On ne peut pas vouloir la Refondation du Mali, et encourager la médiocrité dans la formation des architectes de notre Patrie dixit l'architecte Nicolas Koné. https://www.youtube.com/watch?v=j-0QbiUZrFE
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ÉducationTranscription
00:00 [Générique]
00:12 Mes collègues ont dit tout à l'heure que nous sommes contre personne.
00:16 Et je voudrais que ce soit très clair.
00:19 Nous ne sommes contre personne.
00:21 J'ai souvenir du moment où j'étais président du 13ème conseil,
00:26 puisque Kanté qui vient de finir, il a fait le 14ème et le 15ème,
00:30 et Sidibe est le 16ème conseil.
00:33 Le ministère de l'Urbanisme, la personne de Batchili, nous a écrit
00:39 pour nous intimer de les inscrire.
00:42 Et nous avons répondu à ce courrier en disant que pour qu'on puisse les inscrire,
00:47 l'école doit écrire à l'Union Internationale des Architectes et à l'UNESCO
00:53 pour demander son accréditation.
00:56 Et il y a une commission conjointe, l'Union Internationale des Architectes et l'UNESCO,
01:03 qui vient évaluer l'école.
01:08 Et sur la base de cette évaluation internationale,
01:12 bien entendu appuyée par nous, puisqu'ils ne viennent pas faire l'évaluation sans nous inviter,
01:18 c'est ce dont vous aurez parlé tout à l'heure, nous sommes associés à cette évaluation.
01:23 Et en fonction de cela, nous acceptons, selon la conclusion du rapport,
01:30 que l'école peut être valable.
01:34 Mais la question qui reste en train de tourner, on dit, le Mali a reconnu, pourquoi pas vous ?
01:41 C'est comme si on me disait, le Mali a donné un agrément à un entrepreneur,
01:46 pourquoi il est parti construire un bâtiment qui est tombé ?
01:50 Comment vous expliquez ça ?
01:52 Ce n'est pas parce que le Mali a donné un agrément à quelqu'un,
01:55 que le Mali va aller recruter les professeurs pour la personne,
01:59 que le Mali va aller construire les locaux pour la personne,
02:02 pour pouvoir avoir un cadre d'enseignement adéquat.
02:07 Donc l'agrément d'ouvrir un établissement
02:13 ne peut pas nous, architectes, nous amener à accepter la validité d'un diplôme.
02:19 Puisqu'il y a le contenu de l'enseignement, on en a parlé,
02:22 le cadre de l'enseignement, les professeurs.
02:26 Mon collègue Aloucet nous vient de parler du cas d'un étudiant diplômé
02:30 qui est sorti et qui est parti ailleurs, et qui est parti se renforcer.
02:33 Moi je donnerais l'exemple d'un architecte stagiaire,
02:38 qui a fini son stage chez nous, et jusqu'à présent,
02:41 il n'a pas corrigé le rapport de stage tel que je lui ai donné, pour corriger.
02:45 Et ce monsieur s'est retrouvé à enseigner à les yeux.
02:48 Nous, architectes observateurs extérieurs,
02:51 comment nous pouvons avoir un oeil pour accréditer une telle école ?
02:57 Normalement, un architecte qui n'a même pas fini,
03:00 parce qu'il devait faire ses 18 mois de stage chez nous,
03:03 pour pouvoir être inscrit à l'Ordre,
03:05 je n'ai pas vu son nom au tableau de l'Ordre,
03:08 puisqu'il n'a pas fini son rapport chez moi,
03:11 et j'ai appris après qu'il enseigne à les yeux.
03:14 Et il y en a beaucoup comme ça.
03:16 Donc, il y a un autre qui nous a fait un témoignage lors d'une Assemblée Générale,
03:20 il enseigna à les yeux, à la fin de l'année,
03:25 il y a la validation des différents cours,
03:30 il y a eu des étudiants qui sont venus le voir pour la note,
03:34 il a dit qu'il ne pouvait pas donner la note,
03:36 il n'a pas vu pendant l'année, pendant tous les cours.
03:39 Ils sont retournés voir le directeur,
03:41 et le directeur lui a intimé de les inscrire,
03:45 c'est-à-dire de leur donner la note.
