L'association France Palestine 34 va déposer un recours contre l'arrêté d'interdiction de la manifestation propalestinienne prévue samedi à Montpellier.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Je vous rappelle la question du jour, faut-il autoriser les manifestations de soutien au peuple palestinien ?
00:06 04-67-58-6000, on évoque ce sujet avec notre invitée, l'avocate montpoliraine Sophie Mazas.
00:12 Claire Moutarde.
00:13 Bonjour Sophie Mazas.
00:14 Bonjour.
00:15 Le préfet de Leroux interdit une nouvelle fois la manifestation pro-palestinienne prévue
00:19 à Montpellier samedi pour risque d'atteinte au trouble à l'ordre public.
00:25 Pourquoi vous dénoncez-vous ces interdictions aujourd'hui ?
00:28 Il semblait que la décision du Conseil d'Etat qu'il a prise cette semaine était quand même
00:34 assez claire.
00:35 En France, on ne peut pas interdire de manière générale et absolue des manifestations et
00:42 c'est quelque chose de très ancien, c'est un arrêt du Conseil d'Etat de 1933 qui dit
00:47 qu'en fait il faut laisser les gens s'exprimer et que le principe c'est la liberté, l'exception
00:53 c'est la restriction et en France on respecte les droits fondamentaux et notamment la liberté
00:57 d'expression et de réunion.
00:59 Et le Conseil d'Etat a bien rappelé qu'il faut regarder les choses au cas par cas.
01:05 Il y a eu hier aussi une décision du tribunal administratif de Paris qui a également suspendu
01:12 l'exécution d'un arrêté d'interdiction de manifester.
01:15 Et donc une manifestation a eu lieu à Paris effectivement.
01:19 Voilà, et à Paris une manifestation a eu lieu.
01:21 Donc c'est vrai que cette intransigeance on va dire de l'autorité locale de Monsieur
01:25 le Préfet de l'Héros qui vient d'être nommé en place, nous montre on va dire qu'il n'est
01:29 pas très ouvert aux questions des libertés publiques et donc on a un arrêté précisément
01:34 sur la manifestation qui a été déclarée.
01:36 Est-ce que vous allez vous-même faire un recours contre cet arrêté ?
01:39 Alors, les associations qui ont déclaré cette manifestation c'est la FPAS 34, c'est l'association
01:46 en France Palestine Solidarité, le MRAP, le Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié
01:51 entre les Peuples et la troisième organisation.
01:54 Il y a le NPA, il y a la CGT aussi.
01:56 Alors il y a trois organisations qui ont déposé mais j'allais y venir et en fait ça a été
02:00 ouvert à une quinzaine d'organisations locales qui sont regroupées dans un collectif qui
02:04 s'est monté récemment, qui organise effectivement des événements pour interpeller on va dire
02:10 la société montpelerène sur ce qui se passe en Palestine sur le blocus de Gaza.
02:15 Il y avait notamment récemment la venue de Salam Daoum qui est venue et dont une salle
02:21 avait été demandée à la mairie de Montpellier qui a été refusée soi-disant parce qu'elle
02:23 était occupée, en fait elle ne l'était pas, ça a été organisé ailleurs.
02:27 Donc on voit qu'il y a une réelle difficulté à aborder cette question et c'est dramatique
02:33 parce que finalement c'est un peu le problème depuis des dizaines d'années, c'est-à-dire
02:38 qu'on ne s'occupe de ces questions que lorsqu'il y a des massacres, que lorsqu'il y a des violences
02:45 en fait alors que cette question c'est une question de droit international qui n'est
02:48 pas appliquée depuis des années et finalement de ne pas laisser en parler, d'empêcher
02:53 les gens de s'exprimer, finit par conduire en fait à une situation de blocage extrême.
02:58 Malgré tout le préfet de Leraux comme argument parle de troubles à l'ordre public, un contexte
03:05 sensible évidemment depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre.
03:09 Emmanuel Macron hier parlait de délai de décence.
03:12 Oui mais ces questions-là...
03:14 Ça va être entendu.
03:15 Oui ça c'est ce que nous dit l'exécutif mais ce que nous dit le juge qui est garant
03:18 de nos libertés c'est qu'on doit pouvoir s'exprimer.
03:21 Il y a quand même actuellement en fait des populations civiles, plus de 2 millions de
03:25 personnes qui sont bloquées dans un micro-territoire, qui sont en train de se faire bombarder, qui
03:30 n'ont plus l'eau et en fait on a des manifestations qui demandent l'attention de la communauté
03:35 internationale pour agir pour ces populations civiles.
