'ai pris conscience avec le temps.
02:41Et je pense que beaucoup de gens de plus en plus prennent conscience, d'ailleurs, au fil de mes témoignages,
02:46beaucoup d'amis ou de connaissances ou même dans mes messages privés.
02:48Beaucoup de personnes prennent conscience qu'à un moment donné, ils ont pu harceler.
02:53Et donc, effectivement, j'ai fait subir du harcèlement au collège.
02:57Voilà, c'est des témoignages que tu as déjà entendu, ça?
03:00Non, pour être honnête, c'est une première.
03:02Généralement, les anciennes personnes qui ont harcelé une victime se cachent souvent,
03:07ne sont pas forcément à l'aise avec ça, n'assument pas forcément.
03:09Et c'est intéressant d'avoir aussi son point de vue, son retour.
03:13Et je tiens juste à préciser quelque chose, c'est que mon témoignage ne regarde que moi,
03:17que je ne représente pas toutes les personnes qui ont pu harceler.
03:19C'est un témoignage qui est très, très personnel.
03:22Et donc, je prends la parole en mon nom et pas au nom de n'importe qui.
03:25Il y a des personnes qui sont certainement profondément malveillantes et qu'ils sont encore aujourd'hui.
03:29Aujourd'hui, je suis ce qu'on appelle un repenti, qui cherche absolument une rédemption.
03:33Et aujourd'hui, le harcèlement est mon combat.
03:35Voilà, je tiens à le préciser.
03:36C'est ce que tu racontes, ce qui est raconté dans le manga?
03:39Oui, exactement.
03:40Alors, je suis un personnage du manga Les Combats Invisibles, qui est disponible partout.
03:44Le tome 2 est sorti du coup le 31 octobre.
03:46Et en fait, on est plusieurs artistes, on est quatre.
03:48Il y aura quatre tomes et chaque artiste va parrainer un tome.
03:51Donc moi, je parraine le tome 2, justement, qui va justement prendre le point de vue d'un harceleur.
03:56Je suis un personnage du manga, un personnage secondaire où je joue mon propre rôle
04:00et où effectivement, je vais être une personne qui fait subir du harcèlement au départ
04:04et qui va très vite se rendre compte de ce qu'il fait subir, ce qui est plus ou moins la réalité.
04:08On aura l'occasion d'en parler au fil de l'entrevue.
04:11Mais donc, effectivement, ça prend le point de vue d'un harceleur,
04:14ce qui peut être intéressant pour un manga.
04:17J'ai subi du harcèlement scolaire.
04:21J'ai subi du harcèlement scolaire en troisième prépa professionnel.
04:24Pour être honnête avec vous, je suis dyslexique et dysorthographique,
04:26donc du coup, c'était un peu compliqué de continuer mon apprentissage dans le général.
04:32Et je savais ce que je voulais faire plus tard.
04:33Du coup, je m'étais orienté en troisième prépa pro,
04:35sauf que la troisième prépa pro, elle est au lycée, contrairement à la troisième générale.
04:39Ce qui fait que j'ai dû changer d'établissement,
04:40aller trouver un lycée pro et donc un nouvel univers.
04:43Et c'est à ce moment-là qu'en discutant avec mes camarades,
04:47j'ai commencé à subir du harcèlement.
04:51Une simple question.
04:53Qu'est-ce que tu as fait ce week-end ?
04:54Et donc, certains répondaient, j'ai vu mon copain, j'ai vu ma copine.
04:58J'ai fait ceci, j'ai fait cela.
04:59Et moi, j'ai répondu, j'ai vu mon copain.
05:01Et à partir de ce moment-là, ça a posé problème avec des insultes,
05:05des moqueries, parfois même des propositions à caractère sexuel.
05:07Et c'était tous les jours.
05:08Et je ne savais pas que c'était du harcèlement à ce moment-là,
05:12parce qu'on n'a jamais parlé.
05:13Je n'ai jamais eu la chance d'avoir une intervention il y a 6-7 ans dans ma classe.
05:16Il y avait une simple affiche avec le numéro 30-20,
05:19mais on ne m'avait jamais expliqué comment ça allait être traité,
05:23qu'est-ce qui pouvait répondre à ce numéro.
05:24Donc, pour moi, je pensais simplement que c'était des chamailleries et que ça allait passer.
05:28On va en parler, justement, de ça.
05:29Et donc, Valentin, tu as aussi subi du harcèlement.
05:32Exactement.
05:33Et pour une raison, si on peut appeler ça une raison toute bête,
05:35c'est le fait que j'ai fini seul.
05:38Concrètement, pour raconter un peu l'histoire,
05:40quand je suis arrivé au sixième, déjà,
05:41j'ai trouvé la transition entre la primaire et le collège très violente.
