LE QG POLITIQUE - 28/04/23 - Avec Jérémie Iordanoff

  • l’année dernière
Il s'était illustré en début de mandat en étant le seul député de la Nupes à ne pas voter une motion de censure contre le gouvernement, Jérémie Iordanoff, député écologiste de la 5ème circonscription de l'Isère, commente l'actualité politique de la semaine.

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00:00:00 (Générique)
00:00:18 Bonjour à tous. Bienvenue dans le QG, l'émission politique de Télé-Grenoble.
00:00:23 Chaque semaine, tête à tête de 45 minutes avec un élu du territoire
00:00:27 dont les décisions peuvent impacter directement notre vie quotidienne.
00:00:30 Aujourd'hui, je reçois Jérémy Jordanoff. Bonjour.
00:00:32 Bonjour.
00:00:33 Bienvenue. Vous êtes le nouveau député de la 5e circonscription de l'Iser.
00:00:37 Vous avez été élu en juin dernier sous l'étiquette d'Europe Ecologie-Les Verts.
00:00:42 La 5e circonscription de l'Iser, c'est déjà un découpage géographique un peu particulier.
00:00:48 Pas facile à comprendre.
00:00:50 Ce n'est pas facile à comprendre. Ça ne correspond à rien au niveau du territoire, effectivement.
00:00:54 On a le Grésivaudan, on a la Chartreuse, on a la Valdene.
00:00:58 Ce sont des territoires qui ont des problématiques très différentes.
00:01:02 Mais c'est un territoire qui est magnifique.
00:01:05 Alors, la voie à cette 5e circonscription qui a une forme un peu bizarre,
00:01:10 qui vient aussi flirter avec l'agglomération grenobloise.
00:01:13 Saint-Egreve, Saint-Martin-le-Vidou, notamment, font partie de cette circonscription.
00:01:16 Et puis, il y a les stations de ski de Beldone et de la Chartreuse également sur ce territoire.
00:01:22 - Tout à fait.
00:01:24 - Vous arrivez à vous y retrouver aujourd'hui dans cette géographie ?
00:01:27 - Oui, oui, oui. Tout à fait. Je vais un peu partout.
00:01:30 Et c'est vraiment un territoire qui est très beau.
00:01:33 Et je découvre beaucoup d'endroits magnifiques.
00:01:36 - Ce n'est pas le plus simple pour se déplacer en transport en commun, en tout cas sur un territoire comme celui-là.
00:01:40 - Non.
00:01:42 - C'est une région, l'Iser, que vous connaissez bien.
00:01:47 Je crois que vous avez grandi dans le département.
00:01:50 - Oui. J'ai grandi à Saint-Martin-du-Riage, sur la circonscription.
00:01:54 Et puis c'est vrai que j'ai pas mal déménagé, voyagé à partir de l'adolescence.
00:01:59 Et je suis revenu assez tard dans la région. Je suis revenu en 2020.
00:02:04 - Et depuis, vous avez pris ce nouveau poste de député qui doit changer un petit peu une vie.
00:02:08 On va y revenir parce qu'effectivement, c'est votre premier mandat d'élu.
00:02:13 Vous n'aviez pas de responsabilité dans d'autres structures.
00:02:15 - Tout à fait. Je n'ai jamais été élu local ou quoi que ce soit.
00:02:18 Ça fait longtemps que je fais de la politique.
00:02:20 Depuis mes années lycée, j'étais engagé déjà dans des mouvements de jeunesse, de l'écologie politique.
00:02:27 Et puis j'ai un petit peu monté les échelons dans mon parti, chez Europe Écologie Les Verts.
00:02:32 Les Verts au départ, j'ai pris des responsabilités.
00:02:36 J'ai fait la campagne de Jean-Louis Roumégas dans l'EHRO en 2017.
00:02:42 Et donc j'ai été quand même son attaché parlementaire derrière.
00:02:46 Donc voilà, je connais un petit peu le fonctionnement.
00:02:48 Et puis après, j'ai été élu secrétaire national adjoint d'Europe Écologie Les Verts en 2019.
00:02:56 Je suis dans la politique depuis un moment, mais je n'étais jamais passé par la case élu.
00:03:02 - C'était une surprise, votre élection.
00:03:05 On peut se présenter à une élection en se disant, voilà, je porte les couleurs de mon parti,
00:03:09 mais je ne me projette pas plus loin.
00:03:11 Ça a été le score le plus serré de l'ISER.
00:03:13 Vous avez eu à peu près d'écart avec la candidate qui représentait les couleurs d'Emmanuel Macron.
00:03:19 - Ce n'était pas la circonscription la plus simple. Je vous l'accorde.
00:03:24 Je m'étais préparé aux deux hypothèses.
00:03:26 Ça fait longtemps que la politique nationale m'intéresse et donc le mandat de député m'intéresse depuis longtemps.
00:03:32 Je n'avais pas nécessairement prévu de le gagner cette fois-ci.
00:03:35 Je savais que c'était un territoire qui était très compliqué, qui était très favorable à Emmanuel Macron.
00:03:39 On l'avait vu sur l'élection présidentielle.
00:03:43 Ce n'était pas la campagne la plus évidente.
00:03:45 C'est passé de justesse, mais c'est passé.
00:03:48 - Vous avez 40 ans.
00:03:49 Avant d'être député, vous avez dit que vous aviez des responsabilités au sein de Repékiologie-Lévers
00:03:55 et vous aviez aussi une activité un peu atypique, en tout cas dans le monde des élus.
00:03:59 Vous étiez artiste peintre.
00:04:01 J'imagine que ça ne se perd pas comme ça du jour au lendemain.
00:04:05 - Non, mais c'est vrai que je n'ai plus d'atelier.
00:04:07 Je n'ai plus le temps de peindre, évidemment.
00:04:10 Mais je suis artiste peintre et je poursuis ça depuis 20 ans maintenant.
00:04:17 Ça reste une passion et j'y reviendrai certainement quand il y aura une dissolution ou autre.
00:04:23 - Il y a un site Internet où on peut voir vos œuvres.
00:04:26 J'en ai sélectionné quelques-unes.
00:04:28 C'est de la peinture abstraite.
00:04:31 Je n'ai pas trouvé de vert.
00:04:32 Vous n'aimez pas le vert pour peindre ?
00:04:34 - Le vert est une couleur très compliquée en peinture.
00:04:38 - Est-ce qu'elle est aussi en politique ?
00:04:40 - Elle est assez instable. Elle est aussi en politique.
00:04:42 Vous avez raison.
00:04:44 - Donc voilà, pour la petite touche culturelle.
00:04:48 Chez les verts, il y a plusieurs tendances, pas plusieurs couleurs, mais en tout cas plusieurs tendances.
00:04:55 Sandrine Rousseau à gauche, Éric Piolle au milieu et puis Yannick Jadot à droite
00:05:00 pour caricaturer un petit peu.
00:05:02 Je serais d'accord avec ce positionnement-là.
00:05:04 Mais vous, vous vous situez comment sur cet échiquier au sein de l'Europe Écologie, les verts ?
00:05:08 - Je ne me situe pas comme ça.
00:05:11 Chez les écologistes, je pense qu'il y a une différence par rapport aux autres parties sur l'échiquier politique français.
00:05:19 C'est que sur le programme, on est vraiment tous d'accord.
00:05:23 Si vous regardez, y compris dans la primaire, il n'y a pas tellement de discussion sur des orientations politiques différentes.
00:05:30 Il y a parfois des orientations sur le style ou sur la stratégie d'alliance ou pas.
00:05:36 Ça, ça fait beaucoup de débat chez nous.
00:05:39 Sur le programme, on est d'accord.
00:05:42 Il y a une très grande cohérence sur le fond.
00:05:45 Et à chaque congrès, les cartes sont rebattues.
00:05:49 Donc je ne me situe pas par rapport à des figures.
00:05:54 Moi, j'estime, si vous voulez, qu'aujourd'hui, l'écologie politique doit arriver au pouvoir.
00:06:00 Et donc, je pense qu'il faut qu'on aille vers...
00:06:05 Ce n'est pas évident, mais il faut se saisir de l'ensemble des sujets, être extrêmement sérieux sur l'ensemble des sujets et se mettre en capacité de gouverner.
00:06:16 On y arrive sur des exécutifs locaux.
00:06:19 Déjà, on a beaucoup progressé.
00:06:21 Les régionales nous ont fait beaucoup progresser.
00:06:22 Les dernières municipales aussi.
00:06:24 Je crois que l'étape suivante, vraiment, c'est l'échelle nationale.
00:06:27 Jusqu'à maintenant, ça a été compliqué pour les écologistes.
00:06:29 Je pense que c'est le moment de préparer 2027.
00:06:32 Il y a une nouvelle direction au sein d'Europe Écologie Les Verts depuis quelques semaines.
00:06:37 Elle a été soutenue notamment par Éric Piolle.
00:06:39 C'est Marine Tondelier.
00:06:40 Vous avez voté pour elle, vous, sur cette élection interne ?
00:06:43 Je ne vous dirai pas pour qui j'ai voté.
00:06:44 C'est secret, les votes ?
00:06:46 Alors, les votes sont secrets.
00:06:48 Une fois n'est pas coutume.
00:06:49 Je n'ai pas signé de motion.
00:06:52 Vous ne souteniez officiellement personne ?
00:06:53 Je n'ai soutenu personne, officiellement, ni officieusement.
00:06:56 Je me suis mis à l'écart de ce congrès.
00:06:58 Pourquoi ?
00:07:00 Disons que les lignes de clivage n'étaient pas forcément celles sur lesquelles je me suis retrouvé.
00:07:06 Et puis, j'ai été beaucoup pris par mon mandat de parlementaire.
00:07:09 À partir du moment où j'ai été élu, ça m'a pris beaucoup de temps.
00:07:12 Et c'est vrai que la préparation du congrès, c'est quelque chose qui prend du temps.
00:07:15 C'est une bataille interne.
00:07:17 Je n'ai pas voulu me lancer là-dedans.
00:07:19 C'était le début de mon mandat.
00:07:20 Je me suis dit, je n'ai rien à jouer, moi, sur ce congrès-là.
00:07:24 D'autres l'ont fait très bien.
00:07:27 Je soutiens évidemment la direction.
00:07:29 Vous avez toujours votre poste de secrétaire adjoint ?
00:07:33 Non, j'ai démissionné assez vite, au mois de juillet, dès que j'ai été élu,
00:07:38 enfin, le lendemain de l'élection,
00:07:41 considérant que je n'avais plus le temps de faire correctement les deux fonctions.
00:07:48 Un mandat interne dans un parti politique, c'est très chronophage.
00:07:52 Et l'installation d'un mandat de député, c'est aussi très chronophage.
00:07:56 Donc les deux ensemble, c'est compliqué.
