Son accouchement a tourné au cauchemar

  • il y a 3 mois
Découvrez le récit poignant de Mélyssa, qui nous partage l'expérience traumatisante qu'a été son accouchement et les conséquences dévastatrices que cela a eu sur sa santé physique et mentale. Elle pointe les négligences médicales subies et les erreurs de traitement qui ont marqué sa vie et met en lumière la nécessité d'une communication et d'un respect accrus dans les soins de santé.

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Personnes
Transcription
00:00La gynécologue revient, elle arrive un peu survoltée
00:03et elle s'adresse aux sages-femmes de manière un peu virulente en leur disant
00:06« Mais enfin ! Elle aurait déjà dû pousser ! »
00:09Je suis un peu dans le gaz mais je comprends qu'il y a quand même quelque chose qui fonctionne pas,
00:13ça communique pas, j'entends qu'on s'excite un peu autour de moi, je me dis « Ok,
00:17il y a potentiellement quelque chose qui va pas. »
00:19La continuité d'une relation amoureuse, on a le projet d'avoir un bébé,
00:24il s'avère que je tombe enceinte de suite
00:27et du coup je donne naissance à un petit garçon le 24 juin 2017
00:33et c'est là où ma vie va prendre un tournant complètement différent.
00:37Ça commence la veille de l'accouchement,
00:39c'est-à-dire que j'ai un dernier rendez-vous gynéco ce jour-là en matinée
00:44et donc je me rends chez ma gynécologue qui m'explique que
00:47si je pouvais accoucher le lendemain, c'est-à-dire un samedi,
00:50ça l'arrangerait bien puisqu'elle est en garde ce week-end-là
00:53et donc elle m'ausculte et elle me fait mal
00:55mais je sais pas exactement ce qu'elle me fait, je sais qu'elle me fait mal
00:59et je comprendrai plus tard qu'elle me décolle les membranes
01:02pour activer un peu le travail.
01:05Alors faut savoir que mon travail est pas du tout mis en route,
01:08mon col n'a pas bougé, vraiment physiquement moi j'y suis pas.
01:11Je suis ses conseils qui sont qu'il faut que je marche au maximum
01:16pour que le bébé puisse vraiment descendre de manière efficace dans le bassin.
01:20Je m'exécute, je sais absolument tout ce qu'elle me dit
01:23et je marche toute la journée.
01:25Je crois que je fais des kilomètres avec mon gros ventre, j'ai 24 kilos en plus,
01:28c'est pas facile mais je le fais en me disant que ça va porter ses fruits.
01:31Là je m'extermine, il est 22h, je me pose, je m'assieds exactement,
01:35je m'assieds dans mon lit, je sens une pression dans le bas de mon ventre
01:39et je percute que je perds les os.
01:42On arrive à la maternité, il doit être 22h30,
01:45j'arrive, je ne suis pas stressée, c'est cool.
01:48Ils me posent le monito et là je pense que tout est psychologique,
01:53à partir du moment où le monito est posé,
01:55je commence à avoir des contractions toutes les minutes, ça ne s'arrête plus.
01:58Le temps avance, mon travail par contre n'avance pas,
02:02ça dure comme ça pendant des heures, on stagne avec un col qui ne bouge pour ainsi dire pas.
02:07On avance dans la nuit forcément, on fatigue.
02:11Les sages-femmes décident de me masser le col à chaque contraction.
02:14C'est une horreur littéralement, quand on vous touche, que vous avez une contraction
02:18et qu'on vient chipoter votre col, c'est ignoble.
02:22Mais toujours persuadé que c'est ce qu'il faut faire,
02:25on continue et on accepte et on le fait.
02:29Il faut savoir que quand on masse un col comme ça,
02:31il y a quand même ces sanguinolents.
02:33Ces sanguinolents, j'ai fini en anémie et tu le sens, tu t'affaiblis au fil du temps.
02:39Et donc cette situation dure pendant plusieurs heures.
02:42Mon col ne se dilatera jamais à 10cm,
02:44je pense qu'on reste bloqué si mes souvenirs sont bons sur à peu près 7cm.
02:48Il faut savoir qu'à ce moment-là, la gynécologue n'est pas là.
02:50Les sages-femmes, elles appellent quand il y a besoin du médecin.
02:53Il est à peu près 7h du matin.