05:44On passe vraiment du tout au tout.
05:45Et c'était quelque chose où je n'étais pas armé pour arriver au collège.
05:49Et du coup, très vite, je me suis lié dans un groupe
05:52persuadé que j'avais un dilemme social qui était de subir ou de faire subir.
05:56Et bêtement, j'ai fait le choix de faire subir pensant qu'il n'y avait pas une autre alternative.
06:00Et quand je suis arrivé, du coup, j'ai suivi ce petit groupe
06:03de la sixième jusqu'à la quatrième et je suis arrivé en troisième.
06:07Donc, c'est là où tu as harcelé.
06:09Tu racontes que tu as harcelé.
06:11Exactement, où j'ai fait subir du harcèlement et après en troisième,
06:14où j'ai été victime de harcèlement puisque tout simplement,
06:16je suis arrivé dans une classe où je ne connaissais personne,
06:18où on va dire le populaire du groupe avait complètement déménagé.
06:21Et en fait, je me suis retrouvé d'être le membre d'un groupe,
06:24à être celui qui est aux toilettes lors des récréations,
06:27qui ne mange pas le midi parce qu'il est demi pensionnaire
06:29et qui ne sait pas avec qui manger.
06:31J'ai vécu ce truc là.
06:32J'en parle très peu parce que quand on dit qu'on a fait subir du harcèlement
06:35et puis qu'on a été harcelé après,
06:37il y a beaucoup de personnes qui parlent que je l'ai bien mérité, ce genre de choses.
06:40Et moi, déjà, à ce moment là, j'avais conscience de ce que j'avais pu faire subir
06:43et je me contentais totalement de ce que je subissais.
06:47Et je rejoins un peu Elian sur ce qu'il a dit,
06:48c'est qu'on est de la même génération.
06:50Le mot harcèlement, je suis arrivé au collège, c'était en 2011.
06:53Le mot harcèlement n'était pas du tout dit.
06:56La première fois que j'ai entendu parler de harcèlement de toute ma vie,
06:58c'était en cours d'anglais.
06:59Au lycée, on avait un cours sur le harcèlement en anglais,
07:02alors qu'en français, on n'en avait pas.
07:03Justement, l'affirmation suivante, c'est je savais ce qu'était le harcèlement.
07:08Non, vous ne savez pas.
07:09Et on n'est pas vieux.
07:10Enfin, moi, j'ai 25 ans et le mot n'existait pas.
07:12Pour moi, le harcèlement, c'était quelque chose où on allait en prison.
07:16C'était un truc.
07:18Là, ce que je pouvais subir, moi, pour ma part, c'était simplement des chameriques.
07:21C'était normal.
07:22C'était là que je disais qu'on pouvait se permettre d'être méchant entre nous,
07:25de s'insulter et d'être méchant, tout simplement.
07:28Et il y a une autre émergence qu'on a connue, c'est les réseaux sociaux.
07:32Moi, pour ma part, c'est vrai que j'étais énormément sur les réseaux sociaux
07:36parce que c'était l'émergence, notamment de Facebook.
07:39Là, on est en 2011. À ce moment là, c'était vraiment l'émergence.
07:41J'avais quand même la lucidité
07:44d'avoir créé un compte sur Facebook avec un faux prénom et un faux nom quand même.
07:48Et le mot cyber harcèlement existait encore moins.
07:51Et pourtant, il existait déjà, mais c'est venu avec le temps.
07:54Mais évidemment, j'avais, je précise aussi quelque chose,
07:56c'est que j'avais totalement conscience que ce que je faisais était mauvais.
08:00Surtout pour l'anecdote que j'ai un frère jumeau
08:02qui a suivi exactement le même cursus que moi, qui était dans le même collège.
08:05Après au lycée, on n'était plus dans les mêmes, mais je l'ai vu subir.
08:08Et ça rejoint un peu ça, c'est que mon frère est homosexuel
08:11et qu'il a subi des insultes homophobes,
08:15malgré lui, à une époque où il n'était même pas conscient de qui il était.
08:18Et très vite, je suis devenu le frère du PDE.
08:21On en parlait tout à l'heure.
08:23Et donc, j'ai pris conscience que ce que je faisais était vraiment mauvais
08:26parce que mon frère le subissait à son tour.
08:28Et voilà, donc, j'avais conscience bien après coup que c'était mauvais.
08:31Et seulement des années après que ça s'appelait du harcèlement.
08:33Je me considère comme une victime.
08:38Avant, maintenant, je vais très bien, mais c'est compliqué de.
