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Transcription
00:00 - Et là vous allez entendre la voix de Nicolas Caro et croyez-moi c'est quelque chose...
00:03 - Mais là, le chair de poule déjà !
00:05 - Chaque semaine il a un défi, en trois minutes chrono il doit nous pitcher trois bouquins, ne faites pas ça chez vous, évidemment c'est un professionnel !
00:13 - Surtout que ce sont deux romans drôles et un beaucoup moins drôle mais superbe.
00:19 Et les romans drôles c'est très rare en fait, c'est très rare de rire en lisant.
00:24 On voit rarement dans le métro des gens qui vraiment s'esclafent devant.
00:27 - Pénac, moi je fais rire.
00:29 - Bien sûr, c'est un grand maître du genre.
00:31 Mais il y a aussi Fabrice Caro, on va en parler dans un instant, juste avant, un peu moins connu mais génial, je l'ai découvert, il s'appelle Daniel Ford, c'est pas son premier roman.
00:41 Ça s'appelle "La vague qui vient" chez Inculte et ça commence avec le plus beau flashback que j'ai jamais lu.
00:47 C'est-à-dire, vous savez, il y a parfois les romans qui commencent avec des fausses ouvertures, un truc qui n'a pas forcément un grand lien avec l'histoire.
00:53 Là c'est un flashback de 70 000 ans, c'est-à-dire qu'on commence il y a 70 000 ans, quand l'île n'était pas encore une île puisqu'elle n'était pas entourée d'eau, c'était une colline.
01:01 Et des hommes trapus avancent vers cette île et la colonisent.
01:05 Ça, ça dure trois pages et ensuite, paf, c'est de nos jours avec un type complètement loser qui est en fait un dessinateur de bande dessinée et qui ne va pas bien du tout.
01:14 Parce que son projet professionnel a échoué, son projet ça s'appelait "La galaxie des mille soleils".
01:20 Un projet très, très ambitieux, très album, sans aucun texte que des images, mais très, très belle, hyper novateur.
01:27 Sauf que le tome 1 était un échec, donc pour les douze suivants ça va être un peu compliqué.
01:31 Et donc il vient noyer son chagrin dans une île entourée d'eau avec des pierres sèches mouillées.
01:37 C'est le chagrin, cette expression.
01:39 Et on se dit "bah oui, mais ceux qui ne vous tuent pas..."
01:43 Tout le monde lui dit "ce qui ne te tue pas te rend plus fort".
01:45 Il dit "non, c'est pas vrai, ceux qui ne vous tuent pas vous minent", dit-il.
01:49 "Vous rongent, vous usent, nuient à la qualité de votre sommeil, créent de l'angoisse, du stress, de la dépression, des rides, des cheveux blancs, des ulcères, des cancers et des douleurs musculaires".
01:56 Voilà ce que ça fait.
01:57 - De mémoire, il a fait ça.
01:58 - Et donc il n'est pas très optimiste, il n'est pas très bien parti.
02:00 Et il est un peu tout seul dans sa petite maison, puisqu'il avait ça, une petite maison sur une petite île.
02:04 Et il écoute des disques de gouttes d'eau qui tombent.
02:07 C'est ça son activité.
02:08 Jusqu'à ce que le maire vienne le voir pour lui demander s'il ne serait pas capable de dessiner une grande fresque.
02:14 Alors pas, pas comme Michel-Ange dans la Chapelle Sixtine, dans la salle des fêtes, faire une fresque sur l'île avec toutes les figures et tout le patrimoine de l'île.
02:23 Et c'est hilarant, ces 300 pages où on rit à peu près toutes les deux pages, vraiment très fort.
02:28 - Daniel Fort justement.
02:29 - Daniel Fort chez un culte.
02:30 Je vais un peu vite, j'ai perdu du temps là.
02:31 Fabrice Caro, Journal d'un scénario, je vais plus vite parce que vous allez le recevoir bientôt.
02:36 Et Fab Caro, on le connaît déjà.
02:38 Je dis Fab Caro parce que c'est son nom quand il fait de la bande dessinée.
02:41 - Parce que c'est votre frère.
02:42 - Pas du tout, c'est C.A.R.
02:43 Moi c'est C.A.2.R.E.A.U.
02:44 Je précise, vous avez raison.
02:45 Et donc Fab Caro, c'est quand il fait de la BD.
02:47 C'est Zai, Zai, Zai, Zai, moi qui ai l'air plus que demain, etc.
02:51 C'est génialissime.
02:52 Et il écrit aussi des romans.
02:54 Il en a écrit déjà quatre, c'est le quatrième, je crois.
02:56 Journal d'un scénario, chez Cignes, collection Cignes chez Gallimard.
03:00 Et c'est l'histoire, on lit le journal d'un scénariste qui est hyper heureux.
03:04 Il a réussi à vendre Les Servitudes Silencieuses, un film pareil, très très ambitieux, en noir et blanc.
03:09 Et pourtant c'est juste une histoire d'amour un peu fade.
03:12 Et un producteur, miracle, s'en empare.
03:14 Il se demande pourquoi, mais il est très content.
03:16 Et puis finalement, il va se rendre compte petit à petit que le producteur a aussi envie d'y mettre un peu son grain de sel.
03:20 Et ça se transforme en truc de Ken Loach qui rencontrerait un blockbuster.
03:27 C'est très très étrange.
03:28 Et ça devient de plus en plus étrange.
03:30 Et on suit aussi sa vie à lui qui est aussi un naufrage.
03:32 Bon, c'est les losers qui nous font le plus rire, évidemment, toujours.
03:35 Et puis donc le dernier, L'Enragé, de Sorge Chalandon, chez Grasset, qui est magnifique.
03:41 Ça se passe à Belle-Île, en 1934.
03:43 On le sait peu, mais là-bas il y avait une colonie pénitentiaire jusqu'en 1977.
03:47 Et à cette époque-là, dans les années 30, il y a eu une évasion massive.
03:51 56 prisonniers, jeunes prisonniers, qui se sont évadés.
03:56 On les a tous trouvés, parce qu'on est sur une île, donc évidemment on les a tous retrouvés.
04:00 Sauf un, et c'est son histoire qu'il nous raconte dans L'Enragé.
04:03 Évidemment, là c'est de la fiction, c'est pas que de l'histoire.
04:06 Mais c'est génial.
04:07 Il est parti de l'histoire vraie pour derrière tirer le chèque.
04:09 L'histoire de l'évasion est vraie, mais il invente le 56e.
04:11 Et c'est superbe.
04:13 Il parle aussi de lui, L'Enragé, c'est un peu lui, Sœur Chalandon,
04:16 parce qu'il a eu une enfance un peu compliquée, avec un père compliqué aussi.
04:19 Et il nous parle de ça, et de comment il ne desserre jamais les points.
04:22 Et comment on lui a appris à desserrer enfin les points.
04:25 C'est très beau.
04:26 L'Enragé de Sœur Chalandon, bravo Nicolas Caron.
04:29 Vous avez dépassé légèrement les 3 minutes, mais on valide néanmoins.
04:32 C'était passionnant, t'as fait 17 minutes.
04:34 Ça va, on vous en prend.