02:54Pour rappel, je suis là depuis 22h30.
02:56Je crie un peu au secours et je demande aux sages-femmes.
02:58Je dis là, là vraiment oui, vous allez me chercher la gynécologue
03:01parce que je suis en train de mourir.
03:02Je perds le fil du contrôle de mes contractions que j'avais pourtant jusque là.
03:06Mais là, c'est trop, c'est trop long, je suis fatiguée,
03:09je suis au bout de ce que je peux donner vraiment.
03:11Elle arrive du coup à 7h du matin, elle me regarde,
03:14elle me dit mais non madame, vous n'allez pas mourir, ça va aller.
03:16On a encore un petit peu le temps.
03:18Je ne peux rien répondre à ça et je fais de nouveau ce qu'on me dit.
03:21Donc, elle demande aux sages-femmes de continuer à amasser le col.
03:24Donc, c'est ce qu'on fait encore pendant environ une heure.
03:27La gynécologue revient, elle arrive un peu survoltée
03:31et elle s'adresse aux sages-femmes qui étaient deux, si je me souviens bien,
03:34de manière un peu virulente en leur disant
03:36mais enfin, elle aurait déjà dû pousser.
03:38Je suis un peu dans le gaz mais je comprends qu'il y a quand même quelque chose
03:41qui ne fonctionne pas, ça ne communique pas.
03:44J'entends qu'on s'excite un peu autour de moi.
03:46Je me dis ok, il y a potentiellement quelque chose qui ne va pas.
03:49Du coup, là, on me repose un monito.
03:51Elle prend un écho externe pendant qu'elle est entre mes jambes.
03:53Elle a aussi l'échographie sur mon ventre.
03:57On ne s'adresse jamais à moi.
03:58Toujours en s'adressant aux sages-femmes,
03:59j'entends qu'elle dit que le cœur du bébé est en détresse et qu'il faudrait s'accélérer.
04:03Et donc, elle me dit on va pousser.
04:05Je pousse.
04:06Je pousse pendant une heure.
04:07Alors, déjà là, je pousse.
04:09Moi, je n'ai jamais poussé de ma vie.
04:10Je n'ai jamais eu de bébé de ma vie.
04:11Je ne sais pas comment on pousse concrètement.
04:13Et donc, je pousse.
04:14Et je me rends compte, effectivement, que je pousse un peu par la tête.
04:17Et elle me dit, enfin, madame, ce n'est pas comme ça qu'on pousse.
04:20Je vais aller mettre mes doigts.
04:22Vous éjectez mes doigts, qu'elle me dit.
04:23D'accord, je veux dire, je suis là à l'agonie.
04:26Je n'ai pas le choix que d'écouter ce qu'elle me demande de faire.
04:29J'essaye effectivement d'éjecter ses doigts en vain.
04:34Je les entends toujours autour de moi s'exciter un petit peu en disant que
04:38le cœur du bébé est beaucoup trop lent.
04:40Elle me dit, madame, je mets les forceps.
04:43C'est des pinces qui se mettent arquées comme ça.
04:46On les passe une à la fois et puis ça fait comme une pince.
04:49Et on vient tirer le bébé par le crâne.
04:51Je n'ai plus la sensation de douleur, mademoiselle.
04:52Le fait que je n'ai pas de péridurale, pas d'anesthésie, rien du tout.
04:55Tu as vraiment ton cerveau qui se met en off.
04:58Tu fais abstraction de la douleur, mais tu as la sensation.
05:01C'est-à-dire que je sens qu'elle rentre les forceps.
05:03Je n'ai pas mal, je n'ai pas mal.
05:04Le bébé sort, je ne sens rien.
05:06Enfin, je sens qu'il passe, mais je n'ai pas mal, je n'ai pas mal.
05:09Et donc le bébé sort, j'entends qu'il ne pleure pas.
05:12Et je comprends tout de suite, elle me le montre et elle sent bon.
05:15Elle me dit, voilà, on va s'occuper de lui.
05:17Pendant qu'on s'occupe de lui, on va s'occuper de vous.
05:19D'accord.
05:20Donc mon bébé, il va partir une heure et demie à peu près.
05:23Je n'ai pas de nouvelles.
05:23On ne vient absolument rien m'expliquer.
