Apolline de Malherbe reçoit Gilles Kepel, politologue, spécialiste du monde arabe, dans "Face-à-Face" sur BFMTV et RMC, ce mardi 10 octobre 2023.
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00:00 Gilles Kepel, vous mentionniez le rôle de l'Iran.
00:02 Le Hamas n'a pas pu faire cela seul.
00:04 Quel est le rôle de l'Iran ?
00:06 - Ça semble très difficile que Hamas ait pu penser une opération
00:10 de cette ampleur seul.
00:12 On a annoncé dans un premier temps qu'il y avait eu plus de mille
00:15 combattants qui avaient passé la frontière, tous habillés en noir.
00:19 Aujourd'hui, on annonce que 1 500 cadavres ont été retrouvés
00:23 sur le sol d'Israël.
00:25 Je ne sais pas exactement ce qu'il y a là, mais ça fait beaucoup de monde.
00:28 Ça demande des entraînements énormes et ça demande surtout
00:32 une logistique gigantesque.
00:34 Et on voit bien aujourd'hui qu'avec l'effondrement du leadership
00:40 islamiste sunnite, Daesh a été démoli.
00:43 Les frères musulmans ne sont plus du tout en position de force.
00:47 Aujourd'hui, le Qatar les a cesse de les soutenir, comme il le faisait
00:52 autrefois, puisqu'il s'est réconcilié avec l'Arabie saoudite.
00:55 La Turquie d'Erdogan les a fait partir parce qu'Erdogan a besoin
00:59 des pétrodollars saoudiens et émiratis dans les coffres de ses banques
01:03 pour juguler l'inflation.
01:05 Étonnamment, quand on vous écoute, on a l'impression qu'ils sont
01:07 plutôt dans un moment de faiblesse et pourtant, c'est le moment
01:10 où ils montent cet axe de grande puissance.
01:12 Oui, mais c'est ce que je suis en train de vous dire, parce que justement,
01:15 du coup, ils ont été obligés d'être instrumentalisés par l'islamisme chiite.
01:21 C'est ça, c'est à dire que ce qui peut sembler curieux, c'est que c'est
01:24 un parti sunnite qui est issu des frères musulmans Hamas.
01:27 Et ce qui veut dire Hamas en arabe, c'est "harakat al-mukawwama al-islami"
01:31 ça veut dire "mouvement de la résistance islamique".
01:33 Mais aujourd'hui, c'est l'Iran qui contrôle ce qu'il appelle
01:37 l'axe de la résistance, donc qui part de Téhéran, qui passe par
01:42 un certain nombre de milices chiites irakiennes, par le régime de
01:46 Bachar el-Assad en Syrie, le Hezbollah au sud du Liban et Hamas.
01:51 Pour l'instant, pour autant, l'Iran n'a pas réclamé, n'a pas responsabilité.
01:56 Et l'Iran, pourtant, si on vous écoute bien,
02:01 l'Iran a une responsabilité directe, a une implication directe,
02:05 mais ne la revendique pas.
02:07 Non, parce que sinon, le pas suivant, c'est une guerre à beaucoup
02:13 plus grande ampleur et l'Iran est une puissance du seuil nucléaire,