08:43C'est compliqué de se considérer comme autre chose qu'une victime
08:46quand on subit tous les jours, toutes les heures dans la classe,
08:49dans la cour de récréation, dans les toilettes.
08:53Et même sur les réseaux sociaux, on a parlé des réseaux sociaux,
08:55mais en fait, c'est la continuité du harcèlement à l'école, tout simplement.
08:58C'est compliqué de ne pas se considérer comme comme victime
09:00parce qu'au final, déjà, on se remet en question avant de se dire
09:03on est une victime et de se dire bah ouais, c'est pas moi le problème.
09:06Au final, on se remet en question, on se dit c'est peut être de notre faute.
09:09C'est peut être nous qui voilà, peut être que c'est notre orientation sexuelle
09:12le problème, alors qu'au final, évidemment que non.
09:15Mais à force d'entendre
09:17tous ces commentaires, tous ces messages haineux,
09:20on ne peut que se remettre en question.
09:21Aujourd'hui, je sais que j'ai été victime de harcèlement
09:24et je rejoins Nathan tout à l'heure qui a parlé de la plainte
09:27et qui a été classée sans suite.
09:29Moi aussi, j'ai porté plainte.
09:30J'ai déjà fait une main courante, j'ai porté plainte.
09:32Malheureusement, j'ai eu aucun retour, même pas un document qui m'a stipulé
09:36que ma plainte avait été classée sans suite et je trouve que c'est tellement important.
09:40Aujourd'hui, sept ans après, je ne demande pas à ce que mes harceleurs
09:42soient punis, j'ai tourné la page et je ne veux pas y retourner.
09:45Je ne veux pas retourner en arrière.
09:46En revanche, ne serait-ce que juste avoir un retour, être reconnu comme victime,
09:50ça fait un bien fou parce qu'au final, on se dit mais en fait,
09:52ce n'était pas vraiment nous le problème.
09:54Officiellement, l'État vous dit, la justice vous dit que ce n'est pas vous le problème
09:57et ça fait du bien de l'entendre aussi des fois.
09:59J'en veux encore à ceux qui m'ont harcelé.
10:02Moi, non, je sais que des gens m'envolent.
10:07Je ne sais pas si on avait prévu de l'évoquer, mais j'ai tenté de prendre
10:11contact avec plusieurs personnes ou quand je me suis rendu compte
10:14que je les avais harcelés, pour moi, c'était important dans ce besoin,
10:17si ce n'est ce devoir de rédemption.
10:19Deux personnes m'ont répondu, une qui m'en a énormément voulu,
10:22mais qui a fait complètement le deuil de cette situation
10:24et ça m'a permis de m'excuser.
10:27Et une autre, et je trouvais ça très intéressant,
10:29qui n'a pas du tout vécu de la même manière ce que j'ai pu faire.
10:33Et je trouvais ça intéressant d'avoir les deux points de vue.
10:35Dans les deux cas, j'ai eu besoin de m'excuser et je suis content aujourd'hui
10:38que ce soit une personne parce que c'est la seule avec qui j'ai réussi à rentrer
10:42en contact, qui a réussi complètement à se reconstruire.
10:45Et pour moi, c'était vraiment important d'aller m'excuser.
10:48S'ils m'en veulent, je ne sais pas.
10:49Mais en tout cas, je suis infiniment désolé de ce que j'ai pu faire.
10:53Et mon combat aujourd'hui, c'est celui du harcèlement.
10:55Et je veux aussi prouver que j'ai beau avoir fait du mal,
10:58aujourd'hui, j'ai conscientisé.
11:00J'étais un enfant, j'étais vraiment paumé et que pour moi,
11:02c'est important de me battre contre ça aujourd'hui.
11:04Ce n'était pas dur d'aller s'excuser.
11:06Non, ce n'était pas dur du tout.
11:07Franchement, j'ai aucun mal d'un point de vue d'orgueil ou compagnie
11:11sur quelque chose qui prend aujourd'hui autant de place dans nos sociétés.
11:14Je n'avais aucun problème à aller m'excuser.
11:15C'était vraiment un besoin.
11:17Et je parle souvent de ce devoir de rédemption.
11:18C'est passé par les excuses.
11:20Puis c'est passé après par en parler sur les réseaux sociaux.
11:22J'ai fait énormément de fictions, de courts métrages pour parler du harcèlement.
11:25Et aujourd'hui, je prends la parole justement parce que ce manga existe.
11:28Et je crois qu'aucun autre projet m'aurait fait prendre la parole aujourd'hui.
11:31J'ai conscience du risque que je prends
11:33de parler aujourd'hui.
11:34Et d'ailleurs, pour la petite anecdote,
11:37parce que je parle du fait que j'ai fait subir du harcèlement,
11:39je subis du cyber harcèlement et voilà.