05:25Je ne sais pas ce qu'il en est.
05:26Et en même temps, j'ai un petit peu une seconde vie parce qu'il est là.
05:29Il est là.
05:29Donc, tu sais, dans ton esprit, dans des moments pareils,
05:32tu essaies de voir le positif et tu te dis OK, il est là, ça va aller.
05:35Et donc, pendant ce temps là, la gynécologue me dit qu'elle va s'occuper de moi.
05:37Je ne réalise pas ce qui s'est passé au niveau des forceps, etc.
05:41Elle me dit, pendant que votre bébé n'est pas là, je vais vous recoudre.
05:45Donc là, je me dis OK, il s'est passé des trucs.
05:47Elle me dit, par contre, madame, j'ai visé un peu court pour l'épisiotomie.
05:50Déjà, je suis ravie d'apprendre qu'elle m'a fait une épisiotomie.
05:52Bien qu'on était dans le...
05:54Enfin, il n'y a pas de dialogue et je trouve ça tellement pas normal.
05:58Et quand elle me dit ça, je me dis OK, relativisons.
06:01Ça implique des séquelles, autant physiques que psychologiques.
06:05Encore maintenant, dès qu'il y a un élément qui m'y fait penser,
06:09je cauchemarde, je suis en train d'accoucher.
06:12Enfin, c'est une horreur, une boucherie.
06:13Et ce n'est pas fini parce que quand elle m'explique qu'elle va me recoudre,
06:17il n'y a toujours pas d'anesthésiants, il n'y a toujours pas de péridurale.
06:20Et donc, elle m'explique qu'elle va faire une injection locale.
06:22Quand elle attend quelques minutes et puis elle touche la zone
06:25pour voir si la zone est bien endormie, ça ne s'endort pas.
06:30Elle refait une deuxième injection, ça ne s'endort toujours pas.
06:34Mais je ne finis pas par lui dire écoutez, allez-y, on ne va pas rester là.
06:37On ne va pas rester là pendant un siècle.
06:39Alors que flûte, il y a un moment donné, si elle ne trouve pas la solution,
06:43j'en ai pas non plus et il faut à un moment donné qu'on arrête ça.
06:46Qu'on arrête ça parce que je suis au bout du truc.
06:49J'ai donné ce que je pouvais donner, stop.
06:51Et pendant ce temps-là, on ajoute que je n'ai toujours pas de nouvelles de mon bébé.
06:54Et donc, elle me dit qu'elle a visé un petit peu court.
06:56Elle me dit je vous ai déchiré à l'intérieur, à l'extérieur.
06:59Mais ça va aller, on va refaire ça correctement.
07:03Donc ça se trame, je suis un peu en stand-by, j'attends juste mon bébé.
07:06Et elle termine, j'ai récupéré mon bébé quand je suis remontée en salle de réveil.
07:12Du coup, mon séjour à la maternité, je suis restée un jour de plus
07:17parce que mon bébé n'était pas en forme, il avait des infections sanguines.
07:20Il y avait un liquide méconial, c'est quand le bébé va à sel dans ses os.
07:26Et ça, il y avait eu aussi un peu de négligence parce que je lui avais dit
07:29que mon bébé, ça faisait des semaines, il avait le hockey dans mon ventre.
07:32Et je ne suis pas docteure, mais pour moi, un bébé qui a le hockey,
07:36ça veut dire qu'il ingurgite.
07:37S'il ingurgite, forcément, ça va faire son trajet et il va devoir expulser tout ça.
07:42Donc là déjà, je pense qu'on aurait peut-être pu anticiper ça aussi.
07:46Donc on restait un jour de plus.
07:47Le petit, il a des prises de sang les premiers jours,
07:51super régulières dans ses petites mains, pour vérifier un peu tout ça.
07:55Il a une petite jaunisse aussi.
07:56Mais antibiotiques, il se retape relativement vite.
08:00Après, j'avais le souhait d'allaiter, mais il est tellement faible
08:04qu'il a vraiment du mal à prendre le sein.
08:06Je n'ai pas été accompagnée.
08:07Du coup, pour mettre ce bébé au sein, c'est ma maman qui m'a aidée.
08:10J'ai tiré par dans mon colostrum.
08:13Je l'ai mis dans une petite cuillère et je l'ai mis dans sa bouche les premières fois.
