C'est le 8 mars aujourd'hui, journée internationale des droits des femmes.
A Montpellier, une manifestation est prévue à 14h30 sur la place de la comédie.
Plusieurs associations et syndicats appellent à participer à ce rassemblement.
A Montpellier, une manifestation est prévue à 14h30 sur la place de la comédie.
Plusieurs associations et syndicats appellent à participer à ce rassemblement.
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00:00 Les droits des femmes, on en parle bien sûr sur France Bleu Héro ce matin, on vous pose cette question
00:04 Quelle est la plus grande inégalité entre les hommes et les femmes, Guillaume ?
00:07 Alors on va vous donner tout de suite le résultat effectivement de cette consultation numérique
00:12 comme tous les jours, je vais réactualiser un petit peu.
00:14 Voilà, vous êtes 242 à avoir participé donc à notre questionnaire.
00:19 Selon vous, quelle est la plus grande inégalité ?
00:21 On vous a donné plusieurs choix de réponse et c'est la charge mentale désormais qui est nettement devant.
00:27 Enfin je dis nettement par rapport à tout à l'heure, ça a joué entre la charge mentale et le salaire.
00:30 Désormais c'est la charge mentale, vous répondez à 39%, le salaire à 35%, le sexisme à 20%, aucune à 5%
00:39 et la prise en charge de la santé à 2%. Vous continuez à voter malheureusement ce matin.
00:44 On ne pourra pas prendre vos appels puisque dans le cadre de cette journée nationale d'action
00:50 pour les droits des femmes, un préavis a été déposé à Radio France,
00:54 on n'est pas en capacité de prendre vos appels au standard,
00:57 mais vous pouvez quand même réagir quasiment en simultané sur la page Facebook si vous voulez.
01:01 - Je surveille et je vais donner donc effectivement les...
01:03 - Vous surveillez ça comme le lait sur le feu !
01:05 - Absolument, je ne fais que ça !
01:06 - Il y a déjà quelques commentaires.
01:07 - Je ne fais que ça Guillaume !
01:08 - Oui.
01:08 Bonjour Marine Trégan.
01:10 - Bonjour.
01:10 - Merci d'être venue nous rejoindre en studio.
01:12 Vous êtes membre de l'union syndicale Solidaire 34 qui est un des cinq syndicats.
01:16 Il n'y en avait que trois jusqu'à présent, 8 mars à se mobiliser,
01:20 maintenant vous êtes cinq à appeler à cette journée de grève et le mot d'ordre.
01:23 Ce n'est pas vraiment nouveau, mais là c'est vraiment clairement affiché et affirmé,
01:27 quand les femmes s'arrêtent, tout s'arrête.
01:29 - Oui tout à fait, l'idée de cette grève c'est notamment de mettre en évidence le fait
01:33 que la société ne peut pas fonctionner sans le travail des femmes,
01:36 et donc l'égalité au travail est une nécessité pour l'ensemble de la société.
01:39 - Alors égalité au travail, mais je dirais aussi égalité un peu dans la vie de tous les jours,
01:43 parce que vous vous appelez à la grève du travail,
01:45 vous vous appelez à la grève des tâches domestiques,
01:47 vous vous appelez à la grève de la consommation,
01:49 vous vous appelez à la grève tout simplement de tout,
01:51 de toutes les activités, je dirais, quotidiennes des femmes.
01:55 - Tout à fait, quand les femmes s'arrêtent, non seulement le travail s'arrête,
01:58 mais énormément de choses ne sont pas prises en charge aussi,
02:00 puisqu'aujourd'hui les femmes continuent de prendre en charge la majorité des tâches domestiques,
02:04 mais aussi de s'occuper des enfants lorsqu'ils n'ont pas de place en crèche,
02:06 des personnes dépendantes qui ne peuvent pas être prises en charge par des services publics,
02:10 donc les femmes sont là aussi pour compenser énormément de carences aujourd'hui de services publics.
02:13 - Oui, et c'est là-dessus que vous, effectivement, vous souhaitez alerter aujourd'hui.
