• l’année dernière
Députée LFI de la 3ème circonscription de l'Isère depuis un an,cette proche de Jean-Luc Mélenchon commente l'actualité de la semaine, marquée, entre autres, par la rentrée parlementaire et les tensions au sein de la Nupes.

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00:00:00 (Générique)
00:00:18 Bonjour à tous. Bienvenue dans le QG, le rendez-vous politique de Télé Grenoble.
00:00:22 Chaque semaine, à tête à tête avec des élus du territoire dont les décisions impactent directement notre vie quotidienne.
00:00:28 Aujourd'hui, j'ai le plaisir de recevoir Elisa Martin. Bonjour.
00:00:30 Bonjour. Merci pour votre invitation.
00:00:32 Bienvenue sur le plateau du QG politique.
00:00:35 Vous êtes députée de la troisième circonscription de l'Isère qui englobe les villes de Fontaine, Sassnage, Verré, Hénoyaré
00:00:44 et évidemment une grande partie de la ville de Grenoble.
00:00:48 Vous êtes d'ailleurs également conseillère municipale dans l'équipe d'Éric Piolle et vous siégez au conseil métropolitain.
00:00:54 Vous venez de terminer votre première année en tant que députée.
00:00:58 Vous étiez très enthousiaste en juin 2022 au moment de votre élection avant de commencer votre travail de parlementaire.
00:01:04 Un an après, est-ce que cet enthousiasme est toujours aussi fort ?
00:01:07 Bien sûr. Bien sûr. Pourquoi ne le serais-je pas ?
00:01:10 C'est quand même un honneur et une chance tout à fait extraordinaires que m'ont donné les habitants de la circonscription
00:01:17 en me permettant d'aller les représenter à l'Assemblée nationale.
00:01:22 Donc de ce point de vue-là, tout va bien.
00:01:25 Après, bien sûr, le travail est rude.
00:01:28 Il est parfois même austère, mais ça c'est le travail législatif lui-même quand on travaille sur des textes.
00:01:36 Et puis c'est bien évidemment toute cette difficulté qu'a la Macronie à accepter d'avoir des débats avec nous.
00:01:43 Il suffit d'observer par exemple ce qui s'est passé sur France Travail
00:01:48 ou ce qu'il se passe en ce moment sur la sécurisation et la régulation de l'espace numérique,
00:01:54 qui est évidemment un sujet très important.
00:01:57 Et l'on voit bien que cela ne les intéresse pas de débattre, ministre, rapporteur, peu importe.
00:02:04 Ils ont souvent tendance à repousser les questions sans accepter d'aller sur le fond.
00:02:09 C'est ça à la limite qui peut être décevant, même s'il faut que je sois honnête vis-à-vis de vous,
00:02:14 je n'en attendais pas grand-chose, c'est cette difficulté à aller au fond des sujets.
00:02:19 Or, quand on est comme aujourd'hui, confronté à toutes les complexités,
00:02:23 particulièrement le dérèglement climatique,
00:02:25 ben oui, ça demande du sérieux et pas seulement des numéros de claquettes.
00:02:29 Et ça demande d'avoir une capacité à développer des arguments et des contre-arguments.
00:02:34 De ce point de vue-là, on peut le dire, le compte n'y est pas.
00:02:37 Alors au chapitre de cette première année parlementaire, il y a eu un gros morceau,
00:02:41 c'était la réforme des retraites qui s'est étendue sur plusieurs mois.
00:02:45 Avec de nombreux Français dans la rue, notamment à Grenoble chaque semaine,
00:02:51 c'était pendant l'hiver et le printemps dernier.
00:02:53 Finalement, ça n'a rien changé, qu'une partie des Français descendent dans la rue,
00:02:58 la réforme est passée malgré votre opposition muscléologique.
00:03:01 Et c'est donc un problème. Et c'est donc un problème.
00:03:04 On avait à la fois une extrême majorité de Français qui étaient tout à fait opposés
00:03:09 et qui le sont encore à l'idée d'aller travailler jusqu'à 64 ans, et pour cause.
00:03:14 On a vu le mouvement s'amplifier, s'approfondir,
00:03:17 de par évidemment la mobilisation des syndicats,
00:03:19 mais aussi de par le travail que la NUPES a fait dans l'hémicycle en levant les mensonges.
00:03:24 Le mensonge sur le peu de personnes finalement qui pourraient bénéficier d'une retraite à 1 200 euros.
00:03:30 Le mensonge sur le fait que les femmes allaient être particulièrement victimes de cette "réforme".
00:03:36 Idem pour ceux que l'on considère comme des seniors
00:03:39 et qui ont bien du mal à conserver ou à retrouver du travail.
00:03:44 Donc incontestablement, tout le travail qui a été mené par les syndicats
00:03:48 et par les parlementaires de gauche ont été tout à fait productifs.
00:03:52 En face de nous, on a un mur, on a une monarchie présidentielle,
00:03:56 ça peut mal se terminer, n'est-ce pas ?
00:03:57 Quand on regarde l'histoire du peuple de France, bien sûr je souris.
00:04:01 Mais en même temps, c'est une situation qui est extrêmement grave sur un plan démocratique.
00:04:05 C'est-à-dire un pouvoir qui n'entend rien, qui ne veut rien entendre,
00:04:09 ni la rue, ni le peuple, ni les parlementaires.
00:04:13 Parlementaires, Assemblée nationale, pardon,
00:04:15 dans laquelle cette monarchie présidentielle n'est pas majoritaire,
00:04:19 à tel point qu'il a fallu avoir recours au 49-3.
00:04:22 On est dans une situation d'urgence sociale, c'est sûr,
00:04:26 d'urgence écologique, c'est évident, mais d'urgence démocratique tout autant.
00:04:30 Et, enfin on va sans doute parler des aspects budgétaires,
00:04:34 et on sent bien qu'au fond, à part le 49-3,
00:04:37 le gouvernement ne fait pas grand-chose d'autre.
00:04:40 – Alors, avant effectivement de venir au prochain dossier
00:04:44 que l'Assemblée nationale va étudier,
00:04:45 vous aviez annoncé lors de votre élection vouloir construire
00:04:48 une Assemblée populaire au sein de la circonscription,
00:04:51 pour nouer des contacts réguliers avec les citoyens, rendre des comptes également.
00:04:55 Ça fonctionne ce type d'initiative ?
00:04:58 – Ça fonctionne et ça tâtonne.
00:05:00 Ça fonctionne puisque lorsque nous organisons des réunions publiques
00:05:04 type compte rendu de mandat et ce, partout sur la circonscription, ça fonctionne,
00:05:09 mais on sent bien que ce n'est pas suffisant.
00:05:11 C'est la raison pour laquelle, moi je vais aussi au-devant des habitants
00:05:16 et des citoyens pour leur dire, voilà ce que nous faisons.
00:05:19 Et il est vrai qu'on fait des comptes rendus de mandat,
00:05:22 autant dans les parcs, si je puis m'exprimer ainsi, que dans les salles.
00:05:26 Et par ailleurs, nous avons décidé, je dis toujours "nous", vous l'entendez,
00:05:31 puisque le député, bien évidemment, doit prendre ses responsabilités,
00:05:34 mais n'est pas grand-chose tout seul, s'il n'a pas une équipe
00:05:37 et bien évidemment des militants qui sont là pour travailler avec lui.
00:05:41 Et donc nous mettons en place à la permanence, qui se situe à la Villeneuve,
00:05:46 des soirées de débat autour, par exemple, de l'inflation.
00:05:50 Qu'est-ce que c'est que cette histoire d'inflation ?
00:05:52 Est-on vraiment certains que cela soit lié à des causes extérieures
00:05:56 à la volonté du gouvernement ?
00:06:00 Par exemple, nous allons, évidemment, c'est un de mes sujets
00:06:05 sur lequel je travaille beaucoup, de surveillance généralisée,
00:06:08 pour expliquer ce que c'est que cette affaire de Pegasus,
00:06:11 ce logiciel espion dont journalistes, hommes et femmes politiques,
00:06:15 par exemple, au travers du monde, ont pu être victimes.
00:06:19 Donc ce qu'on cherche à faire, c'est bien évidemment que je fasse bien mon travail à l'Assemblée,
00:06:24 c'est le minimum syndical, être présente et défendre ce qui nous paraît être
00:06:29 de l'ordre de l'intérêt général, mais irriguer aussi au travers de la circonscription
00:06:34 et les autres amis députés font de même aussi sur leur circonscription
00:06:38 pour expliquer ce qu'on fait et expliquer la complexité du monde,
00:06:42 ce que refuse encore une fois la Macronie.
00:06:44 J'insiste là-dessus, parce que c'est quand même terrible de voir
00:06:48 que notre pays est finalement dirigé par des gens qui réfléchissent peu, peut-être pas.
00:06:54 Alors, vous êtes membre de la France Insoumise,
00:06:57 vous avez été élu sous la bannière de la NUPES l'an dernier,
00:07:01 une union de la gauche qui en a pris un coup quand même depuis un an,
00:07:05 on l'a encore vu fin septembre lors des sénatoriales, avec plusieurs listes
00:07:08 issues des rangs de la NUPES qui se sont affrontées sur ce scrutin.
00:07:12 En Isère, le PC, le PS et Europe Écologie Les Verts avaient fait liste commune.
00:07:16 Sans vous, ça veut dire que l'union de la gauche peut se faire sans la France Insoumise ?
00:07:21 Eh bien non, la preuve.
00:07:23 Nous avons perdu à l'échelle de la France dix sénateurs de gauche.
00:07:27 C'est quand même bien dommage d'avoir créé ces conditions-là
00:07:31 de ne pas permettre une meilleure représentation de la gauche
00:07:35 et donc du peuple au Sénat.
00:07:38 Nous avons tendu la main, nous avons expliqué sans cesse et sans cesse
00:07:43 que nous souhaitions qu'il y ait un accord national, pas des bricolages locaux,
00:07:47 un accord national, ce d'autant plus que nous avons le programme de la NUPE
00:07:51 comme point d'appui.
00:07:53 Bon, vraisemblablement à cette étape, on n'a pas été entendus.
00:07:56 Nous avons fait ce que nous avions donc à faire.
00:07:59 Malheureusement, cela a coûté ce refus de créer les conditions de l'unité,
00:08:05 de faire perdurer l'unité à l'intérieur de la NUPES,
00:08:10 qui a fini par coûter cher, encore une fois, dix sénateurs.
00:08:13 On espère que les leçons seront tirées de ce point de vue-là.
00:08:17 Ce qui est certain, c'est que nous, nous nous battrons toujours pour l'unité
00:08:20 et on tendra toujours la main, autant qu'il le faudra,
00:08:23 avec d'autant plus d'aisance que, encore une fois, nous avons le programme.
00:08:27 C'est ça qui compte.
00:08:29 Nous nous sommes mis d'accord en juin de l'année dernière.
00:08:33 Tout ça vaut toujours, y compris, vous vous en doutez, pour les Européennes.
00:08:37 – Guillaume Gontard, qui menait la liste d'Union de la gauche sans la France insoumise en Isère,
00:08:43 a déclaré vous avoir tendu la main et que c'est vous qui n'aviez pas voulu la prendre.
00:08:47 – Non, c'est tout à fait faux.
00:08:49 Alors c'est Dialika, parce que nous voilà à nous titiller,
00:08:53 alors qu'au fond, le mal est fait, encore une fois, nous avons perdu dix sénateurs.
