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"Octobre rose", la campagne annuelle de sensibilisation au dépistage du cancer du sein, démarre ce mardi. Sur plus de 60 000 cas par an, 12.000 femmes décèdent d'un cancer du sein. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-6h20/l-invite-de-6h20-du-mardi-01-octobre-2024-6500910

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00:00Il est 6h21, la campagne Octobre Rose débute aujourd'hui, un mois entier pour sensibiliser
00:05au cancer du sein et je reçois ce matin le patron du principal centre français de lutte
00:09contre le cancer, l'Institut Curie, c'est même le premier en Europe pour le cancer
00:13du sein.
00:14Bonjour Alain Puzieux.
00:15Bonjour.
00:16Votre titre exact c'est Président du Directoire de l'Institut Curie qui est une fondation
00:19reconnue d'utilité publique.
00:21Alors le cancer du sein c'est le plus fréquent chez les femmes, il est responsable de 12
00:25000 décès par an, c'est le plus mortel aussi chez les femmes.
00:28Malgré tout, est-ce que les chances de guérison s'améliorent ?
00:30Oui absolument, on assiste depuis déjà une quinzaine, une vingtaine d'années à une
00:36amélioration importante de la prise en charge thérapeutique de ces cancers.
00:41Pour vous donner une idée, aujourd'hui il y a une amélioration de 2% de survie après
00:48cancer du sein chaque année.
00:50Donc c'est une augmentation progressive.
00:52Aujourd'hui on considère qu'il y a deux contextes très différents et c'est très
00:56important en termes de prise en charge thérapeutique.
00:58Il y a les cancers du sein qui sont, quand ils sont diagnostiqués, qui sont localisés
01:03et là c'est quasiment synonyme de guérison puisque on considère que 99% des femmes
01:10qui ont un cancer du sein qui est diagnostiqué précocement vont être guéries.
01:14Et puis malheureusement il y a encore des cas qui sont des cas compliqués avec des
01:19cancers qui ont déjà évolué, c'est-à-dire qu'ils ont été diagnostiqués trop tardivement
01:23et là c'est une toute autre histoire puisqu'on est seulement à 26% de survie à 5 ans et
01:28donc on voit tout ce qu'il reste à faire encore.
01:29Et on pourra atteindre un jour les 100% ?
01:32C'est ce que nous espérons, c'est pourquoi nous travaillons, nos soignants à l'Institut
01:36Curie, nos chercheurs à l'Institut Curie et nous y croyons vraiment parce qu'il y
01:40a énormément de progrès qui sont faits, tant dans le domaine du diagnostic précoce
01:44parce qu'on voit bien l'importance du diagnostic précoce que dans la prise en charge
01:49thérapeutique de ces cancers évolués, de ces cancers agressifs.
01:52Au-delà du cancer du sein et des cancers féminins, un monde sans cancer, c'est envisageable ?
01:56Un monde sans cancer, à mon sens, ce n'est absolument pas envisageable.
02:00Pourquoi ? Parce que les cancers sont nés, ont émergé avec les organismes multicellulaires.
02:06On découvre aujourd'hui encore des cancers sur les os de certains dinosaures qui vivaient
02:11il y a 35 millions d'années.
02:13Donc en fait, c'est inhérent à la vie multicellulaire.
02:16Et un monde où les cancers seraient tous soignés, ça c'est possible ?
02:18Voilà, c'est exactement ça.
02:20Donc nous ne pensons pas qu'on peut vivre sans cancer, on pense par contre qu'on va
02:25évoluer progressivement vers un monde où il n'y aura plus de cancers incurables.
02:31C'est ça l'enjeu.
02:32Et chaque année en France, on le rappelle, il y a quand même 157 000 décès par an
02:35à cause de cancers.
02:36Absolument.
02:37Alain Puizieu, l'Institut Curie a créé il y a trois mois l'Institut des cancers des femmes.
02:41Pourquoi mettre l'accent sur ces cancers en particulier ?
02:43Alors c'est vraiment quelque chose auquel nous tenions énormément parce que d'une
02:48part nous sommes très engagés dans la lutte contre les cancers du sein.
02:51Vous l'avez rappelé, nous sommes le premier centre européen pour la prise en charge thérapeutique
02:55de ces cancers.
02:56Vous portez ce matin le petit ruban rose.
02:57Je porte le ruban rose, c'est évidemment important.