02:17 Alors on le précise, il y a une manifestation en place de la Comédie à 14h30,
02:20 je parlais des syndicats, donc il y a le VOL, le Solidaire 34,
02:22 il y a également la CGT, FO, qui historiquement participe à cette journée,
02:27 auxquelles se sont rajoutées cette année, je crois, une SA et la CFDT.
02:32 - Oui, c'est ça, et c'est la FSU aussi.
02:34 - Et la FSU.
02:35 Cette journée de grève, elle est avant tout symbolique, j'ai envie de dire,
02:40 mais est-ce que les choses avancent ?
02:42 Est-ce que vous avez le sentiment, 8 mars après 8 mars,
02:46 que la cause des femmes avance, Marine Trégan ?
02:49 - Alors il y a des choses quand même qui avancent dans la visibilité de cette grève féministe,
02:52 c'est-à-dire qu'il y a quelques années, la grève féministe était beaucoup moins dans les esprits,
02:56 donc aujourd'hui c'est une grève qui est plus visible,
02:58 et ce sont des sujets dont on parle davantage.
03:00 Ensuite, en termes de mesures concrètes, évidemment,
03:02 il y a des revendications qui attendent toujours d'être satisfaites,
03:05 et on attend des mesures concrètes pour l'égalité salariale,
03:08 mais aussi pour la création de services publics à la hauteur de nos besoins, notamment,
03:12 et pour la lutte, évidemment, contre les violences sexistes et sexuelles,
03:14 qui reste un fléau massif.
03:16 - Oui, alors vous avez exprimé un certain nombre,
03:18 dans le cadre de cet appel à la grève aujourd'hui et à la manifestation,
03:21 un certain nombre de revendications, très diverses et variées,
03:25 bon, il y a l'inégalité salariale, il y a le sexisme,
03:28 mais des choses que, alors, je qualifierais pas de plus surprenantes,
03:32 mais d'inattendues, on va dire, comme la solidarité avec les femmes du monde entier,
03:35 à travers notamment les conflits qui secouent la planète en ce moment.
03:38 - Oui, tout à fait, en fait, la journée du 8 mars, depuis toujours,
03:40 était une journée de lutte internationale des femmes.
03:43 Donc, il y a une volonté de se solidariser de l'ensemble des femmes
03:47 qui subissent des violences et des atteintes à leurs droits dans le monde entier.
03:50 Donc, c'est pour ça qu'on se solidarise des femmes qui vivent, aujourd'hui,
03:52 des situations de guerre, mais aussi qui vivent des situations politiques
03:55 dans lesquelles elles sont privées de leurs droits
03:56 et qui sont en lutte pour retrouver leurs droits.
03:59 - François ? - Oui, quelques réactions sur la page Facebook, ce matin,
04:02 celle de Clémentine, notamment, qui évoque, qui dit ceci,
04:07 "Hélas, à compétence égale, nous ne sommes pas égaux dans la société,
04:10 le salaire plus bas de la femme la dévalorise, la défavorise.
04:13 La parole de la femme est souvent sous-estimée, pas prise en compte, mise en doute.
04:16 Pour moi, c'est l'impression d'être un sous-être
04:19 qui est le plus pesant et le plus inégalitaire."
04:20 Voilà l'avis de Clémentine.
04:22 Catherine dit, "Finalement, j'approuve ce mouvement de grève.
04:24 Peut-être ainsi, si toutes les femmes faisaient grève, aujourd'hui,
04:26 le monde se rendrait compte qu'elles sont indispensables et égales à la jante masculine."
04:30 Voilà les quelques réactions sur la page Facebook de France Bleu Héros.
04:32 - Ça vous inspire quelle réflexion, Marine Trégan ?
04:34 - Tout à fait, cette question de la dévalorisation des métiers féminisés,
04:38 c'est très frappant aujourd'hui de se rendre compte que c'est dans l'éducation,
04:41 dans le soin, dans le nettoyage notamment,
04:43 que les salaires sont les plus bas.
04:45 Et c'est là que les femmes travaillent très majoritairement.
04:46 Donc ce sentiment d'être dévalorisée, peu reconnue,
04:50 il se fonde sur une réalité qui est celle des inégalités salariales notamment,
04:53 mais aussi du sexisme ordinaire au travail que vivent la plupart des femmes.