00:08:57 Pour moi, c'est la seule chose qui compte, finalement, c'est le résultat.
00:09:01 Non, non, c'est inexact.
00:09:02 Et ce que l'on attendait de lui, puisque c'est de lui dont il est question,
00:09:06 il a une position particulière à Europe Écologie et en particulier au Sénat.
00:09:10 C'est le président du groupe de gauche et donc on attendait évidemment de lui
00:09:15 que nationalement, auprès de ses amis d'Europe Écologie,
00:09:19 il pèse de tout son poids pour créer les conditions, encore une fois, d'un accord national
00:09:24 et donc de liste commune dans tous les départements qui connaissaient le renouvellement.
00:09:29 Bon, il n'a pas été au rendez-vous, c'est dommage.
00:09:32 Donc vous avez présenté votre propre liste, il fait moins de 5% des supproches.
00:09:36 C'était Alban Rosa, le conseiller municipal des Chiroles qui l'a mené.
00:09:40 Malgré vos deux votes, parce que je crois que vous faisiez partie des élus
00:09:43 qui avaient deux voix sur ce scrutin sénatorial,
00:09:46 suffisant en tout cas pour priver l'autre liste de gauche d'un deuxième siège.
00:09:51 Donc il y a eu dix pertes au niveau national, mais une au niveau du département,
00:09:55 puisque Didier Rambaud, le candidat macroniste, malgré un score en baisse,
00:09:59 n'a réussi à sauvegarder son poste de sénateur.
00:10:03 Les communistes ont été très durs avec vous, je ne sais pas si vous avez vu,
00:10:07 sûrement vous leur communiquez à la suite de l'élection,
00:10:09 reprochant à la France insoumise une lourde responsabilité dans cette situation en Isère.
00:10:14 Et ils vous reprochent aussi d'avoir revendiqué publiquement votre satisfaction
00:10:18 que la gauche iséroise ait perdu un siège.
00:10:21 Oh, ça va un peu fort. Non, non, non, non.
00:10:24 On dit simplement, d'abord la tambouille,
00:10:27 parce qu'il y a un moment où il faut essayer quand même de la dépasser.
00:10:30 Et c'est bien ce que nous leur reprochons.
00:10:33 C'est qu'au lieu de faire de la tambouille, il fallait regarder l'intérêt général.
00:10:36 Et que pour l'intérêt général, fondé encore une fois sur un programme,
00:10:39 j'insiste, on avait tout à fait la capacité de faire des listes communes
00:10:43 partout, dans tous les départements qui étaient renouvelables.
00:10:46 Bon, moi, ça ne m'intéresse pas trop les commentaires x, y, z.
00:10:49 Moi, je regarde devant.
00:10:51 Et ce qui m'intéresse aujourd'hui, c'est ce qu'on est capable de faire à l'Assemblée nationale.
00:10:55 C'est quand même un endroit où on travaille pas trop mal ensemble.
00:10:58 Il faut le reconnaître, y compris parce que des gens comme Cyrielle Chatelain, par exemple,
00:11:03 qui est la présidente du groupe Écolo à l'Assemblée nationale,
00:11:07 est quelqu'un d'extrêmement responsable, c'est absolument certain.
00:11:10 Et elle aussi cherche à créer les conditions pour qu'on puisse bien travailler à cette échelle-là.
00:11:16 Et évidemment, la question des Européennes.
00:11:19 Pourquoi ? Parce que nous avons un programme.
00:11:21 La partie sur l'Europe de notre programme n'ouvre aucun désaccord, absolument aucun désaccord.
00:11:27 Alors qu'il pourrait y avoir des sujets sur lesquels c'est un petit peu plus compliqué.
00:11:31 Là, ça n'est pas le cas.
00:11:32 Et l'on sent, et l'on sait, que réunis, nous serons plus forts,
00:11:36 et particulièrement devant le Front national.
00:11:38 La question du Front national de la poussée de l'extrême droite, pour nous, n'est pas un petit sujet.
00:11:43 Donc stop au tambouille.
00:11:45 On regarde l'avenir.
00:11:46 On prend nos responsabilités.
00:11:47 On défend l'intérêt général.
00:11:48 On fait une liste commune aux Européennes.
00:11:50 Voilà.
00:11:51 – Ça en prend le chemin ?
00:11:52 – Il faudra.
00:11:53 Oh là là, mais moi je ne suis jamais…
00:11:55 J'ai un peu d'expérience quand même, malheureusement, peut-être maintenant.
00:11:59 Et pour moi, la voie, elle est totalement ouverte, bien sûr.
00:12:02 Ce n'est pas tout à fait demain matin, tout de même, ces élections-là.
00:12:06 Donc je pense que nous avons tout le temps d'éviter de faire une erreur
00:12:10 qui là, pour le coup, serait vraiment dommageable.
00:12:13 – C'est au mois de juin, il y a quand même des tensions réelles
00:12:16 entre notamment la France Insoumise et le PC.
00:12:18 Vous prenez l'exemple du communiqué de presse en Isère,
00:12:20 mais Fabien Roussel est encore plus dur quand il parle de vous
00:12:23 et inversement, j'ai l'impression.
00:12:25 Je note votre optimisme sur le fait que la NUPES peut peut-être survivre.
00:12:29 – Ce n'est pas de l'optimisme au sens sentimental du terme.
00:12:33 C'est que moi, je pense que le réel contraint.
00:12:36 Et là, je pense que le réel doit nous contraindre.
00:12:39 C'est la raison pour laquelle je pense qu'il est tout à fait,
00:12:43 non seulement nécessaire, mais tout à fait possible
00:12:46 qu'il y ait cette liste commune.
00:12:47 Et puis par ailleurs, tous ceux qui discutent avec les uns et avec les autres
00:12:52 sont dans le même état d'esprit que moi.
00:12:55 C'est bien une volonté partagée que d'avoir cette liste commune aux européennes.
00:12:58 Donc on va y arriver.
00:13:00 – Ce n'est peut-être pas fini pour la NUPES en tout cas.
00:13:02 – Ah, certainement pas, quelle drôle d'idée.
00:13:04 – En tout cas, c'est fini pour le printemps iséroïque
00:13:06 qui avait précédé la NUPES en Isère en 2021
00:13:09 en faisant liste commune lors des élections départementales.
00:13:13 Les écologistes ont décidé il y a quelques jours
00:13:15 de créer leur propre groupe au sein de l'Assemblée départementale.
00:13:20 Eux aussi jouent leur propre carte.
00:13:22 – Je ne comprends pas.
00:13:23 – Vous n'avez pas compris leur décision ?
00:13:25 – Alors, j'avoue que je ne comprends pas.
00:13:27 Les raisons pour lesquelles ils font ça, pour moi, sont incompréhensibles.
00:13:31 Ce d'autant plus, mais tout ça n'est quand même pas très intéressant.
00:13:35 Bon, vous m'interrogez, je réponds, mais franchement…
00:13:37 – C'est la politique iséroise.
00:13:39 – Oui, c'est un peu la…
00:13:40 – Qui peut avoir des conséquences pour la suite.
00:13:41 – C'est un peu la lit de la politique.
00:13:42 Mais vous avez raison, je réponds bien sûr à vos questions
00:13:46 d'une manière très volontaire.
00:13:48 Ce qui est très étrange, c'est qu'à la fois ils disent
00:13:51 "nous on veut faire bande à part, mais en même temps,
00:13:53 on veut avoir une forme d'intergroupe".
00:13:56 Bon, je ne sais pas, je ne comprends rien.
00:13:57 Bon, peut-être qu'à un moment donné, on y comprendra quelque chose.
00:13:59 Ce qui est certain, c'est que c'est particulièrement irresponsable
00:14:02 et que si je le peux, mais peut-être d'autres aussi,
00:14:06 suivez mon regard, si je le peux, on cherchera toujours
00:14:10 à créer les conditions pour qu'on puisse travailler ensemble.
00:14:13 Tout ça n'a pas de sens quoi.
00:14:15 Face à une droite qui est quand même forte au Parlement,
00:14:18 au Parlement, pardon, au Conseil départemental,
00:14:21 bon, quelle drôle d'idée que de se diviser.
00:14:23 – Je poserai la question à Guillaume Gontard la semaine prochaine,
00:14:27 enfin pendant la prochaine émission, il aura peut-être une réponse
00:14:29 à cette situation, puisqu'il est beaucoup plus proche
00:14:32 des écologistes que vous, même si je crois qu'il est
00:14:34 bancarté à Europe Écologie Les Verts.
00:14:36 Pour finir sur les sénatoriales, la France insoumise est finalement
00:14:39 le seul grand parti français à n'avoir aucun représentant au Sénat.
00:14:42 – Oui, tout à fait, tout à fait, ce qui n'est quand même pas très normal,
00:14:46 ce qui prouve aussi qu'on est dans la 5ème République
00:14:50 et que la 5ème République n'est pas démocratique,
00:14:53 quel que soit l'angle sous lequel on prend les choses,
00:14:55 y compris sous l'angle de la représentation,
00:14:58 la plus simple, la plus arithmétique, on voit bien que, effectivement,
00:15:03 nous ne sommes pas représentés au Sénat,
00:15:06 étant entendu que nous étions parfaitement prêts à faire large place
00:15:11 aux autres forces de l'ANUP, nous n'avions pas des prétentions
00:15:15 très importantes, mais il eût été de bon ton
00:15:17 qu'on puisse effectivement participer des débats au Sénat.
00:15:21 Bon, c'est derrière nous, c'est la vie politique, c'est comme ça,
00:15:25 et il faut avancer, et il faut regarder devant nous.
00:15:27 – Alors, vous êtes devant vous, vous êtes présent à l'Assemblée nationale
00:15:30 et la rentrée parlementaire vient de se faire,
00:15:33 avec des gros dossiers qui vont arriver,
00:15:36 notamment un dossier qui fait déjà beaucoup parler,
00:15:38 la loi sur l'immigration, quelle va être votre position sur ce dossier ?
00:15:42 Vous allez être à l'écoute ou de toute façon vous êtes opposé
00:15:46 à tout ce que le gouvernement va pouvoir proposer ?
00:15:48 – Oui, nous sommes tout à fait opposés à l'orientation du gouvernement
00:15:52 qui est incarnée par M. Darmanin pour ce qui concerne les questions d'immigration.
00:15:59 Pourquoi ? Parce qu'au fond, ce qui traverse ce projet de loi,
00:16:03 c'est l'idée selon laquelle l'autre, parce qu'il est différent, est dangereux.
00:16:08 C'est l'idée selon laquelle la France serait concernée
00:16:12 par des mouvements de migration importants, ce qui est tout à fait faux.
00:16:17 Après les attentats de 2015, la France s'est refermée,
00:16:20 a fermé ses frontières, a suspendu Schengen,
00:16:23 et donc considérer que l'on aurait besoin d'une loi
00:16:26 pour s'opposer à l'arrivée massive d'étrangers,
00:16:30 est tout à fait faux sur un plan factuel.
00:16:32 Ensuite, dans le contenu de cette loi, en tout cas, tel qu'on l'aperçoit,
00:16:35 il y a trois grandes dimensions.
00:16:36 Un recul du droit des étrangers qui ne nous paraît pas correct.
