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Europe 1 soir rend hommage à Jean-Pierre Elkabbach avec des auditeurs et des proches de cette voix historique d'Europe 1.
Retrouvez "L'invité actu" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

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Transcription
00:00 - 19h21 sur Europe 1, merci de nous rejoindre. C'est un peu de l'histoire d'Europe 1 qui s'en est allée avec la disparition de Jean-Pierre Elkabbach
00:07 hier soir à 86 ans, un style inimitable, une carrière de plus de 50 ans.
00:11 Nous nous devions de lui rendre hommage aussi dans Europe 1 soir, d'autant qu'à titre personnel il a été mon collègue de travail mais aussi
00:18 mon patron et un interviewer pour lequel on ne peut avoir que de l'admiration.
00:22 Justement nous sommes en ligne avec Philippe. Bonsoir Philippe, vous vouliez témoigner ?
00:27 - Bonsoir Elen Zeynani, oui absolument parce que je ne connaissais bien évidemment pas personnellement
00:32 M. Elkabbach mais je dirais que moi je suis un très fidèle
00:36 auditeur d'Europe 1.
00:38 Ces interviews, je les écoutais, j'ai des anecdotes, je me rappelle d'une interview qui avait été faite
00:45 de manière entre guillemets dans un lieu secret, je ne me rappelle plus avec quelle personne il était,
00:49 qui était à l'étranger. Jean-Luc Delarue à l'époque qui était l'animateur de la matinale
00:53 et Jean-Luc Delarue avait dit "Où était Jean-Pierre Elkabbach ?" et je me rappelle que Jean-Pierre Elkabbach avait eu une réaction, il n'avait pas
00:58 râlé à l'antenne, on sentait que ça l'avait quand même beaucoup agacé.
01:03 C'est des souvenirs comme ça qui me restent. Il avait une voix aussi qui était
01:06 agréable à écouter. C'était des journalistes, alors c'était des journalistes entre guillemets de l'époque où
01:13 de quel côté entre guillemets il penchait politiquement et ça c'était plutôt agréable. Maintenant on dit...
01:21 - On a un petit peu de souci de ligne avec vous, en tout cas on a bien compris le sens de votre témoignage.
01:27 Merci beaucoup de nous avoir appelés, Philippe. Je voudrais qu'on réécoute quelques-unes des phrases qui sont passées à la
01:33 postérité dans l'ordre face à Marine Le Pen, Fleur Pellerin, Bruno Le Maire et André Vallini.
01:39 - Bonjour Marine Le Pen, vous n'avez pas honte ? - Pardon ?
01:43 - Vous n'avez pas honte ? - Honte de quoi ?
01:45 - Vous n'avez pas de regrets ? - De quoi me parlez-vous M. Elkabbach ?
01:48 - Vous n'étiez pas lié ? - Je vous reconnais bien là dans la provocation.
01:52 - Il paraît que maintenant vous lisez ?
01:54 - Qu'est-ce que ça veut dire ? Je n'ai jamais cessé de lire Jean-Pierre Elkabbach.
01:57 - Vous donnez les fiches et les dossiers techniques.
01:59 - Ne laissons pas le monopole du renouvellement politique à la gauche.
02:04 - Pourquoi ça ne fonctionne pas alors avec vous ?
02:06 - Qu'est-ce qu'il vous dit Jean-Pierre Elkabbach ?
02:08 Qu'est-ce qu'il vous dit que ça ne va pas fonctionner ? Vous connaissez déjà le résultat de dimanche ?
02:12 - Bonjour. - Bonjour.
02:13 - Quelle couleur vous préférez pour le mur ?
02:15 - Pour le mur, quel mur ?
02:17 - Le mur sur lequel votre réforme territoriale va se fracasser.
02:21 - Bonsoir Catherine Ney. - Bonsoir Hélène.
02:23 - Merci de votre présence dans Europe 1 Soir. Je sais que vous êtes très sollicité.
02:27 Ce soir on a déjà beaucoup dit du journaliste talentueux qu'il était.
02:32 Ce qui m'intéresse avec vous c'est de parler de l'homme avant tout.
