COMMERCES RURAUX - 3 questions à Jean-Claude Gravier

  • l’année dernière
Le gouvernement au chevet des commerces ruraux. Pour en parler, Jean-Claude Gravier, maire de Haybes, dans les Ardennes, commune qui n'a plus aucune épicerie ni commerce de proximité.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin du 20 octobre 2023 avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau.

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Transcription
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00:02 RTL
00:05 Les trois questions du petit matin.
00:07 Comment relancer les commerces dans les communes rurales de plus en plus désertées ?
00:11 C'est l'un des combats du gouvernement.
00:13 Olivia Grégoire, d'ailleurs la ministre en charge du commerce, sera ce matin dans le Loir-et-Cher pour inaugurer une épicerie solidaire dans un village.
00:20 Il y a aujourd'hui plus de 60% des communes françaises qui n'ont pas de commerce.
00:25 Bonjour Jean-Claude Gravier.
00:26 Bonjour. Vous êtes le maire de Hebbes dans les Ardennes, 1800 habitants.
00:31 Merci beaucoup d'être en direct avec nous ce matin.
00:33 J'ai envie de dire que vous avez de la chance parce que vous avez une boulangerie quand même.
00:37 Mais c'est tout puisque l'épicerie, la dernière épicerie, a fermé en février 2022.
00:42 Pour quelle raison ?
00:44 Pour quelle raison ? Apparemment un manque de clientèle.
00:49 Mais le problème de cette épicerie, c'est que les prix étaient quand même assez élevés.
00:57 Et les gens, comme on est à proximité d'une ville où il y a des grandes surfaces, ça a déserté un peu ce commerce.
01:07 Donc vous êtes à combien de kilomètres des grandes surfaces ?
01:11 On est à peu près à 4 kilomètres des grandes surfaces.
01:14 Donc pour les personnes qui ont un véhicule, il n'y a aucun souci.
01:19 Mais dans nos villages, la population vieillissante, pour se déplacer, c'est difficile.
01:28 Pour les autres personnes, celles qui n'ont pas de véhicules, qui ne peuvent pas se déplacer, ça se passe comment ?
01:33 C'est un peu l'entraide. Nous dans nos villages, on a encore des enfants qui sont là pour ses parents.
01:40 Ou alors il y a le taxi à la carte qu'on a mis en place avec la communauté de communes Ardennes-Rigues-Demeuse.
01:47 Et les gens peuvent utiliser ce moyen de transport pour aller faire des courses.
01:54 C'est le système D.
01:56 C'est compliqué. Vous savez, quand vous n'avez pas de véhicule, vous n'avez pas de permis, c'est vraiment compliqué de se déplacer.
02:03 Même à 2 ou 3 kilomètres, on ne peut pas revenir avec des courses ou des paniers remplis.
02:09 Vous vous sentez soutenu par l'État ? Le gouvernement a lancé ce programme de 12 millions d'euros pour 2023-2024
02:16 pour aider à financer l'ouverture de commerce. Est-ce que vous vous sentez aidé, soutenu ?
02:23 Aidé, soutenu, je ne dirais pas ça. Après, c'est certain qu'il y a des aides.
02:30 Mais il faut faire des démarches, monter des dossiers, il faut trouver un local. C'est ce qui a été le plus compliqué pour nous.
02:39 Puisque la précédente personne était partie un peu bizarrement et les propriétaires ne pouvaient pas accéder à leur immeuble.
02:51 Donc ça a pris du temps. Mais voilà, on est en bonne voie.
02:56 Vous êtes en bonne voie, donc vous allez pouvoir ouvrir un commerce bientôt ?
03:00 Bientôt, on espère. On a eu des rapports avec un commercial qui est venu visiter les locaux.
03:07 Apparemment, ça devrait aller avec quelques travaux. On devrait pouvoir ouvrir assez vite.
03:14 Et comment vous avez fait ? C'est vous qui êtes allé trouver la personne ? C'est vous qui avez approché du monde ?
03:18 Oui, tout à fait. Parce qu'au niveau de la commune, on n'avait pas d'immeuble local pour pouvoir avoir un commerce.
03:28 Donc on a fait des recherches. On était sur deux immeubles. Il y en a un qui s'est libéré.
03:36 Donc on travaille dessus. Il y a une remise aux normes à mettre, naturellement. Mais c'est un propriétaire privé.
03:43 Mais pourquoi c'est si difficile ? Parce qu'il y a des clients. Il y a près de 2000 habitants dans votre commune.
03:48 Oui, tout à fait. Il y a des clients. C'est ce que je disais précédemment.
03:53 On a une pharmacie, on a un distributeur qu'on a fait mettre. C'est parce qu'on n'en avait plus non plus.
03:59 On a un café encore. On a encore des choses.
04:04 Mais ce qui manque le plus, c'est le primeur pour pouvoir avoir des légumes, des produits de première nécessité.
04:14 Et ça rebute les jeunes qui voudraient s'installer, j'imagine, ce manque de commerce.
04:19 En plus, parce que les mentalités ont bien changé. Maintenant, les jeunes, c'est compliqué parce qu'il y a des heures à faire.
04:29 Naturellement, quand vous tenez un commerce, vous ne pouvez pas dire "je vais faire 8 heures par jour".
04:34 Un commerce, c'est vraiment un travail de toute la journée.
04:39 Donc voilà, c'est compliqué de trouver quelqu'un. Mais bon, on espère, on fait tout. On essaye vraiment d'aller dans le bon sens.
04:46 Donc là, en tout cas, ça se présente bien pour vous avec l'ouverture de ce commerce dans quelques mois.
04:50 On est sur un lent déclin selon vous, monsieur le maire. 6 villages sur 10 qui aujourd'hui n'ont plus de commerce.
04:56 C'était 2 sur 10 au début des années 80.
05:00 Oui, c'est vrai que c'est un déclin. On le ressent dans tout. Même les services publics. La Poste, c'est la commune qui la gère.
05:11 On a mis les employés de la commune. Le distributeur que je parlais précédemment, c'est pareil, on n'en avait plus.
05:17 C'était une demande. On a presque 2000 retraits par mois pour un village de 1800 habitants.
05:23 C'est considérable. On garde une pharmacie, on a une boulangerie. On essaye de garder un lien quand même à la commune.
05:31 C'est difficile, c'est un combat quotidien. On l'entend bien. Merci beaucoup, Jean-Claude Gravier, le maire de Hebb dans les Ardennes.
05:37 Très bonne journée à vous. Merci à vous aussi. Merci beaucoup. Il est 6h20.
05:42 Cette interview est à retrouver sur l'appli RTL.
05:45 *Bruit de la vidéo qui s'arrête*

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