00:16:42 Cette façon très instrumentalisée dans la vision que l'on a
00:16:46 d'un certain nombre de travailleurs, c'est la fameuse histoire
00:16:49 des métiers en tension, donc les travailleurs étrangers
00:16:53 auraient le droit d'avoir des papiers s'ils sont positionnés
00:16:56 sur des métiers en tension valables pendant une année,
00:16:59 variables d'un département à l'autre.
00:17:01 Bon, je ne vous fais pas de dessin.
00:17:03 Il n'y a aucunement l'idée de permettre aux gens de s'installer
00:17:06 dans de bonnes conditions et de travailler dans de bonnes conditions,
00:17:09 puisque vous avez toujours cette épée de Damoclès autour de votre tête,
00:17:12 à savoir si dans trois mois, dans six mois, dans un an,
00:17:15 vous serez toujours concerné par cette affaire de métiers en tension.
00:17:18 Et puis, il y a autre chose qui est assez fondamentale
00:17:21 de mon point de vue, c'est le rapport au droit d'asile,
00:17:24 c'est-à-dire la Convention de Genève de 49 qui dit
00:17:28 "un pays comme la France assume de mettre sous protection
00:17:32 un certain nombre de personnes parce qu'elles sont en danger
00:17:35 de par leur orientation politique, sexuelle, de religion supposée, etc."
00:17:41 Et là, on note aussi un très net recul.
00:17:44 De là à penser que des personnages comme Darmanin,
00:17:47 qui agissent évidemment sous l'égide du Président de la République,
00:17:50 cherchent à donner des clins d'œil au Front National,
00:17:53 qui est l'assurance-vie quand même, de la Macronie,
00:17:56 il n'y a qu'un pas à franchir que franchement, nous franchissons aisément.
00:18:00 – Quand vous parlez de la peur, de ne pas avoir peur des migrants,
00:18:03 de ne pas avoir peur des autres, c'est un peu le discours
00:18:06 que le Pape a tenu à Emmanuel Macron à Marseille, vous rejoignez…
00:18:09 – Oui, c'est vrai, vous voyez comme quoi, c'est incroyable,
00:18:12 tout en étant très attaché à la laïcité,
00:18:16 forcée de constater que ce personnage qui ne représente, c'est vrai,
00:18:20 pas grand-chose pour moi en tout cas, dans la vie publique,
00:18:24 oui, a dit des choses qui étaient des choses tout à fait fondamentales,
00:18:28 humanistes, simples et justes.
00:18:30 Et puis par ailleurs, il faut quand même prendre un petit peu de hauteur
00:18:32 et de recul et s'interroger sur les raisons
00:18:35 pour lesquelles il y a ces mouvements de population à l'échelle de la planète.
00:18:41 Les grandes ONG parlent d'environ 260 millions de personnes
00:18:45 qui vont être amenées à bouger.
00:18:47 À votre avis, pourquoi ?
00:18:49 Eh bien, beaucoup pour des raisons climatiques,
00:18:51 le dérèglement climatique, et y compris de la part de pays très proches de nous,
00:18:56 l'Espagne par exemple, est très fortement impactée,
00:18:58 les États-Unis, je ne vous en parle pas,
00:19:00 donc la question du dérèglement climatique est un élément
00:19:04 qui explique toutes ces migrations de population.
00:19:07 Donc peut-être faudrait-il s'y attaquer,
00:19:10 et l'exemple que j'aime bien prendre,
00:19:12 parce que c'est un exemple que je trouve assez simple,
00:19:14 c'est la question de l'agriculture.
00:19:16 Quand vous imposez l'agriculture intensive aux pays du Sud,
00:19:20 vous finalement rendez leurs terres d'autant plus infertiles,
00:19:24 ben ils s'en vont, parce que tout le monde a besoin de manger.
00:19:26 Donc vous voyez, c'est pour ça que je dis qu'ils font un clin d'œil au Front National,
00:19:30 parce qu'ils font exprès de ramener les sujets
00:19:34 de la façon la plus "café du commerce" qui soit,
00:19:38 pour ne pas ouvrir grand-angle et ne pas répondre à un certain nombre de questions
00:19:42 que sont particulièrement l'inaction climatique de la France,
00:19:46 et qui fait qu'elle a été condamnée quand même de nombreuses fois.
00:19:49 C'est pas Elisa Martin ou la France Insoumise qui dit ça,
00:19:51 c'est les instances internationales.
00:19:53 Alors en marge de ce débat sur l'immigration qui va se poursuivre dans les semaines qui viennent,
00:19:58 il y a eu en cette rentrée une décision du ministère de l'Éducation nationale
00:20:02 d'interdire l'Avaya dans les établissements scolaires.
00:20:05 L'EPC et le PS ont été favorables à cette mesure,
00:20:09 donc là j'imagine qu'il y a un point de distension avec eux,
00:20:12 parce que la France Insoumise n'était pas sur cette même ligne.
00:20:15 Dans un premier temps, effectivement, ils ont dit "nous on considère que nous sommes favorables à cette interdiction".
00:20:23 Mais il faut regarder les positionnements jusqu'au bout,
00:20:26 et à vrai dire, ça a beaucoup bougé.
00:20:28 Pourquoi ça a beaucoup bougé ?
00:20:30 Parce que comme nous, ils ont compris que là aussi on parlait d'autre chose.
00:20:34 La question de l'Abaya franchement...
00:20:36 – Vous parliez de laïcité tout à l'heure, c'est un symbole...
00:20:39 – Ce n'était pas le sujet de la rentrée.
00:20:41 Le sujet de la rentrée c'était "pourquoi n'y a-t-il pas suffisamment d'enseignants
00:20:45 à mettre en face de nos enfants ?
00:20:47 Pourquoi y a-t-il une crise, comme l'ont dit,
00:20:49 comme dans tous les grands services publics de la vocation, d'enseignants ?
00:20:53 Vous savez que c'est mon métier en plus, donc ça me chagrine d'autant plus.
00:20:58 Pourquoi n'y a-t-il pas les moyens dans les établissements scolaires,
00:21:02 y compris matériels, pour accueillir tous les enfants ?
00:21:05 Pourquoi n'y a-t-il pas ce qu'il faut pour accompagner les enfants porteurs de handicap ?
00:21:09 Donc cette affaire d'Abaya, qui n'a rien d'un vêtement religieux,
00:21:14 c'est tout à fait faux, était une façon évidente de faire diversion.
00:21:20 Or nous, ce que nous souhaitions pour cette rentrée-là,
00:21:23 c'est qu'on parle des vrais sujets.
00:21:25 La question de l'augmentation des fournitures, des coûts de fourniture par exemple.
00:21:28 Parlons de l'école, parlons de sa vocation républicaine,
00:21:32 parlons de sa gratuité, parlons de sa qualité,
00:21:36 de cet outil formidable pour élever les jeunes consciences le plus haut possible.
00:21:42 Oui, parlons de ça, plutôt que de parler de bout de tissu.
00:21:44 Justement, en parlant de bout de tissu, une des propositions du ministre
00:21:47 c'était de tester l'uniforme à l'école pour gommer par exemple les inégalités sociales.
00:21:52 Ça peut être une bonne idée ?
00:21:53 Bon allez, allez, allez, c'est ridicule.
00:21:55 Enfin, quand même, je pense qu'on peut se le dire.
00:21:58 Qu'est-ce que ça va changer ?
00:21:59 Ça ne va rien changer du tout, cette affaire-là.
00:22:01 Ce n'est pas parce que vous gommeriez une partie de ce qui peut apparaître
00:22:05 comme des marques sociales que vous allez régler la question des inégalités sociales.
00:22:11 Il faut s'attaquer au vrai sujet, les inégalités sociales.
00:22:14 Pour la première fois, les Restaurants du Coeur,
00:22:16 déjà on s'interroge comment se fait-il que ce soit à ce point-là,
00:22:20 les associations caritatives qui prennent en charge l'extrême pauvreté.
00:22:24 Là, pour la première fois, au mois de novembre,
00:22:26 les responsables des Restaurants du Coeur que nous avons d'ailleurs
00:22:29 avec Mathilde Panot, pu auditionner à l'Assemblée nationale,
00:22:33 nous disent "on ne pourra pas, on ne pourra pas,
00:22:36 on ne pourra pas permettre à tous de bénéficier de nos distributions".
00:22:40 L'ensemble des grandes associations caritatives de France
00:22:43 parle de 25% de plus de bénéficiaires.
00:22:46 Les étudiants, les jeunes gens, notre jeunesse,
00:22:50 qui est quand même notre avenir, nous on est bientôt de l'autre côté,
00:22:54 et bien plus de 1 sur 2 n'a pas à manger.
00:22:59 Il faut quand même qu'on mesure la situation dans laquelle on est.
00:23:02 Alors mettons tous les uniformes ou pas que l'on veut,
00:23:05 mais surtout attaquons-nous à la question des inégalités sociales.
00:23:09 Vous avez suivi peut-être les débats autour de France Travail.
00:23:12 C'est une honte, c'est une honte.
00:23:14 C'est dire finalement quoi ?
00:23:15 Les bénéficiaires du RSA sont quand même un petit peu des feignants,
00:23:18 donc on va aller les mettre au travail 15 heures par semaine,
00:23:21 c'est du travail gratuit.
00:23:24 Alors ils sont un peu gênés,
00:23:25 parce que le travail qu'on fait à l'Assemblée nationale, encore une fois,
00:23:28 c'est non seulement de proposer, mais aussi de lever ce qui n'est pas dit.
00:23:33 Donc quand on a parlé évidemment de travail gratuit,
00:23:35 ils étaient un peu gênés aux entournures.
00:23:37 Donc du coup on ne sait plus très bien à quoi correspondent ces 15 heures,
00:23:40 peut-être des temps de formation, peut-être des temps de médiation,
00:23:43 peut-être des temps d'accompagnement, ce n'est pas très bien.
00:23:45 Mais ce qui est certain, c'est qu'aujourd'hui,
00:23:47 il y a plus de 5 millions de chômeurs,
00:23:49 il y a 350 000 offres d'emploi.
00:23:52 Voilà où est le problème.
00:23:53 Étant entendu que si on avait le courage d'organiser comme il faut s'organiser,
00:23:59 par exemple pour mettre en œuvre la planification écologique,
00:24:02 par exemple pour remettre debout nos grands services publics,
00:24:05 hôpital, école, pour ne citer qu'elle, mais bien sûr, police, justice,
00:24:10 et bien croyez-moi, du travail, on ne sera jamais assez nombreux
00:24:13 pour pouvoir effectivement l'accomplir.
00:24:16 Donc là aussi, on voit bien quel effet de décalage
00:24:19 et quelle non-volonté de s'attaquer aux inégalités sociales
00:24:24 qui caractérisent quand même la Macronie, que voulez-vous.
00:24:26 Moi, j'y peux rien.
00:24:27 Vous évoquiez la police, ça tombe bien,
00:24:29 vous avez appelé à participer le 23 septembre dernier à Grenoble
00:24:32 à la manifestation contre les violences policières.
00:24:34 Là aussi, toutes les forces de la NUPES ne soutenaient pas cette initiative,
00:24:37 notamment le parti socialiste.
00:24:40 Vous reprenez le terme de racisme systémique
00:24:43 qui était employé par les organisateurs de cette manifestation
00:24:47 en ciblant la police ?
