Le cancer du sein tue chaque année en France près de 12 000 femmes. Un chiffre important mais en baisse grâce aux progrès de la prévention, des techniques de dépistage et des traitements. Véronique Mounier et ses invités en parlent sur le plateau de "La Santé D'abord"
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00:00 Prenez soin de vous avec le groupe vive et votre programme La Santé d'abord.
00:04 Groupe vive pour une santé accessible à tous.
00:07 Bonjour à tous, je suis ravie de vous accueillir sur le plateau de La Santé d'abord,
00:11 l'émission qui préfère prévenir plutôt que guérir.
00:14 Chaque année en France depuis 1994, le mois d'octobre se teint en rose pour la bonne cause,
00:20 la lutte contre le cancer du sein, une maladie qui tue encore chaque année dans notre pays près de 12 000 femmes.
00:25 C'est encore beaucoup trop, mais c'est un chiffre en baisse depuis ces dernières années grâce au progrès de la prévention
00:31 et des techniques de dépistage et de traitement.
00:34 On a donc des bonnes nouvelles à vous annoncer aujourd'hui sur le plateau La Santé d'abord.
00:39 [Musique]
00:59 Comment mieux vaincre le cancer du sein ?
01:02 Je voudrais commencer cette émission d'abord par une bonne nouvelle.
01:05 La mortalité de ce cancer a globalement diminué de 1,6% entre 2010 et 2018.
01:12 Bon, évidemment, ne crions pas victoire trop vite,
01:15 mais la recherche a permis de faire des progrès fantastiques dans la compréhension
01:18 et la prévention de la prise en charge également de ce cancer qui reste, rappelons-le, le plus fréquent chez la femme.
01:24 Docteur Ababou, bonjour.
01:25 Bonjour.
01:26 Vous êtes médecin radiologue spécialiste des maladies du sein.
01:30 On verra avec vous que le dépistage de ce type de cancer est aujourd'hui de plus en plus précis et performant.
01:35 Merci d'être avec nous.
01:36 Docteur Julien Serraure, bonjour.
01:38 Bonjour.
01:39 Vous êtes chirurgien cancérologue spécialisé dans la prise en charge des cancers du sein et gynécologique.
01:44 Vous avez mis au point une nouvelle technique chirurgicale, une première en France,
01:47 qui permet l'opération d'un cancer du sein sous anesthésie locale et non pas générale.
01:52 On vous expliquera pourquoi il s'agit d'une avancée majeure dans ce type de chirurgie.
01:56 Merci à tous les deux d'avoir accepté mon invitation.
01:59 Un duo parfaitement complémentaire.
02:01 Mais tout de suite, je vous propose d'aller à la rencontre des Français pour savoir ce que le mot cancer du sein évoque pour eux aujourd'hui.
02:08 Regardez.
02:09 Le cancer du sein, c'est quand on a une sorte de tumeur au sein, une boule qui grossit,
02:21 qui peut être soit maligne ou soit bénigne, j'imagine.
02:24 C'est des cellules cancérigènes dans le sang. Je sais que c'est un lien héréditaire.
02:30 Maintenant, de plus en plus, il y a des cancers de sein chez les jeunes femmes en bas de 30 ans.
02:34 À partir de 40 ans, il y en a pas mal.
02:36 Tantôt, je m'avais laissé croire que peut-être que ça concerne les hommes aussi.
02:41 J'ai un oncle qui est mort dans le cancer du sein. C'est peu connu, mais il peut aussi en mourir malheureusement.
02:46 Bien sûr, il y a des facteurs de risque héréditaires, tout ce qui est alcool, tabac.
02:53 Je ne sais pas. En vrai, c'est une bonne question à savoir parce qu'on ne sait pas comment on peut l'avoir.
02:58 C'est souvent dans l'alimentation aussi, dans l'hygiène de vie.
03:02 Les symptômes, déjà, il faut se palper pour voir s'il y a un changement au niveau de la peau,
03:09 si on peut toucher un nodule qui est normalement dur, un changement, même une rétraction mamelonaire,
03:17 ou une rétraction de la peau, un changement de couleur.
03:19 Je pense qu'on a des douleurs au niveau de la poitrine.
03:22 Et après, j'avoue que je n'ai aucune idée. Je sais qu'on a des symptômes, qu'on peut avoir des petites baboules au niveau du sein.
03:30 En fait, on se rend compte quand on a la question qu'on n'est pas très au fait.
03:34 On se dit toujours qu'on sait et en essayant de décrire qu'on se dit qu'on n'est pas finalement, il nous manque quand même pas mal d'informations.