04:57 - Alors vous dites aussi, parmi cette longue liste de revendications
05:00 que vous exposez aujourd'hui, vous voulez aussi que ce soit une réaction à...
05:04 Vous l'écrivez ainsi, à l'extrême droite,
05:06 dont les idées sont actuellement reprises par le gouvernement,
05:08 notamment dans le cadre de la loi immigration.
05:11 Mais cette loi immigration, elle ne s'applique pas plus aux femmes qu'aux hommes ?
05:15 - Non, non, elle s'applique à tout le monde, malheureusement.
05:18 - On est d'accord là-dessus ? - Tout à fait, tout à fait.
05:20 - Mais est-ce que vous avez le sentiment que les femmes sont encore plus menacées
05:23 à travers cette loi ?
05:24 - En fait, on s'aperçoit que partout où les idées d'extrême droite progressent,
05:27 les droits des femmes régressent.
05:29 Et donc c'est le cas sur la question du racisme,
05:33 qui concerne les femmes également, avec la loi immigration.
05:36 Mais c'est le cas par exemple sur la question de l'avortement.
05:38 Aujourd'hui, on est dans une situation un petit peu paradoxale,
05:41 où en France, on a une avancée historique avec l'inscription de la liberté d'avortement
05:45 dans la Constitution, et où, dans un même temps,
05:47 le même gouvernement parle de réarmement démographique,
05:50 donc a un discours nataliste assez inquiétant pour le droit des femmes
05:53 à disposer de leur corps, et détruit aussi les services publics,
05:56 ferme des centres d'IVG.
05:58 Donc on s'aperçoit que les idées réactionnaires, malheureusement,
06:00 elles infusent dans notre société au-delà de l'extrême droite,
06:03 et que les atteintes au droit des femmes existent aussi au-delà de l'extrême droite.
06:06 - Et que pour certaines d'entre elles, pour certaines de ces idées,
06:09 ce sont plus les femmes qui sont impactées que les hommes, c'est ça ?
06:11 - Tout à fait, l'extrême droite s'en prend toujours
06:13 dans tous les pays où elle prend le pouvoir au droit des femmes.
06:16 Et donc nous, on est très inquiets de voir un discours gouvernemental
06:19 qui reprend des thèmes d'extrême droite,
06:21 parce que c'est très inquiétant pour les droits des femmes.
06:23 - Alors c'est pareil, vous réclamez dans le cadre de cette journée
06:25 l'abrogation de la réforme Macron sur les retraites.
06:28 Mais c'est pareil, je dirais les retraites, a priori comme ça,
06:31 je me trompe sûrement, et si c'est le cas, vous allez me le dire,
06:34 elles impactent tout le monde, plus les femmes que les hommes, dites-vous ?
06:37 - Oui, tout à fait, il y a aujourd'hui 40% d'écart de retraite.
06:39 - Ça avait été dit dans le cadre de la mobilisation,
06:41 je me fais l'avocat du diable, mais ça avait été dit aussi à ce moment-là,
06:44 que pour beaucoup de femmes qui n'ont pas les mêmes carrières que les hommes,
06:47 cette loi pose problème.
06:49 - Cette loi, elle pose problème évidemment pour tout le monde,
06:50 donc on demande son abrogation et un progrès dans la retraite pour tous et toutes.
06:54 Mais aujourd'hui, les inégalités à la retraite sont aggravées
06:56 par rapport aux inégalités au travail,
06:58 c'est-à-dire que c'est 40% d'écart de retraite,
07:00 parce qu'effectivement il y a les inégalités de carrière qui se rajoutent,
07:03 les carrières hachées des femmes, les temps partiels imposés,
07:06 et donc les femmes sont touchées de plein fouet
07:09 par cette réforme des retraites, encore plus que les hommes.
07:11 - Quant à Emmanuel Macron, on parle il y a quelques semaines,
07:13 ou quelques mois, je ne sais plus très bien quand c'était,
07:15 début d'année en tout cas, de réarmement démographique.
07:18 Là évidemment, les femmes sont concernées en premier lieu,
07:20 comment vous, vous recevez ça ?
07:21 - Nous on le reçoit comme un retour à un discours
07:24 qu'on n'avait pas vu depuis le régime de Vichy,
07:26 en termes de contrôle sur le corps des femmes.