00:07:57 Voilà, il faut faire des choix.
00:07:59 Je disais que Marine Tendelier, elle, avait été soutenue officiellement par Éric Piolle.
00:08:03 C'est le leader d'Europe Écologie-Les Verts dans la région,
00:08:06 en tout cas par le biais de ses mandats d'élu.
00:08:10 Et la relation que vous entretenez avec le maire de Grenoble ?
00:08:13 Écoutez, on se voit régulièrement. J'ai une relation cordiale.
00:08:16 Après, politiquement, on n'a pas de sujet.
00:08:18 Je me mêle assez peu, si vous voulez, de la politique locale et de la politique grenobloise,
00:08:23 parce que j'ai aussi un passé militant qui était ailleurs.
00:08:26 Et quand je suis arrivé là, je me suis beaucoup impliqué sur les sujets nationaux.
00:08:30 Voilà, je n'ai pas fait les municipales.
00:08:33 Donc voilà, on a des agendas qui ne se recoupent pas forcément.
00:08:37 Qu'est-ce que vous pensez de son destin national ?
00:08:38 Parce que lui s'occupe aussi de la politique nationale.
00:08:40 Il était candidat à l'élection présidentielle, en tout cas à la primaire.
00:08:44 On ne cache pas ses ambitions pour la suite, une fois qu'il ne sera plus maire de Grenoble,
00:08:49 puisqu'il l'a annoncé.
00:08:50 Vous pensez que c'est quelqu'un au sein de votre parti qui a le campus pour…
00:08:55 C'est une des figures du parti, incontestablement.
00:08:58 Il a joué la primaire.
00:09:00 Maintenant, il y en a d'autres.
00:09:02 Et voilà, vous me poserez la question.
00:09:04 Je ne sais pas quel destin il se voit.
00:09:08 Vous lui poserez la question.
00:09:09 On lui pose souvent la question.
00:09:12 Mais pour avoir un destin national, il faut aussi avoir un soutien, on va dire, du parti.
00:09:16 Moi, j'avais plutôt soutenu Yannick Jadot pendant la primaire.
00:09:19 Mais voilà, après moi, comme je vous dis, la reconfiguration politique se fait en fonction des élections.
00:09:25 Il n'y a pas d'écurie qui reste forcément dans le temps, dans ce parti.
00:09:33 Les séquences sont différentes.
00:09:35 Là, on va sur la séquence des européennes.
00:09:37 Yannick Jadot n'est plus dans le jeu.
00:09:38 Les choses vont s'organiser différemment.
00:09:41 Voilà.
00:09:43 Alors, vous l'avez dit, le mandat de député, ça bouleverse un peu l'organisation de vie.
00:09:50 On n'a plus le temps de peindre.
00:09:51 On démissionne de ses fonctions au sein d'Europe Écologie-Les Verts.
00:09:55 Vous avez fait votre rentrée à l'Assemblée nationale, comme tout le monde,
00:09:59 à la fin du mois de juin dernier.
00:10:03 Quels souvenirs vous avez de cette première, même si vous étiez attaché parlementaire,
00:10:07 donc vous connaissiez les lieux, mais cette première entrée à l'Assemblée nationale en tant que député ?
00:10:12 Alors, moi, j'avais été attaché parlementaire en circonscription,
00:10:14 donc je n'étais pas trop à Paris.
00:10:17 Moi, ce qui m'a frappé quand je suis arrivé dans le Palais-Bourbon,
00:10:22 c'est dans l'hémicycle, c'est la solennité du lieu.
00:10:29 C'est assez impressionnant.
00:10:34 Que vous diriez ?
00:10:35 C'est extrêmement compliqué.
00:10:36 Il y a beaucoup de monde.
00:10:38 Le fonctionnement de l'Assemblée en lui-même est compliqué,
00:10:40 donc il y a un temps d'adaptation.
00:10:43 Et puis, quand on est arrivé, on n'avait pas encore les bureaux, on n'avait pas d'équipe.
00:10:46 Voilà.
00:10:47 Tout est arrivé.
00:10:48 C'est un peu du bricolage.
00:10:49 Et puis, les premières séances en commission dans l'hémicycle,
00:10:52 de ce que j'ai retenu, c'est quand même une ferveur,
00:10:59 beaucoup de passion dans ce théâtre.
00:11:02 C'est particulier.
00:11:06 Moi, j'aime bien.
00:11:07 On vous voit là-hors de votre première intervention.
00:11:11 C'était tout début juillet à la tribu.
00:11:14 J'imagine que c'est un moment un peu impressionnant, la première fois.
00:11:16 Oui, c'est impressionnant de monter là sur les marches au pupitre.
00:11:26 C'est encore plus impressionnant de prendre la parole quand on est en réalité dans les gradins.
00:11:30 Lors d'une question au gouvernement, par exemple,
00:11:32 quand l'hémicycle est plein et qu'on est sur un sujet un peu polémique,
00:11:35 là, quand c'est un discours qui est préparé, on ne prend pas beaucoup de risques.
00:11:39 Il y a de l'émotion, mais voilà, on y arrive.
00:11:45 Et petit à petit, ça devient quelque chose de courant et on fait moins attention.
00:11:50 C'est moins le problème.
00:11:53 Vous avez choisi de siéger la commission des lois puisque chaque député doit choisir une commission.
00:11:58 Certains, d'ailleurs, n'ont pas le choix qu'ils souhaitaient.
00:12:01 C'était votre volonté d'être dans cette commission ?
00:12:03 Absolument. La commission des lois, c'est une des plus demandées.
00:12:06 Donc, ça a été une petite bataille.
00:12:08 Je n'ai pas eu nécessairement trois batailles pour l'avoir,
00:12:10 mais c'était vraiment ça que je voulais.
00:12:14 Pour notamment une raison, c'est que dans cette commission,
00:12:17 on discute tout ce qui est loi constitutionnelle.
00:12:20 Et je suis assez persuadé que dans ce mandat, il va y avoir des sujets de constitution,
00:12:25 de loi constitutionnelle ou même non, des lois ordinaires,
00:12:31 pas la proportionnelle par exemple, qui vont être fondamentales pour la suite.
00:12:35 Et donc, je voulais être dans cette commission pour discuter de ça.
00:12:38 Vous vous êtes illustré très vite après votre entrée à l'Assemblée nationale,
00:12:41 gérée M. Jordanoff, en refusant de voter la motion de censure
00:12:44 déposée par votre groupe sur le vote du budget à l'automne dernier.
00:12:47 Vous étiez le seul député de gauche à ne pas avoir voté cette motion de censure,
00:12:52 ce qui a généré pas mal d'incompréhension parmi vos collègues.
00:12:56 Pourquoi ce choix ? Vous regrettez aujourd'hui ?
00:12:59 Non, je ne regrette pas du tout.
00:13:01 D'abord, j'ai voté la première motion de censure, au mois de juillet.
00:13:05 Et j'avais signé la motion de censure dont vous parlez au moment du budget.
00:13:13 La première, parce qu'en fait, à chaque 49.3, il y a eu des motions de censure.
00:13:16 C'était la première. On avait, si vous voulez, il y a tout un débat.
00:13:22 On y reviendra, j'espère, sur la question du 49.3 et des motions de censure.
00:13:26 Mais cette motion de censure, c'était un outil pour dire notre position,
00:13:31 parce qu'on était privés d'un vote.
00:13:35 Ce n'était pas forcément, en tout cas pas pour tout le monde,
00:13:37 l'idée à ce moment-là de renverser le gouvernement.
00:13:39 Et le Rassemblement national avait posé sa motion de censure.
00:13:42 Nous, on avait posé la nôtre, au niveau de la NUPES.
00:13:45 Et chacun devait voter la sienne.
00:13:48 Dans l'hémicycle, pendant le débat, Marine Le Pen prend la parole et déclare,
00:13:54 il y avait eu un petit peu de débat avant, mais on ne savait pas,
00:13:57 ils étaient revenus sur leur position, elle déclare qu'elle va voter notre motion de censure.
00:14:01 Et à ce moment-là, je me suis dit que, si vous voulez, ce qu'on allait retenir de ça,
00:14:07 il n'y avait aucune chance que le gouvernement tombe.
00:14:09 Ce n'est pas du tout comme la dernière motion de censure que j'ai votée,
00:14:11 on y reviendra peut-être.
00:14:13 À ce moment-là, il n'y avait aucun risque, aucune chance qu'elle tombe.
00:14:16 Donc moi, ce que je me suis dit, c'est quoi le signal derrière ?
00:14:19 Et je ne voulais pas, sur un texte fondamental comme ça,
00:14:21 c'est-à-dire une vision politique, une vision de la politique générale,
00:14:24 mêler mes voix à celles du Rassemblement national.
00:14:27 – Le signal n'a pas été forcément très bien compris dans votre camp ?
00:14:30 – Dans mon groupe, il n'y a pas eu de difficulté,
00:14:32 parce qu'on a eu un petit débat avant le vote, etc.
00:14:35 Au niveau local, j'ai dû faire un peu d'explications de texte avec les militants,
00:14:39 c'est normal, c'est normal que ça crée un peu d'incompréhension.
00:14:43 Voilà, mais il n'y a pas de... aucun drame.
00:14:47 – Bon, c'était quand même une particularité...
00:14:50 – Ça arrive.
00:14:51 – À l'époque, vous avez effectivement voté la dernière mention de censure,
00:14:55 avec, là pour le coup, les voix du Rassemblement national.
00:14:59 – Oui, alors je considère que là, on est dans une séquence qui est tout à fait différente,
00:15:04 parce que la question fondamentale, c'est est-ce que le gouvernement doit tomber ?
00:15:10 Pas. Et à quel prix ?
00:15:12 – Et là, on a besoin du RN ?
00:15:13 – Alors, ce n'est pas qu'on a besoin.
00:15:15 En fait, s'ils ne veulent pas, nous, on n'est pas allé les chercher,
00:15:17 on n'a pas signé le texte avec eux, et les considérants du texte ne leur conviennent pas en réalité.
00:15:22 Donc on ne va pas les chercher.
00:15:23 Par contre, on fait ce qu'on pense juste de faire,
00:15:26 c'est-à-dire que là, il faut faire tomber le gouvernement.
00:15:28 C'est une motion qui a été d'ailleurs conduite par l'IOT,
00:15:30 Liberté, Indépendance Outre-mer et Territoire,
00:15:35 qui regroupe des élus venant de la droite, venant du centre, de la gauche, enfin voilà.
00:15:40 On ne regarde pas forcément le programme des uns et des autres.
00:15:44 C'est un problème dans notre Constitution.
00:15:46 Moi, je suis plutôt favorable à la motion de censure constructive,
00:15:49 comme ça se passe en Allemagne, c'est-à-dire qu'on fait tomber le gouvernement
00:15:51 quand on a un gouvernement alternatif.