00:24:49 Alors, il y avait les questions de violences policières,
00:24:51 il y avait les questions de racisme systémique
00:24:53 qui ne concernent pas que la police,
00:24:55 et les questions de justice sociale.
00:24:57 Bon, force est de constater aujourd'hui
00:25:00 qu'une partie de la jeunesse,
00:25:04 particulièrement quand elle n'a pas la peau complètement blanche,
00:25:08 est davantage victime, tendanciellement, de violences policières,
00:25:13 mais aussi d'une façon générale d'exclusion des formations,
00:25:18 d'exclusion de l'emploi, ça s'appelle les discriminations.
00:25:21 Force est de constater tout ça dans la société française.
00:25:24 Donc soit on se cache un peu derrière notre petit doigt
00:25:27 et on ne règle rien, soit on fait face au réel tel qu'il est
00:25:30 et on cherche d'abord à le définir et ensuite à pouvoir agir.
00:25:34 Donc moi, je n'ai aucun problème avec ce moment,
00:25:37 qui par ailleurs est un moment qui a plutôt fonctionné,
00:25:41 où il y avait des personnes différentes aussi dans ces manifestations,
00:25:46 et c'est important d'avoir ces endroits-là un peu où ça bouillonne
00:25:50 et où les gens n'ont pas forcément l'habitude de parler entre eux.
00:25:54 Donc c'était un très bon moment, un très bon moment de politique.
00:25:57 Mais il faut qu'on soit clair sur cet aspect-là,
00:26:00 ce que l'on met en cause, ce n'est pas par exemple les fonctionnaires de police,
00:26:03 ce que l'on met en cause, c'est l'institution policière,
00:26:06 c'est les consignes en particulier qui sont données par Darmanin,
00:26:09 sa vision de la sécurité, d'abord de la police essentiellement
00:26:13 comme sécurité publique, et une sécurité publique
00:26:16 qui est une sécurité et une police d'intervention, voyez, il est là le problème.
00:26:21 On peut organiser la police d'une façon extrêmement différente,
00:26:24 une police apaisée, apaisante, au milieu des habitants,
00:26:28 qu'on pourrait dire police de proximité,
00:26:30 des vrais moyens pour la police judiciaire,
00:26:33 parce que s'il n'y a pas de moyens et d'indépendance pour la police judiciaire,
00:26:37 on ne s'en sortira jamais, particulièrement en matière de stup',
00:26:41 particulièrement en matière de trafic des êtres humains.
00:26:44 Il faut des enquêteurs indépendants, indépendants,
00:26:47 puisque la réforme, la départementalisation de la police,
00:26:50 donc voulue par Darmanin, ferait, fait en fait,
00:26:53 que la police judiciaire sera sous les gides du préfet.
00:26:57 C'est inacceptable. Nous, nous pensons que la place de la police judiciaire,
00:27:01 d'abord il en faut plus, il y en a 6 000 sur des effectifs de 140 000,
00:27:06 si je ne prends que la police nationale.
00:27:08 C'est un peu peanuts, quoi, comme l'on dit parfois d'une façon un peu triviale.
00:27:12 Donc non seulement il en faut plus, mais il faut qu'il soit sous les gides des magistres.
00:27:17 C'est là où ils seront le mieux et le plus efficace pour travailler.
00:27:20 En tout cas, nous, c'est ce que nous proposons à la France Insoumise.
00:27:24 Dans certaines affaires de violence policière, notamment ces derniers mois,
00:27:28 la vidéosurveillance a été utilisée pour mettre en cause les auteurs,
00:27:31 donc les policiers. C'est finalement un outil utile ?
00:27:34 C'est ce que Mukieli a dit.
00:27:36 Mukieli a dit, s'il y a un éventuel usage, utilité, pardon,
00:27:41 des dispositifs de vidéosurveillance, c'est dans la résolution d'un certain nombre d'affaires.
00:27:46 3, quelque chose, pour cent.
00:27:50 Ce n'est pas moi qui le dis.
00:27:51 C'est Mukieli.
00:27:53 C'est mieux que rien.
00:27:54 Oui, enfin bon, vu ce que ça coûte et vu ce que cela demande comme déploiement,
00:27:58 non, non, non, si vous prenez dans une balance, l'intérêt est fort discutable.
00:28:03 Mais surtout, ce n'est pas ça qu'on nous a raconté.
00:28:06 Ce que l'on nous a raconté pendant des années, qu'on nous raconte encore,
00:28:10 c'est que la vidéosurveillance a un effet dissuasif et préventif.
00:28:14 Alors là, pour le coup, c'est faux.
00:28:15 Ce n'est même pas à 3%.
00:28:16 Soit ils cassent les caméras, soit le souci se déplace de quelques mètres
00:28:21 et de toute façon, continue à perdurer.
00:28:23 Nous ne croyons pas aux solutions technologiques.
00:28:26 Nous, on croit à la présence humaine, policière, prévention, éducation,
00:28:31 dans toutes ces dimensions, pas seulement bien sûr, police.
00:28:34 Nous, c'est ça qu'on croit, aux êtres humains avec des cerveaux
00:28:37 qui ont une capacité de faire plusieurs choses et pas seulement de filmer des images.
00:28:43 Pourtant, cette avancée technologique, notamment en matière de sécurité,
00:28:47 pourrait permettre d'identifier, grâce à la vidéosurveillance,
00:28:51 des personnes qu'aujourd'hui, on a du mal à reconnaître uniquement par les images.
00:28:55 L'intelligence artificielle, par exemple, est développée
00:28:58 pour pouvoir apporter ce genre de services.
00:29:01 Mais qui voulez-vous identifier avec la vidéosurveillance algorithmique,
00:29:06 puisque c'est de ça dont vous parlez ?
00:29:08 Qui voulez-vous identifier ?
00:29:09 Qui ?
00:29:10 Les militants ?
00:29:11 Les gens qui sont le plus en précarité ?
00:29:15 Qu'est-ce que vous voulez repérer avec votre vidéosurveillance algorithmique ?
00:29:19 C'est un vrai sujet, ça.
00:29:20 Parce qu'effectivement, la France dit,
00:29:22 "Nous allons tester ce dispositif de vidéosurveillance algorithmique",
00:29:26 donc qui effectivement s'appuie sur des logiciels et sur l'intelligence artificielle,
00:29:32 "pour pouvoir prévenir ou repérer tel ou tel méchant."
00:29:37 Ok, très bien.
00:29:38 On n'a pas des heures et des heures de débat là devant nous.
00:29:41 Regardons ce qui s'est passé à Séoul au mois d'octobre.
00:29:43 Vous en doutez bien, il y a quand même quelques pays pas très démocratiques,
00:29:47 par exemple la Chine, qui bien sûr utilise à plein,
00:29:50 et la Corée, ce type de dispositif.
00:29:53 Donc, ce type de dispositif permettrait d'éviter et de pouvoir intervenir plus vite
00:29:59 quand il y a des mouvements de foules.
00:30:00 Il y a eu un mouvement de foules, il y a eu je ne sais plus combien de morts,
00:30:03 mais vraiment plusieurs dizaines.
00:30:05 Ça n'a rien évité, ça n'a rien évité.
00:30:08 La seule chose que ça permet de mesurer,
00:30:09 parce qu'il y a un être humain qui programme le logiciel pour lui dire,
00:30:13 "repère ceci ou cela", à l'essentiel, c'est nos préjugés.
00:30:16 Et puis, cela préfigure la reconnaissance faciale.
00:30:21 Tout ça pose quand même, il y a de lourds enjeux.
00:30:24 Le droit à la vie privée, par exemple, le droit d'aller et venir.
00:30:28 Autres exemples sont quand même des sujets qui ne sont pas des petits sujets.
00:30:33 Et vous parlez de la vidéosurveillance algorithmique,
00:30:35 mais en vrai, il y a tout un continuum autour de ces sujets de technologies de surveillance.
00:30:40 Les drones, dans la loi de programmation du ministère de l'Intérieur,
00:30:45 la capacité de mettre en route à distance tous les objets connectés,
00:30:50 quels qu'ils soient, sans évidemment que la personne soit mise au courant.
00:30:54 Donc, une capacité à filmer, une capacité à capter du son.
00:30:58 Alors, sous l'égide d'un magistrat, dit monsieur le garde des Sceaux,
00:31:01 nous lui répondons, oui, enfin, tout de même, évidemment.
00:31:04 Donc, on voit bien qu'aujourd'hui, les technologies deviennent des fins en soi
00:31:09 et sont tournées effectivement vers la surveillance.
00:31:12 Et là, le dernier coup qu'ils nous ont fait, c'est en ce moment,
00:31:16 ça n'est pas tout à fait terminé.
00:31:18 C'est ce qu'on appelle cette fameuse loi de régulation et de sécurisation des espaces numériques
00:31:23 où l'objectif est clair, lever l'anonymat sur Internet.
00:31:27 Vous comprenez, on vous dit…
00:31:28 – Ça peut se comprendre quand même, cette…
00:31:29 – Alors, on va y arriver.
00:31:31 Ils nous disent, oui, mais vous comprenez, il faut protéger les enfants
00:31:34 qui, d'une façon trop aisée, peuvent être confrontés à des images pornographiques.
00:31:38 Qui est opposé à ça ? Personne.
00:31:41 Nous voulons tous, de toute façon, protéger nos enfants.
00:31:44 La question, c'est de savoir si technologiquement, on peut répondre à ça.
00:31:48 Et des pays, qui bien sûr, ont essayé aussi, comme l'Australie, ont laissé tomber.
00:31:53 Parce qu'ils ont bien vu qu'à partir du moment où on allait dans cette logique,
00:31:56 il fallait lever l'anonymat et qu'on est sur une ligne de crête
00:32:00 entre la protection et le respect des droits de chacun,
00:32:05 le droit à la vie privée en particulier, et que ça n'est pas compatible.
00:32:09 Alors peut-être on peut faire autrement.
00:32:11 Et peut-être on peut se dire qu'il serait bon que nos enfants,
00:32:14 ce qui n'est absolument pas le cas aujourd'hui,
00:32:16 puissent bénéficier d'éducation sexuelle et affective à l'école.
00:32:20 Peut-être que l'on pourrait imaginer que nous aidions les familles et les parents
00:32:24 à échanger avec les enfants autour de ce truc un peu étrange qu'est Internet.
00:32:30 Il ne viendrait à l'idée de personne de laisser son enfant tout seul dans la forêt la nuit.
00:32:35 Or, d'une certaine façon, c'est ce qui se passe avec Internet.
00:32:38 Nous, on préférera toujours la présence humaine, l'éducation,
00:32:43 mais c'est sûr que c'est plus compliqué.
00:32:44 C'est sûr que c'est plus compliqué de dire
00:32:46 "comment est-ce qu'on s'y prend pour prévenir les enfants, sensibiliser les adultes",
00:32:51 plutôt que de dire "on va utiliser une technologie pour résoudre cela".
00:32:55 Du coup, puisqu'un point plus un point ça fait une ligne,
00:32:58 la question que nous nous posons c'est au fond,
00:33:00 où est-ce qu'on en est de la surveillance généralisée ?
00:33:02 Comment se fait-il que sous prétexte…
00:33:04 – C'est votre crainte.
00:33:05 – Bien sûr, enfin c'est plus qu'une crainte.
00:33:07 Un point plus un point ça finit par faire une ligne.
00:33:09 Elle est devant nous là, la ligne.