02:37 Alors ces sorties qu'on vient d'entendre qui sont restées célèbres, il les avait longuement réfléchies.
02:43 Il en était plutôt fier ou il jouait les modestes ?
02:46 - Quand il jouait les modestes, c'est qu'il était au fond assez content de lui.
02:51 Mais ça cachait aussi, c'était un homme intranquille.
02:56 Parce qu'il était toujours, alors je crois qu'il a fait du travail la vertu capitale de sa vie,
03:02 il travaillait tout le temps, il voulait être le meilleur.
03:05 Et il était entendu que dans son idée que l'interview de M. Elkabbach sur Europe 1 le matin
03:11 devait être l'événement majeur pour tous les politiques.
03:14 C'est pour ça qu'il l'a concevue comme ça.
03:16 Et donc il cherchait toujours le bon invité.
03:20 Et ça veut dire qu'il passait du temps au téléphone.
03:24 Il impressionnait tout le monde parce qu'il a interviewé la terre entière.
03:28 - Vous diriez que c'était quoi son carburant Catherine ?
03:30 - Son carburant c'était se faire un nom, sûrement être le meilleur dans la discipline qu'il avait choisie.
03:39 Il ne lâchait jamais prise, c'était un modèle.
03:43 Parce que lui quand on lui disait "vous prenez des vacances, vous lâchez prise",
03:48 il disait "mais comment, moi je travaille".
03:50 Il ne lâchait jamais prise, il était tout libre au courant de tout.
03:53 - Justement, à propos de ne pas lâcher prise, à propos de performance,
03:57 c'était quelqu'un qui était très sportif, il était végétarien, c'était un asset, beaucoup de sport.
04:04 Son apparence physique comptait beaucoup pour lui.
04:06 - Non mais il savait très bien que pour conserver son énergie, il fallait faire du sport.
04:11 Ce que j'admirais c'est qu'alors qu'il s'était levé tôt, qu'il s'était souvent couché tard,
04:15 qu'il avait préparé son interview, et après il allait dans la salle de gymnastique,
04:20 il me disait "mais moi ce matin j'ai fait 1500 abdominaux".
04:23 Alors je lui dis "mais écoute, tu comptes en ancien franc ou quoi".
04:26 Il exagérait toujours, mais il avait cette discipline quotidienne.
04:30 Et sur sa nourriture, quand il était dans un restaurant, il regardait la carte,
04:34 il faisait toujours quelque chose qui n'était pas sur la carte.
04:37 Donc il se faisait toujours faire quelque chose, il voulait un plat,
04:40 "mais vous le ferez ça, mais..." "tent j'ajouter ça ou ça en autant..."
04:45 Il voulait toujours autre chose.
04:46 Alors je ne dis pas que dans un restaurant on pourrait se faire demander une choucroute,
04:49 mais c'était presque toujours des exigences qui faisaient qu'il était monsieur El-Khabache.
04:54 Alors c'était aussi agaçant, mais c'était lui quoi.
04:58 - Vous le considériez comment Catherine ? Un ami, un collègue ?
05:02 - Moi je disais que c'était à la fois quelqu'un que j'admirais,
05:05 c'était un ami oui, mais pas au sens où on ne pouvait pas avoir de "smoke talk" avec lui
05:13 à un moment où on a un creux, on appelle, pour bavarder, pour quelque chose de plus léger.
05:21 Et la relation un peu plus où il se laissait aller, un peu plus dans la confidence,
05:28 un peu plus de dire des choses sur lui-même, moi je l'ai eue à de très rares occasions.
05:32 Et c'était quand on partait faire des interviews à l'étranger.
05:35 Par exemple, je l'ai accompagnée deux fois pour interviewer le président Bouteflika,
05:40 et là c'était toujours très agréable parce qu'on passait beaucoup de temps ensemble,
05:45 et là il était drôle, chaleureux.
05:49 Je découvrais un autre Jean-Pierre, la même chose quand on était allés
05:56 interviewer le président Omar Bongo au Gabon, et qui connaissait toute la classe politique
06:02 et qui en parlait de manière tout à fait pleine d'humour et de science, ça c'est sûr.
06:10 C'était un personnage lui aussi tout à fait hors normes.
