Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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00:00 au grand journaliste Jean-Pierre Elkabbach, décédé hier à l'âge de 86 ans.
00:04 Oui, le grand journaliste Jean-Pierre Elkabbach, grand devoir d'Europe 1 bien sûr, radio qu'il a
00:09 dirigé on le rappelle entre 2005 et 2008 et donc mort hier soir, il avait 86 ans. Il était né le 29
00:17 septembre 1937 à Oran et écoutez justement ce qu'il disait à propos de cette ville d'Oran.
00:23 "Moi j'habitais Oran, c'est-à-dire la ville, la ville elle-même. J'habitais tout près de la
00:28 place d'Armes, j'habitais au dessus du théâtre, j'habitais au cinquième étage et du cinquième
00:31 étage je regardais, j'avais une vue directe sur le port d'Oran et je passais très très souvent
00:38 montant au balcon, il faisait beau, il faisait bon, cinquième étage. On jouait souvent avec mon frère
00:44 et ma sœur au Monopoly sur ce balcon et on regardait les bateaux arriver, les bateaux partir
00:52 de l'autre côté de la ligne de l'horizon au fond, au loin et qui était l'au-delà, qui était
00:57 l'ailleurs, qui était ce qui nous attirait et qui était Marseille, qui était CET, qui était
01:02 Perpignan, des endroits que l'on rêvait de connaître." Jean-Pierre Elkabache qui parlait donc d'Oran,
01:07 de l'Algérie, de son enfance et on va tout de suite accueillir Enrico Macias, notre invité
01:13 exceptionnel aujourd'hui dans Europe 1/13H. Bonjour. "Oui bonjour, bonjour." Un grand merci à vous
01:19 Enrico Macias de passer quelques minutes avec nous pour évoquer évidemment ce personnage,
01:25 cet ami Jean-Pierre Elkabache. Racontez-nous votre rencontre, vos débuts ensemble à Oran,
01:32 à Constantine en Algérie. "Plutôt à Constantine, il était venu comme représentant de la
01:42 radiodiffusion et télévision de Constantine d'Algérie, c'était tout à fait nouveau et moi
01:50 je l'ai rencontré tout à fait par hasard, je faisais de l'autostop parce que j'étais instituteur
01:57 à Châteaudun, il n'y avait pas de moyens de locomotion et donc j'étais obligé de faire de
02:03 l'autostop et lui je l'ai connu, il m'a pris dans sa voiture." C'est incroyable. "Oui parce qu'il
02:10 était là-bas à Constantine et puis moi je ne savais pas qui c'était et lui il ne savait pas
02:15 qui j'étais parce que évidemment j'étais inconnu à l'époque." C'était en quelle année ça Enrico
02:23 Macias ? "C'était en 1961." D'accord, d'accord. "C'était avant le départ d'Algérie et ensuite
02:39 on s'est lié d'amitié, on a sympathisé et je lui ai dit que je chantais, je chantais avec mon beau
02:48 père, avec mon père, avec moi parallèlement, je chantais, il était très intéressé par ce que je
02:56 faisais et on est devenu amis et je me rencontrais très souvent à Constantine, il s'est petit,
03:07 vous savez on se voyait tous là-bas et on s'est lié d'amitié quand il m'a dit qu'il était de
03:15 Roranque et il s'appelait Jean-Pierre Elkabach, évidemment Jean-Pierre "Viens avec nous,
03:23 viens passer le Shabbat chez nous, le vendredi soir à la maison, tous les vendredis on était
03:31 ensemble, il venait à la maison, il venait à la maison en famille quoi, c'était comme un frère
03:39 pour moi, comme un frère." Et après quand vous êtes arrivé en France, vous vous êtes revu ? "Ben
03:45 oui parce que je lui dois beaucoup de choses, parce que quand je suis arrivé en France,
03:51 la première personne que j'ai contacté c'est Jean-Pierre Elkabach et je l'ai contacté pour
03:57 essayer de me donner un coup de main dans ma carrière quoi, je venais d'enregistrer mon
04:05 premier disque, c'était lequel le disque ? "Adieu mon pays", "Adieu à mon premier disque" et il
04:13 était à RTL, je me rappelle, j'ai été le voir à RTL. On en glisse quelques notes. Donc c'est avec
04:30 ce tube, cette chanson que vous avez démarré sur l'antenne d'Europe 1 ? "Oui, c'est-à-dire que
04:39 lui il avait une station de radio aux Champs-Elysées, bref c'est pas grave, moi je lui demande de
04:52 m'aider et il a fait passer sur les ondes la première fois cette chanson, c'est lui qui l'a
05:02 fait passer la première fois". Et après votre carrière a connu l'envol qu'on connaît, et vous
05:08 lui le faites donc beaucoup, il vous a donné un petit coup de main précieux, un grand coup de main
05:13 précieux au début. Et ensuite, Henrico Macias, on a compris que vous aviez des liens fusionnels
05:19 qui datent donc de 1960 et qui ne se sont jamais finalement brisés au fil du temps, malgré la
05:27 carrière de journaliste où il voyageait beaucoup et où il était très pris. Et la vôtre aussi,
05:33 d'artiste, vous étiez très pris, vous arriviez à vous voir régulièrement ? "On arrivait à se voir,
05:38 pas régulièrement mais souvent. Souvent je l'invitais à mes spectacles, lui il m'a invité
05:47 souvent à Europe 1, il m'a interviewé, j'étais fier d'ailleurs d'être interviewé par lui,
05:55 c'était vraiment magnifique". Henrico Macias, vous restez avec nous bien sûr. On a une auditrice
06:01 qui nous appelle, Marie-Christine, bonjour. "Oui bonjour". Un grand merci à vous d'être avec
06:06 nous en direct Europe 1 13h. Vous souhaitiez réagir justement à la disparition de Jean-Pierre Elkabach.
