A69 - L'opposant Thomas Brail est l'invité de Stéphane Carpentier du 21 octobre 2023
À l'occasion d'un nouveau week-end de mobilisation contre le chantier de l'autoroute A69 entre Castres et Toulouse à l'appel de collectifs écologistes, l'opposant Thomas Brail répond aux questions de Stéphane Carpentier dans RTL Matin.
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00:02 RTL Matin avec Stéphane Carpentier.
00:07 À 8h49 nous allons donc nous arrêter ensemble sur la mobilisation du week-end.
00:11 Ce sont plusieurs mouvements écologistes qui appellent à des rassemblements
00:14 pour dire non ou pour dire stop au vaste chantier en cours
00:17 concernant la construction de l'autoroute A69,
00:20 celui qui fait débat depuis des mois et qui doit relier Toulouse et Castres dans le sud-ouest,
00:24 une portion de 53 km au cœur d'un bras de fer
00:28 entre les Antilles et le gouvernement.
00:30 L'un des opposants s'appelle Thomas Braille.
00:32 Il est en direct avec nous depuis la Haute-Garonne,
00:34 connu pour sa mobilisation, ses grèves de la faim et de la soif.
00:37 Vous étiez même attaché à un arbre sur le tracé.
00:39 Bonjour Thomas.
00:41 Bonjour.
00:42 Alors cette mobilisation de ce week-end, elle est baptisée Ramdam sur le Macadam.
00:46 L'objectif concrètement c'est quoi ?
00:49 L'objectif il est clair, c'est de rappeler que ce projet il a 30 ans,
00:53 on a un 2023, on a des étés de plus en plus caniculaires,
00:56 on a des restrictions à nous,
00:58 et on continue à faire naître des projets comme ceux-là,
01:01 qui sont totalement écocides.
01:03 On ne fait pas une autoroute pour 8000 véhicules/jour,
01:06 ça on le dit, on le répète.
01:08 Et je vous invite à regarder le reportage de Off Investigation,
01:11 où clairement ce sont des proches du Président de la République
01:14 qui financent ce projet-là.
01:16 Alors il y a des enquêtes et des sondages qui sont assez contradictoires sur ce projet Thomas Braille,
01:20 où on dit qu'on demande l'arrêt du projet à 61% par exemple,
01:25 et puis dans le même temps on a 53% des gens qui y sont favorables.
01:28 Comment expliquer ça ? Parce qu'il y a vraiment deux camps qui s'affrontent ?
01:31 Bah écoutez, je pense que c'est clairement explicable,
01:34 on n'a plus besoin de chiffres maintenant,
01:36 nous on a 1500 scientifiques qui nous soutiennent,
01:40 on a une grande partie des élus du territoire,
01:43 notamment des députés, des maires, des conseillers municipaux,
01:47 on a l'opinion publique avec nous,
01:48 on a le monde de la culture qui nous rejoint,
01:50 enfin à un moment donné on n'a même plus besoin de chiffres.
01:53 Le problème c'est quoi ?
01:54 Ce sont les arbres abattus, les dégâts en termes de biodiversité,
01:57 de pertes de terre agricole, c'est tout ça ?
02:01 C'est tout ça réuni, on a perdu l'autonomie alimentaire en France déjà depuis 10 ans,
02:07 on n'est plus en capacité de nourrir la population française,
02:09 on artificialise l'équivalent d'un département tous les 7 ans,
02:13 on connaît la problématique avec l'Ukraine qui est le grenier de l'Europe,
02:17 en termes de céréales, avec la Russie,
02:19 et donc comment on fait pour nourrir les gens aujourd'hui ?
02:21 Donc c'est la grosse question quoi.
02:23 L'autoroute A69, le chantier est en cours,
02:25 il a fortement avancé d'ailleurs ces dernières semaines.
02:27 Concrètement, si on élargissait la nationale qui existe là,
02:32 est-ce que ça n'entraînerait pas plus de destruction d'arbres que l'autoroute ?
02:35 C'est ce que dit le concessionnaire, il faut croire qu'il en a en vrai.
02:39 Alors écoutez, après ils sont en train de dire que si on élargit la nationale,
02:42 on va couper encore plus d'arbres,
02:44 mais le but ce n'est pas de couper les arbres,
02:45 le but c'est d'aménager les parties que l'on peut aménager.
02:48 Mais est-ce qu'honnêtement pour 12 minutes,
02:50 est-ce qu'on fait une autoroute aujourd'hui pour un gain de temps de 12 minutes ?
02:53 Est-ce que pour 17 euros l'aller-retour, qui va pouvoir se payer ça ?