03:41 Justement, on est là pour ça, pour informer.
03:44 On sent quand même qu'il y a encore beaucoup de peur, beaucoup d'anxiété suscité par le cancer.
03:48 Peut-être parce qu'on ignore encore la cause dans la plupart des cas, seulement 5 à 10 % des cancers du sein seraient d'origine génétique.
03:55 C'est bien cela ?
03:56 Tout à fait.
03:57 Docteur Ababou ?
03:58 En fait, les cancers héréditaires, c'est une petite partie. On parle beaucoup de l'hérédité pour le cancer du sein.
04:05 On nous pose beaucoup la question dans notre activité quotidienne de la raison pour laquelle une femme va développer un cancer du sein.
04:15 Elle nous le demande. Pourquoi ? Qu'est-ce que je peux changer dans ma vie pour éviter d'avoir un cancer du sein ?
04:20 D'ailleurs, un ami oncologue me confiait que la première question que lui posaient les femmes en consultation lorsqu'elles venaient d'apprendre qu'elles souffraient d'un cancer du sein,
04:27 c'était « Pourquoi moi ? » alors qu'on la pose beaucoup moins facilement peut-être pour d'autres types de cancers, docteur Serra.
04:32 C'est vrai. Et même plus que « Pourquoi moi ? », « Qu'est-ce que j'ai fait pour avoir ce cancer du sein ? »
04:38 Comme c'est tellement médiatisé, toutes les patientes ou quelqu'un dans leur entourage qui a eu un cancer du sein,
04:43 elles modifient leur mode de vie, elles mangent bien, elles font du sport, elles font leur mammo.
04:47 Et finalement, elles ont quand même parfois cette pathologie.
04:50 Et elles se disent « Mais qu'est-ce que j'ai fait ? » Finalement, notre rôle, c'est de leur expliquer que c'est une pathologie fréquente
04:56 et que le but, ce n'est pas d'éviter que ça arrive, c'est de faire en sorte qu'on la prenne en charge tôt pour la prendre en charge mieux.
05:01 C'est vrai qu'on l'entend nous aussi beaucoup dans les cabinets de radiologie, mais je ne comprends pas.
05:05 J'ai fait ma mammo régulièrement. Pourquoi j'ai un cancer du sein ? La mammo n'évite pas le cancer du sein.
05:09 Elle permet de le trouver tôt et le trouver tôt, c'est en guérir dans 90 % des cas.
05:14 Voilà, avec peut-être des chirurgies moins invasives, des traitements moins lourds.
05:18 Des études passionnantes ont montré que plus de 35 % des cancers du sein pourraient être évités quand même,
05:25 parce qu'essentiellement liés à des mauvaises habitudes de vie, vous en parliez, donc il y a quand même des facteurs qui ont été clairement identifiés.
05:31 Clairement, le mode de vie, la sédentarité, le surpoids, l'activité sportive, le tabac et l'alcool sont vraiment des facteurs identifiés de cancérologie en général,
05:45 les maladies métaboliques. Dans le cancer du sein particulièrement, l'alcool a été mis en évidence comme un facteur de risque et de causalité du cancer du sein.
05:53 Donc en corrigeant ces facteurs, il est dit qu'on pourrait éviter 20 000 cancers du sein par an.
05:59 Encore plus en fonction de certains facteurs, mais l'alcool en premier lieu et tous les autres.
06:04 Donc il faut faire attention à soi et c'est tout à côté de la médecine qui vient avant, pendant et après la pathologie.
06:12 Après, il y a également des facteurs qui ne sont pas totalement validés, prouvés, mais qui sont suspectés et pour lesquels il y a des études en cours pour essayer d'avancer.
06:20 Comme par exemple ?
06:22 On en a beaucoup parlé des traitements hormonaux de la ménopause, des contraceptions morales.
06:26 Justement, peut-être un petit mot sur ces traitements de la ménopause, ces traitements hormonaux substitutifs. Faut-il en avoir peur ou pas dans le cas du cancer du sein ?
06:34 Le traitement hormonal substitutif, c'est comme dans tout en médecine, c'est la balance bénéfice-risque.
06:40 Le traitement hormonal apporte des bénéfices. Il diminue l'ostéoporose, il diminue le risque cardiovasculaire.
06:46 Le risque de diabète.
06:47 Le risque de diabète, c'est une avancée majeure, mais il y a des grandes cohortes qui ont montré qu'il y avait une accentuation du risque de cancer du sein.
06:57 Ces cohortes ont été remises en question parce qu'il y a eu beaucoup de biais.