11:43Il n'y a pas trop de morale là dessus, mais je trouve ça aussi assez intéressant.
11:47Et moi, de mon côté, je n'ai plus besoin,
11:49enfin, je n'ai plus envie de...
11:50Déjà, je n'ai jamais eu d'excuses de mes harceleurs.
11:54Je n'ai pas forcément envie d'en avoir aujourd'hui
11:55parce qu'encore une fois, je suis passé à autre chose.
11:57Le but aujourd'hui, c'est d'aller de l'avant et tourner la page
11:59et de pouvoir, en faisant des interventions,
12:02aider ceux qui sont aujourd'hui victimes d'harcèlement.
12:06En revanche, pour la petite info,
12:08il y a quelques mois, j'ai reçu un message, un mail
12:11d'une ancienne camarade de classe
12:14qui était présente dans ma classe lorsque j'étais victime d'harcèlement
12:18et qui m'a félicité pour ce que je faisais actuellement
12:21dans la lutte contre le harcèlement et qui m'a dit
12:22« Quelle évolution ! »
12:23Sauf que cette personne était présente lorsque j'étais victime d'harcèlement
12:27et elle n'a jamais rien fait.
12:28Donc, je ne lui ai jamais répondu parce qu'au final, ça ne sert à rien.
12:31Tu la considères comme une personne qui t'a harcelé aussi, au même titre ?
12:33Je la considère comme une personne qui m'a harcelé indirectement également
12:37parce qu'elle était présente, elle était là, elle voyait, elle entendait,
12:39elle n'a jamais rien fait.
12:40Donc au final, c'est trop facile de féliciter les autres des années après.
12:44Je me suis déjà moqué de quelqu'un.
12:49Sans passer par le harcèlement, évidemment,
12:51je pense qu'on se moque tous plus ou moins indirectement ou directement de quelqu'un,
12:56même aujourd'hui, et surtout de par les réseaux sociaux.
12:58Ça peut être une simple pensée,
12:59ça peut être verbalisé dans un groupe privé parce qu'on est face à quelque chose.
13:04Par contre, par commentaire et tout, c'est là que ça peut devenir du harcèlement,
13:08évidemment, mais je pense qu'on s'est tous moqués de quelqu'un ou de quelque chose.
13:11En fait, j'ai envie de dire,
13:14je ne sais pas si on peut demander à la salle de lever la main
13:15s'ils sont d'accord avec moi ou pas.
13:16Vous pouvez ne pas être d'accord.
13:17Je peux me prendre un gros vent, il n'y a pas de souci.
13:20Mais est-ce qu'on n'a pas tous été indirectement harceleurs au final ?
13:23Est-ce qu'on n'a pas tous été indirectement moqués de quelqu'un un jour ?
13:27Sans le savoir, mais au final, cette personne a peut-être été blessée et au final...
13:31Levez la main si vous êtes d'accord avec ça.
13:32Moi, je pense qu'au final, on s'est tous déjà, ne serait-ce qu'une seule fois...
13:35Une belle brochette de harceleurs, effectivement.
13:38Ne serait-ce qu'une seule fois moquée de quelqu'un et au final,
13:40ça peut être interprété comme du harcèlement si c'est plusieurs fois.
13:43Ça peut réagir, ça peut réagir.
13:45Ouais, donc le but de cette affirmation, c'était de montrer qu'effectivement,
13:48il y a la moquerie, il y a le harcèlement et c'est des choses bien distinctes.
13:53Attends, est-ce qu'il se passe quelque chose ?
13:54Qu'est-ce qu'il se passe ?
13:55Non, on peut reprendre, on peut continuer.
13:58Ah, il y a des questions ?
14:01Vous pouvez baisser les mains, si on a un peu de temps,
14:03on vous fera intervenir après si vous avez des questions.
14:05Je vais juste rebondir là-dessus.
14:08C'est précisément parce que moi, j'ai conscientisé
14:10les raisons peut-être pour lesquelles les personnes lèvent la main
14:12et parce que je me suis rendu compte que c'était très présent dans ma vie étudiante.
14:15Mais moi, ça arrivait très tard, précisément parce que le mot n'existe pas.
14:18Et je trouve ça génial que certaines personnes arrivent aujourd'hui
14:21à prendre conscience de ce qu'ils ont pu faire subir,
14:24pas forcément sur le long terme.
14:26Ce n'est pas du tout accusateur, ce qu'on dit évidemment,
14:28mais surtout de ma part.
14:30Mais c'est juste qu'à un certain moment donné,
14:31on a plus ou moins tous embêté quelqu'un, moqué.