02:56 Personne, ça va faire une des autoroutes la plus chère de France.
02:59 Enfin, c'est quand même un projet antisocial concernant les personnes qui utilisent la nationale,
03:05 puisqu'on va avoir 12 euros en point de plus sur la nationale si jamais l'autoroute se fait.
03:10 Les gens ne vont pas pouvoir prendre...
03:12 Enfin, à un moment donné, quand ils perdront trop de temps sur la nationale,
03:14 il va falloir qu'ils prennent l'autoroute,
03:15 mais le calcul est de toute façon bien fait au niveau du concessionnaire.
03:19 - Thomas Dreyfus disait que les travaux ont avancé considérablement ces derniers temps.
03:23 Le gouvernement a fait savoir il y a quelques jours qu'il irait au bout.
03:26 Il est bien décidé à mener jusqu'à son terme ce projet d'autoroute.
03:29 Est-ce que le combat, il est perdu là pour vous ?
03:31 - Non, écoutez, j'ai envie de dire,
03:33 tant que le soleil se lève le matin et qu'il y a de l'espoir,
03:35 nous on continuera à dénoncer ça.
03:38 Après, c'est pareil, on nous traite d'écologistes,
03:40 mais est-ce qu'on n'a pas envie tous de respirer du bon air,
03:43 de boire de la bonne eau et de manger des bonnes choses ?
03:45 Donc on est tous écologistes, même les auditeurs qui sont sceptiques
03:48 et qui ont envie de continuer à prendre leur voiture.
03:50 Nous on n'a rien contre le fait qu'on utilise la voiture,
03:54 on est dans des zones reculées, on est dans des territoires ruraux,
03:57 donc oui, on aura toujours pour l'instant besoin de la voiture,
04:00 mais on peut mettre d'autres mobilités en place
04:03 et on peut se dire que pour 8000 véhicules/jour,
04:06 je le répète, on ne fait pas une autoroute, tout simplement.
04:08 - Vous diriez jusqu'au bout dans votre combat, ça c'est une certitude ?
04:11 - Je ne suis pas le seul, après c'est vrai que je suis toujours en première ligne,
04:14 je suis un peu désolé, mais je prends l'image un peu partout.
04:17 Mais il y a le collectif La Voix est Libre,
04:19 il y a toutes les associations environnementales,
04:21 comme je vous l'ai dit, il y a les élus du territoire ici
04:23 qui sont opposés à ce projet-là.
04:24 Donc oui, on ira au bout, bien sûr,
04:26 parce qu'on a des enfants aussi, bon sang !
04:28 On leur dit quoi, nos gamins de demain ?
04:30 Le GIEC dit qu'on a 20 ans pour redresser la barre,
04:32 on continue à faire des projets comme ça aujourd'hui ?
04:34 On n'a plus envie, franchement.
04:36 - Il y a des milliers de personnes qui sont attendues
04:37 pour cette mobilisation dans le Tarn,
04:38 aujourd'hui on sait qu'il y aura d'importants moyens
04:40 de gendarmerie, de policiers déployés.
04:42 Est-ce qu'il peut y avoir de la tension, des débordements ?
04:45 - On espère que non, c'est pas dans notre ADN en tout cas,
04:49 et c'est pas dans l'ADN du collectif La Voix est Libre,
04:51 on est toujours dans la bienveillance.
04:53 Nous on va rester attentifs, je vais partir sur le terrain,
04:55 on va être attentifs à ce qui se passe au niveau des forces de l'ordre,
04:58 qu'il n'y ait pas des contrôles trop restrictifs,
05:00 parce qu'à ce compte-là, ça veut dire qu'on est en train de bloquer la manifestation
05:03 et ça c'est pas le cas.
05:04 Donc nous on est en lien, on est co-déclarant avec Solidaire
05:07 pour cette manifestation, et on est en lien avec la préfecture,
05:10 et on va être très attentifs, parce que, comme la dernière fois,
05:14 ils bloquent pas trop d'accès pour dire qu'il n'y a pas eu d'une grosse mobilisation,
05:17 parce que si, je peux vous assurer qu'il y a des gens qui vont venir,
05:20 et on espère que ça va pas déborder, mais voilà, c'est le but.
05:24 - Merci Thomas Braille d'avoir été en direct avec nous,
05:26 on va suivre bien sûr le déroulé de cette journée
05:28 avec notre correspondant qui est à vos côtés ce matin,
05:30 qui a assuré la liaison technique, je le remercie, c'est Valentin Larchier,
05:33 c'est toute l'actualité bien sûr, c'est sur notre site rtl.fr.
05:37 F.