06:11 "Oui parce que moi je suis né en 51, donc j'ai 72 ans, et quand j'étais plus jeune, je regardais
06:18 les émissions avec Elkabach, ses interviews avec Marc Shev, c'était extraordinaire. Je trouve que
06:24 c'était un immense journaliste qui vous passionnait, vous écoutiez, parce que la politique c'est pas
06:30 toujours facile, c'est ardu, mais lui savait rendre les choses intéressantes, intelligentes. Il y a une
06:37 dame qui a dit de chez Pascal Praud qu'il était obséquieux avec Mitterrand, et moi je ne trouve pas
06:41 du tout, il n'était pas du tout obséquieux. Il disait les choses correctement, naturellement,
06:47 mais c'était un grand journaliste et j'ai appris sa mort hier soir sur CNews et je me suis dit
06:52 c'est une grande figure du journalisme qui part. Ça fait partie de toute une époque de gens
06:57 merveilleux qui ont disparu et il y en a peu qui les remplacent. C'est ce que je pense."
07:04 - Merci Marie-Christine pour ce témoignage très touchant. En quelques minutes, on a beaucoup
07:12 parlé de l'homme du journalisme, du journaliste, du politique, du professionnel, mais quel homme
07:18 il était, vous qu'il avait côtoyé ? - C'était un homme qui adorait la musique et à chaque fois
07:27 que je le voyais, il me disait "invite-moi surtout quand tu fais de la musique arabe en
07:32 Andalousie, j'adore cette musique, invite-moi". Alors moi j'étais fier que Jean-Pierre Elkabbach
07:39 adore cette musique parce que c'est pas souvent que c'était une musique qui était dessinée aux
07:46 éditiers et donc il était initié à cette musique, il était vraiment initié. - On le disait très austère,
07:53 très exigeant, très à sept dans sa vie professionnelle, mais dans sa vie privée,
07:59 c'était quelqu'un de très chaleureux, très différent ? - Il était très humain. Quand j'avais
08:05 des problèmes, il me consolait, il m'aidait. Il était vraiment très généreux. Moi ce que
08:15 j'aime chez Jean-Pierre Elkabbach, c'est qu'il était aussi intelligent qu'il avait l'intelligence
08:20 du cœur aussi. C'est pas seulement un intelligent de parade, seulement du professionnel.
08:32 - Et il aimait retourner en Algérie, Heinrich Omasias, il aimait retourner en Algérie. - Il adorait l'Algérie, oui.
08:38 Il voulait absolument que je retourne aussi, mais ça n'a pas pu se faire.
08:46 Il a été aussi au début des tractations pour que je retourne en Algérie. - Eh bien un grand merci
08:53 Heinrich Omasias pour votre témoignage bouleversant d'un repas trésor et on va se quitter en musique
08:58 avec justement "Adieu mon pays" et on pense bien à vous et à tous ses amis qui doivent être bien
09:03 tristes aujourd'hui. - Merci, c'est pour lui que je chante cette chanson. C'est pour lui.
09:09 Pas facile de conclure cette émission évidemment, mais on se retrouve demain avec vous tous.
09:25 Je remercie infiniment Rémi Duprat, Mathieu Prior, Thomas Gentil, Julien Brigault, Louise Boardy avec qui
09:34 on a préparé cette émission et je vous embrasse et je vous dis à demain !
09:37 C'était Céline Giraud sur Europe 1.