00:33:11 Et cette affaire de lever de l'anonymat sur Internet, nous, nous interroge énormément
00:33:16 sur la construction de cette société de la surveillance généralisée.
00:33:20 – En parlant de surveillance, la semaine dernière,
00:33:23 la Contrôle générale des prisons a publié un rapport
00:33:25 concernant le centre pénitentiaire de Vars, un chinois en Isère.
00:33:28 Une situation alarmante, sont leurs aides,
00:33:31 avec des atteintes graves à la dignité et aux droits fondamentaux.
00:33:34 Alors les parlementaires ont le droit d'aller visiter les prisons,
00:33:37 comme bon leur semble.
00:33:39 C'est ce que vous avez fait ce vendredi matin,
00:33:42 vous êtes donc allé à la prison de Vars.
00:33:45 Est-ce que vous avez pu tout voir ?
00:33:47 – Alors, effectivement la loi nous donne un droit de visite,
00:33:51 on va dire inaliénable, dans un certain nombre de lieux,
00:33:55 particulièrement des lieux de rétention, et les prisons en font partie.
00:34:01 Oui, l'administration pénitentiaire, si je puis dire, a joué le jeu,
00:34:05 mais elle n'a pas tellement le choix, et donc a ouvert tous les espaces
00:34:10 que nous souhaitions qu'elle nous ouvre.
00:34:14 La situation de la maison d'arrêt de Vars,
00:34:17 c'est quand même particulièrement préoccupante,
00:34:19 y compris à l'échelle de la France,
00:34:21 parce que s'il croise plusieurs phénomènes,
00:34:24 le premier c'est un phénomène de surpopulation,
00:34:27 168% d'occupation dans cette prison,
00:34:30 ça veut dire que dans des cellules de moins de 9 mètres carrés,
00:34:33 vous mettez deux personnes,
00:34:35 donc on peut parler quand même très largement de promiscuité,
00:34:38 et de non-respect bien sûr de la vie privée.
00:34:42 Un état de vétusté absolument structurel,
00:34:45 vous pouvez faire tout ce que vous voulez,
00:34:47 vous ne pouvez faire que du cache-misère
00:34:49 lorsque vous êtes dans des lieux qui sont dans un état de telle dégradation.
00:34:54 Une cuisine qui ne répond pas aux normes d'hygiène,
00:34:58 des lieux de fouilles que vous n'imaginez pas tellement c'est sale,
00:35:04 et tellement c'est dégradé.
00:35:06 Un mécanisme de régulation carcérale,
00:35:09 sur lequel tout le monde s'était engagé,
00:35:11 particulièrement le Gardez-Saut,
00:35:13 et qui n'a rien donné, parce qu'il n'y a pas la volonté politique,
00:35:16 ce n'est pas l'administration pénitentiaire.
00:35:18 - Quand se font-ils des prisons aujourd'hui ?
00:35:20 - Qui vont remplir aussi vite, et qui ne sera sans doute pas une solution.
00:35:24 Là on parle de Vars, d'accord ?
00:35:26 Et la situation à Vars elle est intenable,
00:35:29 et il faut de toute façon y mettre un terme,
00:35:31 étant entendu qu'on nous balade, même nous les parlementaires.
00:35:34 Moi j'ai participé avec d'autres députés,
00:35:37 à une rencontre avec le bâtonnier,
00:35:40 avec le service immobilier régional de l'administration pénitentiaire,
00:35:44 aucun souci, aucun souci,
00:35:47 il y a les sous, on va démolir, on va reconstruire, on va améliorer.
00:35:50 Ça fait combien de mois ?
00:35:52 Et aujourd'hui la réponse du Gardez-Saut Eric Dupond-Moretti
00:35:58 ne va pas du tout dans le sens d'une amélioration matérielle
00:36:02 des conditions de détention.
00:36:04 Or c'est un problème, de la façon dont on vous considère, vous êtes.
00:36:09 Plus on vous considérera mal pendant ces temps de détention,
00:36:13 moins ces temps de détention pourront avoir du sens pour vous.
00:36:16 Le sous-effectif chronique dont souffre la prison de Vars
00:36:20 fait que l'accès non seulement à la santé, mais aussi à l'école,
00:36:24 à la formation, à l'éducation, à la culture,
00:36:27 est rendu extrêmement difficile.
00:36:29 Les détenus ne se circulent pas comme ça d'un point à l'autre de la prison,
00:36:32 ils sont évidemment accompagnés par des membres de l'administration pénitentiaire.
00:36:35 Vous voyez ce que je veux dire.
00:36:37 Donc la prison de Vars concentre toute la honte de la République
00:36:42 en matière de conditions d'incarcération.
00:36:45 Et il faut absolument y mettre un terme.
00:36:47 Et en ce sens-là, Dominique Simonot,
00:36:49 qui est la contrôleure générale des lieux de privation de liberté,
00:36:52 a plus que tout notre soutien.
00:36:55 D'ailleurs, je vais écrire à Dupond-Moretti,
00:36:57 à monsieur le Gardez-Saut, monsieur Dupond-Moretti,
00:36:59 qui s'est bien gardé d'ailleurs d'aller à Vars, vous avez remarqué ?
00:37:02 - Qui était là lundi au palais de justice.
00:37:03 - Oui, ça, il n'y a pas de problème.
00:37:04 Pour faire les claquettes, il est toujours là.
00:37:06 Mais pour travailler sérieusement, c'est plus compliqué.
00:37:08 Par ailleurs, vous voyez, il a été confronté aux greffiers,
00:37:10 qui sont très en colère et qui ont bien raison de l'être.
00:37:13 Mais bon, malheureusement, on ne peut pas aborder tous les sujets.
00:37:18 Donc évidemment que nous allons le solliciter et faire copie
00:37:21 à la contrôleure générale des lieux de privation de liberté,
00:37:24 qui, encore une fois, accomplit dans des conditions
00:37:28 qui ne sont pas toujours simples, son œuvre avec détermination,
00:37:32 rigueur et honnêteté.
00:37:34 - Pour Vars, la solution, c'est quoi ?
00:37:35 Raser la prison, reconstruire une œuvre tellement c'est grave ?
00:37:37 - Je pense que oui.
00:37:39 Mais si vous voulez, là aussi, il ne faut pas voir les choses
00:37:41 par le petit bout de la lorgnette.
00:37:44 Il y a la question des conditions matérielles de détention,
00:37:46 qui est absolument fondamentale.
00:37:48 Là, c'est inacceptable, c'est sale, c'est tout ce que l'on peut imaginer ou pas.
00:37:53 Mais il y a aussi la réflexion sur le sens de la peine
00:37:56 et les alternatives à l'incarcération.
00:37:58 Je pense que c'est quand même très très important
00:38:00 de mener ce sujet jusqu'au bout.
00:38:03 C'est d'ailleurs ça qui permettra aussi la régulation carcérale
00:38:07 que nous appelons de nos voeux.
00:38:08 Hugo Bernalicis, qui est membre de la France Insoumise-NUP
00:38:12 et qui est député, membre de la Commission des lois, comme moi,
00:38:15 a déposé un projet de loi.
00:38:17 Bon, bah allons-y alors, discutons de ça.
00:38:19 Nous, on a fait une proposition concrète.
00:38:21 Un qui sort, un qui rentre, un qui sort, pour schématiser.
00:38:25 Bah parlons-en, on a une proposition là sur la table.
00:38:28 Parlons-en.
00:38:29 Alors, vous parlez des débats entre parlementaires.
00:38:32 On recevait la semaine dernière Michel Savin,
00:38:34 parlementaire isérois aussi,
00:38:36 qui ne siège pas dans la même assemblée que vous,
00:38:38 ni dans la même partie de l'hémicycle,
00:38:40 et sénateur LR.
00:38:42 Et comme c'est le jeu dans cette émission,
00:38:44 je vais vous demander de vous poser une question. On l'écoute.
00:38:46 Madame Martin, Madame la députée,
00:38:50 ma question va être très directe.
00:38:52 Depuis, lors de nos nombreuses réunions avec mes collègues ici,
00:38:56 lors de cette élection sénatoriale,
00:38:58 nous avons pu constater la grande inquiétude,
00:39:02 même le désarroi de beaucoup d'élus
00:39:04 face au comportement des députés de la France insoumise
00:39:07 au sein de l'Assemblée nationale.
00:39:09 Ma question est simple.
00:39:11 Allez-vous persister dans cette stratégie de bordélisation
00:39:15 de l'Assemblée nationale pendant encore très longtemps ?
00:39:17 Oulah, quel vocabulaire !
00:39:19 Ça ne me ressemble pas à un sénateur.
00:39:22 Il s'est lâché un petit peu.
00:39:24 Euh...
00:39:26 D'abord, à l'Assemblée nationale,
00:39:29 les débats ne sont pas feutrés.
00:39:31 Et ce monsieur le sait très bien.
00:39:33 Il a suffisamment d'expérience, d'ailleurs, même au Sénat,
00:39:35 les débats ne sont pas feutrés.
00:39:37 Et on pourrait montrer un certain nombre d'images et de propos...
00:39:40 Entre des débats vifs et puis de bordel, c'est un peu...
00:39:42 Croyez-moi. Non, non, il y a des choses bien pires que...
00:39:45 Bien pire que tous les insoumis réunis et accumulés
00:39:49 seraient capables de faire.
00:39:51 Donc de ce point de vue-là, il faut arrêter de dire des choses
00:39:54 qui sont tout à fait mensongères, tout simplement.
00:39:58 Ensuite, où se situe la violence parlementaire ?
00:40:01 Est-ce que la violence parlementaire se situe du côté
00:40:05 de ceux qui ouvrent la voie
00:40:08 ou du côté de ceux qui ne cessent de recourir au 49.3
00:40:11 et qui ne cessent de dire finalement aux députés, quels qu'ils soient,
00:40:15 y compris les leurs, qu'ils n'ont rien à dire ?
00:40:17 Juste à être le doigt sur la couture du pantalon.
00:40:21 L'affolement des élus locaux ?
00:40:23 C'est pas ce que j'ai constaté, moi. Pas du tout.
00:40:25 J'ai presque constaté l'inverse, puisque partout en France,
00:40:28 en tout cas dans les départements où il y avait du renouvellement,
00:40:32 nous avons fait davantage de voix
00:40:34 que ce que nous aurions pu penser.
00:40:36 Donc je pense que ça va aller.
00:40:38 On ne fait pas peur autant que ça.
00:40:41 Et surtout, moi, si vous voulez, ce qui me dérange un peu,
00:40:44 je ne dis pas que c'est M. Savin, de toute façon ça ne m'importe pas,
00:40:47 mais il y a parfois une petite mépris sociale.
00:40:49 Un peu l'idée de dire qu'au fond,
00:40:51 lorsque l'on est parlementaire, on doit savoir se servir des couverts à poisson.
00:40:55 Moi, ça n'est pas ma logique.
00:40:57 Quand on est parlementaire, on doit d'abord faire son travail,
00:41:00 à l'Assemblée ou au Sénat, prioritairement.
00:41:03 Le reste...
00:41:04 - Michel Savin faisait allusion notamment au débat de ces derniers mois
00:41:09 sur la question de la réforme de la retraite.
00:41:13 Il y a eu des échanges musclés, on en voit quelques images dans l'hémicycle.