14:35Et c'est quand ça devient redondant que là, ça peut devenir grave.
14:37Et dans le harcèlement, il y a l'émetteur,
14:40mais aussi la manière dont on reçoit les choses.
14:41Je disais juste avant que j'ai contacté deux personnes
14:44et parmi ces deux personnes, il y en a une qui a dit OK,
14:46tu as eu aucun problème, tu vois.
14:47Et une autre qui a vraiment vécu ça très mal.
14:50Et ça montre que ça dépend des sensibilités de chacun et compagnie.
14:55J'ai confiance en moi.
14:58Actuellement.
14:59Alors, c'est à reprendre au passé et actuellement.
15:03Alors, j'ai confiance en moi perso aujourd'hui.
15:05Aujourd'hui, oui.
15:07Avant, non.
15:07Encore une fois, et de par le témoignage que j'ai pu vous faire tout à l'heure,
15:10quand on reçoit tout ça, ces insultes, ces moqueries tous les jours,
15:14on ne peut que se remettre en question et se dire,
15:16le simple fait dans tous les cas de se remettre en question,
15:18c'est qu'on n'a pas forcément confiance en soi.
15:20Et dès l'instant que j'ai réussi à tourner la page
15:24et aller de l'avant en faisant des interventions,
15:26j'ai réussi à reprendre confiance en moi.
15:27J'ai envie de dire que faire des interventions, c'est mon médicament.
15:30Il y en a qui ont parlé de faire du sport pour aller mieux,
15:33de faire de l'art, de faire plein d'autres choses pour aller mieux.
15:37Et moi, mon médicament, ça a été de faire des interventions,
15:39de parler de mon témoignage et d'aller de l'avant, en fait.
15:44Et pour ma part, je n'avais pas confiance en moi de tout le collège.
15:47Je n'avais pas confiance en moi après.
15:48J'ai très peu confiance en moi aujourd'hui.
15:50Je ne sais pas si c'est directement lié au fait que j'ai été aussi victime de harcèlement.
15:55J'étais très moqué pour plein de raisons.
15:56J'étais quelqu'un qui avait de la pilosité très tôt.
15:58Ça se voit, il paraît.
15:59Et j'étais très moqué pour ça.
16:01Et le fait que j'étais aussi très fin.
16:03Mais je pense que je l'étais déjà avant.
16:05Je pense que je le suis aujourd'hui pour plein de raisons.
16:07Je pense que les réseaux sociaux aussi sont très coupables de ça.
16:10Du fait que je sois créateur de contenu,
16:12que le moindre détail de ta peau, de ton visage et de ton corps est relevé.
16:16Mais voilà, en tout cas, je n'ai pas l'impression que le fait que j'ai été harcelé
16:19ou le fait que j'ai pu faire subir du harcèlement ait impacté cette confiance en moi.
16:23À l'école, j'étais populaire.
16:28Je semi-lève la main.
16:29Ça veut dire quoi populaire ?
16:30On connaissait mon nom.
16:31Je ne sais pas vraiment comment dire ça.
16:33Mais en fait, c'est au collège, tu as dit ?
16:36À l'école.
16:36À l'école, oui, voilà.
16:37L'école, je crois.
16:38École, collège, lycée.
16:39Oui, moi, je pense surtout à ma première partie du lycée.
16:42J'en ai fait quatre, pour être honnête.
16:44Et j'avais un premier lycée où, effectivement, on avait un petit groupe.
16:46Pour le coup, quand j'ai quitté le collège,
16:49et je trouve ça aussi intéressant d'en parler,
16:50c'est que vu que j'ai été en troisième victime de harcèlement,
16:54quand je suis arrivé au lycée, je me suis dit c'est reparti,
16:57on prend les mêmes, on recommence.
16:58Sauf que je suis arrivé dans un lycée professionnel où vraiment je ne connaissais personne.
17:02La récré est arrivée, je me suis tout seul isolé dans un coin.
17:05Et puis, en fait, c'est là que tu te rends compte que quand tu arrives à 15-16 ans,
17:08il y a une maturité qui rentre en jeu.
17:09Et des gens sont venus me tendre la main, ça va, machin.
17:11Et j'ai passé les meilleures années de ma vie.
17:12Et c'est vrai que je faisais partie d'un petit groupe de popularité.
17:15Maintenant, je ne suis pas sûr que c'est une grande incidence sur le harcèlement ou non.
17:19Quand j'ai été harcelé, j'ai reçu de l'aide.
17:22De l'aide ?
17:22Ouais, de l'aide.
17:24De mes parents uniquement.