00:15:53 Sauf que là, on a un président de la République qui est irresponsable,
00:15:57 au sens juridique du terme, c'est-à-dire qu'il prend des positions
00:16:00 et il n'a pas de contre-pouvoir.
00:16:02 L'Assemblée nationale ne peut pas faire tomber le président de la République.
00:16:04 Et le président de la République a décidé de faire le 49-3,
00:16:08 alors que tout le monde lui disait de ne pas le faire, y compris dans sa majorité.
00:16:11 Il y a pour moi un acte d'une très grande brutalité
00:16:16 et on ne peut pas laisser ça sans réagir.
00:16:20 Et donc pour moi, la solution la plus simple, c'est de faire tomber le gouvernement
00:16:24 pour envoyer le signal au président de la République
00:16:26 qu'on ne peut pas gouverner de cette façon-là.
00:16:28 Alors on y reviendra sur le 49-3.
00:16:31 Pour finir sur le Rassemblement national, qui a fait son entrée en force en juin dernier
00:16:36 à l'Assemblée avec pratiquement 90 députés,
00:16:40 ça pose problème à certains au sein de la NUPES.
00:16:43 Il y en a qui ne se sont pas cachés, qui ne saluaient pas par exemple
00:16:45 les députés du RN quand ils les croisaient dans l'hémicycle.
00:16:48 Quelle est votre position, vous, Jérémie Jordanoff ?
00:16:51 Je n'ai pas d'échange avec eux.
00:16:53 Mais si vous les croisez par hasard, parce que c'est un amphi de fac presque, l'Assemblée.
00:17:00 Non, mais on ne se croise pas beaucoup en réalité à l'Assemblée.
00:17:04 Enfin moi, je n'ai pas tellement d'espace où je les croise.
00:17:07 Même si la commission, ça ne soit pas au même endroit.
00:17:10 On ne se parle pas tellement.
00:17:11 Après, on est des êtres humains, on se dit bonjour.
00:17:13 Enfin, je suis poli, courtois.
00:17:16 Le problème, il est sur le fond politique.
00:17:18 Ce n'est pas une question de personne.
00:17:20 En tout cas, le RN fait aujourd'hui partie du jeu politique.
00:17:23 Et j'ai envie de dire, il est même au centre du jeu ces derniers mois.
00:17:27 Marine Le Pen est en tête des sondages pour la prochaine élection présidentielle.
00:17:32 Elle était en Isère il y a quelques jours, samedi, sur la foire de Beaucroissant.
00:17:36 Elle est venue s'offrir un bain de foule qui était loin de ressembler à ce que connaissent
00:17:40 les ministres macronistes en ce moment quand ils se déplacent.
00:17:43 On voit d'ailleurs derrière elle Alexis Joly, qui est votre collègue député de l'Isère,
00:17:47 un petit peu plus au nord que votre circonscription.
00:17:50 Aujourd'hui, Marine Le Pen président, ce n'est plus du tout une vue de l'esprit.
00:17:55 C'est une réalité qui pourrait bien se concrétiser dans quatre ans ?
00:17:59 C'est une possibilité.
00:18:01 Je crois en réalité que c'était déjà une possibilité la dernière fois.
00:18:04 Ça l'est d'autant plus que le front républicain est tombé.
00:18:10 Et je le regrette profondément.
00:18:12 Et je pense qu'Emmanuel Macron a une grande part de responsabilité dans ce fait-là.
00:18:17 La France insoumise n'a pas non plus été très moteur sur ce front républicain
00:18:22 aux dernières présidentielles.
00:18:24 Je pense qu'alors, la séquence que vous venez de montrer doit nous alerter sur une chose.
00:18:28 C'est qu'aujourd'hui, le danger en France, c'est que le Rassemblement national arrive au pouvoir.
00:18:33 Le reste, c'est des aléas de la vie. C'est rien.
00:18:40 Si demain, Marine Le Pen arrive au pouvoir, la France qu'on connaît aujourd'hui,
00:18:44 les libertés publiques, etc., ça n'aura rien à voir.
00:18:46 Et avec les outils de la Ve République, de la Constitution comme elle est aujourd'hui,
00:18:50 elle a un pouvoir qui est extraordinaire.
00:18:52 Le fait principal, c'est ça.
00:18:56 Emmanuel Macron, pourquoi je dis qu'il a une responsabilité ?
00:18:59 Moi, j'ai appelé à voter pour lui au soir du premier tour de la présidentielle
00:19:04 parce que je considérais que face au Rassemblement national,
00:19:07 qui menace l'État de droit, qui menace les libertés publiques,
00:19:11 qui a une vision conflictuelle de la société,
00:19:16 qui n'aime pas les étrangers, qui n'aime pas les autres, etc.,
00:19:19 je pense qu'on a un devoir de préserver ce qui fait la République française
00:19:25 et les valeurs humanistes, etc.
00:19:29 Et pendant la campagne législative, Emmanuel Macron a tapé sur la gauche.
00:19:33 Et ça, ça n'est pas responsable.
00:19:35 Et ensuite, à l'Assemblée nationale, je suis désolé, il manque de clarté.
00:19:40 Les élus de la majorité manquent parfois de clarté avec le Rassemblement national.
00:19:44 Il y a eu récemment un amendement qui a été co-signé
00:19:46 par un groupe de la majorité avec le Rassemblement national.
00:19:49 Il faut faire attention, ça n'est pas possible.
00:19:51 On ne peut pas dire que le Rassemblement national est un parti comme les autres.
00:19:54 Les valeurs, on assume.
00:19:55 Et à ce moment-là, il n'y a plus de barrage républicain.
00:19:57 Mais il ne faudra pas demander aux électeurs la prochaine fois de faire barrage.
00:20:00 Et donc, effectivement, Marine Le Pen a un risque.
00:20:03 Elle a, dans un deuxième tour aujourd'hui,
00:20:07 ça va être plus compliqué de demander le barrage.
00:20:10 Puisqu'en face, quand vous êtes élu sur un barrage, vous ne le respectez pas, ce mandat-là.
00:20:16 Et sur la question des retraites, on voit aussi qu'elle monte beaucoup
00:20:19 depuis la séquence des retraites.
00:20:21 Mais qu'est-ce que ça montre ?
00:20:22 Emmanuel Macron, il est élu au deuxième tour face au Rassemblement national.
00:20:26 Il n'a pas de majorité sur son programme.
00:20:29 Il a été élu, il a sa légitimité, il est président de la République, très bien.
00:20:32 Derrière, il y a les élections législatives.
00:20:34 Ce n'est pas rien, les élections législatives.
00:20:36 C'est le bras armé.
00:20:39 Ce n'est pas le bras armé, c'est l'expression de la volonté générale,
00:20:42 c'est l'Assemblée nationale.
00:20:44 Et donc, le gouvernement qui doit gouverner,
00:20:46 il doit avoir une majorité à l'Assemblée nationale.
00:20:48 Et Emmanuel Macron n'a pas eu de majorité à l'Assemblée nationale.
00:20:51 C'est un fait politique majeur.
00:20:52 C'est la première fois dans la Ve République
00:20:54 qu'après une élection présidentielle, juste après la présidentielle,
00:20:57 on lui refuse une majorité.
00:21:00 Le gouvernement Borne a refusé d'engager sa responsabilité devant l'Assemblée nationale.
00:21:03 Contrairement à ce qu'il y engage, l'article 49-1.
00:21:07 La lignée 1 de l'article 49, pardon.
00:21:11 Et ça veut dire qu'il n'a pas de majorité sur son programme.
00:21:15 Ça veut dire que sur la question des retraites, il n'a pas de majorité.
00:21:18 Donc, il gouverne sans majorité.
00:21:22 Il passe en force.
00:21:26 Après, on ne pourra pas se plaindre si vous voulez.
00:21:29 Ce n'est pas son mandat.
00:21:30 Le mandat qu'il a reçu, à mon avis,
00:21:32 c'est de faire barrage à l'extrême droite,
00:21:34 de garantir les institutions, d'être un arbitre,
00:21:37 d'être en-dessus de la mêlée,
00:21:38 d'être quelqu'un qui rassemble les Français,
00:21:41 qui est garant des institutions, des traités nationaux.
00:21:45 C'est l'article 5 de la Constitution.
00:21:46 Ce n'est pas très compliqué.
00:21:47 C'est en ligne.
00:21:48 Il relie l'article 5.
00:21:49 Et moi, ça me va très bien.
00:21:50 Et il laisse le gouvernement gouverner.
00:21:52 Il demande au Premier ministre d'engager sa responsabilité
00:21:54 devant l'Assemblée nationale.
00:21:55 Et tout ira bien.
00:21:56 – Alors, il n'y a effectivement pas de majorité absolue,
00:21:59 mais il a des outils qui lui permettent quand même
00:22:02 de réformer le pays.
00:22:05 C'est le fameux 49-3 dont vous avez parlé.
00:22:09 Vous avez d'ailleurs déposé une pétition pour supprimer ce 49-3
00:22:14 qui fait partie de la Constitution,
00:22:15 qui est aujourd'hui un outil qui peut être décrié,
00:22:17 mais qui existe et qui est légal, qui n'est pas sorti du chapeau.
00:22:22 – C'est légal.
00:22:23 C'est tout à fait légal.
00:22:24 J'ai d'abord déposé une proposition de loi pour le supprimer
00:22:27 et obligé, ça c'est l'article 49 alinéa 1,
00:22:30 obligé le Premier ministre à engager sa responsabilité
00:22:32 devant l'Assemblée nationale.
00:22:36 Et j'ai lancé une pétition en même temps,
00:22:38 qui a reculé en deux semaines 200 000 signataires.
00:22:42 Et puis surtout on voit dans les manifestations aujourd'hui,
00:22:44 ce débat de la Constitution, il est sorti du débat des constitutionnalistes.
00:22:47 Tout le monde s'en est emparé.
00:22:50 Je pense qu'il faut mesurer ça, c'est quand même une première.
00:22:53 Ça fait longtemps qu'on dit que la Ve République est déséquilibrée,
00:22:57 qu'il y a trop de pouvoirs pour l'exécutif, que ça va pas.
00:22:59 Là, je pense que ce débat-là, il est sorti d'un petit cercle.
00:23:03 Tout le monde s'en empare.
00:23:05 C'est très bien, maintenant il faut vraiment agir
00:23:08 pour que ça ne reste pas comme ça.
00:23:10 Si on reste avec un pouvoir exécutif qui est très fort,
00:23:13 qui peut passer en force par-dessus l'Assemblée nationale,
00:23:15 par-dessus la majorité de l'Assemblée nationale,
00:23:17 c'est quand même extraordinaire.
00:23:19 C'est le seul pays en Europe qui est comme ça.
