Les preneurs d’otage sont des gens comme nous - La chronique de Lisa Delmoitiez
Retrouvez la chronique de Lisa Delmoitiez dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-lisa-delmoitiez
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00:00 - Et ça, des moitié !
00:02 - Ça devrait arriver !
00:04 - Lisa, vous n'êtes pas du tout d'accord, parce que vous, vous l'auriez pas faite comme ça cette série.
00:08 - Oh non, non, non, Nagui, les fictions qui vendent du rêve, râle bol !
00:11 Dans "Sous contrôle", votre personnage, Léa Drucker, apprend dans les tweets de France Inter
00:15 qu'elle est nommée ministre des affaires étrangères par le président, joué par vous, Laurent Stoker.
00:20 Mais moi qui bosse ici, je vous le dis, la fiction, c'est pas la vraie vie.
00:23 L'info la plus croustillante que j'ai apprise, moi, sur les water closets de France Inter, c'est qu'il y avait plus de papier.
00:28 Tout de suite, c'est pas les mêmes enjeux.
00:30 Léa Drucker sur les tweets de France Inter, c'est comme Émilie in Paris pour nous, c'est du mensonge.
00:34 Votre personnage, qui était jusque-là chargé d'une ONG, accepte le défi en espérant changer les choses.
00:40 Et sachez que, à mon échelle, j'ai aussi pris mes responsabilités.
00:43 Chacun peut, à sa mesure, œuvrer à un meilleur lendemain, et je fais donc actuellement circuler une pétition
00:48 pour faire installer des bidets dans la maison.
00:51 Si mon accident sur le trône peut aider à changer les mentalités, alors je me dis que j'ai pas souffert pour rien !
00:58 Avant de connaître la souffrance, votre personnage, Léa, accepte ce poste à Élysée, sans expérience politique,
01:04 ce qui rend la série extrêmement drôle.
01:06 Et son mandat commence fort, avec un Italien, un Allemand et deux Français qui sont pris en otage.
01:11 Et oui, l'élément déclencheur d'une série arté ressemble à s'y méprendre au début d'une blague raciste.
01:16 Si vous la connaissez pas, elle cartonne en Belgique.
01:18 C'est un Italien, un Allemand et deux Français retenus en otage.
01:21 Après quelques tensions côté français, les 27 chefs d'État européens sont d'accord.
01:25 Ils resserront aux terroristes 5 millions s'ils acceptent de relâcher tous les otages
01:28 et 10 millions s'ils acceptent de garder les deux Français.
01:31 Je vous permet une blague sur un sujet sérieux, parce que c'est ça qui rend la série si savoureuse.
01:38 Dès le début, en première scène, on voit un terroriste appeler l'ambassade de France.
01:42 Sérieux.
01:43 Puis il est mis sur attente.
01:45 Comme nous, c'est fou.
01:46 Comme quoi les preneurs d'otages, on les voit comme des personnes inaccessibles,
01:48 mais c'est des gens comme vous et moi.
01:50 Je me demande si les gars qui bossent pour les terroristes célèbres, on les traite comme nous qui bossons pour Nagui.
01:54 Alors il est comme en vrai Oussama Ben Laden.
01:56 Il est sympa en fait.
01:58 Je te remercie pour la compréhension.
02:00 Il est surtout mort.
02:02 Je veux dire, il est à haute parole.
02:04 Oui, voilà.
02:05 Il n'y a pas de situation cocasse comme ça dans la série.
02:08 On a beau être à l'Élysée, mais poéticien, c'est juste un job.
02:11 Comme terroriste, c'est fou.
02:13 Dans notre société, quoi que tu fasses, tu filmes derrière un bureau.
02:15 Même Al-Qaïda, ils avaient sans doute une machine à café en 2001.
02:18 C'est important, une pause avec les collègues entre deux tours.
02:22 C'est dark.
02:24 C'est toujours sympa, une machine à café.
02:26 Enfin jusqu'au moment où Abdelbrahim débarque, évidemment.
02:29 C'est comme ça que s'appelait le comptable d'Al-Qaïda en 2001.
02:32 Même chez les terroristes, le relou à la machine à café, c'est le comptable.
02:35 C'est toujours solennel dans les films, la gestion des terroristes, les prises d'otages.
02:40 Alors que dans la vraie vie, la ministre des Affaires étrangères, elle a des plaques rouges de stress.
02:44 Le mec qui négocie Taranson, il est ministre aux répondeurs.
02:46 En fait, l'univers, il s'en fout que le moment soit important pour toi.
02:49 C'est une notion que j'ai apprise le jour où je me suis retrouvée à un enterrement,
02:52 assise sur un siège en cuir qui faisait des bruits de paix.
02:55 Y'a pas plus irrespectueux que le chaos du cosmos.
02:59 Ils s'en bat les couilles de ton décorum.
03:01 Vous m'auriez vue au milieu de la messe, entourée de gens en pleurs, en train de me remurer
03:04 "je vous jure c'est pas moi, c'est le siège".
03:06 En ce cas, ils sont de cuir, ça pardonne pas, mais il est tout méconnoliant ça.
03:10 Et parfois tu deviens ministre, mais tu connais pas les codes.
03:13 On dit trop "famille des otages" et puis en même temps, votre personnage, on l'a dit,
03:16 elle débarque en politique.
03:17 Moi c'est pareil sur France Inter, je suis pas là depuis très longtemps, je sais pas
03:20 ce qui se dit ou pas.
03:21 Vu la tête de Nagui, je crois que le manque de PQ dans les chiottes, fallait peut-être pas le dire.
03:26 - Isabelle Moitier.
03:28 - Vous y allez une fois par mois, la nouvelle scène à Paris, prochaine date le 17 octobre.