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00:00 La journée de CYP, au moment où j'y vivais le harcèlement scolaire,
00:03 je me lève le matin, je stresse, je suis à l'école, je stresse.
00:07 Je rentre le soir, je décompresse.
00:09 Et ensuite, je stresse à nouveau de devoir me réveiller le lendemain pour y retourner.
00:13 C'était un cercle vicieux.
00:14 J'ai décidé de m'appeler Bouboule42 sur les réseaux sociaux
00:17 parce que c'était un surnom qu'on me donnait à l'école.
00:19 J'ai décidé de prendre ma revanche avec ce surnom qui me collait à la peau.
00:22 À l'école primaire, moi j'étais le genre d'enfant très rêveur et très solaire, très pétillant,
00:28 toujours très positif.
00:29 Ça a débuté par des moqueries forcément pour la seule chose qu'ils avaient en leur possession,
00:34 c'est-à-dire mon physique qui, d'après eux, était hors norme.
00:37 Au collège, le harcèlement que j'ai vécu était vraiment quotidien et très redondant.
00:42 C'est quelque chose que je vivais foncièrement mal,
00:44 mais j'ai décidé de jamais le montrer.
00:46 Donc j'ai tout de suite opté pour l'autodérision
00:48 où je prenais la peine de me moquer de moi-même avec eux.
00:50 J'ai pas voulu en parler à mes parents, déjà dans un premier temps, pour les protéger, eux,
00:54 et leur éviter de ressentir la culpabilité que tous les parents pourraient ressentir,
00:59 mais aussi pour me protéger, moi,
01:01 pour pas que ça entache ma tranquillité psychologique à la maison.
01:04 J'ai eu la chance d'être entouré, à ce moment-là, de quatre super copines
01:06 qui prenaient toujours ma défense.
01:09 Et notamment une fois où on se baladait à la fête foraine,
01:12 et j'ai été insulté dans la rue de façon tout à fait gratuite, de tas de graisse.
01:15 Ma première réaction, ça a été de m'isoler et de pleurer un bon coup.
01:18 Et au moment où je me retourne, je vois mes quatre copines qui, elles, partent à l'affront
01:22 et s'en vont à remonter les bretelles de ceux qui venaient de m'insulter.
01:27 Pour moi, c'est hyper important d'avoir été défendu,
01:30 puisque moi, j'étais pas forcément capable de le faire.
01:32 Et ça me rassurait dans le sens où je me rendais compte
01:35 que les gens ne normalisaient pas forcément ce genre de situation.
01:38 J'ai conscience que le fait d'être en vie pour en parler aujourd'hui, c'est une chance.
01:42 Et j'ai aussi conscience que d'autres finissent par se suicider.
01:46 Alors j'ai décidé de parler de mon expérience et du harcèlement que j'avais vécu
01:50 pour potentiellement aider des gens à se libérer eux-mêmes.
01:53 Et c'est vrai qu'aujourd'hui, je reçois énormément de messages de gens qui me remercient
01:57 et qui enfin arrivent aussi à se livrer.
01:59 Il m'est arrivé quelquefois de recevoir des messages de parents
02:01 qui pensaient que leur enfant était en train de vivre une situation de harcèlement.
02:05 Pour moi, les principaux signaux qui pourraient montrer
02:07 une potentielle situation de harcèlement scolaire,
02:09 c'est effectivement, d'un coup, un enfant qui se renferme sur lui-même.
02:13 J'avais l'habitude de m'enfermer dans ma chambre pour pas croiser mes parents.
02:15 J'avais l'impression que je pouvais potentiellement laisser paraître quelque chose sur mon visage.
02:20 Donc je préférais aller me conditionner dans ma chambre avant d'aller les voir
02:23 et surtout de pleurer un bon coup avant de les affronter
02:25 pour pouvoir être tranquille face à eux.
02:27 Si je devais recommencer ma vie aujourd'hui,
02:30 j'en parlerais à mes parents pour avoir ce soutien
02:32 que je peux potentiellement trouver chez eux aujourd'hui.
02:35 Et je sais que je l'aurais trouvé à l'époque en étant écouté et pris au sérieux.
02:39 Ça m'aurait fait beaucoup de bien psychologiquement.
02:40 Personne de l'encadrement scolaire s'en est rendu compte,
02:43 mais c'est vrai qu'une fois arrivé au lycée,
02:45 j'ai vécu une situation de harcèlement devant toute ma classe.
02:49 Et pour la première fois de ma vie,
02:51 ma prof m'a consolé parce que je suis parti de la classe en pleurant
02:55 et après a privilégié l'heure de son cours qui restait
02:58 pour faire de la prévention contre le harcèlement scolaire.
03:00 Et on a pu en parler en fait tous ensemble.
03:02 Je suis très en colère contre les affiches qu'on peut retrouver dans les établissements scolaires,
03:06 dans les halls anti-harcèlement,
03:07 parce que j'ai l'impression que c'est une façon
03:11 pour le système scolaire de se dédouaner de tout ce qui peut se passer.
03:14 Et que s'il arrive une situation de harcèlement dans leur établissement,
03:17 ils peuvent se défendre en disant "on avait fait de la prévention".
03:19 Quelque chose qui m'aurait fait du bien, je pense,
03:21 pendant toutes ces années de harcèlement,
03:23 c'est que nous soient imposés des cours d'apprendre à s'aimer
03:28 et d'apprendre à tolérer tout le monde.
03:29 J'ai eu l'occasion de me rendre compte que les gens qui harcèlent,
03:33 donc les harceleurs, avaient déjà eux-mêmes des problèmes avec eux-mêmes
03:37 et ne se sentaient pas forcément bien.
03:38 J'ai reçu des DM sur Instagram des années après,
03:41 de gens qui venaient me présenter leurs excuses pour ce qu'ils m'avaient fait subir.
03:44 Il y a des gens avec qui j'ai ensuite développé une amitié.
03:48 Je crois que tout le monde change et tout le monde comprend.
03:51 Et j'estime n'être personne pour continuer de jeter des pierres dans la tête