07:01 Aujourd'hui, le traitement hormonal substitutif, ça doit être vraiment quelque chose qui est utilisé au cas par cas, en fonction des besoins, pas de manière systématique.
07:08 Il doit être bien suivi.
07:09 Il doit être bien suivi.
07:10 Évaluation des risques.
07:12 On met des nuances. Ce n'est pas le traitement oui/non. Aujourd'hui, ça dépend de l'âge, de la durée, de quel traitement.
07:18 Et avec ça, on sait qu'on a oui ou non des risques supplémentaires.
07:21 Et les antécédents, par exemple.
07:22 Les antécédents familiaux.
07:23 Oui, bien sûr. Ça, c'est une contre-indication s'il y a des antécédents directs.
07:28 Personnel, bien sûr. Le cancer du sein, ce n'est pas un traitement hormonal.
07:32 Dans les antécédents familiaux, il peut y avoir une nuance.
07:34 Et c'est une balance bénéfice/risque avec aussi une décision partagée avec les patients.
07:39 On leur explique quelle est la nécessité et comment doit être la surveillance.
07:43 Et en fonction de ça, la décision est prise ensemble.
07:46 Est-ce qu'il y a d'autres facteurs de risque encore ?
07:49 J'avais entendu parler de puberté précoce, de ménopause tardive.
07:54 Est-ce que tout ça, ce sont aussi des facteurs qui sont identifiés aujourd'hui ?
07:57 De multiples facteurs hormonaux.
07:58 Alors, effectivement, l'allaitement.
08:00 Les femmes qui ont allaité ont moins de cancer du sein.
08:03 Les premières grossesses tardives.
08:05 Les premières règles précoces.
08:07 Les ménopause tardive.
08:08 En fait, toutes ces périodes où les femmes vont être exposées à plus d'hormones que ce qu'il leur faudrait.
08:13 D'accord.
08:14 Donc, ces cancers, ils sont dépendants.
08:15 Oui, en fait, c'est la durée d'exposition à ces hormones.
08:17 C'est pour ça que ce sont des facteurs de risque.
08:18 Et pourquoi les femmes auraient plus de risque d'avoir des cancers du sein, d'en développer un, en tout cas après 50 ans ? Pourquoi ?
08:25 En fait, c'est statistique.
08:27 C'est-à-dire que vous avez entre 50 et 74 ans, les âges du dépistage.
08:32 80 % des cancers du sein qui se développent dans cette fourchette d'âge.
08:37 Après, la raison pour laquelle ça se paraît après 50 ans, on n'est pas clair.
08:43 Ce n'est pas en lien avec la ménopause, le fait justement de ne plus avoir d'hormones ?
08:47 On pourrait se dire que ça peut avoir l'effet inverse, mais…
08:50 Il y a clairement une causalité.
08:52 Mais on pourrait se dire qu'il y a une privation hormonale à ce moment-là qui fait que ça protège.
08:58 Mais il y a aussi une descente brutale d'un coup qui peut entraîner aussi…
09:02 …des déséquilibres et entraîner des tumeurs au niveau mammaire.
09:06 On a parlé évidemment des cancers hormonodépendants qui représentent la majorité des cancers du sein.
09:11 Peut-être quelques mots aussi sur ces cancers qu'on appelle les triples négatifs.
09:16 En fait, ces données, quand on dit cancers hormonodépendants,
09:21 ce n'est pas forcément le lien avec les traitements hormonaux ou l'état hormonal à la patiente.
09:27 Quand on dit cancers hormonodépendants, c'est une caractéristique propre de la tumeur.
09:32 Aujourd'hui, on analyse les tumeurs sur les biopsies ou sur les pièces opératoires
09:35 et on regarde s'il y a des récepteurs aux hormones, des récepteurs à HVR2,
09:38 qui sont des cibles à des traitements.
09:40 Plus une patiente va avoir des cibles à des traitements, plus son pronocycle va être bon
09:44 et on va avoir plus d'armes pour traiter sa maladie.
09:47 Les cancers triples négatifs, à l'inverse,
09:50 ce sont des cancers pour lesquels il n'y a pas de récepteurs hormonaux,
09:53 il n'y a pas de récepteurs à HVR2, qui sont les choses les plus connues aujourd'hui,
09:57 et pour lesquels pendant longtemps, on avait la chimiothérapie, la chirurgie, la radiothérapie
10:02 et pas d'autres thérapies innovantes.
10:04 Mais les choses ont changé et le pronostic de ces maladies change aujourd'hui.