00:23:23 Et si on ne prend pas en compte ce qui se passe dans la rue,
00:23:27 je pense qu'on va vers un pouvoir autoritaire.
00:23:32 C'est parce que je souhaite, je pense qu'il faut réformer les institutions d'urgence.
00:23:36 – Alors c'est un point commun que vous avez avec Emmanuel Macron,
00:23:38 puisque c'est un des dossiers qu'il a mis sur la table ces derniers jours.
00:23:43 Alors vous n'avez peut-être pas forcément, par contre,
00:23:46 les mêmes options que lui sur cette réforme.
00:23:48 Sur quel point, par exemple, vous aimeriez voir évoluer ces institutions ?
00:23:53 – Alors, sur la proportionnelle, par exemple,
00:23:56 il est favorable à une dose de proportionnelle.
00:23:59 Moi, je suis favorable à une proportionnelle intégrale.
00:24:02 Une dose de proportionnelle, ça ne résout pas le problème
00:24:05 du scrutin majoritaire à deux tours.
00:24:06 Et aujourd'hui, on voit la difficulté.
00:24:09 Il y a des groupes qui sont surreprésentés.
00:24:11 On n'a pas une logique de coalition après l'élection et ça crée des blocages.
00:24:18 Il y a beaucoup de Français qui ne se sentent pas représentés
00:24:21 et donc qui ne vont plus aux urnes.
00:24:23 Je pense que l'abstention, c'est un des effets du scrutin majoritaire à deux tours.
00:24:28 Et donc, il faut y aller franchement.
00:24:30 Et l'autre avantage d'un scrutin proportionnel intégral,
00:24:33 c'est d'avoir la parité à l'Assemblée nationale,
00:24:35 ce qui n'est pas un petit sujet.
00:24:37 Mais la dernière fois que la proportionnelle a été appliquée
00:24:39 pour les élections législatives, c'est la première fois que l'extrême droite
00:24:42 est rentrée en force au Parlement.
00:24:44 C'était dans les années 80.
00:24:46 Là, il y aurait sûrement les mêmes conséquences.
00:24:49 Ça deviendrait peut-être le premier groupe.
00:24:51 Ce n'est un peu pas paradoxal avec le fait que la priorité,
00:24:53 c'est de lutter contre eux.
00:24:55 Est-ce que vous pensez que le scrutin majoritaire à deux tours,
00:24:58 aujourd'hui, empêche Marine Le Pen,
00:25:00 si elle est élue présidente de la République,
00:25:01 d'avoir une majorité absolue à l'Assemblée nationale ?
00:25:04 Moi, je ne le crois pas un instant.
00:25:06 Je pense que si elle est élue présidente de la République,
00:25:08 elle a une majorité à l'Assemblée nationale.
00:25:11 Et qu'est-ce qu'on fait ?
00:25:13 Donc, proportionnelle intégrale,
00:25:16 ce qui ne résout pas non plus la gouvernance.
00:25:19 Je ne sais pas si le terme est bon,
00:25:20 parce qu'aujourd'hui, avec une majorité relative,
00:25:24 on se rend compte que c'est très compliqué de gouverner,
00:25:26 qu'il y a encore des outils aussi, comme le 49-3.
00:25:28 Mais si on a plus de 49-3 et plus de majorité évidente,
00:25:31 comment on fait avancer le Parlement ?
00:25:33 La majorité, ça se construit.
00:25:34 Oui, mais ce n'est pas toujours évident.
00:25:35 On le voit dans des pays comme l'Italie,
00:25:37 qui en permanence remodèlent ces alliances.
00:25:40 Non, ce n'est pas toujours évident.
00:25:42 Et il y a des outils de parlementarisme rationalisé
00:25:45 pour limiter, si vous voulez,
00:25:47 le fait que les gouvernements changent trop souvent.
00:25:50 C'est le cas avec la motion de censure constructive en Allemagne, par exemple.
00:25:53 L'Allemagne, c'est un système parlementariste.
00:25:55 Il n'y a pas d'instabilité ministérielle.
00:25:57 Voilà.
00:25:59 Je préférerais qu'on prenne plus souvent l'Allemagne
00:26:01 en exemple sur cette question-là
00:26:03 que l'Italie ou que la Quatrième République.
00:26:05 Je pense qu'il faut un régime parlementaire.
00:26:08 Il faut que le Premier ministre soit responsable
00:26:10 devant l'Assemblée nationale.
00:26:12 Il faut que le Président de la République soit...
00:26:14 Moi, je ne suis pas très Président de la République,
00:26:16 mais s'il y en a un,
00:26:18 je pense qu'il faut qu'il soit garant des institutions
00:26:20 et de la politique étrangère de la France,
00:26:22 de l'armée éventuellement.
00:26:24 Pas plus.
00:26:25 Mais pas plus, qu'il ne se mêle pas de la politique intérieure.
00:26:27 Ça doit être le garant de l'unité de la nation.
00:26:30 Il y a une autre réforme que je voudrais porter,
00:26:33 c'est la déconnexion du scrutin législatif et présidentiel.
00:26:38 Si les députés doivent leur mandat au Président de la République,
00:26:41 une fois qu'ils sont élus,
00:26:43 ils sont à la botte du pouvoir exécutif.
00:26:44 Ils ne sont pas capables de jouer leur rôle
00:26:46 de contrôle du gouvernement,
00:26:48 de législateur tout simplement.
00:26:50 Donc, il faut une période de deux ans,
00:26:53 deux ans et demi.
00:26:54 Moi, je pense qu'à mi-mandat,
00:26:55 il faut qu'il y ait les élections législatives
00:26:57 et les élections présidentielles.
00:26:58 C'est ce qui existait avant, avec le septennat et le quinquennat législatif.
00:27:02 Mécaniquement, on avait un décalage.
00:27:04 Il faut retrouver une mécanique
00:27:05 où il y a un décalage entre les deux scrutins.
00:27:06 On avait à chaque fois une cohabitation qui n'était pas non plus...
00:27:08 Alors, on n'avait pas à chaque fois une cohabitation
00:27:10 et les cohabitations se sont plutôt bien passées.
00:27:14 Moi, je pense qu'aujourd'hui, une cohabitation,
00:27:16 c'est la seule manière de limiter le pouvoir d'Emmanuel Macron
00:27:19 qui est en roue libre.
00:27:20 Il n'y a personne qui est incapable de l'arrêter.
00:27:22 Je pense que de séparer, si vous voulez,
00:27:26 la majorité de l'Assemblée nationale et le rôle du chef de l'État,
00:27:29 c'est plutôt sain dans une démocratie qui va bien.
00:27:32 – Le cumul des mandats fait aussi partie de la réflexion du gouvernement
00:27:37 sur cette réforme des institutions.
00:27:39 Alors, aujourd'hui, il est limité.
00:27:40 La tendance, en tout cas, est plutôt de l'assouplir.
00:27:44 Qu'est-ce que vous en pensez ?
00:27:46 – Je ne suis pas favorable au cumul des mandats
00:27:48 pour une question de temps, pour une question de clarté.
00:27:53 Je pense qu'aujourd'hui, la vie politique s'est accélérée.
00:27:57 On a énormément de responsabilités.
00:27:59 Quand on est élu à l'Assemblée nationale, on travaille énormément.
00:28:03 On se lève très tôt, on se couche très tard,
00:28:05 on est dans le train deux fois par semaine.
00:28:07 Moi, je passe du lundi au jeudi soir, je suis à Paris.
00:28:11 Des fois, je reste le vendredi.
00:28:13 Je suis le week-end en circonscription, je fais des déplacements, etc.
00:28:16 Je ne vois pas à quel endroit de mon agenda
00:28:19 je pourrais mettre un mandat local.
00:28:21 Donc, ne serait-ce que pour cette question-là.
00:28:25 Et puis pour la clarté des choses,
00:28:27 je pense que chacun doit assumer ses fonctions.
00:28:31 Il y a de la place pour tout le monde.
00:28:33 Je pense que le problème aujourd'hui de l'incision, il n'est pas du tout là.
00:28:35 Il est vraiment au niveau national sur l'équilibre
00:28:39 entre l'exécutif et le législatif.
00:28:41 Il est sur l'indépendance du parquet.
00:28:44 Il faut vraiment qu'on arrive à faire cette réforme-là.
00:28:46 La justice, c'est aujourd'hui le principal contre-pouvoir en France.
00:28:51 Puisque le pouvoir législatif est tellement faible,
00:28:53 tellement amoindri, que aujourd'hui,
00:28:55 c'est la justice qui bloque les décisions de l'exécutif quand elles ne vont pas.
00:28:59 Donc, je pense que l'indépendance du parquet, c'est quelque chose de fondamental.
00:29:03 Après, au niveau des élections locales,
00:29:05 moi, je vois une thématique quand même importante,
00:29:08 c'est les intercommunalités.
00:29:12 Ce sont aujourd'hui des échelons qui prennent de plus en plus de compétences.
00:29:16 Et donc, je pense qu'il faudrait une élection directe sur cet échelon-là.
00:29:19 On irait le maire de la métropole en votant pour différentes candidatures.
00:29:24 Comme ça se fait à Lyon.
00:29:25 Comme on le fait pour, effectivement, Lyon ou comme on le fait pour les communes.
00:29:29 La cohabitation est compliquée aussi dans les métropoles.
00:29:32 On le voit à Grenoble, il y a un groupe majoritaire très large.
00:29:37 Mais pour autant, il y a beaucoup de projets, de freins qui sont générés par,
00:29:43 on va dire, une cohabitation compliquée entre, d'un côté, les écologistes
00:29:47 et puis, de l'autre côté, le reste de la gauche.
00:29:49 Je crois que c'est aussi lié au fait qu'il y a des compétences
00:29:52 qui ont été transférées d'un échelon à l'autre assez récemment.
00:29:55 Donc, en fait, si les choses sont claires, que les règles de jeu sont claires
00:29:59 et que chacun est élu sur un programme et qu'il déroule derrière son programme,
00:30:02 je pense qu'il n'y a pas de difficulté.
00:30:05 - Dans votre système, on serait d'abord élu d'une commune
00:30:09 et ensuite, on se présenterait en tant que maire à la présidence de la métropole ?
00:30:13 - Non, vous avez une liste, deux scrutins séparés.
00:30:16 Vous avez une liste pour la métropole avec un projet métropolitain
00:30:19 sur les compétences métropolitaines et une liste sur la ville
00:30:22 avec les compétences communales.
00:30:24 - Mais on pourrait avoir éventuellement un élu qui devient président de la métropole
00:30:29 alors qu'il n'est pas élu de sa commune ?
00:30:31 - Moi, je ne suis pas favorable au cumul des mandats.
00:30:34 Je pense que ce n'est pas une difficulté.
00:30:36 On est élu pour faire un projet et donc on doit rendre compte à ses électeurs
00:30:40 du projet pour lequel on est élu.