00:41:17 Mais pour aller un petit peu plus loin sur ça,
00:41:19 est-ce que ce n'est pas finalement une stratégie
00:41:21 qui vous a desservie auprès de l'opinion publique ?
00:41:23 - Alors si je puis me permettre, puisque vous montrez des images,
00:41:25 qu'est-ce qui est en train de se passer à ce moment-là précis ?
00:41:28 Mathilde Panot, qui est notre présidente de groupe,
00:41:30 brillante s'il en est,
00:41:32 maintient le règlement intérieur de l'Assemblée nationale
00:41:36 pour faire un rappel au règlement.
00:41:38 Donc en général, quand on fait un rappel au règlement,
00:41:40 ce n'est pas nous qui avons fait une bêtise, c'est le gouvernement.
00:41:43 Par ailleurs, là, c'est le moment où on s'en va,
00:41:45 puisque c'est le moment où le 49-3 est annoncé.
00:41:48 Non, non, non, ça ne se passe pas de cette façon-là.
00:41:51 Et même, moi, je pense même que les choses se sont plutôt beaucoup calmées
00:41:57 par rapport à il y a 20 ou 30 ans, je vous invite à regarder...
00:42:00 Je ne dis pas que c'est bien, évidemment.
00:42:02 Je vous invite à regarder les images et vous verrez ce qu'il en est.
00:42:05 – Il y avait peut-être moins de caméras, moins de réseaux sociaux à l'époque
00:42:07 pour retranscrire les événements.
00:42:09 Mais cette stratégie quand même d'avoir une opposition musclée,
00:42:13 d'avoir parfois des éclats de voix dans l'Assemblée nationale,
00:42:16 est-ce que finalement, avec un an de recul,
00:42:18 vous dites que c'est quelque chose qui a pu nuire au mouvement ?
00:42:22 – Non, non. – Par rapport à l'opinion publique ?
00:42:24 – Non, d'ailleurs franchement, enfin pardon,
00:42:26 mais lorsque l'on s'adresse à moi, d'une manière générale,
00:42:31 parfois on me dit "vous êtes un peu sanguin".
00:42:33 Oui, ben oui, c'est vrai.
00:42:34 En même temps, c'est compliqué de porter à la fois nos idées et nos valeurs
00:42:40 dans le monde dans lequel on est, puis d'être un peu chiffre molle.
00:42:43 Bon, il faut quand même se le dire.
00:42:46 Mais globalement, non, nous ce qu'on nous demande c'est d'y aller quoi.
00:42:49 C'est d'y aller, essayer de défendre les intérêts populaires
00:42:52 et de jamais nous laisser faire, jamais.
00:42:54 – C'est ce que vous demandent vos électeurs,
00:42:56 mais l'opinion publique n'est plus mesurée là-dessus.
00:42:58 En juin, il y a eu un sondage IFOP où 30% des Français
00:43:02 affirmaient que le RN était capable de gouverner,
00:43:04 13% seulement pour la France insoumise,
00:43:07 que le Rassemblement national faisait peur à 21% des Français interrogés,
00:43:10 la France insoumise était à 28%.
00:43:12 Et votre collègue François Ruffin, au moment des universités d'été,
00:43:16 est revenu sur ce constat en indiquant que la France insoumise
00:43:20 inquiétait plus que le Rassemblement national
00:43:22 et qu'il fallait peut-être se poser des questions sur le ton et le style,
00:43:25 ce sont ses propres mots.
00:43:27 Il n'a pas forcément, lui, la même analyse que vous alors ?
00:43:30 – Non, peu importe, on peut débattre, mais là par contre,
00:43:33 où on est tous de toute façon tout à fait d'accord,
00:43:37 c'est le fait de se dire qu'il faut s'opposer et proposer pied à pied.
00:43:42 Et c'est ça qui compte.
00:43:43 Bon, puis après on est différents les uns des autres,
00:43:45 peu importe, on n'a pas tous exactement, en tant que parlementaires,
00:43:49 le même comportement individuel, si vous voulez,
00:43:52 c'est normal, on est différents, et heureusement.
00:43:55 En revanche, ce qui compte, c'est se dire que ni la Macronie,
00:43:59 ni les libéraux, ni l'autorité, les autoritaires, les racistes du Front National,
00:44:04 c'est ça qui compte.
00:44:06 Et nous, on doit suivre la ligne de crête pour pouvoir arriver au pouvoir,
00:44:09 qui est notre objectif, tous autant qui que l'on soit.
00:44:13 Puis après, vous savez, c'est compliqué d'interpréter,
00:44:16 qu'est-ce que ça signifie, faire peur, pas faire peur,
00:44:19 pouvoir exercer le pouvoir, pas l'exercer, qu'est-ce que c'est ?
00:44:23 Est-ce que c'est une question de projection dans l'avenir ?
00:44:25 Est-ce que c'est une question de crédibilité ?
00:44:27 Mine que rien, là aussi ça mériterait qu'on s'arrête et qu'on gratte les choses.
00:44:32 En tout cas, nous, on n'est pas provocateur pour être provocateur,
00:44:35 la seule chose qui nous anime, c'est de faire notre travail là où on est.
00:44:39 – Quand il parle de problèmes de ton et de style,
00:44:41 c'est une façon quand même un peu déguisée de pointer du doigt Jean-Luc Mélenchon,
00:44:45 bien sûr, comme si François était une sorte d'ange,
00:44:49 vous inquiétez pas que lui aussi, sa grande voix,
00:44:52 mais je le dis avec beaucoup d'amitié et de fraternité,
00:44:55 quand même, évidemment, bien sûr, croyez-moi, on l'entend souvent aussi.
00:45:00 Après, heureusement qu'on se pose des questions,
00:45:02 heureusement que ça débat, ça débat à l'intérieur du groupe,
00:45:05 ça débat à l'intérieur de l'espace de coordination de la France insoumise,
00:45:10 ça débat à l'intérieur de nos groupes d'action,
00:45:13 enfin heureusement, ça n'aurait pas de sens que de considérer une fois pour toutes,
00:45:18 tout est arrêté, il y a une part de tâtonnement là-dedans,
00:45:22 au contraire, moi je pense que c'est important,
00:45:24 ça prouve qu'on est vivant et qu'on est démocratique.
00:45:27 – En tout cas, le comportement des élus aujourd'hui
00:45:30 est peut-être beaucoup plus décrypté par l'opinion publique,
00:45:33 par les journalistes qu'à quelques décennies en arrière.
00:45:37 – C'est pour ça que les députés se sont calmés, dit peut-être.
00:45:40 – Peut-être aussi.
00:45:41 – Je vous invite pour de vrai à regarder, y compris le vocabulaire, les propos,
00:45:45 même regardez, on parle beaucoup de lui en ce moment,
00:45:49 peu importe ce que l'on en pense, Bernard Tapie,
00:45:52 bon, il a quand même dit des choses, y compris à propos de la police,
00:45:56 dans un certain moment de sa vie, judiciaire, j'en étais baba, quoi.
00:46:01 Franchement, ces débats-là, je respecte bien sûr toutes les questions
00:46:07 qui me sont posées, mais ce n'est pas ça le cœur du sujet.
00:46:11 – Vous parlez des propos virulents ce jeudi soir,
00:46:14 l'émission "Complément d'enquête" dont on ne peut pas remettre en cause le sérieux
00:46:17 a diffusé un reportage sur l'une de vos collègues députés de la France Insoumise,
00:46:21 Sophia Chikourou, qui est très proche de Jean-Luc Mélenchon,
00:46:24 elle gère toute sa communication depuis plusieurs années.
00:46:27 Est-ce que vous avez vu l'émission ?
00:46:29 Parce qu'on en a beaucoup parlé avant, France Télévisions a teasé sur ce reportage.
00:46:35 – Je l'ai vu mais je n'ai rien appris.
00:46:37 – Vous n'avez rien appris ? – Non.
00:46:39 – Ça ne vous a pas étonné du personnage ? – Non.
00:46:41 – Donc c'était assez proche de ce que vous…
00:46:43 – Non mais moi je trouve que, sincèrement, le portrait qu'elle fait de Sophia,
00:46:49 on voit bien quand même qui elle est, c'est quand même un sacré personnage,
00:46:55 elle a quand même une personnalité absolument extraordinaire,
00:47:00 elle a une capacité de résistance que je trouve extrêmement forte.
00:47:06 Après il y a un truc à coup sûr qui est totalement faux,
00:47:08 c'est le poids qu'elle aurait dans le groupe,
00:47:10 j'en suis membre, je pense que je peux le dire,
00:47:12 cela est totalement faux, elle travaille dans le groupe comme nous tous,
00:47:17 et puis bon pour le reste il y a une question de, comment dire,
00:47:21 d'instruction judiciaire qui doit se dérouler.
00:47:26 Bon, j'étais un peu déçue, voilà, on s'attend à plus de choses sérieuses,
00:47:34 enfin non ce n'est pas ça que je veux dire, pardon,
00:47:36 je ne veux pas porter de jugement sur le travail de vos collègues,
00:47:38 mais bon tout ça est un peu ressussé quoi, si je puis dire.
00:47:44 – On a appris qu'elle avait été étudiante à Grenoble, à Sciences Po Grenoble,
00:47:47 – Oui, tout à fait.
00:47:48 – Il y a quelques années, il y a quand même des échanges écrits
00:47:51 qui ont été publiés dans l'émission,
00:47:53 où elle traite ses collaborateurs de tafiole de merde,
00:47:55 c'est comme ça que le message a été écrit, là on est à la limite des homophobes.
00:47:59 – Ça c'est mal, on est d'accord, après c'est à elle de s'expliquer.
00:48:03 Bon, on ne peut pas la réduire à ça, ce qui est absolument certain,
00:48:07 c'est très injuste de la réduire à ça.
00:48:09 Regardez comment elle se bat au travers justement,
00:48:11 on a travaillé ensemble ces derniers jours, donc vous voyez ça tombe bien,
00:48:14 sur la question de la sécurisation et de la régulation de l'espace numérique,
00:48:18 écoutons là plutôt, écoutons cette femme qui argumente d'une manière fine,
00:48:24 qui est une grande professionnelle, enfin voilà,
00:48:28 regardons plutôt là aussi les choses sous cet angle-là,
00:48:31 plutôt que sous un angle qui en plus engage des questions personnelles
00:48:35 qui moi me choquent assez profondément, mais ça vous le savez.
00:48:38 – Vous parliez du 49.3, Elisabeth Borne l'a dégainé dès le début…
00:48:43 – Ah oui, elle va finir par l'user à force de l'utiliser cette pauvre dame.
00:48:46 – Dès le début de cette nouvelle session parlementaire
00:48:48 sur le projet de budget de la sécurité sociale,
00:48:51 votre groupe a déposé dans la foulée une motion de censure,
00:48:55 qui n'a pas réuni le nombre de voix suffisante,
00:48:59 les députés RN ont voté avec vous cette motion de censure.
00:49:02 – C'est leur problème.
00:49:03 – Ça vous pose…
00:49:04 – C'est leur problème.
00:49:05 – À une époque vous ne vouliez pas du tout associer vos voix à celle du RN ?
00:49:09 – Nous oui, mais si eux ils votent, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise,
00:49:11 ce n'est pas à nous de leur dire comment vous votez.
00:49:13 – Est-ce que l'ambition c'est toujours de faire tomber le gouvernement ?
