• il y a 2 ans
Michel Blanc, Louane ? Duo improbable sur papier, évident à l'écran. Complémentaire et émouvant. ⁣

Rencontre avec le tandem complice, à l'affiche de "Marie-Line et son juge" de Jean-Pierre Améris, en salle mercredi 11 octobre 2023. ⁣
Transcription
00:00 - On a pleuré ensemble. - Parce que...
00:02 Rien.
00:09 - C'est vrai ? - Non, un petit peu, quoi.
00:12 Mais c'est vrai que c'est pas...
00:14 Comment dire ?
00:15 Mon cœur de cible musicale que tu pratiques.
00:18 Ça n'est pas péjoratif quand je dis ça.
00:20 C'est parce que j'écoute de la musique classique.
00:23 Moi, contre toute attente, j'ai vu qu'un seul était fini.
00:26 Vraiment, tu sauras jamais quel fait.
00:29 Si c'est une question piège, je vais pas savoir.
00:31 - C'était pas les bronzés. - C'est pour ça que je me doute.
00:35 - Tenue de soirée. - Ah bah oui.
00:37 - Ah bah oui. - Ah bah oui.
00:39 C'est génial, j'ai l'air hyper enthélo.
00:41 J'ai pas vu les bronzés, mais j'ai vu "Tenue de soirée".
00:44 Ce qui n'est absolument pas la vérité sur qui je suis.
00:47 J'ai vu l'autre jour dans le Post.
00:50 Je l'ai vu sur scène.
00:54 Bon, j'ai dit, tiens, bah oui, quand même.
00:56 Viens me voir. Tu veux venir ?
00:58 Mais c'est trop long.
01:00 - Ça va, c'est même pas 2h. - C'est trop.
01:03 Non, pour moi, 2h, c'est trop.
01:05 Je t'en veux pas si tu pars avant la fin.
01:07 Non, parce que ça, ça la fout mal.
01:10 Ça, c'est terrible.
01:11 Ça me ferait rire. Je pourrais faire une pause et dire...
01:15 Là, ça fait 1h, on va faire une pause. On laisse Michel Blanzantir.
01:18 Michel doit rentrer.
01:19 C'est l'heure de rentrer à la maison.
01:21 Il faut qu'il aille se coucher.
01:26 Moi, elle m'a apporté du dynamisme.
01:29 Elle m'a apporté de la spontanéité, de la fraîcheur,
01:33 de la justesse, énormément de justesse.
01:36 Et donc, c'est facile quand il y a quelqu'un en face de vous
01:38 qui vous envoie avec dynamisme une phrase extrêmement bien jouée,
01:42 extrêmement juste.
01:43 Si vous n'êtes pas le dernier des sagouins,
01:47 c'est plus facile pour vous de donner la réplique.
01:50 Arrête, je vais pleurer, vraiment.
01:52 On va arrêter, parce que les gens vont dire...
01:54 Ils ont mis leur numéro au point.
01:56 C'est l'armichant, c'est n'importe quoi.
01:59 Je ne m'étais jamais retrouvée face à quelqu'un
02:01 avec qui c'était aussi simple de jouer dans ma vie.
02:03 Tellement qu'il y a vraiment des moments où je me suis mise à pleurer
02:06 à des endroits où ce n'était absolument pas écrit ou utile,
02:10 parce que c'était trop intense pour moi.
02:12 Et ça, c'est des choses qui me font apprendre tous les jours.
02:15 J'ai beaucoup appris en te regardant.
02:16 Et après, il m'a donné des conseils dans ma vie.
02:21 - Et ça, c'est vraiment... - J'ai ouvert un cabinet.
02:24 On était dans une salle de travail, une salle de réunion.
02:30 On était là pour une lecture et moi, j'étais hyper impressionnée.
02:32 Tu sais pourquoi j'étais hyper impressionnée ?
02:34 Ce n'était pas tant parce que j'allais te rencontrer,
02:36 mais c'était parce que tout le monde me disait
02:38 "Tu vas travailler avec Michel Blanc."
02:40 Et du coup, ça m'a foutu une pression de malade.
02:42 Alors que moi, de base, je n'avais pas trop de pression.
02:45 Je t'avais dit que je n'avais pas vu les bronzés.
02:48 Je savais qui t'étais, évidemment, mais je n'étais pas...
02:51 C'est ça, je n'étais pas...
02:52 Et là, tu vas "Michel Blanc, Michel Blanc..."
02:56 Et moi, je suis arrivée comme ça, "Michel Blanc..."
02:58 Et en fait, c'était très cool.
03:00 Déjà, la première chose qu'il a dit, ça, tu vois, ça met à l'aise.
03:04 - Je prends le pire. - Ça met à l'aise.
03:06 La première chose qui arrive, il pose son scénario
03:08 d'une manière un peu nonchalante, on ne va pas se mentir,
03:10 un peu genre...