07:28 C'est du symbolique dans le discours,
07:31 mais c'est quand même très inquiétant,
07:32 parce qu'on ne peut pas d'un côté soutenir la liberté d'avorter librement,
07:36 et d'un autre côté parler de réarmement démographique
07:38 comme si les femmes étaient des utérus au service de l'État.
07:40 - Bon après, ce n'est pas forcément une obligation,
07:43 c'est juste que le chef de l'État est dans son rôle,
07:45 quelque part quand il dit qu'on risque peut-être d'avoir
07:47 un problème démographique dans ce pays à un moment donné.
07:50 - La question de la démographie, oui, elle peut être discutée.
07:53 - Le discours guerrier et l'appropriation du corps des femmes
07:56 qu'il peut impliquer nous inquiète beaucoup.
07:58 - C'est le terme utilisé qui vous plaît par réarmement démographique.
08:01 - Oui, tout à fait.
08:02 - Dernière chose, Marine Trégan,
08:05 vous, alors évidemment, les violences sexuelles, les violences sexistes,
08:09 ça je dirais qu'on n'attend pas le 8 mars pour en parler,
08:12 c'est quasiment toute l'année,
08:13 en même temps il y a eu une enquête absolument édifiante
08:16 dont les résultats ont été publiés en début d'année,
08:19 l'Observatoire pour le droit des femmes qui disait
08:21 que parmi les jeunes hommes, les jeunes générations,
08:24 il y avait encore malgré tout que ce discours sexiste revenait,
08:28 ça, ça vous inquiète j'imagine beaucoup.
08:30 - Oui, tout à fait, c'est très inquiétant,
08:31 donc c'est pour ça qu'on a des revendications
08:33 en termes d'éducation aussi à l'égalité
08:35 et d'une application réelle du droit à l'éducation
08:38 à la vie affective et sexuelle qui existe,
08:40 mais qui est très peu enseignée,
08:43 et qu'on demande aussi et toujours 3 milliards d'investissements
08:47 pour une lutte réelle contre les violences sexistes et sexuelles.
08:49 - Parce qu'aujourd'hui on a des discours...
08:51 - Même si on en parle beaucoup, y compris par rapport à ce qui se passe dans le cinéma,
08:54 aujourd'hui avec des affaires très médiatisées,
08:56 il n'y a toujours pas suffisamment de moyens accordés à ça ?
08:59 - Ah non, mais il n'y a aucune augmentation des moyens aujourd'hui,
09:01 donc ce qui se passe dans le cinéma est très important,
09:03 et c'est très important qu'on en parle,
09:05 mais il faut derrière qu'il y ait des réactions politiques
09:07 et des politiques publiques qui se mettent en place.
09:09 C'est ça qu'on attend aujourd'hui.
09:10 - Le fait que le chef du gouvernement français
09:13 ne soit plus une femme aujourd'hui,
09:14 alors que c'était le cas il y a quelques mois,
09:15 ça c'est pareil ?
09:16 Ça veut dire que vous vous interprétez ça d'une certaine manière...
09:19 On a eu deux femmes Premières Ministres en France,
09:22 elles n'ont pas tenu très longtemps, que ce soit l'une ou l'autre,
09:24 comment vous vous interprétez ça ?
09:26 Comme un recul de la cause des femmes d'une certaine manière ?
09:29 - Le sexe du chef du gouvernement, effectivement,
09:32 symboliquement c'est important.
09:34 Ensuite, Elisabeth Borne malheureusement n'a pas été l'allié complètement des femmes
09:37 dans cette réforme des retraites,
09:38 donc c'est pas ça qui change entièrement la donne,
09:41 et en tout cas c'est très largement insuffisant pour nous.
09:44 - Merci Marine Trégan du syndicat Union Solidaires 34
09:46 d'être venue ce matin à ce micro.
09:48 Je rappelle que vous appelez à cette journée de grève,
09:50 de grève à tous les niveaux,
09:52 et surtout à cette manifestation prévue à Montpellier cet après-midi à 14h30.
09:56 Bonne journée à vous.
09:56 - Merci.
09:57 - Il est 7h56.