00:30:42 Je pense que ça complique plutôt les choses si on est élu sur deux projets différents,
00:30:45 sur deux échelons différents.
00:30:47 - Cette réforme des institutions, même si on commence à en parler,
00:30:49 de toute façon, elle n'est pas pour tout de suite.
00:30:51 Je ne sais pas si elle verra le jour avant la fin du mandat d'Emmanuel Macron
00:30:55 mais même si elle voit le jour, je ne suis pas sûr qu'elle soit dans l'axe
00:30:58 que vous avez développé sur ce plateau.
00:31:02 Donc il reste en attendant quatre ans à faire pour Emmanuel Macron
00:31:06 en tant que président de la République avec le système en place.
00:31:09 Vous les sentez comment ces quatre années à venir ?
00:31:13 - Mal.
00:31:14 - Mal ?
00:31:16 - Déjà au départ, quand on est arrivé, on sentait qu'il y avait un peu de flottement.
00:31:20 On ne savait pas où voulait aller le président de la République.
00:31:23 On ne savait pas si son gouvernement allait chercher à élargir la coalition,
00:31:26 sur quels textes il allait, etc.
00:31:28 C'était le flou général au mois de juillet.
00:31:31 Ils ont fait n'importe quoi sur la séquence des retraites,
00:31:34 en dehors du fond, sur la méthode.
00:31:36 Ils ont fait n'importe quoi.
00:31:38 Ils sont allés dealer des choses avec une partie de la droite à l'Assemblée
00:31:42 sans respecter derrière les deals, etc.
00:31:45 Je pense qu'ils ne savent pas où ils vont.
00:31:49 La différence avec le mois de juillet, c'est que plus personne ne leur fait confiance.
00:31:57 C'est grotesque.
00:32:01 Un président de la République qui ne peut pas se déplacer
00:32:04 sans qu'il y ait des concerts de casserole.
00:32:06 Une première ministre qui fait un discours de politique générale
00:32:08 alors que ce n'est pas un discours de politique générale qu'on lui demande
00:32:11 et qu'en fait, elle redit simplement ce qu'elle avait déjà dit.
00:32:15 On ne sait pas vers où ça va.
00:32:17 Il n'y a pas de sens.
00:32:19 Il n'y a pas une vision pour la France.
00:32:23 Ils ne prennent pas acte de ce qui s'est passé sur la dernière séquence.
00:32:28 Normalement, quand on rate une séquence politique, on en tire toutes les conséquences.
00:32:32 La première chose qu'aurait dû faire Emmanuel Macron, c'est changer de gouvernement.
00:32:36 Je n'ai rien contre Madame Borne à titre personnel, mais on prend ses responsabilités.
00:32:43 C'est un échec, cette séquence des retraites.
00:32:46 La motion de censure n'est pas passée à 9 voix.
00:32:50 La loi, elle est dans les textes.
00:32:53 Mais enfin, elle a tous les corps intermédiaires, tous les partis politiques contre elle.
00:32:58 Toutes les enquêtes d'opinion le montrent.
00:33:00 Ce sont des manifestations monstres qui durent.
00:33:03 De ne pas voir ça, ça ne me paraît correspondre à rien, ni dans la Ve République.
00:33:10 Le général De Gaulle aurait tiré des conclusions bien plus tôt de cet échec, de cette méthode-là.
00:33:16 En fait, cette méthode, elle ne peut pas marcher.
00:33:18 Parce que la Ve République, c'est quelque chose qui est fait pour gouverner avec des majorités.
00:33:25 Et l'ébêtement de la bas de majorité.
00:33:27 Et la seule chose qui peut aller par-dessus cette majorité, c'est l'histoire du 49-3,
00:33:33 avec une légitimité très forte du président de la République,
00:33:36 qui peut se dire "moi j'ai été élu sur mon programme, etc.
00:33:39 J'ai une majorité dans l'opinion, je passe en force par-dessus le Parlement".
00:33:42 Mais en fait, Emmanuel Macron n'a pas cette légitimité.
00:33:44 Les Français ne lui accordent pas cette confiance-là.
00:33:47 Donc il fait quelque chose qui ne correspond pas à la volonté du peuple.
00:33:52 Ça ne peut pas fonctionner.
00:33:54 Il va y avoir un problème à un moment donné.
00:33:56 Et donc on ne peut pas continuer comme si rien n'était.
00:34:00 Donc moi je pense que le gouvernement doit tomber.
00:34:03 Soit en retour sur des élections générales, des élections législatives,
00:34:08 et il y a une majorité qui se dégage, mais pas celle du président de la République,
00:34:12 pas sur son programme à lui.
00:34:13 Ou alors il y a une autre coalition qui se forme au sein de l'Assemblée nationale,
00:34:18 sur un nouveau programme.
00:34:19 On prend le temps, il faut prendre le temps de faire un programme de coalition.
00:34:23 Mais là, sans programme, sans majorité, sans légitimité de l'exécutif,
00:34:28 on ne peut pas tenir 4 ans.
00:34:29 – Et vous seriez capable de faire un programme de coalition avec les Républicains ?
00:34:33 Parce que de toute façon, il faut aller chercher large
00:34:35 pour avoir une majorité absolue aujourd'hui.
00:34:39 – Je ne pense pas.
00:34:41 – Avec qui ?
00:34:43 – Je ne pense pas. Il faut mettre les idées sur la table,
00:34:45 regarder qui est d'accord, il faut regarder les choses.
00:34:48 Mais aujourd'hui, la préoccupation des Français…
00:34:50 – Oui mais on connaît les équilibres à l'Assemblée.
00:34:51 Donc si ce n'est pas avec les Républicains et pas avec le RN,
00:34:55 il n'y a plus beaucoup d'alternatives ?
00:34:56 – Non, la seule chose dont moi je suis certain,
00:34:58 c'est que ça ne peut pas être sur la ligne politique d'Emmanuel Macron.
00:35:01 Ça c'est sûr.
00:35:02 – Donc il ne reste que la NUPES ?
00:35:03 – Je pense qu'il y a d'autres configurations possibles.
00:35:07 Là c'est de la politique fiction, mais on pourrait très bien se dire,
00:35:10 on fait un gouvernement de transition pour trois mois,
00:35:13 avec trois trucs, la réforme des institutions,
00:35:16 un truc sur l'inflation, une mesure sur le climat,
00:35:20 et puis après on fait des élections générales.
00:35:22 En fait, à un moment donné, si on est dans une crise longue,
00:35:24 il faut retourner au vote.
00:35:27 Il n'y a pas tellement d'alternatives.
00:35:29 L'autre alternative, c'est de trouver une coalition large.
00:35:31 Aujourd'hui, la coalition large qui pourrait exister plus facilement,
00:35:34 qu'on peut plus percevoir, c'est la droite et Renaissance.
00:35:38 Bon, j'ai l'impression que de toute façon,
00:35:40 ils n'arrivent pas à s'entendre non plus.
00:35:42 Donc je ne sais pas.
00:35:44 – Vous évoquiez les concerts de casseroles.
00:35:47 En l'occurrence, Grenoble est pas en reste sur ces manifestations.
00:35:51 Lundi soir, Place Notre-Dame, en plein cœur de Grenoble,
00:35:55 c'était l'anniversaire de l'élection d'Emmanuel Macron à la présidentielle.
00:35:59 C'est son premier anniversaire.
00:36:01 Des images qui ont fait le tour des médias nationaux,
00:36:04 puisque les manifestants avaient choisi de représenter l'effigie d'Emmanuel Macron
00:36:09 sur ce mannequin qui a ensuite été incendié devant la cathédrale de Grenoble.
00:36:14 On voit le Christ est ressuscité derrière.
00:36:16 Bon, ça n'avait pas forcément de lien, mais c'est une image forte, symbolique.
00:36:21 Elle vous a choqué, cette image, Jérémie Jordanoff ?
00:36:25 – Ça n'est pas à mon goût.
00:36:28 Je ne sais pas si ça me choque.
00:36:30 Je pense que ça ne résout rien.
00:36:35 Je pense qu'il faut faire attention.
00:36:36 Il faut faire attention aux symboles.
00:36:38 Les symboles ont un sens.
00:36:42 Moi, je n'irai pas là-dessus, parce que je pense qu'il ne faut pas s'attaquer aux personnes.
00:36:46 Il faut s'attaquer à la politique de manière générale, au fond du problème.
00:36:51 Et le fond du problème, aujourd'hui, c'est le programme.
00:36:53 C'est le programme qui est mis en œuvre,
00:36:55 et les institutions qui permettent à un homme seul de passer en force.
00:37:00 Mais ceci étant dit, ça montre quelque chose.
00:37:04 Ça montre qu'aujourd'hui, si les gens se tournent avec tellement de violence
00:37:09 contre le chef de l'État, c'est parce qu'il a endossé un rôle qui n'était pas le sien,
00:37:13 parce qu'il est passé en force, et que les gens ont cette impression
00:37:19 de ne plus savoir quoi faire.
00:37:21 Quand on sort les casseroles, et quand on vient à faire ça,
00:37:24 c'est qu'on ne sait plus quoi faire.
00:37:26 Les gens ont manifesté 10 fois, 11 fois, 12 fois.
00:37:28 Ils ont fait grève pendant des jours et des jours. Ils ont perdu du salaire.
00:37:31 Les syndicats ne sont même pas reçus. Ils ne sont pas entendus.
00:37:34 – Aujourd'hui, on leur tend la main, les syndicats ?
00:37:36 – On leur tend la main ? Non, on ne leur tend pas la main.
00:37:38 – On leur propose de se remettre autour d'une table.
00:37:40 – Oui, pour faire deux photos en disant, on a discuté avec eux.
00:37:42 Mais pendant des semaines, on ne leur parle pas.
00:37:46 Quand on fait le 49.3 à l'Assemblée,
00:37:48 quand on sait qu'il n'y a pas de majorité pour le texte…
00:37:52 Moi, je mène aussi une mission d'information sur l'activisme violent
00:37:57 à l'Assemblée nationale avec un député renaissance, Yannick Pouliard.
00:38:01 Et on fait des auditions de constitutionnalistes, d'historiens, de sociologues,
00:38:05 de personnes qui travaillent dans les ministères, etc.
00:38:09 Et voilà, on voit qu'il n'y a pas forcément une recrudescence de la violence
00:38:15 d'un point de vue historique, si vous voulez.
00:38:18 Mais qu'elle s'exprime quand il y a un blocage,
00:38:20 quand il y a quelque chose qui ne marche pas dans le pays.
00:38:24 Et je crois qu'il faut prendre cette température-là, cette mesure-là.
00:38:29 Voilà, je m'arrête là, si vous avez d'autres questions.
