C'est quoi une naissance respectée ? Interview sans filtre avec avec Ève Simonet

  • l’année dernière
À l’heure de la surmédicalisation des naissances, du patriarcat et des représentations traumatiques de l’accouchement, que sont devenus les droits des femmes ? C'est ce à quoi tente de répondre les réalisatrices Clémence Matveeff, Claire Telliere, Judicaëlle Perrot et Marie Duriavic,
dans leur série documentaire, “Naissances Respectées”, produite et diffusée sur on.suzane.

☀︎ Retrouvez la série-documentaire ici : https://on-suzane.com/programs/collection-bfdgvf7bg5y?category_id=136644

☀︎ on.suzane, c'est quoi ? https://www.instagram.com/on.suzane/

☀︎ Crédits :
Léa Leyris : montage
Transcription
00:00 Il y a quelques chiffres qu'on cite dans le documentaire,
00:02 comme par exemple 82% de péridurale ou plus de 25% de déclenchement,
00:07 alors qu'aujourd'hui, on sait, il y a beaucoup de statistiques
00:09 qui montrent que seulement 10% des naissances auraient besoin d'être médicalisées.
00:12 Je m'appelle Eve Simonnet, j'ai 28 ans,
00:17 je suis la maman de Ferdinand qui a 3 ans, maintenant,
00:20 et je suis la fondatrice de On Suzanne,
00:22 une plateforme vidéo qui est dédiée à l'intime,
00:25 où on traite des sujets de la maternité, du corps, de la condition féminine,
00:29 et des relations.
00:31 Naissances respectées, c'est notre nouvelle série documentaire originale,
00:34 qui est sortie le 5 octobre sur On Suzanne.
00:36 C'est donc une série en 4 épisodes,
00:39 qui a été réalisée par 4 de nos réalisatrices,
00:41 Judy K. L. Perrault, Marie Duryavik, Claire Tellier et Clémence Matvif.
00:46 Elles sont parties dans un grand voyage
00:49 pour essayer de comprendre ce que ça voulait dire de respecter les naissances.
00:54 Et c'est une série où on va parler d'accouchement à domicile,
00:57 de violences aussi obstétricales,
00:59 de respect des droits des femmes, des familles, des parents,
01:02 du contexte politique dans lequel on donne naissance aujourd'hui en France.
01:05 On a aussi voulu faire ce documentaire pour dénoncer l'hyper-médicalisation
01:09 dont sont victimes beaucoup de femmes et de familles aujourd'hui en France à l'hôpital.
01:13 De base, ça part quand même d'un bon sentiment de vouloir protéger à la fois la patiente,
01:18 mais on se rend compte de plus en plus que souvent,
01:20 il y a énormément d'actes qui ne sont pas forcément nécessaires,
01:23 et qu'il y a une logique aussi derrière financière,
01:25 qui ne va pas forcément aller dans le sens de la physiologie,
01:28 donc qui peut aussi créer de la pathologie derrière.
01:31 Et c'est Anna Roy qui nous le dit très justement.
01:33 Il ne faut convoquer la médecine que lorsqu'elle est nécessaire.
01:36 C'est-à-dire que convoquer la médecine alors qu'elle n'est pas nécessaire
01:39 risque d'entraîner la pathologie, c'est ça.
01:42 Quand on critique l'hyper-médicalisation.
01:43 Bon, la médecine c'est une merveille.
01:45 Une merveille d'invention de l'homme, c'est une merveille.
01:48 J'adore les antibiotiques, j'adore les réanimations,
01:51 j'adore les forceps, j'adore tout.
01:53 Quand c'est nécessaire.
01:54 C'est aussi un combat féministe de dire,
01:56 "Laissons accoucher les femmes comme elles l'entendent."
01:58 Parce que derrière un accouchement qui se passe mal,
02:01 c'est un traumatisme pour la mère, pour l'enfant, pour la famille.
02:04 Ça va poser des problèmes de lien, d'attachement aussi par la suite.
02:07 Pour l'éco-datation, moi je suis allée voir une gynécologue à Anguin-les-Bains.
02:12 Et je lui ai dit, "En fait, j'attends de rencontrer une sage-femme à Adès."
02:17 Catastrophe.
02:18 Je vous le dis tout de suite, vous auriez été ma fille,
02:21 je vous aurais hurlé dessus.