00:49:15 – Bien sûr, bien sûr.
00:49:16 – Grâce à ces motions de censure ?
00:49:17 – Tout à fait, alors grâce à ces motions de censure,
00:49:20 franchement la façon dont la Ve République corsette les institutions
00:49:26 et empêche la démocratie, bon je ne suis pas certaine
00:49:30 que ce soit via une motion de censure qu'on y parvienne, on verra bien.
00:49:34 Après tout je n'en sais rien, mais c'est surtout par l'articulation,
00:49:38 comme on dit, entre la rue et la loi qu'on va y arriver.
00:49:42 Puis en préparant nous, la NUP, j'ai bien dit la NUP,
00:49:46 le plus sérieusement possible la suite.
00:49:48 – Dans l'actualité de la semaine, je reviens ici un peu plus dans notre région,
00:49:53 il y avait le week-end dernier en Isère, à l'Alpe d'Huez,
00:49:56 le Congrès national des maires ruraux de France,
00:49:59 je vous en parle parce que Laurent Wauquiez, président de la région,
00:50:02 c'est bien puisque vous avez siégé dans l'Assemblée régionale
00:50:04 pendant quelques années, a décidé de ne pas appliquer la loi ZAN,
00:50:08 Zéro Artificialisation Net, qui contraint les communes
00:50:12 à ne plus utiliser d'espaces avec ecoles nouveaux
00:50:14 pour construire des logements ou développer des industries.
00:50:17 Vous comprenez sa décision ?
00:50:19 – Ah, Monsieur Wauquiez, c'est l'incarnation d'un mélange entre…
00:50:25 enfin c'est un démagogue absolu dans la mesure où ce qu'il dit n'a pas de sens.
00:50:33 Ça n'a pas de sens sur un plan d'abord écologique,
00:50:35 parce que oui, il faut limiter l'artificialisation des sols.
00:50:39 C'est absolument impératif. C'est ça l'enjeu.
00:50:42 Ce n'est pas empêcher, c'est dire quand je construis,
00:50:45 pour schématiser un peu les choses, quand je construis un équipement public,
00:50:50 eh bien je dois libérer le même équivalent en termes de terrain,
00:50:56 en termes de non-artificialisation des sols. C'est ça.
00:51:00 Le gouvernement, à tort ou à raison, peu importe, dit
00:51:03 on va s'appuyer sur les régions, comme institution, pour mettre cela en œuvre.
00:51:08 Donc lui ce qu'il dit, ce n'est pas "je ne l'appliquerai pas",
00:51:11 c'est "je ne le ferai pas".
00:51:12 Et alors tu ne le feras pas, ce n'est pas grave,
00:51:13 les services de l'État vont le faire à ta place de toute façon.
00:51:15 Vous voyez, il y a quand même quelque chose de très démago
00:51:18 et de très mensonger dans sa position, parce qu'il va voir les élus locaux.
00:51:22 Et on sait que ce monsieur a des ambitions.
00:51:24 Donc il va voir les élus locaux du monde rural,
00:51:27 qui évidemment sont en grande difficulté autour de ce sujet,
00:51:30 qu'il faut accompagner autour de ce sujet.
00:51:32 Il fait comme si c'était lui qui allait le faire,
00:51:34 et comme si lui allait les protéger de cela.
00:51:37 Ce qui était évidemment un mensonge total et absolu.
00:51:41 Et quand même un petit côté écocide,
00:51:43 parce qu'il va quand même falloir la poser cette question.
00:51:45 Et je rappelle qu'il y a eu, entre les parlementaires,
00:51:48 toutes tendances confondues, les députés, les sénateurs,
00:51:51 les grandes associations d'élus, y compris bien sûr les élus ruraux,
00:51:56 des points d'accord autour de cette affaire-là.
00:51:59 Donc il semble que nous pouvons avancer autour de ce sujet.
00:52:03 Mais bon, ça c'est Wauquiez.
00:52:05 Wauquiez, vous le savez, c'est quand même le personnage
00:52:07 qui est capable de demander aux chasseurs
00:52:09 de prendre en charge désormais l'éducation à l'environnement.
00:52:12 Pourquoi pas ?
00:52:13 Mais enfin, strictement, c'est quand même très, très, très interrogeant
00:52:17 et très idéologique, bien sûr.
00:52:19 – Sur une autre loi qui est censée privilégier et préserver l'environnement,
00:52:24 la ZFE, votre mouvement avait plaidé au mois de juin,
00:52:28 justement, de suspendre son application
00:52:31 si l'offre de transport alternatif n'était pas à la hauteur
00:52:34 dans les villes concernées.
00:52:36 Est-ce que ce projet de loi qui avait été déposé au mois de juin
00:52:39 concernait, selon vous, l'agglomération de Grenoble ?
00:52:41 – Bien sûr.
00:52:42 ZFE, les zones à faible émission, c'est le projet qui est extraordinaire
00:52:49 de loin et très mauvais de près.
00:52:51 Pourquoi je dis ça ?
00:52:53 Évidemment que limiter la pollution de l'air,
00:52:55 limiter les déplacements individuels,
00:52:58 c'est bien sûr un double enjeu qui est majeur.
00:53:02 Sauf que la ZFE ne donne pas les moyens
00:53:06 de pouvoir avoir des alternatives aux déplacements individuels,
00:53:10 particulièrement par le développement des transports en commun.
00:53:13 Si on n'a pas le développement des transports en commun,
00:53:16 ça ne marche pas.
00:53:17 Si on n'a pas une tarification, voire la gratuité qui est tout à fait possible
00:53:22 des transports en commun, ça ne marche pas.
00:53:27 Si on ne s'interroge pas sur les raisons pour lesquelles on se déplace,
00:53:31 particulièrement les déplacements qu'on dit pendulaires,
00:53:33 ce qu'on fait le matin, ce qu'on fait le soir,
00:53:35 vous voyez, jour après jour, ça ne marche pas.
00:53:38 Et alors là où on peut s'interroger, c'est lorsque l'on s'aperçoit
00:53:42 qu'au fond, en parallèle de cette organisation zonale,
00:53:46 on a un soutien très important au développement de la voiture électrique.
00:53:51 Électricité, nucléaire, batterie, lithium, bon.
00:53:57 Et de surcroît, ça empêche toute réflexion sur la façon
00:54:01 dont on aménage nos territoires et donc à partir de là,
00:54:04 la façon dont on se déplace.
00:54:06 Donc, super de loin et de près, non, ça ne marche pas, malheureusement.
00:54:11 Alors on va sans doute limiter un peu la pollution de l'air,
00:54:14 vous allez me dire "ok, c'est très bien, c'est toujours ça de pris".
00:54:17 Mais c'est dommage de ne pas avoir fait de ces zones à faible émission
00:54:21 de véritable levier de politique publique,
00:54:24 non seulement de lutte contre la pollution,
00:54:26 mais aussi de favoriser un autre type de déplacement.
00:54:30 Bon, Mathieu, vous êtes d'accord avec Jean-Pierre Babiller,
00:54:32 le président de l'élément qui avait demandé un report d'au moins 3 ans.
00:54:35 Alors peut-être pas tout à fait sur les mêmes bases politiques que nous,
00:54:38 mais ce n'est pas une question de maturité de la décision,
00:54:40 c'est une question de nature de la loi, en fait, vous voyez.
00:54:43 Et vous savez, il n'y a pas de bonne application locale d'une mauvaise loi.
00:54:47 Ça, ça n'existe pas. On aimerait bien, il y a plein de situations où on aimerait bien,
00:54:51 mais en fait, ça ne marche pas.
00:54:53 Puisque vous parlez du développement des transports en commun,
00:54:55 un petit mot sur le câble, puisque l'enquête publique va enfin démarrer en novembre,
00:55:00 le câble qui devrait relier Saint-Martin-le-Vinou à Fontaine,
00:55:03 on est sur votre circonscription, Elisa Martin.
00:55:05 L'an dernier, vous souteniez à 100% le collectif qui était opposé à ce projet,
00:55:09 qui avait été pourtant initié par la majorité d'Éric Piolle il y a quelques années.
00:55:14 Vous n'avez pas changé de position ?
00:55:16 Pas du tout. Alors attendez, parce qu'il faut quand même qu'on soit précis.
00:55:18 Parce qu'il y a de mon gabarit.
00:55:19 Le câble dans le projet, dans le PDU, le plan de déplacement urbain,
00:55:24 n'était pas du tout une priorité.
00:55:26 Il venait par exemple après le RER, venait après le développement de bus,
00:55:30 qu'on dit en site propre, c'est-à-dire qu'il n'y a que eux qui passent sur la voie.
00:55:34 Voilà. Là, on a eu un inversement, si je puis dire, des priorités avec le câble.
00:55:38 Avec le câble qui est venu passer avant tous les autres projets,
00:55:43 avec un impact environnemental qui est une réalité,
00:55:46 et finalement très peu de gens desservis.
00:55:48 C'est là où est le problème.
00:55:50 Et le collectif qui s'oppose au câble, qui émane pour beaucoup de Sassnage,
00:55:56 c'est ça qu'ils disent.
00:55:57 Et c'est la raison pour laquelle je les soutiens.
00:55:59 C'est dire "mais non, ce n'est pas ça qui est prioritaire comme projet
00:56:02 si on veut effectivement développer les transports en commun".
00:56:05 Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils ont raison.
00:56:07 De là à penser, mais sans doute parce que j'ai la langue pointue,
00:56:11 mais de là à penser, vous savez qu'on est un peu dans des modèles d'élus
00:56:15 qui veulent avoir, les élus bâtisseurs, vous voyez, qui veulent avoir obtenu...
00:56:18 - Qui veulent avoir leur réalisation.
00:56:19 - Voilà. Peut-être que c'est ça le problème.
00:56:22 En tout cas, sur un plan écologique, ce n'est pas ça la priorité.
00:56:27 - On passe à un autre sujet important dans la vie quotidienne
00:56:31 des habitants de l'agglomération et des Français en général,
00:56:34 c'est le logement. Les demandes de logements sociaux sont en forte augmentation
00:56:38 sur notre agglomération avec une offre qui ne suit pas du tout la même courbe.
00:56:42 La ville de Grenoble a décidé de vendre Grenoble Habitat,
00:56:45 la paille sociale dont elle est l'actionnaire majoritaire.
00:56:48 La filiale Habitat de la Caisse des dépôts et consignations
00:56:52 s'est portée à Kerror pour 37 millions d'euros.
00:56:55 La semaine dernière, la métropole actionnaire minoritaire
00:56:57 a été appelée à se prononcer sur cette vente.
00:57:00 On voit quelques images du conseil métropolitain auquel vous avez assisté.
00:57:03 - Je suis en train de parler.
00:57:05 - Vous êtes là, en train de parler avec Éric Piolle.
00:57:07 Après de longs débats, les élus métropolitains se sont prononcés
00:57:11 nettement contre ce projet, 72 voix contre, 26 pour.
00:57:15 Vous faites partie des 26 qui ont voté ce projet de vente.
00:57:19 Est-ce que c'est par conviction ou par solidarité avec la majorité municipale d'Éric Piolle ?
00:57:24 - Vous savez, ces affaires de logement au niveau de la métropole
00:57:28 ne sont qu'une addition de crève-cœur.
00:57:30 - Bon, de crève-cœur, pourquoi ?