10:07 C'est encore une bonne nouvelle. On parlera un peu plus en détail des traitements.
10:12 Est-ce qu'il existe quand même aujourd'hui des tests fiables,
10:14 qui en croisant plusieurs de ces données, l'âge, les antécédents familiaux, le style de vie,
10:19 la densité mammaire aussi, je ne sais pas si c'est un facteur de risque, ça, des seins denses ?
10:23 On en parle, la densité mammaire, c'est vraiment un facteur.
10:26 Pour préciser, la densité mammaire, les femmes ont toutes des seins de différentes densités.
10:30 Il y a quatre types de densité, de graisseux à extrêmement dense, très riche en glands de mammaire.
10:35 Et on considère que pendant un temps, la densité mammaire élevée,
10:39 on s'est posé la question de savoir si ces femmes avaient plus de cancers.
10:42 La réalité, c'est que non, il n'y a pas plus de cancers du sein chez les femmes avec des seins denses.
10:45 En revanche, ce sont des femmes pour lesquelles on a plus de difficultés sur le plan diagnostique
10:49 parce que les mammographies sont moins performantes, on doit souvent céder l'échographie.
10:53 Ce sont des femmes qui souvent fabriquent au niveau du sein des zones
10:56 qui peuvent amener leur radiologue à se poser des questions et donc à pratiquer parfois
11:00 le biopsie, des gestes supplémentaires.
11:02 C'est plutôt un problème au niveau du dépistage, mais ce n'est pas un facteur de risque.
11:04 Donc du coup, si on croisait toutes ces données, âge, antécédents, familiaux, style de vie, etc.,
11:08 est-ce qu'on pourrait évaluer notre risque personnel de développer un cancer du sein,
11:13 ce qui permettrait d'adapter la fréquence du dépistage ?
11:15 On travaille là-dessus, il y a des logiciels déjà qui existent, qui proposent des choses.
11:19 La problématique, c'est qu'aucun de ces logiciels aujourd'hui n'intègre toutes les données,
11:24 toutes les variables.
11:25 Et donc, on avance, mais on n'est pas encore sur une solution qui soit totalement validée par...
11:30 Je le disais tout à l'heure en introduction, on meurt aujourd'hui moins du cancer du sein.
11:34 D'abord, grâce au dépistage organisé et gratuit, qui est un véritable succès en France depuis sa mise en place en 2004.
11:40 Alors, appelez-nous, pour qui, pourquoi et comment ?
11:42 Le dépistage national, c'est une campagne qui a été mise en place pour inviter les femmes âgées entre 50 et 74 ans
11:51 à venir faire gratuitement des mammographies dans les centres de radiologie,
11:55 pour que ces patientes viennent se dépister sur cette tranche d'âge.
12:00 Le dépistage national n'exclut pas le dépistage individuel qui pourrait se faire avant 50 ans et après 74 ans.
12:08 Ça ne veut pas dire que le cancer du sein n'existe que dans cette tranche d'âge, évidemment.
12:11 Le dépistage, lui, c'est une mammographie plus ou moins accompagnée d'une échographie.
12:16 La démarche dans ce dépistage, c'est que ces patientes viennent faire une mammographie,
12:21 puis ces mammographies sont relues dans un centre par un deuxième radiologue,
12:25 qui va donner son avis également sur les clichés.
12:27 Et en fonction des résultats de ces deux lecteurs, on pourra décider si oui ou non la patiente nécessite des investigations complémentaires,
12:34 biopsie, IRM et autres.
12:36 D'accord, il y a une double lecture.
12:38 Justement, nous nous sommes invités, Dr Babou, dans votre centre de radiologie à Paris.
12:44 C'est un reportage de Pierre Emko.
12:53 Dans le cadre du dépistage du cancer du sein, aujourd'hui, on parle essentiellement de la mammographie.
12:57 On dit aux femmes qu'il faut faire la mammographie régulièrement.
12:59 L'échographie va venir en complément de la mammographie pour préciser des zones.
13:04 Plus le sein est dense, moins il sera facilement lisible en mammographie.
13:08 Et c'est dans ces cas-là que l'échographie va avoir un apport pour les zones de densité,
13:12 pour préciser si oui ou non quelque chose se cache dans ces zones de densité qui ne seraient pas vues en mammographie.
13:18 On a des techniques qui se sont énormément améliorées ces dernières années.
13:21 On a développé une mammographie en 3D qui s'appelle la tomosynthèse,
13:24 qui va permettre de faire un effet de coupe, de se balader à l'intérieur du sein pour essayer de trouver les choses le plus tôt possible.
