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Maya Lauqué reçoit Morgane Verviers, secrétaire générale adjointe de l'UNSA éducation. Elle revient sur les évènements de ce vendredi 13 octobre durant lesquels Dominique Bernard, qui enseignait le français au lycée d'Arras, a perdu la vie. Elle évoque l'état d'esprit de la communauté enseignante, endeuillée une fois de plus. Ce drame ravivant le souvenir encore douloureux d'une autre attaque terroriste sur le corps éducatif, le meurtre de Samuel Paty. 

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Transcription
00:00 Bonjour Morgane Mervier.
00:01 Bonjour.
00:02 Merci d'être avec nous ce matin.
00:03 Il s'appelait Dominique Bernard, il enseignait le français au lycée Gambetta-Carnot à
00:08 Arras.
00:09 Votre collègue a été mortellement poignardé hier par un terroriste d'une vingtaine d'années.
00:13 En quel état d'esprit êtes-vous ce matin, vous et le monde enseignant en général ?
00:18 Merci de l'invitation.
00:20 Tout d'abord, permettez-moi pour commencer d'adresser mes condoléances à la famille
00:27 de Dominique Bernard, à ses amis, à ses proches, à ses collègues.
00:31 Redire aussi combien on partage la tristesse de tous les personnels de ce lycée, de leurs
00:38 élèves et de leur famille.
00:39 Et puis, combien on pense aussi aux autres personnels qui ont été gravement blessés,
00:47 blessés parce qu'ils se sont interposés, parce qu'ils ont voulu protéger les autres,
00:53 protéger les élèves et se mettre au travers du chemin d'un terroriste islamiste, radicalisé,
01:02 qui guidé par la haine a voulu frapper notre école.
01:07 Et donc, le sentiment effectivement de l'ensemble de la communauté éducative au-delà de Arras,
01:13 c'est l'effroi, c'est le choc, la sidération, l'incompréhension et le besoin, le besoin
01:20 là d'unité derrière notre école et derrière ses personnels.
01:24 C'est ce que vous avez dit hier soir au ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal.
01:28 Vous avez été reçu avec les autres syndicats.
01:30 Qu'est-ce qui s'est dit au cours de cette réunion ?
01:32 Oui, on a été reçu hier soir en urgence.
01:36 Cette réunion a été l'occasion de voir que Gabriel Attal, le ministre de l'Éducation
01:44 nationale, était très à l'écoute.
01:46 On a pu faire part de notre émotion, d'une certaine forme de désarroi et aussi d'essayer
01:51 de penser les étapes futures.
01:54 Et donc, oui, on a pu exprimer à cette occasion ce besoin d'avoir une institution, un ministre
02:00 et même le chef de l'État qui est derrière les personnels de l'éducation au sens large.
02:06 Et donc, on a demandé effectivement du soutien, du temps, de nous laisser du temps aussi
02:12 pour les équipes, un temps de recueillement, un temps de travail collectif.
02:16 Et puis évidemment, d'anticiper des mesures, des mesures pour la sécurité, des mesures
02:21 aussi par rapport à toutes ces vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, des mesures
02:25 d'accompagnement.
02:26 D'après la section Nord-Pas-de-Calais de votre syndicat, les enseignants avaient signalé
02:31 le profil radicalisé du terroriste, qui est donc un ancien élève de l'établissement.
02:36 Est-ce que vous nous confirmez qu'il avait été, que ça avait été signalé ?
02:39 Oui, c'est ce qui a été dit.
02:41 Et puis le ministre de l'Intérieur a aussi exprimé que c'était un individu qui était
02:48 suivi.
02:49 Mais quelle a été la réponse à ce moment-là, lorsque les enseignants l'ont signalé ?
02:52 Je n'ai pas exactement cette information.
02:55 Pour vous dire ce qui a été répondu, je n'ai pas envie de dire de bêtises.
02:59 Mais effectivement, on sait que ça a été une situation qui a été suivie et que cet
03:05 élève avait été repéré.
03:07 Et ça montre aussi toute cette nécessité de continuer à faire des signalements.
03:11 Il sont nombreux les signalements faits par le personnel éducatif sur des élèves de
03:18 ce profil ?
03:19 Oui, il existe des signalements.
03:21 Et puis, évidemment, depuis l'assassinat de Samuel Paty, il y a une vigilance qui a
03:25 été accrue, qui a été aussi permise de pouvoir essayer de se saisir de ces signalements.
03:33 Et ça a été fait par nos collègues, ça a été fait par les chefs d'établissement.
03:36 Et c'est quelque chose qu'on doit continuer pour être vigilant de façon très collective.
03:41 L'assaillant, il était connu des services, on le dit.
03:44 Son téléphone était sur écoute.
03:45 Pourtant, il a pu agir, il a pu tuer ce professeur.
03:48 Il y a manifestement une forme d'impuissance face à ces passages à l'acte solitaire.