06:13 Alors là c'était des moments où on arrivait à créer une proximité d'âme.
06:21 Mais dès qu'il est revenu à Paris, c'était rideau, on reprenait des rapports tout à fait amicaux.
06:29 - Professionnels. - Professionnels, voilà.
06:32 - Est-ce qu'il vous avait parlé de son rapport à la maladie, à la retraite, et même à la mort,
06:39 parce que ça hantise ?
06:41 - Ah mais ça hantit la maladie, là, quelquefois quand on apprenait qu'un ami avait eu un accident grave
06:50 ou une maladie grave, ça, il était terrorisé par ça, la maladie.
06:55 Et puis il était quand même sujet à des crises d'asthme qui faisaient qu'il avait souvent des angines,
07:06 des rhumes, d'ailleurs il disait qu'il ne pouvait pas lire Proust parce que Proust est asthmatique,
07:12 et que lire Proust lui donnait des crises d'asthme, effectivement.
07:16 Et voilà, il habitait, il y avait un jardin, il habitait à la chaussée avec un jardin,
07:23 mais il n'ouvrait jamais les volets parce que toujours à cause du pollen,
07:27 et donc c'était son point faible, la gorge, vous voyez.
07:37 Et d'ailleurs dès qu'il avait un souci, sa voix s'enrouait.
07:40 - Et oui parce que la voix, c'était son outil de travail quand même.
07:43 - C'était son outil de travail, et quand il avait une contrariété,
07:46 tout d'un coup la voix, il avait un problème de voix.
07:51 Mais la mort, il y pensait parce que les années passent et on y pense aussi.
08:01 Mais les derniers temps, il refusait que ses amis viennent lui rendre visite,
08:09 il ne voulait plus, puis il était trop affaibli.
08:11 - Vous n'avez pas pu lui dire au revoir ?
08:13 - Non, je ne lui ai pas dit au revoir.
08:15 - Vous le regrettez ?
08:16 - Je le regrettais mais parce que je ne pensais pas que la fin serait si prochaine.
08:20 Moi je pensais toujours qu'il allait un peu se reconstituer et qu'on pourrait venir le voir.
08:25 - Alors si vous pouviez lui dire au revoir, vous diriez quoi ?
08:30 - Je lui dirais merci pour tout, parce que tu as été un modèle,
08:34 tu avais cette gourmandise communicative de l'actualité,
08:40 mais ce n'était pas seulement la politique, c'est-à-dire que tout l'intéressait,
08:44 les découvertes scientifiques, les grands intellectuels, les historiens,
08:50 il était comme Madame de Maintenon, il ne mettait pas de borne à ses désirs.
08:55 Donc cet appétit des choses m'émerveillait, je ne disais que d'énergie.
09:04 Il a dévoué, quand je dis qu'il a fait du travail, il est à la recherche de la perfection,
09:10 de son style de vie, et voilà, il s'y est tenu jusqu'au bout.
09:13 - Un immense merci Catherine Ney d'avoir été notre invitée dans Europe 1 soir.
09:18 - Au revoir Hélène, au revoir.
09:20 - Au revoir, et on va conclure avec ces quelques mots de Jean-Pierre Elkabach,
09:24 il répondait à Guy Berenbaum sur Europe 1 en février 2013.
09:27 - Est-ce qu'un Jean-Pierre Elkabach, ça s'arrête un jour ?
09:30 - À la mort.
09:31 - La longévité, pourquoi le critiquer ?
09:34 Si on a, il me semble, la jeunesse d'esprit, la curiosité, la compatibilité,
09:39 même que beaucoup de jeunes n'en ont pas ou n'ont plus, pour faire le métier.
09:43 Et puis je déciderais bien d'arrêter le moment venu, quand je sentirais moi que le moment est venu.
09:48 Mais je repense tardivement ce que disait le général de Gaulle dans une conférence de presse,
09:53 tout modestement, il dit "Rassurez-vous, je finirais bien par mourir".
09:58 Et j'ajoute, je ne suis pas pressé.
10:00 Jean-Pierre Elkabach, hommage à celui qui était l'un des grands noms de...

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