13:31 Sur les techniques de biopsie, aujourd'hui, on peut aller prélever des choses de la taille du millimètre avec une précision extrême.
13:38 Si vous avez vous-même des antécédents de cancer du sein ou des antécédents de lésions atypiques,
13:44 il faut vous surveiller de façon annuelle, régulière, annuelle.
13:48 Si dans votre famille il y a des antécédents de cancer du sein du premier degré,
13:52 à savoir cancer du sein chez la mère, cancer du sein chez une sœur,
13:56 il faut se surveiller de façon annuelle.
13:58 Si il y a une mutation génétique avérée dans la famille et que vous êtes porteuse d'une mutation génétique,
14:05 vous devez vous surveiller de façon annuelle.
14:07 Dans les autres cas, la surveillance sera en règle tous les deux ans.
14:11 Justement, concernant ces examens, il y a un message important à faire passer
14:16 parce que certaines femmes ne vont pas se faire dépister parce qu'elles ont entendu ou lu sur Internet
14:21 que faire des radiographies au niveau du sein pouvait induire un cancer.
14:25 On est d'accord, il n'y a pas de débat sur le sujet.
14:27 Il n'y a pas de débat. Le cancer radio-induit existe.
14:31 Ça existe. Ce qu'il faut voir, c'est un peu ce qu'on disait aussi pour le traitement hormonal,
14:35 il y a une balance bénéfice-risque.
14:37 On sait qu'environ 1 à 10 pour 100 000 mammographies réalisées risquent d'être...
14:44 Les cancers provoqués par la radiation représentent 1 à 10 pour 100 000,
14:49 c'est-à-dire beaucoup moins que la mortalité liée au cancer.
14:53 On sait que les cancers radio-induits, oui, ça existe, mais ça ne justifie pas de ne pas aller se faire dépister.
14:58 - Au final, on fait une femme qui n'a pas d'antécédent particulier,
15:01 elle va faire combien de mammographies dans une vie ?
15:03 - Si elle suit le programme de dépistage, elle en fera une treize, je crois, entre 50 et 74.
15:08 - Il n'y a pas de risque ? - Sur ces doses-là, non.
15:10 Je crois que les treize mammographies dans le cadre du dépistage,
15:14 ça représente le quart de la dose qu'on peut recevoir sur un scanner abdominopelvien,
15:18 c'est-à-dire un scanner qui se fait quand même assez couramment,
15:20 on peut le faire pour des douleurs, etc. Donc c'est vraiment léger.
15:23 - Je pense qu'il y a un message important.
15:25 Au-delà de ces 50 à 74 ans, le dépistage du cancer du sein ne commence pas à 50 ans
15:31 et ne s'arrête pas à 74 ans.
15:33 - À partir de quel âge il faudrait se faire dépister quand on n'a pas forcément d'antécédent ?
15:37 - Le dépistage du cancer du sein, c'est le suivi gynécologique de toute une vie d'une femme.
15:42 Parce que ça va être le travail du médecin traitant, du gynécologue ou de la sage-femme
15:47 qui va déterminer l'autre dépistage, qui est le dépistage individuel,
15:52 qui est adapté à chaque patiente en fonction de ses antécédents personnels,
15:55 ses antécédents familiaux, les traitements qu'elle a pu recevoir dans sa vie,
15:59 qui va dire peut-être, pour vous madame, on va commencer la mammographie à 45 ans,
16:04 parce que dans votre famille, il y a eu un cancer du sein grave à 45 ans,
16:07 mais on n'a pas trouvé de mutation, par exemple.
16:10 De la même manière, après 74 ans, le risque existe.
16:14 Et là aussi, c'est le dépistage individuel.
16:17 C'est un message très important.
16:19 Les femmes ne doivent pas s'arrêter de faire des mammographies à 74 ans.
16:23 Aujourd'hui, c'est ce qu'on voit dans nos cabinets.
16:25 On est parfois des patientes qui arrivent à 78, 79 ans en bonne santé,
16:30 parce qu'aujourd'hui, on vit en bonne santé jusqu'à ces âges-là sans problème,
16:34 sans comorbidité, comme on dit.
16:36 Et ces patientes sont toujours en âge d'avoir un traitement optimal.
16:40 Et le fait de ne plus faire des mammographies retarde le diagnostic,
16:44 et donc retarde la prise en charge et peut changer les choses.
16:48 - Même si on se dit qu'en médicant, ce type de cancer va évoluer de façon beaucoup plus lente.
16:53 - Plus lentement, plus lentement, moins agressif,
16:55 mais toujours d'évolution péjorative à terme, donc il a traité.