02:23 Ça tombe bien, je ne suis pas votre fille.
02:25 Mais elle m'a dit, "Très bien, je vous souhaite bon courage et bonne chance."
02:29 Parce que moi qui suis accoucheuse, je peux vous dire que j'en ai vu des choses.
02:33 Et pour votre premier, c'est un peu couillu.
02:36 Alors que quand on se sent en pleine puissance pendant son accouchement,
02:40 ça ouvre un certain monde.
02:42 Et ça, on en parle bien dans l'épisode 2 de toutes les femmes qu'on a vues,
02:46 et moi inclue, qui ont eu un accouchement qui leur convenait.
02:49 Ça ouvre une grande porte de puissance.
02:52 Quand on dénonce les mauvaises conditions qu'il y a à l'hôpital,
02:56 on ne peut pas ne pas parler des soignants.
02:59 Et les soignants eux-mêmes se rendent compte qu'aujourd'hui,
03:01 ils sont dans des positions où ils ne peuvent pas prendre en charge correctement
03:04 les patientes par manque de temps, par manque de personnel aussi,
03:08 par manque de moyens humains et de moyens financiers également.
03:12 Et ça, c'est un énorme problème politique,
03:15 dans quelles conditions finalement on fait naître ses enfants,
03:18 on fait accoucher ses femmes et on laisse ses professionnels travailler.
03:21 Donc il y a de la souffrance vraiment des deux côtés.
03:24 Il existe plusieurs types d'accouchements.
03:26 Quand aujourd'hui on veut accoucher, on peut soit aller à l'hôpital public,
03:30 soit aller même en clinique privée.
03:31 Mais il existe des alternatives, comme par exemple les maisons de naissance.
03:35 Ce sont des espaces qui sont collés à des maternités
03:39 et qui ressemblent un petit peu à un environnement comme à la maison.
03:42 Quand il y a moins de lumière, quand il n'y a pas 15 moniteaux,
03:46 des forceps à côté de nous, on se sent toujours un peu mieux.
03:48 Et ces maisons de naissance, elles sont gérées par des sages-femmes.
03:51 Si jamais il y a le moindre problème, hop, on peut transférer à l'hôpital.
03:54 Les maisons de naissance ont fait leur preuve,
03:56 puisqu'on a beaucoup de statistiques à ce sujet,
03:58 comme quoi il y a beaucoup moins d'instrumentalisation,
04:01 que le ressenti des familles est bien meilleur,
04:03 que les bébés vont très bien, etc.
04:05 Mais il manque la volonté politique
04:06 pour pouvoir ouvrir plus de maisons de naissance malheureusement.
04:08 Il existe aussi du coup l'accouchement assisté à domicile,
04:11 où là ça va être une sage-femme ou deux éventuellement.
04:15 Un suivi global, on se sent toujours beaucoup plus en confiance,
04:18 et c'est toujours ça l'idée.
04:19 Quand on se sent en confiance, l'accouchement se passe mieux en fait.
04:23 Et donc cet accouchement à domicile, il se fait sous certaines conditions,
04:27 que la grossesse se passe bien, qu'on ne dépasse pas le terme,
04:31 qu'il n'y ait aucun problème si le diabète, etc.
04:33 Là on ne peut pas y aller.
04:34 Le problème c'est que les sages-femmes AAD,
04:38 elles n'ont pas d'assurance,
04:39 puisque l'assurance coûte le prix de leur salaire annuel en gros.
04:45 Donc c'est à peu près 25 000 euros,
04:46 et c'est à peu près le bénéfice d'un cabinet de sages-femmes en libéral.
04:50 Et donc c'est pour ça que c'est pas mal aussi diabolisé.
04:52 Mais en vrai c'est elles qui prennent des risques.
04:54 Et elles les prennent parce qu'elles savent aussi l'importance en fait,
04:57 de pouvoir laisser le choix aux femmes de faire la naissance qui leur convient.
05:00 Aujourd'hui on est en train de produire pas mal d'autres films,
05:04 plein de trucs super pour pouvoir s'informer et s'éveiller.
05:09 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
05:12 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
05:15 [Musique]

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