03:47 Il ne peut pas donner une note à quelqu'un qui n'a pas vu pendant son cours,
03:50 dont il n'a jamais corrigé des devoirs.
03:52 Donc c'est pour dire tout simplement,
03:54 ce témoignage-là n'a pas été fait dans une chambre sous une chemise,
03:58 ce témoignage a été fait lors d'une Assemblée des Architectes,
04:01 et l'intéressé architecte diplômé est capable d'intervenir n'importe où,
04:05 pour redire la même chose.
04:08 Donc nous nous sommes obligés,
04:10 apparemment l'école n'a pas voulu se soumettre à l'accréditation de l'UNESCO et de l'UIA,
04:18 ça nous pose problème.
04:20 Dernier élément, personnellement en tant qu'architecte,
04:24 président de l'Ordre des Architectes du Mali,
04:27 j'ai voyagé avec le directeur de l'école,
04:29 pour aller à une réunion sous-régionale à l'école d'architecture de Lomé,
04:35 puisque c'est l'école qui est reconnue sous la sous-région,
04:38 en tout cas sur le plan francophone.
04:40 C'est une école qui a été créée par l'UMOA,
04:43 et il y a 14 pays qui sont dans cette école-là.
04:47 Et nous avons voyagé ensemble,
04:50 nous avons rencontré le directeur de l'école,
04:52 avec le fondateur de l'école de Lesio,
04:58 pour lui dire de voir avec le directeur de l'AMO,
05:02 à l'époque il était à Malien, il vient de finir son mandat de 8 ans,
05:05 en tant que directeur de l'école d'architecture,
05:07 pour analyser avec lui et Lesio,
05:11 et l'école de Dakar,
05:13 et toutes les écoles qui sont dans la même situation dans la sous-région,
05:16 dans l'espace UMOA,
05:17 pour qu'on puisse évaluer,
05:19 faire les points forts et les points faibles de ces écoles-là,
05:22 pour les renforcer,
05:23 parce que l'AMO pouvait monter un programme,
05:25 il faut obtenir un financement pour renforcer ces écoles-là.
05:29 Notre ami Deokho m'a dit oui,
05:32 mais une fois qu'il est rentré à Bovanco,
05:34 on n'en a plus jamais parlé,
05:36 et quand tu veux le voir, il n'est pas disponible,
05:38 on ne le voit que dans les médias,
05:40 pour discréditer l'Ordre des architectes.
05:42 Moi je trouve ça dommage,
05:44 parce que nous sommes tous maliens,
05:46 aujourd'hui on demande quelle est la sortie de crise,
05:50 en France il y a 22 écoles d'architecture,
05:53 notez bien, 22 écoles d'architecture,
05:56 sur les 22, il n'y a que 2 écoles privées,
05:59 et les 2 écoles privées sont reconnues par l'Etat français,
06:02 en tant qu'écoles d'utilité publique,
06:04 on a parlé du caractère utilité publique de l'architecture tout à l'heure,
06:08 ces 2 écoles-là, bien qu'elles soient privées,
06:10 l'Etat a un oeil là-dessus.
06:13 Alors si c'était facile de créer une école,
06:16 gérée par un individu,
06:18 qui signe le diplôme,
06:19 dont le deuxième signataire est le diplômé lui-même,
06:22 on vient de voir le cas du diplôme de Badra,
06:25 le mien, personnel, il y a le ministère du logement de la France qui signe,
06:31 et le directeur de l'école qui signe,
06:33 moi, élève, je n'ai rien à signer sur mon diplôme,
06:35 comment je peux être moi-même à m'offrir un diplôme ?
06:38 Donc il y a un problème à ce niveau,
06:40 qu'on le comprenne ou pas, la réalité c'est que cette école-là,
06:43 il y a ce qu'on appelle le syndrome du créateur,
06:47 quand on met au monde un gosse,
06:50 si quelqu'un touche au doigt, vous pensez qu'on va lui couper le bras.
06:53 Donc lui, il est dans cette situation,
06:55 il a créé son école,
06:57 il ne veut pas qu'on y touche, même pour un pouce.