03:38 Donc il faut quand même permettre aux gens de s'exprimer, exprimer leur solidarité.
03:42 Toutes ces associations ont condamné les massacres qui ont eu lieu.
03:47 La motivation du préfet de l'Hérault est quand même particulièrement difficile à
03:52 entendre.
03:53 Le fait même de manifester pour les populations civiles palestiniennes serait une atteinte
03:58 à la dignité de la personne humaine.
04:00 Ce n'est pas possible en fait par principe.
04:02 Il va même plus loin, il dit que c'est accepter l'apologie du terrorisme.
04:05 Mais ce n'est pas possible d'accepter une telle motivation.
04:11 Et effectivement les organisations qui ont déposé la manifestation souhaitent saisir
04:17 le jugement administratif.
04:18 0467586000, on vous rappelle la question aujourd'hui.
04:21 Faut-il autoriser les manifestations de soutien au peuple palestinien ?
04:24 On accueille Maurice Abézié.
04:25 Bonjour Maurice.
04:26 Oui bonjour.
04:27 On vous écoute Maurice.
04:28 Je suis un peu déposé pour dire que j'étais contre ces manifestations.
04:33 Pas pour empêcher les gens de s'exprimer mais parce que d'abord je ne suis pas certain
04:37 que l'organisateur et le responsable de ces organisations aient participé à la manifestation
04:42 qui a eu lieu à Montpellier contre ce crime contre l'humanité qui a eu lieu en Israël.
04:47 Je ne suis pas sûr qu'ils aient participé pour condamner ce crime.
04:49 Est-ce qu'ils ont clairement condamné le crime contre l'humanité ? Est-ce qu'ils
04:54 ont adhéré au fait que le Hamas est une organisation terroriste ? Et deuxièmement,
04:58 je veux juste rapporter un petit fait pour dire que les populations juives en France
05:03 sont effrayées.
05:04 Je suis moi-même de la communauté juive et je me promène quand je passe sur mon lieu
05:08 de travail avec une kippa.
05:09 Régulièrement quand je passe dans la rue, je suis un citoyen français comme les autres.
05:13 C'est pas une insulte mais j'entends parce que je passe, alors je suis un citoyen français,
05:19 Free Palestine.
05:20 Évidemment des gens maghrébins, des gens comme ça, c'est pas grave.
05:23 Mais ce que je veux dire c'est que ça ne me mettrait pas à l'idée de voir quelqu'un
05:26 qui aurait un aspect maghrébin ou maghrébine, peu importe, et de lui crier "Vive Israël"
05:30 ou quelque chose comme ça.
05:31 Je pense qu'il y a une confusion chez beaucoup de ces gens-là et on les aide avec ces manifestations
05:35 à cette confusion, à penser que la communauté juive a un problème ici en France.
05:41 Voilà.
05:42 - Merci beaucoup Maurice, merci beaucoup de nous donner votre sentiment.
05:46 On sent bien même un sentiment de peur Sophie Mazès.
05:49 C'est vrai que le contexte est difficile, que la France est un pays particulier parce
05:54 que c'est le pays européen où il y a les plus grandes communautés juives et musulmanes
06:00 d'ailleurs et qu'il y a un risque d'affrontement.
06:03 C'est un des arguments du préfet aussi.
06:05 - Oui, tout à fait.
06:06 Mais là il n'y a pas de risque d'affrontement, il n'y a rien qui va en ce sens.
06:10 Et d'ailleurs le tribunal administratif de Paris dit qu'il ne suffit pas de dire que
06:12 peut-être il va y avoir des affrontements pour que ça se passe.
06:14 On a des associations en fait républicaines.
06:16 Monsieur, j'entends votre souffrance.
06:20 Ce qu'il se passe c'est qu'on ne peut pas demander à des associations d'organiser une
06:25 manifestation uniquement s'ils ont participé à une autre.
06:28 Je veux dire, on est dans la liberté d'expression.
06:29 Il se trouve que ces organisations ont bien entendu condamné l'attaque et les massacres
06:35 qui ont lieu le 7 octobre.
06:37 Mais s'il y avait un problème, j'allais dire, d'ordre public lié à la nature de ces organisations
06:43 qui apporteraient un soutien, ça serait dans l'arrêté.