00:38:31 – Il y a un rapport qui sera rendu, je crois, cet été,
00:38:33 sur cette commission d'enquête, au plus tôt.
00:38:37 – Au plus tôt, je ne sais pas, au plus tôt.
00:38:39 On termine les auditions tranquillement et puis on rendra l'accord.
00:38:42 – Pour revenir sur le cas de Grenoble, le procureur a ouvert une enquête.
00:38:47 C'est un an de prison et 15 000 euros d'amende.
00:38:50 Tarif maximable pour ce type d'infraction.
00:38:53 Est-ce qu'il faut que, selon vous, les responsables soient condamnés ?
00:38:56 Parce que là, ils sont à visage découvert,
00:38:58 ils ne seront pas trop de mal à les identifier.
00:39:02 – Écoutez, ça c'est au juge de décider.
00:39:04 Très sincèrement, je ne vais pas prendre la place du juge.
00:39:07 Moi, je ne demande pas des exemples sur ces questions-là.
00:39:16 C'est aussi, voilà, je voulais venir là-dessus,
00:39:18 c'est aussi quelque chose qu'on voit dans ma mission d'information.
00:39:20 C'est-à-dire qu'il y a beaucoup d'élus de Renaissance aujourd'hui
00:39:24 qui attaquent les élus de la France insoumise ou des représentants politiques
00:39:29 parce qu'ils auraient des comportements un peu excessifs,
00:39:32 des expressions un peu virulentes, violentes,
00:39:36 qui dépassent un peu le cadre courtois, habituel.
00:39:42 On voit qu'il n'y a pas de lien, si vous voulez,
00:39:44 entre la violence symbolique et la violence physique.
00:39:48 – Oui, physique.
00:39:50 – Ça, c'est le premier point.
00:39:51 Il n'y a aucun lien dans les faits de violence.
00:39:54 Et il faut aussi comprendre que les gens ont besoin de se sentir représentés.
00:40:03 Donc cette colère-là qui s'exprime dans la rue,
00:40:05 c'est aussi normal qu'elle soit portée par des élus de la République.
00:40:09 C'est normal qu'il y ait des élus de la République qui aillent dans les manifestations.
00:40:12 C'est normal qu'il y ait des élus de la République
00:40:14 qui aient des revendications un petit peu fortes.
00:40:18 Moi, quand j'ai des revendications fortes sur les institutions,
00:40:20 ce n'est pas parce que je suis contre la République.
00:40:22 C'est parce que si ces revendications-là ne sont pas portées dans le cadre républicain,
00:40:27 alors il n'y aura plus d'autre voie que le dialogue,
00:40:31 et donc il y aura de la violence.
00:40:32 Je pense que l'ensemble des expressions doit avoir lieu dans les institutions,
00:40:35 et y compris les expressions avec lesquelles on n'est pas d'accord.
00:40:38 Et donc je demande aux élus de la majorité d'entendre ça,
00:40:41 de comprendre que le débat, il peut être virulent.
00:40:44 Il ne faut pas avoir peur de quelques débordements langagiers.
00:40:48 Ce n'est pas mes habitudes à moi.
00:40:50 Et il faut s'attacher au fond.
00:40:52 Pourquoi les gens font ça ? Qu'est-ce qu'ils veulent dire ?
00:40:54 Qu'est-ce que ça veut dire ?
00:40:55 C'est quoi la température de la société française aujourd'hui ?
00:40:58 Et si on refuse de voir ça et qu'on se borne à condamner des débordements,
00:41:04 on ne va pas résoudre le problème.
00:41:06 Évidemment, je condamne toutes les violences,
00:41:08 mais je pense qu'il ne faut pas s'arrêter à ça.
00:41:12 – Si votre parti, en tout cas votre famille politique,
00:41:17 arrivait au pouvoir en 2027,
00:41:18 vous reviendriez forcément sur cette retraite à 64 ans ?
00:41:22 Vous ramèneriez le curseur à 62 ?
00:41:24 Ou voir à 60, comme le demande une partie de la NUPES, la France Insoumise notamment ?
00:41:28 – Absolument, on reviendrait sur les 64 ans.
00:41:30 Et j'espère qu'on y reviendra avant 2027.
00:41:34 Il y a une journée d'initiative parlementaire du groupe Liott,
00:41:39 je crois que c'est le 6 juin.
00:41:41 Ils ont déposé un texte de loi pour revenir sur les 64 ans.
00:41:45 Je l'ai co-signé, je le voterai.
00:41:48 Ce qu'a fait la loi, la loi peut le défaire.
00:41:51 Il n'y a pas de majorité aujourd'hui à l'Assemblée nationale sur cette réforme des retraites.
00:41:55 Donc je pense qu'une loi doit défaire cette réforme des retraites.
00:41:58 – On verra si effectivement les 9 voix qui manquaient pour la motion de censure
00:42:03 se trouveront du côté des LR,
00:42:05 puisque c'est là où il faudra aller les chercher pour faire passer ce texte
00:42:10 qui ferait à mon avis couler encore beaucoup d'encre en juin.
00:42:15 Pour parler d'un instant de la NUPES,
00:42:18 c'est un regroupement des forces de gauche qui est assez récent, qui a moins d'un an.
00:42:23 Vous avez participé aux négociations de cet accord en tant que membre de la direction de l'EPG ?
00:42:29 – En tant que secrétaire national adjoint, effectivement, j'ai participé aux négociations.
00:42:33 Ce sont des négociations très dures, très tendues, très compliquées,
00:42:39 qui étaient le jour et la nuit, avec des portes qui claquent,
00:42:42 des discussions sur le fond.
00:42:45 C'était un moment assez passionnant de négociation.
00:42:48 – Qu'est-ce que vous pensez du résultat et de sa mise en application aussi ?
00:42:52 – Le résultat, si vous voulez, il est bon dans le sens où on a eu quand même 151 députés
00:43:01 qu'on n'aurait pas eu s'il n'y avait pas eu cet accord.
00:43:04 Et puis, il est bon parce qu'on a apporté un espoir à gauche dans le pays.
00:43:10 Là où il est mauvais, c'est qu'on a échoué à avoir une majorité absolue.
00:43:14 Donc la question qui se pose à nous, c'est comment en 2027,
00:43:17 on a une majorité absolue dans le pays.
00:43:20 – Aujourd'hui, la France insoumise a pris un peu le leadership quand même sur la NUPES.
00:43:25 On fait souvent l'amalgame d'ailleurs entre les deux.
00:43:27 Il y a eu cette stratégie d'opposition, d'obstruction, on peut dire,
00:43:31 pendant le débat sur la réforme des retraites à l'Assemblée nationale.
00:43:34 Les 15 jours qui étaient consacrés, certes, ce n'était pas énorme,
00:43:37 mais avec les dizaines de milliers d'amendements déposés par la France insoumise,
00:43:40 il n'y a pas eu de débat. Vous étiez en phase avec cette stratégie ?
00:43:44 – Non, je n'étais pas en phase avec cette stratégie.
00:43:46 Ça a beaucoup discuté entre les différents groupes politiques.
00:43:50 Ce n'est pas le meilleur moment de la vie interne de la NUPES.
00:43:55 Mais, ceci dit, la NUPES, elle fonctionne, elle existe.
00:43:58 Moi, je le vois sur ma circonscription.
00:44:00 J'ai un comité de circonscription où les militants restent ensemble.
00:44:04 On discute ensemble aussi au sein de la commission des lois sur les textes.
00:44:08 On n'est pas toujours d'accord, on n'a pas toujours les mêmes votes sur les positions.
00:44:12 Je veux revenir sur ce que vous disiez au départ,
00:44:14 sur "c'est la France insoumise qui a pris le leadership".
00:44:16 La réalité, c'est qu'ils ont quand même plié le match à l'élection présidentielle.
00:44:19 – Ils étaient en tête et c'est eux qui ont le plus de députés.
00:44:22 – Vous avez les législatives juste derrière.
00:44:23 Il faut bien prendre en compte le résultat de la présidentielle.
00:44:26 Donc, on en est là.
00:44:29 Maintenant, ils ne sont pas tout seuls.
00:44:32 C'est assez équilibré entre la France insoumise
00:44:35 et l'ensemble des autres groupes de la NUPES à l'Assemblée nationale.
00:44:39 Donc voilà, je pense que si chacun se respecte, les choses peuvent continuer.
00:44:44 On a une petite difficulté sur les européennes, je ne vous le cache pas.
00:44:46 – Est-ce que là, aujourd'hui, tout le monde risque de partir ou va partir séparé ?
00:44:50 Alors, vous venez de me dire que l'Union a fait la force pour les législatives.
00:44:52 C'est un peu paradoxal.
00:44:54 – Oui, alors, ce qui est compliqué dans la vie politique française,
00:44:58 c'est qu'à chaque élection, le scrutin change.
00:45:01 Ce qui est quand même aussi une particularité.
00:45:04 Et que quand on a un scrutin proportionnel, on fait des coalitions après le vote.
00:45:10 Quand on a un scrutin majoritaire, si on veut être élu, on fait la coalition avant le vote.
00:45:13 En réalité, regardez Emmanuel Macron, il a fait une coalition.
00:45:17 Ensemble, c'est une coalition avec Horizon, Le Modem, Renaissance.
00:45:20 Et d'ailleurs, ils ont beaucoup de difficultés entre eux.
00:45:23 Alors, ça se voit peut-être un peu moins, on va moins aller chercher là-dessus.
00:45:26 Mais les coalitions sont compliquées à faire vivre.
00:45:28 On les fait avant dans un scrutin majoritaire,
00:45:30 on les fait après dans un scrutin proportionnel.
00:45:34 Voilà.
00:45:35 Et en fait, la question de l'Union européenne, c'est que si nous,
00:45:38 on a une tradition, si vous voulez, d'avoir un parti vert européen,
00:45:41 on a des listes écolos dans tous les pays,
00:45:43 on a un groupe vert qui est transfrontalier,
00:45:47 on a un projet politique pour l'Europe qui est à l'échelle de l'Union européenne.
00:45:52 Donc nous, on s'inscrit dans ce cadre-là.
00:45:54 Et c'est quelque chose qu'on avait mis sur la table au moment de l'accord.
00:45:58 Déjà, la France Insoumise, vous disiez,
00:46:00 oui, mais si vous faites avec nous maintenant,
00:46:02 il faudra rester dans une forme de cohérence,
00:46:05 il faudra faire toutes les élections ensemble.
00:46:06 Et nous, on leur avait dit non.
00:46:08 On veut bien, on est moteur sur l'accord pour les législatives.
00:46:13 Sur les européennes, on partira sur notre programme.
00:46:18 – Ce sera l'occasion de compter les forces de gauche, ce scrutin ?
00:46:21 – Ce n'est pas le sujet. Le sujet, c'est la clarté.