08:16Histoire qu'il prenne un peu de force, mais un peu comme tout le reste,
08:19on te laisse un peu te débrouiller par toi-même.
08:22Et c'est grâce aux gens qui t'entourent que tu arrives à faire quelque chose.
08:26Le premier bain qu'on donne à la maternité, je n'ai pas pu le faire.
08:29C'est ma maman qui l'a fait.
08:30Parce que pour moi, c'était impossible de rester debout.
08:33À ce moment-là, je me dis que c'est normal.
08:35Quand ils viennent faire tes soins, parce qu'ils sont venus quand même...
08:37Des soins, c'est un bien grand mot.
08:38Ils viennent quand même vérifier tes cicatrices.
08:41Il n'y a rien vraiment d'exceptionnel.
08:43On te désinfecte.
08:45T'as beau exprimer que t'as mal, ils te disent un peu ce que je suis en train de dire.
08:48C'est normal.
08:49Après, je n'étais pas sûre non plus qu'il y avait un problème.
08:51Je ne connais pas les sensations.
08:53Pour moi, c'est normal et ça va passer.
08:56D'une femme à l'autre, je pense que ça varie.
08:58Et c'est moi, au fil du temps, qui me rends compte que j'ai du mal à m'asseoir.
09:02C'est vraiment localisé sur mon vagin.
09:05Aller aux toilettes, c'est compliqué.
09:07S'essuyer, c'est compliqué.
09:08Les rapports, on oublie.
09:10C'est une torture.
09:11Je me dis non, il y a un problème.
09:13On est plus d'un an après.
09:15Je vais aller revoir ma gynéco, celle qui a mis mon fils au monde.
09:18Peut-être qu'elle va trouver une explication à ça.
09:22Donc, elle m'ausculte.
09:23Et elle se rend compte que la cicatrice d'épiziotomie est complètement fibrosée.
09:27C'est-à-dire que les tissus sont tout durs.
09:30Ils comparent ça à des tissus morts.
09:31C'est vraiment des tissus qui ne reviendront plus à eux.
09:34Et donc, je suis un peu naïve.
09:35Et je lui demande quelle pourrait être la solution.
09:38Des crèmes, je ne sais pas, tu sais, pour assouplir les tissus.
09:42Moi, j'imagine ça.
09:43Et puis, elle me dit non, non, il faut opérer ça, madame.
09:46Elle me dit, il faut faire une reprise d'épiziotomie.
09:48Donc, on va retirer les tissus qui sont fibrosés.
09:52Et puis, ça va se refaire.
09:53Et un peu comme une fleur, ça fleurit et on n'en parle plus, quoi.
09:55Du coup, je demande quand même, tiens, qu'est-ce qui aurait pu provoquer une réaction comme ça ?
10:00Que ça cicatrise relativement mal.
10:03Elle me dit que potentiellement, ça serait une allergie aux sutures.
10:08OK, donc, elle me dit qu'elle suturera avec d'autres sutures quand elle opérera.
10:13Je me suis opérée il y a six jours.
10:14Le samedi, je me rends compte qu'il y a un problème.
10:16Je me lève, je ne sais pas rester debout.
10:17Je me dis, OK, là, il y a vraiment quelque chose qui ne va pas.
10:20Et j'ai mal, mais c'est vraiment horrible, horrible.
10:23Je suis un peu larguée parce que j'ai peur.
10:25J'ai peur de ce que je risque de voir.
10:28Et en même temps, je suis incapable d'aller regarder entre mes jambes
10:30juste parce que je ne sais pas...
10:32Enfin, je ne saurais pas le faire moi-même, en fait.
10:33Et donc, je demande à mon compagnon qui tourne vite de l'œil.
10:36Mais je lui dis, écoute, là, j'ai besoin de toi.
10:37Il faut que tu regardes ce qui se passe parce que je pense qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
10:40Il regarde et je vois à sa tête tout de suite qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
10:44Et il me dit, il faut aller aux urgences parce que je pense que tes fils, ils ont sauté.
10:47Et donc, j'arrive au guichet, je lui explique que le lundi précédent,
10:50je me suis fait opérer par le docteur Intel qui a fait une reprise d'épisiotomie.
10:56Et je leur dis, je pense qu'il y a un problème.
10:59La gynécologue de garde arrive.