03:53 Est-ce qu'il faut encore plus sécuriser les écoles ?
03:56 La question de la sécurité des écoles, c'est un vrai enjeu.
04:01 Il faut la poser et en même temps, il ne faut pas être excessif et tendre vers une
04:07 sorte de bunkerisation ou d'essayer de faire de l'école publique, laïque, une forteresse.
04:13 Déjà pour le sang bol que ça renverrait, pour aussi penser la réalité de ce qui est
04:19 possible.
04:20 Des élèves, il y en a 12 millions en France.
04:23 On est à près de 60 000 établissements.
04:25 Donc, on voit bien aussi la difficulté d'essayer de penser quelque chose d'uniforme.
04:30 On ne peut pas mettre un policier devant chaque école, c'est ce que vous nous dites.
04:32 Non, bien sûr.
04:33 Et puis, je n'espère pas que ce sera comme ça qu'on sera amené à travailler.
04:36 Donc, voilà.
04:37 Il y a toute une série de préventions qu'il faut pouvoir faire.
04:41 La question du repérage, oui, de la radicalisation est éminemment complexe.
04:47 Elle ne relève pas que de l'école.
04:50 Il y a tout un travail collectif également dans les associations sportives qui est à
04:56 faire pour essayer de repérer un petit peu ces faits, ces signaux.
04:59 C'est quelque chose qui semble important.
05:03 Donc, tous les établissements ne se ressemblent pas.
05:05 Il y a quand même une différence entre les collèges et les lycées.
05:08 Et puis, ce qui est permis dans les écoles, donc le premier degré, il va falloir essayer
05:13 de construire les solutions au plus près du terrain.
05:15 Il y a déjà des choses qui sont faites par les collectivités territoriales quand les
05:18 équipes signalent et ont besoin.
05:20 Mais voilà, il y a le PPMS qui permet le confinement, vérifier que les alarmes fonctionnent.
05:25 Les alarmes d'intrusion et les exercices qui sont faits chaque année dans les établissements.
05:29 Il faut continuer de les faire.
05:30 Faut-il sécuriser davantage la journée de recueillement qui sera prévue lundi en hommage
05:36 à Dominique Bernard, en hommage aussi à Samuel Paty, puisque ça fera trois ans lundi
05:41 qu'il a été assassiné.
05:42 Est-ce que ce jour-là doit être particulièrement sécurisé ?
05:44 Oui, c'est ce qu'on a demandé.
05:47 Parce que c'est comment on reprend lundi.
05:50 Alors, je pense aussi à tous les personnels, à tous les jeunes qui sont dans des établissements.
05:54 Le ministre Gabriel Attal nous a parlé d'environ 500 et plus particulièrement des lycées
05:59 aujourd'hui.
06:00 Mais effectivement, la plupart des jeunes vont retourner en classe lundi.
06:05 Nous, ce qu'on a demandé, c'est de pouvoir bénéficier d'un temps banalisé.
06:10 Ça veut dire quoi ?
06:12 Banalisé, c'est-à-dire que les personnels seraient sur place, mais pour pouvoir ensemble
06:17 avoir un temps contre-adulte pour essayer de se préparer à comment accueillir les élèves.
06:23 Ce temps est nécessaire parce qu'on a des collègues qui ont besoin de mettre des mots,
06:31 qui ont besoin de parler entre eux et qui ont besoin de se retrouver.
06:34 Et ça, ce serait un signal fort déjà que de nous permettre d'avoir, et notamment en
06:38 collège et en lycée, ce temps pour se préparer à ce qu'on dit à des jeunes qui ont malheureusement
06:45 suivi l'actualité, vu des vidéos terribles d'une barbarie sans nom.
06:49 Et ça, c'est déjà quelque chose qui nous semble très important, qu'on puisse bénéficier
06:54 de ce temps.
06:55 Il faut effectivement une sécurisation des établissements, mais le ministre Gabriel
06:59 Attal l'a entendu.
07:01 Et puis, il faut aussi accompagner nos collègues.
07:04 Il y a des cellules psychologiques qui ont été mises en place.
07:07 On a été entendu hier soir que ce soit au niveau national, que ce soit au niveau académique.
07:11 Donc ça, c'est très bien.
07:13 Il faut accepter qu'on puisse avoir des collègues qui ont peur et leur permettre
07:18 de l'exprimer et les accompagner pour surmonter ça.
07:22 Parce que ce qui est important, c'est que l'école républicaine reste debout.
07:26 Parce que c'est ça qui a été attaqué, c'est ce qu'elle représente, cette école.
07:30 Elle représente l'émancipation, elle représente le principe de laïcité, de vivre ensemble,
07:40 la liberté d'expression, de pouvoir éduquer les jeunes pour penser pour eux-mêmes.
07:45 Et c'est ça qui a été attaqué à travers cette terrible journée.
07:50 Merci beaucoup, Morgane Mervier, d'être venue nous voir ce matin.

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