06:46 Ce n'est pas le cas.
06:47 En fait, on présuppose que ces associations, qui sont des associations déclarées, régulières,
06:52 vont par l'action même de soutenir les populations civiles palestiniennes, porter atteinte à
06:59 la dignité de la personne humaine.
07:00 C'est particulièrement grave.
07:01 Et je rappelle quand même qu'on est en France dans un régime de déclaration.
07:04 On n'a pas à autoriser des manifestations.
07:06 Le principe, c'est que nous avons le droit de manifester par simple déclaration.
07:09 Le gouvernement n'a pas à autoriser les manifestations.
07:13 0467 58 6000, faut-il autoriser les manifestations de soutien au peuple palestinien ?
07:17 On accueille Pierre Ramonpellier.
07:18 Bonjour Pierre.
07:19 Qui a un tout autre avis que Maurice.
07:21 Bonjour Pierre.
07:22 Oui, bonjour.
07:23 Moi, je pense qu'il faut absolument autoriser les manifestations de quelle qu'elles soient.
07:27 C'est le principe même qui est en cause là.
07:31 Et par contre, par contre, par contre, je suis tout à fait d'accord pour dire que les
07:35 violences, les dégradations, les agressions qui peuvent avoir lieu au cours des manifestations
07:42 doivent être elles beaucoup plus réprimées fortement.
07:44 Et même, je dirais, qu'il faudrait que les associations qui organisent ces manifestations,
07:53 qui les promuevent auprès de leur personnel, enfin de leur public, soient éventuellement
08:00 responsabilisées et soient décréditées quand elles ne maîtrisent pas la façon dont
08:07 la manifestation se déroule.
08:09 Alors, bien sûr, il y a toujours des débordements, mais il y a des choses qui ne doivent pas
08:13 être acceptées et doivent être punies.
08:15 Merci Pierre.
08:16 Effectivement, Sophie Mazaz, c'est une vraie question.
08:18 On a vu en Grande-Bretagne notamment des débordements après des manifestations.
08:22 Il y a eu des slogans antisémites, pro-Hamas.
08:24 Comment on évite ça ?
08:25 Alors, en France, on a le droit pénal.
08:28 C'est-à-dire que si vous avez des gens qui ont des propos qui tombent sous le coup de
08:31 la loi pénale, mais vous ne pouvez pas présupposer, vous ne pouvez pas dire par principe, les
08:36 gens vont violer la loi, on les interdit de manifester parce que c'est des soutiens au
08:40 peuple panistien et qu'on décide par principe qu'ils vont commettre des choses illégales.
08:44 Parce que là, en termes de préjugés, d'a priori et d'essentialisation, on est quand
08:47 même sur, j'allais dire, une discrimination extrêmement grave.
08:50 Le principe, c'est la possibilité de manifester.
08:55 Les organisations doivent prendre contact avec les services de la police municipale
08:59 pour organiser le fait que ça se déroule bien.
09:01 Il n'y a aucune difficulté là-dessus, mais c'est une chance d'être dans un pays où
09:05 on peut encore manifester, où on peut encore pacifiquement expliquer le point de vue qu'on
09:10 a à défendre pour que justement ça enrichisse le débat.
09:13 Il ne faudrait vraiment pas tomber dans une société verrouillée.
09:15 On est déjà une démocratie défaillante telle que ça a été relevé au niveau international.
09:20 Il y a déjà quelques années.
09:21 Il faut absolument qu'on passe au-delà de nos peurs et que l'on laisse la liberté
09:26 d'expression dans sa pleine amplitude pour pouvoir échanger calmement et ne pas importer
09:33 les frustrations et l'incapacité des gens de se parler en France ici.
09:36 Et à Montpellier, nous avons un tissu associatif extrêmement dense avec des personnes qui
09:40 sont, je veux dire, qui font vivre la liberté d'expression, la parole, l'échange sur
09:45 Montpellier.
09:46 Et on va vraiment laisser cette liberté d'expression se déployer sur la ville de Montpellier pour
09:51 que nous puissions discuter tous ensemble sereinement.
09:54 Vous n'avez pas répondu à ma question.
09:55 Vous allez déposer un recours ?
09:56 Il y a un recours qui va être déposé, bien entendu.
09:58 D'accord.
09:59 Merci Sophie Mazaz, avocate de l'association France Palestine.
10:05 Et vous êtes membre aussi de la Ligue des droits de l'homme.
10:08 Merci à vous.