• l’année dernière
L’élargissement de l’UE devait occuper une partie des discussions du sommet de Grenade qui réunissait les 27, jeudi 5 octobre. Un processus qui viendrait bouleverser l’Union au niveau politique et budgétaire, comme l’explique notre journaliste Jade Grandin de l’Eprevier.

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Transcription
00:00 Il y a huit pays qui sont officiellement candidats à l'Union européenne.
00:03 Ceux dont on parle le plus souvent et qui sont les plus connus,
00:13 c'est les plus récents, c'est l'Ukraine et la Moldavie.
00:15 Mais il y a aussi six pays des Balkans occidentaux.
00:21 Donc c'est l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine du Nord,
00:24 le Monténégro et la Serbie.
00:26 Et puis il y a aussi la Turquie qui a son statut de candidat depuis très longtemps,
00:31 mais aujourd'hui, ce n'est pas du tout une question d'actualité,
00:33 le fait qu'elle entre dans l'Union européenne.
00:35 Il y a enfin deux autres pays qui ont déposé leur candidature,
00:38 mais cette candidature n'a pas encore été acceptée,
00:40 c'est la Géorgie et le Kosovo.
00:42 Donc si on résume, quand on parle d'élargissement à horizon 2030 ou peut-être 2035,
00:48 les pays dont on pense que c'est crédible qu'ils entrent dans l'Union,
00:51 c'est l'Ukraine, la Moldavie, la Géorgie et six pays des Balkans occidentaux.
00:56 Le bouleversement politique
01:00 Il y a en gros deux grands bouleversements.
01:02 Le premier, ce serait un bouleversement politique,
01:05 parce qu'en fait, si on fonctionnait avec les règles politiques actuelles de l'Union,
01:09 avec dix pays en gros de plus,
01:12 on risquerait une paralysie,
01:13 puisque aujourd'hui, on voit déjà qu'il y a beaucoup de choses
01:16 qui doivent être décidées à l'unanimité.
01:18 Or, plus on a de pays, plus on a de chances d'avoir des blocages.
01:23 Donc il y a déjà tout un débat sur est-ce qu'il faudrait avoir plus de votes
01:27 à la majorité qualifiée plutôt qu'à l'unanimité.
01:30 Et par ailleurs, avoir plein d'autres pays,
01:32 ça changerait aussi les équilibres politiques au sein de l'Union.
01:35 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, par exemple, l'Allemagne pèse énormément
01:37 parce qu'elle a une démographie énorme,
01:39 mais l'Ukraine a aussi une population qui est énorme.
01:42 Donc du coup, il y a une réflexion sur le fait que les piliers de la construction européenne,
01:46 comme l'Allemagne, la France ou l'Italie,
01:48 seraient un peu diluées par rapport à d'autres pays
01:51 qui pèseraient beaucoup plus lourd dans les choix politiques de l'Union européenne.
01:55 Et puis, le deuxième volet, il est budgétaire,
01:57 puisqu'il y a une étude qui circule
02:00 selon laquelle, avec les règles budgétaires actuelles
02:02 et les politiques européennes actuelles,
02:05 si on ajoutait les 9 pays dont j'ai parlé tout à l'heure,
02:08 ça coûterait à l'Union européenne 270 milliards d'euros sur 7 ans.
02:13 Donc c'est le budget pluriannuel.
02:15 C'est une hausse de 20 % du budget commun de l'Union européenne.
02:19 Cette hausse, il faudrait la payer, ça coûterait très cher.
02:21 On estime donc que, par exemple, les pays les plus pauvres comme la France,
02:24 l'Allemagne ou les Pays-Bas
02:26 devraient beaucoup plus mettre d'argent à ce budget commun de l'Union européenne.
02:30 Mais par exemple, ça voudrait aussi dire que l'argent est alloué
02:34 beaucoup plus aux nouveaux pays entrant, qui sont plus pauvres.
02:37 Par exemple, aujourd'hui, la première bénéficiaire
02:40 de la politique agricole commune, la PAC, c'est la France.
02:43 Eh bien, si l'Ukraine entrait dans l'Union européenne,
02:45 l'Ukraine deviendrait la première bénéficiaire de la PAC.
02:48 Et la France, du coup, aurait moins d'argent européen à donner à ses agriculteurs.
02:52 Et il y a plein d'autres pays comme ça qui, aujourd'hui, reçoivent beaucoup de fonds européens,
02:56 qui sont considérés comme les plus pauvres, entre guillemets, de l'Union,
02:59 qui deviendraient en fait des contributeurs au budget et non plus des bénéficiaires nets.
03:04 Du coup, la question qui se pose, c'est est-ce qu'il faut,
03:06 s'il y a tous ces nouveaux pays qui entrent,
03:08 distribuer différemment les enveloppes budgétaires de l'Union européenne
03:12 ou alors il faut trouver de nouvelles ressources
03:14 pour pouvoir financer toutes ces nouvelles dépenses ?
03:17 C'est toute la question que les dirigeants européens commencent à se poser.
03:21 En réalité, aujourd'hui, il n'y a pas encore de consensus sur
03:24 quel type de réforme il faut faire pour procéder à cet élargissement.
03:28 Les dirigeants se doutent bien qu'on ne peut pas continuer avec les règles actuelles,
03:32 mais il y a tout un débat sur est-ce qu'il faut faire une réforme vraiment en profondeur
03:36 qui nécessiterait de modifier les traités, ce serait assez lourd et compliqué.
03:41 Ou est-ce qu'on peut accueillir ces pays avec les règles actuelles,
03:44 et en gros apprendre en avançant sans forcément se dire
03:47 qu'il faut faire une énorme réforme avant d'accueillir tous ces pays ?
03:50 Et là-dessus, il y a une division un peu géographique au sein de l'Union
03:53 avec les pays un peu historiques de la construction comme la France et l'Allemagne
03:57 qui disent "attention, il faut réformer l'Union européenne avant d'accueillir tous ces pays
04:02 ou du moins il faut le faire en parallèle".
04:04 Et puis à l'est de l'Europe, avec les pays Baltes ou la Pologne par exemple,
04:08 des pays qui veulent absolument qu'on fasse entrer le plus vite possible
04:11 des nouveaux pays dans l'Union européenne et qui disent
04:14 "il ne faut pas que ce soit une condition, la réforme de l'Union, pour accueillir ces nouveaux pays".
04:19 [Musique]
04:23 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]

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