16:59 - Donc voilà, continuez à vous faire dépister après 74 ans,
17:03 et faire des frottis aussi.
17:05 - Un autre sujet.
17:07 - C'est un autre sujet, mais voilà, parce qu'on a tendance, je pense,
17:09 à oublier un petit peu après sa santé gynécologique.
17:11 Juste un mot peut-être sur l'imagerie des tumeurs,
17:13 qui est aujourd'hui, docteur Babou, de plus en plus précise.
17:16 Ce qui veut dire qu'on pourra intervenir encore de plus en plus tôt
17:19 pour une meilleure prise en charge,
17:21 avant que la maladie même ne passe à l'action.
17:23 J'entendais parler de Carla Bruni,
17:25 qui racontait justement qu'elle s'était fait dépister très précocement
17:29 d'une tumeur au niveau mammaire,
17:32 et qui avait évité apparemment la chirurgie,
17:36 des traitements comme la chimiothérapie.
17:38 - La chimiothérapie, la mastectomie, c'est ça l'intérêt du dépistage.
17:41 Comme je disais tout à l'heure, on ne prévient pas,
17:43 on dépiste pour trouver les choses le plus tôt possible.
17:46 C'est là que nous, effectivement, on intervient,
17:48 avec nos mammographies aujourd'hui,
17:50 comme on parlait dans le sujet du mammographie 3D,
17:52 l'atomosynthèse, qui nous permet vraiment de descendre
17:54 un peu mieux encore dans la finesse de ces images.
17:58 L'échographie, qui est encore bien plus performante
18:00 qu'elle ne l'était il y a une dizaine d'années,
18:02 vient s'ajouter à ça les techniques d'IRM,
18:04 les techniques de biopsie, qui se sont beaucoup améliorées.
18:07 Et donc, grâce à tout ça, on arrive à attraper les choses très tôt.
18:11 Et qui dit très tôt, dit guérison.
18:13 - Et la palpation, quel conseil est-ce qu'on peut donner aux femmes ?
18:17 On entend souvent des campagnes là-dessus,
18:19 à la radio, à la télévision, mais est-ce qu'on le fait bien ?
18:22 Est-ce que c'est suffisamment efficace ?
18:25 - C'est vraiment ce qui permet de rattraper, si je puis dire,
18:28 les femmes entre leurs mammos.
18:30 La palpation ne veut pas dire qu'on remplace la mammographie.
18:33 On a les mammographies tous les deux ans.
18:35 Entre les deux, il faut qu'une fois par mois,
18:37 les femmes s'examinent, apprennent à connaître leur corps,
18:41 le sein, et essayent de nous aider, finalement,
18:44 à arriver jusqu'au diagnostic, si jamais les choses apparaissent dans cet intervalle.
18:48 - Est-ce qu'il y a des conseils particuliers à donner ?
18:50 - Il faut qu'elles sachent s'alerter si quelque chose est anormal.
18:54 À l'inverse, il faut connaître sa normalité
18:57 et consulter en cas de choses qui sortent du calme.
19:00 - On parle toujours de la petite boule, du petit kyste, comme ça, on le sait,
19:03 mais est-ce qu'il y a d'autres choses qui peuvent nous alerter ?
19:05 - Regarder la peau, le mamelon,
19:07 et sentir si on sent quelque chose de dur à l'intérieur du sein,
19:10 si il y a un écoulement sanglant, des petites choses,
19:13 mais qui font que, tous les mois, les patientes s'examinent,
19:17 elles ont une situation qui est normale.
19:19 Si ce n'est pas normal, il faut consulter pour faire les examens dédiés.
19:23 Le but n'étant pas de trouver un diagnostic,
19:25 parce qu'on peut voir des choses bénignes qui arrivent aussi,
19:27 des fibromes, des kystes, des papillomes, des choses très simples,
19:31 mais il faut porter un diagnostic.
19:34 Et pour porter un diagnostic, s'examiner,
19:36 on pourrait expliquer l'autopalpation,
19:38 mais grosso modo, c'est tous les mois,
19:40 pour les patientes qui sont réglées juste après les règles,
19:44 devant un miroir, sous la douche,
19:46 s'examiner les deux seins, comparer le sein droit au sein gauche,
19:49 et voir quelles sont les zones qui sont différentes de d'habitude.
19:53 - Et les femmes qui portent des prothèses mammaires,
19:55 est-ce que ça peut gêner, ça, pour le dépistage, au niveau de l'imagerie ?