00:57:33 - Parce que d'abord, globalement, le gouvernement attaque très, très frontalement
00:57:39 tous les outils quels qu'ils soient,
00:57:41 qui permettent de développer et de fonder du logement public.
00:57:45 Je ne vous parle évidemment pas d'ACTIS, office public.
00:57:48 C'est les offices publics qui ont été le plus visés et le plus entravés
00:57:53 sur un plan réglementaire et sur un plan financier.
00:57:57 Elle est là, la difficulté.
00:57:59 Et l'autre crève-cœur, si je puis dire, c'est la situation financière de la ville de Grenoble.
00:58:04 Et la situation financière de la ville de Grenoble est le résultat de deux phénomènes.
00:58:09 Un endettement absolument extraordinaire, qui est aussi lié à M. Carignan,
00:58:13 dont on trouve encore traces et traces négatives dans la vie de l'institution de la ville de Grenoble.
00:58:21 - C'était il y a 30 ans quand même.
00:58:22 - Oui, mais il en a tellement emprunté que ça pèse encore.
00:58:27 Et puis évidemment, les tours de vis qui sont données et qui vont continuer à être données
00:58:31 par le gouvernement auprès des collectivités.
00:58:33 Donc la ville de Grenoble, qui en tant qu'île n'exerce pas de compétences,
00:58:37 plus de compétences en matière de logement,
00:58:39 ACTIS, quand je l'ai présidée, était métropolitaine.
00:58:42 Elle n'appartenait plus à la ville de Grenoble.
00:58:44 De toute façon, n'avait plus d'utilité, si je puis dire,
00:58:47 puisque ce n'est plus dans ses prérogatives, ses affaires de logement.
00:58:51 Donc à partir de là, qu'est-ce qu'on fait ?
00:58:53 - C'est la métropole qui a cette compétence sur le territoire.
00:58:57 - Et donc vraisemblablement, la métropole n'était pas prête à se mobiliser
00:59:02 pour effectivement récupérer en plein exercice, si je puis dire, Grenoble Habitat,
00:59:07 avec éventuellement ACTIS qui se faisait un peu sniper dans les coins,
00:59:12 alors que l'office public ne demandait rien, si ce n'est comme je l'ai fait,
00:59:16 continuer à exister.
00:59:19 Donc cette affaire de Grenoble Habitat, c'est que des crèves-cœurs, en fait.
00:59:22 C'est que des crèves-cœurs.
00:59:23 Ce qui va compter demain, c'est que la métropole consacre les budgets,
00:59:29 comme le demande d'ailleurs le vice-président au logement,
00:59:31 consacre les moyens nécessaires au logement, quel que soit l'outil.
00:59:36 C'est ça qu'il va falloir regarder.
00:59:38 Bon, pour l'instant, le compte n'y est pas tout à fait.
00:59:40 On verra demain.
00:59:41 Mais ce qui est certain, c'est que cette affaire-là n'est que des crèves-cœurs,
00:59:44 ce d'autant plus que, soyons honnêtes, cela suscite des tensions au niveau local
00:59:48 qui finissent par effacer la responsabilité gouvernementale.
00:59:52 Et vous savez, comme j'ai la longue pointue,
00:59:54 et du coup, ça m'embête beaucoup qu'on ne remette pas la responsabilité là où elle est,
00:59:59 qui est en train de faire crever le logement public,
01:00:02 c'est M. Macron et tous ses amis, au profit évidemment du logement privé,
01:00:08 qui n'est pas accessible, mais qui permet de faire de la spéculation.
01:00:12 C'est toujours la même histoire.
01:00:14 – Vous évoquiez les difficultés financières de la ville de Grenoble qui sont réelles,
01:00:18 puisque la ville, pour pallier à ces difficultés, a décidé d'augmenter la taxe foncière de 25 %.
01:00:24 – La part communale de la taxe foncière.
01:00:26 – La part communale, effectivement, la taxe foncière.
01:00:28 Je crois qu'il y avait 7 % aussi de la part de l'État qui a augmenté,
01:00:32 ce qui fait plus de 30 % au final pour les propriétaires grenoblois.
01:00:35 Alors, ça avait été voté au printemps dernier, mais c'est effectif depuis quelques jours.
01:00:40 Les propriétaires à Grenoble ont pu voir la différence sur leur avis d'imposition.
01:00:45 Vous assumez cette hausse ou comme d'autres élus de la majorité municipale,
01:00:49 elle vous met mal à l'aise, au point pour certains, de se désolidariser de cette décision ?
01:00:54 – C'est sûr que nous aurions tous préféré, Éric Piolle en tête,
01:00:59 ne pas demander d'une certaine façon, toujours au même, de contribuer.
01:01:03 Je m'explique, ce que je veux dire par là, c'est que la fiscalité locale est très injuste,
01:01:08 parce qu'elle n'est pas appuyée sur ce que possèdent effectivement les gens.
01:01:12 Et que vous pouvez avoir des situations de personnes modestes
01:01:15 qui sont propriétaires de leur logement, par exemple à la Villeneuve,
01:01:18 et qui comme d'autres vont voir augmenter leur taxe foncière.
01:01:23 Donc c'est la raison pour laquelle la décision qui a été prise
01:01:27 par le maire de Grenoble et l'équipe est de mettre en place un dispositif de rattrapage
01:01:33 pour ceux les plus modestes qui vont être concernés par cette augmentation de la taxe foncière,
01:01:39 étant entendu que dans le code des impôts, pour tous, il y a de l'exonération,
01:01:43 bien sûr pour ceux qui ont le moins d'argent, heureusement.
01:01:46 Mais pour ceux qui vont se trouver un peu dans des situations, si je puis dire, intermédiaires,
01:01:50 ils ont inventé un dispositif de rattrapage.
01:01:53 Et le maire de Grenoble demande à la députée que je suis
01:01:56 de porter des amendements qui visent à faire exonérer
01:02:00 une partie plus importante de la population de la taxe foncière dans la part communale,
01:02:06 avec bien sûr une compensation pour les communes.
01:02:09 Donc bien sûr on va porter ça avec beaucoup de cœur et d'ardeur,
01:02:14 mais je crains qu'un certain 49.3 vienne annuler tous nos efforts en cette faveur.
01:02:20 Et on revient à l'affaire de Grenoble Habitat, c'est-à-dire qu'on est dans une situation
01:02:24 où on met toujours les collectivités dans une espèce de pince,
01:02:30 qui crée bien des difficultés, d'ailleurs pour les élus locaux,
01:02:33 et qui peut sans doute aussi expliquer, en dehors du développement
01:02:37 et de la montée de l'extrême droite, qui est une réalité,
01:02:39 c'est aussi ce qui peut expliquer à certains moments que les élus locaux
01:02:43 soient à ce point-là sujets d'agressivité, parce qu'ils sont les seuls à y aller
01:02:51 et à être devant les gens et qu'ils subissent beaucoup, beaucoup,
01:02:54 beaucoup de décisions du gouvernement.
01:02:56 En tout cas cette histoire de dose des impôts locaux a été source de tensions
01:03:00 au sein de votre majorité municipale.
01:03:02 Sept membres de la majorité ont été vincés du groupe au printemps dernier,
01:03:07 des membres qui ont demandé lors du dernier conseil municipal la démission du maire
01:03:12 suite à la condamnation pour favoritisme dans l'affaire de la fête des tuiles.
01:03:17 Est-ce que ça vous a surpris ? Est-ce que c'est normal de demander à un maire
01:03:21 de démissionner à partir du moment où il est condamné ?
01:03:23 Comment vous avez interprété que M. Saloto, qu'on a vu, ou à Akim Sabri,
01:03:27 qu'on siégeait avec vous pendant des années, arrivent à une proposition aussi extrême ?
01:03:33 Moi je ne souhaite pas commenter une décision de justice,
01:03:38 et cette décision de justice-là en particulier.
01:03:41 Le maire a dit qu'il ne ferait pas appel.
01:03:43 D'accord, mais enfin bon, ça vous dit quoi ? Une amende avec sursis ?
01:03:47 Non, je ne peux pas aller plus loin. Je ne peux pas aller plus loin.
01:03:50 Parce que c'est très très très très interrogeant.
01:03:53 Après, ma foi, les élus sont libres de dire ce qu'ils veulent,
01:03:58 de revendiquer ce qu'ils veulent, d'exprimer les opinions qu'ils souhaitent.
01:04:01 C'est ce qu'ils ont fait. Moi je n'ai rien à dire là-dessus.
01:04:05 Dans un peu plus de deux ans, Grenoble aura un nouveau maire, quoi qu'il arrive,
01:04:09 puisque l'Égyptien ne se représentera pas.
01:04:11 Il y a déjà un des candidats qui se profile dans vos rangs.
01:04:14 C'est un projet qui peut vous intéresser ?
01:04:16 Alors, dis donc, du début de l'émission, les sénatoriales,
01:04:19 on va vraiment sur les sujets qui ne sont pas forcément...
01:04:21 C'est la dernière question. C'est pour ça que j'en profite.
01:04:25 On ne sait jamais si je peux avoir un scoop.
01:04:27 Vous avez vu, je suis vache quand même un peu. On verra bien.
01:04:30 Ce n'est pas ça le sujet. Ce qui importe, c'est que ce qu'on a réussi à initier
01:04:36 dans ce mandat ou dans ces deux mandats, c'est-à-dire une ville qui a quand même
01:04:43 changé assez profondément dans son rapport à la nature, dans le fait de repousser
01:04:48 quand même la voiture à ce point-là du cœur urbain, une vision de la culture
01:04:54 qui est quand même différente, qui fait sa place à la culture populaire
01:04:58 en particulier, donc que tout ça puisse perdurer.
01:05:02 Alors évidemment, d'une façon nouvelle, différente, parce que les individus,
01:05:06 incontestablement, seront différents. Que 2014 est une époque et que 2026
01:05:12 en sera à coup sûr une autre. Mais bon, c'est ça qui compte, qu'on reste rassemblés
01:05:18 autour d'un projet. C'est la même chose que la nupe.
01:05:21 - Pour finir cette émission, Elisa Martin, parce qu'on a beaucoup parlé,
01:05:24 on a même dépassé l'horaire à partie, je vais vous demander de poser une question
01:05:28 à notre prochaine invitée qui sera Guillaume Conta.
01:05:30 On en a parlé au début de ce QG politique, le sénateur de gauche,
01:05:34 le seul en Isère. Il est là, derrière la caméra. Je vous laisse lui poser
01:05:38 la question que vous souhaitez.
01:05:39 - Très bien. Eh bien, mon cher Guillaume, ce qui m'interroge et me préoccupe,
01:05:44 c'est comment vas-tu œuvrer ? Peut-être d'ailleurs toujours en tant que président
01:05:50 du groupe au Sénat, comment comptes-tu œuvrer pour faire perdurer la nupe
01:05:57 qui a levé de grands espoirs et permis à 151 membres de l'Assemblée nationale
01:06:04 d'être effectivement élus et de défendre notre programme partagé,
01:06:08 y compris pour les Européennes, qui est le programme de la nupe.
01:06:11 Voilà, merci.
01:06:12 - Eh bien, merci à vous. Elisa Martin, Guillaume Conta, vous répondra.
01:06:17 Et merci à vous. Mes questions sur le week-end du 20 octobre dans le QG politique.
01:06:23 - Merci.
01:06:24 (Générique)

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