17:25Malheureusement, lorsque j'étais harcelé dans la classe avec de simples moqueries qui se voyaient,
17:33dans certains cours, donc à destination de certains profs,
17:38ils ne faisaient pas grand-chose.
17:39La seule réaction que j'ai pu avoir de mon professeur de maths, c'est « chute maintenant, taisez-vous ».
17:44Pareil dans les toilettes.
17:46Un jour, on m'a ouvert la porte avec, vous savez, les verrous blanc et rouge
17:50qu'on peut déverrouiller juste avec le pouce.
17:52On m'a filmé sur Snap et on m'a balancé de l'eau, des boulettes de papier.
17:56Il y avait un surveillant aussi.
17:58Personne n'a rien fait.
17:59Ça se passait aussi dans les rangs pour aller à la cantine.
18:03Il y avait une surveillante qui était là.
18:04Personne n'a rien fait.
18:06Les seules personnes qui ont pu faire quelque chose et qui m'ont aidé, c'est mes parents.
18:11Et je pense qu'ils m'ont aidé aussi psychologiquement à me reconstruire et à aller de l'avant.
18:16Parce que malheureusement, l'établissement dans lequel j'étais n'a rien fait.
18:19Moi, ça rejoint ce que j'ai dit tout à l'heure.
18:20C'est parce que je me contentais de ce que je subissais.
18:23Il faut dire que j'étais dans un collège où il y avait énormément de personnes qui subissaient du harcèlement.
18:28Et c'est pour ça que tout à l'heure, je parlais de ce dilemme social.
18:29Parce que quand t'arrives, t'es enfant, quand t'as fait aucune prévention sur le harcèlement, t'arrives face à tout ça.
18:34Tu te dis mais en fait, c'est l'un ou l'autre.
18:35Et parce que je me contentais de mon harcèlement que je subissais, j'en ai pas parlé à mes parents.
18:40D'ailleurs, mes parents ne le savent que parce que je prends la parole depuis deux ans pour ce combat là.
18:46Et ce qui est drôle, c'est que quand ils le savent maintenant, j'ai l'impression qu'ils l'ont toujours su.
18:53Pas le fait que j'ai été harceleur, mais le fait que je l'ai subi.
18:56Et je pense que mes parents n'étaient pas armés pour pouvoir m'aider là-dessus.
19:02Donc je ne leur en veux pas, même aux personnes qui ne m'ont pas aidé à un certain moment donné parce que je m'en contentais.
19:06Mais je pense qu'aujourd'hui, certainement de plus en plus, ça doit être générationnel.
19:08Mais surtout quand on parle des réseaux sociaux, je pense qu'il y a une grande partie des parents qui se sentent complètement désarmés.
19:13Moi, ma mère, elle ne sait même pas ce que c'est Facebook.
19:15Ou alors si, mais que Dieu m'en garde qu'elle ne le découvre jamais.
19:17Mais aujourd'hui, les parents, je pense sincèrement, peut-être même les professeurs, les adultes, ne sont pas forcément armés.
19:23Je parle principalement du cyber harcèlement, mais il faut dire que moi, c'est surtout ça que ça a concerné.
19:27Ils ne sont pas armés à connaître, à savoir comment ça fonctionne.
19:29Et je pense notamment à Samuel Comblé, qui est directeur adjoint de Y Enfance et directeur du 38, qui m'a dit quelque chose de très intéressant.
19:36C'est que quand on est autour de la table le soir et qu'on dit à nos enfants comment ça s'est passé la journée,
19:41qu'est-ce que t'as fait à l'école ? On ne dit pas comment ça s'est passé sur les réseaux sociaux.
19:44Le virtuel est souvent plus dangereux que le réel et pourtant, on se penche uniquement sur le réel,
19:48parce que c'est factuel, parce que c'est palpable, alors que le virtuel est un peu abstrait.
19:52Et c'est intéressant que les adultes aussi aient cette discussion avec les enfants.
19:56Mais à cette époque, il n'y avait sûrement pas assez d'armes.
19:58Et c'est marrant parce que quand je dis ça aux parents en fin de journée dans les interventions,
20:01t'as des parents qui lèvent la main et qui me disent
20:04« Vous êtes marrant, demandez à un jeune au dîner, si ça s'est bien passé sa journée, il va juste vous répondre « Bah ouais, ok ». »
20:11Alors que je pense que c'est hyper important en plus de pouvoir développer ça,
20:14parce qu'au final, même s'il vous répond juste « Ouais »,
20:17demain, peut-être qu'il vous dira autre chose, peut-être qu'il commencera à se confier
20:21et peut-être qu'il pourrait vous montrer des signes aux faibles, les situations d'harcèlement.
20:27Tu dirais qu'il faut laisser l'adolescent parler ou il faut justement poser des questions, creuser ?