07:00 Bon, son propre fils a été formé là-bas,
07:03 aujourd'hui, il est le directeur de l'école, semble-t-il,
07:06 mais sa fille n'a pas été formée là-bas, pourquoi ?
07:09 Qu'est-ce que c'est passé ?
07:11 Donc c'est à vous de voir, nous on n'est pas là pour discréditer une personne,
07:15 j'ai eu l'avantage personnel d'étudier dans le même institut d'urbanisme que Deyoko,
07:20 il est urbaniste maîtrisard comme moi,
07:23 je suis urbaniste maîtrisard, sauf que la différence,
07:25 je suis resté pour faire architecture.
07:27 Donc on est ensemble depuis les bancs,
07:29 on se connaît depuis les bancs,
07:31 mais il faut que chacun joue le jeu dans l'intérêt national.
07:35 Il s'agit de l'intérêt national.
07:37 Moi j'étais président et en déplacement en Guadeloupe,
07:40 il y a un parent d'élève qui m'a téléphoné pour demander s'il peut inscrire à l'ESIO.
07:44 Je lui ai dit d'aller voir ailleurs, ce n'est pas opportun parce que ça va créer des problèmes.
07:48 Parce qu'il faut dire la vérité aux parents des gens,
07:50 il faut dire la vérité aux élèves.
07:52 Si les gens ne veulent pas entendre ça,
07:54 une fois qu'il a pris les millions de gens,
07:57 il ne peut pas accepter qu'on vienne dire qu'il ne peut pas donner de diplôme.
08:01 Parce qu'il faut qu'il justifie l'argent qu'il a empoché.
08:04 Donc l'architecture, on vient de dire que c'est social,
08:09 l'architecture est culturelle,
08:11 l'architecture est technique,
08:13 l'architecture est artistique,
08:15 l'architecture est littéraire.
08:16 C'est-à-dire que quand on veut être architecte,
08:18 il faut être performant dans toutes ses disciplines,
08:20 et j'en passe, autant la géologie, la topographie que les autres.
08:23 Toutes les matières, Aïcha l'a dit tout à l'heure,
08:25 participent à la formation de l'architecte.
08:28 C'est pour ça qu'on dit que c'est très difficile.
08:30 Et ça coûte cher.
08:31 Ce n'est pas parce que tu vas aller payer les cours,
08:33 qu'il ne faut pas que tu payes aussi tous les cartons et les ordinateurs
08:36 pour pouvoir continuer à travailler.
08:38 Donc c'est un métier, quand on te voit dans une école d'architecture,
08:42 on pense que tu es fils de ministre,
08:43 ou que tu es fils d'industriel,
08:45 ou fils d'autre chose.
08:47 Ça veut dire que nous autres,
08:48 nous étions comme des ovnis tombés
08:51 dans un milieu qui ne nous regarde pas.
08:54 Parce que ça fait longtemps, en Europe,
08:56 ça se passe de père en fils.
08:57 Ils sont étonnés que nous autres paysans, on se retrouve dedans.
09:00 Donc c'est un métier que nous, on a appris avec amour,
09:04 que nous aimons, auquel nous nous sommes donnés,
09:06 et nous ne pouvons pas nous asseoir et laisser brader.
09:09 C'est-à-dire que l'école malienne a été bradée,
09:12 depuis la maternelle jusqu'à maintenant.
09:15 C'est maintenant qu'on voit les effets néfastes.
09:17 On voit maintenant les effets néfastes.
09:20 Et il faut se réveiller,
09:21 si on veut refonder comme on le dit,
09:24 et tout le monde aime le dire,
09:25 il faut déjà commencer par refonder l'école,
09:29 et les écoles supérieures.
09:32 Moi j'ai des amis qui venaient du Canada pour donner des cours.
09:35 15 élèves, en philosophie et en d'autres matières.
09:40 Les niveaux du français a découragé certains,
09:43 la plupart ne veulent plus venir.
09:45 Donc c'est l'ensemble de l'école qui a un gros problème,
09:48 et là on est en train d'encourager quelqu'un à installer la médiocrité.
09:52 (musique)
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