11:00Elle me demande de rentrer dans une salle.
11:02Une salle, il y avait du plâtre partout.
11:03Elle dépose ses affaires à côté de la table.
11:07Elle met des gants.
11:08Elle me dit, allez-y, montez sur la table.
11:10OK, je monte sur la table.
11:12Enfin, c'est mon compagnon qui me met sur la table.
11:14Et je la regarde et je suis bête.
11:15Enfin, je suis complètement naïve et je ne sais pas ce qui m'arrive.
11:18Et je lui dis, mais il n'y a pas d'étrier sur la table, comment on va faire ?
11:23Elle me dit, vous prenez vos bras, vous les passez en dessous de vos cuisses
11:26et vous tirez vos jambes vers vous.
11:27Je le fais et donc, elle regarde.
11:30Aucun tact.
11:31Ça, je perds quand même un peu de patience parce que je me dis vraiment qu'il y a un truc qui ne va pas.
11:34Elle me regarde et me dit, oui madame, vos fils, ils ont sauté.
11:37Mais on ne peut plus ressuturer, ça fait trop longtemps que les tissus sont à vif.
11:41Il faut enlever les fils, qu'elle me dit.
11:42Elle prend son petit scarpelle et sa petite boîte, tu sais quand les gens sont malades.
11:48Et elle commence, paf, paf, paf, elle m'enlève mes fils à vif comme ça.
11:51Et je tiens mes jambes et j'attends que ça se passe.
11:53Elle termine ça, elle désinfecte.
11:55Elle me dit, c'est bon, mettez-vous debout.
11:57Je l'écoute, je me mets debout.
11:59Et je la regarde et je lui dis, mais moi lundi, je travaille, comment je vais faire ?
12:02Marchez les jambes serrées, ça va aller madame.
12:04Je regarde mon compagnon, je lui dis, on s'en va.
12:06Là, c'était, non, c'était trop, on s'en va.
12:09On est samedi, je laisse passer le dimanche.
12:12Le lundi, je vois mon médecin traitant qui me dit, oh là là, c'est un carnage et c'est infecté.
12:17Et on ne t'a pas donné d'antibiotiques ?
12:19Ben non, je vais te traiter.
12:21Elle me dit, par contre, on n'a plus de possibilité de suture.
12:23Donc, il va falloir que ça cicatrise en seconde intention.
12:26Donc, les mois passent, les mois passent, les mois passent.
12:29Je change de gynécologue, c'est un homme cette fois.
12:32J'ai pas mal de bons échos le concernant.
12:34Et donc, il constate les dégâts.
12:36Alors, il faut savoir que ça s'est empiré.
12:39C'est-à-dire que maintenant, on n'est plus sur quelque chose d'uniquement vulvaire,
12:42mais mon vagin est devenu adhérent à mon rectum.
12:45C'est une catastrophe.
12:46Les tissus sont fibrosés de partout.
12:48Tout a fait un amas de tissus fibrosés.
12:51C'est comme si j'avais une corde de marin en guise de vagin.
12:55Donc là, je comprends que de nouveau, il va falloir repartir dans des actes chirurgicaux.
13:00Mais ce médecin me promet qu'il va tout faire pour me remettre sur mes pieds
13:05et je me souviendrai toujours de ses propos de refaire de moi une femme.
13:09Et pourtant, c'est un monsieur qui a un certain âge, donc qui a quand même de la bouteille.
13:13Il me dit, même si j'ai jamais vu ça, on va tout faire pour que ça se passe bien, quoi.
13:17Je me fais opérer l'année d'après, cette fois-ci d'une plastivulvo-vaginale.
13:21Quand il a eu terminé l'intervention, en temps réel, il m'expliquait ce qu'il faisait, voilà.
13:25Alors là, le dilemme, c'est d'aller décoller ton vagin du rectum parce qu'il m'explique,
13:29si je touche ton rectum, forcément, on va avoir un problème.
13:32Le but, c'était pas de finir avec une poche.
13:34Et l'opération se passe bien.
13:35À la fin de l'intervention, il vient me montrer ce qu'il a retiré.
13:38Et en fait, c'est vraiment la partie inférieure du vagin.
13:40Ça me fait penser à des petits steaks trop cuits.
13:43C'est vraiment... Tu vois que c'est tout dur.