00:46:23 – Ce sera peut-être quand même un peu le…
00:46:25 – C'est un contrat, chacun fait les comptes.
00:46:28 Mais le sujet, c'est de présenter un programme qui est clair.
00:46:31 Et ensuite, de pouvoir voter, faire les choses en fonction de ce qu'on a dit.
00:46:37 – Vous savez qui va incarner cette candidature pour Europe Écologie Les Verts ?
00:46:40 – Il y a plusieurs candidats.
00:46:41 – On a parlé d'Yves Piol un temps.
00:46:43 Je ne sais pas s'il est toujours dans la course.
00:46:44 – Il y a plusieurs candidats.
00:46:46 Écoutez, il y aura des votes, je crois, à l'automne.
00:46:48 – Il en fait partie ?
00:46:49 – Je ne crois pas.
00:46:51 Il n'y a pas eu d'appel à candidature sur les têtes de liste pour l'instant.
00:46:54 Et je crois qu'il y a un appel à candidature
00:46:56 où ça va être fait avant l'été sur les premiers de liste.
00:47:00 Et je pense que la tête de liste sera tranchée plus tôt à l'automne.
00:47:02 – Un dernier petit mot sur la NUPES,
00:47:04 parce que ça fait beaucoup jaser aussi au sein de l'Alliance.
00:47:08 C'était le retour, il y a quelques semaines, d'Aurélien Quatennens au sein de la NUPES.
00:47:11 Le député qui avait été mis à l'écart après avoir été condamné pour violence conjugale
00:47:17 est revenu à l'Assemblée Nationale en janvier.
00:47:19 Il a réintégré la NUPES.
00:47:21 Il y avait des pours, des contres, même au sein de l'EFI.
00:47:25 Vous, ça vous a choqué ce retour en grâce d'Aurélien Quatennens ?
00:47:30 – Je ne suis pas très à l'aise avec ça, effectivement.
00:47:34 Je pense qu'il aurait pu éviter de revenir tout de suite.
00:47:39 Je pense que c'est une responsabilité de la France insoumise.
00:47:41 – Ils auraient pu éviter de le réintégrer,
00:47:43 parce que c'était plutôt la France insoumise qui était à la manœuvre.
00:47:45 – Absolument.
00:47:46 Je pense qu'il y a plusieurs choses qui ont été mal faites au départ de la séquence également.
00:47:50 – Voilà.
00:47:52 – Et pour finir, sur le volet national,
00:47:55 dernière petite question, Julien Bayou dont vous étiez l'adjoint,
00:47:59 a lui aussi dû se mettre en retrait quelques mois de son mandat de député
00:48:04 pour des affaires similaires.
00:48:06 Il a été blanchi, Julien Bayou.
00:48:08 Il est revenu à l'Assemblée Nationale.
00:48:10 Est-ce que quand il croise Sandrine Rousseau,
00:48:12 qui avait été à l'initiative de cette mise à l'index de l'ancien patron des Verts,
00:48:16 ils se disent bonjour ?
00:48:18 Est-ce qu'ils sont courtois ? Ils ont rabiboché leurs différents ?
00:48:21 Comment ça se passe ?
00:48:22 – Vous leur poserez la question.
00:48:23 – Vous êtes un petit groupe, vous êtes une vingtaine.
00:48:25 – Non mais les réunions de groupe se passent très bien.
00:48:27 Non mais très honnêtement, les réunions de groupe se passent bien,
00:48:29 on travaille dans une bonne ambiance, il n'y a pas de difficultés.
00:48:33 – Les deux cohabitent sans problème.
00:48:35 – Je vous dis, il n'y a pas de difficultés sur le travail.
00:48:37 Après, ils ne partent pas forcément en vacances ensemble.
00:48:41 – Bon, vous l'avez dit, un député doit siéger à Paris
00:48:44 mais aussi être présent dans sa circonscription.
00:48:46 Donc on fait souvent le début de semaine sur le National
00:48:50 et puis on revient pour le week-end sur son territoire.
00:48:54 Il y a quelques jours, sur votre circonscription, à Król,
00:48:57 une manifestation s'est tenue pour protester contre l'extension
00:49:00 des entreprises de microélectronique, ST et Soitech en l'occurrence,
00:49:06 accusées selon les manifestants de gaspiller trop d'eau.
00:49:11 Les deux entreprises sont en train justement d'accroître
00:49:15 leur capacité de production, donc mécaniquement, leurs besoins en eau.
00:49:20 Vous n'étiez pas, vous, sur cette manifestation, Jérémy Hordanoff ?
00:49:24 – Non, je n'y étais pas. J'ai suivi ça de près, néanmoins.
00:49:29 La question de l'eau, aujourd'hui, elle est fondamentale.
00:49:34 On l'a vu avec la sécheresse l'année passée
00:49:37 et on sait que la sécheresse revient.
00:49:40 Et donc on ne peut pas évacuer cette question en disant…
00:49:45 c'est des petits enjeux.
00:49:47 Il faut comprendre que ça déchaîne des passions,
00:49:51 parce qu'en fait, ça va être une ressource vitale.
00:49:55 Et ça l'est déjà, en réalité.
00:49:58 Et donc il y a beaucoup de conflits sur l'usage de l'eau
00:50:01 qui vont arriver très vite, qui sont déjà là.
00:50:05 Et donc il faut être très attentif à cette question
00:50:08 et je pense que pour y répondre, il faut mettre des cadres de discussion.
00:50:13 Il faut mettre de la transparence,
00:50:15 il faut mettre l'ensemble des enjeux et des acteurs autour de la table.
00:50:21 Voilà, et c'est comme ça qu'on arrivera à résoudre ce problème.
00:50:25 Parce que quand il y a des restrictions, si vous voulez,
00:50:27 dans le grésil-vodan, par exemple, qu'on enlève de l'eau aux agriculteurs,
00:50:30 on leur dit de ne plus arroser leur culture
00:50:32 et qu'à côté de l'industrie, il n'y a pas de restrictions,
00:50:35 ça crée une incompréhension.
00:50:37 Demain, peut-être qu'il faudra faire des arbitrages
00:50:40 entre l'usage domestique de l'eau et l'industrie.
00:50:45 On va faire quoi ? Comment on va le faire ? Dans quel cadre ?
00:50:48 Voilà, donc c'est tous ces enjeux qu'il faut mettre sur la table.
00:50:51 – Alors, c'est des enjeux effectivement qui préoccupent
00:50:53 notamment les élus écologistes.
00:50:55 Moi j'ai été surpris de voir aucun représentant du parti
00:50:58 sur cette manifestation, Éric Piolle non plus,
00:51:00 même si ce n'est pas son territoire.
00:51:02 – Non, mais en fait il y avait des militants qui étaient présents,
00:51:05 il n'y a pas de problème si vous voulez sur le fond,
00:51:08 il y a des petits ajustements.
00:51:10 Nous on considère si vous voulez qu'il faut réindustrialiser l'Europe.
00:51:15 La question de la souveraineté industrielle de l'Europe, elle se pose.
00:51:18 On ne peut pas évacuer ce problème.
00:51:20 – Vous êtes favorable à l'extension de l'estie et du soytec ?
00:51:22 – Quand on est écologiste, on regarde l'impact sur l'ensemble de la planète.
00:51:25 Et en fait de dire on va produire les puces à Taïwan
00:51:28 ou je ne sais pas où dans des conditions inacceptables,
00:51:31 mais chez nous il n'y a rien, ce n'est pas propre, ce n'est pas plus propre.
00:51:35 Donc il faut imposer des conditions, il faut accepter qu'il y ait de l'industrie,
00:51:40 y compris de l'industrie qui impacte l'environnement,
00:51:42 qui soit sur notre territoire, mais il faut demander des conditions drastiques
00:51:46 pour contrôler les pollutions qui sortent.
00:51:49 Sur la quantité d'eau, il faut demander à ester des efforts
00:51:52 beaucoup plus hauts que ce qu'ils sont actuellement.
00:51:55 Et sur la consommation des puces, je pense qu'aujourd'hui,
00:52:01 il faut aller vers la sobriété, vers, si vous voulez, interdire l'obsolescence programmée,
00:52:08 avoir des objets qui restent plus longtemps.
00:52:10 Il faut produire moins de puces, mais il faut produire moins de tout en réalité.
00:52:14 Mais il ne faut pas dire on va arrêter de produire
00:52:16 ou alors on ne voit pas le problème et on laisse les Chinois s'occuper de ça.
00:52:22 Alors la semaine dernière, à votre place, on recevait notre élue du territoire.
00:52:27 Alors elle n'est plus élue, mais elle a été députée, comme vous d'ailleurs,
00:52:30 de la circonscription frontalière, puisque CST Microélectronics
00:52:34 est sur votre circonscription.
00:52:35 Soitech, qui à quelques centaines de mètres, fait partie de la première circonscription de l'Isère
00:52:39 et qui était pendant dix ans détenue par Geneviève Fioraso,
00:52:43 donc ancienne élue socialiste, ancienne ministre également
00:52:46 de l'enseignement supérieur et de la recherche.
00:52:47 On lui a demandé, c'est le jeu de cette émission, de vous poser une question.
00:52:50 On l'écoute.
00:52:51 Bonjour. D'abord, on ne se connaît pas, mais j'ai pris connaissance de votre élection.
00:52:58 La question que je voudrais vous poser, c'est la suivante.
00:53:03 Au-delà des actions qui ont été engagées déjà il y a une quinzaine d'années,
00:53:07 donc avant que vous n'assiediez aux responsabilités,
00:53:09 avant que certains nombres de communes n'accèdent aux responsabilités
00:53:12 de gens issus du parti auquel vous appartenez,
00:53:16 il y avait eu des initiatives comme Murmure, justement,
00:53:19 pour la rénovation thermique des bâtiments portés par la métropole.
00:53:23 J'étais première vice-présidente à l'époque.
00:53:25 Il y avait eu le métro-vélo. Enfin, il y avait un certain nombre d'initiatives.
00:53:30 Au-delà de ces initiatives, quelles initiatives au niveau local et national,
00:53:36 puisque vous êtes une élue nationale, proposeriez-vous pour s'adapter
00:53:40 au changement climatique, quels que soient les efforts qu'on fasse pour le réduire,
00:53:46 de toute façon, selon les conclusions du rapport du GIEC, aura bien lieu.
00:53:51 Donc, quelles sont vos propositions concrètes, pas dogmatiques,
00:53:55 concrètes, avec un impact réel sur les citoyens
00:53:58 et qui ne pèsent pas sur les citoyens qui sont aujourd'hui les plus modestes
00:54:02 et les plus en précarité ?
00:54:04 Voilà, elle a posé le cadre de sa question, Geneviève Foreso.
00:54:08 Jérémy Diardin, vous avez vu la question, vous avez eu le temps de la travailler
00:54:12 puisqu'elle était diffusée dans l'émission de la semaine dernière.