19:59 - Non, non, ça ne gêne absolument pas le dépistage.
20:01 - Ce n'est pas un facteur de risque ?
20:02 - Ce n'est pas un facteur de risque.
20:03 - D'accord, on va rassurer toutes les femmes qui ont des prothèses mammaires.
20:07 Parlons maintenant de la prise en charge du cancer du sein.
20:10 Les femmes le connaissent bien en général.
20:12 Chirurgie complétée, selon le cas, par une radiothérapie ou chimiothérapie.
20:16 Alors, quelques mots sur la chirurgie.
20:18 C'est vrai qu'on essaye aujourd'hui de conserver le sein le plus souvent possible,
20:21 ce qu'on appelle une tumorectomie.
20:24 C'est-à-dire qu'on enlève juste la tumeur,
20:27 mais dans quel cas, malheureusement, il faudra retirer, faire une ablation totale ?
20:32 - Aujourd'hui, sur le territoire, il y a 20 % de mastectomie totale,
20:37 c'est-à-dire l'ablation du sein,
20:39 qui est un chiffre qui a beaucoup, beaucoup diminué,
20:43 grâce aux techniques de chirurgie, donc au plastique,
20:46 c'est-à-dire pouvoir retirer des grosses tumeurs,
20:48 et aussi grâce à ce qu'on appelle la chimiothérapie néoadjuvante.
20:51 Aujourd'hui, dans certains cas, dont les triples négatifs dont nous parions tout à l'heure,
20:55 on démarre la prise en charge par une chimiothérapie
20:58 qui réduit la taille des tumeurs
21:00 et qui fait qu'on passe d'une tumeur non accessible à un traitement conservateur
21:03 à une tumeur accessible à un traitement conservateur.
21:06 C'est un des bénéfices de ce traitement.
21:07 - Et qu'on peut retirer sans retirer le sein.
21:10 - Exactement, sans retirer le sein.
21:11 Donc l'indication principale de l'ablation du sein,
21:13 c'est quand on ne peut pas retirer sans trop abîmer le sein,
21:17 et du coup, on est obligé d'enlever le sein
21:19 et de le reconstruire dans la mesure du possible.
21:22 L'autre indication qui n'a rien à voir de mastectomie,
21:25 c'est dans le cadre des patientes qui ont des prédispositions génétiques identifiées,
21:29 les fameuses mutations BRCA1 et 2.
21:31 - Comme en ptélinas joli.
21:32 - Exactement.
21:33 Et qui vont avoir une mastectomie préventive.
21:36 C'est entre guillemets le seul vaccin qui existe contre le cancer du sein.
21:39 C'est la seule façon de faire en sorte que la maladie n'arrive pas
21:42 alors qu'elle a beaucoup de chance d'arriver.
21:44 Quand on parle de mastectomie, j'en braille juste sur la reconstruction du coup.
21:48 Aujourd'hui, les choses ont beaucoup changé
21:52 dans ces 10, 15, 20 dernières années sur la reconstruction.
21:55 Avant on disait aux femmes, on retire le sein et puis on verra après.
21:58 Et puis après on a commencé à sélectionner des indications
22:02 de patientes qui devaient avoir des ablations du sein
22:06 et qui nous disaient, là ça va, on peut reconstruire.
22:08 Et d'autres cas on disait non, on ne fait pas.
22:10 Aujourd'hui, il est d'usage de proposer à toutes les patientes,
22:14 sauf vraiment cas très particuliers, d'avoir une reconstruction immédiate.
22:19 C'est-à-dire dans le même temps de l'ablation du sein,
22:22 on reconstruit le sein en même temps.
22:24 Cette conduite à tenir doit être la règle,
22:28 sauf quand les maladies sont parfois trop agressives
22:32 ou les terrains ne le permettent pas.
22:34 La seule limite à l'application de ce protocole
22:39 ou de cette conduite à tenir, c'est l'accès à la reconstruction.
22:43 Et ça c'est vraiment un point sur lequel il faut qu'on avance.
22:46 D'accord. Il y a un point sur lequel vous avez bien avancé,
22:49 vous personnellement, en matière de chirurgie,
22:52 c'est cette nouvelle technique que vous avez mis au point en mars 2022.
22:56 C'est récent avec le docteur Marie-Laure Sitanova
22:59 à la clinique Saint-Jean-de-Dieu à Paris.
23:01 Un protocole qui permet de retirer une tumeur du sein sous anesthésie locale.
23:05 Et ça c'est une avancée vraiment majeure pour les patientes.
23:08 Notre journaliste Maxime Rey vous a suivi au Bloc.