13:45Et donc, je comprends, du coup, pourquoi ça faisait si mal.
13:48Enfin, je veux dire, c'est des tissus qui ne bougent plus, qui sont là, qui sont douloureux.
13:51Lui, par contre, par prudence, décide de ne pas suturer.
13:54Mais il décide de cauteriser.
13:55Alors quand tu te réveilles d'une cauterisation vaginale, je peux te dire que...
13:59Moi, je me suis réveillée, j'ai commencé à pleurer.
14:00Tu te consumes de l'intérieur, littéralement.
14:02T'as l'impression de prendre ceux de l'intérieur.
14:04Et tu te lèves, et alors tu sais que tu bouges un petit peu comme ça
14:06pour essayer de te soulager, mais une horreur.
14:09Donc là, tu prends du tramadol pendant plusieurs semaines.
14:12Et tu attends que ça cicatrise bien gentiment.
14:16Et entre-temps, étant donné qu'il m'était arrivé tellement d'éléments peu probables,
14:20que j'ai décidé de me procurer mon dossier médical.
14:23Et de voir un peu ce qui s'était tramé avant, pendant l'accouchement, la première plastie.
14:29Et je vois, noir sur blanc, il est marqué noir sur blanc.
14:31Donc on supposait une allergie au suture au moment de l'épisiotomie de l'accouchement.
14:36Et je vois que quand elle a repris cette fameuse épisiotomie,
14:40elle suture avec les fils auxquels j'étais potentiellement allergique.
14:44Et du coup, il s'avère que c'est plus...
14:46Ben c'est avéré, je suis allergique.
14:48Elle est allée suturer avec les mêmes fils.
14:50Pourquoi ? Tout simplement parce que cette dame n'a probablement pas relu son rapport avant d'opérer.
14:55Quand je reprends le sport, je me rends compte que j'ai mal au bassin.
14:59Il y a quelque chose qui ne va pas.
15:00J'ai mal au bassin.
15:01Je me dis, réagissons relativement vite.
15:04Va voir un rhumatologue.
15:06Je ne sais pas pourquoi, je me dis...
15:07Je prends le premier truc qui me passe par la tête, qui pourrait correspondre.
15:10Je me dis, peut-être qu'il y a de l'arthrose, j'en sais rien.
15:12Ça avait tellement été malmené que je ne sais pas trop.
15:15Et donc, je rencontre un rhumato super sympa qui m'ausculte
15:20et qui me dit, ça ressemble quand même à un conflit assez tabulaire de la hanche droite.
15:23C'est le cartilage de la tête du col du fémur qui est impacté et qui est fissuré.
15:30Et donc, il m'envoie chez un orthopédiste, pas n'importe lequel.
15:34Et je rencontre ce monsieur qui me dit, on va faire un arthroscanère
15:38pour voir un petit peu si on confirme ou pas le diagnostic.
15:41Un arthroscanère, c'est une injection d'un produit contraste dans l'articulation.
15:46Ça se fait en champ stérile.
15:48Ce n'est pas très agréable.
15:50Puis après, tu ne sais plus conduire, tu as du mal à marcher.
15:52Enfin, c'est compliqué.
15:54Le résultat de cet arthroscanère, il sera favorable à un conflit assez tabulaire de la hanche droite.
16:00J'ai 26 ans.
16:01Et donc, il n'y a pas de miracle pour ces soucis-là.
16:04Bon, on opère.
16:05On opère.
16:06Donc, je me ferai opérer de ma première arthroscopie en mai 2020.
16:11Sauf que ça ne se passe pas comme prévu non plus.
16:13On patiente un petit peu, à peu près un an.
16:16À peu près un an et quelques mois.
16:19Et cette hanche, elle est toujours pire.
16:20Donc, juillet 2021, je subis ma deuxième arthroscopie de la hanche droite.
16:26Sauf que je suis allergique au futur, je le sais.
16:29Après, on accumule, je suis fatiguée.
16:31J'ai toujours plus de mal à remettre des interventions parce que ça commence à faire long.
16:35Ça fait cinq ans et je ne suis toujours pas sur mes deux pieds.
16:39Alors là, ma hanche n'évolue pas très bien non plus.
16:43Je garde des douleurs quotidiennes.