20:33Je pense qu'une simple phrase « Comment ça s'est passé à l'école ? Qu'est-ce que t'as fait aujourd'hui ? »
20:37Même s'il vous répond juste « Oui » ou « Ouais » ou bref, c'est déjà un début, c'est mieux que rien.
20:44Demain, vous lui reposez la question, peut-être qu'il ira un peu plus loin,
20:46peut-être qu'au fur et à mesure du temps, il se confiera à vous.
20:50Et en tant que parent, on a aussi des petits...
20:54quelque chose qui peut nous laisser penser qu'il y a un problème chez notre enfant
20:58de par des signaux faibles, il mange peu, il mange moins, il est souvent absent, c'est notre chute...
21:04Enfin, quand il y a un doute, il n'y a pas de doute en tant que parent, je pense.
21:07Et j'aimerais juste rebondir sur quelque chose, c'est qu'il y a aussi peut-être changé de méthode aussi.
21:11Moi, je pense notamment où j'ai vécu, c'était en 3ème, une colonie de vacances
21:16où mon frère et moi, on avait été énormément harcelés, c'était un truc qui était très violent pour nous.
21:19On se faisait même harceler par les animateurs.
21:22Et je me souviens d'un jour où mon frère, il a piqué une crise où il est vraiment parti en sanglots
21:25et t'as des gens qui ont essayé d'lui tendre la main.
21:27Et lui, il a fait « Non, lâchez-moi ! » vraiment en criant.
21:29Et en fait, la méthode dans ce moment-là, c'était de le laisser se calmer et après d'aller vers lui
21:34parce qu'on a tendance à dire « Oui, mais il ne veut pas d'aide » ou « Je lui tends la main, il n'en veut pas. »
21:38Mais peut-être y aller progressivement, y aller petit à petit, pas forcément aller confronter.
21:41« Bonjour, est-ce que tu as harcelé ? » Il y a des manières un petit peu plus subtiles et peut-être...
21:45Et Nathan le disait tout à l'heure, ou Sylvain, je ne me souviens plus, mais c'est aussi un jeu de patience.
21:49Et je pense que c'est important de prendre le temps aussi d'aider et de ne pas se dire
21:53« J'ai essayé une fois, c'est bon, je me dédonne complètement de ce qui se passe parce que j'ai déjà essayé. »
21:56D'où le rôle hyper important des témoins, les témoins qui peuvent jouer un rôle hyper important
22:00d'agir, que ce soit directement ou indirectement, c'est-à-dire en allant voir la victime,
22:04en l'incorporant dans les groupes de sport, à la cantine,
22:07pour pas que cette personne soit seule, ou en allant agir directement
22:13en signalant cette situation à un adulte de confiance, ou au 30-18, ou à ses parents.
22:19Mais dans l'adulte de confiance, il y a un prof, il y a un surveillant, il y a le principal,
22:23mais il y a aussi les personnels de cantine, de ménage, les AESH qui sont au sein des classes.
22:27Je trouve que c'est hyper important de ne serait-ce qu'une seule personne,
22:30cibler une seule personne à qui on peut avoir confiance, même si c'est une infirmière,
22:33même si c'est une psychologue, une assistante sociale, peu importe.
22:35Du moment qu'on a confiance en cette personne, c'est le principal.
22:38J'avais honte d'en parler.
22:42Oui, moi je pense que je l'ai un peu dit, c'est précisément parce que j'ai été bourreau
22:47que je voyais mal me plaindre en tant que victime.
22:49Donc j'avais pas honte de ce que je subissais, mais honte de qui j'avais été,
22:52et encore aujourd'hui j'en ai extrêmement honte.
22:55Donc par honte, j'entends ce truc-là qui est peut-être un peu original,
22:59mais j'ai eu honte d'avoir été bourreau plus que victime.
23:04Et aujourd'hui, c'est un vrai travail sur moi-même que d'apprendre à en parler,
23:07qui plus est, devant autant de gens, que ce soit dans les médias,
23:10surtout dans cette journée de lutte contre le harcèlement scolaire.
23:13Moi, j'avais honte d'en parler, surtout à mes parents,
23:16parce qu'à un moment donné, quand j'ai su que c'était du harcèlement,
23:19et que ça ne s'arrêtait pas et qu'il fallait en parler,
23:21je me suis dit, non, non, s'il faut que j'en parle en plus à mes parents,
23:24ça va être fou, tout le monde va être au courant,
23:26on va me traiter de poucave, de balance,
23:27on va me dire, mais en fait, tu ne sais pas te défendre tout seul, ça va être pire.
23:30Donc j'avais évidemment honte de...