03:00Cette démarche octobre-août, cet événement, c'est vraiment quelque chose qui nous est
03:05très cher.
03:06Et donc aussi parce que nous avons une recherche très développée dans ce domaine.
03:11Donc évidemment, nous sommes très impliqués tant en termes de recherche qu'en termes
03:15de prise en charge thérapeutique des cancers du sein.
03:18Et il se trouve que les cancers du sein, et de façon générale les cancers de la femme
03:22ont certaines spécificités qu'il faut prendre en compte en termes à la fois de prévention
03:28que de prise en charge thérapeutique.
03:30Et donc il nous paraît tout à fait important de mettre ces cancers en avant, d'une part
03:35pour des problématiques scientifiques et médicales, et puis aussi pour une autre dimension
03:41qui est une dimension humaine.
03:42Je cite juste un exemple qui me paraît tout à fait frappant.
03:46On sait aujourd'hui que lors du parcours de soins des femmes qui sont atteintes de
03:51cancer, elles ont six fois plus de risques de devoir affronter, de connaître une rupture
03:57au niveau de leur couple qu'un homme.
03:58Je ne veux pas du tout rentrer dans un débat de genre, mais ça montre qu'il y a un aspect
04:03quand même à la fois psychologique et social très important et qu'il faut aussi prendre
04:06en compte quand on parle des cancers des femmes.
04:08Ce n'est pas que du médical ?
04:09Ce n'est pas que du médical.
04:11Pour la recherche, l'intelligence artificielle, est-ce que ça va profondément modifier vos
04:15pratiques ?
04:16Vous aider ?
04:17Je crois que ça va profondément modifier les pratiques.
04:20Ça a déjà commencé d'ailleurs à modifier les pratiques.
04:22Et ce, je parlais à la fois de la recherche et de la médecine, en fait dans les deux
04:28domaines d'activité.
04:29Dans la recherche, parce que j'ai l'habitude de le dire, parce que j'y crois profondément,
04:34la recherche c'est d'abord l'art du questionnement, c'est-à-dire qu'il faut poser les bonnes
04:38questions.
04:39C'est de l'importance d'ailleurs, dans le domaine de la santé, de faire en sorte que
04:42les chercheurs et les médecins travaillent ensemble.
04:44Ça va changer la façon dont on va poser les questions parce que l'intelligence artificielle
04:48va intégrer des données que le cerveau humain lui seul ne peut pas intégrer.
04:52Donc ça permettra de faire un meilleur diagnostic ?
04:53Donc ça va déjà permettre de poser des bonnes questions en termes de recherche et
04:56effectivement en termes de pratiques médicales, ça va aider au diagnostic.
05:00Maintenant, on associe l'intelligence artificielle et l'imagerie, par exemple, pour obtenir des
05:06techniques qui vont permettre d'être beaucoup plus spécifiques et qui vont permettre,
05:10par exemple, pour le diagnostic précoce, de faire des diagnostics très précocement
05:16pour faire en sorte qu'il n'y ait plus cette évolution vers des états agressifs.
05:22Mais pour faire tout ça, il faut de l'argent ?
05:23Et pour faire tout ça, il faut de l'argent.
05:25Il faut de l'argent, c'est vrai que la recherche est un investissement.
05:29Très clairement, nous n'en avons pas assez.
05:31Je crois qu'il faut qu'il y ait une prise de conscience des pouvoirs publics, que malheureusement
05:36il y a un glissement vers le bas de la recherche en France parce que nous n'avons pas assez
05:41d'investissements dans ce domaine et je crois que tous les critères d'évaluation le montrent.
05:46Donc, il faut plus d'argent qui vient des pouvoirs publics et je voudrais rendre hommage
05:52à ce niveau-là et en particulier parce que c'est Octobre Rose, je voudrais rendre hommage
05:56au grand public parce que la générosité du public est particulièrement importante.
06:00Dans un centre de recherche comme le nôtre, 35% du budget de fonctionnement vient de la
06:04générosité du public.
06:06Donc, on doit remercier les bénévoles et les donateurs parce qu'ils nous permettent
06:10de faire une recherche compétitive.
06:11Et votre centre de recherche, c'est l'Institut Curie.
06:13Merci beaucoup Alain Puiseieux, président du directoire de cet institut.
06:17Vous étiez l'invité du 5-7.
06:18Merci.

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