23:18 Je viens me faire opérer de deux tumeurs cancéreuses
23:22 qu'on a trouvées à la suite d'un contrôle de mon sein
23:26 qui a déjà été opéré il y a 26 ans.
23:29 Je vais pouvoir bénéficier d'une anesthésie locale.
23:32 J'en suis très contente.
23:34 L'avancée qu'on présente aujourd'hui, c'est la réalisation de cette intervention
23:39 sous anesthésie locale avec sédation.
23:42 Il n'y a pas d'anesthésie générale.
23:44 Elle rentre debout en salle d'intervention.
23:47 Elles en sortent debout également.
23:49 Je fais l'anesthésie locale.
23:56 Ça va ?
23:58 Ça va, et vous ?
23:59 Les avantages de cette procédure sont nombreux.
24:02 Ça raccourcit toutes les durées dans son hospitalisation pour cette chirurgie.
24:07 Et par ailleurs, ça améliore de manière significative le ressenti
24:11 et tout ce qui va dans la globalité de la prise en charge du cancer.
24:15 Elles sont en contact permanent avec nous.
24:17 Elles ne perdent jamais le contrôle.
24:19 Tout s'est très bien passé ?
24:21 Pardon ?
24:22 Tout s'est très bien passé ?
24:23 Je passe vous voir dans votre chambre tout à l'heure.
24:25 Merci.
24:26 A tout à l'heure.
24:27 J'ai vécu l'intervention vraiment directe.
24:29 Je n'ai même pas voulu de musique.
24:31 Je n'ai rien senti.
24:32 J'encourage à pratiquer cette nouvelle technique d'intervention
24:38 sous anesthésie locale parce que c'est vraiment trop top pour les patients
24:44 et certainement aussi pour les chirurgiens.
24:47 J'ai envie de vous demander, Dr Serreur,
24:49 pourquoi ne pas avoir tenté cette technique avant ?
24:52 Les patients t'ont l'air tellement ravi.
24:55 Je ne peux pas répondre à cette question.
24:57 Nous, ça vient du fait qu'on observait un chirurgien
25:00 qui opérait des varices sous anesthésie locale à la clinique
25:04 et qui s'est spécialisé là-dedans, à la clinique Saint-Jean-de-Dieu.
25:07 Et on s'est dit, pourquoi pas ?
25:09 Est-ce qu'il y a des indications particulières pour cette technique ?
25:12 Au début, on a sélectionné un tout petit peu.
25:14 Aujourd'hui, on a opéré plus de 500 patientes comme ça
25:16 avec mon binôme, le Dr Ake.
25:18 La technique est validée.
25:20 On a des publications scientifiques.
25:22 Ça a été présenté à des congrès.
25:24 Les indications sont très simples.
25:26 C'est toutes les chirurgies conservatrices du sein
25:29 avec ou sans geste au niveau de l'aisselle
25:32 parce que parfois, on est obligé de retirer des ganglions.
25:35 Et que ce soit le ganglion sentinelle, juste le premier,
25:37 ou même les curages axillaires.
25:39 On applique cette anesthésie à toutes ces patientes-là.
25:42 Donc la désescalade chirurgicale, elle est majeure
25:45 en termes de ressenti pour les patientes,
25:47 comme on peut le voir sur le documentaire.
25:50 - Bon, et puis, peut-être pour terminer,
25:52 parler aussi de la chimiothérapie.
25:54 C'est notre bonne nouvelle.
25:55 On en fait aujourd'hui de moins en moins
25:57 grâce aux tests génomiques.
25:58 C'est-à-dire qu'en repérant la présence de certains gènes
26:00 dans la tumeur, on peut savoir si une chimiothérapie
26:02 sera utile ou pas.
26:03 Donc ça, c'est déjà une grande avancée.
26:05 Un grand merci, messieurs, pour ces bonnes nouvelles.
26:07 Merci de nous recevoir aujourd'hui sur le plateau
26:09 de La Santé d'abord.
26:10 Merci de vous intéresser à la santé des femmes, en tout cas.
26:13 Et merci à tous ceux qui m'ont aidé à préparer cette émission.
26:16 Et merci à vous de nous avoir suivis.
26:18 J'aurais le plaisir de vous retrouver très bientôt
26:20 pour un prochain numéro de La Santé d'abord.
26:22 D'ici là, prenez soin de vous.
26:23 ...
26:43 -Le Groupe Vive vous a présenté La Santé d'abord.
26:46 Broum, le programme qui prend soin de vous.
26:48 Groupe Vive, pour une santé accessible à tous.