23:33Enfin voilà, honte, tout simplement.
23:35Et je n'ai pas souhaité en parler.
23:36Et c'est ma mère, après, qui m'a dit un jour,
23:38quand j'ai prétexté un mal de tête à la maison,
23:40qui m'a dit, c'est parce qu'il y a quelque chose à l'école, il faut que tu m'en parles.
23:43J'ai du jugement pour la personne en face de moi.
23:47Je l'aurais un peu mal pris, là, quand même.
23:49Aucun jugement, parce qu'au final,
23:51de par certaines choses négatives qu'il a pu faire auparavant,
23:56aujourd'hui, il se sert de cette mauvaise expérience
24:00pour faire quelque chose de positif.
24:02Au final, non, je n'ai aucun avis négatif là-dessus.
24:05Et moi, ce serait très malvenu de dire que oui.
24:07Et je vais même aller plus loin en brisant la glace,
24:09c'est qu'Élian et moi, dans la vie, on est très amis.
24:11Et ça facilite le dialogue, et ça prouve que...
24:15que c'est possible, entre guillemets, et voilà.
24:17À l'époque, je n'avais pas d'âmes.
24:21Non, moi, j'ai eu quand même deux personnes qui m'ont suivi,
24:23même si c'était compliqué à ce moment-là.
24:26Deux personnes qui ont essayé de m'aider,
24:28mais c'était deux personnes suffisamment importantes pour moi
24:35pour vouloir rester dans cet établissement.
24:37Malheureusement, je n'ai pas pu rester dans cet établissement.
24:39Et eux voyaient que tu subissais du harcèlement ?
24:41Eux ont vu que je subissais du harcèlement.
24:42Ils m'ont aussi aidé.
24:43Ils ont essayé de m'aider en signalant à l'administration,
24:46en signalant aux adultes, mais bon, ils n'ont rien fait.
24:50Et pour ma part, non, j'avais effectivement ce groupe.
24:52En troisième, effectivement, j'avais...
24:54Enfin, je dis ce groupe,
24:55si tant est même que je puisse les considérer comme des amis,
24:58même à ce moment-là,
24:59dans le sens où c'était des gens que je voyais qu'à l'école,
25:01jamais on se voyait en dehors.
25:03Voilà, c'était vraiment que dans la cour de récréation.
25:05Et en troisième, effectivement, j'étais plutôt seul, ouais.
25:08Moi, j'aimerais juste rajouter quelque chose.
25:10C'est que, parce que j'ai fait subir du harcèlement,
25:14encore une fois, je ne parle qu'en mon nom,
25:16j'ai énormément souffert d'un point de vue familial,
25:19d'un point de vue, je vous ai dit que j'étais en manque de confiance totale.
25:22Et je pense qu'il y a une grande partie aujourd'hui
25:24des personnes qui font subir du harcèlement,
25:26qui ont aussi besoin de parler.
25:28Encore une fois, je ne parle pas des personnes
25:29qui sont profondément malveillantes,
25:30mais il faut culpabiliser évidemment une personne qui est coupable.
25:35Mais je pense que c'est important aussi,
25:37plutôt que de dire pourquoi tu harcèles,
25:39mais de savoir qu'est-ce qu'il aurait fallu qu'on fasse
25:40pour que tu n'harcèles pas.
25:41Et je trouve ça important aussi d'avoir ce dialogue
25:44aussi avec les personnes présumées harcèleurs,
25:46comme j'ai pu être.
25:47Tu as tout à fait raison,
25:48parce que si on parle d'accompagnement pour la victime,
25:49il faut aussi parler d'accompagnement pour le harcèleur.
25:51Si le harcèleur, il émet cette violence
25:52et qu'il y a une souffrance aussi derrière,
25:54bien que ce ne soit pas la priorité,
25:55parce que c'est la victime la priorité,
25:56il ne faut pas l'oublier.
25:57Le harcèleur a aussi besoin d'une prise en charge
25:58pour aller mieux et pour arrêter, tout simplement.
26:01Parce que sinon, on fait quoi ?
26:02On fait un conseil de discipline,
26:03on le déplace dans un autre collège,
26:04le harcèlement perdure, mais envers d'autres personnes,
26:05ça fait d'autres victimes.
26:06Peut-être, effectivement.
26:07Il y a plein de solutions,
26:08mais elles ne sont pas toutes bonnes et voilà.
26:10Que vous soyez élève, parent ou ancien élève,
26:13on espère que cette vidéo a pu vous faire réfléchir.
26:15Pensez bien à vous abonner et à activer la petite cloche
26:16pour être notifié lorsqu'une prochaine vidéo sortira.
26:18D'ici là, je vous dis salut.