03:12 Il l'a lâché, tu vois, et il dit "Je déteste les lectures."
03:15 - Ah oui, ça, c'est vrai. - Pourquoi ?
03:17 - Parce qu'il déteste les lectures. - Pourquoi tu détestes les lectures ?
03:20 Je déteste les lectures parce qu'on joue mal.
03:23 - C'est vrai. - Parce qu'on n'a pas travaillé.
03:25 Parce que... Et donc, soi-même, on joue mal.
03:29 En face, c'est la personne avec qui...
03:32 Là, on n'était que deux, plus le metteur en scène.
03:34 On n'a pas travaillé non plus, donc elle donne des choses intéressantes,
03:37 on le voit bien.
03:38 Là, j'ai vu tout de suite que ça allait être bien,
03:40 que ça partait dans la bonne direction.
03:42 Mais j'ai eu des lectures désastreuses, moi.
03:46 Sur une comédie que je ne citerai pas, j'ai eu une lecture...
03:49 - T'inquiète, j'aurais pas vu ça. - Je me suis...
03:52 Mais vraiment, je me suis demandé, mais qu'est-ce qui m'a pris d'accepter ça ?
03:56 Et je pouvais plus reculer.
03:57 Plus on avançait dans la lecture, plus je me disais
04:01 "C'est pas drôle, c'est pas drôle, c'est pas drôle, c'est pas drôle."
04:04 Et après, on se dit "Tu vas le faire, tu vas le faire, tu vas le faire."
04:08 Bon, c'est pour ça que j'aime pas trop les lectures.
04:11 Je sais pas comment payer les dommages et intérêts.
04:13 Pourquoi personne me donne jamais ma chance ?
04:15 Y en a qui disent que la chance, ça se provoque.
04:17 C'est pas vrai, c'est une phrase de riche, ça.
04:19 - C'est sa façon d'éclore.
04:22 C'est sa façon d'éclore, elle a ce côté hyper naïf, hyper volubile,
04:25 et puis, petit à petit, elle s'ouvre vers...
04:28 vers le fait que sa routine, elle peut changer,
04:32 et c'est quelque chose qui lui vient même pas à l'esprit avant cette grande rencontre.
04:36 Et ouais, c'est ça qui me touche.
04:38 C'est presque triste à quel point elle est OK avec l'état dans lequel est sa vie,
04:42 qui lui en demande trop à elle.
04:44 Et en fait, ce qui me touche, c'est que, grâce à ton personnage,
04:48 elle trouve le moyen de s'émanciper de tout ça et d'essayer autre chose.
04:52 Qu'est-ce qui te touche dans ce but ?
04:54 - C'est qu'il est prisonnier dans sa psycho-rigidité.
04:59 Ce qui me touche beaucoup, c'est de voir quelqu'un se barricader
05:03 et avoir des...
05:06 une espèce de dieu qui s'appelle la justice, voilà.
05:10 Et ça, pour lui, la justice, c'est devenu tout.
05:13 La loi, c'est la loi, on discute pas, c'est pas un supermarché.
05:16 - Je peux te poser une question ?
05:18 Pourquoi est-ce que tu penses que le juge, il décide de l'aider ?
05:21 - Ce juge aime la justice et qu'il trouve que ta vie n'est pas juste,
05:25 qu'il y a une injustice commise envers une personne qui vaut beaucoup mieux que ça,
05:33 mais par injustice, elle est prisonnière de ce milieu-là, de ce monde-là,
05:39 d'elle-même qui se dit "je vaux pas mieux", de toute façon, voilà.
05:44 - Est-ce que c'est important pour nous de montrer ce que les gens connaissent déjà ?
05:48 En vrai, on sait, on sait que ça existe.
05:50 Ce qui est important, c'est de montrer qu'il y a des possibilités.
05:53 - Qu'on peut s'en sortir. - Exactement.
05:55 - Alors évidemment, c'est très difficile, attention,
05:58 on ne dit pas qu'il suffit de...
05:59 C'est très difficile de s'en sortir.
06:01 Plus la charge, au départ, de "misère" ou en tout cas, le poids social pèse,
06:10 plus c'est difficile de s'en sortir.
06:12 Et il faut être sacrément barraqué de là pour s'en sortir,
06:17 mais tout n'est pas foutu.
06:19 Il ne faut pas croire que tout est foutu.
06:21 Alors après, effectivement, ce n'est pas facile.
06:23 - On a pleuré ensemble. - Parce que...
06:28 Le film m'a touché, puis parce qu'elle était formidable,
06:34 parce que je me suis raccroché en fait à tout.
06:37 - Arrête. - Non mais c'est vrai, c'est vrai.
06:39 - Arrête, moi je vais mourir avant la fin de cette interview.
06:43 Sous-titrage ST' 501
06:45 [Musique]

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