00:54:14 Des réponses, il y en a malheureusement énormément, de choses qu'il faudrait faire.
00:54:19 Je voudrais prendre deux exemples, parce qu'on les a mis sur la table
00:54:23 au moment du vote du budget.
00:54:25 C'est les transports, c'est la question du ferroviaire.
00:54:28 Il faut relancer absolument le ferroviaire en France.
00:54:31 On avait obtenu, on a eu un vote favorable de l'Assemblée nationale
00:54:35 sur un budget de 3 milliards d'euros sur le ferroviaire.
00:54:38 Et il a été retoqué avec le 49.3 par Elisabeth Borne.
00:54:44 Donc ça, c'est la première réponse.
00:54:46 Et la deuxième réponse, c'est sur la rénovation thermique des bâtiments.
00:54:50 On sait, tout le monde sait que c'est un des axes majeurs,
00:54:55 une des choses les plus efficaces pour lutter contre les émissions
00:54:59 de gaz à effet de serre et aussi pour lutter contre la précarité énergétique,
00:55:04 contre les charges avec le prix de l'énergie qui a explosé,
00:55:08 contre les charges contraintes des ménages.
00:55:11 On a aussi proposé des amendements au budget qui ont été adoptés
00:55:15 à la majorité par l'Assemblée nationale, qui ont été balayés avec le 49.3.
00:55:20 Je prends ces deux exemples.
00:55:22 C'est des choses qui sont simples à faire.
00:55:25 On les a proposées, on les a votées.
00:55:27 Il y a une majorité dans ce pays pour le faire.
00:55:29 Ce n'est pas dogmatique, c'est pratico-pratique,
00:55:31 ça concerne tout le monde.
00:55:33 Mais le gouvernement n'a pas voulu se plier à la majorité
00:55:37 de l'Assemblée nationale.
00:55:39 Vous évoquez les déplacements.
00:55:42 Il y a une ZFE qui est issue d'une loi climat et résilience
00:55:45 qui a été mise en place par le gouvernement actuel,
00:55:48 qui va petit à petit interdire aux véhicules les plus polluants
00:55:52 de circuler dans les grandes agglomérations françaises.
00:55:56 Chez nous, à Grenoble, elle va se mettre en place le 1er juillet.
00:55:59 Mais ce n'est pas si simple de passer de la théorie à la pratique.
00:56:03 L'échéance approche.
00:56:05 Il y a beaucoup de gens qui n'ont pas de solution alternative
00:56:08 pour se passer de leur voiture polluante.
00:56:11 Là, on est sur un cas concret où, entre un objectif
00:56:16 que tout le monde partage, quelles que soient les tendances politiques,
00:56:18 et puis la mise en place concrète,
00:56:20 il y a forcément un fossé qu'on a du mal à franchir.
00:56:24 Il faut regarder pourquoi on fait les ZFE.
00:56:28 Les ZFE, ça vient d'une condamnation par la Cour du système de l'Union européenne
00:56:33 pour inaction climatique de la France.
00:56:35 Et inaction de la France aussi parce qu'elle ne respecte pas la pollution...
00:56:40 C'est une bonne réponse du gouvernement.
00:56:42 On lui reproche quelque chose, il trouve une solution.
00:56:45 Alors, il a fait la Convention citoyenne pour le climat,
00:56:47 qui avait des mesures plus ambitieuses.
00:56:49 Ensuite, il a retravaillé ces mesures pour proposer la ZFE,
00:56:51 qui a été votée.
00:56:52 Donc maintenant, il faut le mettre en application.
00:56:54 Moi, sur le principe, je n'ai pas de difficultés
00:56:56 parce que je pense que le problème aujourd'hui,
00:56:58 c'est qu'on meurt prématurément à cause d'une mauvaise qualité de l'air.
00:57:02 Donc cette question de la qualité de l'air, il faut la traiter d'une manière ou d'une autre.
00:57:05 Si on ne veut pas des péages urbains, si on ne veut pas interdire complètement la voiture,
00:57:08 si on ne veut pas avoir des solutions qui sont beaucoup plus drastiques,
00:57:12 eh bien la ZFE, c'est une solution.
00:57:15 Après, la question, c'est à quel rythme
00:57:18 et quelles sont les aides qu'on met en place
00:57:22 pour aider les personnes qui n'ont pas les moyens de changer de véhicule.
00:57:26 Donc en fait, le curseur, il est là.
00:57:28 Et je pense que l'État devrait mettre plus de moyens
00:57:31 pour aider les personnes qui n'ont pas les moyens.
00:57:33 Parce que si la lutte contre le changement climatique
00:57:35 est vécue comme une injustice sociale, on ne va pas y arriver.
00:57:38 Donc il faudrait mettre de l'argent public pour permettre aux gens
00:57:40 de racheter des voitures moins polluantes ?
00:57:42 Évidemment. On leur demande de faire des efforts.
00:57:44 Ça leur coûte cher.
00:57:45 Il faut que l'État en fasse les efforts budgétaires qui vont avec.
00:57:48 Puisqu'on parle des déplacements, il y a aussi sur Grenoble
00:57:51 un projet, enfin sur l'agglomération, un projet de transport par cable
00:57:55 qui a été initié par votre camp, en tout cas par les écologistes
00:57:59 grenoblois il y a quelques années, sous la tutelle de Yann Mongaburu
00:58:03 et d'Éric Piolle. C'est un projet qui va de Fontaine à Saint-Martin-le-Vinou.
00:58:07 Saint-Martin-le-Vinou, c'est votre circonscription.
00:58:10 Vous avez d'ailleurs le siège de votre permanent, je crois,
00:58:12 sur cette commune. Il y avait des opposants ce week-end, justement,
00:58:16 et beaucoup de manifestations à ce moment à Grenoble
00:58:18 qui se sont réunis sur un champ du côté de Sassnage,
00:58:21 un champ sur lequel devrait passer la future ligne,
00:58:24 qui donc, eux, s'opposent à ce projet.
00:58:27 Quelle est votre position sur cet équipement qui devrait structurer
00:58:31 un peu les transports en commun de cette partie de l'agglomération ?
00:58:35 Il y aurait beaucoup de choses à dire. Moi, quand je vois ces images,
00:58:38 je veux dire qu'aujourd'hui, la question de la préservation
00:58:40 de l'État agricole, c'est quelque chose de fondamental.
00:58:42 Je suis désolé de partir un petit peu du sujet, mais aujourd'hui,
00:58:45 on a beaucoup de sujets au niveau local sur cette question-là.
00:58:48 Il faut préserver l'État agricole parce que c'est la souveraineté alimentaire
00:58:51 de la France et ça, c'est pour les années qui viennent,
00:58:53 c'est aussi un très grand sujet avec la question de l'eau.
00:58:54 Pour revenir sur la question des transports, la position qui a changé,
00:58:58 le fait de mettre un câble pour aller d'un côté à l'autre du drac,
00:59:03 il n'y a pas de difficulté. La question, c'est est-ce que c'est prioritaire
00:59:06 au vu des moyens qu'on met en place et est-ce qu'il n'y a pas d'autres projets
00:59:10 qui sont plutôt prioritaires ? Pour les écologistes, la question,
00:59:12 elle est là sur l'arbitrage en fait de différents projets.
00:59:15 Je crois qu'il y en avait quatre au départ, dont une ligne de BHNS,
00:59:20 une extension du maillage pour les tramways et puis le train qui va plus loin
00:59:26 sur le sud de la métropole. Après, sur l'arbitrage, ça ne nous paraît pas
00:59:30 aujourd'hui le projet prioritaire.
00:59:33 - Vous êtes sur la même ligne qu'Éric Piolle qui avait pourtant lancé ce projet.
00:59:36 C'est plus de l'actualité.
00:59:38 - Il y a autre chose qui a changé, c'est que le volume, si vous voulez,
00:59:41 des échanges d'un côté à l'autre a changé dans la mesure où il y a
00:59:44 une requalification des terrains sur les portes du Vercors qui sont passés
00:59:48 en zone inondable et donc il y aura moins de construction et donc moins
00:59:50 de personnes qui vont être... En fait, il faut regarder à chaque
00:59:52 infrastructure qu'on crée l'avantage pour nos concitoyens par rapport au coût
00:59:57 parce que c'est aussi de l'argent public et donc il faut l'utiliser
01:00:01 là où il est le plus utile.
01:00:02 - Et un câble entre Grenoble et Chamrousse, ça serait plus pertinent
01:00:06 pour d'autres usages ?
01:00:07 - Ça serait intéressant mais il faudrait complètement revoir
01:00:10 l'aménagement de Chamrousse. Il faudrait que Chamrousse ce soit
01:00:13 un village qui vive toute l'année parce qu'un câble qui ne marche
01:00:16 que pour des courtes saisons, d'autant plus qu'il va y avoir
01:00:21 de moins en moins de neige, ce n'est pas forcément encore une fois
01:00:24 le plus utile par rapport au coût de l'aménagement.
01:00:27 Mais la solution ne me paraît pas tout à fait dénuée de sens.
01:00:32 Il faudrait voir, il faut faire des études sur si ça peut servir
01:00:37 toute l'année, à combien de personnes, etc.
01:00:39 Mais c'est un sujet parce que sur les émissions de CO2,
01:00:43 par exemple sur les stations, 75% des émissions en réalité
01:00:46 c'est le transport en voiture pour aller de la métropole.
01:00:50 - Jérémy Yordadov, merci. Il vous reste un petit exercice.
01:00:54 Posez une question à Christophe Ferrari qui sera notre invité
01:00:57 la semaine prochaine, le président de la métropole grenobloise.
01:01:00 Il est derrière cette caméra qui est en face de vous.
01:01:04 - Bonjour Christophe, monsieur le président.
01:01:07 Je voudrais vous poser cette question assez simple.
01:01:13 La métropole, les métropoles, les intercommunautés ont de plus en plus
01:01:16 de compétences, de pouvoirs. Elles financent des projets
01:01:22 qui sont structurants pour les habitants.
01:01:24 Est-ce qu'il ne serait pas temps de présenter ces projets
01:01:29 devant le suffrage universel direct, devant les concitoyens
01:01:32 et donc d'élire ces métropoles au suffrage universel direct ?
01:01:36 Merci.
01:01:38 - Ça fait écho à cette réforme des institutions que vous souhaitez
01:01:41 qu'on a évoquée au cours de cette émission.
01:01:43 Merci d'être venu participer à votre premier QG politique sur Télé Grenoble.
01:01:47 On se retrouve la semaine prochaine. L'émission est diffusée,
01:01:50 vous le savez, chaque vendredi 21h15 de samedi à 13h et dimanche à 19h.
01:01:54 À bientôt.
01:01:56 (Générique)
01:01:59 ---

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