16:45Et surtout, il y a plein de choses que je commence à ne plus savoir faire.
16:48Je ne sais plus m'abaisser.
16:49Mettre mes chaussures.
16:50Ce mouvement de levier qu'on fait quand on met une chaussure, je n'y arrive pas.
16:54M'habiller, c'est compliqué.
16:56Vraiment, ça commence à être chaud.
16:58Je me rends compte qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
17:00Je commence à avoir mal au dos aussi.
17:02Je commence à avoir mal à l'autre hanche.
17:04La gauche, du coup, elle est surchargée parce que la droite n'est pas en forme.
17:07Je continue quand même un peu comme ça.
17:08On décide quand même de traîner un peu les choses.
17:10Parce que là, on est quand même sur l'hypothèse.
17:12Potentiellement, on réfléchit à mettre une prothèse.
17:14Sauf qu'à mon âge, ils ne sont pas pour.
17:18Je comprends parce qu'une fois qu'elle est mise,
17:20les prothèses ont des durées de vie.
17:21Si ça vient se luxer ou quoi ou qu'est-ce,
17:23il y a un moment donné, si j'atteins le maximum des durées de vie des prothèses,
17:28il n'y aura plus de recours.
17:29Enfin, on fort quand même dans l'os, etc.
17:31Donc, on essaie quand même de maintenir cette hanche comme elle est.
17:35Là, je reprends le boulot et puis je m'arrête quelques semaines après.
17:38Je dis, moi, ce n'est plus possible.
17:39Ce n'est plus possible.
17:40Physiquement, je n'y arrive plus.
17:41Et donc là, on met un arrêt.
17:43Donc, on est en 2021.
17:45Ce n'est pas prêt, à mon avis, de s'arranger.
17:47Sauf que début d'année, on continue toujours à chercher un peu ce qui se trame
17:51puisque je perds beaucoup en mobilité.
17:53C'est handicapant.
17:54Je réalise une EMG.
17:55Donc là, on vérifie un peu ce qui se trame dans mes membres inférieurs.
17:59Et donc, on trouvera que j'ai des atteintes radiculaires au niveau des lombaires.
18:03C'est-à-dire que j'ai des nerfs qui sont compressés au niveau des racines des lombaires.
18:06Alors, je dois encore voir un neurologue puisque les investigations ne sont pas terminées.
18:11J'ai de petits soucis au niveau du dos,
18:13mais qui sont tous reliés à tout ce qui s'est passé
18:15puisqu'en fait, quand j'ai accouché,
18:17le mouvement des forceps, en fait, on m'a démis le bassin.
18:20Donc, ma symphyse pubienne qui relie tes deux ailes de bassin,
18:25elle s'est distendue.
18:26Alors aujourd'hui, comment je me sens ?
18:28Physiquement, c'est toujours plus compliqué.
18:32Je veux dire, si j'avais su,
18:34je n'aurais rien fait.
18:35Je n'aurais rien fait et ça serait resté comme c'était.
18:38Et il n'y aurait pas eu autant de péripéties après et du coup de séquelles
18:41parce que c'est des trucs qui sont irrécupérables.
18:44Je veux dire, on n'a pas d'issue.
18:46À part traiter les problèmes qui arrivent par la suite,
18:48donc les dommages collatéraux,
18:50on n'a plus de solution.
18:51Je veux dire, la prochaine étape, ça va être les prothèses pour les hanches
18:54et il va falloir fonctionner comme ça.
18:56Psychologiquement,
18:58c'est le plus dur, je pense, au final.
19:00C'est le plus dur parce qu'il faut vivre avec ça.
19:03Il faut surtout l'accepter.
19:04Alors, littéralement, c'est impossible.
19:06Moi, je n'accepterai jamais ce qui m'est arrivé.
19:08Jamais, jamais, jamais, jamais.
19:09J'ai dû travailler sur moi.
19:11Donc, je vois toujours une psychologue
19:13parce qu'il y a quand même des troubles associés.
19:15Il y a des angoisses.
19:16J'ai cru mourir.
19:17Je veux dire, je vois la mort un peu partout.
19:19Je suis même un petit peu parano.
19:22C'est bête, mais voilà.
19:24Il y a des cauchemars qui sont hyper réguliers.
19:27Dès qu'il y a un petit élément qui me fait penser à ça,
19:30tout de suite, dans ma tête, c'est compliqué.
19:31Il y a des troubles dissociatifs,
19:33c'est-à-dire que mon corps n'est plus mon corps.
19:35Et mon corps, enfin, je suis moi,
19:37mais mon corps, c'est mon enveloppe charnelle,
19:39mais elle ne fait plus partie de moi.
19:40Donc, c'est compliqué aussi
19:42parce que j'en veux beaucoup à mon corps,
19:45alors qu'au final, il n'a rien à voir là-dedans.
19:48Mais moi, je vois cet aspect où mon corps n'a pas supporté.
19:52Ça, c'est compliqué.
19:53Au niveau de mon anatomie,
19:54il y a quand même des choses qui ont changé.
19:56C'est-à-dire que, par exemple, mon méa urinaire,
19:58il n'est plus à la même place.
20:00Donc, il a fallu que je m'adapte à ça.
20:02Quand tu vas faire pipi au début,
20:04j'ai ces pipis à côté, moi.
20:05Vraiment, ça, il a fallu que je m'y habitue.
20:07Maintenant, je vis avec.
20:10Je vis avec.
20:11Maintenant, si je peux éviter tout ce qui peut m'apporter
20:14des petits tracas, bien sûr, j'évite.
20:17Mais ça va.
20:17Je vais dire, la situation a été pas mal corrigée.
20:20Et de toute façon, il nous restait une solution
20:23si ça ne fonctionnait pas.
20:24On avait parlé de greffes,
20:25mais je ne veux plus qu'on me touche.
20:26C'est terminé.
20:27Je ne veux plus qu'on me touche.
20:28Même si on peut avoir mieux,
20:29je préfère rester sur quelque chose que je connais maintenant
20:32que de nouveau chambouler tout.
20:34Alors évidemment,
20:35ce qu'on m'a posé aussi la question,
20:37je ne referai plus de bébé.
20:40Ça, c'est quelque chose qui n'arrivera plus.
20:43Je pourrais.
20:44Mon utérus est en pleine forme,
20:46mais physiquement, ça serait du ***.
20:49Ça serait du ***.
20:51Donc ça aussi, il a fallu l'accepter,
20:52même si je n'en voulais pas forcément un deuxième.
20:54Je me suis dit, flûte, c'est dommage.
20:56Mais bon, voilà, on est en forme,
20:58ou plus ou moins,
20:59donc c'est quand même le plus important.
21:01Tu vis avec toutes ces séquelles
21:03et ta vie est régie par tout ça
21:06puisque à cause de tout ça,
21:07il y a plein de choses que tu ne fais plus
21:08et donc tu ne vis plus comme...
21:10Tu n'es plus la personne que tu étais avant.
21:12Moi, je ne suis plus la personne que j'étais
21:14et je ne la retrouverai probablement plus jamais.
21:17L'optique que j'ai dans mon témoignage,
21:19c'est beaucoup plus de la prévention
21:21parce que j'estime qu'il n'y a pas une femme sur terre,
21:24atroce peut-elle être,
21:26qui a le droit de vivre un truc pareil.
21:29Ça ne doit pas arriver.
21:30Ça ne doit pas arriver.
21:31C'est inconcevable.
21:32On touche à tous les aspects de ta vie.
21:34Vraiment tout.
21:35Le principal, à mon sens,
21:36c'est ta vie de maman.
21:38Moi, on me l'a enlevée, on me l'a volée
21:39et je ne la récupérerai jamais.
21:41Et je ne suis pas d'accord avec ça.
21:43Et je pense qu'à un moment donné,
21:45il faut qu'on ose en parler
21:46parce qu'il y a beaucoup de femmes
21:48qui se terrent dans la pudeur,
21:49qui sont gênées.
21:50Mais c'est le médecin en face qui devrait être gêné.
21:53Il ne faut jamais douter de soi
21:54et que quand on a une hésitation,
21:56en réalité, il faut l'écouter
21:57et ne pas la mettre de côté
21:59parce qu'on se pense moins compétent
22:02que nos médecins.
22:04Parce que qui mieux que nous
22:06pour connaître notre corps ?
22:08En fait, même le médecin
22:10qui a fait dix ans d'études,
22:11il ne peut pas savoir ce qui se passe
22:13mieux que toi chez toi.

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